samedi 7 mars 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 803



7 MARS 2015...

Cette page concerne l'année 803 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LES SITES CARCÉRAUX ABBASSIDES

Les Barmécides ou Barmakides sont les membres d'une famille de la noblesse Persane originaire de Balkh en Bactriane (au nord de l'Afghanistan ). Cette famille de religieux bouddhistes (paramaka désigne en sanskrit le supérieur d'un monastère bouddhiste) devenus zoroastriens puis convertis à l'islam et qui fournit de nombreux vizirs aux califes abbassides. Les Barmakides ont acquis une réputation remarquable de mécènes et sont considérés comme les principaux instigateurs de la brillante culture qui se développe alors à Bagdad.

Le premier, le calife Al-Mansûr demande conseil à Khâlid Barmécide. Il le charge d’interroger son oncle `Isâ avec 3 autres hommes de confiance, sur ses intentions concernant son droit de succession. Malgré la réponse négative de `Isâ, Khâlid et ses compagnons déclarent à al-Mansûr que celui-ci est prêt à renoncer publiquement à ses droits. Quand `Isâ vient voir al-Mansûr, il nie avoir accepté de renoncer c'est l’occasion de l’accuser de parjure. `Isâ, discrédité renonce finalement à son droit de succession et le fils d'al-Mansûr al-Mahdî est désigné comme successeur (vers 765)... À son arrivée au pouvoir al-Mahdî doit à nouveau écarter `Isâ au profit de ses deux fils, Mûsâ al-Hadî et Hârûn ar-Rachîd (vers 780).

Yahyâ ben Khâlid devient le précepteur des fils d'al-Mahdî. Hârûn ar-Rachid est l'ami d'enfance des fils de Yahyâ ben Khâlid :
Fadhl ben Yahyâ, Ja`far ben Yahyâ, Mûsâ ben Yahyâ et Muhammad ben Yahyâ.

Fadhl est frère de lait de Hârûn et Ja`far son ami intime. Le calife al-Hâdî peu avant sa mort et sans doute inquiet de l'influence croissante de son frère et successeur désigné Hârûn ar-Rachîd, fait emprisonner Yahyâ avec semble-t-il l'intention de le tuer (787).

Après la mort de al-Hâdî, l'une des premières mesure de Hârûn ar-Rachid est de faire libérer Yahyâ ben Khâlid.

Hârûn va placer un certain nombre de membres de la famille Barmécide à des postes de vizir ou de gouverneur de province. Ibn Khaldûn raconte que : « Ja`far ben Yahyâ est même appelé « Sultan », ce qui montre qu'il a la responsabilité générale et dirige l'État. »

Hârûn change très brutalement d'attitude à l'égard de cette famille. Tabarî y voit 4 motifs possibles :
  1. Le vizir Yahyâ ben Khâlid se sentant vieillir demande à Hârûn l'autorisation de se retirer à La Mecque... Hârûn refuse lui demandant de choisir lequel de ses deux fils, Fadhl ou Ja`far doit lui succéder. Yahyâ désigne Fadhl, qui est nommé principal vizir, mais Hârûn aurait préféré que ce soit Ja`far qui soit choisi.
  2. Au même moment la requête d'un ouléma de Raqqa parvient à Hârûn dénonçant Yahyâ ben Khâlid et sa famille comme une famille d'athées.
  3. Ja`far ben Yahyâ a commis une erreur en libérant sans prévenir Hârûn le rebelle Yahyâ qui est emprisonné depuis 788.
  4. Enfin Hârûn a une sœur nommée Abbâssa qui l'a protégé contre la vindicte de son aîné al-Hâdî. Hârûn donne sa sœur en mariage à Ja`far ben Yahyâ, étant entendu que ce mariage doit être un « mariage blanc ». `Abbâssa est belle, elle est rapidement enceinte de Ja`far ben Yahyâ malgré sa promesse...

