mardi 28 juillet 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 663

22 JUILLET 2015...

Cette page concerne l'année 663 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !



UNE BATAILLE LÉGENDAIRE

La bataille de Hakusukinoe (白村江の戦い, Hakusukinoe no tatakai) ou bataille de Baekgang, bataille navale qui se déroule en 663 à l'embouchure de la rivière Paekchon-Gang, en Corée entre le royaume de Silla allié aux Tang Chinois d'une part, et le royaume Coréen de Baekje allié au Yamato Japonais d'autre part. Elle se termine par une écrasante victoire Silla et Chinoise.

Au VIIe siècle, la Corée est divisée en 3 royaumes : Le Royaume de Koguryo au nord de la péninsule, s'étend jusqu'en Mandchourie, le Royaume de Silla au Sud-Est, et le Royaume de Baekje au Sud-Ouest. Ces 3 royaumes sont rivaux et les guerres sont fréquentes, bien que la puissance de Koguryo et son alliance avec le Céleste Empire de Chine lui accorde une quasi immunité. Il n'en est cependant pas de même avec les petits royaumes de Silla et Baekje, en guerre quasi-constante à l'avantage de personne.

En 660, le Royaume de Silla s'allie à la Chine de la dynastie Tang. En infériorité numérique écrasante, les forces du Baekje sont balayées en quelques semaines et forcées de se réfugier dans diverses places fortes.
Officiellement, le Royaume Coréen de Baekje cesse d'exister. Officieusement son armée existe encore et résiste de 660 à 664, retranchée dans Churyu, et forme un gouvernement qui se cherche désespérément un allié puissant. Il le trouve dans le clan Yamato, seul maître des îles Japonaises depuis le Ve siècle. Celui-ci y voit une occasion de poser le pied sur le continent et assemble une grande flotte pour transporter son armée. Des liens de sang et culturels unissent fortement les 2 groupes.

En 661, l'armée conduite par l'impératrice Kōgyoku est prête à quitter le Kyūshū pour la Corée quand l'impératrice meurt. Son successeur, l'empereur Tenji, envoie finalement l'armée en 663.

Début août 663, la flotte Japonaise, forte de 800 navires (dont beaucoup de transport il est vrai) est en vue des côtes orientales de la Corée. Elle est repérée par les forces du Silla dont la maigre flotte refuse le combat. Prévenus, les Chinois rassemblent leur flotte, qui ne compte que 170 navires.
Mi-août 663, la flotte Japonaise dépasse le détroit de Jeju avec l'intention de remonter le fleuve Geum (grand fleuve du sud-ouest de la Corée) pour débarquer leurs troupes le plus près possible de Churyu. Mais les Chinois ont anticipé ce mouvement et ont formé entre-temps une ligne compacte de navires qui barre le fleuve d'une rive à l'autre, à une cinquantaine de kilomètres à l'intérieur des terres

Le 27 août 663, après de nombreuses discussions, les commandants Japonais lancent l'assaut. Mais l'étroitesse (relative) du fleuve annule leur imposant avantage numérique et les Chinois se montrent suffisamment disciplinés pour réussir à maintenir leur ligne. L'assaut est repoussé.
Le même jour, plusieurs autres assauts sont lancés et repoussés, il en va de même pour celui tenté de nuit et ceux lancés le lendemain. Il faut reconnaître que les Chinois ont un avantage tactique et technique : Leurs navires sont mieux conçus, leurs officiers plus expérimentés et leurs troupes plus disciplinées.

Le 28 août, devant les pertes Japonaises déjà importantes et l'état de fatigue et de démoralisation visible de l'ennemi, les Chinois passent soudain à la contre-offensive dans l'après-midi.
Les japonais, surpris, n'ont pas le temps de manœuvrer. Ils sont débordés et ceux qui ne trouvent pas leur salut dans la fuite sont encerclés et taillés en pièces par les Chinois.

Cette écrasante victoire Chinoise met un terme aux visées continentales Japonaises pour plus de 900 ans, jusqu'à la guerre Imjin (1592-1598), et scelle le destin du Baekje, qui disparaît en tant qu'État indépendant. L'armée assiégée dans Churyu est contrainte par la faim à la reddition l'année suivante. Pour les Silla, cette victoire en annonce encore deux autres : La conquête du dernier royaume Coréen au Nord et l'éviction des Tang de Chine qui pensaient y installer des colonies pour prix de leur aide.

Quelques membres de la famille de Baek se réfugient au Japon. Zenki, fils du dernier roi, fonde même un clan : Kudara no Konikishi. Pour les Yamato la défaite fait naître des craintes sur une possible invasion. En conséquence les souverains fortifient les côtes et les îles face à la Corée. Le Japon devra attendre 1592 et les expéditions d'Hidoyashi pour entreprendre une nouvelle invasion du continent.

Le royaume de Silla ou Shilla est un des royaumes historiques de Corée, remontant à la période des 3 Royaumes de Corée. Créé en 57 av. J.-C. dans le sud de la péninsule, il dure jusqu'en 935 après avoir unifié la péninsule Coréenne sous son autorité.
Il doit une partie de sa prospérité à l'institution des hwarang (fleurs de la jeunesse).

