dimanche 30 août 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 629


25 AOÛT 2015...

Cette page concerne l'année 629 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

IMPORTANCE DE LA CONTINUITÉ DE L'IRRIGATION SUR LA PAYSANNERIE


La richesse d’une civilisation protohistorique se mesure surtout par sa production agricole, ainsi que par quelques biens commerciaux tels que l’or, l’argent, le cuivre, les épices, la soie, le sel… La fertilité du sol est donc le socle de la société et un facteur prédominant dans l’évolution d’une civilisation et de sa richesse.
Cet essentiel met en contraste deux civilisations anciennes, la Mésopotamie et l’Égypte, qui ont connu des destins différents malgré des pratiques agricoles similaires au début.

La description ci-dessous est tirée de D. Hillel (1991) Out of the Earth : Civilization and the Life of Soil et (1998) Environmental Soil Physics.
En absence d’apports d’engrais, un sol cultivé perd peu à peu sa fertilité. Les éléments nutritifs du sol sont prélevés par les plantes et exportés du milieu lors de la moisson.
Ces éléments servent ensuite à alimenter animaux et humains. L’épandage de déjections animales, comme le fumier par exemple, est une méthode pour restituer une partie de ces éléments nutritifs au sol.
Dans certaines civilisations, et dans les milieux semi-arides notamment, la fertilité du sol dépend d’apports de sédiments fins lors d’inondations périodiques... Tous connaissent l’histoire du Nil qui déborde chaque année, déposant des sables fins, limons et argiles à chaque crue. Associés à ces sédiments et dans les eaux de ruissellement, sont des éléments nutritifs qui servent à alimenter la prochaine culture agricole.
Les inondations, ainsi que la mise en place de chenaux d’irrigation, représentent des périodes de renouvellement du stock d’éléments nutritifs et du réservoir d’eau du sol.

La Mésopotamie (« entre les fleuves ») est une région composée essentiellement d’une plaine alluviale qui se situe entre les fleuves de l’Euphrate et du Tigre dans ce qui est aujourd’hui l’Irak.
Ces cours d’eau prennent leur source dans la Turquie actuelle, et ils traversent la Syrie et l’Irak avant de se jeter dans la Golfe Persique.
La Mésopotamie regroupe différentes civilisations (Sumériens, Babyloniens, Akkadiens, Assyriens…) à différentes époques. La richesse de ces sociétés repose sur les sols profonds et fertiles de la plaine alluviale, une topographie peu accidentée (donc facilement cultivable) et un abondant ensoleillement.
La faible pluviométrie un facteur limitant mais ceci peut être compensé par des apports d’eau des deux fleuves. Cependant, l’arrivée d’eaux chargées en sédiments provoque des problèmes graves qui annoncent la fin de « la belle époque ».

L’arrivée d’eaux chargées en sédiments dans la plaine alluviale est le début des problèmes de sédimentation et de salinisation qui ont conduit à la perte des terres cultivées.
Les parties amont des bassins versants du Tigre et de l’Euphrate, plus pentues que la plaine, ont connu un déboisement et surpâturage importants, ce qui a provoqué une érosion forte.
La pente hydraulique du lit du cours d’eau diminue vers l’aval, devenant faible dans la plaine qui se situe à des centaines de km au SE de la zone d’érosion. Ceci a donc été le lieu d’importants dépôts de sables et limons dans les chenaux, ainsi que dans les canalisations d’irrigation.
Le lit et les berges des cours d’eau ont progressivement remonté. Une situation similaire existe aujourd’hui dans de nombreux fleuves du monde, et notamment le fleuve Jaune (le Huang He) en Chine... Où des digues permettent de garder les écoulements dans le chenal principal mais où une rupture est une catastrophe pour les habitants de chaque côté du cours d’eau.
La montée du lit du cours d’eau favorise un écoulement vers la nappe phréatique et celle-ci remonte.
Ce phénomène a été accentué par l’apport des eaux d’irrigation sur des surfaces importantes.

