25 DÉCEMBRE 2015...
Cette
page concerne l'année 505 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
LES
TOURMENTS D'UN ÉVÊQUE DE CARTHAGE MARTYR
En Afrique, les saints confesseurs : Saint Eugène, Évêque de Carthage, illustre par sa Foi et ses vertus, et avec lui tous les clercs de son Église, au nombre d’environ 500, ou même davantage.
Durant
la persécution des Vandales, sous le roi arien Hunéric, ils
endurent les fouets et la faim. Parmi eux, se trouvent beaucoup
d’enfants qui remplissaient l’office de lecteurs, tous souffrent
ensuite avec joie les rigueurs d’un cruel exil. Les plus célèbres
sont l’archidiacre nommé Salutaire, et Muritte le second des
officiers de cette Église, ces derniers ayant confessé le Christ
pour la 3e fois, ont tous deux la gloire d’avoir persévéré avec
constance dans leur confession.
Saint
Eugène, évêque de Carthage de 480 à 484, et de 487 à 495, est
persécuté sous les rois vandales Hunéric et Gunthamund, et meurt
dans un monastère du Languedoc près d'Albi en 505. On l'honore le
13 juillet.
Eugène
est élu à l'unanimité évêque de Carthage en 480 pour succéder à
Deogratias (mort en 457). L’élection épiscopale, reportée 23 ans
en raison de l'opposition de Genséric, est, à la fin, autorisée
par le roi Hunéric à la requête de l'empereur Zénon et de
Placidia, parents de sa femme Eudoxie.
Sa
bonne administration, sa charité, son style de vie austère et son
courage lui ont valu l'admiration des ariens. Dans sa défense
intransigeante de l'orthodoxie, il est imité par ses fidèles, dont
beaucoup seront exilés avec lui, en 484.
Début
484, le roi organise, à Carthage, une conférence entre théologiens
ariens et évêques orthodoxes. La conférence, tourne court avec le
départ du chef des évêques ariens sur le prétexte qu'il ne
comprend pas le latin. Hunéric furieux, exile, prélats et évêques,
ceux sous la garde d'un homme nommé Antonius, sont déportés dans
le désert de Tripoli. Au moment de partir, il écrit une lettre de
consolation et d'exhortation aux fidèles de Carthage qui figure dans
les œuvres de Grégoire de Tours (PL, LVII, 769-71).
Gunthamund,
qui succède à Hunéric en 484, permet à Eugène de retourner à
Carthage et de rouvrir les églises, en 487.
Après
8 années de paix, Eugène est arrêté et condamné à mort, en 495,
mais la peine est commuée en exil à Vienne, près d'Albi, où règne
l’arien Alaric. Eugène y construit un monastère sur le tombeau de
Saint Amaranthus, et mène une vie de pénitence.
Il
a écrit un « Expositio Fidei Catholicæ », sur demande
d’Hunéric, probablement celui présenté par les évêques
catholiques lors de la conférence de Carthage de 484.
Il
a écrit aussi un « Pro Apologétique Fide, Arianis cum
Altercatio », dont des fragments sont cités par Victor de
Vita.
Son
nom apparaît pour la première fois dans l’histoire quand il est
choisi pour évêque de Carthage, en 481, à une époque où le
fanatisme arien, joint à la barbarie des Vandales, fait, presque à
coup sûr, de tous les Évêques catholiques Africains des martyrs de
la vraie Foi. Sa conduite dans l’épiscopat est celle
d’un vrai pasteur des âmes. Malgré la pauvreté de son Église,
il trouve le moyen de répandre dans le sein des pauvres de si larges
aumônes, que Dieu semble multiplier à plaisir les ressources entre
ses mains il ne se réserve rien, disant : « Le bon
pasteur devant donner sa vie pour son troupeau, serais-je excusable
de m’inquiéter de ce qui concerne mon sort ? »
Hunéric,
roi des Vandales, lui fait défendre de recevoir dans son église
aucun Chrétien de la race des Vandales ou en portant le vêtement,
mais Saint Eugène refuse d’obéir : « La maison
de Dieu, répondit-il, est ouverte à tout le monde, nul ne peut
en chasser ceux qui y entrent. » C'est le signal d’une
affreuse persécution.
