mardi 10 mars 2015

EN REMONTANT LE TEMPS...801

9 MARS 2015...

Cette page concerne l'année 801 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LA MYSTIQUE SOUFISME


Elle a prêché l’amour de Dieu jusqu’à son dernier souffle, mais difficile de séparer l’histoire de la légende…
On ne peut, aujourd’hui, évoquer le soufisme sans la mentionner. Rabiâ Al Âdawiyya, sainte mystique du VIIIe siècle. Surnommée la « Couronne des hommes » (taj ar-rijal), car son enseignement dépasse celui de nombre de maîtres spirituels.

Ancienne esclave affranchie qui renonce jusqu'au mariage pour ne se consacrer qu’à Dieu, Rabi’a al-Adawiya est une figure majeure de la spiritualité soufie. Son immense rayonnement lui vaut la vénération de ses contemporains et les maigres écrits qu'il nous reste d'elle en font également l'un des premiers chantres de l'amour divin. Pour les soufis, elle est connue comme « la Mère du Bien ».

Dans cet âge classique du soufisme, Rabia explore, comme d'autres, les sentiers de cette mystique... La légende raconte qu'elle a été vue dans les rues de Bagdad, portant un seau dans une main et une torche dans l'autre et criant qu'elle part éteindre les feux de l'enfer et incendier le paradis.
Un passant l'arrête et l'interroge sur le sens de ses dires : Elle répond que les personnes d'aujourd'hui (guère plus d'un siècle après la mort du prophète de l'islam Mahomet) n'adorent Dieu que par intérêt (la crainte de son courroux ou la récompense de ses grâces) alors que la vraie dévotion consiste à ne l'adorer que pour Lui, par pure aspiration à contempler Sa Face.

Rabia est peut-être la première grande voix du soufisme. Ces ascètes des premières heures de l'Islam sont à cette époque en marge de la société et apparaissent tels des avertisseurs pour le peuple, démontrant par leur existence même la vanité de certains musulmans d'enfermer l'esprit dans la lettre.
Ainsi rejette-t-elle l'état par lequel l'humanité se conforte dans l'insouciance ou la facilité et que les soufis jugent à l'opposé d'un état de quête.
Cette première mouvance spirituelle se structurera plusieurs siècles plus tard dans ce qu'on appellera des Confréries soufies.

La Vie de Râbi'a Al-'Adawiyya est la figure qui illustre par excellence la sensibilité de l’amour spirituel féminin.
Elle est parmi les autres saintes, celle qui a le plus exprimé son Amour pour Le Seigneur par ses actes, ses paroles et ses poèmes.
Elle refuse la demande en mariage, faite par de riches et pieuses personnes, et mène une vie de célibat consacrée exclusivement à la dévotion, à la contemplation et au pur Amour de Dieu... En ce sens, elle contribue grandement à l’apparition de cette piété féminine qui va marquer de son empreinte toute la postérité.

Grâce à ses nombreux disciples, son rayonnement spirituel demeure vivace et son expérience personnelle continue de susciter bien des vocations jusqu’à nos jours.
Ces disciples ont su transmettre sa doctrine d’Amour que résume cette confidence de Râbi'a : « Mon Dieu, si je t’adore par crainte de ton Enfer, brûle-moi dans ses flammes, et si je t’adore par convoitise de Ton Paradis, prive m’en. Je ne t’adore, Seigneur, que pour Toi. Car Tu mérites l’adoration. Alors ne me refuse pas la contemplation de Ta Face majestueuse. »

Elle ne se conforme pas aux vérités acquises. Sa mission est d’éveiller ses compagnons et leur apprendre la sincérité avec Dieu.

- En quoi consiste la générosité ?
- La générosité consiste à L’adorer par amour pour Lui-même,
sans avoir en vue des récompenses ni des rétributions !

La Joie du Jugement Dernier
On demanda à Rabi’a : « Quelle grâce veux-tu obtenir en priant avec une telle fréquence et avec tant d’ardeur ? » 
 Elle répondit :
« Je ne désire aucune récompense pour mes bonnes actions. Je le fais pour que, le jour de La Résurrection, le Prophète Muhammad (que Dieu lui accorde le salut et la paix) éprouve de la joie et dise à tous les autres Prophètes (que Dieu leur accorde le salut) : « Regardez bien cette femme de ma communauté ! Voici ses bonnes actions ! »

Quelques dévots vont trouver Rabi’a, la trouvant couverte d’un vêtement déchiré, ils lui disent :
« Bien des gens te donneraient une aide si tu la leur demandais ! »
Elle regarde le ciel et leur répond : « Je rougirais de demander des biens de ce-monde à qui que ce soit. Ces biens n’appartiennent à personne en vérité. Ce sont des prêts entre les mains de leurs propriétaires ! »