Avec la montée de la nappe phréatique, les taux de transpiration et d’évaporation ont augmenté. Les sels dissous dans le sol et présents dans les eaux d’irrigation ont été remontés près de la surface par la montée de la nappe phréatique et concentrés dans les couches superficielles du sol par l’évapotranspiration.
La pluviométrie étant faible, elle a été insuffisante pour lessiver les sols. Progressivement, les problèmes de salinité et sodicité ont dégradé la structure du sol et diminuer les rendements. Les populations ont peu à peu abandonné les terres en aval et ont migré vers les parties amont des bassins versants.
« Pierre Guichard »

On se propose seulement, dans cet exposé, de donner une idée du droit de l'eau dans la législation musulmane traditionnelle, et de l'importance du contrôle de l'eau dans l'histoire de la civilisation de l'Islam médiéval...
Il s'agit de quelques remarques suggérées par la lecture d'ouvrages ou d'articles abordant plus ou moins directement une question sur laquelle il est difficile de trouver une synthèse commode.
On rappellera en introduction quelques repères chronologiques :
Un an après la mort de Mahomet (632), commence la conquête arabo-musulmane.
Le califat omeyyade de Damas dure de 661 à 750.
Le califat abbasside de Bagdad commence en 750, et connaît son apogée aux environs de l'an 800.
Dès le IXe siècle, commence une désagrégation politique qui aboutit à la constitution de pouvoirs indépendants au Khurassan, en Égypte, etc... Du milieu du Xe au milieu du XIe siècle, cependant que la dynastie des émirs buyides, d'origine Iranienne, exerce le pouvoir réel à Bagdad et dans toute la partie centrale du califat abbasside, se produisent d'importantes transformations socio-politiques, dans le sens d'une sorte de « féodalisation » au profit de grands chefs militaires dotés du droit de percevoir l'impôt sur les terres qui leur ont été concédées.

A cette époque, l'Iran Oriental sous les Samanides, puis les Ghaznévides, la Syrie du Nord-Djéziré sous les Hamdanides, l’Égypte sous les califes Fatimides, l'Espagne des califes omeyyades constituent des États totalement indépendants.
Dans cet empire islamique, se développe un droit de l'eau, reposant en principe sur la tradition musulmane. Un courant tend vers une sorte de « communisme théocratique », et affirme que l'eau, l'herbe, le feu, sont communs à tous les musulmans, interdisant de ce fait l'appropriation privée et la vente de l'eau...

En fait, l'opinion la plus répandue parmi les juristes est que l'eau et la terre, généralement liées, peuvent être l'objet d'une appropriation privée, et seule est posée en principe la propriété communautaire des grands fleuves et des grands ouvrages hydrauliques, ce qui entraîne la responsabilité de l’État dans le creusement et l'entretien des canaux importants... Pour le reste, seules sont formulées quelques règles de bon sens très générales, comme l'irrigation des parties hautes... Avant celle des parties basses, l'eau ne pouvant pas, dans les premières, être retenue au delà de certaines limites, qui correspondent aux nécessités de la culture (on ne peut retenir de l'eau que jusqu'à hauteur de la cheville).

En fait, les traditions ou hadith/s les plus fréquemment retenues et utilisées correspondent à l'état socio-économique et à la situation politique de l'empire au moment où s'élabore la législation, soit la seconde moitié du VIIIe siècle et le début du IXe, apogée de la puissance et de l'organisation du califat.
Il faut insister sur la participation à cette mise en forme juridique des docteurs de l'école hanéfite, fondée par le juriste Abu Hanifa (mort en 767), dont l'un des plus illustres disciples, le cadi de Bagdad Abu Yusuf (mort en 796), rédige pour le calife Harun al-Rashid le Kitab al-kharadj, ou « livre de l'impôt foncier ». Cette école se signale par la part qu'elle fait, dans l'étude du droit, au raisonnement et à Yistihsan dérivée de la bonté d'une chose qu'on estime juste.
Grâce à Yistihsan, on a pu créer des normes juridiques selon les principes de convenance et d'équité du moment. Dans le Kitab al-kharadj d'Abu Yusuf, un important chapitre « VII » traite des terres publiques et de l'eau, associant ainsi implicitement la question de la revivification des terres mortes (mawat), que l’État peut concéder à de riches particuliers pour qu'il les mette en valeur, et celle de l'enclosure de ces concessions foncières, à celle du contrôle de l'eau.
Si les grands fleuves sont, comme on l'a vu plus haut, soumis à la propriété étatique les cours d'eau et canaux plus petits ne font l'objet que d'une sorte de contrôle général de l’État, qui a par exemple le droit de faire fermer un canal qui apporte plus de dommages que de bien...

