26
juillet 2015...
Cette
page concerne l'année 660 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
ZU
ZETIAN UNE FEMME AVIDE DU POUVOIR, EMPEREUR DE CHINE
Wu
Zetian (chinois simplifié : 武则天 ;
chinois traditionnel : 武則天 ;
pinyin : Wǔ Zétiān ; Wade :
Wu³ Tse²-t'ien¹) est la seule impératrice
de toute l'histoire de Chine : le titre et la fonction
d'empereur est exclusivement réservés, dans le système impérial,
aux hommes... Les femmes ne pouvant exercer provisoirement le pouvoir
que dans le cadre d'une régence, d'un inter-règne, assistées le
plus souvent d'un conseil de régence et sans jamais avoir le titre
d'empereur.
Seule,
Wu Zetian fonde sa propre dynastie, la dynastie Zhou (周),
deuxième de ce nom, dont elle est, sous le nom d' « empereur
Shengshen » (聖神皇帝)
de 690 à 705, la seule monarque.
Son
ascension et son règne sont fortement critiqués par les historiens
Confucianistes, certains aspects en ont été réévalués en Chine
(après l'accession au pouvoir du Parti communiste) à partir des
années 1950... (est-ce vraiment une référence)
L’époque
des Tang est une époque relativement libre pour les femmes de
Chine : La culture et l’éducation se transmettent alors plus
généreusement aux filles, il n'est pas rare de voir des femmes
contribuer aux arts picturaux, poétiques ou littéraires voire à la
politique.
Il
n’est donc pas étonnant que la belle Wu soit initiée aux œuvres
classiques, à la peinture, la danse, la musique et à la poésie.
La
tradition la fait naître en 625 à Chang an, capitale de l’Empire
mais les annales indiquent que son père est magistrat dans le
Sichuan lors de sa naissance.
Son
prénom n'est pas mentionné dans les annales officielles. Plus tard
elle se donne le nom de Wu Zhao (武曌),
pour lequel elle fait créer un caractère jusqu'alors inexistant.
Son
père, Wu Shihuo (武士彠)
(577-635), un maître d'œuvre, a su se faire des relations dans
l'exercice de son travail. Il a ainsi accédé à un poste de
sous-officier, puis s'est distingué lors de la campagne militaire de
617, obtenant finalement le titre enviable de duc de Taiyuan
(Taiyuandu gong 太原郡公)
(Shanxi), région d'origine de la famille Wu. L'empereur Gaozu lui a
fait épouser en secondes noces une femme approchant la quarantaine,
fille d'un parent de la famille impériale Sui nommé Yangda (楊達).
Elle donne le jour à 3 filles dont la future impératrice. Devenue
veuve, il semble qu'elle n'ait guère reçu de soutien de la part de
sa famille d'origine et encore moins de ses demi-frères.
D’une
beauté incroyable Wu Zetian a tempérament d’acier, une anecdote
bien connue raconte que l’empereur Taizong a un cheval appelé
« Lion » tant il est sauvage et que personne n’arrive à
le contrôler, la belle Wu se propose de dominer la bête si on lui
donne 3 choses : un fouet de fer, un marteau de fer et une
dague... D’abord, elle fouettera le cheval, puis s’il refuse
toujours d’obéir, elle se propose de le frapper avec le marteau et
s’il se montre toujours rebelle de lui trancher la gorge... ?!
Voici
comment son ennemi politique, le poète Lo-Ping Wang la décrit :
« Des
sourcils arqués comme des antennes de papillon
Ne consentant pas à céder aux autres femmes.
Cachée derrière sa manche, elle s’applique à calomnier.
Son charme de renarde a le pouvoir particulier d’ensorceler le maître. »
Ne consentant pas à céder aux autres femmes.
Cachée derrière sa manche, elle s’applique à calomnier.
Son charme de renarde a le pouvoir particulier d’ensorceler le maître. »
La
famille Wu s'est élevée au-dessus de la condition ordinaire, mais
l'ascension du père est trop récente pour en faire une authentique
grande famille. C'est donc en concubine de modeste extraction aux
yeux de la cour qu'entre 12 et 14 ans elle accède au gynécée de
Taizong avec le grade de « talentueuse » (cairen 才人),
l'un des plus bas.