On considère généralement que le fondateur de Silla est Park Hyeokgeose en 57 av. J.-C.. Il ne s'agit pas encore à l'époque d'un véritable État, qui n'apparaît qu'au IIIe siècle. Le roi Naemul (356-402) établit la monarchie héréditaire. Au départ, le puissant royaume de Koguryŏ considère avec bienveillance cette nouvelle entité, ayant fort à faire contre Paekche (centre-ouest de la péninsule). Cependant, les 2 puissances du Sud, Silla et Paekche, s'allient au Ve siècle contre Koguryŏ.

Le roi Jinheug (540-576) constitue une force militaire importante. Trahissant Paekche au cours d'une offensive commune, il s'empare en 551 du bassin du fleuve Han. Il annexe les villes de la fédération Kaya entre 562 et 567. Après avoir reculé au cours du premier tiers du VIIe siècle sur le fleuve Naktong, Silla s'allie à la Chine des Tang. Celle-ci fournit une importante flotte, et en 660, le roi Muyeol (654-661) conquiert le royaume de Paekche (bataille de Hakusukinoe en 663).
En 668, c'est Munmu qui soumet le royaume de Koguryŏ, avec le général Kim Yu-shin. Pyongyang est mise à sac à cette occasion.
Ensuite, Silla lutte plus d'une décennie pour expulser les Chinois, et établit un royaume unifié (voir Période Silla). Ce royaume est prospère au VIIIe siècle avant de tomber sous les coups des nomades en 935 (fin de la dynastie régnante à Kyongju).

Pendant que la lutte entre les deux camps se durcit, le Japon est défait en Corée, par les armées alliées de Chine et du Shiragi, il perd sa possession du Mimana vers 562. Chaque camp soutient un prétendant au trône. Une guerre féroce va déterminer les vainqueurs, c'est vers 589, près du mont Shigi-San, que le prince Atsusebe, supporté par Soga Umako est victorieux du prince Amaho no Oji soutenu par Monya Mononobe et Nakatomi Katsumi.
Les Mononobe vont être exterminés. Le prince Atsusebe devient l'empereur Sushun et le bouddhisme triomphe, ainsi que les Soga. Sushun veut se débarrasser d'Umako mais ce dernier le fait assassiner en 592 et le remplace par sa propre soeur Suiko, veuve de l'empereur Bidatsu Tenno.
Elle devient la première impératrice régnante. Soga Umako fait désigner pour héritier le neveu de l'impératrice qui sera connu sous le nom de Shôtoku Taishi. Les autres clans se rallient au clan Soga et l'autorité centrale s'affermit.
Ce prince nommé régent en 593, fait construire de nombreux temples, les bonzes ouvrent des écoles. Le bouddhisme devient une religion de savants. Le prince Shôtoku, soucieux de rapprocher le système politique Japonais du modèle Chinois, envoie des ambassades à la cour des souverains Souei. Il institue une hiérarchie des fonctionnaires (chin), comprenant 12 grades distingués par la couleur de leur bonnet et publie des injonctions appelées « Constitution des 17 articles » en 604. Le Bouddhisme est « recommandé » et la suprématie de l'empereur est affirmée, son autorité est absolue. Les rapports sociaux sont codifiés selon les principes Confucéens.

Shôtoku tente de reconquérir le Mimana et profite d'une défaite des troupes chinoises en 612 face au Koguryo pour agir mais c'est un échec. Après la mort de Suiko en 628, le clan Soga continue de choisir les empereurs et les princes qui contestent cette autorité sont rapidement éliminés. La violence reste présente dans la vie politique. Ainsi Kogyoku, la petite fille de Shôtoku, qui devient impératrice, refuse le prince héritier que Soga Iruka, le petit fils d'Umako a choisi. Ce dernier, est prêt à renverser la dynastie car il sent son pouvoir chanceler. Un complot est préparé par le prince Naka no Ôe et le clan Nakatomi.

En 644 ou 645, en pleine réception des ambassadeurs Coréens par l'impératrice Kogyoku Tenno, une partie des conjurés mettent à mort Soga Iruka, tandis que le reste investit la demeure de Soga Emishi, le tuent et incendient tout, la maison et les documents d'archives qu'elle contient. C'est la fin de la toute puissance des Soga. 645 est une date importante, c'est la première utilisation du nengo (date de règne), on entre vraiment dans l'histoire du Japon.
L'impératrice Koguyoku abdique en faveur du prince Karu no Oji qui devient empereur sous le nom de Kôtoku Tenno. Cet empereur a pour premier ministre Nakatomi Kamatai et règne jusqu'à sa mort, en 654. L'impératrice Kogyoku remonte sur le trône et y reste jusqu'à se mort en 661, à l'âge de 68 ans, sous le nom de Saimei Tenno. Le prince Naka no Ôe succède à sa mère sous le nom de Ten-chi Tenno...

