vendredi 31 juillet 2015

EN REMONTANT LE TEMPS...660

26 juillet 2015...

Cette page concerne l'année 660 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

ZU ZETIAN UNE FEMME AVIDE DU POUVOIR, EMPEREUR DE CHINE 

Wu Zetian (chinois simplifié : 武则天 ; chinois traditionnel : 武則天 ; pinyin : Wǔ Zétiān ; Wade : Wu³ Tse²-t'ien¹) est la seule impératrice de toute l'histoire de Chine : le titre et la fonction d'empereur est exclusivement réservés, dans le système impérial, aux hommes... Les femmes ne pouvant exercer provisoirement le pouvoir que dans le cadre d'une régence, d'un inter-règne, assistées le plus souvent d'un conseil de régence et sans jamais avoir le titre d'empereur.
Seule, Wu Zetian fonde sa propre dynastie, la dynastie Zhou (), deuxième de ce nom, dont elle est, sous le nom d' « empereur Shengshen » (聖神皇帝) de 690 à 705, la seule monarque.

Son ascension et son règne sont fortement critiqués par les historiens Confucianistes, certains aspects en ont été réévalués en Chine (après l'accession au pouvoir du Parti communiste) à partir des années 1950... (est-ce vraiment une référence)
L’époque des Tang est une époque relativement libre pour les femmes de Chine : La culture et l’éducation se transmettent alors plus généreusement aux filles, il n'est pas rare de voir des femmes contribuer aux arts picturaux, poétiques ou littéraires voire à la politique.
Il n’est donc pas étonnant que la belle Wu soit initiée aux œuvres classiques, à la peinture, la danse, la musique et à la poésie.
La tradition la fait naître en 625 à Chang an, capitale de l’Empire mais les annales indiquent que son père est magistrat dans le Sichuan lors de sa naissance.
Son prénom n'est pas mentionné dans les annales officielles. Plus tard elle se donne le nom de Wu Zhao (武曌), pour lequel elle fait créer un caractère jusqu'alors inexistant.
Son père, Wu Shihuo (武士彠) (577-635), un maître d'œuvre, a su se faire des relations dans l'exercice de son travail. Il a ainsi accédé à un poste de sous-officier, puis s'est distingué lors de la campagne militaire de 617, obtenant finalement le titre enviable de duc de Taiyuan (Taiyuandu gong 太原郡公) (Shanxi), région d'origine de la famille Wu. L'empereur Gaozu lui a fait épouser en secondes noces une femme approchant la quarantaine, fille d'un parent de la famille impériale Sui nommé Yangda (楊達). Elle donne le jour à 3 filles dont la future impératrice. Devenue veuve, il semble qu'elle n'ait guère reçu de soutien de la part de sa famille d'origine et encore moins de ses demi-frères.

D’une beauté incroyable Wu Zetian a tempérament d’acier, une anecdote bien connue raconte que l’empereur Taizong a un cheval appelé « Lion » tant il est sauvage et que personne n’arrive à le contrôler, la belle Wu se propose de dominer la bête si on lui donne 3 choses : un fouet de fer, un marteau de fer et une dague... D’abord, elle fouettera le cheval, puis s’il refuse toujours d’obéir, elle se propose de le frapper avec le marteau et s’il se montre toujours rebelle de lui trancher la gorge... ?!

Voici comment son ennemi politique, le poète Lo-Ping Wang la décrit :
« Des sourcils arqués comme des antennes de papillon
Ne consentant pas à céder aux autres femmes.
Cachée derrière sa manche, elle s’applique à calomnier.
Son charme de renarde a le pouvoir particulier d’ensorceler le maître. »

La famille Wu s'est élevée au-dessus de la condition ordinaire, mais l'ascension du père est trop récente pour en faire une authentique grande famille. C'est donc en concubine de modeste extraction aux yeux de la cour qu'entre 12 et 14 ans elle accède au gynécée de Taizong avec le grade de « talentueuse » (cairen 才人), l'un des plus bas.
Selon la tradition, elle reçoit un nouveau prénom : elle sera désormais Mei (). Il semble que, dès cette période, elle entretient une relation privilégiée avec le dauphin Li Zhi, futur empereur Gaozong.