Selon
la tradition, elle reçoit un nouveau prénom : elle sera
désormais Mei (媚).
Il semble que, dès cette période, elle entretient une relation
privilégiée avec le dauphin Li Zhi, futur empereur Gaozong.
En
649, l’empereur décède des suites d’une longue maladie
contractée en 645 et la belle Wu ainsi que toutes les « veuves »
sans enfant sont envoyées dans un monastère. Elle reste au temple
de Ganyesi (感業寺)
jusqu’à ses 28 ans, c'est-à-dire pendant environ 3 ans (pour les
sinologues Danielle Elisseeff et Barbara Benett Peterson)... Ce n’est
qu’à l’occasion d’un pèlerinage dans ce temple que le jeune
empereur Gaozong remarque la belle Wu pour la première fois,
déplorant que « la rigueur de la tradition gâche sans
discernement les richesses de la nature », mais il est permis
de douter d’une rencontre aussi romanesque qu’improbable, juste à
la fin de la période de deuil.
Quoi
qu'il en soit, en tant qu’ancienne concubine de son propre père,
il ne peut en faire la sienne sans commettre d’inceste.
A
cette époque, la cour des Tang subit l’influence des coutumes
« barbares » (le lévirat Mongol) au point que le tabou
d’un tel procédé est sinon effacé du moins bien diminué :
« Chez les nomades, on n’écarte jamais les femmes, le mâle
survivant, frère ou fils, les prennent toutes en charge ».
Par
ailleurs la première épouse, issue de la famille Wang
(Wanghuanghou), encore stérile, en veut « à la terre
entière » et craint que le jour où le Fils du Ciel désignera
son successeur ne marque la fin de son titre d'impératrice. Elle
voit alors en Dame Wu, à la beauté proverbiale, un moyen de saper
l’influence de Xiaoshufei (蕭淑妃),
la seconde épouse auprès du Fils du Ciel, elle fait donc sortir la
belle, dont son mari lui a vanté les charmes inemployés, de sa
retraite forcée.
Quand
le jeune empereur Gaozong la revoit, il en devient fou au point
d’oublier les épineuses questions de sa succession. Il chasse les
conseillers, qui l’implorent de ne pas s'engager avec une telle
femme, et l’accueille dans son gynécée à nouveau avec le rang de
cairen. Dans un premier temps, tout marche comme prévu et Xiaoshufei
se désole d’être tombée en disgrâce. Mais la première épouse
sous-estime l’ambition de la belle Wu. Depuis son retour au palais,
elle manifeste une aptitude qu'on ne lui connaissait pas du temps de
Taizong à se faire des alliances et nouer des intrigues, ainsi
qu'une ambition personnelle qui va s'avérer peu commune.
Tandis
que sa faveur auprès de Gaozong grandit, elle se tisse un réseau de
fidèles et rallie les ennemis de l'impératrice. Toujours concubine,
son grade s'est élevé considérablement. Accédant au rang de
zhaoyi (昭儀),
elle est désormais la 5e dame du palais dans la hiérarchie du
gynécée, et la première pour l'influence auprès de Gaozong.
Cependant,
pour son malheur, son premier enfant est une fille, ce qui ne peut
lui valoir que les railleries de sa rivale. Wu Zetian a alors,
d'après certains historiographes, étouffé elle-même son enfant,
juste après la visite rituelle que la première épouse lui rend
après l'accouchement, sachant que l'empereur doit venir juste après.
Ainsi,
c'est l'empereur qui découvre lui-même le bébé mort dans son
berceau, dans la pièce voisine de la chambre. Wu Zetian tire profit
de cette coïncidence pour laisser les soupçons se porter sur la
première épouse. Devant le manque de preuves, l’empereur reste
circonspect et suit l’avis de ses conseillers, qui sont de ne pas
se mêler de ces histoires de femmes.
