23 décembre 1914...
I)
Mercredi
23 décembre 1914 la nuit passe, le sergent Stefanaggi est parti en
reconnaissance du côté de Dompierre avec 15 hommes. Sa mission est
de ramper jusqu’aux tranchées ennemies et, si possible par une
brusque irruption, d’enlever quelques prisonniers... Il est porteur
de quelques journaux à destination de Messieurs les Boches.
Fiasco
complet ! Sans doute, il peut s’approcher à 20 mètres des lignes
ennemies, mais, sur 15 hommes qu’il a au départ, un seul, un
ancien de ma Compagnie, l’a suivi, les autres, des bleus,
volontaires pour l’expédition, l’ont abandonné en route...
Et
bien, en ma qualité de bleu et plus capon encore que tous les
autres, je trouve lâche la conduite de ces camarades qui ont ainsi
abandonné Stefanaggi car, quand on demande à participer à une
expédition, on marche jusqu’au bout... Je sais que, pour ma part,
n’ayant pas encore reçu le baptême du feu et n’étant donc pas
sûr de moi, je ne me serais pas offert comme volontaire. Journée
triste et froide. Toute la nuit, je suis resté dans l’inquiétude
pour Stefanaggi, un brave garçon qui a toujours été bon pour moi.
Pendant la journée je broie du noir.
J’ai
changé de cagnat : Je suis maintenant un peu plus bas, dans
l’avenue des boches. J’habite seul un gourbi taillé à même
dans le parapet. Long de deux mètres, large de 75 centimètres, il
possède de petites niches qui me servent de rayons, je suis installé
là comme un prince... Un sac épais ferme l’entrée, au fond, une
mince couche de paille, mon sac me sert d’oreiller. La nuit,
j’allume la chandelle. J’ai le gradin de la tranchée pour
accoudoir. Je suis seul et tranquille.
J’ai
fait plus ample connaissance hier avec un territorial de la
2e escouade, un brave paysan du Mâconnais nommé Braillon.
Depuis 2 jours, je l’ai remarqué à sa figure amaigrie et
fatiguée, son air triste. Par Leroux, il m’a fait demander
d’écrire une lettre de bonne année à sa propriétaire. J’ai
accepté de bon cœur. La nostalgie du pays et de sa maison mine cet
homme, il est de plus, « dévoré » par les coliques.
Bien
vite, je tire ma trousse de pharmacie pour y prendre le remède…
Mais il faut que je parle avec cet homme pour lui remonter le moral.
II)
Un
brouhaha inusité règne en ville dès la première heure. A tous les
coins de rue, des soldats se tiennent en armes, l’un d’eux porte
à la main un petit drapeau rouge. On apprend bientôt que le bureau
de la place a été informé qu’une auto montée par quelques
Anglais, a été signalée à Roubaix ou aux environs et que cette
alerte signifie qu’on lui donne la chasse. Vers midi, la grand
place est gardée militairement à toutes les issues, aucune auto ne
passe, même celles qui portent des chefs, sans être arrêtée et
reconnue.
Nous
apprenons qu’au nombre de quelques centaines de lettres arrivées à
la kommandantur, il s’en trouve une à notre adresse, Marie s’y
rend aussitôt, mais elle apprend qu’elles ne sont délivrées que
par quantités infimes. Encore, ne peut-on les emporter, on ne peut
qu’en prendre une copie sur place. Avec quelle impatience, nous
allons attendre ce bienheureux courrier ! De qui est-il ?...
Messieurs
Paul Réquillart – Toulemonde et Étienne Motte ont été servis
les premiers, mais, hélas ! la lettre remise au premier contient les
détails des derniers moments de son fils mort à Fredrichsfeld, des
suites d’une blessure au pied qui s’est gangrenée.
A
propos de l’auto qui a audacieusement traversé la ville ce matin,
on raconte que le major commandant la place de Tourcoing a trouvé
sur son bureau la carte de visite d’un officier Anglais. A quel
moment et comment cette carte a-t-elle été par l’effet d’un
comble d’ironie, déposée sur cette table ?... On ne saura jamais
le nom de celui qui a ainsi montré un pareil joyeux dédain de la
mort. A la messe de minuit quelles doivent être nos pensées? Celles
du publicain, frappons-nous la poitrine et très humblement
disons: « J’ai péché ». Oui, nos péchés. Les
péchés, les crimes des hommes montent jusqu’au Ciel et provoquent
la colère de Dieu. La guerre devient un mal nécessaire, c’est
le châtiment du péché et le châtiment durera jusqu’à ce que
l’homme reconnaisse ses fautes et demande pardon. (mais
ce n'est pas suffisant il faut aussi ne pas recommencer les mêmes
erreurs)
Le
monde d’avant 1914, notamment en Europe, conteste toujours
davantage les principes religieux. Les gouvernements
démocratiques veulent étouffer la foi chrétienne et les monarchies
instrumentalisent la religion au profit de leur domination politique.
