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MARS 2015...
Cette
page concerne l'année 781 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
L'ART
DE L'ENLUMINURE SOUS LES CAROLINGIENS
ENLUMINURE DE DROGON |
L’Évangéliaire
de Godescalc ou de Charlemagne est un manuscrit enluminé de la fin
du VIIIe siècle. Il constitue l'un des premiers témoignages de
la Renaissance Carolingienne, et le plus ancien exemple connu
d'enluminure. Un exemplaire est conservé à la Bibliothèque
nationale de France sous la cote « Nouvelle acquisition latine
1203 ».
L'évangéliaire
est réalisé par le scribe Godescalc à destination du roi
Charlemagne et de sa femme Hildegarde. Il est produit à la cour,
peut-être alors localisée à Worms. Il est daté entre 781, après
le retour de Charlemagne de Rome et le 20 avril 783, jour de la mort
en couche d'Hildegarde.
Le
manuscrit de l'évangéliaire est attesté en 1246 dans un inventaire
des biens de l'abbaye Saint-Sernin à Toulouse. Il a peut-être été
donné par Louis le Pieux, alors qu'il est roi d'Aquitaine, ou bien
par son fils Charles le Chauve, alors qu'il séjourne à l'abbaye
après le siège de la ville en 844. Le manuscrit est alors exposé
chaque année par l'abbaye, à l'occasion du Jeudi saint.
Le
manuscrit est transféré au cours de la Révolution au musée des
Augustins de Toulouse, fondé en 1793... Puis transféré en 1810 à
Paris et offert par la ville de Toulouse à Napoléon Ier en 1811, à
l'occasion du baptême du roi de Rome.
Conservé
dans les collections impériales, et notamment dans le bureau de son
bibliothécaire particulier, Antoine-Alexandre Barbier, au château
de Saint-Cloud. Il entre au musée du Louvre en 1814.
En
1852, on le transfère au musée des Souverains tout juste créé par
Napoléon III, où il est exposé avec le psautier de Charles le
Chauve. Il passe ensuite dans les collections de la Bibliothèque
nationale de France après la fermeture de ce musée, en 1872.
L'évangéliaire
est rédigé en onciale à l'encre d'or et d'argent sur 127 pages de
parchemin pourpré. Le codex est décoré de 6 miniatures : les
4 Évangélistes, le Christ en gloire (imberbe) et la Fontaine de
vie. Il s'achève sur un poème de dédicace (folios 126v et 127r)
rédigé en minuscule caroline où apparaît le nom de l'enlumineur,
Godescalc (Godescalcus, Gottschalk). Ce poème commémore le voyage
fait par Charlemagne en Italie en 781, sa rencontre avec le pape
Adrien Ier, et, le baptême de son fils Pépin.
Il
constitue le plus ancien exemple connu d'enluminure Carolingienne, un
style caractérisé par son mélange d'éléments insulaires (le
décor d'entrelacs), paléochrétiens et byzantins, visiblement
d'influence Italienne. Dans ses miniatures, l'artiste utilise des
ombres élaborées, avec un trait marqué et des couleurs, pour
donner de la profondeur à ses personnages.
On
appelle enluminure Carolingienne l’enluminure produite entre la fin
du VIIIe siècle et la fin du IXe siècle dans l'empire...
Alors que l'enluminure Mérovingienne, qui la précéde, est purement
monacale, la Carolingienne est issue des cours des rois francs ainsi
que des résidences des évêques puissants. Le point de départ est
l'école de la cour de Charlemagne au palais d'Aix-la-Chapelle, à
qui l'on attribue les manuscrits du groupe d'Ada, la sœur de
Charlemagne. Simultanément, et sans doute au même endroit, apparaît
l'école du Palais, dont les artistes sont sous influence Byzantine.
Les codex de cette école sont aussi, du fait de leur style
d'écriture, nommés groupe de l'Évangéliaire du couronnement de
Vienne. Leurs particularités stylistiques font que ces deux écoles
d'enluminure sont en contradiction directe avec les formes
d'expression de l’Antiquité ; elles partagent la
caractéristique de donner une clarté aux illustrations, ce qui
n'est pas le cas précédemment. Après la mort de Charlemagne, le
centre de l'enluminure émigre vers Reims, Tours et Metz. Même si
l'école de la cour domine au temps de Charlemagne, l'art du livre
s'inspire de l'école du Palais dans les centres ultérieurs.
L'enluminure
Carolingienne cesse de fleurir à la fin du IXe siècle lorsque
se développe une école Franco-Saxonne, qui reprend des formes de
l'ancienne enluminure insulaire, avant que l'enluminure Ottonienne
n'ouvre une nouvelle époque à la fin du Xe siècle.
Cadre temporel et
géographique. On le considère parfois comme un stade artistique
déterminé, mais, le plus souvent, on l'assimile aux autres styles
allant du Ve siècle au XIe siècle de l'art du haut Moyen
Âge, ou de la période pré-romane, en y incluant l'art Ottonien,
quoi que ce dernier puisse aussi être situé au début de l’époque
romane. L'art Carolingien est très fortement lié à la cour de son
seigneur, et limité à l'empire des Carolingiens et à l'empire des
Francs. Les domaines artistiques en dehors de cet ensemble ne sont
pas considérés comme relevant de l'art Carolingien. Le royaume de
Lombardie, que Charlemagne conquiert en 773-774, est un cas
particulier car il perpétue ses propres traditions culturelles,
lesquelles influencent fortement l'art Carolingien.
ÉVANGÉLIAIRE IRLANDAIS DE SAINT GALL |
Réciproquement,
les mouvements de la renaissance Carolingienne ont aussi une
influence en Italie, et en particulier à Rome.
Le
premier manuscrit d'apparat commandé par Charlemagne entre 781 et
783 est l'Évangile de Godescalc.