La
belle Wu a tout perdu et la première épouse garde sa fonction
officielle. Son ambition inassouvie, pleine de rancœur, n'ignorant
pas que l’empereur finira par se lasser d’elle car sa beauté ne
durera pas toujours, elle décide d’agir vite. Elle accuse la
première et la seconde épouse de sorcellerie.
Transi
de frayeur superstitieuse, le Fils du Ciel n’écoute plus un mot de
ses conseillers et tombe droit dans le piège.
Il
laisse carte blanche à l’ambitieuse Wu pour débrouiller ces
affaires de magie noire : La sorcellerie est affaire de femme...
Forte de ses appuis au Palais Impérial, elle fait arrêter les deux
femmes et les soumet à l’horrible supplice que Dame Lü avait
autrefois imaginé pour se venger de sa propre rivale : Bras et
jambes coupés, elle les fait jeter dans une cuve de vinaigre qui, en
cautérisant partiellement les plaies, prévient ainsi une mort trop
rapide et prolonge 3 jours durant leur atroce agonie.
Même
les exécutants de la torture, pourtant endurcis, gardent, dit-on, un
souvenir terrible de ces corps mutilés et des deux bouches ouvertes
proférant des malédictions rendues plus effrayantes encore car la
douleur les rend incompréhensibles… Selon Grousset, c’est parce
qu’elles ont continué de voir l’empereur même une fois
répudiées que la terrible Wu leur a fait subir un tel châtiment.
Dame
Wu passe des nuits à pratiquer des rituels magiques pour se
débarrasser des deux fantômes qui viennent la hantée. Mais
l’empereur est bien trop effrayé pour en juger clairement, mieux
encore, c’est éperdu de reconnaissance qu’il lui accorde la
place tant convoitée de première épouse malgré les grincements de
dents des conseillers du Dragon, qui lui donnent alors le titre de
Zetian, littéralement : « selon la volonté du Ciel ».
Elle est alors âgée de 32 ans. Depuis le retour du monastère, il
ne lui aura fallu que 4 ans pour parvenir au plus haut degré de
l’État accessible à une femme, mais l’ambition de la belle Wu
ne peut s’arrêter à la limite que lui impose son sexe...
Son
ascendant sur l’empereur ne fait que s’accroître, à mesure que
la santé fragile de l’empereur se dégrader... 5 ans après que Wu
Zetian a commencé à siéger à ses côtés, dissimulée derrière
un voile de gaze ou de soie, conformément aux rites, elle dirige en
secret les affaires de la cour. Elle brûle d’une ambition
démesurée, repoussant les traditions Confucianistes qu'elle ressent
comme une insulte et une humiliation. Elle trouve dans le rituel de
sacrifice fengshan de l’année 666 une occasion de le signifier à
la cour. En effet, traditionnellement, l’empereur effectue chaque
année un rituel sacrificiel au ciel et à la terre, destiné à
attirer la bienveillance céleste sur les récoltes de l'empire. Mais
Wu Zetian manifeste son étonnement
Le
ciel, yang, est associé au masculin, mais la terre, yin, est
associée au féminin... Elle prétend donc que c'est à une femme de
procéder au sacrifice à la terre.
Les
lettrés impériaux sont aussi choqués qu’embarrassés : Rien
dans la tradition ne mentionne la nécessité qu’un sexe ou l’autre
procède au rituel, qui est l'attribution exclusive de l'Empereur,
seul lien entre le Ciel et la Terre... L’empereur se range aux
arguments de la belle Wu, et les lettrés à court d’arguments ne
peuvent que s’incliner.
L'empereur
abandonne le rituel de la terre, permettant ainsi chaque année à Wu
Zetian de montrer son importance et sa nécessité au bon
fonctionnement de l’Empire.
Une
autre de ses réclamations concerne le titre de l’impératrice,
arguant que l’Empereur est appelé Fils du Ciel (天子),
son alter ego féminin doit être appelée logiquement Impératrice
Céleste (TianHou). Encore une fois le Dragon n’a rien à objecter.
