22
DECEMBRE 1914
I)
Dès
le 22, on se contente d'organiser le terrain conquis et de repousser
les contre-attaques Allemandes. Le 24 suivant, la 33e division prend
des positions importantes de la région. Pourtant, le 25, le
commandant des opérations modifie son plan et ordonne une poussée
vers l'est (Perthes-Massiges). Le 30 décembre, il n'y a plus de
progression possible, le temps est exécrable et le GQG n'envoie pas
assez de munitions. Au total 5 256 soldats ont été tués
et la ligne est remontée de 2 kilomètres vers le nord
La
bataille de Givenchy du 19 au 22 décembre 1914
Mardi
22 décembre 1914
J’ai
pris 3 heures de garde cette nuit, comme toutes les nuits d’ailleurs.
Temps pluvieux et froid. A 150 mètres de l’ennemi on ouvre l’œil
et le bon.
Leroux
est de corvée de boyau, de minuit à 7h. Le pauvre a eu une jolie
peur : Une patrouille ennemie s’étant approchée à cinquante
mètres de lui, lui tire quelques coups de fusil... C'est lui, et
cela se comprend, qui se retire prestement à son créneau pour se
mettre à l’abri et riposter !
Temps
gris et froid ! La tranchée est morte et triste. Les Français,
en difficulté devant Arras, demandent aux Britanniques de lancer une
offensive afin de fixer les troupes Allemandes plus au nord. Cette
demande intervient après une série d’attaques Anglaises au sud
d’Ypres, toutes repoussées avec de lourdes pertes... Le scénario
est toujours le même : Des assauts frontaux de l’infanterie, après
un bref bombardement, incapable d’endommager suffisamment les
lignes de barbelés, les tranchées et les nids de mitrailleuses
ennemies. De fait, les réserves de munitions sont au plus bas et 40
coups seulement par pièce ont été alloués, pour l’essentiel des
shrapnells, dont l’effet est limité sur des positions
fortifiées.
6 attaques simultanées, à faible échelle, ont été programmées par le général French. L’effort principal est demandé au Corps Indien, déjà fortement éprouvé depuis son arrivée en Flandres, quelques semaines plus tôt. Les troupes Indiennes ont, en effet, subi de lourdes pertes lors de la défense d’Ypres et lors d’une série d’attaques entre la frontière Belge et le canal de La Bassée. Un grand nombre des survivants sont épuisés et fortement affectés par les terribles conditions hivernales qui règnent dans les tranchées en Flandres, pour la plupart inondées, les vêtements chauds font défaut et la nourriture est insuffisante.
L’attaque commence le 19 décembre, à 3h10, par un temps glacial et pluvieux, entre le carrefour de La Bombe, près de Neuve-Chapelle, et le canal de La Bassée. S’élançant depuis le village de Givenchy-les-La Bassée, la division de Lahore parvient à s’emparer des deux premières lignes Allemandes, malgré un tir nourri de mitrailleuses. Plus au nord, la brigade de Gharwal et les Ghurkas prennent 300 mètres de la ligne Allemande devant Festubert. Mais l’ennemi s’est rapidement repris et lance des contre-attaques dans la matinée, appuyé par l’artillerie et utilisant massivement des grenades à main, armes dont les Britanniques ne disposent alors pratiquement pas. À l’aube du 20 décembre, l’artillerie Allemande pilonne les troupes Indiennes, dans la matinée, une série de mines explose sous les lignes Britanniques, provoquant de nombreuses victimes.
6 attaques simultanées, à faible échelle, ont été programmées par le général French. L’effort principal est demandé au Corps Indien, déjà fortement éprouvé depuis son arrivée en Flandres, quelques semaines plus tôt. Les troupes Indiennes ont, en effet, subi de lourdes pertes lors de la défense d’Ypres et lors d’une série d’attaques entre la frontière Belge et le canal de La Bassée. Un grand nombre des survivants sont épuisés et fortement affectés par les terribles conditions hivernales qui règnent dans les tranchées en Flandres, pour la plupart inondées, les vêtements chauds font défaut et la nourriture est insuffisante.
