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MARS 2015...
Cette
page concerne l'année 803 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
LES
SITES CARCÉRAUX ABBASSIDES
Les
Barmécides ou Barmakides sont les membres d'une famille de la
noblesse Persane originaire de Balkh en Bactriane (au nord de
l'Afghanistan ). Cette famille de religieux bouddhistes (paramaka
désigne en sanskrit le supérieur d'un monastère bouddhiste)
devenus zoroastriens puis convertis à l'islam et qui fournit de
nombreux vizirs aux califes abbassides. Les Barmakides ont acquis une
réputation remarquable de mécènes et sont considérés comme les
principaux instigateurs de la brillante culture qui se développe
alors à Bagdad.
Le
premier, le calife Al-Mansûr demande conseil à Khâlid Barmécide.
Il le charge d’interroger son oncle `Isâ avec 3 autres hommes de
confiance, sur ses intentions concernant son droit de succession.
Malgré la réponse négative de `Isâ, Khâlid et ses compagnons
déclarent à al-Mansûr que celui-ci est prêt à renoncer
publiquement à ses droits. Quand `Isâ vient voir al-Mansûr, il nie
avoir accepté de renoncer c'est l’occasion de l’accuser de
parjure. `Isâ, discrédité renonce finalement à son droit de
succession et le fils d'al-Mansûr al-Mahdî est désigné comme
successeur (vers 765)... À son arrivée au pouvoir al-Mahdî doit à
nouveau écarter `Isâ au profit de ses deux fils, Mûsâ al-Hadî et
Hârûn ar-Rachîd (vers 780).
Yahyâ
ben Khâlid devient le précepteur des fils d'al-Mahdî. Hârûn
ar-Rachid est l'ami d'enfance des fils de Yahyâ ben Khâlid :
Fadhl
ben Yahyâ, Ja`far ben Yahyâ, Mûsâ ben Yahyâ et Muhammad ben
Yahyâ.
Fadhl
est frère de lait de Hârûn et Ja`far son ami intime. Le calife
al-Hâdî peu avant sa mort et sans doute inquiet de l'influence
croissante de son frère et successeur désigné Hârûn ar-Rachîd,
fait emprisonner Yahyâ avec semble-t-il l'intention de le tuer
(787).
Après
la mort de al-Hâdî, l'une des premières mesure de Hârûn
ar-Rachid est de faire libérer Yahyâ ben Khâlid.
Hârûn
va placer un certain nombre de membres de la famille Barmécide à
des postes de vizir ou de gouverneur de province. Ibn Khaldûn
raconte que : « Ja`far ben Yahyâ est même appelé
« Sultan », ce qui montre qu'il a la responsabilité
générale et dirige l'État. »
Hârûn
change très brutalement d'attitude à l'égard de cette famille.
Tabarî y voit 4 motifs possibles :
- Le vizir Yahyâ ben Khâlid se sentant vieillir demande à Hârûn l'autorisation de se retirer à La Mecque... Hârûn refuse lui demandant de choisir lequel de ses deux fils, Fadhl ou Ja`far doit lui succéder. Yahyâ désigne Fadhl, qui est nommé principal vizir, mais Hârûn aurait préféré que ce soit Ja`far qui soit choisi.
- Au même moment la requête d'un ouléma de Raqqa parvient à Hârûn dénonçant Yahyâ ben Khâlid et sa famille comme une famille d'athées.
- Ja`far ben Yahyâ a commis une erreur en libérant sans prévenir Hârûn le rebelle Yahyâ qui est emprisonné depuis 788.
- Enfin Hârûn a une sœur nommée Abbâssa qui l'a protégé contre la vindicte de son aîné al-Hâdî. Hârûn donne sa sœur en mariage à Ja`far ben Yahyâ, étant entendu que ce mariage doit être un « mariage blanc ». `Abbâssa est belle, elle est rapidement enceinte de Ja`far ben Yahyâ malgré sa promesse...
Hârûn
décide de partir en pèlerinage à La Mecque avec les Barmécides. À
son retour en Irak, au cours d'un festin Hârûn demande à un
eunuque de convoquer Ja`far ben Yahyâ dans sa tente et de lui couper
la tête. L'eunuque au dernier moment n'exécute pas cet ordre de
crainte qu'il ne soit dû à l'ivresse et que cela lui soit reproché
le lendemain.
Il
revient près de Hârûn accompagné de Ja`far ben Yahyâ, sur quoi
Hârûn dit « Ce n'est pas Ja`far ben Yahyâ que je t'ai
demandé, mais sa tête ». L'eunuque s'exécute, Hârûn envoie
la tête de Ja`far ben Yahyâ à Bagdad et fait arrêter Yahyâ ben
Khâlid et ses 3 fils. Yahyâ ben Khâlid meurt en prison suite aux
tortures infligées. Hârûn fait égorger en sa présence Fadhl ben
Yahyâ et toute la famille Barmécide, sauf les plus jeunes enfants
(803).