Si l'on en croit un document résumant ses « douze
propositions » (jianyanshiershi 建言十二事),
elle fait preuve d'une certaine sagesse politique : Elle
préconise une baisse des impôts - des efforts en direction de
l'agriculture - l'encouragement de l'expression des opinions de
différentes sources - elle a aussi beaucoup fait pour le statut des
femmes.
D’après
Sherry J. Mou, si elle sait manifester rudesse et cruauté envers ses
opposants, elle ne montre jamais de volonté « proto-féministe »
à travers les réformes sociales que son gouvernement promulgue.
Elle
fait pourtant beaucoup pour les femmes, leur éducation, leur
bien-être et leur accès aux examens et aux postes officiels. Ses
« douze décrets » ou « douze propositions »
stipulent, dès 674, qu’il faut harmoniser les relations entre
belles-sœurs - organiser des funérailles publiques pour les femmes
sans-abri - prendre soin des veuve - organiser des centres de soins
pour femmes - des hospices pour vieilles femmes - des maisons pour
les jeunes filles - des temples pour les nonnes vouées à la
chasteté.
La
proposition la plus significative, ou du moins celle qui provoque le
plus de remous à la cour est l’augmentation à 3 ans de la période
de deuil pour rendre hommage à la mort de la mère, à l’égal de
celle du père, que celui-ci soit vivant ou non.
Dans
l'esprit de l'époque, la chose est loin d’être anodine et ce
n’est qu’à grand renfort de menaces et de pressions pécuniaires
que l’Impératrice Céleste réussit à faire adopter son décret.
Mais
malgré son esprit de brigue, son absence de moralité et ses
pratiques de sorcellerie, la nouvelle impératrice est très férue
de gestion politique et a même démontré une grande ouverture
d’esprit, presque humanitaire... Elle préconise une baisse des
impôts pour encourager le travail agraire des hommes et la
sériciculture des femmes, et s’oppose aux corvées qu’elle veut
proscrire. Elle désire aussi diminuer l’importance de l’armée,
qu’elle n’aime pas, afin de la garder seulement comme un moyen
d’« éducation morale » pour le peuple.
Elle
favorise une plus libre expression des critiques sans doute dans le
but de mieux repérer les contestataires pour les éliminer plus
vite.
Les
Annales de la Cour racontent comment l'épuisement chronique du jeune
empereur évolue en une terrible maladie qui fait enfler son visage
et le rend presque aveugle Son médecin prescrit des ponctions des
parties tuméfiées. Wu Zetian s’écrie que porter la main sur la
face de l’empereur est un crime de lèse-majesté passible de mort.
Le médecin tient bon, pratique les ponctions et la vue de l’empereur
se dégage […]. Feignant alors d’être ravie, elle court chercher
100 pièces de soie qu’elle offre elle-même par brassées au
médecin. Mais un mois plus tard, on apprend que l’Empereur est
retombé soudainement malade et qu’il vient de décéder sans
témoin (27 décembre 683) ». Les historiens laissent
clairement planer un soupçon sur la responsabilité de Wu Zetian
dans la mort de l’empereur.
Wu
Zetian prépare d'ores et déjà son accession à la position
d'empereur. Elle change le nom de Luoyang en Shendu (ville divine
神都),
dévoilant ainsi son intention de déplacer la capitale de l'empire,
et attribue de nouveaux titres aux fonctionnaires du palais.
L'intention qui se cache derrière ces transformations n'échappe pas
à un certain nombre d'opposants qui cherchent à y mettre fin.
En
684, elle doit faire réprimer une révolte menée par Xujingye
(徐敬業),
un dignitaire banni. Cherchant déjà une légitimation spirituelle,
en avril 688 Wu Zetian commence sa propagande personnelle : Elle
demande à son neveu du clan Wu de faire graver une stèle de 8
caractères (聖母臨人,永昌帝業)
où on peut lire : « La sage mère est descendue sur la
terre » également traduit : « avènement d'une
sainte mère qui reprendra avec éclat la fonction impériale ».
