dimanche 5 juillet 2015

LA GRANDE GUERRE AU LE JOUR LE JOUR 23 DECEMBRE1914


23 décembre 1914...


I)
Mercredi 23 décembre 1914 la nuit passe, le sergent Stefanaggi est parti en reconnaissance du côté de Dompierre avec 15 hommes. Sa mission est de ramper jusqu’aux tranchées ennemies et, si possible par une brusque irruption, d’enlever quelques prisonniers... Il est porteur de quelques journaux à destination de Messieurs les Boches.

Fiasco complet ! Sans doute, il peut s’approcher à 20 mètres des lignes ennemies, mais, sur 15 hommes qu’il a au départ, un seul, un ancien de ma Compagnie, l’a suivi, les autres, des bleus, volontaires pour l’expédition, l’ont abandonné en route...

Et bien, en ma qualité de bleu et plus capon encore que tous les autres, je trouve lâche la conduite de ces camarades qui ont ainsi abandonné Stefanaggi car, quand on demande à participer à une expédition, on marche jusqu’au bout... Je sais que, pour ma part, n’ayant pas encore reçu le baptême du feu et n’étant donc pas sûr de moi, je ne me serais pas offert comme volontaire. Journée triste et froide. Toute la nuit, je suis resté dans l’inquiétude pour Stefanaggi, un brave garçon qui a toujours été bon pour moi. Pendant la journée je broie du noir.

J’ai changé de cagnat : Je suis maintenant un peu plus bas, dans l’avenue des boches. J’habite seul un gourbi taillé à même dans le parapet. Long de deux mètres, large de 75 centimètres, il possède de petites niches qui me servent de rayons, je suis installé là comme un prince... Un sac épais ferme l’entrée, au fond, une mince couche de paille, mon sac me sert d’oreiller. La nuit, j’allume la chandelle. J’ai le gradin de la tranchée pour accoudoir. Je suis seul et tranquille.

J’ai fait plus ample connaissance hier avec un territorial de la 2e escouade, un brave paysan du Mâconnais nommé Braillon. Depuis 2 jours, je l’ai remarqué à sa figure amaigrie et fatiguée, son air triste. Par Leroux, il m’a fait demander d’écrire une lettre de bonne année à sa propriétaire. J’ai accepté de bon cœur. La nostalgie du pays et de sa maison mine cet homme, il est de plus, « dévoré » par les coliques.
Bien vite, je tire ma trousse de pharmacie pour y prendre le remède… Mais il faut que je parle avec cet homme pour lui remonter le moral.  

II)
Un brouhaha inusité règne en ville dès la première heure. A tous les coins de rue, des soldats se tiennent en armes, l’un d’eux porte à la main un petit drapeau rouge. On apprend bientôt que le bureau de la place a été informé qu’une auto montée par quelques Anglais, a été signalée à Roubaix ou aux environs et que cette alerte signifie qu’on lui donne la chasse. Vers midi, la grand place est gardée militairement à toutes les issues, aucune auto ne passe, même celles qui portent des chefs, sans être arrêtée et reconnue.

Nous apprenons qu’au nombre de quelques centaines de lettres arrivées à la kommandantur, il s’en trouve une à notre adresse, Marie s’y rend aussitôt, mais elle apprend qu’elles ne sont délivrées que par quantités infimes. Encore, ne peut-on les emporter, on ne peut qu’en prendre une copie sur place. Avec quelle impatience, nous allons attendre ce bienheureux courrier ! De qui est-il ?...

Messieurs Paul Réquillart – Toulemonde et Étienne Motte ont été servis les premiers, mais, hélas ! la lettre remise au premier contient les détails des derniers moments de son fils mort à Fredrichsfeld, des suites d’une blessure au pied qui s’est gangrenée.