André Clot: Haroun al-Rachid et le temps des « Mille et une nuits ». Fayard, Paris 1986
- Catherine Hermary-Vieille: Le Grand Vizir de la Nuit: Gallimard, Paris 1981
Les
malheurs des Barmécides ont été chantés par les poètes
orientaux. Ils ont aussi fourni le sujet de plusieurs tragédies dont
une de Jean-François de La Harpe (1739 - 1803). Cette tragédie
écrite en 1774 intitulée « Les Barmécides » a été
créée au Théâtre Français le 11 juillet 1778. Elle n'a été
représentée que 11 fois. Voltaire aurait dit à son auteur :
« Mon ami, cela ne vaut rien, jamais la tragédie ne passera
par ce chemin là »...
Jafar
ben Yahya Barmaki (767-803) est le fils du vizir Persan (Yahya ben
Khalid) du calife abbasside arabe Hâroun ar-Rachîd, dont il hérite
cette position. Il est un membre de la famille influente des
Barmécides, autrefois Bouddhistes dirigeants du monastère de Nava
Vihara
On
le décapite en 803 pour une liaison supposée avec la sœur
d'Hâroun, Abbassa.
Il
eut une réputation de mécène des sciences, et fit beaucoup pour
introduire la science Grecque à Bagdad, attirant des savants de
l’académie de Gundishapur voisine pour aider à traduire des
œuvres grecques en arabe. Il est également crédité d’avoir
convaincu le calife d’ouvrir une papeterie à Bagdad. (Le secret de
la fabrication du papier avait été révélé par des artisans
Chinois faits prisonniers à la bataille de Talas en 751.)
Jafar
apparaît, sous le nom de « Giafar », dans la plupart des
traductions, au côté de Hâroun dans plusieurs contes des Mille et
Une nuits. L'adaptation filmée Aladdin (1992) des studios Disney
représente un méchant vizir et sorcier appelé « Jafar »,
qui est une combinaison du vizir (non nommé) et du magicien du conte
originel Aladin ou la Lampe merveilleuse (qui ne fait originellement
pas partie des Mille et Une nuits).
Le
nom de Jafar est également utilisé dans le jeu vidéo Prince of
Persia. Comme dans Aladdin, il y est à la fois vizir et sorcier...
Nous
proposons dans cet article d’examiner les conditions de vie dans
les prisons à l’époque abbasside.
Il
apparaît que les détenus ne sont entretenus qu’a minima par
l’institution carcérale et dépendent dans une large mesure de
leurs familles ou de la charité publique.
La
promiscuité, la faim et la saleté, d’un degré comparable dans
les prisons du pouvoir politico- militaire et dans celles des cadis,
contribue au
châtiment
des malfaiteurs dans les premières et à la pression exercée sur
les débiteurs dans les secondes.
Nous
sommes sortis de ce bas monde tout en y demeurant, Nous n’appartenons
ni aux vivants ni aux morts... Si le geôlier vient nous trouver, un
jour, pour quelque chose, Nous nous exclamons, stupéfaits : « Il
nous vient du bas monde ! » (prisonnier anonyme)
La
situation extrême de détenus politiques comme ceux du Mutbaq, à
l’époque abbasside, est également connue. Il reste à déterminer
quelles sont les conditions de vie dans les prisons ordinaires.
Généralement avares en renseignements sur l’histoire du petit
peuple et des bas-fonds, les sources arabes sont pourtant riches en
informations sur les détenus. Les prisons de l’Islam constituent
en effet un milieu hétérogène, accueillant tant des truands que
des marchands en faillite, des courtisans en disgrâce ou des sharīfs
suspects de déloyauté qui, pour leur part, ont pu retenir
l’attention des chroniqueurs ou des biographes.
Bien
que l’existence de plusieurs types de prisons doit, en théorie,
séparer les diverses catégories de détenus, la frontière n’est
pas étanche et des membres de la haute société peuvent être
confrontés à des conditions de détention comparables à celles
d’autres catégories. Souvent concises et disséminées dans divers
types de sources, de nombreuses informations relatives aux prisons
ont pu être réunies grâce aux outils électroniques aujourd’hui
à la disposition des chercheurs.
Les
données ainsi récoltées permettent de reconstituer un tableau
représentatif de la vie carcérale à l’époque abbasside. Au sein
d'un large échantillon textuel examiné, sélectionné pour cet
article de l’Orient abbasside (750/945).