D'autres textes juridiques de la même époque, comme celui de Yahya ben. Adam, ou le célèbre aî-Sahih d'al-Bukhari, qui contient un important chapitre sur l'irrigation, sont rédigés au IXe siècle dans le même sens.
Un peu plus tardif est le texte de Qudama ben Dja'far (mort en 932), où se trouve une intéressante tradition rapportée à Abu Yusuf . « On interroge Abu Yusuf à propos de terres revivifiées situées sur le cours de la rivière de Merv dont les eaux, lors de leur passage dans la ville, sont partagées entre les habitants selon des tours d'eau.
Comme la terre irriguée ne l'est pas préalablement, la personne qui l'a revivifiée a creusé un canal sur des terres non appropriées pour conduire l'eau aux terres mises en culture... A-t-il le droit de le faire ou non ? Abu Yusuf répond que si le nouveau canal est dommageable aux premiers irrigateurs, il n'est pas permis de creuser ce canal. Mais si aucun dommage n'en résulte, il n'y a aucune objection, et les autres irrigateurs ne peuvent s'opposer au creusement»... (Cela explique peut-être pourquoi les états tributaire des fleuves descendants des montagnes au nord de la Turquie sont sans cesse an bagarre avec les Turcs)
Les efforts d'ajustement des moyens aux besoins et de règlement des litiges sont sans cesse contrôlés par l'autorité publique.
Ainsi, l'historien de Damas Ibn Asakir (XIIe siècle) nous a conservé un texte de répartition des eaux de la rivière Barada, qui irrigue la Ghuta, datant du calife omeyyade Hisham (724-743).
Autre exemple : Le gouverneur du Khurassan Abd Allah b. Tahir (828-844) rassemble des docteurs ifuqaha) d'Iraq et d'Iran pour qu'ils rédigent un traité sur les qanatls (galeries d'irrigation souterraines) et les règles qui régissent la répartition de leurs eaux, tant sont fréquents les conflits à leur propos.
Dans tous les règlements de ce genre, en plus des principes posés par le droit général, il est évident que l'on utilise largement la coutume, et que l'on tient compte des conditions locales...

Outre cette activité de réglementation générale de l'utilisation de l'eau, l’État intervient plus directement dans la mise en place du réseau d'irrigation et dans son administration d'une part comme responsable des cours d'eau et ouvrages majeurs, d'autre part par suite du rapport qui s'établit entre les ressources du trésor et la mise en valeur des terres, selon que ces dernières sont ou non irriguées par des moyens artificiels.
En principe les terres irriguées artificiellement ne payent que la moitié de la dîme. Le lien entre la fiscalité et l'irrigation est clairement compris et exprimé par les dirigeants de l'empire abbasside.

On a d'une part le témoignage d'une importante activité de creusement de canaux par les califes, surtout à l'époque omeyyade, ainsi le calife Yazid 1er (680- 683) est, à cause de cela, surnommé al-muhandis —l'ingénieur—, d'autre part quelques informations, trop peu nombreuses, sur l'existence, à l'époque abbasside, d'un très important service de l'irrigation, qui semble avoir compris des milliers d'agents de tous les niveaux.

Le texte principal est, à cet égard, un traité technique publié par Claude Cahen et daté de la première moitié du XIe siècle, qui traite des machines élévatoires (en indiquant la capacité d'irrigation en superficie de chaque type), des procédés de nivellement, des problèmes relatifs au creusement et à l'entretien des canaux (temps de travail nécessaire, coût de la main d 'œuvre, cubage de terre déplacée... ).

Cette intervention étatique n'empêche pas un grand développement des initiatives individuelles, au niveau des classes dirigeantes, relayant et prolongeant l'action de l’État.
Beaucoup de membres de la dynastie, de hauts personnages de l'appareil gouvernemental et de l'entourage du souverain, des gouverneurs de province et, à un niveau moins élevé, des militaires de haut rang et de riches particuliers des grandes villes mettent en valeur par irrigation ou drainage les terres qui leur ont été concédées.
Ainsi Abd Allah ben Amir, gouverneur de Basra jusqu'en 664, concède à son oncle Umaya 8 000 djarib dans l'Iraq méridional. Le bénéficiaire creuse un canal et met les terres en valeur. La mère du même ben Amir reçoit aussi des terres et y fait creuser plusieurs canaux.
Ces entreprises princières ou privées de mise en valeur s'appliquent à la fois aux terres où l'eau est abondante, et parfois surabondante (Iraq) et aux régions steppiques.