Avec
la mort de Louis l'Enfant en 911, la lignée des Carolingiens
Orientaux s'éteint. Conrad le jeune, de la famille des Conradins est
élu pour lui succéder. Après sa mort, en 919, les grands électeurs
de Franconie et de Saxe élisent Henri Ier roi de Francie
Orientale. Avec le passage de la royauté aux Liudolfinger Saxons,
que l'on désigne plus tard sous le terme d'Ottoniens, le centre de
gravité de la production artistique se déplace vers la Francie
Orientale.
L'Évangile
de Godescalc, le Psautier de Dagulf, ainsi qu'un manuscrit sans décor
témoignent par leurs poèmes de dédicace ou leurs colophons qu'ils
ont été commandés par Charlemagne. Sous le règne des successeurs
de ceui-ci, des ateliers voient le jour dans les cours des empereurs
et rois Carolingiens, ou auprès d'évêques importants. Mais
finalement, seul le couvent de Tours reste productif durant des
décennies, jusqu'à sa destruction en 853.
La
plupart des livres liturgiques sont destinés aux cours royales.
Certains des codex les plus précieux servent de présents
honorifiques, comme le Psautier de Dagulf, destiné à être un
présent pour le pape Adrien Ier, mais qui ne peut lui être remis
avant sa mort. Un troisième groupe de manuscrits est fabriqué pour
les couvents les plus importants de l'empire, afin de porter l'élan
religieux et culturel de la cour vers l’empire. C'est ainsi que
l'évangéliaire d'Abbeville est destiné au gendre de Charlemagne,
Angilbert, abbé laïc de Saint-Riquier.
En
827, Louis le Pieux consacre un évangéliaire de l'école de la cour
de Charlemagne à l’Abbaye Saint-Médard de Soissons. Inversement,
le couvent de Tours, sous le comte Vivien, fait présent en 846 de la
Bible de Vivien à Charles le Chauve, qui en fait don vers 869-870 à
la cathédrale de Metz.
Peu
d'enlumineurs du haut Moyen Âge ont laissé leur nom à la
postérité. Dans le manuscrit d'une œuvre de Térence, provenant
peut-être d'Aix-la-Chapelle, un des trois peintres, Adelricus, cache
son nom dans une ornementation du fronton d'une enluminure. Selon ses
propres affirmations, le moine savant de Fulda, Brun Candidus, qui a
passé quelque temps à l'école de la cour d'Aix-la-Chapelle sous
Éginhard, est le peintre de l'abside ouest de la basilique de
Ratgar, consacrée en 819, au-dessus du sarcophage de Saint-Boniface
au couvent de Fulda. Ainsi, on peut lui supposer un rôle important
dans l'école de peinture de Fulda lors de la première moitié du
IXe siècle.
Les
scribes d'un manuscrit se mentionnent plus souvent que les
enlumineurs dans les poèmes de dédicace ou les colophons.
L'Évangile de Godescalc et le Psautier de Dagulf reçoivent leur nom
d'après celui de leur scribe. Les deux se désignent comme
chapelains, ce qui laisse penser que le scriptorium de l'école de la
cour de Charlemagne est lié à la chancellerie. Dans le Codex Aureus
de Saint-Emmeran, les moines Liuthard et Beringer se nomment scribes.
Plus un scriptorium est petit, plus les ambitions pour ses
enluminures sont limitées, et plus il est probable que les scribes
réalisent aussi eux-mêmes les enluminures.
ÉVANGÉLIAIRE DE LORSCH |
conteste
un objet de luxe. Tous les manuscrits carolingiens sont écrits sur
parchemin, car le papier, plus économique, n'arrive en Europe qu'au
cours du XIIIe siècle. Les manuscrits somptueux les plus
représentatifs, comme l'Évangile de Godescalc, l'évangéliaire de
Saint-Médard de Soissons, celui du Couronnement, celui de Lorsch, ou
la Bible de Saint-Paul sont écrits à l'encre d'or ou d'argent sur
du parchemin teinté de pourpre. Leurs couvertures sont ornées de
plaques d'ivoire, fixées par des orfèvreries ornées de pierres
précieuses. Pour les enluminures, la gouache prédomine ; le
dessin au trait, même colorié, est plus rare.
Environ 8 000
manuscrits des VIIIe et IXe siècle nous sont parvenus (nombre
estimé d'après les connaissances des années 1960). Il est
difficile d'estimer les pertes dues aux incursions normandes, aux
guerres, aux iconoclasmes, aux incendies, à l'ignorance ou à la
récupération des matériaux. Les inventaires de livres qui nous
sont parvenus donnent des renseignements sur le volume des plus
grandes bibliothèques. Pendant l'époque Carolingienne, le nombre de
livres de l'abbaye de Saint-Gall passe de 284 à 428, l'abbaye de
Lorsch en possède 690 à la fin du IXe siècle et celle de
Murbach, 33511.
Les testaments
permettent de se représenter le volume des bibliothèques privées.
Les 200 codex légués par Angilbert à l'abbaye de Saint-Riquier,
parmi lesquels l'évangéliaire d'Abbeville, représentent sans doute
une des plus grandes bibliothèques de l'époque. Ecchard de Mâcon
lègue environ 20 livres. On ne connaît pas le volume de la
bibliothèque de Charlemagne, vendue, d'après son testament, après
sa mort. Dans la bibliothèque d'Aix-la-Chapelle se trouvent tous les
ouvrages importants, et parmi eux beaucoup de livres romains, grecs
et byzantins.
La
plupart des manuscrits ne sont pas du tout enluminés, et une petite
partie ne l'est que sommairement. Dans la littérature sur l'histoire
des arts ne sont pris en considération que les ouvrages majeurs de
l'enluminure Carolingienne. Les manuscrits somptueux – dans le cas
des livres liturgiques – font l'objet d'une utilisation
particulière. Les codex les plus onéreux n'ont pas de fonction
utilitaire, ils sont conservés dans le trésor de l'église et
servent principalement pour des représentations, comme l'indique le
très faible nombre de traces d'utilisation.