LES VANDALES |
Dieu
veut prouver par un miracle éclatant la Vérité catholique
contre la fourberie de ses ennemis. Un aveugle de Carthage,
nommé Félix, vient trouver l’Évêque et lui dit : « Je
viens ici sur l’ordre de Dieu, et je n’en sortirai pas que
vous ne m’ayez rendu la vue. » Saint Eugène le repoussa
d’abord avec bonté, protestant qu’il n’est pas homme à faire
des miracles, mais l’aveugle insiste, il lui fait alors un signe de
croix sur les yeux, qui s’ouvrent aussitôt à la lumière.
Il
fait peu après un autre miracle, en rendant la vue à un homme que
l’évêque arien avait suborné pour se donner à lui-même la
réputation d’un thaumaturge, et qui est devenu réellement aveugle
au moment même où il joue son triste rôle.
Malgré
le bruit retentissant de ces prodiges dans le pays, la persécution
ne fait qu’augmenter.
Le
persécuteur Hunéric, dévoré vivant par les vers, est bientôt
victime de la vengeance céleste : Il périt en déchirant
lui-même ses membres avec ses dents, ses entrailles lui sortent du
corps, et cette mort effrayante fait horreur à ceux mêmes des
hérétiques qui ont fait de lui un prince pervers et cruel.
Sous
le règne suivant, Saint Eugène peut revenir à Carthage, mais,
sous le second successeur d’Hunéric, la persécution sévit de
nouveau Saint Eugène, toujours invincible, est d’abord menacé
des plus horribles supplices, puis envoyé en exil à Albi, dans
les Gaules. C’est sur ce sol hospitalier que le vaillant
athlète de la Foi voit la fin de ses glorieux travaux. Symmaque
étant pape, Anasthase Ier empereur d’Orient et Clovis roi
de France.
Quoique
ce glorieux athlète de Jésus Christ soit né en Afrique, qu'il y
ait été évêque, et qu'il y ait passé une grande partie de sa
vie, la France, néanmoins,
peut
le revendiquer à juste titre, puisqu'il y a reçu l'hospitalité, et
y
est mort nous laissant ses saintes dépouilles.
Hunéric,
pour réduire les officiers de sa cour qui sont catholiques, les
prive de leurs gages, de vivres même, et les soumet aux travaux de
la campagne par une chaleur dévorante.
C'est
un supplice qui doit être intolérable à des personnes délicates,
mais la grâce les rend triomphants des faiblesses de la nature, et
tous endurent ces souffrances avec joie.
Il
y a parmi eux un homme qui, depuis plusieurs années, ne peut se
servir que d'une de ses mains, ces barbares le pressent plus que les
autres
de travailler. En cette extrémité, il se met en prières avec ses
compagnons,
et Dieu les exauçant,rend le mouvement et la vie à cette main
paralytique...
Ce n'était là que le prélude de la persécution générale.
Hunéric,
après avoir fait mourir ses parents les plus proches, pour assurer
le royaume à ses enfants, fait défense expresse à tous ceux qui ne
sont pas ariens, de servir dans son palais ou d'exercer des fonctions
publiques. On ne peut dire quelle est la sollicitude de notre saint
pilote dans une tempête si furieuse. Dans la crainte que quelqu'un
des fidèles, par l’appréhension des supplices et de la mort, ne
se relâche de son devoir, il s'impose des fatigues continuelles pour
les visiter, les consoler, les fortifier, les relever dans leur
abattement, et les remplir de la pensée et de l'espérance des biens
éternels. Les catholiques de la cour, soutenus par ses exhortations
et par la grâce de Dieu, se montrent fermes jusqu'au bout dans leur
épreuve, il faut les condamner au bannissement.