Les vestiges de travaux hydrauliques en rapport avec la mise en valeur de telles régions au cours des VIIIe et IXe siècles ont été particulièrement étudiés dans deux régions :
En Syrie, où les Omeyyades font construire des résidences aristocratiques avec exploitations agricoles annexes, et dans la steppe kairouannaise où les émirs aghlabides mettent en place un réseau de citernes et de bassins destinés à l'approvisionnement en eau des agglomérations, aux besoins des troupeaux et même, semble-t-il, à l'agriculture. (alors que c'est celle -ci qui est prioritaire)

On saisit relativement bien l'association de l'effort de l’État et des riches particuliers, mais l'articulation de l'un et l'autre avec les communautés rurales reste sensiblement plus obscure.
Il semble en effet qu'une grande partie de la terre ait continué à appartenir à des petits ou moyens propriétaires vivant dans le cadre de villages libres, sauf probablement à proximité des grandes villes où l'emprise de la grande propriété foncière est plus accusée. La propriété communautaire de l'eau est mentionnée par les textes juridiques. Les communautés on même vu d'un mauvais œil, en Iraq, l'extension des aménagements hydrauliques... (c'est un puissant moyen de pression contre ceux qui ne sont pas dans la bonne mouvance)

Dans les régions périphériques de l'Empire, dans des sociétés où les structures urbaines et étatiques sont souvent très peu contraignantes ou même, à la limite, pratiquement inexistantes, on peut supposer que c'est sur une base communautaire que s'organise l'irrigation.
Mais on se trouve alors en général en présence de sociétés « sans histoire », pour lesquelles il n'existe pas de sources écrites d'époque médiévale, et l'on peut seulement raisonner par analogie avec ce que nous apprennent sur ces sociétés les documents d'époque moderne et contemporaine et les observations des ethnologues et des sociologues...

Par exemple, les travaux de Berque sur les irrigations « tribales » de l'Atlas Marocain, ou l'intéressant article de G. Grandguillaume sur les modifications introduites dans le régime de la propriété de l'eau par l'introduction de la loi musulmane supplantant la coutume traditionnelle dans le Touat Saharien.

En raisonnant par analogie, on peut peut-être utiliser ces données modernes et contemporaines pour interpréter les rares documents que nous ont laissées certaines sociétés musulmanes médiévales.
Ainsi la société rurale Valencienne, où la toponymie et la structure des réseaux d'irrigation permettent de retrouver les traces d'une organisation hydraulique à caractère tribal, qui peut avoir été assez semblable aux organisations maghrébines du même type (voir à ce sujet la contribution présentée l'année dernière avec André Bazzana à ce même séminaire).

D'une façon plus générale, il me semble que ce problème des organisations communautaires paysannes, en rapport avec la propriété de la terre et de l'eau, mérite d'être mieux étudié pour la période médiévale... Peut-être trop fascinés par la splendeur de la civilisation des grands centres urbains, les historiens ont trop négligé les sociétés rurales, surtout celles qui ne sont pas soumises à l'influence directe des grandes villes et des contraintes étatiques.
Il est vrai que les sources permettant d'approcher ces sociétés sont beaucoup plus rares et moins explicites.

Le problème de l'eau est au centre des principales interprétations qui ont été données récemment de l'évolution de l'économie agraire du Moyen-Âge musulman, considérée en dernière analyse comme la base de l'essor ou du déclin de la civilisation musulmane dans son ensemble.

Il s'agit des vues présentées dans A social and economic History of the Near East in the Middle Ages (Londres, 1976). Pour cet auteur, la conquête musulmane n'entraîne pas de changements fondamentaux dans l'organisation sociale des campagnes ni dans l'économie rurale.
Les nouvelles cultures introduites, comme le riz, ne se diffusent que lentement. Tout au plus la croissance des villes favorise-t-elle l'essor des cultures industrielles (coton, lin, safran) mais ceci surtout à partir du Xe siècle, époque où l'extension des latifundia provoque des changements dans le régime de propriété de la terre, détenue d'abord pour une part importante par une paysannerie petite et moyenne peu susceptible d'évoluer...