L’attaque commence le 19 décembre, à 3h10, par un temps glacial et pluvieux, entre le carrefour de La Bombe, près de Neuve-Chapelle, et le canal de La Bassée. S’élançant depuis le village de Givenchy-les-La Bassée, la division de Lahore parvient à s’emparer des deux premières lignes Allemandes, malgré un tir nourri de mitrailleuses. Plus au nord, la brigade de Gharwal et les Ghurkas prennent 300 mètres de la ligne Allemande devant Festubert. Mais l’ennemi s’est rapidement repris et lance des contre-attaques dans la matinée, appuyé par l’artillerie et utilisant massivement des grenades à main, armes dont les Britanniques ne disposent alors pratiquement pas. À l’aube du 20 décembre, l’artillerie Allemande pilonne les troupes Indiennes, dans la matinée, une série de mines explose sous les lignes Britanniques, provoquant de nombreuses victimes.
L’infanterie
Allemande progresse devant Festubert et est sur le point d’encercler
Givenchy, plus de 800 soldats britanniques sont capturés. Devant la
menace, des renforts sont amenés en autobus afin de relever le Corps
Indien, disloqué... Les pertes Britanniques sont élevées,
notamment parmi les unités Indiennes. Outre les balles et les obus
Allemands, beaucoup de blessés sont victimes d’engelures et du «
pied de tranchée ».
Menées sans objectif clair, avec des moyens insuffisants, les attaques Britanniques de décembre 1914 en Flandre Française ont abouti à de lourdes pertes (4 000 contre 2 000 pour les Allemands), sans le moindre gain tactique. Les troupes Indiennes sont particulièrement touchées et, devant des signes croissants de refus de combattre dans des conditions pour lesquelles elles ne sont pas préparées, l’état-major décide de les retirer progressivement du front ouest dans les mois suivants. La nécessité d’enterrer les nombreux cadavres de camarades, tombés dans le no man’s land ou morts dans les cratères d’obus inondés, est l’une des raisons essentielles de la trêve qui se produit peu après, à Noël, dans ce secteur du front...
Menées sans objectif clair, avec des moyens insuffisants, les attaques Britanniques de décembre 1914 en Flandre Française ont abouti à de lourdes pertes (4 000 contre 2 000 pour les Allemands), sans le moindre gain tactique. Les troupes Indiennes sont particulièrement touchées et, devant des signes croissants de refus de combattre dans des conditions pour lesquelles elles ne sont pas préparées, l’état-major décide de les retirer progressivement du front ouest dans les mois suivants. La nécessité d’enterrer les nombreux cadavres de camarades, tombés dans le no man’s land ou morts dans les cratères d’obus inondés, est l’une des raisons essentielles de la trêve qui se produit peu après, à Noël, dans ce secteur du front...
Yves LE MANER Directeur de La Coupole, Centre d'Histoire et de Mémoire du Nord–Pas-de-Calais
II)
Un
engagement sérieux a dû avoir lieu pendant la nuit, comme hier
déjà, du côté de Cernay, car les mitrailleuses, la fusillade et
le canon n'ont pas cessé de se faire entendre.
-
Bombardement dans l'après-midi, vers le faubourg de Laon, où il y a
encore des victimes, femmes et enfants. Sur le soir, plusieurs obus
tombent rue des Consuls et rue Jovin.
III)
Mardi
22 - Nuit tranquille, sauf vers minuit : Bombes ou canons Français ?
Bombes vers 10h et canonnade à 23h. Violente canonnade de 15h à 19h
après-midi.
Le
cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux
de l’Académie Nationale de Reims
Même
temps que la veille, Canonnade, bombes jour et nuit.
Carnet
d'Eugène Chausson durant la guerre de 1914-1918
IV)
Combattre
pour récupérer les provinces perdues, C’est combattre pour les
droits de l’homme au début du conflit, un accord tacite se fait
entre les parlementaires Français autour du programme que le
président du Conseil, Viviani, développe le 22 décembre 1914 :
Réparation du droit outragé, c’est-à-dire restauration de la
Belgique dans son intégralité territoriale, retour à notre
patrie des provinces qui lui ont été arrachées par la force, à
savoir l’Alsace et la Moselle, mise hors d’état de nuire
du militarisme Prussien
France.-Les
opérations de nos troupes apparaissent dans l’ensemble beaucoup
plus actives : En Flandre progrès près de Lombaertzyde, de
Saint-Georges, de Bixschoote et de Zwartelem, l’ennemi se venge, il
est vrai, en bombardant une fois de plus Ypres à longue
distance.