A propos de l’auto qui a audacieusement traversé la ville ce matin, on raconte que le major commandant la place de Tourcoing a trouvé sur son bureau la carte de visite d’un officier Anglais. A quel moment et comment cette carte a-t-elle été par l’effet d’un comble d’ironie, déposée sur cette table ?... On ne saura jamais le nom de celui qui a ainsi montré un pareil joyeux dédain de la mort. A la messe de minuit quelles doivent être nos pensées? Celles du publicain, frappons-nous la poitrine et très humblement disons: « J’ai péché ». Oui, nos péchés. Les péchés, les crimes des hommes montent jusqu’au Ciel et provoquent la colère de Dieu. La guerre devient un mal nécessaire, c’est le châtiment du péché et le châtiment durera jusqu’à ce que l’homme reconnaisse ses fautes et demande pardon. (mais ce n'est pas suffisant il faut aussi ne pas recommencer les mêmes erreurs)
Le monde d’avant 1914, notamment en Europe, conteste toujours davantage les principes religieux. Les gouvernements démocratiques veulent étouffer la foi chrétienne et les monarchies instrumentalisent la religion au profit de leur domination politique. Depuis le milieu du XIXe siècle, le recul de la pratique religieuse est manifeste et le clergé, catholique, mais également orthodoxe et réformé, voit dans la guerre qui dévaste l’Europe un châtiment que Dieu inflige aux peuples qui s’éloignent toujours davantage du message de l’Évangile... (et cela recommence)...

III)
« Après une nuit mouvementée, la matinée est assez calme. Bombardement cependant, on Rencontre une auto-mitrailleuse, circulant en ville depuis plusieurs jours, pour le tir contre les avions. » La nuit a été plus calme que l’après-midi. Il y a quelques progrès sur notre front, ici, mais pas aussi considérable qu’on l’espère car la position ennemie est formidable.
Avec le 118e RIT cantonné à Verzenay

Ici, nous nous apprêtons à fêter Noël dans la mesure de nos moyens, mais nous ne savons pas encore si une messe de minuit solennelle, à l’église, sera autorisée.
En tous cas, si elle ne l’est pas, elle sera toujours dite dans des caves ou locaux particuliers par nos prêtres soldats. Vous ai-je dit que nous avions en plus du Père d’Anselme deux missionnaires Maristes ou Lazaristes.

IV)
23 décembre 1914. Scott, un soldat Écossais raconte la vie dans les tranchées telle qu’on se la représente : La boue, la saleté, les rats, les poux et les morts. Puis, le 25 décembre, des chants monteront des tranchées Allemandes et quelques soldats Anglais et Allemands se retrouvent dans le no man’s land pour une trêve de quelques heures... Scott sympathisera avec Kurt qui lui donnera ses boutons de vareuse en échange de cigarettes et de chocolat. Le lendemain, Scott aura le bras droit arraché par un obus allemand.

V)
Vers la création d’une médaille de Valeur militaire :
Le 23 décembre 1914, le député Georges Bonnefous dépose un projet de loi, signé par 66 députés visant à créer une médaille dite de la Valeur militaire. La loi ne sera finalement votée le 2 avril 1915...

En mars 1914, avant le début de la guerre, le député Henri Tournade a déjà déposé une proposition de loi afin d'instituer, pour les combattants, une médaille dite de la valeur militaire. Mais ce projet a alors été repoussé par la commission de la Guerre.

À la fin de l'année 1914, le général Boëlle, commandant alors le IVe Corps, tente de convaincre l'administration de la nécessité de la création d'une telle décoration. Il réussit à convaincre un député, l'écrivain Maurice Barrès, député de Paris et chantre du patriotisme, de proposer un projet de médaille pour décorer les soldats, après un exploit particulier.

Le 4 février 1915, Émile Driant présente et soutient devant l'Assemblée nationale, le rapport de la commission de l'armée.
« Créons un ordre récompensant la valeur militaire, mais en lui donnant un nom bref qui sonne clairement et qui, à lui seul, exclut la faveur de l'ancienneté...
On l'appellera la Croix de guerre, ce sera une croix de bronze clair, à 4 branches, surmontée d'une couronne de lauriers, et suspendue à un ruban vert uni, le vert de la médaille de 1870-1871, débarrassé des rayures noires qui symbolisaient le deuil de l'autre siècle. »

Après la présentation de plusieurs projets, c'est au sculpteur Paul-Albert Bartholomé qu'est dû le modèle définitif. Le Sénat adopte le ruban vert rompu par de fines rayures rouges, associant le symbole du sang versé à celui de l'espérance et rappelant fâcheusement celui de la médaille de Sainte-Hélène donnée aux vieux grognards du Premier Empire...