« Entre l’amant et le bien-aimé, il n’y pas de distance, ni de parole, que par la force du désir, ni de description, que par le goût.
Qui a goûté, a connu. Et qui a décrit ne s’est pas décrit. En vérité, comment peux-tu décrire quelque chose, quand en sa présence tu es anéanti ?
En son existence, tu es dissout ?
En sa contemplation, tu es défait ?
En sa pureté, tu es ivre »

 Rabi'a al-Adawiyya, issue des Al-Atik, une tribu des Kaïs, serait née en 713.
Quatrième fille (d'où son nom de Rabi'a : quatrième) d'une famille très pauvre, s'il faut en croire Attar, elle se retrouve très tôt orpheline...Vendue comme esclave, elle est remise en liberté, rapporte la tradition, par son maître qui la découvre un jour absorbée dans la prière et enveloppée de lumière.

D'autres sources affirment qu'elle a été joueuse de flûte et prostituée. Au sortir de cette période trouble de sa vie, Rabi'a se retire dans le désert, puis à Basra (dans l'actuel Irak). Là, un petit cercle de disciples commence à se former autour d'elle, recueillant ses enseignements et ses conseils. Il faut citer parmi eux Malik b. Dinar, Rabah al-Kaïs, Sufyan al-Thawri et Shakik al-Balkhi.

Peu à peu, la renommée de Rabi'a s'étend et les plus grands savants et politiques de son temps s'honorent de lui rendre visite dans sa misérable habitation.
Sa vie d'extrême ascétisme et de réclusion attire le respect de tous. Son enseignement suscite étonnement et admiration. L'amour mystique et la communion avec la Divinité en constituent les thèmes centraux. Pour qui aime d'un tel amour, la recherche du Paradis, la crainte de l'Enfer, la vénération du Prophète perdent toute signification.

Bien avant Hallaj et les grand soufis, Rabi'a est ainsi l'une des premières à dépasser la démarche ascétique traditionnelle pour appeler à l'union parfaite avec Dieu et la célébrer dans des poèmes d'une brûlante ferveur.
En cela son influence est déterminante et une femme, Rabi'a, peut être tenue pour l'un des maîtres fondateurs de la mystique musulmane.

Rabi'a meurt à Basra, âgée de près de 90 ans, en 801. Une tradition, plus vraisemblablement relative il est vrai à Rabi'a al-Shamiyya, rapporte que Rabi'a est enterrée à Jérusalem, sur le Mont des Oliviers, et que sa tombe devient un lieu de pèlerinage...

Selon la nouvelle édition de l’Encyclopédie de l’Islam, parue en 1995, son existence historique ne fait pas de doute, mais les traditions qui la concernent comportent « une très large part de légende qu’il n’est guère possible aujourd’hui de distinguer des données authentiques ».

C’est donc la légende de sa vie et de ses enseignements que l’on peut rapporter aujourd’hui à son propos, une légende tissée au fil des siècles et imaginée par ses coreligionnaires et ses biographes, dont le célèbre Abd ar-Raouf ibn Taj al-Arifîn al-Munaoui, spirituel soufi Égyptien, du XVIe siècle au Caire.

Un autre de ses biographes est le célèbre maître soufi Farid al-Dîn Al Attar, poète mystique persan du XIIe/XIIIe siècles. Dans son ouvrage de référence, La Conférence des Oiseaux, Al Attar affirme que Rabiâ Al Âdawiyya n’est « pas une femme ordinaire, mais plutôt l’équivalente de 100 hommes :
Transpercée par la quintessence de la douleur, plongée de la tête aux pieds dans la Vérité-Réalité, disparue dans la radiance divine et libérée de tous les excès superflus ».

La nuit où Râbi'â vient sur terre, il n'y a rien dans la maison de son père, qui est très pauvre : Pas même une goutte d'huile ni un morceau de tissu pour l'envelopper.

« Va demander à notre voisin un peu d'huile, que j'allume la lampe », dit sa femme. Or, le père avait fait vœu de ne jamais rien demander à personne... Il s'en va donc, et se contente de poser la main sur la porte du voisin, puis il revient, « Ils n'ouvrent pas la porte », dit-il. La pauvre femme pleur amèrement. Plein d'angoisse, le père s'endort, et voit en songe le Prophète.