En 649, l’empereur décède des suites d’une longue maladie contractée en 645 et la belle Wu ainsi que toutes les « veuves » sans enfant sont envoyées dans un monastère. Elle reste au temple de Ganyesi (感業寺) jusqu’à ses 28 ans, c'est-à-dire pendant environ 3 ans (pour les sinologues Danielle Elisseeff et Barbara Benett Peterson)... Ce n’est qu’à l’occasion d’un pèlerinage dans ce temple que le jeune empereur Gaozong remarque la belle Wu pour la première fois, déplorant que « la rigueur de la tradition gâche sans discernement les richesses de la nature », mais il est permis de douter d’une rencontre aussi romanesque qu’improbable, juste à la fin de la période de deuil.
Quoi qu'il en soit, en tant qu’ancienne concubine de son propre père, il ne peut en faire la sienne sans commettre d’inceste.
A cette époque, la cour des Tang subit l’influence des coutumes « barbares » (le lévirat Mongol) au point que le tabou d’un tel procédé est sinon effacé du moins bien diminué : « Chez les nomades, on n’écarte jamais les femmes, le mâle survivant, frère ou fils, les prennent toutes en charge ».
Par ailleurs la première épouse, issue de la famille Wang (Wanghuanghou), encore stérile, en veut « à la terre entière » et craint que le jour où le Fils du Ciel désignera son successeur ne marque la fin de son titre d'impératrice. Elle voit alors en Dame Wu, à la beauté proverbiale, un moyen de saper l’influence de Xiaoshufei (蕭淑妃), la seconde épouse auprès du Fils du Ciel, elle fait donc sortir la belle, dont son mari lui a vanté les charmes inemployés, de sa retraite forcée.

Quand le jeune empereur Gaozong la revoit, il en devient fou au point d’oublier les épineuses questions de sa succession. Il chasse les conseillers, qui l’implorent de ne pas s'engager avec une telle femme, et l’accueille dans son gynécée à nouveau avec le rang de cairen. Dans un premier temps, tout marche comme prévu et Xiaoshufei se désole d’être tombée en disgrâce. Mais la première épouse sous-estime l’ambition de la belle Wu. Depuis son retour au palais, elle manifeste une aptitude qu'on ne lui connaissait pas du temps de Taizong à se faire des alliances et nouer des intrigues, ainsi qu'une ambition personnelle qui va s'avérer peu commune.
Tandis que sa faveur auprès de Gaozong grandit, elle se tisse un réseau de fidèles et rallie les ennemis de l'impératrice. Toujours concubine, son grade s'est élevé considérablement. Accédant au rang de zhaoyi (昭儀), elle est désormais la 5e dame du palais dans la hiérarchie du gynécée, et la première pour l'influence auprès de Gaozong.