Depuis le milieu du XIXe siècle, le recul de la pratique religieuse
est manifeste et le clergé, catholique, mais également orthodoxe et
réformé, voit dans la guerre qui dévaste l’Europe un châtiment
que Dieu inflige aux peuples qui s’éloignent toujours davantage du
message de l’Évangile... (et cela
recommence)...
« Après
une nuit mouvementée, la matinée est assez calme. Bombardement
cependant, on Rencontre une auto-mitrailleuse, circulant en ville
depuis plusieurs jours, pour le tir contre les avions. » La
nuit a été plus calme que l’après-midi. Il y a quelques progrès
sur notre front, ici, mais pas aussi considérable qu’on l’espère
car la position ennemie est formidable.
Avec
le 118e RIT cantonné à Verzenay
Ici,
nous nous apprêtons à fêter Noël dans la mesure de nos moyens,
mais nous ne savons pas encore si une messe de minuit solennelle, à
l’église, sera autorisée.
En
tous cas, si elle ne l’est pas, elle sera toujours dite dans des
caves ou locaux particuliers par nos prêtres soldats. Vous ai-je dit
que nous avions en plus du Père d’Anselme deux missionnaires
Maristes ou Lazaristes.
IV)
23
décembre 1914. Scott, un soldat Écossais raconte la vie dans les
tranchées telle qu’on se la représente : La boue, la saleté,
les rats, les poux et les morts. Puis, le 25 décembre, des chants
monteront des tranchées Allemandes et quelques soldats Anglais et
Allemands se retrouvent dans le no man’s land pour une trêve de
quelques heures... Scott sympathisera avec Kurt qui lui donnera ses
boutons de vareuse en échange de cigarettes et de chocolat. Le
lendemain, Scott aura le bras droit arraché par un obus allemand.
V)
Vers
la création d’une médaille de Valeur militaire :
Le
23 décembre 1914, le député Georges Bonnefous dépose un projet de
loi, signé par 66 députés visant à créer une médaille dite de
la Valeur militaire. La loi ne sera finalement votée le 2 avril
1915...
En
mars 1914, avant le début de la guerre, le député Henri Tournade a
déjà déposé une proposition de loi afin d'instituer, pour les
combattants, une médaille dite de la valeur militaire. Mais ce
projet a alors été repoussé par la commission de la Guerre.
À
la fin de l'année 1914, le général Boëlle, commandant alors le
IVe Corps, tente de convaincre l'administration de la nécessité de
la création d'une telle décoration. Il réussit à convaincre un
député, l'écrivain Maurice Barrès, député de Paris et chantre
du patriotisme, de proposer un projet de médaille pour décorer les
soldats, après un exploit particulier.
Le
4 février 1915, Émile Driant présente et soutient devant
l'Assemblée nationale, le rapport de la commission de l'armée.
«
Créons un ordre récompensant la valeur militaire, mais en lui
donnant un nom bref qui sonne clairement et qui, à lui seul, exclut
la faveur de l'ancienneté...
On
l'appellera la Croix de guerre, ce sera une croix de bronze clair, à
4 branches, surmontée d'une couronne de lauriers, et suspendue à un
ruban vert uni, le vert de la médaille de 1870-1871, débarrassé
des rayures noires qui symbolisaient le deuil de l'autre siècle. »
Après
la présentation de plusieurs projets, c'est au sculpteur Paul-Albert
Bartholomé qu'est dû le modèle définitif. Le Sénat adopte le
ruban vert rompu par de fines rayures rouges, associant le symbole du
sang versé à celui de l'espérance et rappelant fâcheusement celui
de la médaille de Sainte-Hélène donnée aux vieux grognards du
Premier Empire...
Après d'âpres discussions au sein des 2 chambres, la loi est votée le 2 avril 1915, et promulguée le 8 du même mois.
Après d'âpres discussions au sein des 2 chambres, la loi est votée le 2 avril 1915, et promulguée le 8 du même mois.
«
Le gouvernement vient d'adopter le modèle de la croix de guerre
appelée à récompenser les belles actions sans nombre que cette
campagne voit se multiplier au jour le jour.