Dans le Nord et le Pas-de-Calais, prise par nos troupes d’un bois près d’Aix-Noulette, dans cette région, entre Béthune, la Bassée et Lens, toute une série de tranchées Allemandes sont tombées entre nos mains. Ici encore l’ennemi se venge en bombardant à nouveau Arras.
Dans la Somme, nos gros canons font taire ceux des Allemands et bouleversent leurs tranchées.
Autour de Reims et dans le reste de la Champagne, la supériorité de notre artillerie s’exerce également.
Dans le Nord et le Pas-de-Calais, prise par nos troupes d’un bois près d’Aix-Noulette, dans cette région, entre Béthune, la Bassée et Lens, toute une série de tranchées Allemandes sont tombées entre nos mains. Ici encore l’ennemi se venge en bombardant à nouveau Arras.
Dans la Somme, nos gros canons font taire ceux des Allemands et bouleversent leurs tranchées.
Autour de Reims et dans le reste de la Champagne, la supériorité de notre artillerie s’exerce également.
En
Argonne nous n’avons pas conquis moins de 1 200 mètres de
tranchées. Dans le bois devenu fameux de la Gruerie, où les ennemis
sont formidablement retranchés, et où le combat continue depuis de
longues semaines, nous avons fait exploser 4 sapes minées, et nos
soldats progressent également sur le versant oriental de l’Argonne
qui fait face à Saint-Mihiel.
Au nord de Verdun, sur la rive droite de la Meuse, nous avons gagné du terrain dans le bois de Consenvoye et ce mouvement, dont les journées suivantes préciseront la portée, est des plus significatifs.
Enfin, au sud de Verdun, dans les Hauts-de-Meuse, nos avant-postes ont également progressé près du fort Troyon.
Au nord de Verdun, sur la rive droite de la Meuse, nous avons gagné du terrain dans le bois de Consenvoye et ce mouvement, dont les journées suivantes préciseront la portée, est des plus significatifs.
Enfin, au sud de Verdun, dans les Hauts-de-Meuse, nos avant-postes ont également progressé près du fort Troyon.
Les
autorités Allemandes établies à Bruxelles ont forcé les 9
provinces de Belgique à constituer des délégués qui ont siégé
en commun et envisagé la levée d’un tribut de guerre de 480
millions... Ce tribut doit être acquitté en 12 paiements.
Les
Russes poursuivent les Allemands dans la Prusse Orientale, après
avoir culbuté toutes leurs défenses entre Mlava et Soldau. Toutes
les attaques dirigées à nouveau par von Hindenburg sur la ligne de
la Bzoura, à la gauche de la Vistule, ont été rejetées avec des
pertes considérables pour lui. L’état-major Russe signale encore
un succès dans la Galicie Occidentale sur la Dounaietz et un autre
près de Przemysl. Il annonce que des renforts puissants viennent
d’arriver aux généraux du tsar en Galicie.
L’armée Russe du Caucase a décimé les troupes Ottomanes dans la région de Van (Arménie) 2 000 civils.
L’armée Russe du Caucase a décimé les troupes Ottomanes dans la région de Van (Arménie) 2 000 civils.
L’ambassadeur
d’Autriche-Hongrie à Rome, le baron Macchio, a été rappelé
temporairement par le comte Berchtold. On interprète de façons très
diverses ce déplacement, et d’aucuns prétendent qu’il y a des
dissentiments entre l’Allemagne et l’Autriche.
Les
négociations progressent entre les gouvernements Roumain et Bulgare,
en vue d’un accord Balkanique.
Le prince Troubetzkoï, envoyé Russe en Serbie, a présenté ses lettres de créance au prince héritier Georges. Tous deux, dans leurs allocutions, ont fait allusion à la nécessité de maintenir la paix entre les États des Balkans.
D’après un journaliste Italien, la défaite Autrichienne en Serbie a pris le caractère d’une humiliante débâcle. L’armée du général Potiorek a abandonné ses canons, ses fusils, ses approvisionnements.