En Mésopotamie et en Égypte, les conquérants trouvent un système d'irrigation complexe, dont l'entretien nécessite l'intervention de l'État.
On a vu que les juristes musulmans dégagent très vite l'idée que le creusement et l'entretien des grands canaux reviennent au pouvoir qui, effectivement, déploie une activité importante à cet égard à l'époque omeyyade. Cette activité se ralentit à l'époque abbasside, encore que l'on y ait encore réalisé de grands travaux, comme les aménagements hydrauliques effectués parallèlement à la fondation et au développement de Bagdad...
Des milliers de vannes en terre cuite destinées à permettre la distribution de l'eau par les canaux créés à ce moment ont été retrouvées, qui attestent l'importance des travaux réalisés.

Cependant, ces travaux ne correspondent pas à des innovations technologiques. Les techniques sont anciennes, mises en œuvre par des ouvriers et des ingénieurs Nabatéens d'origine locale. Pour Ashtor, il semble même douteux qu'il y ait eu globalement extension des zones mises en valeur en Iraq à l'époque abbasside.
Au début de la dynastie : Plusieurs digues du bas Iraq sont rompues, et la zone des marécages de la partie méridionale du pays s'étend par rapport à l'époque Sassanide. Un auteur comme Abu Yusuf signale un rétrécissement de la surface cultivée par rapport à l'époque antérieure...
D'une façon plus générale, Ashtor pense que l'on a, depuis le début de l'époque musulmane, négligé au Moyen-Orient l'entretien des terrasses qui retiennent la terre arable et entravent l'action du ruissellement.

Les méthodes d'irrigation elles-mêmes (submersion continue), les difficultés de drainage conduisent à la dégradation des sols cultivés qui deviennent alcalins, le sel s'accumulant en surface.
En dehors même de l'irrigation, il postule un certain déclin des techniques depuis l'époque Byzantine (ainsi, on pourrait expliquer la prospérité de l'agriculture Byzantine en Syrie du Nord par l'utilisation de socs de fer, alors que les croisés notent que les paysans musulmans de Syrie ne connaissent que les araires de bois). (avec eux c'est toujours un retour en arrière le tout au nom de l'obéissance au coran) Au total, la période musulmane correspond à un déclin lent mais continu de l'agriculture moyen orientale.

Les principes juridiques ont favorisé une certaine irresponsabilité : Un propriétaire dont les biens ne sont pas menacés directement par le mauvais état d'un canal n'est pas tenu de le réparer. (tant pis pour ceux qui en dépendent) Si un canal situé sur une terre présente un danger pour une autre, le propriétaire de la première n'est pas obligé d'y remédier.
Le poids des impôts est trop lourd, et écrase la paysannerie. (tient cela me dit quelque chose) A tout cela, il faut ajouter l'incurie des concessionnaires d'iqtas, qui exploitent au maximum leurs « domaines », puis s'en font attribuer d'autres...
Le régime « féodal » buyide caractérisé par l'instabilité des concessions et l'irresponsabilité des maîtres de la terre est fatal à l'économie rurale. (ça arrive ! Nos dirigeants irresponsable tuent les notres à grand coup de normes d'interdits et de multinationales).

L 'hypothèse « optimiste » de Watson. Des vues très différentes ont été présentées dans un article intitulé : «The Arab agricultural Revolution» , publié dans The Journal of Economie History (Mars 1974).
L'auteur pense au contraire que l'Islam s'étend à une aire très vaste, où l'irrigation est, sauf en Mésopotamie, pratiquée selon des techniques assez peu évoluées. (qui cela peut-il étonner ?)