Les
illustrations, sur un parchemin durable, dans un livre fermé, sont
bien protégées des influences extérieures ; pendant longtemps
les codex ne sont pas rangés sur des étagères, mais dans des
coffres, plus rarement dans des armoires fermées. C'est pourquoi les
manuscrits Carolingiens enluminés sont relativement bien conservés,
et bien des enluminures ont franchi les 12 siècles dans un assez bon
état. La plupart des manuscrits transmis sont complets, une
transmission en fragments est rare. Mais le nombre de manuscrits
enluminés perdus est significatif, comme le montrent des
illustrations qui sont en fait des copies d'enluminures non parvenues
jusqu'à nous. Dans certains cas, il existe une mention de codex
enluminés qui ne nous sont pas parvenus, comme un « Psautier
doré » de la reine Hildegarde des débuts de l'enluminure
carolingienne.
LES 4 ÉVANGÉLISTES |
Les
couvertures de livres en or, que l’on peut facilement fondre, ont
rarement échappé aux pillages. Les plaques d'ivoire des couvertures
se sont mieux conservées, mais en aucun cas en rapport avec le codex
qu'elles ornent initialement.
Les cinq plaques
de l’Évangéliaire de Lorsch se trouvent maintenant au musée du
Vatican. Et la plaque d'ivoire inférieure n'est pas un travail
Carolingien, mais un original de l'Antiquité tardive, comme on peut
le constater par une inscription à son revers. Les seules plaques
d'ivoire que l'on peut dater avec certitude sont celles du psautier
de Dagulf, qui sont décrites avec précision dans le poème de
dédicace, et qui peuvent ainsi être identifiées avec deux plaques
du musée du Louvre. L'enluminure est en interaction étroite avec la
sculpture sur ivoire. Les œuvres de petit format, facilement
transportables, acquièrent un rôle important dans la transmission
de l'art Antique et Byzantin. À l'opposé, la sculpture
Carolingienne en grandeur nature ne laisse que quelques fragments ;
les travaux de joaillerie se sont mieux transmis. En relation avec
l'enluminure, la couverture du codex aureus de Saint-Emmeran, de
l'école de la cour de Charles le Chauve, est intéressante.
En
raison de leur relativement bonne transmission, l'enluminure et la
sculpture miniature ont pour l'histoire des sciences une importance
encore plus grande que pour les autres époques, car toutes les
autres formes d'art Carolingiennes se sont très mal conservées.
Cela est encore plus vrai pour la peinture murale monumentale, dont
nous savons que c'est la forme principale de la peinture
Carolingienne, léguée aux temps Ottoniens et Romans. On peut en
déduire que toutes les églises, comme les palais, étaient
recouverts de fresques, mais les restes minimes qui nous sont
parvenus ne permettent pas de se représenter vraiment la splendeur
des images. Les mosaïques dans la tradition antique jouent aussi un
rôle, par exemple, la chapelle du palais d'Aix-la-Chapelle est, à
cette époque, ornée d'une somptueuse coupole en mosaïque.
La
résidence de Charlemagne à Aix-la-Chapelle devient le berceau de
la renaissance Carolingienne y remplaçant ainsi le vide culturel
existant. L'enluminure Mérovingienne, précédant les Carolingiens
en Francie, est restée purement ornementale... Les initiales tracées
à la règle et au compas, les images titres avec des arcades et une
croix forment presque la seule forme d'illustration.
À
partir du VIIIe siècle, les ornements zoomorphes apparaissent,
ils deviennent si envahissants qu'on trouve, par exemple, dans des
manuscrits du couvent de femmes de Chelles, des lignes entières où
les lettres sont exclusivement des dessins d'animaux. À l'opposé de
l'enluminure insulaire contemporaine à l'ornementation foisonnante,
la Mérovingienne tend à une organisation claire de la feuille. Un
des scriptoriums les plus anciens et les plus productifs est le
monastère de Luxeuil, fondé en 590 par le moine Irlandais Colomban,
détruit en 732.
L'abbaye
de Corbie, fondée en 662, développe son propre style
d'illustration. Outre Luxeuil et Chelles, l'Abbaye Saint-Vincent de
Laon est un pôle d'enluminure Mérovingienne. À partir du milieu du
VIIIe siècle, elles sont fortement influencées par
l'enluminure insulaire. Un évangéliaire d'Echternach montre que,
dans ce couvent, scribes et enlumineurs Irlandais et Mérovingiens
coopèrent.
Jusqu'à
la renaissance Carolingienne, les îles Britanniques sont le lieu de
refuge de l'héritage romain-chrétien primitif. Il s'y crée, par
mélange avec des éléments celtiques et germaniques, un style
insulaire propre. Par son expression plus vigoureuse, privilégiant
l'ornementation et restant strictement à deux dimensions, il
s'oppose par son anti-naturalisme à la langue des formes antiques.
Ce n’est qu'exceptionnellement que les enluminures insulaires
reprennent les éléments des formes classiques, comme le codex
Amiatinus (Angleterre méridionale, vers 700), ou le codex Aureus de
Cantorbéry (milieu du VIIIe siècle)
Par
la mission venant d'Irlande et d'Angleterre méridionale (Colomban de
Luxeuil), le continent Européen est fortement marqué par la culture
conventuelle insulaire. Des moines irlandais fondent aux VIe et
VIIe siècles dans toute la France, l'Allemagne, et même en
Italie, des abbayes, qu'on appelle improprement « abbayes
Écossaises ». Celles-ci comprennent en particulier Annegray,
Luxeuil, Saint-Gall, Fulda, Würzburg, Saint-Emmeran à Ratisbonne,
Trèves, Echternach et Bobbio.
Aux
VIIIe et IXe siècles arrive une autre vague missionnaire
Anglo-Saxonne. Par cette voie de nombreux manuscrits enluminés
arrivent sur le continent, ils exercent une forte influence sur les
styles locaux, surtout dans l'écriture et dans l'ornementation.
