26
mars 2015...
Cette
page concerne l'année 784 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
QUAND
LES POÈTES MUSULMANS ÉTAIENT LIBERTINS (DU VIIIe AU XIIIe SIÈCLE)
« De
740 à 1200, de Bagdad à Cordoue, d’Abou Nawas à Ibn Rochd, un
vent de liberté a soufflé sur le monde musulman. Les pouvoirs ne
sont pas plus libéraux qu’aujourd’hui, mais le foisonnement
culturel et l’amour de la vie forcent le destin...
Un million d’habitants, 70.000 juifs, des salons littéraires où l’on se déclare ouvertement impie, une vie nocturne mouvementée, des houris et éphèbes dans des maisons offertes à la luxure, des tavernes où le vin coule à flot…
Un million d’habitants, 70.000 juifs, des salons littéraires où l’on se déclare ouvertement impie, une vie nocturne mouvementée, des houris et éphèbes dans des maisons offertes à la luxure, des tavernes où le vin coule à flot…
Où
sommes-nous ? A Bagdad, à fin du VIIIe siècle.
13
siècles plus tard, on en est vraiment loin. A l’époque, Bagdad, à
peine récupérée par la dynastie des Abbassides, est en ébullition.
Dans le métissage qu'offre la ville médiévale, de plus en plus de
poètes et de philosophes, quoique musulmans dans l’âme, prônent
le droit de « disposer librement de leur corps et de leur
esprit ». Une longue tradition de libertins est née...
Une
histoire tortueuse s’ensuit. La parenthèse ne sera refermée
définitivement qu’au XIIIe siècle, à l’autre bout du monde
musulman, à Cordoue précisément, sous l’impulsion de fuqaha
orthodoxes, relayés par la bigoterie des Almohades à Marrakech.
En
tentant, 7 siècles plus tard, de revisiter cette parenthèse de
scepticisme et de liberté, le philosophe Égyptien Abderrahmane
Badaoui s’est voulu optimiste : « Les mouvements sunnites et
salafistes prennent la religion au mot. Ils constituent des moments
de crise dans la vie spirituelle des musulmans. Dès que la
communauté s’en sera débarrassée, elle pourra reprendre son
évolution normale ». Ce n’est pas encore le cas. Mais rien
ne nous empêche, comme lui, de revisiter cette période où des
individus libres ont bravé les interdits, profité parfois d’îlots
de tolérance ou subi les pires persécutions.
« Si
tout cela a été possible à l’Avènement des Abbassides, c’est
parce qu’il y a eu d’un côté l'émergence d'un art d'écrire,
voire de transgresser et, de l'autre, un laisser-faire des politiques
qui ne cèdent pas toujours à la pression des fuqaha », estime
l’écrivain Abdelfattah Kilito.
Nous
sommes, alors, à une époque où tout est encore possible. Les
Omeyyades viennent d’être chassés du califat. L’alliance des
mécontents fait arriver, pour la première fois des Perses aux
postes de pouvoir. Il s’ensuit un métissage ethnique et
intellectuel sans précédent. Bref, le cadre est adéquat pour la
liberté de pensée...
Libertin
de la première heure, le poète Bachar Ibn Burd est l’exemple même
du Perse pro-arabe... « Si tu choisis l’amitié, accepte
l’ami tel qu’il est. »
Poète marocain v. 714-784
Poète marocain v. 714-784
Il
reçoit des femmes chez lui deux fois par semaine pour leur lire ses
poèmes réputés sages et impudiques à la fois, évoquant leur
intimité tout en flattant leurs sens... Poète Persan exécuté pour
ses croyances manichéennes.
« A
l’époque, même à Médine et à la Mecque, bastions de la vie
religieuse, les odes à l'amour d’un Omar Ibn Abi Rabia, sont
déclamées dans l’enceinte de la mosquée par un grand exégète
du Coran », rapporte Driss Belmlih, spécialiste de la
littérature Abbasside. Omar Ibn Abi Rabia (644-712/744) est un poète
arabe de Ghazal principalement.
Il
est né dans une famille aisée de la tribu Mecquoise de Quraych.
C'est l'auteur de poésie érotique le plus connu et le plus
représentatif du Hedjaz médiéval.
Célèbre
pour ses poésies amoureuses, il voue toute sa vie à Thorayya, une
jeune femme issue de l'aristocratie Hedjazienne.
Ibn
Rabia est connu pour avoir inauguré « une poésie galante,
malicieuse, souvent réaliste qui tranche sur le sentimentalisme des
amours Bédouines et donne le ton aux citadins ».
C'est
l'un des concepteurs des poésies de « l'amour-passion ».