Cependant, pour son malheur, son premier enfant est une fille, ce qui ne peut lui valoir que les railleries de sa rivale. Wu Zetian a alors, d'après certains historiographes, étouffé elle-même son enfant, juste après la visite rituelle que la première épouse lui rend après l'accouchement, sachant que l'empereur doit venir juste après.
Ainsi, c'est l'empereur qui découvre lui-même le bébé mort dans son berceau, dans la pièce voisine de la chambre. Wu Zetian tire profit de cette coïncidence pour laisser les soupçons se porter sur la première épouse. Devant le manque de preuves, l’empereur reste circonspect et suit l’avis de ses conseillers, qui sont de ne pas se mêler de ces histoires de femmes.
La belle Wu a tout perdu et la première épouse garde sa fonction officielle. Son ambition inassouvie, pleine de rancœur, n'ignorant pas que l’empereur finira par se lasser d’elle car sa beauté ne durera pas toujours, elle décide d’agir vite. Elle accuse la première et la seconde épouse de sorcellerie.
Transi de frayeur superstitieuse, le Fils du Ciel n’écoute plus un mot de ses conseillers et tombe droit dans le piège.
Il laisse carte blanche à l’ambitieuse Wu pour débrouiller ces affaires de magie noire : La sorcellerie est affaire de femme... Forte de ses appuis au Palais Impérial, elle fait arrêter les deux femmes et les soumet à l’horrible supplice que Dame Lü avait autrefois imaginé pour se venger de sa propre rivale : Bras et jambes coupés, elle les fait jeter dans une cuve de vinaigre qui, en cautérisant partiellement les plaies, prévient ainsi une mort trop rapide et prolonge 3 jours durant leur atroce agonie.
Même les exécutants de la torture, pourtant endurcis, gardent, dit-on, un souvenir terrible de ces corps mutilés et des deux bouches ouvertes proférant des malédictions rendues plus effrayantes encore car la douleur les rend incompréhensibles… Selon Grousset, c’est parce qu’elles ont continué de voir l’empereur même une fois répudiées que la terrible Wu leur a fait subir un tel châtiment.

Dame Wu passe des nuits à pratiquer des rituels magiques pour se débarrasser des deux fantômes qui viennent la hantée. Mais l’empereur est bien trop effrayé pour en juger clairement, mieux encore, c’est éperdu de reconnaissance qu’il lui accorde la place tant convoitée de première épouse malgré les grincements de dents des conseillers du Dragon, qui lui donnent alors le titre de Zetian, littéralement : « selon la volonté du Ciel ». Elle est alors âgée de 32 ans. Depuis le retour du monastère, il ne lui aura fallu que 4 ans pour parvenir au plus haut degré de l’État accessible à une femme, mais l’ambition de la belle Wu ne peut s’arrêter à la limite que lui impose son sexe...

Son ascendant sur l’empereur ne fait que s’accroître, à mesure que la santé fragile de l’empereur se dégrader... 5 ans après que Wu Zetian a commencé à siéger à ses côtés, dissimulée derrière un voile de gaze ou de soie, conformément aux rites, elle dirige en secret les affaires de la cour. Elle brûle d’une ambition démesurée, repoussant les traditions Confucianistes qu'elle ressent comme une insulte et une humiliation. Elle trouve dans le rituel de sacrifice fengshan de l’année 666 une occasion de le signifier à la cour. En effet, traditionnellement, l’empereur effectue chaque année un rituel sacrificiel au ciel et à la terre, destiné à attirer la bienveillance céleste sur les récoltes de l'empire. Mais Wu Zetian manifeste son étonnement 
Le ciel, yang, est associé au masculin, mais la terre, yin, est associée au féminin... Elle prétend donc que c'est à une femme de procéder au sacrifice à la terre.

Les lettrés impériaux sont aussi choqués qu’embarrassés : Rien dans la tradition ne mentionne la nécessité qu’un sexe ou l’autre procède au rituel, qui est l'attribution exclusive de l'Empereur, seul lien entre le Ciel et la Terre... L’empereur se range aux arguments de la belle Wu, et les lettrés à court d’arguments ne peuvent que s’incliner.
L'empereur abandonne le rituel de la terre, permettant ainsi chaque année à Wu Zetian de montrer son importance et sa nécessité au bon fonctionnement de l’Empire.

Une autre de ses réclamations concerne le titre de l’impératrice, arguant que l’Empereur est appelé Fils du Ciel (天子), son alter ego féminin doit être appelée logiquement Impératrice Céleste (TianHou). Encore une fois le Dragon n’a rien à objecter. Si l'on en croit un document résumant ses « douze propositions » (jianyanshiershi 建言十二事), elle fait preuve d'une certaine sagesse politique : Elle préconise une baisse des impôts - des efforts en direction de l'agriculture - l'encouragement de l'expression des opinions de différentes sources - elle a aussi beaucoup fait pour le statut des femmes.