Puis elle fait en sorte que la stèle soit trouvée dans la rivière
Luo, dont serait jadis « sortis » dit-on les symboles du
Yi Jing. Les partisans de la belle Wu veulent accréditer l'idée que
Wu Zetian est investie du Mandat Céleste. Elle change alors le nom
de l'ère en Yongchang (永昌) :
éternité et prospérité ; il y aura ainsi 18 changements
d'ère durant son règne. Elle se fait attribuer par Ruizong et les
ministres l'appellation révérencielle de « Sainte mère et
empereur divin » (Shengmu Shenhuang 聖母神皇).
Pour mieux imprimer sa marque, elle fait également créer par le
lettré Zong Qinke une dizaine de nouveaux caractères qui devront
remplacer les sinogrammes d'origine...
Enfin
en 690, le jour de la fête du double neuf, elle dégrade Ruizong au
rang de simple prince héritier et s’autoproclame « empereur
de la dynastie Zhou » (周),
prétendant descendre de l'antique dynastie Zhou, dont elle fait le
premier roi, Wenwang, le fondateur de sa propre dynastie sous le nom
d'empereur Shizuwen (Shizuwen Huanggdi 始祖文皇帝).
Quant
à son père, elle le fait nommer empereur Xiaoming (Xiaoming Gaodi
孝明高皇)
à titre posthume et prend elle-même le nom de règne d’empereur
Shengshen (Shengshen Huangdi 聖神皇帝).
Son neveu préféré, Wu Chengsi (武承嗣),
reçoit également un titre... Après avoir été nommée impératrice
en 690, elle se fait décerner le titre de « Roue d’or,
Divine Impératrice de Sagesse ». Ses titres varient au cours
des années : la Roue d’or Éternelle - la Divine Roue d’or
Douée - Maitreya, c'est-à-dire le Bouddha-à-venir, sorte de Messie
Bouddhique.
La
nouvelle est colportée par l’entremise des moines qui, la même
année, écrivent un commentaire du Sutra du Nuage Supérieur dans
lequel ils présentent l’impératrice comme l’incarnation
terrestre de Maitreya.
Wu
Zetian fait alors construire le Monastère du Nuage Supérieur où
Maitreya est l’icône la plus représentée.
Le
bouddha géant de Dunhuang, site appelé aussi grottes de Mogao ou
grottes des 1 000 bouddhas (patrimoine mondial de l’UNESCO depuis
1987) dans la grotte no 96 est dit-on représenté avec les
traits de l’impératrice et le bouddha Vairocana de la grotte de
Fengxian à Longmen sont autant de reliefs du règne très marqué
par le bouddhisme de Wu Zetian.
En
cela, on peut affirmer que le bouddhisme trouve son plus puissant
promoteur en l’Impératrice Wu Zetian. En cooptant le bouddhisme,
Wu contrebalance le taoïsme qu’embrassait totalement le clan royal
d’alors, une manière pour elle de s’affranchir encore de la
légitimité de la famille royale Li, le clan fondateur des Tang, en
allant chercher dans sa propre famille les fondements de son Empire.
Victime
des moyens par lesquels elle s'est hissée au sommet de l’empire et
visiblement superstitieuse, elle craint toujours les présages et les
augures autant que les traîtrises et les coups d’État... De 401 à
690, le ShaZhou Tujing (Géographie du district de Sha) enregistre
trente présages de bon augure dont 10 sous le règne de Wu Zetian :
Une forte concentration quand son règne effectif n’a pas duré 30
ans. Au moment de sa prise de règne par exemple, de nombreuses
provinces signalent que des poules se sont changées en coqs, comme
pour marquer l’accord du ciel à son coup d’état...
L’intérêt
de Wu pour le bouddhisme est peut-être sincère et pas uniquement
politique : Wu Zetian fait faire plusieurs milliers de copies du
Sutra du Lotus à la mort de sa mère afin que les moines de tous les
temples de l’Empire se recueillent dans un deuil bouddhique.
En
657, la cour impériale publie un décret qui dispense les moines de
rendre hommage à leurs parents la chose est d’importance dans un
pays aussi marqué par le confucianisme mais le bouddhisme, en
imposant aux moines de quitter leur propre famille et de pratiquer
l’abstinence sexuelle, entame déjà le cadre de la famille
Confucéenne.