On
dit à propos de lui que « Chaque belle qu'il voit dans la rue
ou durant le pèlerinage l'enflamme »
Sur
Thorayya il écrit :
« Ses
beautés m'ont ravi le cœur : Pureté de son cou de gazelle, ou
s'enroule une rangée de perles. Finesse d'une taille sous laquelle
s'épanouissent des rondeurs bien pleines, dessinant les courbes des
collines. Éclat du visage, vrai soleil parmi les nuages,
disparaissant, majestueux, quand descend le soir. Dents espacées
d'une bouche aux gencives rouge sombre, douce dont le goût ne
rappelle aucune saveur connue. Toute tendre, sœur de l'onagre,
n'offrant à qui veut reprendre quelque chose, aucun défaut. Tel est
ce qui d'elle m'est apparu, de ce qui resta caché je ne saurais rien
dire. »
A
Bassora, il y a alors un souk permanent où les plaisirs de la chair
et du palais sont exposés au public. Les califes, des despotes
éclairés, soufflent tout de même le chaud et le froid.
Al
Mahdi, par exemple, nomme un certain Abdeljabbar, vigile de
l’orthodoxie religieuse contre les hérétiques... Il mène la vie
dure aux écrivains qui se déclarent ouvertement immoraux. Son
successeur Al Amine, en revanche, reçoit dans sa cour le plus
subversif des poètes, Abou Nawas.
Celui-ci
y loue l’ouvrage d’Ibn Manẓūr avec, d’une part, celui
homonyme composé 5 siècles plus tôt par Abū Hiffān al-Mihzamī ,
qui est contemporain de notre poète, et, d’autre part, avec le
monumental « Kitāb al-Aġānī » (Livre des chansons),
dans lequel les quelques pages consacrées à Abū Nuwās par
Iṣfahānī (967) ont souvent été considérées comme lacunaires,
puis, il sera question des glissements par lesquels un personnage de
chair et de sang (ici al-Ḥasan Ibn Hāni) se mue en héros et en
figure légendaire, à travers le temps et les narrations.
Si
ces glissements n’en relèvent pas moins de l’histoire
littéraire, c’est parce que véhiculées par les anecdotes en
prose, ils visent à modeler le parangon du poète, aussi génial que
débauché, et servent de cadre aux citations poétiques, données en
exemple et parfois commentées, qui justifient le talent exceptionnel
qu’on lui reconnaît.
Commençons
par déterminer ce qu’il faut comprendre quand on évoque
aujourd’hui l’ouvrage d’Ibn Manẓūr intitulé Aḫbār Abī
Nuwās. Il s’agit d’un texte qui a fait l’objet de plusieurs
éditions imprimées, mais pas encore, à ce jour, d’une édition
critique. Parmi les éditions disponibles, la version de référence
utilisée dans cette étude sera celle figurant en appendice au Livre
des chansons, dans l’édition de 1992, chez Dār al-kutub
al-‘ilmiyya. Elle est la plus diserte des versions consultées : la
plus régulièrement annotée par l’éditeur ‘Abd al-Amīr ‘Alī
Muhannā, elle est aussi celle dans laquelle le texte attribué à
Ibn Manẓūr est le plus volumineux car, probablement, la seule à
n’avoir pas été expurgée.
Peu
importe ici la réalité des faits ou leur fiction. Les anecdotes
auxquelles il sera fait (...)
Sourate
des infidèles, verset 1.
Ajouts
et variantes ne sont pas anodins. Ainsi, les deux éditions relatent
dans les mêmes termes une anecdote qui on conduit devant al-Rašīd,
Abū Nuwās, accusé d’hérésie, après qu’il ait répondu
labbayka (me voici, à ton service !) à un imam qui récitait
« [...] Ô vous les infidèles ! ». Suite au récit,
dont le dénouement sera favorable au poète, Ibn Manẓūr
intervient dans le texte, comme il le fait rarement :
Muḥammad
Ibn al-Mukarram [Ibn Manẓūr] a dit : C’est là, par Dieu,
un humour impudent (muǧūn), médiocre et détestable, outrepassant
les limites de la raison, de la bienséance et de l’appréciable.
Par
ma vie, le libertin (māǧin) tire des leçons de créatures comme
lui, s’il se reconnaît avec elles la moindre ressemblance, comment
[celui-ci] ne tirait-il pas même de leçons de la puissance divine !
Abū Nuwās a, en plus de ce récit-là, un large spectre de
libertinage...
« la
luxure comme mode de vie festif auquel tout le monde a accès ».
[Utilisant
l’expression coranique (Coran, XI/70) qawm Lūṭ (peuple de Loth)
pour désigner les homosexuels (...)]