SAINT EUGÈNE |
Il n'y en a pas un seul qui ne parte joyeusement d'Afrique pour passer dans les îles de Sicile et de Sardaigne, où, néanmoins, ils savent qu'ils seront traités très cruellement. Cependant, la fureur d'Hunéric s'allumant toujours de plus en plus, il résout de s'attaquer aux prêtres et aux évêques, afin que les pasteurs étant opprimés, il soit plus aisé de disperser et d'égorger les ouailles. Mais craignant que l’empereur Zénon ne traite à Constantinople les évêques et les prêtres ariens de la même manière qu'il traite les catholiques en Afrique, il cherche des inventions pour les faire périr sous d'autres prétextes que celui de la religion... Un de ses artifices est de faire assembler toutes les vierges consacrées à Dieu, et de les contraindre, par des supplices horribles, puis de dire que les évêques et les ecclésiastiques ont abusé d'elles et les ont corrompues.
En
effet, on les suspend en l'air avec des cordes, on leur met des poids
fort pesants aux pieds, et on leur brûle le sein, le dos et les
côtes avec des lames de fer ardentes mais toutes ces cruautés ne
peuvent jamais arracher de la bouche de ces saintes filles une si
noire calomnie, qui, en noircissant les ministres de
Jésus
Christ les aurait elles-mêmes couvertes d'opprobre et d'infamie.
La
plupart meurent dans les tourments, et celles qui y survivent,
demeurent
courbées
tout le reste de leur vie.
Cette
détestable machination n'ayant pas réussi, Hunéric lève
entièrement le masque et relègue tout d'un coup dans les déserts
des évêques, des prêtres,
des
diacres et d'autres catholiques, au nombre de 4 973, les uns sont
accablés de maladie, et d'autres si avancés en âge, qu'ils en sont
devenus aveugles. Parmi ces derniers se trouve le saint évêque
d'Abbir, qui a 44 ans de prélature... Il est tellement paralytique
de tous ses membres, qu'il n'a pas même l'usage de la langue.
On
pria le roi de l'exempter de ce voyage, puisqu’il est impossible de
le
transporter,
et que sa mort ne peut guère tarder. Mais ce cruel répond
fièrement
:
« Si
on ne le peut pas porter, qu'on lui attache les pieds avec des
cordes
à un couple de bœufs, et qu'on le traîne au lieu que j'ai ordonné
! »
Ainsi,
nul de cette sainte troupe n'est exempt d'un édit si inhumain. Nous
nous
étendrions trop si nous nous arrêtions à décrire les maux qu'ils
endurent
en chemin, les outrages que leur font ces barbares, la privation
de
tout secours où ils sont réduits, et surtout la patience avec
laquelle ils souffrent une persécution si terrible. On voit des
femmes porter ou traîner leurs enfants, qui ne sont encore que de
petits clercs, à la suite des saints
confesseurs,
afin qu'ils ne soient pas privés de la participation de leurs
couronnes.
On
voit de vénérables vieillards se traîner, ramper pour ainsi dire
sur la terre pour ne point se séparer de cette bienheureuse armée
de serviteurs de Jésus Christ. Si la faiblesse ou la maladie en
arrête quelques-uns, aussitôt les soldats les piquent avec la
pointe de leurs javelots, ou leur jettent des pierres pour les forcer
de marcher plus vite enfin, on les met entre les mains des Maures,
qui les mènent dans une forêt, où la plus grande partie meurt,
soit des plaies qu'ils ont reçues, soit de faim, de soif et de
toutes sortes de misères. Rien de plus touchant que les tristes
adieux du peuple de Carthage à ses prêtres il les accompagne aussi
loin qu'il peut, et leur dit les larmes aux yeux :
« A
qui nous laissez-vous en courant au martyre ?
Qui
baptisera nos enfants ?
Qui
nous donnera la pénitence ?
Qui
nous délivrera
de
nos péchés par le bienfait de la réconciliation ?
Qui
nous enterrera après la mort ?