Puis,
5 ans plus tard, elle change de politique : La cour décrète à
nouveau que les moines doivent rendre les hommages coutumiers à leur
parents : Wu Zetian doit-elle céder aux pressions des
conservateurs ou songe-t-elle à elle-même, son fils entrant dans sa
10e année, alors que sous son règne, la piété filiale s'est
tournée vers la mère ?
En
684 la cour décide que la mère de Laozi sera vénérée comme
l’Impératrice Choisie des Anciens Temps (Xiantian Taihou).
Fait
plus marquant : Elle accorde son soutien au pèlerin Yin Ling
qui ramène des textes sanscrits après une pérégrination de 24
années et qui consacre le reste de sa vie à traduire les textes
qu’il a ramené.
Cependant
695 marque un tournant dans l’attitude de Wu Zetian vis-à-vis du
bouddhisme, elle abandonne cette année le titre de Maitreya qu’elle
porte 7 mois, quittant le côté spectaculaire et fastueux du
bouddhisme, elle se concentre davantage sur l’aspect méditatif et
scolastique, sous la tutelle de Fa Xiang (643-712) et Shen Xiu
(600-706), respectivement des courants Huayan et Chan. Mais, comme
les fidèles de Confucius, les bouddhistes lui refusent une totale
égalité sexuelle... En effet, selon le Sutra du lotus chapitre 11 :
« Apparition d'un temple » : « [...] C'est
qu'une femme ne peut obtenir, même aujourd'hui, les 5 places. Et
quelles sont ces 5 places ? La première est celle de Brahmâ -
la seconde, celle de Çakra - la troisième, celle de grand roi la
quatrième - celle de monarque universel - la cinquième, celle d'un
être d'Éveil incapable de retourner en arrière. »
Jusqu’en
687, elle fait la part royale au taoïsme dont les conceptions sur
les pratiques sexuelles justifient, pour la préservation de sa
santé, qu’elle ne se contente pas de l’empereur et se constitue,
à l'instar des empereurs hommes, un harem à sa convenance pour
tâcher d’épuiser son insatiable ardeur.
C’est
sûrement la levée de boucliers générale en 686 contre le
matriarcat qui commence à lui faire douter de l’efficacité de ses
conseillers taoïstes. Certaines mauvaises langues (les rédacteurs
de l’Histoire des Tang) prétendent que les autorités bouddhistes
l’ont en quelque sorte « gagnée » à leur cause en lui
envoyant un beau et vigoureux moine qui sait lui parler en privé de
la métempsycose et des Trois illusions de sorte que l'impératrice
se pense immédiatement être la réincarnation d’un bodhissattva.
Aimée et sûre de renaître un jour dans le Paradis de l’Ouest,
elle ne craint plus personne, pas même la famille royale qu’elle
tente d’exterminer en 688 : Profitant de la rébellion des
princes de sang, instiguée par Lo-Ping Wang, elle fait mettre à
mort du même coup, selon les Annales, plus de 3 000 personnes...
Voyant
sa santé décroître, elle retourne sans hésitation quelque 10 ans
plus tard vers les moyens de préservation de la vie professés par
le taoïsme et fait même rénover le temple de l’immortel taoïste
Wang Zijing.
Faut-il
voir dans cette décision la croyance en un lien avec ce prince,
portant le nom de sa dynastie (Zhou) avant d’être immortalisé, et
qui, grâce à sa flûte peut appeler un phœnix (animal
féminin/yin). C’est pourquoi Wu Zetian aime à se comparer au
phœnix et se sent des liens avec la créature : le Fils du Ciel
était, lui, aussi appelé le Dragon.
Elle
continue de mettre en place sa politique autocratique : Elle
restaure le recrutement des fonctionnaires à son idéal d'origine -
la sélection des meilleurs - en achevant l'instauration ébauchée
sous les Sui d'un système impartial d'examens dans lequel l'origine
familiale du candidat n'est plus un critère.