Après d'âpres discussions au sein des 2 chambres, la loi est votée le 2 avril 1915, et promulguée le 8 du même mois.
Ainsi on peut lire dans L'Illustration du 1er mai 1915 l'article suivant :
« Le gouvernement vient d'adopter le modèle de la croix de guerre appelée à récompenser les belles actions sans nombre que cette campagne voit se multiplier au jour le jour.
Le journal officiel du samedi dernier 24 avril 1915 a enregistré le décret présidentiel qui détermine les conditions dans lesquelles sera décernée cette enviable récompense et donne la description de l'insigne. »
Aux termes de ce décret, la croix de guerre est conférée de plein droit aux militaires des armées de terre et de mer, Français ou Étrangers, qui ont obtenu, pour fait de guerre pendant la durée des opérations contre l'Allemagne et ses Alliés, une citation à l'ordre d'une armée, d'un corps d'armée, d'une division, d'une brigade... Elle est également conférée en même temps que la Légion d'honneur ou de la Médaille militaire aux militaires ou civils non cités à l'ordre, mais dont la décoration a été accompagnée, au journal officiel, de motifs équivalents à une citation à l'ordre de l'armée pour action d'éclat
Enfin, les villes martyres, les villages entièrement détruits ou les cités ayant résisté héroïquement se verront attribuer la Croix de guerre, qui figurera à la place d'honneur dans leurs armoiries

Le nombre exact de titulaires de la Croix de guerre 1914-1918 est inconnu. Au 1er mars 1920, le ministère de la Guerre estimait à 2 055 000 le nombre de citations attribuées aux combattants des armées Françaises et Alliées. Mais ce chiffre ne tient pas compte des citations à titre posthume et des Croix de guerre avec palme accompagnant d'office la Légion d'honneur et la Médaille militaire.

Le premier poilu à recevoir la Croix de guerre est le caporal Silvain Métivier le 23 février 1915, il est affecté au 66e régiment d'infanterie pendant les faits. La Croix de guerre 1914-1918 la plus « chargée » est celle de l’As des As Français René Fonck avec 28 palmes et une étoile.

La Croix de guerre a été aussi décernée à titre collectif. Plus de 600 unités de l'armée de terre sont décorées, ainsi qu'une quarantaine de navires (le Bouvet par exemple) de la marine de guerre, plus de 80 bâtiments auxiliaires et de commerce.

VI)
Lu dans le Miroir en date du mercredi 23 décembre 1914 :
France.
-Une attaque Allemande a été repoussée aux abords d’Arras, où nous avons encore progressé. De même 3 attaques ennemies ont été refoulées près de Lihons dans la Somme.
En Champagne près de Perthes-lez-Hurlus, nos troupes ont enlevé 3 ouvrages qui représentent un front de tranchées de 1 500 mètres. Dans l’Argonne (bois de la Grurie, Vauquois), nous enregistrons plusieurs avantages.
Les Russes signalent des succès importants sur la rive gauche de la Vistule, entre ce fleuve et la Pilitza, où toutes les tentatives Allemandes ont été repoussées, et en Galicie, où les Autrichiens ont subi de grosses pertes.
L’agitation Slave prend un caractère de plus en plus accentué en Autriche et en Hongrie.

VII)
« Chaumette, on a besoin de vous ! » Maurice relève la tête de son dossier. À la porte de son bureau, le directeur du cabinet du ministre, dont les yeux cernés sont l’indicateur des offensives en cours, se tient très droit. Dans un costume froissé par sa nuit passée derrière son bureau à relire les rapports livrés au ministre le matin même, il a l’air d’un malade sur le point de s’éteindre. Chaumette se lève aussitôt et propose une chaise au directeur :
« Que puis-je pour vous, Monsieur le directeur ?
— Vous lisez les journaux, Chaumette ? demande ce dernier en bâillant sans discrétion.
— Bien sûr, Monsieur le directeur.
— Vous connaissez le journal L’Intransigeant ?
— Certainement, Monsieur. »

Maurice prend grand soin de ne faire aucun commentaire quant à son opinion du journal. Depuis des mois maintenant, la presse Française fait acte d’un patriotisme forcené qui tourne au mensonge, selon Maurice qui, lui, connaît bien la vérité... Et certains articles de L’Intransigeant ont, à ses yeux, dépassé les bornes de ce que la guerre peut excuser.