Hârûn décide de partir en pèlerinage à La Mecque avec les Barmécides. À son retour en Irak, au cours d'un festin Hârûn demande à un eunuque de convoquer Ja`far ben Yahyâ dans sa tente et de lui couper la tête. L'eunuque au dernier moment n'exécute pas cet ordre de crainte qu'il ne soit dû à l'ivresse et que cela lui soit reproché le lendemain.
Il revient près de Hârûn accompagné de Ja`far ben Yahyâ, sur quoi Hârûn dit « Ce n'est pas Ja`far ben Yahyâ que je t'ai demandé, mais sa tête ». L'eunuque s'exécute, Hârûn envoie la tête de Ja`far ben Yahyâ à Bagdad et fait arrêter Yahyâ ben Khâlid et ses 3 fils. Yahyâ ben Khâlid meurt en prison suite aux tortures infligées. Hârûn fait égorger en sa présence Fadhl ben Yahyâ et toute la famille Barmécide, sauf les plus jeunes enfants (803).
Littérature

  •  André Clot: Haroun al-Rachid et le temps des « Mille et une nuits ». Fayard, Paris 1986
  • Catherine Hermary-Vieille: Le Grand Vizir de la Nuit: Gallimard, Paris 1981

Les malheurs des Barmécides ont été chantés par les poètes orientaux. Ils ont aussi fourni le sujet de plusieurs tragédies dont une de Jean-François de La Harpe (1739 - 1803). Cette tragédie écrite en 1774 intitulée « Les Barmécides » a été créée au Théâtre Français le 11 juillet 1778. Elle n'a été représentée que 11 fois. Voltaire aurait dit à son auteur : « Mon ami, cela ne vaut rien, jamais la tragédie ne passera par ce chemin là »...

Jafar ben Yahya Barmaki (767-803) est le fils du vizir Persan (Yahya ben Khalid) du calife abbasside arabe Hâroun ar-Rachîd, dont il hérite cette position. Il est un membre de la famille influente des Barmécides, autrefois Bouddhistes dirigeants du monastère de Nava Vihara
On le décapite en 803 pour une liaison supposée avec la sœur d'Hâroun, Abbassa.

Il eut une réputation de mécène des sciences, et fit beaucoup pour introduire la science Grecque à Bagdad, attirant des savants de l’académie de Gundishapur voisine pour aider à traduire des œuvres grecques en arabe. Il est également crédité d’avoir convaincu le calife d’ouvrir une papeterie à Bagdad. (Le secret de la fabrication du papier avait été révélé par des artisans Chinois faits prisonniers à la bataille de Talas en 751.)

Jafar apparaît, sous le nom de « Giafar », dans la plupart des traductions, au côté de Hâroun dans plusieurs contes des Mille et Une nuits. L'adaptation filmée Aladdin (1992) des studios Disney représente un méchant vizir et sorcier appelé « Jafar », qui est une combinaison du vizir (non nommé) et du magicien du conte originel Aladin ou la Lampe merveilleuse (qui ne fait originellement pas partie des Mille et Une nuits).
Le nom de Jafar est également utilisé dans le jeu vidéo Prince of Persia. Comme dans Aladdin, il y est à la fois vizir et sorcier...

Nous proposons dans cet article d’examiner les conditions de vie dans les prisons à l’époque abbasside.
Il apparaît que les détenus ne sont entretenus qu’a minima par l’institution carcérale et dépendent dans une large mesure de leurs familles ou de la charité publique.
La promiscuité, la faim et la saleté, d’un degré comparable dans les prisons du pouvoir politico- militaire et dans celles des cadis, contribue au
châtiment des malfaiteurs dans les premières et à la pression exercée sur les débiteurs dans les secondes.

Nous sommes sortis de ce bas monde tout en y demeurant, Nous n’appartenons ni aux vivants ni aux morts... Si le geôlier vient nous trouver, un jour, pour quelque chose, Nous nous exclamons, stupéfaits : « Il nous vient du bas monde ! » (prisonnier anonyme)

La situation extrême de détenus politiques comme ceux du Mutbaq, à l’époque abbasside, est également connue. Il reste à déterminer quelles sont les conditions de vie dans les prisons ordinaires. Généralement avares en renseignements sur l’histoire du petit peuple et des bas-fonds, les sources arabes sont pourtant riches en informations sur les détenus. Les prisons de l’Islam constituent en effet un milieu hétérogène, accueillant tant des truands que des marchands en faillite, des courtisans en disgrâce ou des sharīfs suspects de déloyauté qui, pour leur part, ont pu retenir l’attention des chroniqueurs ou des biographes.

Bien que l’existence de plusieurs types de prisons doit, en théorie, séparer les diverses catégories de détenus, la frontière n’est pas étanche et des membres de la haute société peuvent être confrontés à des conditions de détention comparables à celles d’autres catégories. Souvent concises et disséminées dans divers types de sources, de nombreuses informations relatives aux prisons ont pu être réunies grâce aux outils électroniques aujourd’hui à la disposition des chercheurs.

Les données ainsi récoltées permettent de reconstituer un tableau représentatif de la vie carcérale à l’époque abbasside. Au sein d'un large échantillon textuel examiné, sélectionné pour cet article de l’Orient abbasside (750/945).