Le prince Troubetzkoï, envoyé Russe en Serbie, a présenté ses lettres de créance au prince héritier Georges. Tous deux, dans leurs allocutions, ont fait allusion à la nécessité de maintenir la paix entre les États des Balkans.
D’après un journaliste Italien, la défaite Autrichienne en Serbie a pris le caractère d’une humiliante débâcle. L’armée du général Potiorek a abandonné ses canons, ses fusils, ses approvisionnements.
V)
22
Décembre 1914 ... Le président Deschanel a prononcé une harangue
abominablement rondouillarde ...
Courte
rentrée des Chambres pour le vote des crédits de guerre et d'un
certain nombre de projets de lois indispensables. Il est convenu que
la tribune chômera, qu'il n'y aura pas de discussion. Ce résultat
n'a pas été obtenu sans peine : La langue brûle à un certain
nombre de législateurs. Le président Deschanel a prononcé une
harangue abominablement rondouillarde où ne manque d'ailleurs pas
une pointe contre les grands chefs que l'orateur a appelés à
l'exemple de modestie donné par les généraux de la révolution,
qui sont d'ailleurs les plus empanachés. La déclaration du
président du Conseil a fait connaître les vues, les projets, les
sentiments du gouvernement. Viviani a insisté sur « la
certitude militaire du succès » et sur la résolution de
poursuivre la lutte « jusqu'au bout », c'est-à-dire
jusqu'à l'expulsion de l'envahisseur, la délivrance de l'Alsace et
de la Belgique, la destruction de la puissance militaire de
l'Allemagne.
Programme
vaste, dont l'accomplissement intégral peut mener la république
très loin, mais ne semble douteux à personne. On dit beaucoup qu'à
l'appui de la parole du gouvernement une offensive générale sera
bientôt ordonnée.
Un
ordre du jour du généralissime, daté du 17 et conçu dans ce sens,
a même été publié par le grand état-major Allemand, qui l'a
trouvé sur un de nos officiers tués.
La
censure en a interdit la publication dans les journaux Français. On
en conclut qu'un succès a été recherché pour la réunion des
Chambres. Quoi qu'il en soit, on compte généralement que, d'ici la
fin du mois de janvier (ce n'est plus maintenant que fin janvier) il
n'y aura plus un seul Allemand sur le territoire Français. Pour
fortifier l'espérance, Delcassé murmure à l'oreille de confidents,
qui s'empressent de propager la bonne nouvelle, que l'entrée
en ligne de l'Italie et de la Roumanie est plus prochaine qu'on ne
croit. « Elles vont entrer en ligne, mais Delcassé ne nous dit
pas dans quel sens. » Ce mot d'un sceptique a été le succès
des couloirs...
EMPIRE OTTOMAN |
« Il
est à remarquer dans le discours de Viviani que le gouvernement ne
cherche plus du tout à dissimuler que l'agression de l'Allemagne
était annoncée et prévue. Ribot, dans son exposé de la situation
financière, donnait l'autre jour la même note, si fortement accusée
déjà par les « Avertissements » publiés au Livre
jaune. Il semble que les Poincaré, les Viviani, les Briand,
n'hésitent pas à découvrir le régime pour justifier leur attitude
vis-à-vis du service de 3 ans. Car, malheureux, si, comme vous le
dites, l'Allemagne menace la France depuis 40 ans, la provoque depuis
10 ans, a résolu de lui faire la guerre depuis 18 mois, quelles ne
sont pas les épouvantables responsabilités de la démocratie !...
Mais
on songe que le danger Allemand a sans doute été le régulateur de
nos institutions démocratiques et seul les a préservées de tomber
dans une anarchie dégoûtante. Si nous avons conservé des vestiges
d'ordre public, d'armée, de finances, c'est à la menace Allemande
que nous le devons. Que demain l'Empire Allemand soit abattu, que la
république soit encore debout, nous verrons un affreux gâchis, un
retour du Directoire...