D’après Sherry J. Mou, si elle sait manifester rudesse et cruauté envers ses opposants, elle ne montre jamais de volonté « proto-féministe » à travers les réformes sociales que son gouvernement promulgue.
Elle fait pourtant beaucoup pour les femmes, leur éducation, leur bien-être et leur accès aux examens et aux postes officiels. Ses « douze décrets » ou « douze propositions » stipulent, dès 674, qu’il faut harmoniser les relations entre belles-sœurs - organiser des funérailles publiques pour les femmes sans-abri - prendre soin des veuve - organiser des centres de soins pour femmes - des hospices pour vieilles femmes - des maisons pour les jeunes filles - des temples pour les nonnes vouées à la chasteté.

La proposition la plus significative, ou du moins celle qui provoque le plus de remous à la cour est l’augmentation à 3 ans de la période de deuil pour rendre hommage à la mort de la mère, à l’égal de celle du père, que celui-ci soit vivant ou non.
Dans l'esprit de l'époque, la chose est loin d’être anodine et ce n’est qu’à grand renfort de menaces et de pressions pécuniaires que l’Impératrice Céleste réussit à faire adopter son décret.

Mais malgré son esprit de brigue, son absence de moralité et ses pratiques de sorcellerie, la nouvelle impératrice est très férue de gestion politique et a même démontré une grande ouverture d’esprit, presque humanitaire... Elle préconise une baisse des impôts pour encourager le travail agraire des hommes et la sériciculture des femmes, et s’oppose aux corvées qu’elle veut proscrire. Elle désire aussi diminuer l’importance de l’armée, qu’elle n’aime pas, afin de la garder seulement comme un moyen d’« éducation morale » pour le peuple.
Elle favorise une plus libre expression des critiques sans doute dans le but de mieux repérer les contestataires pour les éliminer plus vite.

Les Annales de la Cour racontent comment l'épuisement chronique du jeune empereur évolue en une terrible maladie qui fait enfler son visage et le rend presque aveugle Son médecin prescrit des ponctions des parties tuméfiées. Wu Zetian s’écrie que porter la main sur la face de l’empereur est un crime de lèse-majesté passible de mort. Le médecin tient bon, pratique les ponctions et la vue de l’empereur se dégage […]. Feignant alors d’être ravie, elle court chercher 100 pièces de soie qu’elle offre elle-même par brassées au médecin. Mais un mois plus tard, on apprend que l’Empereur est retombé soudainement malade et qu’il vient de décéder sans témoin (27 décembre 683) ». Les historiens laissent clairement planer un soupçon sur la responsabilité de Wu Zetian dans la mort de l’empereur.

Wu Zetian prépare d'ores et déjà son accession à la position d'empereur. Elle change le nom de Luoyang en Shendu (ville divine 神都), dévoilant ainsi son intention de déplacer la capitale de l'empire, et attribue de nouveaux titres aux fonctionnaires du palais. L'intention qui se cache derrière ces transformations n'échappe pas à un certain nombre d'opposants qui cherchent à y mettre fin.