Les musulmans diffusent à toute cette zone les techniques supérieures empruntées à la partie orientale de l'empire (norias, qanat/s). La période qui précède immédiatement l'apparition de l'Islam a par ailleurs correspondu à une phase de déclin des systèmes moyen orientaux les plus élaborés :
En Mésopotamie, le non entretien des canaux à la fin de l'époque Sassanide provoque une inondation destructrice en 629, transformant en marécages une partie de la zone du bas Tigre.
En Arabie méridionale, la rupture de la fameuse digue de Ma'rib date de la fin du VIe siècle.
En Afrique, en Égypte Byzantine, il y a eu également une régression des surfaces irriguées.
L'époque musulmane connaît au contraire une « révolution agricole », base d'un considérable essor démographique. L'extension et le perfectionnement des systèmes d'irrigation n'en constituent qu'un aspect, mais capital et indispensable.

Cette révolution agricole comporte en premier lieu l'extension à tout l'espace dominé par l'Islam d'une prodigieuse variété d'espèces végétales (riz, sorgho, blé dur, canne à sucre, coton, aubergines, pastèques, épinards, artichauts, agrumes, bananes... ). sans compter celles utilisées comme drogues, condiments, teintures (henné, indigo).
La plupart sont diffusées à partir de l'Inde... Parallèlement, se produit une transformation des pratiques agraires et de la répartition des cultures dans l'année. Au Moyen Orient et dans les pays méditerranéens, les semailles (céréales essentiellement) se font normalement au moment des pluies d'automne et la récolte au printemps. L'été constitue une saison morte et improductive, où la terre reste en jachère. On pratique en outre habituellement la jachère bi-annuelle, si bien que la terre n'est en fait productive que quelques mois tous les deux ans...
Au contraire, la plupart des espèces nouvelles, exigeantes en chaleur, poussent l'été, à condition de recevoir suffisamment d'eau.
Elles permettent alors d'obtenir une utilisation beaucoup plus souple et intensive de la terre (par exemple sorgho d'été entre deux récoltes de blé d'hiver, ou coton d'été, et les plantes à cycle végétatif court, comme les épinards ou les aubergines, permettent même 3 récoltes par an).

Cette utilisation plus intensive de la terre exige à son tour des façons culturales elles-mêmes beaucoup plus intensives (multiples labours, hersage, buttage : C'est une agriculture « jardinière », employant beaucoup de travail humain). Les observations de Lucie Bolens sur l'agronomie Andalouse rejoignent à cet égard les affirmations de Watson : L'agriculture que nous dépeignent ces traités, et qui doit correspondre à des pratiques multipliées et minutieuses, souvent en rapport avec un souci de conservation de l'eau au maximum (par exemple, on « ferme » la terre par émiettement de la couche superficielle ou au contraire par tassement pour retenir l'humidité dans les couches plus profondes et empêcher l'évaporation, les agronomes Andalous recommandent jusqu'à 10 labours annuels pour le coton).

L'irrigation est l'un des éléments capitaux de cette agriculture : La canne à sucre, en Égypte nécessite jusqu'à 28 arrosages, le riz une submersion quasi continuelle. Ainsi le perfectionnement des techniques d'irrigation accompagne forcément cette révolution agricole : Machines élévatoires, puits, citernes, qanatls d'une part, d'autre part techniques de creusement des canaux et de nivellement du sol pour la réalisation de planches de terre bordées de levées pour l'irrigation par submersion. La plupart de ces techniques sont également amplement répertoriées par les agronomes Andalous du XIe siècle.
Dans ce développement, l’État et la législation jouent un rôle important. On a déjà parlé de ce rôle en ce qui concerne les grands aménagements. Inversement, la propriété individuelle des droits de l'eau favorise l'initiative privée, de même que le système de concession des terres mortes. Les conditions de taxation, favorables aux terres irriguées favorisent aussi les investissements privés, de même que les dispositions dégrevant les cultures permanentes qui ne sont pas encore entrées dans la phase de production, comme les bananes ou les agrumes. (Cependant toutes ces cultures intensives appauvrissent la terre, demandent des engrais, des pesticides et à terme l'abandon de la parcelle complètement « rincée »)

Le problème est celui du déclin de cette agriculture riche et évoluée qui permet une grande densité de peuplement. Ce déclin commence à des époques différentes selon les lieux. Dès le IXe siècle, par exemple, on constate des abandons de sites en TransJordanie, au Hedjaz. Ce déclin se généralise à partir du XIe siècle surtout, et coïncide avec les importants bouleversements politiques et ethniques de cette période (invasions Turque, puis Mongole à l'Est, Hilalienne et Almoravide à l'Ouest). Les peuples nouveaux sont peu habitués aux pratiques intensives de l'époque précédente. La généralisation du système des iqtals entraîne des concessions du droit de percevoir l'impôt sur la paysannerie, qui se voit réduite à une situation de dépendance plus accentuée, et soumise à des taxes plus importantes.