« Ne t'afflige pas, lui dit le Prophète, cette petite fille qui vient de naître est une reine d'entre les femmes, qui priera pour 70 000 membres de ma communauté. Va demain chez Isa-e Zadan, le gouverneur de Basra. Écris sur un bout de papier ce qui suit :
« Chaque nuit, tu m'adresses 100 bénédictions, et chaque nuit de Vendredi, 400 cents. Hier soir, était Vendredi, et tu m'as oublié. En expiation, remets à cet homme 400 dinars légitimement acquis. »

Se réveillant, le père de Râbi'â fond en larmes, écrit ce que le Prophète lui a dicté, et envoie le message au gouverneur par l'entremise d'un chambellan.

« Donnez aux pauvres 2 000 dinars en remerciement de ce que le maître se soit souvenu de moi », ordonne le gouverneur lorsqu'il prend connaissance de la missive, « Donnez aussi 400 dinars au sheikh, et dites-lui : « Je souhaite que tu viennes afin que je puisse te voir. Mais je ne trouve pas convenable qu'un homme comme toi se dérange pour venir chez moi.
Je préfère frotter ma barbe sur ton seuil. Toutefois, je t'en adjure par Dieu, si tu as besoin de quoi que ce soit, fais-le moi savoir. » Le père de Râbi'â prend l'or et achète tout ce qui lui est nécessaire.

Quand Râbi'â est un peu plus âgée, son père et sa mère meurent la famine qui sévit à Basra, et ses sœurs sont dispersées. Râbi'â s'aventure dehors, et un mauvais homme s'empare d'elle et la vend pour 6 dirhams. Son maître la fait travailler durement.
Un jour, elle marche sur la route quand un étranger s'approche. Râbi'â s'enfuit... En courant, elle tombe de tout son long et se démet la main.

« Seigneur Dieu, s'écrie-t-elle en se prosternant face contre terre, je suis étrangère, orpheline de père et de mère, prisonnière impuissante, la main brisée. Cependant, je ne m'afflige pas. Tout ce que je désire, c'est Ton bon plaisir, savoir si Tu es ou non satisfait de moi. »... « Ne pleure pas, lui dit une voix. Demain, tu auras un « degré » tel que les chérubins du ciel t'envieront. »

Râbi'â retourne donc chez son maître. Le jour, elle jeûne et sert Dieu, et la nuit elle se tient debout en prière jusqu'au jour. Une nuit, son maître se réveille, et, regardant par la fenêtre de sa chambre, aperçoit Râbi'â qui se prosterne en disant :
« O Seigneur, Tu sais que le désir de mon cœur est de me conformer à Tes ordres et que la lumière de mes yeux est de Te servir. Si la chose ne dépendait que de moi, je ne cesserais pas une seule heure de Te servir; mais c'est Toi-même qui m'as soumise à une créature. »
Ainsi prie-t-elle. Son maître voit une lanterne suspendue sans aucune chaîne au-dessus de la tête de Râbi'â, sa lumière illumine toute la maison.

Voyant cela, il s'effraie, et réfléchit jusqu'à l'aube. Au lever du jour, il appelle Râbi'â, lui témoigne de la bienveillance et la libère. « Permets-moi de partir », lui dit-elle.
Il accepte.
Et elle va dans le désert. De là, elle se rend à un ermitage où elle sert Dieu quelque temps.
Puis elle résout d'accomplir le pèlerinage, se dirige vers le désert, attachant le paquet de ses affaires sur un âne. En plein désert, l'âne meurt.

« Laisse-nous porter ton fardeau », lui disent les hommes de la caravane.
« Continuez votre chemin, dit-elle. Je ne suis pas venue en mettant ma confiance en vous. » Les hommes partent donc, et Râbi'â reste seule,
« O mon Dieu, s'écrie-t-elle, les rois traitent-ils ainsi une femme qui est étrangère et impuissante ? Tu m'as invitée dans Ta maison, puis au milieu du chemin Tu as permis que meure mon âne, me laissant seule dans le désert. »

A peine a-t-elle fini sa prière, que l'âne bouge et se relève. Râbi'â place son ballot sur son dos et poursuit son chemin. (Le narrateur de cette histoire raconte que quelque temps après il a vu ce petit âne vendu au marché.)