En 684, elle doit faire réprimer une révolte menée par Xujingye (徐敬業), un dignitaire banni. Cherchant déjà une légitimation spirituelle, en avril 688 Wu Zetian commence sa propagande personnelle : Elle demande à son neveu du clan Wu de faire graver une stèle de 8 caractères (聖母臨人,永昌帝業) où on peut lire : « La sage mère est descendue sur la terre » également traduit : « avènement d'une sainte mère qui reprendra avec éclat la fonction impériale ». Puis elle fait en sorte que la stèle soit trouvée dans la rivière Luo, dont serait jadis « sortis » dit-on les symboles du Yi Jing. Les partisans de la belle Wu veulent accréditer l'idée que Wu Zetian est investie du Mandat Céleste. Elle change alors le nom de l'ère en Yongchang (永昌) : éternité et prospérité ; il y aura ainsi 18 changements d'ère durant son règne. Elle se fait attribuer par Ruizong et les ministres l'appellation révérencielle de « Sainte mère et empereur divin » (Shengmu Shenhuang 聖母神皇). Pour mieux imprimer sa marque, elle fait également créer par le lettré Zong Qinke une dizaine de nouveaux caractères qui devront remplacer les sinogrammes d'origine...

Enfin en 690, le jour de la fête du double neuf, elle dégrade Ruizong au rang de simple prince héritier et s’autoproclame « empereur de la dynastie Zhou » (), prétendant descendre de l'antique dynastie Zhou, dont elle fait le premier roi, Wenwang, le fondateur de sa propre dynastie sous le nom d'empereur Shizuwen (Shizuwen Huanggdi 始祖文皇帝).
Quant à son père, elle le fait nommer empereur Xiaoming (Xiaoming Gaodi 孝明高皇) à titre posthume et prend elle-même le nom de règne d’empereur Shengshen (Shengshen Huangdi 聖神皇帝). Son neveu préféré, Wu Chengsi (武承嗣), reçoit également un titre... Après avoir été nommée impératrice en 690, elle se fait décerner le titre de « Roue d’or, Divine Impératrice de Sagesse ». Ses titres varient au cours des années : la Roue d’or Éternelle - la Divine Roue d’or Douée - Maitreya, c'est-à-dire le Bouddha-à-venir, sorte de Messie Bouddhique.

La nouvelle est colportée par l’entremise des moines qui, la même année, écrivent un commentaire du Sutra du Nuage Supérieur dans lequel ils présentent l’impératrice comme l’incarnation terrestre de Maitreya.
Wu Zetian fait alors construire le Monastère du Nuage Supérieur où Maitreya est l’icône la plus représentée.
Le bouddha géant de Dunhuang, site appelé aussi grottes de Mogao ou grottes des 1 000 bouddhas (patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987) dans la grotte no 96 est dit-on représenté avec les traits de l’impératrice et le bouddha Vairocana de la grotte de Fengxian à Longmen sont autant de reliefs du règne très marqué par le bouddhisme de Wu Zetian.

En cela, on peut affirmer que le bouddhisme trouve son plus puissant promoteur en l’Impératrice Wu Zetian. En cooptant le bouddhisme, Wu contrebalance le taoïsme qu’embrassait totalement le clan royal d’alors, une manière pour elle de s’affranchir encore de la légitimité de la famille royale Li, le clan fondateur des Tang, en allant chercher dans sa propre famille les fondements de son Empire.
Victime des moyens par lesquels elle s'est hissée au sommet de l’empire et visiblement superstitieuse, elle craint toujours les présages et les augures autant que les traîtrises et les coups d’État... De 401 à 690, le ShaZhou Tujing (Géographie du district de Sha) enregistre trente présages de bon augure dont 10 sous le règne de Wu Zetian : Une forte concentration quand son règne effectif n’a pas duré 30 ans. Au moment de sa prise de règne par exemple, de nombreuses provinces signalent que des poules se sont changées en coqs, comme pour marquer l’accord du ciel à son coup d’état...
L’intérêt de Wu pour le bouddhisme est peut-être sincère et pas uniquement politique : Wu Zetian fait faire plusieurs milliers de copies du Sutra du Lotus à la mort de sa mère afin que les moines de tous les temples de l’Empire se recueillent dans un deuil bouddhique.