Le
journal officiel du samedi dernier 24 avril 1915 a enregistré le
décret présidentiel qui détermine les conditions dans lesquelles
sera décernée cette enviable récompense et donne la description de
l'insigne. »
Aux
termes de ce décret, la croix de guerre est conférée de plein
droit aux militaires des armées de terre et de mer, Français ou
Étrangers, qui ont obtenu, pour fait de guerre pendant la durée des
opérations contre l'Allemagne et ses Alliés, une citation à
l'ordre d'une armée, d'un corps d'armée, d'une division, d'une
brigade... Elle est également conférée en même temps que la
Légion d'honneur ou de la Médaille militaire aux militaires ou
civils non cités à l'ordre, mais dont la décoration a été
accompagnée, au journal officiel, de motifs équivalents à une
citation à l'ordre de l'armée pour action d'éclat
Enfin,
les villes martyres, les villages entièrement détruits ou les cités
ayant résisté héroïquement se verront attribuer la Croix de
guerre, qui figurera à la place d'honneur dans leurs armoiries
Le
nombre exact de titulaires de la Croix de guerre 1914-1918 est
inconnu. Au 1er mars 1920, le ministère de la Guerre estimait à 2
055 000 le nombre de citations attribuées aux combattants des armées
Françaises et Alliées. Mais ce chiffre ne tient pas compte des
citations à titre posthume et des Croix de guerre avec palme
accompagnant d'office la Légion d'honneur et la Médaille militaire.
Le premier poilu à recevoir la Croix de guerre est le caporal Silvain Métivier le 23 février 1915, il est affecté au 66e régiment d'infanterie pendant les faits. La Croix de guerre 1914-1918 la plus « chargée » est celle de l’As des As Français René Fonck avec 28 palmes et une étoile.
La
Croix de guerre a été aussi décernée à titre collectif. Plus de
600 unités de l'armée de terre sont décorées, ainsi qu'une
quarantaine de navires (le Bouvet par exemple) de la marine de
guerre, plus de 80 bâtiments auxiliaires et de commerce.
VI)
Lu
dans le Miroir en date du mercredi 23 décembre 1914 :
France.
-Une
attaque Allemande a été repoussée aux abords d’Arras, où nous
avons encore progressé. De même 3 attaques ennemies ont été
refoulées près de Lihons dans la Somme.
En
Champagne près de Perthes-lez-Hurlus, nos troupes ont enlevé 3
ouvrages qui représentent un front de tranchées de 1 500 mètres.
Dans l’Argonne (bois de la Grurie, Vauquois), nous enregistrons
plusieurs avantages.
Les
Russes signalent des succès importants sur la rive gauche de la
Vistule, entre ce fleuve et la Pilitza, où toutes les tentatives
Allemandes ont été repoussées, et en Galicie, où les Autrichiens
ont subi de grosses pertes.
L’agitation Slave prend un caractère de plus en plus accentué en Autriche et en Hongrie.
L’agitation Slave prend un caractère de plus en plus accentué en Autriche et en Hongrie.
VII)
« Chaumette,
on a besoin de vous ! » Maurice relève la tête de son
dossier. À la porte de son bureau, le directeur du cabinet du
ministre, dont les yeux cernés sont l’indicateur des offensives en
cours, se tient très droit. Dans un costume froissé par sa nuit
passée derrière son bureau à relire les rapports livrés au
ministre le matin même, il a l’air d’un malade sur le point de
s’éteindre. Chaumette se lève aussitôt et propose une chaise au
directeur :
« Que
puis-je pour vous, Monsieur le directeur ?
— Vous lisez les journaux, Chaumette ? demande ce dernier en bâillant sans discrétion.
— Bien sûr, Monsieur le directeur.
— Vous connaissez le journal L’Intransigeant ?
— Certainement, Monsieur. »
— Vous lisez les journaux, Chaumette ? demande ce dernier en bâillant sans discrétion.
— Bien sûr, Monsieur le directeur.
— Vous connaissez le journal L’Intransigeant ?
— Certainement, Monsieur. »
Maurice
prend grand soin de ne faire aucun commentaire quant à son opinion
du journal. Depuis des mois maintenant, la presse Française fait
acte d’un patriotisme forcené qui tourne au mensonge, selon
Maurice qui, lui, connaît bien la vérité... Et certains articles
de L’Intransigeant ont, à ses yeux, dépassé les bornes de ce que
la guerre peut excuser.