Quelques sources se distinguent par l’abondance ou la qualité de leur informations sur l’univers carcéral. Les chroniques évoquent souvent des prisonniers haut placés ou des événements liés à une prison. L’emprisonnement de savants pour dette ou délit d’opinion est par ailleurs relaté dans certains dictionnaires biographiques, dédiés aux persécutés par le pouvoir, et les dictionnaires consacrés aux cadis ont particulièrement retenu notre attention. À travers les topos qu’elle véhicule, la littérature d’adab abbasside permet d’affiner l’image que prend la prison dans le regard des contemporains.
Bien qu’elles soient souvent laconiques quant aux conditions d’incarcération représentant une exception notable, les recommandations des sources juridiques ont été croisées, le cas échéant, avec les données des sources narratives.

Au-delà des conditions de détentions, un tel rapprochement entre ces divers types de sources permet de mieux appréhender les fonctions de la prison dans l’Islam médiéval.
Comme souvent, les lieux communs et les recompositions littéraires peuvent être soupçonnés d’occulter la réalité historique : L’image que les sources reflètent des prisons est en partie projetée par leurs auteurs. De telles représentations ne doivent pourtant pas être négligées, car les auteurs tentent de convaincre leurs lecteurs/auditeurs de la véracité de leurs récits : pour atteindre leur but, ceux-ci doivent se couler dans les représentations de leur public, elles aussi liées aux réalités de leur temps.

L’organisation des prisons est traditionnellement attribuée à l’Umayyade Umar II, à la politique carcérale duquel Ibn Sad (845) consacre le passage suivant :
Il donne des instructions écrites pour que l’on contrôle les prisons et que
l’on enferme étroitement les vauriens, il décide également de la subsistance
à leur distribuer en été comme en hiver... Je les vois, chez nous, recevoir chaque mois leur subsistance. On leur fournit un vêtement en hiver et un autre en été.
« Contrôle ceux qui, dans les prisons, ont été condamnés, n’emprisonne personne avant de l’avoir condamné. Si un cas pose problème, écris-moi à son sujet. Enferme étroitement (istawthiq) les vauriens : En prison, ils doivent être mis aux fers. N’inflige pas de châtiments excessifs. On doit prendre soin des malades seuls et désargentés. Lorsque tu emprisonnes des gens pour dette, ne les mets ni dans la même cellule ni dans la même prison que les vauriens. Instaure une prison réservée aux femmes. Contrôle les responsables de ta prison, qui doivent être dignes de confiance et incorruptibles : Celui qui se
laisse corrompre fait ce qu’on lui ordonne. »...

Il faut passer en revue les prisonniers tous les samedis et enfermer étroitement les vauriens. À ce propos de ceux-ci : Les maintenir en prison, leur fournir une cape en hiver et deux habits en été, et leur prescrire telle ou telle chose dans leur intérêt... il recommande de tenir les vauriens enchaînés, ainsi que les criminels. « Comment peuvent-ils faire la prière tout en étant aux fers ? »

Umar lui répond : « Si Dieu le veut, il leur inflige bien plus que les fers ! Qu’ils prient comme ils le peuvent : ils ont une excuse.
Quant aux chaînes, j’ai vu qu’AbūBakr – Dieu ait son âme ! a écrit qu’on lui envoie plusieurs hommes enchaînés.

Deux thèmes principaux en ressortent : l’autorité sur les prisons et le contrôle de l’administration carcérale, et surtout le traitement des détenus et la vie quotidienne en prison :
Habiter en prison.
Y satisfaire ses besoins vitaux ou ses obligations rituelles.
Y mourir.

Il est difficile d’évaluer la dimension des établissements carcéraux à l’époque abbasside. Les principales prisons de Bagdad ou la « grande prison » de Samarra accueillent probablement un nombre élevé de détenus, mais on ne
peut proposer qu’un ordre de grandeur. À la fin de l’époque umayyade, une prison Égyptienne accueille plus de 300 détenus. Un siècle plus tard, en 849, un incendie ravage la prison de Bāb al-Shām, à Bagdad, faisant 130 victimes.

Aux premiers siècles de l’Islam, certaines prisons semblent donc accueillir plusieurs centaines de détenus.