Alors qu'en Irlande et Angleterre, la production de livres s'effondre
largement, en raison des invasions Vikings à la fin du VIIIe siècle,
la production d'enluminures dans le style insulaire se poursuit
pendant quelques décennies sur le continent... À côté des travaux
des cours Carolingiennes cette branche de tradition se maintient et
marque, dans la deuxième moitié du IXe siècle, l’école
Franco-Saxonne : les écoles de cour reprennent des éléments
de l'enluminure insulaire, notamment la page de titre.
Le
retour à l'Antiquité est, par excellence, la caractéristique de
l’art carolingien. L'adaptation programmatique à l’art antique
s'oriente de façon systématique vers l'empire romain tardif, se
coule dans l'idée fondamentale de renovatio imperii romani
(rénovation ou refondation de l'Empire Romain). L'art Carolingien se
pose comme héritier de l’Empire Romain dans tous les domaines. Les
arts sont des points essentielles du courant de la renaissance
Carolingienne.
Pour accueillir
l'art antique, il est très important pour les gens de l’époque
d'étudier les œuvres originales, conservées en grand nombre à
Rome. Pour les artistes et les érudits du nord, qui ne connaissaient
pas l'Italie, les œuvres d’enluminure paléo-chrétienne jouent un
rôle important, car à côté de la petite sculpture, seul le livre
pénètre dans les ateliers et les bibliothèques au nord des Alpes.
Il est possible de démontrer que le scriptorium de Tours possède
des originaux antiques servant de modèles. C'est ainsi que des
peintures du Vergilius vaticanus se trouvent à l'époque dans la
bibliothèque de Tours : Elles sont décalquées et se retrouvent
dans des Bibles23. Parmi d'autres manuscrits conservés dans des
bibliothèques importantes, on compte la Genèse de Cotton et la
Bible Leo du Ve siècle. Beaucoup de livres illustrés de
l'Antiquité ne nous sont plus accessibles que par ces copies
Carolingiennes.
Outre
les œuvres originales, l'art byzantin transmet l'héritage antique,
en poursuivant sa production selon une tradition continue. Cependant
la querelle des images, qui mine entre 726 et 843 le culte des images
religieuses et attire une vague de destructions de ces images,
provoque une large coupure dans la continuité de la tradition.
Byzance possède jusqu'au VIIIe siècle, avec l’exarchat de
Ravenne, une solide tête de pont en Occident. Les artistes, qui se
sont enfuis de Byzance devant la répression suivant l'interdiction
des images, se mettent à travailler aussi pour l'art romain.
Charlemagne attire des artistes de cette Italie marquée par Byzance
pour créer les œuvres de ce qu'on appelle « l'école du
Palais ».
CODEX AUREUS DE SAINT EMMERAN |
Rome
voit un mouvement très marqué de rénovation, en rapport avec la
renaissance Carolingienne Franque. Dans son rôle de protecteur de la
papauté, le royaume des Francs se maintient très proche de Rome,
qui, malgré son déclin depuis l'époque des invasions barbares,
apparaît toujours comme le caput mundi, (la tête du monde.) Dans
les années 774, puis en 780-781 ainsi qu'à l'occasion de son
couronnement comme empereur en 800, Charlemagne lui-même y séjourne
quelque temps.
Il
n'y a pas de style Carolingien unique. Trois branches se forment, qui
se rattachent à des écoles d'enluminure très différentes. Deux
écoles sont rattachées à la cour de Charlemagne à Aix-la-Chapelle
vers 800 : « l'école de la cour » et « l'école
du Palais ». Sur cette base se développent des styles
d'ateliers marqués, avant tout à Reims, Metz et Tours, qui ne
restent productifs guère plus que deux décennies. Ils dépendent
fortement de la tradition du scriptorium associé, du contenu et de
la qualité de la bibliothèque déjà présente, ainsi que de la
personnalité du mécène. Un troisième style, largement indépendant
de celui des écoles de cour, perpétue l'enluminure insulaire sous
le nom d’« école Franco-Saxonne », laquelle domine
l'enluminure vers la fin du IXe siècle.
Les
deux écoles de la cour de Charlemagne ont en commun de se distinguer
nettement du langage de l'antiquité, ainsi qu'une recherche sans
précédent quant à la clarté de la mise en page de l'enluminure.
Autant les enluminures insulaire et Mérovingienne privilégient les
arabesques abstraites et les animaux schématisés, autant
l'enluminure Carolingienne reprend les ornements classiques de l’ove,
de la palmette, des pampres et de la feuille d’acanthe. Dans
l’enluminure figurative, les artistes s'efforcent de donner une
représentation compréhensible de l'anatomie et de la physiologie,
du relief des corps et des espaces, ainsi que des effets de lumière
sur les surfaces. Ce sont surtout ces éléments de vraisemblance qui
sont supérieurs à ceux des écoles précédentes, dont les
représentations du monde réel, à l'opposé de leurs images
abstraites, sont « insatisfaisantes », pour ne pas dire
ridicules.
La
mise en ordre de l’enluminure n’est qu'une partie de la réforme
Carolingienne de l'art du manuscrit. Elle forme un tout avec le soin
apporté à la rédaction des éditions modèles des livres
bibliques, ainsi qu'avec la mise au point d'une écriture unifiée et
claire, la minuscule caroline. De plus, tout le canon des écritures
antiques est repris, essentiellement comme élément de segmentation
du texte et d'ornementation, par exemple l’onciale et la
demi-onciale.
Par
la mise en relation entre le texte et l'image, le livre devient un
instrument de diffusion de la pensée de la Renaissance dans
l'Empire. L'évangéliaire est au centre des efforts de renouveau,
dans la volonté d'uniformisation de la liturgie. Le psautier est le
premier type de livre de prières. Au milieu du IXe siècle
environ, l'éventail des livres illustrés s'élargit à la Bible
intégrale et au sacramentaire. L’admonitio generalis de 789
demande explicitement que l'exécution des livres liturgiques soit
confiée à des mains expérimentées (perfectae aetatis homines).