Le
directeur de cabinet, silencieux, fait part de sa satisfaction à
Maurice en hochant la tête.
« Très
bien. Figurez-vous que je viens de parler avec son rédacteur en
chef. Nous nous connaissons un peu.
— Que peut-on pour ce monsieur ? demande Maurice, curieux mais prudent.
— Il semblerait qu’un de ses journalistes a très envie de découvrir la vie au front telle qu’elle est vraiment...
— Que peut-on pour ce monsieur ? demande Maurice, curieux mais prudent.
— Il semblerait qu’un de ses journalistes a très envie de découvrir la vie au front telle qu’elle est vraiment...
Un
certain Bastien Fourrache. Toujours est-il qu’il faut trouver où
l’envoyer. Un secteur assez calme pour qu’il ne se prenne pas une
balle, mais où il peut quand même constater que nos armées ne
chôment pas.
(Le
directeur de cabinet liste ses desiderata sur ses doigts, comme un
enfant commande ses jouets au Père Noël.)
Un
régiment de ligne, mais qui comprenne tout de même suffisamment de
réservistes pour illustrer le fait que des hommes venus de toute la
France se battent pour le pays.
Et
pas trop loin de Reims.
Les
journalistes adorent aller à la cathédrale pour montrer la barbarie
Allemande. Vous auriez ça ? »...
Le
directeur conclut sa requête d’un nouveau bâillement que sa main
peine à dissimuler.
Il
suit Maurice jusqu’à son bureau :
« Je
pense que j’ai ce qu’il vous faut, Monsieur le directeur, annonce
fièrement Maurice.
Le
24e d’infanterie :
Il
est au nord de la Marne, donc proche de Reims, et dispose d’un
nombre certain de réservistes dans ses rangs, particulièrement
depuis la bataille de Belgique... Il n’y a qu’un seul souci :
— Lequel ?
— Ils sont depuis quelques jours sérieusement accrochés par l’ennemi. »
— Lequel ?
— Ils sont depuis quelques jours sérieusement accrochés par l’ennemi. »
Le
directeur se lève et écarte ce problème d’un ample mouvement de
la main.
« Rien
de grave, ça ne durera pas ! Voyez avec mon secrétaire pour
informer ce M. Fourrache de sa destination.
Dites-lui
de s’y rendre après le 1er de l’an, le temps que le front se
calme.
Ça
lui fera un bel article, ça : « Le début de l’année
1915 dans les tranchées ! » dit-il en passant le pas de
la porte.
Oh,
et oui, Chaumette ? ajoute-t-il en se retournant.
— Monsieur le directeur ?
— Je vous charge de relire les articles de ce M. Fourrache avant qu’il ne les livre à sa rédaction. Assurez-vous qu’il aille dans le bon sens, si vous voyez ce que je veux dire. »
— Monsieur le directeur ?
— Je vous charge de relire les articles de ce M. Fourrache avant qu’il ne les livre à sa rédaction. Assurez-vous qu’il aille dans le bon sens, si vous voyez ce que je veux dire. »
Maurice
ouvre de grands yeux, alors que le directeur s’engage dans le
couloir.
« Mais,
Monsieur le directeur ! l’interpelle Maurice.
Ce
n’est pas mon métier !
— Votre métier est de servir l’État et le peuple Français, répond le directeur d’une voix lasse mais autoritaire.
— Votre métier est de servir l’État et le peuple Français, répond le directeur d’une voix lasse mais autoritaire.
Et
le peuple Français a besoin de patriotisme, pas de vérité. » ??? !!!
VIII)
L'ennemi
a montré hier quelque activité dans la région d'Ypres. Il a dirigé
contre nos lignes plusieurs attaques, dont 3 ont été complètement
repoussées. Sur un point unique du front, les Allemands ont réussi
à atteindre une de nos tranchées de première ligne. De notre côté,
nous avons continué à progresser dans la direction des lignes
ennemies.
Dans
la région d'Arras et dans celle de Juvincourt, ont lieu des combats
d'artillerie.
Dans
l'Argonne, nous avons poussé en avant plusieurs de nos tranchées et
refoulé deux attaques Allemandes.
Dans
la région de Varennes, nous avons consolidé nos gains des jours
précédents. L'artillerie allemande s'est montrée très active,
mais ne nous a pas infligé de pertes.
Il
en a été de même sur les Hauts- de-Meuse. Dans le bois Le Prêtre,
notre progression s'est poursuivie et accentuée.