À la fin du VIIIe siècle, les prisonniers sont trop nombreux, affirme-t-il, car les autorités judiciaires n’examinent pas leur cas ou enferment les criminels au lieu d’appliquer les peines corporelles légales.
Il recommande que les représentants du calife probablement tant les gouverneurs que les cadis tiennent chaque jour audience pour juger les détenus, leur infliger un châtiment si nécessaire et les libérer.
Peut-être ce problème de surpopulation est-il aggravé par l’inadéquation des locaux : Tant les sources textuelles que l’archéologie attestent que la plupart des prisons sont aménagées dans d’anciens bâtiments dont ce n’est pas la vocation originelle, notamment des palais.

Les bâtiments carcéraux au sein des établissement carcéraux, la séparation
sexuelle des prisonniers semble de rigueur. En 865, en pleine guerre pour le contrôle du pouvoir à Samarra, on mentionne l’existence à Bagdad d’une « prison des femmes » et d’une « prison des hommes ». Des juristes qui réfléchissent au traitement judiciaire des femmes libres (dont le contact avec la société masculine devait être aussi limité que possible ne semblent pourtant pas s’être penchés sur la séparation sexuelle des détenus). Peut-être une telle
séparation est-elle suffisamment appliquée pour qu’il soit inutile d’aborder le sujet.

En revanche, au XIe siècle, On préconise explicitement que les femmes disposent de leur propre prison, dirigée par une femme de confiance capable de gérer les affaires féminines. Il est demandé également que les femmes incarcérées pour dette soient enfermées seules, à l’écart des hommes.
Certains détenus privilégiés et de haut rang sont sans doute enfermés dans des cellules individuelles, ou avec un nombre réduit de codétenu, le chef secret de la dawa abbasside, est emprisonné dans une pièce séparée de celle où se trouve un autre de ses compagnons, le plus souvent, néanmoins, l’incarcération semble collective, plusieurs prisonniers étant réunis dans une même pièce de dimension variable. Tel est le cas dans le Mutbaq, principale prison de Bagdad jusqu’à la fin du IXe siècle

Une histoire illustrant la piété filiale de Fadhl ben Yahyâ suggère que les célèbres vizirs Barmakides, emprisonnés par le calife al-Rashīd, bénéficient eux aussi de conditions de détention plus favorables que la moyenne. Ibn Qutayba relate que Yayā ne faisait ses ablutions qu’avec de l’eau chaude. Une nuit froide, le geôlier refuse d’apporter du bois pour allumer un feu dans leur cellule. Al-Fadhl remplit d’eau une aiguière et la tient au dessus d’une lampe jusqu’au matin. De tels détenus privilégiés semblent non seulement disposer de cellules chauffées, mais également d’éclairage et de vaisselle ordinaire. Les chaînes constituent le « mobilier » le plus commun des prisons. Les paroles attribuées au calife Umar II légitiment une pratique visiblement répandue et acceptée : Celle d’enchaîner les détenus, ou au moins certains d’entre eux (vauriens et malfaiteurs, les débiteurs, dans les prisons de cadis, ne sont pas enchaînés).

À la fin du VIIIe siècle, le juriste s’en remet déjà à l’autorité de Umar II, tout en atténuant la violence de ses propos. L’accomplissement de la prière étant toujours une obligation pour le détenu musulman, les fers ne doivent pas l’empêcher de prier debout et, de surcroît, les chaînes doivent lui être ôtées pour dormir, à moins qu’il ne soit soupçonné de meurtre...
Lues en négatif, ces prescriptions montrent qu’enchaîner les prisonniers est une pratique très répandue, touchant peut-être d’autres catégories que celle
des criminels.
L’allusion du juriste au fait de « prier debout » suggère qu’il est d’usage d’attacher les détenus au sol (ou au mur, à faible hauteur) à l’aide d’une chaîne trop courte pour leur permettre de se lever (comme cela est nécessaire lors de la prière).
Dès l’époque umayyade, les chroniques enregistrent de nombreux exemples de prisonniers enchaînés... Sous les premiers Abbassides, les détenus politiques sont particulièrement touchés par cette pratique, les chaînes que certains portent aux pieds amaigrissent et usent leurs chevilles.

Vivre en prison à l'époque abbasside - Hal-SHS
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00565462/document
de M Tillier - ‎2009 - ‎Cité 1 fois - ‎Autres articles
13 févr. 2011 - Ces dernières années, notre appréhension de l'univers carcéral ..... Ibn Qutayba relate que Yaḥyā ne faisait ses ablutions ..... Abū Jaʿfar al-Manṣūr les emprisonna dans une cave (sirdāb), sous la terre, où ils ne pouvaient .... Lorsqu'en 187/803 al-Rashīd emprisonna l'Abbasside ʿAbd al-Malik b. Ṣāliḥ,.

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