C'est aussi l'époque du « Grand Changement », l'Edit de Taikwa renforce la centralisation, de forte inspiration Chinoise (T'ang), cette réforme globale est aussi la fin officielle de l'esclavage. Les anciens royaumes indépendants deviennent des provinces gouvernées par un kami nommé par l'empereur. L'exécutif est remanié, 3 chanceliers et 3 ministres exécutifs dépendent directement de l'empereur. La capitale se déplace à Naniwa (actuelle Osaka).
Nakatomi Kamatai reste ministre de plusieurs empereurs successifs et tombe gravement malade en 669.
Ten-chi Tenno lui octroie le nom de famille de Fujiwara (champ de glycine). C'est dans cette famille que seront choisies les impératrices. Ces réformes sont poursuivies par les successeurs jusqu'au Taiho ryo promulgué en 701 par Mommu Tenno.

« Nous savons que dans les temps anciens, il y a eu des demandes d'envois de troupes et d'assistance : Afin de porter secours, et de restaurer ce qui a été interrompu, c'est une manifestation naturelle du droit. Le Royaume Baekje, en ultime recours, est venu à nous et s'est placé entre nos mains. Notre résolution à ce sujet est inébranlable. Nous allons donner des ordres clairs à nos généraux pour avancer dans le même temps par une centaine de routes ».

Ainsi en 661 un premier contingent de 5 000 hommes et de 170 navires débarquent en Corée mené par le général Abe no Hirafu. L'année suivante
37 000 soldats viennent renforcer le dispositif.  L'inévitable confrontation a lieu en août 663. Les troupes Nippo-Coréennes font mouvement pour dégager la capitale du royaume, Churuy assiégée par les Tang et les Silla. Le plan des Japonais est de remonter au maximum le fleuve Geum et de débarquer leur troupe. Mais la manœuvre est découverte par les Tang qui décident de bloquer leur remontée du fleuve à environ 50 km de l'embouchure en y regroupant 170 navires et 7 000 hommes. Alignée, compact, la flotte Chinoise barre le fleuve à la flotte Japonaise forte d'après les sources de 800 navires dont l'essentiel est composé en transports de troupes. Du 27 au 28 août, les Japonais confiants en  leur supériorité numérique tentent de forcer le verrou. Au Soir du 28 août exténuée, ne pouvant pas manœuvrer dans un fleuve si étroit, leur flotte se désorganise et est balayée par une contre attaque Chinoise. 400 navires coulent ou sont brûlés.

Les sources ne disent pas grand chose sur les raisons d'un pareil désastre. Il semble néanmoins que le choix du lieu, qui rappelle celui de Salamine ou des Falaises Rouges, a été particulièrement astucieux car il a annulé l'avantage Japonais. On ne peut aussi éliminer l'hypothèse que nombre de vaisseaux Japonais ne sont pas faits pour la guerre. Rappelons également la grande expérience en guerre navale/fluviale des Chinois illustrée par la bataille de Falaises Rouges à la fin de la période Han, la grande discipline de leurs troupes gagnée après des siècles de luttes internes sans oublier une incontestable avance en technologie militaire. Les pertes lourdes du côté Japonais (10 000 morts) ont dû aussi être lourdes du côté Chinoise car les chroniques nous disent que le général Echi No Takutsu abat une douzaine d'ennemis avant de périr soulignant que c'est avant tout des troupes terrestres que le Japon envoie manquant cruellement d'expérience navale et recherchant l'exploit personnel au détriment de la cohésion.  

La flotte des Yamato anéantie, leurs alliés Baekje sont rapidement battus. Leur capitale tombe à nouveau. Le royaume est détruit, son roi fuit dans le royaume du Nord qui tombe à son tour face aux armées Silla-Tang. La guerre n'est pas finie puisque les alliés d'hier deviennent alors ennemis : Les Silla chassant les Tang pour éviter toute visée impérialiste Chinoise. Pour une brève période la Corée est unifiée. 

Pour les Japonais, le désastre engendre une prise de conscience de la menace outre mer : Une série de fortification est construite sur la côte et les îles face à la Corée. Culturellement ce désastre est aussi l'occasion d'un rapprochement avec les survivants du royaume détruit : Ainsi le clan Kudara no Konikishi est fondé par Zenko, un des fils du dernier roi de Baekje. Ce clan occupe des hautes fonctions politiques jusqu'à son déclin au Xe siècle. Cette intervention manquée souligne aussi les liens culturels très forts unissant le Sud de la Corée et le Japon. On ne peut comprendre l'ampleur de l'action Japonaise sans émettre l'hypothèse de liens allant au-de là  de la seule diplomatie.


Les débuts du Japon - Miltiade
miltiade.pagesperso-orange.fr/japon-origine.htm
CONFLITS ET BATAILLES DE L'HUMANITE ..... La bataille navale de Hakusukinoe ou Baekgang : 663. Vers 655, le Shiraji soutenu par les forces impériales ...
Bataille de Hakusukinoe — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Hakusukinoe
La bataille de Hakusukinoe (白村江の戦い, Hakusukinoe no tatakai) ou bataille de Baekgang est une bataille navale qui se déroula en 663 à l'embouchure de la rivière ... dans Churyu est contrainte par la faim à la reddition l'année suivante.

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