Quelques
sources se distinguent par l’abondance ou la qualité de leur
informations sur l’univers carcéral. Les chroniques évoquent
souvent des prisonniers haut placés ou des événements liés à une
prison. L’emprisonnement de savants pour dette ou délit d’opinion
est par ailleurs relaté dans certains dictionnaires biographiques,
dédiés aux persécutés par le pouvoir, et les dictionnaires
consacrés aux cadis ont particulièrement retenu notre attention. À
travers les topos qu’elle véhicule, la littérature d’adab
abbasside permet d’affiner l’image que prend la prison dans le
regard des contemporains.
Bien
qu’elles soient souvent laconiques quant aux conditions
d’incarcération représentant une exception notable, les
recommandations des sources juridiques ont été croisées, le cas
échéant, avec les données des sources narratives.
Au-delà
des conditions de détentions, un tel rapprochement entre ces divers
types de sources permet de mieux appréhender les fonctions de la
prison dans l’Islam médiéval.
Comme
souvent, les lieux communs et les recompositions littéraires peuvent
être soupçonnés d’occulter la réalité historique : L’image
que les sources reflètent des prisons est en partie projetée par
leurs auteurs. De telles représentations ne doivent pourtant pas
être négligées, car les auteurs tentent de convaincre leurs
lecteurs/auditeurs de la véracité de leurs récits : pour atteindre
leur but, ceux-ci doivent se couler dans les représentations de leur
public, elles aussi liées aux réalités de leur temps.
L’organisation
des prisons est traditionnellement attribuée à l’Umayyade Umar
II, à la politique carcérale duquel Ibn Sad (845) consacre le
passage suivant :
Il
donne des instructions écrites pour que l’on contrôle les prisons
et que
l’on
enferme étroitement les vauriens, il décide également de la
subsistance
à
leur distribuer en été comme en hiver... Je les vois, chez nous,
recevoir chaque mois leur subsistance. On leur fournit un vêtement
en hiver et un autre en été.
«
Contrôle ceux qui, dans les prisons, ont été condamnés,
n’emprisonne personne avant de l’avoir condamné. Si un cas pose
problème, écris-moi à son sujet. Enferme étroitement (istawthiq)
les vauriens : En prison, ils doivent être mis aux fers. N’inflige
pas de châtiments excessifs. On doit prendre soin des malades seuls
et désargentés. Lorsque tu emprisonnes des gens pour dette, ne les
mets ni dans la même cellule ni dans la même prison que les
vauriens. Instaure une prison réservée aux femmes. Contrôle les
responsables de ta prison, qui doivent être dignes de confiance et
incorruptibles : Celui qui se
laisse
corrompre fait ce qu’on lui ordonne. »...
Il
faut passer en revue les prisonniers tous les samedis et enfermer
étroitement les vauriens. À ce propos de ceux-ci : Les
maintenir en prison, leur fournir une cape en hiver et deux habits en
été, et leur prescrire telle ou telle chose dans leur intérêt...
il recommande de tenir les vauriens enchaînés, ainsi que les
criminels. « Comment peuvent-ils faire la prière tout en étant aux
fers ? »
Umar
lui répond : « Si Dieu le veut, il leur inflige bien plus que les
fers ! Qu’ils prient comme ils le peuvent : ils ont une excuse.
Quant
aux chaînes, j’ai vu qu’AbūBakr – Dieu ait son âme ! a écrit
qu’on lui envoie plusieurs hommes enchaînés.
Deux
thèmes principaux en ressortent : l’autorité sur les prisons et
le contrôle de l’administration carcérale, et surtout le
traitement des détenus et la vie quotidienne en prison :
Habiter
en prison.
Y
satisfaire ses besoins vitaux ou ses obligations rituelles.
Y
mourir.
Il
est difficile d’évaluer la dimension des établissements carcéraux
à l’époque abbasside. Les principales prisons de Bagdad ou la «
grande prison » de Samarra accueillent probablement un nombre élevé
de détenus, mais on ne
peut
proposer qu’un ordre de grandeur. À la fin de l’époque
umayyade, une prison Égyptienne accueille plus de 300 détenus. Un
siècle plus tard, en 849, un incendie ravage la prison de Bāb
al-Shām, à Bagdad, faisant 130 victimes.
Aux
premiers siècles de l’Islam, certaines prisons semblent donc
accueillir plusieurs centaines de détenus.
À
la fin du VIIIe siècle, les prisonniers sont trop nombreux,
affirme-t-il, car les autorités judiciaires n’examinent pas leur
cas ou enferment les criminels au lieu d’appliquer les peines
corporelles légales.