En 657, la cour impériale publie un décret qui dispense les moines de rendre hommage à leurs parents la chose est d’importance dans un pays aussi marqué par le confucianisme mais le bouddhisme, en imposant aux moines de quitter leur propre famille et de pratiquer l’abstinence sexuelle, entame déjà le cadre de la famille Confucéenne.
Puis, 5 ans plus tard, elle change de politique : La cour décrète à nouveau que les moines doivent rendre les hommages coutumiers à leur parents : Wu Zetian doit-elle céder aux pressions des conservateurs ou songe-t-elle à elle-même, son fils entrant dans sa 10e année, alors que sous son règne, la piété filiale s'est tournée vers la mère ?

En 684 la cour décide que la mère de Laozi sera vénérée comme l’Impératrice Choisie des Anciens Temps (Xiantian Taihou).
Fait plus marquant : Elle accorde son soutien au pèlerin Yin Ling qui ramène des textes sanscrits après une pérégrination de 24 années et qui consacre le reste de sa vie à traduire les textes qu’il a ramené.

Cependant 695 marque un tournant dans l’attitude de Wu Zetian vis-à-vis du bouddhisme, elle abandonne cette année le titre de Maitreya qu’elle porte 7 mois, quittant le côté spectaculaire et fastueux du bouddhisme, elle se concentre davantage sur l’aspect méditatif et scolastique, sous la tutelle de Fa Xiang (643-712) et Shen Xiu (600-706), respectivement des courants Huayan et Chan. Mais, comme les fidèles de Confucius, les bouddhistes lui refusent une totale égalité sexuelle... En effet, selon le Sutra du lotus chapitre 11 : « Apparition d'un temple »  : « [...] C'est qu'une femme ne peut obtenir, même aujourd'hui, les 5 places. Et quelles sont ces 5 places ? La première est celle de Brahmâ - la seconde, celle de Çakra - la troisième, celle de grand roi la quatrième - celle de monarque universel - la cinquième, celle d'un être d'Éveil incapable de retourner en arrière. »

Jusqu’en 687, elle fait la part royale au taoïsme dont les conceptions sur les pratiques sexuelles justifient, pour la préservation de sa santé, qu’elle ne se contente pas de l’empereur et se constitue, à l'instar des empereurs hommes, un harem à sa convenance pour tâcher d’épuiser son insatiable ardeur.
C’est sûrement la levée de boucliers générale en 686 contre le matriarcat qui commence à lui faire douter de l’efficacité de ses conseillers taoïstes. Certaines mauvaises langues (les rédacteurs de l’Histoire des Tang) prétendent que les autorités bouddhistes l’ont en quelque sorte « gagnée » à leur cause en lui envoyant un beau et vigoureux moine qui sait lui parler en privé de la métempsycose et des Trois illusions de sorte que l'impératrice se pense immédiatement être la réincarnation d’un bodhissattva. Aimée et sûre de renaître un jour dans le Paradis de l’Ouest, elle ne craint plus personne, pas même la famille royale qu’elle tente d’exterminer en 688 : Profitant de la rébellion des princes de sang, instiguée par Lo-Ping Wang, elle fait mettre à mort du même coup, selon les Annales, plus de 3 000 personnes...

Voyant sa santé décroître, elle retourne sans hésitation quelque 10 ans plus tard vers les moyens de préservation de la vie professés par le taoïsme et fait même rénover le temple de l’immortel taoïste Wang Zijing.
Faut-il voir dans cette décision la croyance en un lien avec ce prince, portant le nom de sa dynastie (Zhou) avant d’être immortalisé, et qui, grâce à sa flûte peut appeler un phœnix (animal féminin/yin). C’est pourquoi Wu Zetian aime à se comparer au phœnix et se sent des liens avec la créature : le Fils du Ciel était, lui, aussi appelé le Dragon.