Le directeur de cabinet, silencieux, fait part de sa satisfaction à Maurice en hochant la tête.
« Très bien. Figurez-vous que je viens de parler avec son rédacteur en chef. Nous nous connaissons un peu.
— Que peut-on pour ce monsieur ? demande Maurice, curieux mais prudent.
— Il semblerait qu’un de ses journalistes a très envie de découvrir la vie au front telle qu’elle est vraiment...
Un certain Bastien Fourrache. Toujours est-il qu’il faut trouver où l’envoyer. Un secteur assez calme pour qu’il ne se prenne pas une balle, mais où il peut quand même constater que nos armées ne chôment pas.
(Le directeur de cabinet liste ses desiderata sur ses doigts, comme un enfant commande ses jouets au Père Noël.)
Un régiment de ligne, mais qui comprenne tout de même suffisamment de réservistes pour illustrer le fait que des hommes venus de toute la France se battent pour le pays.
Et pas trop loin de Reims.
Les journalistes adorent aller à la cathédrale pour montrer la barbarie Allemande. Vous auriez ça ? »...
Le directeur conclut sa requête d’un nouveau bâillement que sa main peine à dissimuler.
Il suit Maurice jusqu’à son bureau :
« Je pense que j’ai ce qu’il vous faut, Monsieur le directeur, annonce fièrement Maurice.
Le 24e d’infanterie :
Il est au nord de la Marne, donc proche de Reims, et dispose d’un nombre certain de réservistes dans ses rangs, particulièrement depuis la bataille de Belgique... Il n’y a qu’un seul souci :
— Lequel ?
— Ils sont depuis quelques jours sérieusement accrochés par l’ennemi. »

Le directeur se lève et écarte ce problème d’un ample mouvement de la main.
« Rien de grave, ça ne durera pas ! Voyez avec mon secrétaire pour informer ce M. Fourrache de sa destination.
Dites-lui de s’y rendre après le 1er de l’an, le temps que le front se calme.
Ça lui fera un bel article, ça : « Le début de l’année 1915 dans les tranchées ! » dit-il en passant le pas de la porte.
Oh, et oui, Chaumette ? ajoute-t-il en se retournant.
— Monsieur le directeur ?
— Je vous charge de relire les articles de ce M. Fourrache avant qu’il ne les livre à sa rédaction. Assurez-vous qu’il aille dans le bon sens, si vous voyez ce que je veux dire. »

Maurice ouvre de grands yeux, alors que le directeur s’engage dans le couloir.
« Mais, Monsieur le directeur ! l’interpelle Maurice.
Ce n’est pas mon métier !
— Votre métier est de servir l’État et le peuple Français, répond le directeur d’une voix lasse mais autoritaire.
Et le peuple Français a besoin de patriotisme, pas de vérité. » ??? !!!

VIII)
L'ennemi a montré hier quelque activité dans la région d'Ypres. Il a dirigé contre nos lignes plusieurs attaques, dont 3 ont été complètement repoussées. Sur un point unique du front, les Allemands ont réussi à atteindre une de nos tranchées de première ligne. De notre côté, nous avons continué à progresser dans la direction des lignes ennemies.

Dans la région d'Arras et dans celle de Juvincourt, ont lieu des combats d'artillerie.

Dans l'Argonne, nous avons poussé en avant plusieurs de nos tranchées et refoulé deux attaques Allemandes.

Dans la région de Varennes, nous avons consolidé nos gains des jours précédents. L'artillerie allemande s'est montrée très active, mais ne nous a pas infligé de pertes.

Il en a été de même sur les Hauts- de-Meuse. Dans le bois Le Prêtre, notre progression s'est poursuivie et accentuée.

Au sud de Thann, nous avons enlevé la gare d'Aspach.

Sur le reste du front des Vosges, des combats d'artillerie.