Elle voyage quelque temps dans le désert puis elle s'arrête,
« O Dieu, cria-t-elle, mon cœur est las. Où est-ce que je vais ? Je suis une motte d'argile, et Ta maison est une pierre ! J'ai besoin de Toi ici. »
Dieu parle directement en son cœur, « Râbi'â, n'as-tu pas vu comment Moïse a prié pour Me voir ? J'ai envoyé quelques miettes de révélation sur la montagne, et la montagne s'est effondrée. Satisfais-toi ici de Mon nom ! »

Désormais libre, elle part avec Abda, sa confidente, et va vivre dans une maison plus que modeste, une simple hutte de roseau, y passant ses nuits dans la prière. Abda, qui vit avec elle cette nouvelle vie jusqu'à son terme, a recueilli ses dires et nous les a transmis :

Hadith de 'Abda bint Abi Sawal, servante de Rabi'a :
« Rabi'a prie toute la nuit. Lorsque l'aurore apparaît, elle fait un léger somme sur son tapis de prière, jusqu'à ce que l'aurore dévoile complètement le jour. Alors, je l'entend dire, tandis qu'elle bondit de sa couche, saisie de frayeur :
« Âme charnelle, comme tu dors longtemps ! Et combien peu de temps tu passes à prier ! Tu es sur le point de t'endormir d'un sommeil dont tu ne te réveilleras qu'au cri poussé le jour de la résurrection ».
801 : mort de la femme soufie Rabia al Adawiyya, deux fois réduite à l'esclavage

Un jour de printemps, elle va dans sa chambre et baisse la tête en méditation. Sa servante lui dit :
« O maîtresse, viens voir dehors les merveilleuses œuvres de Dieu. »
« Non, répondit-elle entre, toi, afin de pouvoir contempler leur Créateur. La contemplation du Créateur m'empêche de contempler ce qu'il a créé. »

On rapporte qu'une fois elle jeûne 7 jours et 7 nuits, sans jamais dormir, mais en passant chaque nuit en prière. Elle est près de mourir de faim, quand quelqu'un vient apporter un bol de nourriture. Elle va chercher une lampe, mais en revenant s'aperçoit que le chat a renversé le bol.
« Je vais aller chercher une cruche d'eau pour rompre mon jeûne », se dit-elle. Pendant qu'elle cherche la cruche, la lampe s'éteint.
Elle essaie de boire dans l'obscurité, mais la cruche lui échappe des mains et se brise.

Elle se met à gémir et à soupirer :
« O mon Dieu! que me fais-Tu, moi qui suis une misérable ? »
Elle entend alors une voix disant :
« En vérité, si tu le souhaites, Je t'octroierai la richesse du monde entier, mais Je retirerai ton amour pour Moi de ton cœur, car l'amour céleste et la richesse terrestre ne peuvent cohabiter dans un cœur.
O Râbi'â, tu as un désir et J'ai un désir. Moi et ton désir ne peuvent demeurer ensemble dans un seul cœur. »
Râbî'â dit :
« Quand j'entends cet avertissement, je détache mon cœur de tout espoir terrestre. Pendant 30 années, j'ai prié comme si chaque prière que j'accomplis est la dernière de toutes, et je suis devenue si éloignée de l'humanité que, de peur que quelqu'un puisse distraire mon esprit de Dieu, je m'écrie à l'aube :
« O Dieu ! Rends-moi occupée avec Toi, afin qu'ils ne me rendent pas occupée avec eux. »

Un jour, Hassan de Basra, Mâlik ibn Dînâr et Shakîk de Balkh viennent rendre visite à Râbi'â qui est malade. Hassan dit :
« Personne n'est sincère dans sa prétention d'aimer Dieu s'il ne supporte avec patience les coups de son Seigneur. »
Râbî'â dit :
« Ceci a un relent d'égoïsme. »

Shakîk dit à son tour :
« Nul n'est sincère dans sa prétention à moins de rendre grâces pour les coups de son Seigneur. »
Râbi'â dit :
« Ceci peut être amélioré. »

Mâlik ibn Dînâr dit :
« Nul n'est sincère dans sa prétention s'il ne se réjouit des coups de son Seigneur. »
Râbi'â dit :
« Ceci doit encore être amélioré. »

Ils lui dirent :
« Parle donc toi. »
Elle dit :
« Personne n'est sincère dans sa prétention à moins d'oublier les coups en contemplant son Seigneur. »

'Abdu'l-Wahid ibn 'Amir raconte que lui et Sufyân Thawrî vont prendre des nouvelles de Râbi'â durant sa maladie,
« Elle m'inspire une telle vénération, dit-il, que je n'ose prendre la parole. Sufyân dit à Râbi'â :
« Si tu Lui adresse une prière, Il soulagera ta souffrance. »

Râbi'â tourne vers lui son visage et dit :
« O Sufyân, ne sais-tu pas qui veut pour moi cette souffrance ? N'est-ce pas Dieu qui l'a veut ? »