L'utopie,
en décrétant les bases imaginaires de la paix universelle, jette la
semence de nouvelles guerres. Qu'à l'issue de celle-ci soit garantie
la sécurité de la France, et combien les générations futures en
auront de gratitude ! Cinq invasions en 125 années ont fait expier
aux Français les erreurs d'un siècle ! La tâche présente
consiste à retrouver les conditions grâce auxquelles la France
sera, ainsi qu'elle l'a été dans le passé, protégée contre la
puissance Germanique. C'est pour cela que les Français d'aujourd'hui
se battent et meurent, comme les Français d'autrefois se sont battus
contre Charles-Quint, pendant la guerre de Trente Ans. L’œuvre
d'une politique clairvoyante, d'une diplomatie réaliste, sera de
faire en sorte que ces sacrifices ne soient pas éternellement à
recommencer. ? ! » »
VI)
Les
ruines de Clermont-en-Argonne,
De
notre envoyé spécial : Tandis que je traverse l’Argonne et
ses forêts, que j’admire le petit village des Islettes dans le
bas-fond, au milieu du défilé, je songe à la jolie ville de
Clermont-en-Argonne.
Je
revois la vallée de l’Aire, dominée par le massif rocheux aux
flancs duquel est accrochée l’église de Clermont. Placée sous le
vocable de Sainte Anne, elle semble protéger les maisons qui
s’étalent à ses pieds. Au-dessus se découpe la silhouette des
sapins d’un vert sombre, qui couronnent le plateau et encadrent une
petite chapelle au minuscule clocher de bois.
Pendant
que je me remémore le paysage délicieux d'avant guerre, j’atteins
les premières maisons de la charmante cité. Lentement, je monte la
côte, me dirigeant vers la petite place que domine l’église
Sainte-Anne.
Mais
tout à coup, je suis frappé d’horreur. Brusquement, en haut de la
côte, je ne vois plus que des ruines...
Partout
autour de moi ce ne sont que décombres, murs branlants, façades
dressées comme une tôle le long de la rue, cheminées plantées
comme un cierge au milieu de gravats.
Au
loin, ma jolie petite place m’apparaît entourée d’un amas de
pierres, alors qu’à l’horizon se profilent des ruines, aussi
loin que mes yeux peuvent voir.
Sur
le moment, ma stupeur est extrême. Je reste là à contempler le
désastre, puis me vient de la fureur contre ces sauvages qui se sont
permis de saccager ainsi un des plus beaux sites de France.
C’est
encore l’œuvre du kronprinz, ce fou qui ensanglante l’Europe. Un
brave homme resté fidèle à sa demeure et qui a assisté au drame,
me raconte que les Allemands, dans leur rage d’être battus, ont
détruit volontairement la ville ils l’ont incendiée à la main,
maison par maison, ne respectant, à l’entrée et à la sortie de
Clermont, que quelques demeures, afin de pouvoir s’y abriter
jusqu’au bout, eux et leurs blessés.
J’ai
besoin de faire un pèlerinage dans ces ruines je voudrais en mesurer
l'étendue je voudrais y retrouver les maisons que j’ai vues alors
que la région était encore à l’abri des dévastations... Les
Barbares ont passé... A mesure que j’avance, j’ai la sensation
de visiter une cité d’un siècle passé, et je finis par errer au
milieu des décombres, avec la même émotion que l’érudit qui
visite les vestiges du Forum Romain.
Sur
la place, devant moi, la façade d’une maison reste seule debout,
comme un décor de tragédie. Tout autour, des amas de pierres s
élèvent quelquefois jusqu’ à 2 mètres du sol. Il semble qu’on
se trouve en présence d’un portique aérien en partie effondré. A
droite, se dressent 2 pans de murs auxquels, dans le lointain, font
suite d’autres débris. Ils me font penser aux aqueducs de la
campagne Romaine dont il n’existe plus, de-ci, de-là, que
quelques morceaux d’arcades.
A
gauche de la place, les maisons se distinguent mieux on peut les
compter grâce aux parties de murs qui ne se sont pas écroulées. Je
peux retrouver des cheminées suspendues dans le vide à la hauteur
du premier étage, des vestiges de fenêtres et quelques fois de
chambres, pendant que sur le sol les décombres laissent apercevoir
des carcasses de lits, de poêles, des restes informes d’ustensiles
de ménage.
A
droite, la place se continue par un espace vide avec, de temps à
autre, quelques vestiges d’habitations. Au fond se dessine
l’escalier de pierres, encadré de ruines, qui conduit à l’église.