Au
sud de Thann, nous avons enlevé la gare d'Aspach.
Sur
le reste du front des Vosges, des combats d'artillerie.
En
Belgique, les Belges et les Français, selon le Daily News usent du
moyen des radeaux pour tendre un piège aux Allemands.
Ils
ont ostensiblement construit des radeaux destinés à transporter des
troupes sur la rive droite de l'Yser.
Les
Allemands concentrent aussitôt le feu de leur artillerie sur les
radeaux qu'on monte et ils massent des forces d’infanterie pour
parer à l'attaque. Pendant ce temps, les Belges et les Français
franchissent tranquillement l'Yser près de Pervyse et enlèvent les
tranchées Allemandes à peu près dégarnies.
Dans
la campagne Russe, au sud de Cracovie, les Autrichiens renforcés par
des Allemands prennent énergiquement l'offensive, mais, d’après
le communiqué officiel Russe, ils sont vigoureusement culbutés et
perdent 5 batteries et une colonne d'automobiles blindées.
Une
dépêche de Vienne annonce officiellement que les Russes bombardent
la ville de Cracovie.
Les
hostilités Austro-Serbes : Le journal Figaro publie le télégramme
suivant reçu par la légation de Serbie « Aujourd'hui est le 8e
jour de l'offensive Serbe. L'armée Autrichienne fuit au-delà de
Valjevo, vers Chabatz, dans la direction de Belgrade. Tandis que
d'interminables convois de prisonniers arrivent à Nich, les troupes
Serbes poursuivent l'ennemi sans arrêt et font de nouveaux
prisonniers. »
Les
informations reçues par le journal sur les opérations
Austro-Serbes, des derniers jours mettent « en relief l'heureuse
action exercée personnellement par le roi Pierre qui s'est rendu au
front malgré son grand âge. Sa présence a véritablement électrisé
les troupes et a décidé l'état-major à prendre sur toute la ligne
l'offensive qui vient d'être couronnée de succès, Le Roi a trouvé
des paroles qui ont été au cœur des paysans Slaves. On s'accorde à
lui attribuer en partie le retour de fortune qui vient de se
produire, et depuis lequel l'armée Autrichienne a été arrêtée et
repoussée. »
Les
opérations autour de La Bassée :
Un
correspondant du Daily Mail dans le nord-est de la France dit que sur
le front de La Bassée, la résistance Allemande commence à fléchir.
Le
feu de l'artillerie Allemande est beaucoup moins efficace, les obus
dont se servent maintenant les Allemands sont de qualité inférieure
et de modèle plus ancien.
La
plupart des meilleures pièces d'artillerie lourdes et légères ont
été envoyées dans le nord. Quant à l'infanterie qui occupe les
rives du canal de La Bassée, elle ne comprend plus les meilleurs
régiments Allemands qui ont été retirés. Cependant, l'ennemi
continue à opposer une assez vive résistance dans cette région.
Béthune
est constamment bombardée et la ville a beaucoup souffert du feu des
grosses pièces tirant d'une distance de 16 kms.
Les
Allemands font, en outre, un grand usage de leurs petits mortiers
dans les combats de tranchées... Ces engins sont si courts qu'il est
extrêmement difficile de localiser leurs positions et ils lancent
jusque dans l'intérieur des tranchées des obus dont l'éclatement
est accompagné d'une épaisse fumée noire.
Pour
y répondre, les troupes Alliées se servent de grenades qui, pendant
la semaine dernière, ont été presque exclusivement employées sur
ce point du front.
IX)
A
l’approche des fêtes, le journal Le Temps demande à ses lecteurs
de changer leurs habitudes le temps de la guerre, pour éviter un
engorgement des services de la poste. Il leur demande un non-envoi
patriotique.
Les
cartes au Jour de l'an :
«
II est probable que cette année on introduira un changement au
protocole mondain, en s'abstenant d'envoyer des cartes au Jour de
l'an. On épargnera ainsi aux services postaux un supplément énorme
de travail, dont l’effet risque de provoquer un retard forcé dans
la distribution des correspondances... Il faut songer aux commis,
ambulants, agents des postes, facteurs et vaguemestres, dont la tâche
et la responsabilité sont si lourdes. Le triage, le routage, le
timbrage, le contrôle et la distribution des correspondances n'ont
nullement besoin qu'on les complique par un « excédent de bagages
», constitué par les cartes de visite.