Sufyân répond :
« Oui. »
« Alors, dit-elle, sachant cela, m'ordonnes-tu de Lui demander quelque chose de contraire à Sa volonté ?
Il n'est pas bien de s'opposer à ce que veut son bien-aimé. »

Sufyân dit :
« Que désires-tu donc, ô Râbi'â ? »
Elle réplique : a Toi qui es de ceux qui sont instruits, pourquoi me poser une telle question ?
Par la gloire de Dieu, depuis 12 ans je désire manger des dattes fraîches et je n'y ai jamais goûté, bien que, comme tu le sais, les dattes sont bon marché à Basra.
Je suis une servante, et que peut faire une servante du désir?
Si je veux et que mon Seigneur ne veut pas, c'est de l'infidélité. Tu dois vouloir ce qu'il veut, afin de devenir son serviteur véritable.
Si Lui-même te donne quelque chose, c'est une autre histoire. »

Râbi'â disait :
« Celui qui adore son Seigneur par crainte, ou dans l'espoir d'une récompense, est un mauvais serviteur. »
« Pourquoi donc, lui demande-t-on, L'adores-tu ?
N'as-tu pas l'espoir du paradis ? »

Elle répond :
« N'est-ce pas suffisant que nous soyons autorisés à L'adorer?
Ne devrions-nous pas Lui obéir, même s'il n'y a ni paradis ni enfer ?
N'est-Il pas digne de notre pure dévotion ? »
Un homme dit à Râbi'â :
« J'ai commis de nombreux péchés, si je me repens, Dieu Se tournera-t-il vers moi ? »
Elle répondit :
« Non; mais s'il se tourne vers toi, tu te repentiras. »

Dès le premier siècle, deux tendances apparaissent déjà nettement dans la communauté musulmane.
La première c'est celle de l'Islam officiel, des gens au pouvoir, des juristes, et du musulman moyen, et qu'on peut résumer ainsi :
Respecter les lois et les préceptes du Coran (mais ne pas en faire plus) et jouir largement des plaisirs licites, comme la loi l'y autorise.

La seconde tendance sera celle de quelques musulmans pieux, dont le regard se porte au-delà de la lettre et qui cherchent la Vérité, sur l'exemple du Prophète et ses premiers compagnons. Cette minorité se sent mal à l'aise dans le climat profane de l'Empire Omeyyade où les idées pures des premiers temps commencent à passer au second plan. Ceci toutefois ne la fera pas rompre avec la Communauté islamique... Et nous retrouverons ces deux tendances tout au long des siècles ultérieurs.

Au cours du VIIIe siècle, le mouvement Sufi commence à s'organiser. Les Sufis se groupent entre eux, soit dans ce qu'on appelle des « Ribat » (sorte de « couvents-forteresses » situés aux limites de l'empire musulman, bases de départ ou protection) soit dans les premières écoles du mouvement. Et ils sentent le besoin de prêcher leur voie.
Car l'ascète (le Zahid) s'il renonce au monde ne renonce pas pour autant à faire le bien au profit de ses frères.

Ainsi le « conseil sincère » (nasiha) ou le devoir de correction fraternelle, prêcher au peuple par des sermons, ou par des contes pour édifier de façon claire, tout cela fera partie des obligations qu'ils s'imposent, de même que de participer en première ligne, comme apôtres de leur foi, au « Jihad », à la défense de la Communauté.

Ces ribats apparaissent au fur et à mesure que l'Islam se répand. On peut citer : Basra en Iraq puis Abbadan (Golf Persique) fondé en 767, Rambé en Syrie du Nord, Jérusalem, plusieurs en Khorasan, en Afrique du Nord : Monastir et Sousse fondés en 800, etc..
Mais ce sont surtout les écoles du Tasawwuf qui répandront l'influence de celui-ci dès cette époque.


Râbi'a al-Adawiyya - Saveurs soufies
www.saveurs-soufies.com/index.php?...rabia-al-adawiyya...
801 J.C.) est la figure qui illustre par excellence la sensibilité de l'amour spirituel féminin. ... Â Â En cette fin d'année, l'association VSMF - Valeurs et Spiritualité …

Râbi'a Al-'Adawiyya - ririfleur
ririfleur.centerblog.net/6582681-Rabi-a-Al--Adawiyya-
18 déc. 2008 - bonjour meilleurs voeux et bonne annee 2015 je te souhaite bonheur sante ... de Rabia Al Adawiyya citée par Yves lors de la dernière AG: .... Rabi'a al-'Adawiyya, une femme soufi du II" siècle de l'Hégire (713-801 de notre ...

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