Je
continue à suivre la rue dans la direction de Verdun.
A
gauche, 2 maisons sont réduites à leur cadre. Les 4 murs sont
debout avec les ouvertures des fenêtres, dont les croisées et les
persiennes ont disparu. Le toit, les planchers, les cloisons se sont
effondrés et forment un tas de gravats et de poutres noires,
écaillées.
A
droite, j’aperçois 2 maisons rasées à la hauteur du premier
étage, alors que les 2 suivantes n’ont plus une pierre debout.
Puis, vient la gendarmerie dont il ne reste plus que la façade. Elle
fait le coin de la route de Verdun et de celle d’Auzéville.
Enfin,
quelques habitations sont à nouveau intactes. L’hospice
Sainte-Marie a été respecté parce qu’il contenait des blessés
Allemands. Sur une porte, je peux encore lire, écrit à la craie :
« Rühe
! Kein Lärme. Venwündete. » (Silence ! Aucun bruit. Blessés.)
Je
reviens vers la petite place. De ce coté la vue est saisissante.
Au-dessus des décombres, se dresse l’église dont il ne semble
plus, de loin, rester que la nef. La tour parait comme sapée à sa
base.
Je
gagne l’escalier de pierre. A droite et à gauche ce ne sont que
pans de murs. A droite, particulièrement, des restes de citernes
semblent surgir du sol. Plaquées contre le rocher, elles montrent
leurs voûtes défoncées. J’ai l’impression de contempler les
ruines du Forum qui s’étalent au pied du mont Palatin.
Me
voici en haut des escaliers. Je me retourne. J’ai sous mes yeux la
vue complète des ruines Il me semble que je suis à Rome, sur le
Capitole, et que ma vue plonge sur l’antique cité des Latins. Le
désastre me parait encore plus formidable qu’il y a un instant.
Aucune maison n’est plus distincte et les vestiges se noient à
l’horizon dans la campagne, qui m’apparaît à perte de vue
baignée par les rayons d’un soleil d’hiver dont l’éclat trop
faible rend l’ensemble effroyablement triste... Ce qui reste de
l’église... Je me dirige vers l’église. Il n’en existe que le
squelette. Les murs sont respectés, mais la tour a disparu et le
toit est en partie effondré.
Sur
le portail latéral se voit une statue de Sainte Anne. En dessous, la
porte est couverte d’inscriptions. Je déchiffre l’une d’elles :
« Heilige
Anna. Ehre, bitte ich : Der alte Pfahr » (Sainte Anne,
respect, je t’en prie. « Le vieux curé ».)
A
côté je trouve une bible. Ce vieux prêtre était-il venu là pour
demander pardon des atrocités commises par ses compatriotes ?…
Je
pénètre dans l’église. L’intérieur est extraordinairement
détérioré. Le sol est défoncé, crevassé. Au fond l’autel tout
blanc s’estompe, entièrement démantelé.
Autour
de l’église se trouvent des maisons complètement démolies. L’une
est réduite à sa cave. Une autre ne possède plus qu’un pan de
mur et un escalier de pierre qui donne dans le vide, le
rez-de-chaussée s’étant écroulé dans le sous-sol.
L’église
est dominée par un petit plateau sur lequel a été édifiée une
chapelle. Je veux la visiter pour me rendre compte des dégâts
qu’elle a pu, elle aussi, subir de la part des barbares. Je
suis attiré aussi par le désir de jeter un coup d’œil, du haut
de ce superbe observatoire, sur les positions Allemandes.
Je
gravis le chemin qui, par derrière, monte vers la chapelle. Celle-ci
est intacte. Avec son petit clocher de bois et les sapins qui
l’entourent, elle a l’aspect d’un décor d’opéra.
A
l’intérieur, le beau groupe de pierre qui représente des femmes
pleurant auprès d’un Christ mort a été respecté. Un seul
Allemand a osé souiller ce sanctuaire. Sur les murs, peints à la
chaux, il a écrit en grosses lettres le mot Friede (Paix). Quelle
ironie !
Par
une superbe allée de sapins, je gagne la partie nord du plateau,
d’où, par une échappée, j’ai tout à coup une vue immense sur
la plaine.