L'ornement majeur
des évangéliaires est la représentation des 4 Évangélistes. Le
Christ en gloire, image du Christ sur son trône, n'est que rarement
représenté au début. Les images de Marie ou d'autres saints
n'apparaissent guère pendant la période carolingienne. En 794, le
synode de Francfort étudie l’iconoclasme Byzantin, et interdit
l'iconodulie, mais donne à l'enluminure la tâche de l'enseignement
et de l'instruction. La position officielle des milieux entourant
Charlemagne à ce sujet est illustrée par les Libri Carolini, dont
l'auteur est sans doute Théodulf d'Orléans. Une des premières
représentations du Christ en gloire, dans l'Évangile de Godescalc,
date de 781-783, soit quelques années avant cette prise de position.
Un synode Franc adoucit ces prescriptions en 825. La gamme des thèmes
dignes d'illustrations s'élargit, surtout dans les écoles de Metz
et de Tours. À partir du milieu du IXe siècle, le motif du
Christ en gloire devient un motif central, surtout dans les
évangéliaires et Bibles de Tours, et appartient dorénavant, avec
les images des Évangélistes, à un cycle iconologique stable. Dans
l'Évangile de Godescalc apparaît, pour la première fois, le motif
de la Fontaine de jouvence, repris dans l'évangéliaire de
Saint-Médard de Soissons. Un nouveau motif apparaît, l’adoration
de l'Agneau pascal. Une partie notable de l'évangéliaire est formé
des tables canoniques, texte du canon de la messe encadré par des
arcades. L'école de la cour de Charlemagne se distingue en les
plaçant dans une architecture de trône, qui n'existe pas dans les
écoles de Reims et de Tours. Les enlumineurs reprennent la page de
titre des enlumineurs insulaires.
SAINT MARC ÉVANGÉLIAIRE DE LOSCH |
À
partir de l'époque de Louis le Pieux, le portrait du roi devient un
motif central, apparaissant essentiellement dans les manuscrits de
Tours. Compte tenu du programme de revitalisation (dans le sens de
rénovation) de l’héritage romain, et ainsi d'une légitimation de
la royauté, ce motif acquiert une importance particulière. Par
comparaison de ces images avec les descriptions de la littérature
contemporaine de l'époque, comme la Vita Karoli Magni d'Éginhard ou
la Gesta Hludowici de Thégan, on peut conclure qu'il s'agit de
portraits typologiques dans l'esprit et, selon l’exemple des
portraits impériaux Romains, enrichis d'éléments réalistes de
portrait. Le caractère sacré de la dignité impériale est
thématisé dans presque toutes les images Carolingiennes de
l’empereur, lesquelles figurent ainsi surtout dans les livres
liturgiques. Souvent la Main de Dieu apparaît au-dessus de
l'empereur. L'illustration la plus représentative est la connotation
sacrée d'une enluminure représentant Louis le Pieux auréolé,
portant la croix, qu'on trouve comme illustration de l'ouvrage De
laudibus sanctae crucis de Raban Maur.
À
côté des livres liturgiques, peu de livres laïcs sont illustrés.
Parmi ceux-ci, on trouve des copies de catalogues de constellations
de l'Antiquité tardive, qui jouent un rôle important. Émerge
notamment un manuscrit des Aratea de Leyde de 830-840, recopié
ultérieurement à plusieurs reprises.
Le
Physiologus de Berne (Reims, 825-850), est le manuscrit illustré de
sciences naturelles le plus important des Physiologus.
Un
livre d'enseignement important pour le Moyen Âge est l'œuvre de
Boèce « De institutione arithmetica Libri II », enluminé
vers 840 à Tours pour Charles le Chauve.
Parmi les œuvres
de littérature classique il faut mentionner en particulier des
manuscrits de comédies de Térence, réalisés en 825 en Lotharingie
ainsi que dans la deuxième moitié du IXe siècle à Reims,
mais aussi un manuscrit de poèmes de Prudence, qui pourrait provenir
de l'abbaye de Reichenau et avoir été enluminé au troisième tiers
du IXe siècle.
Les
scènes de la vie de tous les jours sont particulièrement nombreuses
dans les livres de Psaumes, comme celui d'Utrecht, le psautier de
Stuttgart, le psautier doré de Saint-Gall. D'autres livres, tels un
martyrologe de Wandalbert de Prüm (Reichenau, troisième quart du
IXe siècle) présentent occasionnellement des images des mois,
avec les activités paysannes au cours de l'année, des images de
dédicace, ou des représentations de moines en train d'écrire. Mais
les livres historiographiques ou juridiques n'ont pas l'honneur de
l'enluminure.
La
littérature en langage populaire, qui n'est qu'à peine codifiée,
n'est absolument pas digne d'une enluminure. Cela est vrai même pour
les poèmes bibliques ambitieux tels le livre des évangiles
d'Otfried de Wissembourg.
La
culture Mérovingienne du livre, très influencée par l'illustration
insulaire, se perpétue inchangée au changement de dynastie des
souverains franciques. Ceci prend fin brutalement à la fin du
VIIIe siècle, lorsque Charlemagne réunit les plus grands
esprits de son temps à sa cour d'Aix-la-Chapelle, en vue de réformer
toute la vie intellectuelle. Après son voyage en Italie de 780-781,
Charlemagne nomme directeur de l'école de la cour le Britannique
Alcuin, qu'il a connu à Parme, et qui a auparavant dirigé l'école
d'York.
D'autres
savants de la cour de Charlemagne sont Paul Diacre, ou Théodulf
d'Orléans, qui enseignent aussi aux enfants de Charlemagne ainsi
qu'aux jeunes nobles de la cour.
PSAUTIER DE DAGULF |
Beaucoup
de ces savants, après quelques années, sont nommés abbés ou
évêques en des endroits importants de France, car l'idée de la
restauration est liée avec la volonté de faire rayonner les
performances spirituelles de la cour vers l'ensemble de l'empire.