X)
En
octobre 1914, après les premiers affrontements, au cours desquels
beaucoup de combattants ont été capturés, le CICR a ouvert son
Agence internationale à Genève, pendant le conflit, il a établi
des fiches et des listes concernant près de 2 millions et demi de
prisonniers de guerre, il a visité un grand nombre de ces
prisonniers et permis à leurs familles d’envoyer des colis
d’articles de secours.
Les
premières grandes offensives de 1914 sont marquées par les
batailles du nord et de l'est de la France, ainsi que par de violents
combats en Russie. Elles provoquent la capture d'un grand nombre de
prisonniers et causent des pertes considérables.
Dès
le début de la guerre, le CICR prend d'importantes mesures pour
faire face à cette situation dramatique :
Le
15 août 1914, il adresse une circulaire aux Sociétés
Nationales pour leur demander de lui indiquer la composition de
leurs commissions spéciales de prisonniers de guerre et pour
proposer la constitution d'un bureau central en faveur de ceux-ci,
conformément au mandat qui lui a été donné par la Conférence
internationale de la Croix-Rouge réunie à Washington en 1912...
Le
27 août, le président du CICR, Gustave Ador, annonce par circulaire
la création de l'Agence internationale, afin de centraliser les
informations et l'organisation des dons aux prisonniers de guerre.
Cette
circulaire prévoit également que l'Agence classera les demandes
reçues et en transmettra un exemplaire aux Sociétés Nationales de
l'État détenteur afin de connaître le lieu de détention des
personnes recherchées.
Le
12 octobre 1914, l'Agence s'installe au Musée Rath à Genève et
elle met en place un système de traitement des informations qui
lui permet de faire face rapidement et avec efficacité aux 5
000 demandes qui lui parviennent chaque jour.
Sur
la base des listes de prisonniers de guerre qui lui sont fournies par
les États belligérants, l'Agence établit des fiches pour chaque
prisonnier, qui sont classées par fichiers nationaux et auxquelles
sont intégrées les demandes d'information. Dès qu'il y a «
concordance » entre une information et une demande, l'Agence peut
apporter une réponse à la famille ou à la commune d'origine d'un
prisonnier de guerre sur lequel porte la demande de renseignement...
Afin
d'obtenir des informations encore plus précises sur la situation des
prisonniers de guerre, l'Agence crée deux fichiers supplémentaires
:
Un
fichier topographique indiquant l'emplacement des tombes des soldats
décédés et un fichier régimentaire.
En
outre, l'Agence s'occupe au début de la guerre de la correspondance,
des dons et des mandats transmis aux prisonniers de guerre.
Par
la suite, ces activités sont prises en charge par les services
postaux des pays neutres :
Les
postes Suisse, Danoise, Néerlandaise et Suédoise.
Durant
la guerre, l'Agence établira 4 805 000 fiches et transmettra 1 854
914 colis et envois de secours collectifs.
L’armistice
de novembre 1918 n’entraîne pas la fermeture de l’Agence, qui
poursuit ses activités d'information dans le cadre des grandes
opérations de rapatriement des prisonniers des puissances centrales
et des captifs détenus en Russie. Après la signature des traités
de paix de 1919, le CICR met fin, le 31 décembre, au fonctionnement
de l'Agence. Un service spécialisé au CICR lui succède entre les
deux guerres. Il se charge des enquêtes individuelles, des
démarches concernant les disparus ou encore de la fourniture
d'attestations aux anciens prisonniers pour faire valoir leurs
droits.
En
1916, une agence similaire à celle de Genève a également été
ouverte à Copenhague par la Croix-Rouge Danoise. Elle s'est occupée
des informations concernant les prisonniers de guerre sur le front
Germano-Russe et a poursuivi ses activités jusqu'au 1er avril 1919.
Durant la guerre, une autre agence a aussi été créée à Vienne,
sous l'égide du gouvernement Autrichien, pour traiter
essentiellement les demandes concernant les prisonniers de guerre
Austro-Hongrois.
XI)
Le
mardi 22 décembre 1914 :
Nous creusons une tranchée dans le talus où nous nous sommes arrêtés hier. Nous avons froid aux pieds toute la journée et toute la nuit. Les Allemands nous envoient toujours des obus.
Nous creusons une tranchée dans le talus où nous nous sommes arrêtés hier. Nous avons froid aux pieds toute la journée et toute la nuit. Les Allemands nous envoient toujours des obus.
A
22 h nous quittons nos emplacements et nous allons à 600 m plus à
gauche. A peine arrivés, il nous faut revenir aux emplacements que
nous venions de quitter, toujours par la nuit noire et à travers des
tranchées et des trous d’obus.