A
ma gauche s’abaissent les derniers contreforts de l’Argonne
recouverts de ses forêts vert sombre. Au pied du premier contrefort,
j’aperçois Lochères en partie cachée par les arbres.
Derrière, c’est le château d’Abancourt.
Au-dessous
de moi, c’est Clermont, ruiné, avec sa petite place d’où part
une belle route droite qui mène à Neuvilly et plus loin à
Boureuilles, dont je vois nettement les petites maisons blanches, la
cheminée d’usine et l’église.
A
gauche de l’église, la jumelle me montre une maison détruite. Là
se trouvent les avancées Allemandes. Je suis tout ému à l’idée
que ce village cache nos ennemis, à l’idée que ce coin de terre
de France, que j’ai là sous les yeux, nous est momentanément
enlevé
Derrière
Boureuilles, je distingue avec la jumelle une dépression d’où
émergent quelques toits. C’est Varennes, cité historique... Les
Allemands y sont aussi, et leur premier soin a été de détruire la
maison de Louis XVI.
Un
peu à droite de Boureuilles se dressent deux collines placées l’une
derrière l’autre. La plus éloignée forme une série de dômes
séparés par des échancrures.
Le
premier dôme porte sur son sommet le village de Vauquois, occupé
par les Allemands. Je l’examine à la jumelle. A gauche, je
vois quelques maisons couvertes de tuiles rouges avec, à côté, une
petite tour basse. A droite, toutes les maisons sont incendiées. Les
deux tiers du village ne contiennent plus que les cadres des
habitations. Plus un seul toit visible seulement de temps à autre un
pignon est encore debout.
Plus
à droite, entre deux dômes sombres, apparaît en clair un piton
tout constellé de points blancs. A la jumelle, je vois très
distinctement les maisons blanches, dominées tout en haut par
l’église et son clocher pointu, c’est Montfaucon, autre repaire
de Teutons.
Entre
ce piton et mon observatoire se montrent deux villages :
Aubréville et Courcelles. Une route sinueuse, que suit la voie
ferrée qui va à Verdun, mène de Clermont à Aubréville. Les
Allemands usent journellement leurs obus en vue de détruire la voie
du chemin de fer qui, à cet endroit, fait un coude vers le nord.
C’est d’ailleurs peine perdue.
Le
paysage que je contemple est inanimé. J ai beau regarder
attentivement, je ne peux découvrir aucun être vivant... Et
pourtant, tout à coup le canon tonne. Une fumée blanche monte
lentement derrière le premier contrefort de l’Argonne. Les
Allemands viennent de tirer sur le château d’Abancourt.
Là
a logé le kronprinz. A son départ, dans un moment de bonne humeur,
il a promis à la châtelaine, en guise de remerciement, de faire
respecter le château. Son armée n’a pas tenu parole. Une fois de
plus ou de moins, cela n’a pas d’importance.
VII)
L'offensive
vers Souain est mal en point
La
situation du côté de Souain dans la Marne n’évolue pas du tout
comme l’état-major Français l’a envisagé. Le 12e corps a déjà
perdu un millier d’hommes. Le 78e régiment d’infanterie a eu 3
compagnies anéanties et a perdu presque tous ses officiers
supérieurs. L’attaque du 12e corps est suspendue le 22 décembre
1914 mais elle continue pour le 17e corps. Vers 16h, 2 attaques sont
menées par 2 compagnies distantes de 300 mètres. Celle de droite
parvient à aborder les tranchées bouleversées et à s’y
maintenir, celle de gauche qui a plus de 200 mètres à parcourir en
terrain chaotique échoue sur le réseau de barbelés adverses mais
un petit groupe parvient à s’infiltrer dans la ligne ennemie...
Une
violente contre-attaque est brisée un peu plus tard. Déjà dans la
nuit du 21 au 22, le 83e régiment d’infanterie a rejeté à la
baïonnette une attaque en masse tandis que le 59e qui travaille à
remettre en état la ligne Française a été bombardé et a perdu 3
officiers et 180 combattants.
Malgré
les difficultés enregistrées, l’ordre d’opérations de la IVe
armée pour la journée du lendemain prescrit de continuer les
attaque et de ne pas laisser de répit à l’ennemi...
Les
jardiniers liront avec surprise l'ordre suivant envoyé le 22
décembre !