C'est ainsi que Théodulf est nommé évêque d'Orléans, Alcuin
évêque de Tours en 796. Après lui, c'est Éginhard qui prend la
direction de l'école de la cour.
Vers
800 se créent à la cour de Charlemagne deux groupes très
différents de manuscrits de prestige pour l'usage liturgique dans
les grandes abbayes et les sièges épiscopaux. Ces deux groupes sont
désignés soit par leurs œuvres majeures : « groupe
d'Ada » et « groupe de l'Évangéliaire du couronnement
de Vienne », soit respectivement « école de la cour »
et « école du Palais » de Charlemagne.
Les textes des
manuscrits sont en étroite ressemblance, mais les enluminures n'ont
aucune parenté stylistique. Le rapport entre les deux écoles est
donc débattu depuis longtemps. Pour le groupe de l'Évangéliaire du
Couronnement de Vienne, on a maintes fois suggéré un autre mécène
que Charlemagne, mais les indices sont néanmoins en faveur d'une
localisation à la cour d'Aix-la-Chapelle.
Le
premier manuscrit de prestige que Charlemagne commande entre 781 et
783, soit immédiatement après son voyage à Rome, est l'Évangile
de Godescalc, nommé d'après son scribe. Il est possible que cette
œuvre ne soit pas encore exécutée à Aix-la-Chapelle, mais dans la
ville palatine de Worms. La grande page initiale, les lettres ornées
et une partie de l'ornementation sont du style insulaire, rien ne
rappelle le style Mérovingien.
La nouveauté se
trouve dans l'écriture, ainsi que dans l'enluminure par des éléments
d'ornement empruntés à l'Antiquité, motifs plastiques et
figuratifs. La caractéristique commune aux manuscrits du groupe
d'Ada, qui se situe alors certainement à la cour d'Aix-la-Chapelle,
est une distinction consciente d'avec l'héritage de l'Antiquité,
ainsi qu'un programme graphique cohérent. Ils s'inspirent ainsi
probablement de modèles de l'antiquité tardive de Ravenne. À côté
de cadres splendides d'architecture ornée de pierres précieuses
imitant des arcades et de pages initiales ornées dans le style
insulaire, la composition met en scène des images des Évangélistes
en grand format, ce qui sera la base de beaucoup de variations des
manuscrits du groupe. Pour la première fois depuis l'époque
Romaine, les corps, habillés de vêtements amples et riches,
montrent leur forme, prennent une nouvelle corpulence, et l'espace
reprend ses trois dimensions. Les images ont une certaine « horreur
du vide », et des paysages de trônes remplissent ainsi les
pages autour des 4 Évangélistes.
CHRIST EN GLOIRE DE GODESCALC |
Vers 790 paraît
la première partie du manuscrit d'Ada, ainsi qu'un évangéliaire de
Saint-Martin-des-Champs. Il s'ensuit le Psautier de Dagulf, nommé
d'après son scribe, vers 795, commandé par Charlemagne lui-même,
selon le poème de dédicace, et qui est destiné à être un cadeau
au pape Adrien Ier. Avant la fin du VIIIe siècle, on compte
l’Évangéliaire de Saint-Riquier et celui de Londres, vers 800,
l'évangéliaire de Saint-Médard de Soissons, ainsi que la deuxième
partie du manuscrit d'Ada, et, en 810, l'Évangéliaire de Lorsch. Un
fragment d'un évangéliaire à Londres clôt la liste des manuscrits
enluminés de l'école de la cour. Elle paraît se disperser après
la mort de Charlemagne. Son influence jusqu'alors si puissante ne
laisse que peu de traces dans les décennies suivantes. On ne peut en
trouver qu'à Fulda, à Mayence, à Salzbourg, dans les environs de
Saint-Denis, ainsi que dans quelques scriptoriums franciques du
nord-est.
L'Évangéliste
Jean dans l’Évangéliaire du Couronnement (Aix-la-Chapelle, peu
avant 800).
Un deuxième
groupe de manuscrits, provenant aussi d'Aix-la-Chapelle, mais
clairement distinct du groupe d'enluminures de la cour, reste plutôt
dans la tradition Hellénistique-Byzantine, et se regroupe autour de
l’Évangéliaire du couronnement de Vienne. Il est fondé vers 800.
Selon la légende, c'est l'empereur Otton III du Saint Empire Romain
Germanique qui trouve ce manuscrit de prestige au moment de
l'ouverture du tombeau de Charlemagne en l'an 1000. Depuis, ce
manuscrit, des plus importants sur le plan artistique, fait partie du
Trésor impérial, et les empereurs et rois Allemands prêtent leur
serment de couronnement sur cet Évangéliaire. Les manuscrits du
groupe de l'Évangéliaire du Couronnement de Vienne proviennent de
l'école du Palais, et non de l'école de la cour de Charlemagne. 3
autres manuscrits connus appartiennent à ce groupe : les
Évangiles d'Aix-la-Chapelle, l’Évangéliaire de Xanten, un
évangéliaire conservé à Brescia, qui remontent tous au début du
IXe siècle.
ÉVANGILE DE GODESCALC |
Les
manuscrits du groupe de l'Évangéliaire du Couronnement de Vienne
n'ont pas de prédécesseurs en Europe du nord. La virtuosité sans
effort avec laquelle les formes de l'antiquité tardive sont
réalisées doit avoir été apprise par les artistes à Byzance,
peut-être en Italie. Par comparaison avec le groupe d'Ada de l'école
de la cour, il leur manque en particulier l'horreur du vide. Les
personnages des Évangélistes, animés par des élans dynamiques,
sont représentés dans la position des philosophes antiques. Leurs
corps modelés avec force, leurs paysages aérés et lumineux, leurs
personnifications mythologiques et autres motifs classiques donnent
aux œuvres le caractère atmosphérique et illusionniste de la
peinture Hellénistique.