L’histoire
s’arrête là dans la version de Dār al-Ǧīl, de sorte que le
commentaire de l’auteur apparaît comme une glose conjoncturelle,
portant sur l’anecdote qu’il vient de rapporter. Elle se
poursuit, au contraire, dans celle de Dār al-kutub al-‘ilmiyya,
par des souvenirs personnels d’Ibn Manẓūr, visitant Sodome et
ses environs, y entendant raconter des histoires terribles sur le
châtiment du « peuple de Loth » (qawm Lūṭ). Ces
souvenirs édifiants sont liés à ce qui les précède par l’énoncé
« Cela m’a rappelé… ». Après les avoir relatés,
l’auteur revient à notre poète et conclut en disant :
Aḫbār
Abī Nuwās, p. 164.
« Fasse
Dieu que je sache ce qui portait Abū Nuwās à ce libertinage
insolent, plein de dérision à l’égard de la déité (rubūbiyya).
Que Dieu nous protège de ses égarements et qu’Il nous pardonne,
Lui, le Maître des mondes ».
Le
vin, l’éloge de l’homosexualité, tout y passe dans un langage
plaisant... Mais tous les sérails n’ont pas la même tolérance à
l’égard des écrivains à la moralité ou à la croyance
douteuses.
Ainsi
en est-il d’Ibn Al Mouqaffaa, Mazdéen converti à l’islam malgré
lui. Même s’il juge dans ses écrits l’autorité religieuse
arbitraire, il met ses opinions en sourdine. Son problème était de
sortir indemne de la compagnie du prince.
‘Ubayd
Allāh, client aš‘arite originaire de Tibériade en Palestine (né
vers 719) où son père a été un secrétaire umayyade, lui aussi
secrétaire particulier du futur calife al-Mahdī.
Devenu
calife, ce dernier le nomme son vizir. Parmi les collaborateurs
d'al-Manṣūr, Abū ‘Ubayd Allāh se distingue par son
arabophilie, il favorise l'existence de l'élément arabe dans
l'entourage du futur calife afin que ce dernier soit élevé dans
l’orthodoxie arabe. D'un autre côté, il passe pour un pieux
musulman très proche du milieu des traditionalistes, lui-même, il
transmet des hadiths, bref, il est très populaire à Bagdad.
Pour
des raisons politiques, Abū ‘Ubayd Allāh est évincé en 780 du
vizirat par Ya‘qūb b. Dāwūd, réputé pro-alide. Cependant,
l'ancien vizir demeure dans la direction de la chancellerie.
Tabari,
rapporte que le chambellan al-Rabi‘, pour des raisons personnelles
ou parce qu'il convoite la chancellerie, conçoit en 782, l'idée
d'intriguer contre l'ancien vizir afin d'obtenir sa disgrâce totale.
Il songe un moment à l'accuser d'avoir de la sympathie pour les
qadarites, mal vus à l'époque, mais comme cette accusation est peu
fondée, et comme il ne peut pas s'en prendre à la personne d'Abū
‘Ubayd Allāh, intègre, pieux et habile dans son métier, le
chambellan travaille contre son fils.
La
campagne contre les zindiqs est en pleine vigueur, al-Rabī‘ et ses
collaborateurs accusent auprès du calife le fils d'Abū ‘Ubayd
Allāh de zandaqa (hérésie), et d'un crime plus grave encore :
Entretenir des relations douteuses avec le harem du calife, lequel
est, selon un témoignage très jaloux. C'est alors que le calife
charge Waḍḍāḥ al-Šarawī d'amener l'accusé à Bagdad...
Le
vizir a prétendu auparavant que son fils connaît le Livre par cœur.
« Récite ! », ce dont l'accusé, qui doit avoir
entre 25 et 35 ans, est incapable, aucun verset ne lui vient à
l'esprit.
Son
père, embarrassé, s'explique : il m'a quitté depuis longtemps, et
depuis il a oublié... Cruel, le calife demande à son secrétaire
d'exécuter de sa propre main l'Infidèle, « l'ennemi de
Dieu », mais l'un des assistants, al-‘Abbās le fils
d'al-Saffāḥ, épargne au père, âgé alors de 66 ans, cette
épreuve et décapite le zindiq.
En
résumé, Tabarī, qui insiste sur les dessous politiques de
l'affaire, ne croit pas que le fils d'Abū ‘Ubayd Allāh ait été
initié à la religion des zindiqs la seule preuve retenue contre lui
consiste dans son ignorance ou peut-être son oubli du Coran.
