lundi 20 juillet 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 671

15 JUILLET 2015...

Cette page concerne l'année 671 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

TENTATIVE D’UNIFICATION DE LA FÉDÉRATION GASCONNE

A la fin du Ve siècle, à la chute de Rome, l'Aquitaine et la Novempopulanie restent (officiellement) aux mains des Wisigoths, installés en tant que peuples fédérés pendant l'Empire. Ce sont eux qui pour la première fois nomment respectivement ces terres la Guasconia et la SpanoGuasconia. Mais des suspicions sont permises sur l'utilisation de ces termes à cette époque - ils peuvent avoir été ajoutés au XIIIe siècle par un copiste.
Rapidement les Francs arrivent et repoussent les Wisigoths : Ils prennent les terres situées entre Loire et Garonne en 507, et en 511 ils passent la Garonne. 

S'en suivent divers épisodes de révoltes, de tentatives de fondation de principautés indépendantes, entre autres sous l'égide de Chramm et de Sigulf. Lors de la création du royaume de Caribert en 561 (allant pendant son apogée de la Loire à l'Ebre), le terme « Aquitaine » réapparaît.
Celui de Wasconia va alors se fixer sur les terres situées entre Garonne et Pyrénées (c'est à dire l'ancienne Novempopulanie).
Les historiens ont longtemps débattu sur la traduction des termes Wasconia et Wascones. Nous suivrons l'avis de Guilhem Pépin qui propose : Vasconia et Vascones, contre Gasconia et Gascones ou Basconia et Bascones, simplement car la différence entre Gascons (Gascones) et Basques (Bascones) n'est faite dans les textes qu'à partir du XIe siècle. En effet, bien que la langue gasconne existe vraisemblablement dès le VIe siècle, les termes Bascones et Gascones n'apparaissent qu'au XIe siècle afin de différentier les locuteurs Basques et Gascons à l'intérieur et exclusivement à l'intérieur du territoire de la Wasconia. En dehors, même en territoire bascophone (Navarre, Bisacaye...), le terme Bascones est catégoriquement rejeté : Car il n'est pas un terme ethnique ou linguistico-culturel, c'est un terme politique...
Quoi qu'il en soit, les Wascones du VIIe siècle se révoltent encore en 602, en 626, en 632, ou encore en 636... En réalité, du VIIe siècle au XIe siècle inclus, bien que faisant partie du royaume de Francia Occidentalis, la Vasconie reste totalement indépendante (et elle le demeure même après, car les ducs d'Aquitaine, qui la détiennent à partir de 1063, ne prêtent jamais serment aux rois de France pour la Gascogne).
A la fin du VIIe siècle, en 671, un personnage du nom de Loup, prince des Wascones, s'empare de l'Aquitaine et forge une principauté aux pouvoirs très importants (Carte: Mussot-Goulard, Histoire de la Gascogne, 1996). Yon (ou Eudes, 688-735), Huon (ou Hunaud, 735-745) et Gaïfar (745-768) lui succèdent. 
Mais de 759 à 768, Pépin le Bref reconquiert l'Aquitaine. Loup (peut-être fils de Hatton, le frère de Hunaud), qui règne sur le sud de la Garonne sûrement à partir de 764, règne alors seul sur la Vasconie, restée jusque là à l'abri des guerres. Mais son « règne » s'achève rapidement. En 768, les Vascons prêtent serment à Pépin le bref et à ses fils, dont un, Charles, sera surnommé le grand... Quand bien même, Loup oublie son serment et attaque les troupes de Charlemagne au col de Roncevaux en 778 et y trouve la mort. Son fils, Sanx Loup, est alors emmené à la cour du roi pour y être éduqué.

En 781, Charlemagne créé le royaume d'Aquitaine, qu'il donne à son fils de 3 ans Louis... Sanx Loup, « prince des Gascons », est renvoyé dans son pays, chargé de fonctions au près de Louis aux côtés duquel il combat souvent. Ce lien se retrouve lorsque ce dernier divise son royaume en plusieurs comté : il choisi de nommer le fils de Sanx Loup, Aznar Sanx, à la tête du comté de Gascogne.
  En 814, Louis succède à son père et nomme son fils, Pépin, roi d'Aquitaine. Mais Pépin règne mal, et de nombreuses révoltes éclatent. Aznar Sanx lui même, toutefois gêné par sa fidélité envers l'empereur Louis, se révolte contre Pépin. Mort en 838, son frère Sanx Sanx lui succède, sans l'accord de Pépin qui de toute façon décède peu après, la même année. Juste avant, Louis avait nommé son autre fils Charles le chauve roi d'Aquitaine, au dépend de son petit-fils Pépin II. Une guerre familiale éclate alors pour le contrôle du royaume d'Aquitaine.

  Charles s'impose et reconnaît le titre comtal à Sanx Sanx, ainsi qu'un « grand commandement » dans l'ensemble du royaume. Le comte et duc (après sa prise de contrôle de Bordeaux vers 850) Gascon se retrouve alors avec des pouvoirs considérablement élargis. Sanx Sanx mène une vie plus que remplie, et sa présence sur divers fronts à la fois, contre Normands et Sarrasins, lui vaut d'être comparé à Samson, et lui octroi un étrange surnom : Sanx Mitarra. C'est l'ancêtre mythique de sa lignée, qui restera dans les souvenirs des hommes du Moyen-Âge. A sa mort, en 864, la déferlante Normande reprend de plus belle, et le littoral est mis à sac. L'aristocratie Gasconne veut profiter de cette désorganisation et vers 870 le duc Arnaud, nommé par les Francs pour succéder à Mitarra, est renversé par le fils de ce dernier, autre Sanx Sanx.