À
l'époque de Charlemagne, l'école du Palais est un cas relativement
particulier de l'enluminure, qui reste dans l'ombre de l'école de la
cour. Après la mort de Charlemagne, c'est plutôt cette école de
peinture qui prend une influence bien plus forte que l'école d'Ada
sur l'enluminure Carolingienne.
Après la mort de
Charlemagne, sous le règne de Louis le Pieux (qui règne de 814 à
840), l'art de la cour se déplace vers Reims, où, entre 820 et le
début des années 830, sous l'archevêque Ebbon de Reims, on
apprécie surtout l'Évangéliaire du couronnement de Vienne. Avant
sa nomination à Reims en 816, Ebbon est considéré comme le
« bibliothécaire de la cour » d'Aix-la-Chapelle, et il
apporte l'héritage de la renaissance Carolingienne. Les enlumineurs
rémois enracinés dans une autre tradition graphique transforment le
style déjà vivant de l'école du Palais en un style de dessin
expressif, avec des lignes en tourbillons nerveux et des personnages
dans une extase agitée. Les images à grands traits épais et
déchiquetés sont très éloignées de la construction tranquille de
l'école de la cour. À Reims et dans l'abbaye d'Hautvillers proche,
émergent comme chefs-d'œuvre, vers 825, l'Évangéliaire d'Ebbon,
et (peut-être du même artiste) l'extraordinaire Psautier d'Utrecht,
illustré en noir et blanc avec des dessins à la plume, ainsi que le
Physiologus de Berne et l'Évangéliaire de Blois. Les 166
illustrations du Psautier d'Utrecht présentent, à côté des
illustrations paraphrasant les psaumes, de nombreuses scènes de la
vie de tous les jours.
À côté de la
cour impériale réapparaissent peu à peu les grands monastères et
sièges épiscopaux de l'Empire avec des scriptoriums puissants.
Alcuin, précédemment conseiller religieux et culturel de
Charlemagne, est envoyé comme abbé à Saint-Martin de Tours, pour
porter les idées de la renaissance dans cette ville importante de
l'Empire. Sous l'influence critique d'Alcuin, le scriptorium fleurit,
mais au début, l'enluminure manque aux manuscrits. On ne la trouve
en quantité que sous ses successeurs. Dans la querelle des images,
Alcuin est évidemment critique envers les représentations de
personnages, si bien que les Bibles faites sous son autorité sont
ornées uniquement avec de remarquables tables canoniques, comme la
Bible d'Alcuin.
Sous
l'archevêque Drogon de Metz (823–855), un bâtard de Charlemagne,
l'école de Metz s'associe à l'école de la cour. Le sacramentaire
de Drogon est le chef-d'œuvre de cet atelier, dont les travaux
conservés comprennent un manuel de calcul astronomique. La
contribution originale de l'école de Metz est l'initiale historiée,
une lettre ornée, peuplée de représentations scéniques, qui
devient l'élément le plus original de toute l'enluminure médiévale.
Après
la partition de l'Empire Carolingien par le traité de Verdun en 843,
l'enluminure carolingienne atteint son apogée, autour du roi de
Francie Occidentale Charles le Chauve (roi de Francie Occidentale de
843 à 877 et empereur d'Occident de 875 à 877). Le directeur de
l'école de la cour de Charles le Chauve est Johannes Scotus
Eriugena, qui formule la théorie artistique destinée à orienter
les concepts esthétiques de l'ensemble du Moyen Âge. C'est l'abbaye
de Tours qui prend la tête de l'enluminure, sous l'abbé Adalhard
(834–843) et le comte Vivien (844–851).
SACRAMENTAIRE DU PAPE GELASE |
À
partir de 840 environ, des Bibles complètes illustrées en format
géant voient le jour, destinées en particulier aux fondations de
nouveaux monastères, et parmi elles, la Bible de Moutier-Grandval
(vers 840) et la Bible de Vivien (846).
Après
la paix entre les fils de Charlemagne, l'abbaye resserre les liens
avec Lothaire. L'école de Tours atteint son apogée artistique avec
l’évangéliaire de Lothaire. L'atelier de Tours est sous
l'influence directe et puissante de l'école de Reims. Le scriptorium
de Tours est le seul, dans toute l'ère Carolingienne, qui soit resté
productif durant plusieurs générations, mais sa destruction par les
Normands en 853 annihile sa prospérité.
On
peut considérer Tours comme le siège de l'école de la cour de
Charles le Chauve, mais après la destruction du monastère, c'est
vraisemblablement la basilique de Saint-Denis près de Paris qui
reprend ce rôle. Charles le Chauve y est nommé abbé laïc en 867.
Certains manuscrits d'après 850 en proviennent. Ils sont
particulièrement richement ornés, comme le Psautier de Charles le
Chauve (après 869) et un fragment du sacramentaire de Charles le
Chauve. Parmi les manuscrits somptueux ont compte le codex « aureus »
de Saint-Emmeran, enluminé vers 870 sur commande de Charles le
Chauve et, à la même époque, la Bible de Saint-Paul, écrite en
encre d'or sur fond pourpre, avec 24 enluminures en pleine page et 36
pages initiales ornées.
L'école
de la cour de Lothaire s'est probablement établie à
Aix-la-Chapelle. Elle reprend le style de l'école du Palais de
Charlemagne, et maintient apparemment des liens étroits avec le
scriptorium de Reims, comme le montre les Évangiles de Clèves.
Tandis
que les illustrations les plus importantes voient le jour dans les
cours Carolingiennes ou dans des abbayes ou sièges épiscopaux
étroitement liés avec la cour, beaucoup d'ateliers monacaux
cultivent leurs propres traditions, marquées en partie par
l'enluminure insulaire, ou même le style Mérovingien. Dans certains
cas, cela conduit à des réalisations originales.