En Belgique, les Belges et les Français, selon le Daily News usent du moyen des radeaux pour tendre un piège aux Allemands.
Ils ont ostensiblement construit des radeaux destinés à transporter des troupes sur la rive droite de l'Yser.
Les Allemands concentrent aussitôt le feu de leur artillerie sur les radeaux qu'on monte et ils massent des forces d’infanterie pour parer à l'attaque. Pendant ce temps, les Belges et les Français franchissent tranquillement l'Yser près de Pervyse et enlèvent les tranchées Allemandes à peu près dégarnies.

Dans la campagne Russe, au sud de Cracovie, les Autrichiens renforcés par des Allemands prennent énergiquement l'offensive, mais, d’après le communiqué officiel Russe, ils sont vigoureusement culbutés et perdent 5 batteries et une colonne d'automobiles blindées.
Une dépêche de Vienne annonce officiellement que les Russes bombardent la ville de Cracovie.

Les hostilités Austro-Serbes : Le journal Figaro publie le télégramme suivant reçu par la légation de Serbie « Aujourd'hui est le 8e jour de l'offensive Serbe. L'armée Autrichienne fuit au-delà de Valjevo, vers Chabatz, dans la direction de Belgrade. Tandis que d'interminables convois de prisonniers arrivent à Nich, les troupes Serbes poursuivent l'ennemi sans arrêt et font de nouveaux prisonniers. »

Les informations reçues par le journal sur les opérations Austro-Serbes, des derniers jours mettent « en relief l'heureuse action exercée personnellement par le roi Pierre qui s'est rendu au front malgré son grand âge. Sa présence a véritablement électrisé les troupes et a décidé l'état-major à prendre sur toute la ligne l'offensive qui vient d'être couronnée de succès, Le Roi a trouvé des paroles qui ont été au cœur des paysans Slaves. On s'accorde à lui attribuer en partie le retour de fortune qui vient de se produire, et depuis lequel l'armée Autrichienne a été arrêtée et repoussée. »

Les opérations autour de La Bassée :
Un correspondant du Daily Mail dans le nord-est de la France dit que sur le front de La Bassée, la résistance Allemande commence à fléchir.
Le feu de l'artillerie Allemande est beaucoup moins efficace, les obus dont se servent maintenant les Allemands sont de qualité inférieure et de modèle plus ancien.
La plupart des meilleures pièces d'artillerie lourdes et légères ont été envoyées dans le nord. Quant à l'infanterie qui occupe les rives du canal de La Bassée, elle ne comprend plus les meilleurs régiments Allemands qui ont été retirés. Cependant, l'ennemi continue à opposer une assez vive résistance dans cette région.
Béthune est constamment bombardée et la ville a beaucoup souffert du feu des grosses pièces tirant d'une distance de 16 kms.
Les Allemands font, en outre, un grand usage de leurs petits mortiers dans les combats de tranchées... Ces engins sont si courts qu'il est extrêmement difficile de localiser leurs positions et ils lancent jusque dans l'intérieur des tranchées des obus dont l'éclatement est accompagné d'une épaisse fumée noire.
Pour y répondre, les troupes Alliées se servent de grenades qui, pendant la semaine dernière, ont été presque exclusivement employées sur ce point du front.

IX)
A l’approche des fêtes, le journal Le Temps demande à ses lecteurs de changer leurs habitudes le temps de la guerre, pour éviter un engorgement des services de la poste. Il leur demande un non-envoi patriotique.
Les cartes au Jour de l'an :
« II est probable que cette année on introduira un changement au protocole mondain, en s'abstenant d'envoyer des cartes au Jour de l'an. On épargnera ainsi aux services postaux un supplément énorme de travail, dont l’effet risque de provoquer un retard forcé dans la distribution des correspondances... Il faut songer aux commis, ambulants, agents des postes, facteurs et vaguemestres, dont la tâche et la responsabilité sont si lourdes. Le triage, le routage, le timbrage, le contrôle et la distribution des correspondances n'ont nullement besoin qu'on les complique par un « excédent de bagages », constitué par les cartes de visite.

X)
En octobre 1914, après les premiers affrontements, au cours desquels beaucoup de combattants ont été capturés, le CICR a ouvert son Agence internationale à Genève, pendant le conflit, il a établi des fiches et des listes concernant près de 2 millions et demi de prisonniers de guerre, il a visité un grand nombre de ces prisonniers et permis à leurs familles d’envoyer des colis d’articles de secours.