Un
avion a poursuivi un Taube et a tiré dessus
XII)
Comme
la veille, vers 8h : Visite... Température 40°. Aussitôt la
visite terminée, on me fait changer de salle. Je me sens d’une
faiblesse extrême. J’ai toujours mal à la tête. Pas de
nourriture, toujours du lait ou des boissons chaudes.
A
15h température 40°1, la fièvre monte encore. Le major arrive à
17h, il installe un brancard recouvert d’une toile imperméable sur
un support incliné recouvert d’un baquet d’eau froide d’un
côté et au bout du brancard un autre baquet vide. Pour la première
fois je vais passer aux bains froids et enveloppements dont j’entends
parler depuis ce matin... Le major m’appelle. Alors je sors du lit.
Un
infirmier enlève ma chemise, flanelle et tout nu, je vais me placer
sur le brancard, le major d’un côté et l’infirmier de l’autre.
Les voilà entrain de m’asperger le corps d’eau froide avec une
éponge, aussi je ne tiens plus, je gigote, je suis glacé, mes dents
claquent, l’opération dure 5 minutes. Aussitôt terminée, je suis
essuyé et enroulé dans une couverture très chaude. Ici encore
contraste, ah ce n’est pas rigolo, j’en ai déjà marre. Un mot
sur l’enveloppement, c’est encore pis, on s’amène tout nu,
toujours. Un drap mouillé est tenu à chaque bout par un infirmer et
d’un seul coup on est enroulé dedans... On est gelé !
Pendant
les 5 minutes où l’on est transi de froid, une couverture chauffe
près du poêle et après on est enroulé dedans. On reste un
moment ainsi et ensuite on retourne se coucher.
Ces
deux opérations ont pour but de réagir sur le sang et cette
réaction seule peut vous sauver de la typhoïde. C’est le seul
moyen ainsi que d’absorber du lait jusqu’à plus soif...
Cette
nuit là encore, je ne dors pas et ne cesse pas de boire.
XIII)
Posté
dans la catégorie « Le récit ».
Les
Taube sont toujours aussi menaçants, bien que leur bombardement soit
« aussi peu efficace ». Dans le Temps, nous apprenons que les
aviateurs Allemands ont fait, à Amiens, une nouvelle tentative
dirigée sans doute contre les voies ferrées et « couronnée d'un
insuccès au moins égal aux précédentes. »
12h30
quand le Taube paraît. Les deux bombes qu'il jette tombent dans un
terrain vague derrière l'hôpital installé dans l'ancienne abbaye
Saint-Acheul. Elles ont creusé 2 trous de 25 cm de diamètre environ
et leur explosion est sans aucun effet. »
Sur
le plan militaire, le ministère de la Guerre nous informe que dans
la région d'Arras, le brouillard a continué à rendre toute
opération impossible.
A
l'est et au sud-est d'Amiens, notamment aux abords de Lassigny, ont
lieu des combats d'artillerie.
Plusieurs
attaques ont été repoussées et les Français sont demeurés
maîtres, près du chemin de Puisaleine, des tranchées Allemandes
enlevées.
En
Champagne, nous avons consolidé quelques progrès de la veille dans
la région de Craonne et de Reims.
Près
de Perthes, toutes les contre-attaques de l'ennemi sur les positions
conquises ont été repoussées.
Au
nord-ouest de Mesnil-les-Hurlus, nous avons enlevé 400 mètres de
tranchées Allemandes et repoussé une contre-attaque.
Les
Allemands ont tenté de prendre l'offensive du côté de
Ville-sur-Tourbe.
Notre
artillerie les a dispersés.
En
Argonne, nous avons gagné un peu de terrain dans le bois de la
Grurie et repoussé une attaque Allemande vers Bagatelle.
Dans
la région de Verdun, aucune opération importante à cause de la
brume. L'ennemi a contre-attaqué, sans succès, dans le bois de
Consenvoye.
Dans
la forêt d'Apremont, notre artillerie a bouleversé et fait évacuer
plusieurs tranchées... En Voivre, elle a réduit au silence des
batteries allemandes.
Dans
la région du Ban-de-Sapt (nord-est de Saint-Dié), notre infanterie
a fait un bond en avant et s'est établie sur le terrain gagné. Rien
à signaler en Haute-Alsace.
En
Belgique, le communiqué officiel indique que les Alliés ont
progressé à la sape dans les dunes et repoussé une attaque devant
Lombaertzyde.