Les
propriétaires de champs de pommes de terre devront récolter et
rentrer chez eux jusqu'au 1er janvier 1915 au plus tard toutes les
pommes de terre qui ne sont pas encore récoltées, dans le cas
contraire les pommes de terre qui restent dans les champs seront
enlevées par l'armée Allemande sans bon de réquisition...
Cambrai
22 12 14 Étappen kommandantur
VIII)
Télégramme
Directeur Service Aéronautique G.Q.G. à Ministre Guerre (12e
direction) BORDEAUX N° 6946. 31/10
« Avions
Allemands venant constamment survoler Verdun... et jeter bombes... le
commandant de l’armée demande immédiatement appareil spécial de
chasse... Pegoud pourrait utiliser avion Morane biplace 80 chevaux
Rhône non parasol actuellement en service chez constructeur... Pour
donner satisfaction à armée de Verdun... et à défaut autre
appareil existant actuellement vous demande acheter un de ces
appareils... Pegoud pourrait réceptionner cet appareil à
Villacoublay et le conduire à Verdun qui dispose de l’armement
nécessaire... »
Signé
Bares
IX)
22
décembre 1914 L’Escadrille MF 7 effectue dans les Hauts de Meuse 8
réglages de tir pour l’artillerie. Plusieurs dépôts de munition
ennemis sautent dans le bois de Varmont.
Une
reconnaissance détermine 4 emplacements nouveaux de batteries et de
tranchées.
Pégoud
en Blériot lance 2 obus sur Vauquois, tire sur un avion Allemand qui
atterrit aussitôt dans ses lignes et donne la chasse sur Morane à 2
avions Allemands qui s’enfuient.
Pégoud
dispose donc de 2 avions : un Blériot XI-2 et le Morane qui lui
a été attribué pour chasser les Allemands du ciel de Verdun. Ni
l’un ni l’autre de ces avions n’ont leur pareil dans les
escadrilles de Verdun.
X)
Extrait
du JMO de la 52è DI, voici à la date du 21 décembre 1914
l'explication de l'exercice :
Le
Général commandant le secteur prescrit que pendant la nuit, pour
amuser l'ennemi avant une offensive que doit lancer la Division
Marocaine dans la journée du 22, il soit fait des simulacres
d'attaque dans les différentes parties du secteur.
En
conséquence, vers minuit, on fait partir des tranchées, sans
toutefois en sortir, une vive fusillade, accompagnée de lancement de
fusées et de grenades éclairantes. L'ennemi ne paraît pas s'en
émouvoir outre mesure, faisant cependant fonctionner des
projecteurs.
À
7h le 22 Décembre une société a été retirée de la ligne
Northamptons, en raison des tranchées étant surpeuplée. Peu de
temps après pour briser une très forte attaque Allemande développée
à partir de la direction de la rue Quinque et en 10h la ligne est
devenue intenable principalement en raison de l'incendie d'enfilade
(feu d'accompagnement) du flanc droit qui a été très exposé.
Après
avoir subi de très lourdes pertes et en mettant en place une défense
très têtue, la retraite de la ligne a commencé à partir de la
gauche et environ 300 hommes ont réussi à atteindre la rue de Bois.
Le
bataillon a été recueilli et reformé dans la rue de L’Épinette,
le détachement de mitrailleurs coopérant avec les Northamptons
monte à l'appui et une ligne a été organisé par eux, à peu près
sur la ligne de l'attaque commencée la veille. A environ 15h, le
bataillon a été retiré et est allé en billettes à La Couture.
La bataille de Givenchy-les-La Bassée (18 au 22 décembre ...
www.cheminsdememoire-nordpasdecalais.fr/.../la-bataille-de-givenchy-le...
La
bataille de Givenchy-les-La Bassée (18 au 22 décembre 1914) ...
L'attaque commence le 19 décembre, à 3h10, par un temps glacial et
pluvieux, entre le ...
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Bataille
de Sarıkamış — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Sarıkamış
Elle
opposa les troupes russes et ottomanes dans le nord-est de la Turquie
actuelle, du 22 décembre 1914 au 17 janvier 1915 : les Ottomans,
désireux de ...
Déroulement
de la bataille - Conséquences - Annexes - Notes
et références
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