Les premières grandes offensives de 1914 sont marquées par les batailles du nord et de l'est de la France, ainsi que par de violents combats en Russie. Elles provoquent la capture d'un grand nombre de prisonniers et causent des pertes considérables. 

Dès le début de la guerre, le CICR prend d'importantes mesures pour faire face à cette situation dramatique :
Le 15 août 1914, il adresse une circulaire aux Sociétés Nationales pour leur demander de lui indiquer la composition de leurs commissions spéciales de prisonniers de guerre et pour proposer la constitution d'un bureau central en faveur de ceux-ci, conformément au mandat qui lui a été donné par la Conférence internationale de la Croix-Rouge réunie à Washington en 1912...

Le 27 août, le président du CICR, Gustave Ador, annonce par circulaire la création de l'Agence internationale, afin de centraliser les informations et l'organisation des dons aux prisonniers de guerre.
Cette circulaire prévoit également que l'Agence classera les demandes reçues et en transmettra un exemplaire aux Sociétés Nationales de l'État détenteur afin de connaître le lieu de détention des personnes recherchées.

Le 12 octobre 1914, l'Agence s'installe au Musée Rath à Genève et elle met en place un système de traitement des informations qui lui permet de faire face rapidement et avec efficacité aux 5 000 demandes qui lui parviennent chaque jour.

Sur la base des listes de prisonniers de guerre qui lui sont fournies par les États belligérants, l'Agence établit des fiches pour chaque prisonnier, qui sont classées par fichiers nationaux et auxquelles sont intégrées les demandes d'information. Dès qu'il y a « concordance » entre une information et une demande, l'Agence peut apporter une réponse à la famille ou à la commune d'origine d'un prisonnier de guerre sur lequel porte la demande de renseignement...

Afin d'obtenir des informations encore plus précises sur la situation des prisonniers de guerre, l'Agence crée deux fichiers supplémentaires :
Un fichier topographique indiquant l'emplacement des tombes des soldats décédés et un fichier régimentaire.

En outre, l'Agence s'occupe au début de la guerre de la correspondance, des dons et des mandats transmis aux prisonniers de guerre.
Par la suite, ces activités sont prises en charge par les services postaux des pays neutres :
Les postes Suisse, Danoise, Néerlandaise et Suédoise.
Durant la guerre, l'Agence établira 4 805 000 fiches et transmettra 1 854 914 colis et envois de secours collectifs.

L’armistice de novembre 1918 n’entraîne pas la fermeture de l’Agence, qui poursuit ses activités d'information dans le cadre des grandes opérations de rapatriement des prisonniers des puissances centrales et des captifs détenus en Russie. Après la signature des traités de paix de 1919, le CICR met fin, le 31 décembre, au fonctionnement de l'Agence. Un service spécialisé au CICR lui succède entre les deux guerres. Il se charge des enquêtes individuelles, des démarches concernant les disparus ou encore de la fourniture d'attestations aux anciens prisonniers pour faire valoir leurs droits.

En 1916, une agence similaire à celle de Genève a également été ouverte à Copenhague par la Croix-Rouge Danoise. Elle s'est occupée des informations concernant les prisonniers de guerre sur le front Germano-Russe et a poursuivi ses activités jusqu'au 1er avril 1919. Durant la guerre, une autre agence a aussi été créée à Vienne, sous l'égide du gouvernement Autrichien, pour traiter essentiellement les demandes concernant les prisonniers de guerre Austro-Hongrois.

XI)
Le mardi 22 décembre 1914 :
Nous creusons une tranchée dans le talus où nous nous sommes arrêtés hier. Nous avons froid aux pieds toute la journée et toute la nuit. Les Allemands nous envoient toujours des obus.
A 22 h nous quittons nos emplacements et nous allons à 600 m plus à gauche. A peine arrivés, il nous faut revenir aux emplacements que nous venions de quitter, toujours par la nuit noire et à travers des tranchées et des trous d’obus.
Un avion a poursuivi un Taube et a tiré dessus