L'art
du livre de l'abbaye de Corbie a déjà joué un rôle important pour
l'enluminure à l'ère Mérovingienne, et l'écriture de cette abbaye
est censée avoir été la base de la minuscule caroline. On remarque
un psautier de Corbie (vers 800), dont les initiales ornées n'ont
rien à voir avec celles de l'enluminure insulaire, mais qui
anticipent sur l’enluminure Romane. Dès 788 environ, le Psautier
de Montpellier, richement décoré, probablement réalisé pour un
membre de la famille ducale de Bavière, voit le jour à l’abbaye
du Mondsee.
Les Bibles et les
évangéliaires, écrits durant le premier quart du IXe siècle
sous la direction de l'évêque Théodulf d'Orléans, forment un cas
particulier. Théodulf est, à côté d'Alcuin, le grand théologien
de la cour de Charlemagne, et vraisemblablement l'auteur des Libri
Carolini. Il est encore plus porté à l'iconoclasme qu'Alcuin, si
bien que les codex de son scriptorium, sont certes des manuscrits de
prix, écrits avec de l'encre d'or et d'argent sur fond pourpre, mais
l'ornementation s'y limite à des tables canoniques. Un évangéliaire
de l'abbaye de Fleury, qui dépend du diocèse d'Orléans, contient,
à côté de 15 tables canoniques, une seule enluminure avec les
symboles des Évangélistes.
L'école de Fulda
est apparemment une des rares qui puisse être située dans la
tradition de l'école de la cour d'Aix-la-Chapelle. Cette dépendance
se manifeste dans l’Évangéliaire de Fulda à Würzburg du milieu
du IXe siècle. Mais elle fait cependant aussi des emprunts à
des modèles Grecs, comme la silhouette auréolée de Louis le Pieux
dans une copie du De Laudibus Sanctae Crucis de Raban Maur, poème
en image, complètement entouré de texte, qui prend exemple sur des
représentations de Constantin le Grand... Raban Maur, un élève
d'Alcuin, est, jusqu'en 842, abbé à l'abbaye de Fulda.
Après
la mort de Charles le Chauve, en 877, commence, pour environ un
siècle, une époque infructueuse quant à l'art graphique.
L'enluminure ne survit que dans les abbayes, la plupart du temps à
un niveau modeste, et les cours des seigneurs Carolingiens ne jouent
plus aucun rôle. Avec le changement des rapports de force, les
monastères de la Francie Orientale prennent une importance
croissante. Le style des initiales de l'abbaye de Saint-Gall, mais
aussi les enluminures des abbayes de Fulda et de Corvey jouent un
rôle d'intermédiaire vers l’enluminure Ottonienne. Les
scriptoriums de Lorsch, de Saint-Emmeran à Ratisbonne, de Würzburg,
du Mondsee, de Reichenau, de Mayence et de Salzbourg sont les centres
monacaux de Francie Orientale. C'est surtout ceux à proximité des
Alpes qui entretiennent des échanges artistiques étroits avec
l'Italie du nord.
Le
Christ en gloire du sacramentaire de Petershausen, (Abbaye de
Reichenau, vers 970) est une copie de l'original du Christ en gloire
dans l’Évangéliaire de Lorsch (Aix-la-Chapelle, vers 810).
SAINT MATHIEU ÉVANGÉLIAIRE DU COURONNEMENT |
Dans
ce qui constitue aujourd'hui la France du nord, se développent de
manière renforcée à partir de la seconde moitié du IXe siècle,
l'école Franco-Saxonne, dont la beauté des livres reste largement
limitée à l'ornementation, en revenant à l'enluminure insulaire.
Un rôle précurseur est joué par l'abbaye de Saint-Amand ; en
outre, apparaissent, dans ce mouvement, les abbayes de Saint-Vaast à
Arras, de Saint-Omer et de Saint-Bertin. De cette dernière abbaye
provient le Psautier de Louis le Germanique, écrit dans le troisième
quart du IXe siècle. Le manuscrit le plus important de l'école
Franco-Saxonne est la Seconde Bible de Charles le Chauve, qui voit le
jour entre 871 et 873 dans le couvent de Saint-Amand.
Ce
n'est que vers 970 que prend place dans l'enluminure un style
nouveau, de forme nettement modifiée, sous les nouveaux auspices de
la maison seigneuriale maintenant Saxonne. L'art Ottonien est
désigné, par analogie avec la Carolingienne, « renaissance
ottonienne », mais celle-ci ne s'appuie pas directement sur les
modèles antiques. Elle s'inspire plus de l'enluminure Carolingienne,
influencée par l'art Byzantin. C'est ainsi que se développe
l’enluminure ottonienne, un langage marqué de formes spécifiques
et homogènes. Elle débute néanmoins sur des adaptations d'œuvres
Carolingiennes. C'est ainsi qu'à la fin du Xe siècle, dans
l'abbaye de Reichenau, le Christ en gloire de l'Évangéliaire de
Lorsch est exactement recopié, en réduction, sur le sacramentaire
de Petershausen et le codex de Gero...
Évangéliaire
de Godescalc — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Évangéliaire_de_Godescalc
L'Évangéliaire
de Godescalc ou de Charlemagne est un manuscrit enluminé de la ...
Il est daté entre 781, après le retour de Charlemagne de Rome et le
20 avril ... Le manuscrit était alors exposé chaque année par
l'abbaye, à l'occasion du ...
Evangeliarium
[Evangéliaire dit de Charlemagne ou de ...
gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000718s/f1.item
30
avr. 2011 - Evangeliarium [Evangéliaire dit de Charlemagne ou de
Godescalc] - 781-783 - manuscrits.
Chrysographie.
www.cosmovisions.com/artChrysographie.htm
L'un
des plus célèbres de ces livres est l'évangéliaire écrit vers
781 ou 782 par Godescalc, dans l'atelier de calligraphie placé par
Charlemagne sous la ...
Trésors
carolingiens à la BNF - Diocèse de Pontoise
www.catholique95.com/foietculture/presentation.php?identifiant...
20
mars 2007 - Une des pièces maîtresses de l'exposition est
l'Evangéliaire de Godescalc, exécuté pour Charlemagne entre
781-783. Une autre est la célèbre ...
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