Mais
3 autres versions l'affirment qui, tout en attribuant la dénonciation
du fils du vizir aux intrigues du chambellan...
Selon
la première, lorsque le calife dit à l'accusé « Récite ! »,
ce dernier, au lieu de réciter le Coran, prononça cette phrase :
« Soyez bénis, toi et ceux qui te connaissent (ou tes mondes)
par la grandeur de la création ».
Le
père dit alors à son fils : « Ce n'est pas ainsi que je
t'ai éduqué, je t'ai appris le Livre de Dieu ».
Le
calife à l'accusé : « Es-tu zindiq ? » La
réponse est positive.
Selon
les 3 traditions, le calife demande à l'accusé d'abjurer son erreur
comme le recommande la Loi... Le zindiq refuse, mais quelques minutes
plus tard, alors qu'on s'apprête à le mettre à mort, il crie :
« Je
me repens ! » (al-tawba !), le calife feint de ne pas
l'entendre. Considéré comme apostat, le mort, crucifié un moment
devant la porte de son père, n'eut pas droit à un enterrement
musulman.
Très
probablement, la phrase prononcée par l'accusé provient d'un
catéchisme manichéen, on lit en effet dans une prière manichéenne
rapportée dans le Fihrist, cette phrase : (sois glorifié et
béni, toi, ainsi que toute ta grandeur et ceux qui te connaissent,
les bénis que tu as appelés).
La
correspondance est indéniable, le personnage a été initié au
manichéisme et a confondu consciemment ou inconsciemment les versets
coraniques et la prière manichéenne.
À
la suite de cette affaire, Abū ‘Ubayd Allāh est congédié. Il
meurt 3 ans plus tard en 785. Sa réputation de bon musulman n'en a
pas souffert. Une foule immense de pauvres gens assiste à ses
funérailles. On donne à l'exécution de son fils d'autres raisons
auxquelles Ṭabarī fait une vague allusion.
« Selon
les ragots répandus dans les rues de Bagdad, al-Mahdī, qui est un
maniaque sexuel, a violé la fille de son ancien vizir, pour la
venger, son frère a essayé de s'introduire dans les bains de la
reine, arrêté, il a été exécuté comme zindiq... »
En
outre, accusé d'être un agitateur qui, à la tête de ses
partisans, incite le peuple à la désobéissance et à la révolte.
A cet effet, il a écrit un pamphlet contre les Abbassides où ces
derniers et leurs collaborateurs sont qualifiés de tyrans impies
« ennemis de Dieu et de l'Islam ».
Le
calife demande à l'accusé d'avouer ses crimes et d'abjurer ses
erreurs, sinon, il sera mis à mort au nom de la Loi. Al-Aḥmarī,
courageux, réfute toutes les accusations forgées, dit-il, par des
adversaires malveillants. Il est, dit-il, un musulman sincère qui
n'a jamais trahi sa foi. Sa doctrine est claire :
Admettre
la priorité (au califat) des descendants du Prophète. Cependant, il
n'a jamais été hostile aux Abbassides. Il met enfin le calife en
garde : « Tu es le plus fort, tu peux me tuer injustement,
mais fais attention, au jour du jugement dernier, si tu y crois, je
serai ton adversaire et le Juge suprême me vengera ! »,
dit-il à al-Mahdī.
Ce
dernier, sensible à la menace, libère le prisonnier après un long
moment de silence, non sans faire admirer son courage par les
assistants...
Il
est à noter enfin que la zandaqa dont il s'agit n'a rien à voir
avec le manichéisme. Elle désigne le matérialisme athée. La
comparaison de la vie de l'homme à celle d'une plante est très
répandue à l'époque et est considérée comme un signe d'une foi
douteuse. De même, cette phrase :
« embrasser
ce qui n'a ni fondement ni réalité », la doctrine du zindiq,
est une expression figée que nous rencontrons dans un autre texte.
Quant au livre Le fondement de la sagesse et le jardin de la
philosophie, où la philosophie a un sens nettement athéiste, il
nous est inconnu, il a peut-être existé. Le titre a une connotation
ismaélienne...
Nous
sommes au milieu du IXe siècle. Un foisonnement culturel est initié
à Bagdad par le calife Al Mamoun. En créant Dar Al Hikma (Maison de
la sagesse, composée d'une bibliothèque et d'un centre de
traduction), il permet un accès plus facile aux cultures Persane et
Grecque. La porte est grande ouverte pour des débats sans fin sur
l’unicité de Dieu, la genèse du monde et bien d’autres
problématiques de haute volée... Mais face aux politiques qui
ouvrent les portes de la culture, les oulémas veillent au grain.