Elle continue de mettre en place sa politique autocratique : Elle restaure le recrutement des fonctionnaires à son idéal d'origine - la sélection des meilleurs - en achevant l'instauration ébauchée sous les Sui d'un système impartial d'examens dans lequel l'origine familiale du candidat n'est plus un critère.
De manière générale, elle recrute et promeut ses conseillers et ministres sans considération de l'appartenance clanique. Cette attitude lui a probablement conservé des partisans. Sur l'avis d'un conseiller, elle met en place un système (tonggui 銅匭) de délation, sous la forme de quatre urnes placées au palais où l'on peut venir déposer des messages avertissant de situations mettant le régime en danger. Un document précise que ces informateurs (dénonciateurs) doivent être traités avec égard lors de leur voyage vers et depuis la capitale...

Parallèlement, elle emploie des « inquisiteurs » (kuli 酷吏) chargés de soutirer par la torture des informations à ses ennemis, et de les exécuter, particulièrement les membres et partisans du clan Li, fondateur des Tang. Ce régime subsiste une dizaine d'années, à l'issue desquelles, à peu près débarrassée des opposants issus des grandes familles, Wu Zetian fait exécuter les inquisiteurs eux-mêmes pour se laver aux yeux de l'opinion de sa part de responsabilité dans cette institution fort critiquée...

Femme d’autorité et femme d’action, c’est sous son règne que la Chine recouvre en 692 les 4 garnisons du Tarim : Kartcha, Karachahr, Kachgar et Khotan en réponse, les Turcs attaquent sans relâche les provinces du Shanxi, du Shaanxi, du Gansu et du Hebei. C’est presque chaque année que les kouchans font des razzia sur la Chine de l’ouest.

Âgée de 74 ans, elle rassemble ses enfants survivants et leur fait part solennellement de sa décision de nommer prince héritier l'aîné des deux fils survivants, qui sera brièvement l'empereur Zhongzong, la tradition dit que le neveu évincé, Wu Chengsi (武承嗣), en meurt de dépit.

En 704, elle tombe malade et ne peut plus rencontrer les ministres. Une nouvelle rébellion a lieu en 705, menée par le premier ministre Zhang Jian qui l'oblige à abdiquer en faveur de l'héritier, lequel restaure la dynastie Tang.
Un important objectif de ce coup d'État est de mettre fin aux agissements de 2 favoris, les frères Zhang Yizhi (張易之) et Zhang Changzong (張昌宗), accusés d'être ses amants.
Seule, encerclée par les conjurés, l’indomptable Wu continue jusqu'à l'ultime seconde à leur tenir tête, tentant d’intimider son fils, jusqu'à ce qu'elle soit contrainte, le couteau sous la gorge, d’abdiquer.
Wu Zetian se retire au palais de Shangyang (上陽宮) au sud-ouest de Luoyang. Son fils lui décerne à titre de consolation le titre de « Grand et saint empereur Zetian » (Zetian Dasheng Huangdi 則天大聖皇帝).
Elle meurt peu après. Dans le document qui relate ses dernières volontés, dont on ignore d'ailleurs si elles sont réellement siennes, elle demande que le titre d'empereur décerné par Zhongzong soit transformé en « impératrice » et qu'on l'enterre en tant que telle auprès de Gaozong. Elle rend leur position aux familles de l'impératrice Wang et de Xiaoshufei, ainsi qu'aux fonctionnaires et ministres démis pendant le régime des inquisiteurs. Son nom posthume changera plusieurs fois pour se fixer en 749 : « Impératrice Zetian Shunsheng » (Zetian Shunsheng Huanghou 則天順聖皇后).

Wu Zetian — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wu_Zetian
Seule, Wu Zetian fonda sa propre dynastie, la dynastie Zhou (), deuxième de ce .... permettant ainsi chaque année à Wu Zetian de montrer son importance et sa ... Selon Benett Peterson, dès 660, l'empereur qui voyait son pouvoir s'affaiblir ...

Wu Zetian - Travel China Guide
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Wu Zetian was the only female emperor in Chinese history who actually ruled ... Beginning in 660 when Emperor Gaozong caught an eye disease, Wu began to ...
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