Il
recommande que les représentants du calife probablement tant les
gouverneurs que les cadis tiennent chaque jour audience pour juger
les détenus, leur infliger un châtiment si nécessaire et les
libérer.
Peut-être
ce problème de surpopulation est-il aggravé par l’inadéquation
des locaux : Tant les sources textuelles que l’archéologie
attestent que la plupart des prisons sont aménagées dans d’anciens
bâtiments dont ce n’est pas la vocation originelle, notamment des
palais.
Les
bâtiments carcéraux au sein des établissement carcéraux, la
séparation
sexuelle
des prisonniers semble de rigueur. En 865, en pleine guerre pour le
contrôle du pouvoir à Samarra, on mentionne l’existence à Bagdad
d’une « prison des femmes » et d’une « prison des hommes ».
Des juristes qui réfléchissent au traitement judiciaire des femmes
libres (dont le contact avec la société masculine devait être
aussi limité que possible ne semblent pourtant pas s’être penchés
sur la séparation sexuelle des détenus). Peut-être une telle
séparation
est-elle suffisamment appliquée pour qu’il soit inutile d’aborder
le sujet.
En
revanche, au XIe siècle, On préconise explicitement que les femmes
disposent de leur propre prison, dirigée par une femme de confiance
capable de gérer les affaires féminines. Il est demandé également
que les femmes incarcérées pour dette soient enfermées seules, à
l’écart des hommes.
Certains
détenus privilégiés et de haut rang sont sans doute enfermés dans
des cellules individuelles, ou avec un nombre réduit de codétenu,
le chef secret de la dawa abbasside, est emprisonné dans une pièce
séparée de celle où se trouve un autre de ses compagnons, le plus
souvent, néanmoins, l’incarcération semble collective, plusieurs
prisonniers étant réunis dans une même pièce de dimension
variable. Tel est le cas dans le Mutbaq, principale prison de Bagdad
jusqu’à la fin du IXe siècle
Une
histoire illustrant la piété filiale de Fadhl ben Yahyâ suggère
que les célèbres vizirs Barmakides, emprisonnés par le calife
al-Rashīd, bénéficient eux aussi de conditions de détention plus
favorables que la moyenne. Ibn Qutayba relate que Yayā ne faisait
ses ablutions qu’avec de l’eau chaude. Une nuit froide, le
geôlier refuse d’apporter du bois pour allumer un feu dans leur
cellule. Al-Fadhl remplit d’eau une aiguière et la tient au dessus
d’une lampe jusqu’au matin. De tels détenus privilégiés
semblent non seulement disposer de cellules chauffées, mais
également d’éclairage et de vaisselle ordinaire. Les chaînes
constituent le « mobilier » le plus commun des prisons. Les paroles
attribuées au calife Umar II légitiment une pratique visiblement
répandue et acceptée : Celle d’enchaîner les détenus, ou au
moins certains d’entre eux (vauriens et malfaiteurs, les débiteurs,
dans les prisons de cadis, ne sont pas enchaînés).
À
la fin du VIIIe siècle, le juriste s’en remet déjà à l’autorité
de Umar II, tout en atténuant la violence de ses propos.
L’accomplissement de la prière étant toujours une obligation pour
le détenu musulman, les fers ne doivent pas l’empêcher de prier
debout et, de surcroît, les chaînes doivent lui être ôtées pour
dormir, à moins qu’il ne soit soupçonné de meurtre...
Lues
en négatif, ces prescriptions montrent qu’enchaîner les
prisonniers est une pratique très répandue, touchant peut-être
d’autres catégories que celle
des
criminels.
L’allusion
du juriste au fait de « prier debout » suggère qu’il est d’usage
d’attacher les détenus au sol (ou au mur, à faible hauteur) à
l’aide d’une chaîne trop courte pour leur permettre de se lever
(comme cela est nécessaire lors de la prière).
Dès
l’époque umayyade, les chroniques enregistrent de nombreux
exemples de prisonniers enchaînés... Sous les premiers Abbassides,
les détenus politiques sont particulièrement touchés par cette
pratique, les chaînes que certains portent aux pieds amaigrissent et
usent leurs chevilles.
Vivre
en prison à l'époque abbasside - Hal-SHS
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00565462/document
de
M Tillier - 2009 - Cité 1 fois - Autres articles
13
févr. 2011 - Ces dernières années, notre appréhension de
l'univers carcéral ..... Ibn Qutayba relate que Yaḥyā ne faisait
ses ablutions ..... Abū Jaʿfar al-Manṣūr les emprisonna dans une
cave (sirdāb), sous la terre, où ils ne pouvaient .... Lorsqu'en
187/803 al-Rashīd emprisonna l'Abbasside ʿAbd al-Malik b. Ṣāliḥ,.
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