« Même si les écrivains les plus athées veulent braver les
interdits, ils cherchent souvent le meilleur moyen de s'en sortir
sains et saufs »..., explique l’orientaliste Léo Strauss.
Prenons le cas du philosophe muâtazilite Al Jahidh. Il écrit
toujours ses textes en forme de dialogues pour ne pas être pris au
mot.
Au
Xe siècle, les poètes quoique traités de zandiqa
(hérétiques) semblent plutôt tolérés. Aboul’âlaa Al Maari a
beau s’en prendre aux oulémas, faisant d’eux les responsables de
l’ignorance et de la corruption, il s’en sort indemne.
Un
certain Ibn Ouqaïl a beau le taxer de poète « ouvertement
athée et secrètement musulman », le stoïque Maara continue
son petit bonhomme de chemin.
« Si
les auteurs passent entre les mailles du filet, explique Kilito,
c’est parce qu’ils ont un art d’écrire, par allusion, par
distorsion de style, en disant la chose et son contraire ».
Ceci
est tout aussi vrai pour Ibn Hazm. Ce poète aristocrate, libre, qui
vivant à Cordoue, parmi les femmes, chantant leur amour et la beauté
de leurs atours, a également l’art de ne pas dire ouvertement tout
ce qu’il pense. Il a écrit, certes, un poème qui lui a valu une
grande polémique. Il y dit :
« jusqu’au
ciel, me dit-on, crois-tu arriver ?
-Oui,
une échelle y monte et j’ai su la trouver ».
Mais
notre homme a l’art de cacher sa liberté de pensée. Il distingue,
selon André Miquel, 3 catégories de sceptiques. « Ceux qui
doutent et préservent le fait religieux.
Ceux
qui doutent de tout sauf du Créateur.
Et
ceux qui ménagent autant Dieu que le prophète.
Omar
Khayyam, lui, doute tout court. Il trouve son plaisir dans sa
capacité à tordre le cou aux idées convenues :
« S’il
existait un enfer pour les amoureux et les buveurs, le paradis serait
désert », écrit-il comme pour inverser les valeurs édictées
par les dévots.
L’astronome
Perse a traversé la vie en jouant à l’équilibriste entre
croyance et jouissance, il s’en sortira, sans fracas. Cette licence
faite aux poètes libertins, l’islamologue Dominique Urvoy lui
trouve une explication plausible... « Contrairement à la
prose, la poésie (vieille tradition arabe) appartient à la zandaqa,
non à la pensée. Elle peut servir de support à des attaques
nominales ou à l’expression d’exaspérations personnelles, mais
pas de base idéologique à un mode de réflexion ».
Tel
n’est pas le cas des philosophes, le soufi Hamed Al Ghazali et le
rationaliste
Le
premier, quoique modéré, a vu brûler son livre initiatique, « Al
Mounqid Min Addalal » (voyage dans le doute vers le soufisme),
par le sultan Almoravide
Youssef
Ibn Tachfine. Le second a vu des copies de ses manuscrits également
brûlées suite à un conflit avec Abou al Abbas Sebti. Nous sommes
alors à la fin du XIIe siècle. La fin d’une ère de liberté
fluctuante.
Le
bûcher est allumé partout... Même à Bagdad... Envahi par les
Mongols, le berceau des libertins musulmans a vu tout son patrimoine
littéraire et livresque consumé et jeté dans l’Euphrate. Il ne
s’en est jamais remis. »
Bashar
ibn Burd - Wikipedia, the free encyclopedia
en.wikipedia.org/wiki/Bashar_ibn_Burd
Traduire
cette page
Bashār
ibn Burd (714-783) (Arabic: بشار
بن برد)
nicknamed "al-Mura'ath" meaning the wattled, was a poet in
the late Umayyad and the early Abbasid periods.
Termes
manquants : année
es
manquants : 784
Omar
Ibn Abi Rabia — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Omar_Ibn_Abi_Rabia
Omar
Ibn Abi Rabia (644-712/744) était un poète arabe de ghazal
principalement. Il est né dans une famille aisée de la tribu
mecquoise de Quraych.
Termes
manquants : 784
Figures
d'al-Ḥasan Ibn Hāni', dit Abū Nuwās, dans le Kitāb ...
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de
K Zakharia - 2009 - Autres articles
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LVIII | Septembre 2009 : Années 2008-2009 ... 1- Sur l'origine de
l'expression Abū Nuwās, surnom d'al-Ḥasan Ibn Hāniʼ ..... 784).
68 Aḫbār Abī Nuwās, p. 28. 28Selon l'une des versions, Ǧulbān
aurait donné à son époux plusieurs ...
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