  La Gascogne réaffirme une fois de plus son indépendance vis à vis du pouvoir royal, surtout qu'en 877, le capitulaire Carolingien de Quierzy donne l'hérédité aux titres administratifs de l'empire (Comtes...). Ces pouvoirs, qui n'étaient qu'une délégation temporaires de l'autorité royale sont maintenant personnels et permanents.

  Après les années 870, dans des conditions restées floues, Bordeaux échappe aux Sanx. Par conséquence, ce titre étant nécessaire pour bénéficier du titre ducal, les Sanx ne demeurent plus que comtes de Gascogne. Ces même années demeurent troubles pour l'histoire de la Gascogne, et les sources manquent...

  Il faut attendre 886 et Garsie Sanx, fils de Sanx Sanx, pour voir la réorganisation de la Gascogne. En effet, ayant reçut du Roi le titre de « comte et marquis », ce qui lui donne les pouvoirs nécessaires a une totale restructuration, administrative et religieuse (création des comtés d'Astarac, de Fezensac, de Grande Gascogne (Landes et Béarn)). Ce titre, très important, assez pour que Garsie soit nommé « rex » dans certains texte (dans le sens de « vice-roi » sur ces terres) est conservé par ses successeurs.

 La puissance de cette famille princière est incontestée, et arrive à son apogée avec le petit fils de Garsie Sanx, Guilhem Sanx. Il succède à son père Sanx Garsie au titre de comte de Grande Gascogne en 960.

En 977, le duc de Bordeaux Guillaume le Bon décède sans héritier, et c'est à lui que revient alors ce titre, que les comtes Gascons ont perdu depuis Sanx Sanx. 

Guilhem Sanx réorganise alors complètement la partie occidentale de la Gascogne qui a été mise à mal par 2 siècles de pillage. Sa première étape est d'éradiquer la présence Normande sur le littoral Atlantique. C'est chose faite suite à sa victoire décisive sur les Normands à Taller en 988.

Libéré de ses oppresseurs, la Gascogne Landaise peut alors recevoir un nouveaux cadre religieux fort. Ainsi, Guilhem Sanx fonde dans la région de l'Adour le monastère de Saint-Vincent de Lucq, puis l'abbaye de Saint-Sever vers 988 et enfin l'église Sainte-Marie de Lescar. Il forme également un grand évêché de Gascogne qu'il placera sous la direction de son frère Gombaud.

Cette restructuration religieuse ne doit cependant pas cacher la tâche militaire de ces fondations. Ainsi, ces « monastères guerriers » et leurs ramifications à l'intérieur du territoire permettent d'asseoir solidement le pouvoir ducal. C'est peut-être aussi pour cette raison que Guilhem Sanx a créé les vicomtés. Cette délégation du pouvoir va instaurer un nouvel équilibre dans les relations politiques locales. A la fin de ce Xe siècle apparaît donc, dans la Gascogne comtale, une multitude de vicomtés dont les plus importants sont ceux du Béarn, d'Oloron, de Dax et de Marsan.

Après la mort de Guilhem Sanx vers 996, son premier fils, Bernat Guilhem, lui succède. Mais celui-ci meurt mystérieusement le 25 décembre 1009, et il est remplacé par son frère Sanx Guilhem. Durant la période de son règne, la Gascogne va connaître l'une de ses heures de gloire. Sanx Guilhem essaye en effet d'utiliser son titre de Duc de Gascogne pour réunir et unifier l'ensemble du peuple Gascon qui a été divisé suite à la mort de Garsie Sanx. Mais la tâche de Sanx Guilhem s'avère difficile car le morcellement politique de la Gascogne s'est largement accentué depuis 920. Il s'observe tout d'abord dans la partie orientale car les comtés « primitifs » du Fezensac et de l'Astarac se sont subdivisés. Ainsi, au début du XIe siècle, il existe, en plus des deux comtés cités précédemment, les comtés d'Armagnac, d'Aure et de Pardiac. La création des vicomtés en Gascogne occidentale puis orientale va également participer à ce processus de morcellement administratif.

Néanmoins, Sanx Guilhem réussi en partie sa volonté d'unification de la Gascogne et ce, à travers la fondation de l'abbaye de Saint-Pé. A cette occasion, il rassemble la majorité des comtes, vicomtes et chevaliers de Gascogne. Tous promettent service et protection à cette nouvelle fondation dont Sanx Guilhem est à l'origine.

Cette réunion permet donc à la fois d'assurer la paix au sein de la Gascogne mais est également l'occasion d'affirmer la supériorité du titre ducal sur les autres puissances. Sanx Guilhem tient aussi à revendiquer sa filiation princière auprès du nouveau Roi de France, Robert le Pieux. C'est la raison pour laquelle il ne lui rend pas hommage en 1014 à Saint-Jean d'Angély et qu'il fait frapper une monnaie ducale pour remplacer la monnaie royale. Plus que cela, il prête serment à son oncle, Sanx III le Grand, qui règne sur le royaume de Pa
mpelune (futur royaume de Navarre) et réunit ainsi toutes les terres Euskariennes.
Les efforts d'unification de la Gascogne menés par Sanx Guilhem s'effondrent avec sa mort qui survient en Octobre 1032. Dépourvu d'héritiers directs, la succession du duché de Gascogne revient aux enfants et petits enfants de ses trois sœurs, ce qui a pour but, à terme, le rattachement de la Gascogne à l'Aquitaine.

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