XII)
Comme la veille, vers 8h : Visite... Température 40°. Aussitôt la visite terminée, on me fait changer de salle. Je me sens d’une faiblesse extrême. J’ai toujours mal à la tête. Pas de nourriture, toujours du lait ou des boissons chaudes.
A 15h température 40°1, la fièvre monte encore. Le major arrive à 17h, il installe un brancard recouvert d’une toile imperméable sur un support incliné recouvert d’un baquet d’eau froide d’un côté et au bout du brancard un autre baquet vide. Pour la première fois je vais passer aux bains froids et enveloppements dont j’entends parler depuis ce matin... Le major m’appelle. Alors je sors du lit.
Un infirmier enlève ma chemise, flanelle et tout nu, je vais me placer sur le brancard, le major d’un côté et l’infirmier de l’autre. Les voilà entrain de m’asperger le corps d’eau froide avec une éponge, aussi je ne tiens plus, je gigote, je suis glacé, mes dents claquent, l’opération dure 5 minutes. Aussitôt terminée, je suis essuyé et enroulé dans une couverture très chaude. Ici encore contraste, ah ce n’est pas rigolo, j’en ai déjà marre. Un mot sur l’enveloppement, c’est encore pis, on s’amène tout nu, toujours. Un drap mouillé est tenu à chaque bout par un infirmer et d’un seul coup on est enroulé dedans... On est gelé !

Pendant les 5 minutes où l’on est transi de froid, une couverture chauffe près du poêle et après on est enroulé  dedans. On reste un moment ainsi et ensuite on retourne se coucher.
Ces deux opérations ont pour but de réagir sur le sang et cette réaction seule peut vous sauver de la typhoïde. C’est le seul moyen ainsi que d’absorber du lait jusqu’à plus soif...

Cette nuit là  encore, je ne dors pas et  ne cesse pas de boire.

XIII)
Posté dans la catégorie « Le récit ».
Les Taube sont toujours aussi menaçants, bien que leur bombardement soit « aussi peu efficace ». Dans le Temps, nous apprenons que les aviateurs Allemands ont fait, à Amiens, une nouvelle tentative dirigée sans doute contre les voies ferrées et « couronnée d'un insuccès au moins égal aux précédentes. »
12h30 quand le Taube paraît. Les deux bombes qu'il jette tombent dans un terrain vague derrière l'hôpital installé dans l'ancienne abbaye Saint-Acheul. Elles ont creusé 2 trous de 25 cm de diamètre environ et leur explosion est sans aucun effet. »

Sur le plan militaire, le ministère de la Guerre nous informe que dans la région d'Arras, le brouillard a continué à rendre toute opération impossible.

A l'est et au sud-est d'Amiens, notamment aux abords de Lassigny, ont lieu des combats d'artillerie.

Plusieurs attaques ont été repoussées et les Français sont demeurés maîtres, près du chemin de Puisaleine, des tranchées Allemandes enlevées.

En Champagne, nous avons consolidé quelques progrès de la veille dans la région de Craonne et de Reims.

Près de Perthes, toutes les contre-attaques de l'ennemi sur les positions conquises ont été repoussées.

Au nord-ouest de Mesnil-les-Hurlus, nous avons enlevé 400 mètres de tranchées Allemandes et repoussé une contre-attaque.

Les Allemands ont tenté de prendre l'offensive du côté de Ville-sur-Tourbe.
Notre artillerie les a dispersés.

En Argonne, nous avons gagné un peu de terrain dans le bois de la Grurie et repoussé une attaque Allemande vers Bagatelle.

Dans la région de Verdun, aucune opération importante à cause de la brume. L'ennemi a contre-attaqué, sans succès, dans le bois de Consenvoye.

Dans la forêt d'Apremont, notre artillerie a bouleversé et fait évacuer plusieurs tranchées... En Voivre, elle a réduit au silence des batteries allemandes.

Dans la région du Ban-de-Sapt (nord-est de Saint-Dié), notre infanterie a fait un bond en avant et s'est établie sur le terrain gagné. Rien à signaler en Haute-Alsace.

En Belgique, le communiqué officiel indique que les Alliés ont progressé à la sape dans les dunes et repoussé une attaque devant Lombaertzyde.

A Zwartelen (sud-est d'Ypres), ils ont enlevé un groupe de maisons et refoulé, jusqu'à la partie sud du village, malgré un feu très vif de l'artillerie Allemande, une contre-attaque ennemie.