De
manière générale, elle recrute et promeut ses conseillers et
ministres sans considération de l'appartenance clanique. Cette
attitude lui a probablement conservé des partisans. Sur l'avis d'un
conseiller, elle met en place un système (tonggui 銅匭)
de délation, sous la forme de quatre urnes placées au palais où
l'on peut venir déposer des messages avertissant de situations
mettant le régime en danger. Un document précise que ces
informateurs (dénonciateurs) doivent être traités avec égard lors
de leur voyage vers et depuis la capitale...
Parallèlement,
elle emploie des « inquisiteurs » (kuli 酷吏)
chargés de soutirer par la torture des informations à ses ennemis,
et de les exécuter, particulièrement les membres et partisans du
clan Li, fondateur des Tang. Ce régime subsiste une dizaine
d'années, à l'issue desquelles, à peu près débarrassée des
opposants issus des grandes familles, Wu Zetian fait exécuter les
inquisiteurs eux-mêmes pour se laver aux yeux de l'opinion de sa
part de responsabilité dans cette institution fort critiquée...
Femme
d’autorité et femme d’action, c’est sous son règne que la
Chine recouvre en 692 les 4 garnisons du Tarim : Kartcha,
Karachahr, Kachgar et Khotan en réponse, les Turcs attaquent sans
relâche les provinces du Shanxi, du Shaanxi, du Gansu et du Hebei.
C’est presque chaque année que les kouchans font des razzia sur la
Chine de l’ouest.
Âgée
de 74 ans, elle rassemble ses enfants survivants et leur fait part
solennellement de sa décision de nommer prince héritier l'aîné
des deux fils survivants, qui sera brièvement l'empereur Zhongzong,
la tradition dit que le neveu évincé, Wu Chengsi (武承嗣),
en meurt de dépit.
En
704, elle tombe malade et ne peut plus rencontrer les ministres. Une
nouvelle rébellion a lieu en 705, menée par le premier ministre
Zhang Jian qui l'oblige à abdiquer en faveur de l'héritier, lequel
restaure la dynastie Tang.
Un
important objectif de ce coup d'État est de mettre fin aux
agissements de 2 favoris, les frères Zhang Yizhi (張易之)
et Zhang Changzong (張昌宗),
accusés d'être ses amants.
Seule,
encerclée par les conjurés, l’indomptable Wu continue jusqu'à
l'ultime seconde à leur tenir tête, tentant d’intimider son fils,
jusqu'à ce qu'elle soit contrainte, le couteau sous la gorge,
d’abdiquer.
Wu
Zetian se retire au palais de Shangyang (上陽宮)
au sud-ouest de Luoyang. Son fils lui décerne à titre de
consolation le titre de « Grand et saint empereur Zetian »
(Zetian Dasheng Huangdi 則天大聖皇帝).
Elle
meurt peu après. Dans le document qui relate ses dernières
volontés, dont on ignore d'ailleurs si elles sont réellement
siennes, elle demande que le titre d'empereur décerné par Zhongzong
soit transformé en « impératrice » et qu'on l'enterre
en tant que telle auprès de Gaozong. Elle rend leur position aux
familles de l'impératrice Wang et de Xiaoshufei, ainsi qu'aux
fonctionnaires et ministres démis pendant le régime des
inquisiteurs. Son nom posthume changera plusieurs fois pour se fixer
en 749 : « Impératrice Zetian Shunsheng » (Zetian
Shunsheng Huanghou 則天順聖皇后).
Wu
Zetian — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wu_Zetian
Seule,
Wu Zetian fonda sa propre dynastie, la dynastie Zhou (周),
deuxième de ce .... permettant ainsi chaque année à Wu Zetian de
montrer son importance et sa ... Selon Benett Peterson, dès 660,
l'empereur qui voyait son pouvoir s'affaiblir ...
Wu
Zetian - Travel China Guide
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Wu
Zetian was the only female emperor in Chinese history who actually
ruled ... Beginning in 660 when Emperor Gaozong caught an eye
disease, Wu began to ...
Termes
manquants : année
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