La place de la question du contrôle de l'eau dans ces hypothèses peut-être un peu prématurées sur l'évolution générale des bases économiques de la civilisation musulmane montre l'importance du problème. Les deux visions présentées ne sont d'ailleurs peut-être pas aussi contradictoires qu'il pourrait apparaître au premier abord. Le déclin de l'Islam a sans doute commencé plus tôt au Proche Orient et en particulier en Iraq, alors qu'au contraire il s'épanouissait brillamment dans d'autres régions plus périphériques, comme en al-Andalus où l'agriculture très élaborée que nous font connaître les agronomes des royaumes de taifas peut fort bien être contemporaine d'une situation déjà dégradée dans les régions centrales du califat abbasside. Quoi qu'il en soit, de nombreux points méritent encore d'être éclaircis ou étudiés, et l'on a pas voulu faire autre chose dans ce bref exposé que montrer qu'il existe sur le sujet un champ d'étude vaste et encore presque inexploré.
Université Lyon II

C’est un problème d’une autre sorte que posent les habitants des marécages du Sud, les Ma‘dan, cas extraordinaire d’isolement et d’archaïsme social. Il s’agit en fait d’une population d’origine très composite. Les nappes d’eau, qui se sont considérablement étendues aux Ve-VIIIe siècle de notre ère après des mouvements d’affaissement et des ruptures de digues, ont accueilli des éléments réfugiés très divers : Une tribu tzigane, les Zuṭs, éleveurs de buffles, des Bédouins vaincus et expulsés de leurs tribus d’origine, sans doute des éléments nomades de langue Iranienne hivernant dans le piémont du Zagros (Bakhtiyārīs), des aventuriers de toutes sortes. Ces nouveaux venus se sont très imparfaitement fondus avec une population agricole préexistante... L’homogénéité du genre de vie est très loin d’être réalisée dans les marais. Aucune liaison n’existe entre la riziculture, que pratiquent surtout les villages de bordure en fonction des variations du niveau des eaux, et les tribus pastorales de l’intérieur qui s’enfoncent dans les marais avec leurs buffles, sur des îles flottantes, à la montée des eaux. Mais une certaine unité culturelle s’est réalisée, émanation du milieu des marais, fondée sur le canot long, à bec effilé, qui permet de traverser les fourrés de roseaux, sur le couteau-faucille qui sert à les couper, sur les habitations de roseaux tressés, dont certaines formes (maisons communes de villages) sont très élaborées. Surtout, le climat social reste partout très contraignant, fait de la mainmise encore quasi absolue des grands propriétaires chefs de tribus (cheikhs). L’intégration administrative à l’État Irakien, réalisée au moins théoriquement à l’époque du mandat Britannique, reste très nominale.

Persée : Etudes Irakiennes (Deuxième Série). Le contrôle et ...
www.persee.fr/web/revues/.../rga_0035-1121_1958_num_46_2_1827
de E de Vaumas - ‎1958
En année moyenne, le Tigre roule 39 milliards de m3 à Bagdad et ..... au fait que la Mésopotamie avait été matériellement ruinée par les inondations de 629 20.
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Les civilisations anciennes / l'irrigation / la sodicité
unt.unice.fr/uoh/degsol/irrigation-sodicite.php
Cet essentiel met en contraste deux civilisations anciennes, la Mésopotamie et l'Egypte, ... Tous connaissent l'histoire du Nil qui débordait chaque année, déposant des ... Les inondations, ainsi que la mise en place de chenaux d'irrigation, ...
Termes manquants : 629
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Persée : L'eau dans le monde musulman médiéval
https://www-persee-fr.bibliopam-evry.univ-evry.fr/.../mom_0766-0510_19...
En Mésopotamie et en Egypte, les conquérants trouvent un système d'irrigation ... des canaux à la fin de l'époque sassanide provoque une inondation destructrice en 629, ... des pratiques agraires et de la répartition des cultures dans l'année.
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