L'armée Belge a poussé des détachements sur la rive droite de l'Yser, au sud de Dixmude, et organisé une tête de pont.

En Russie, sur la Bzoura, les Allemands se sont maintenus en 2 points au nord de Sochaczew.

Ils ont été, au contraire, rejetés sur la rivière au sud-ouest de cette ville. Leurs tentatives pour déboucher à l'est de Bolimow ont échoué. Ils font des efforts pour franchir la Râwka, au sud-est de Skiernewice.

Au sud de Rawa, ils résistent opiniâtrement à une offensive Russe prononcée sur la rive nord de la Pilica.

Dans la guerre avec la Turquie, une activité intense des Turcs s'est révélée dans la direction d'Olty (sur la frontière du gouvernement de Kars). Les Turcs ont prononcé une série d’attaques, qui ont échoué, dans la direction de Sarykamysch.

L'offensive des Turcs dans la direction de Van-Touran a été brisée par les Russes, malgré une résistance opiniâtre de l'ennemi...

Un communiqué officiel annonce qu'un croiseur Anglais et un détachement de troupes qui a été mis à terre ont détruit, près d'Alexandrette, un ouvrage d'art du chemin de fer de Bagdad.
Exécutant les ordres du commandant Anglais, le gouverneur a fait sauter le matériel du chemin de fer.

Le journal Le Temps publie des informations sur la situation de la guerre dans le Nord recueillies grâce à plusieurs témoignages :

« Les Allemands dans le Nord : Suite aux renseignements recueillis auprès d'une personne qui a quitté Lille tout récemment, il résulte que cette ville est gouvernée par un sieur Kappel, officier du kaiser, qui exploitait avant la guerre une petite industrie à Fives-lez-Lille...
La ville de Roubaix, quant à elle, est gouvernée par l'officier Otto, et la ville de Tourcoing par l'officier Nurberg.

Les Allemands poursuivent le bombardement de la ville d'Armentières. Ils ont lancé sur la ville une cinquantaine d'obus. Dans la journée de vendredi, le bombardement a redoublé d'intensité. Depuis vendredi soir, aucun obus n'est tombé sur la ville.
D'après les derniers renseignements dignes de foi, l'artillerie Allemande est installée au mont d'Halluin. L'abbé Lemire est venu à Armentières se rendre compte des dégâts causés par le bombardement...

Un avion allemand a jeté plusieurs bombes sur Béthune, mais sans occasionner de dégâts, ni faire de victime. L'aéroplane ennemi a été descendu peu après par les canons Anglais à proximité de Vieux-Berquin.

Monsieur Albert Tailliandier, député du Pas-de-Calais, mobilisé dans un régiment territorial, s'est rendu à Arras, chef-lieu de l'arrondissement qu'il représente, pendant le congé accordé pour la session parlementaire. Il a visité la ville si éprouvée par les bombardements »

Les soldats Allemands croyaient à une victoire éclair, et ce témoignage publié dans le Temps rend compte de leur désillusion. « Impressions de blessés Allemands : Des blessés Allemands arrivés à Toulon du théâtre des derniers combats et qu'on vient de transporter à l'hôpital de Saint-Mandrier, ont déclaré qu'aucun de leurs camarades ni eux-mêmes ne s'attendaient à ce que la guerre durât aussi longtemps... !!!



www.arthurdaucourt.com/#!23-décembre-1914-La-guerre-vue...
23 décembre 1914 - La guerre vue comme un châtiment divin. 2014-12-23T15:28:04.934Z. A la messe de minuit quelles doivent être nos pensées? Celles du ...

141/journal de la grande guerre/ le 23 décembre 1914 ...
https://reims1418.wordpress.com/.../23/141journal-de-la-grande-guerre-l...
23 déc. 2014 - Journal du rémois Paul Hess (extraits) "Après une nuit mouvementée, la matinée est assez calme. Bombardement cependant . Rencontre une …

Mercredi 23 décembre 1914 | Georges Baudin
www.georges-baudin.fr/mercredi-23-decembre-1914/
23 déc. 2013 - Comme la veille, vers 8h : visite. Température 40°. Aussitôt la visite terminée, on me fait changer de salle. Je me sens d'une faiblesse extrême.

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