A
Zwartelen (sud-est d'Ypres), ils ont enlevé un groupe de maisons et
refoulé, jusqu'à la partie sud du village, malgré un feu très vif
de l'artillerie Allemande, une contre-attaque ennemie.
L'armée
Belge a poussé des détachements sur la rive droite de l'Yser, au
sud de Dixmude, et organisé une tête de pont.
Ils
ont été, au contraire, rejetés sur la rivière au sud-ouest de
cette ville. Leurs tentatives pour déboucher à l'est de Bolimow ont
échoué. Ils font des efforts pour franchir la Râwka, au sud-est de
Skiernewice.
Au
sud de Rawa, ils résistent opiniâtrement à une offensive Russe
prononcée sur la rive nord de la Pilica.
Dans
la guerre avec la Turquie, une activité intense des Turcs s'est
révélée dans la direction d'Olty (sur la frontière du
gouvernement de Kars). Les Turcs ont prononcé une série d’attaques,
qui ont échoué, dans la direction de Sarykamysch.
L'offensive
des Turcs dans la direction de Van-Touran a été brisée par les
Russes, malgré une résistance opiniâtre de l'ennemi...
Un
communiqué officiel annonce qu'un croiseur Anglais et un détachement
de troupes qui a été mis à terre ont détruit, près
d'Alexandrette, un ouvrage d'art du chemin de fer de Bagdad.
Exécutant
les ordres du commandant Anglais, le gouverneur a fait sauter le
matériel du chemin de fer.
Le
journal Le Temps publie des informations sur la situation de la
guerre dans le Nord recueillies grâce à plusieurs témoignages :
«
Les Allemands dans le Nord : Suite aux renseignements recueillis
auprès d'une personne qui a quitté Lille tout récemment, il
résulte que cette ville est gouvernée par un sieur Kappel, officier
du kaiser, qui exploitait avant la guerre une petite industrie à
Fives-lez-Lille...
La
ville de Roubaix, quant à elle, est gouvernée par l'officier Otto,
et la ville de Tourcoing par l'officier Nurberg.
Les
Allemands poursuivent le bombardement de la ville d'Armentières. Ils
ont lancé sur la ville une cinquantaine d'obus. Dans la journée de
vendredi, le bombardement a redoublé d'intensité. Depuis vendredi
soir, aucun obus n'est tombé sur la ville.
D'après
les derniers renseignements dignes de foi, l'artillerie Allemande est
installée au mont d'Halluin. L'abbé Lemire est venu à Armentières
se rendre compte des dégâts causés par le bombardement...
Un
avion allemand a jeté plusieurs bombes sur Béthune, mais sans
occasionner de dégâts, ni faire de victime. L'aéroplane ennemi a
été descendu peu après par les canons Anglais à proximité de
Vieux-Berquin.
Monsieur
Albert Tailliandier, député du Pas-de-Calais, mobilisé dans un
régiment territorial, s'est rendu à Arras, chef-lieu de
l'arrondissement qu'il représente, pendant le congé accordé pour
la session parlementaire. Il a visité la ville si éprouvée par les
bombardements »
Les
soldats Allemands croyaient à une victoire éclair, et ce témoignage
publié dans le Temps rend compte de leur désillusion. «
Impressions de blessés Allemands : Des blessés Allemands arrivés à
Toulon du théâtre des derniers combats et qu'on vient de
transporter à l'hôpital de Saint-Mandrier, ont déclaré qu'aucun
de leurs camarades ni eux-mêmes ne s'attendaient à ce que la guerre
durât aussi longtemps... !!!
www.arthurdaucourt.com/#!23-décembre-1914-La-guerre-vue...
23
décembre 1914 - La guerre vue comme un châtiment divin.
2014-12-23T15:28:04.934Z. A la messe de minuit quelles doivent être
nos pensées? Celles du ...
141/journal
de la grande guerre/ le 23 décembre 1914 ...
https://reims1418.wordpress.com/.../23/141journal-de-la-grande-guerre-l...
23
déc. 2014 - Journal du rémois Paul Hess (extraits) "Après une
nuit mouvementée, la matinée est assez calme. Bombardement
cependant . Rencontre une …
Mercredi
23 décembre 1914 | Georges Baudin
www.georges-baudin.fr/mercredi-23-decembre-1914/
23
déc. 2013 - Comme la veille, vers 8h : visite. Température 40°.
Aussitôt la visite terminée, on me fait changer de salle. Je me
sens d'une faiblesse extrême.
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