Qui
offrira le divin sacrifice avec les cérémonies ordinaires ?
Que
ne nous est-il permis d'aller avec vous ? »
Saint
Eugène n'ayant pas été compris dans ce premier édit, est demeuré
à Carthage, où il continue toujours d'encourager les fidèles et de
les enflammer du désir du martyre. Mais on continue de le persécuter
de diverses manières. Ainsi, le jour de l'Ascension, 19 mai de l'an
483, pendant que notre
saint
prélat célèbre les saints mystères en son église cathédrale, on
y apporte
un
ordre du roi, qui commande à tous les évêques d'Afrique qui
croient la
consubstantialité
du Verbe, de se trouver à Carthage le 1er février suivant,
pour
discuter avec ses vénérables évêques (c'est ainsi qu'il appelle
ceux de sa
secte),
sur la foi qu'ils défendent, et la prouver par les Saintes
Écritures.
Son
dessein dans ses paroles est très malicieux car il sait bien que les
évêques
de
consubstantiel, ils seront donc obligés, ou de renoncer à ce mot et
au
dogme
qu'il exprime, ou bien il aura un prétexte de les persécuter,
puisqu'ils
auront
méprisé l’Écriture.
La
lecture de cet ordre afflige beaucoup toute l'assemblée des fidèles,
la joie de la fête est changée en deuil, les cantiques en
lamentations, les prières en gémissements et en larmes. On délibère
néanmoins sur ce qu'il y a à faire en une conjoncture si pressante,
et tous décident que Saint Eugène présente une requête pour
tâcher de détourner cette conférence publique, ou de la rendre
aussi utile aux catholiques que les Ariens la leur veulent rendre
dommageable.
Elle
contient donc que les catholiques ne fuient nullement la discussion,
ayant
toujours
été les premiers à la demander, mais, comme la cause de la foi est
commune
à toutes les Églises, ils ne peuvent pas y entrer sans la
participation des évêques d'outre-mer. Ainsi, les catholiques
prient le roi, s'il souhaite une conférence sur la religion, de
trouver bon que les évêques des autres pays s'y trouvent, afin que
la décision se fassent du consentement universel des prélats.
Hunéric
répond : « Qu'Eugène me fasse monarque de tout l'univers, et
je lui accorderai ce qu'il demande ».
– «Cela
n'est point nécessaire, dit Eugène, il suffit que le roi écrive à
ses amis », c'est-à-dire : Au roi d'Italie, qui est
Odoacre, prince arien, « de laisser venir les évêques, et moi
j'écrirai
à nos collègues » (il entend les évêques d'Italie, des
Gaules et des
Espagnes)
« pour les prier de faire ce voyage, afin qu'étant tous
assemblés, et
surtout
celui de l’Église romaine qui est le chef de toutes les Églises,
ils lui
montrent
la véritable foi ».
Cette
proposition est très raisonnable, puisqu'on ne peut tenir une
assemblée pour décider un point fondamental de la foi, sans que
tous les évêques, et surtout celui du premier Siège, en soient
avertis, mais notre saint prélat songe encore à une autre utilité
c'est que les évêques étrangers, ayant vu de leurs propres yeux
l'oppression où est l’Église d'Afrique, en auraient rendu
témoignage partout et lui auraient peut-être procuré quelque
remède. Cependant Hunéric, irrité de cette réponse, envoie
plusieurs évêques en exil, après les avoir fait fouetter et
bâtonner très cruellement, il défend aussi à tous ses sujets de
manger avec les catholiques ce que la divine Providence permet, afin
que les orthodoxes ne soient pas corrompus par le trop grand commerce
avec les hérétiques.
Au
reste, Dieu, pour relever leur courage et les confirmer de plus en
plus
dans
la foi de la très Sainte Trinité. Ce miracle se répand aussitôt
dans toute la ville. Hunéric, qui en est informé, veut s'en assurer
par lui-même et fait venir l'aveugle. Il emploie toutes sortes de
moyens pour reconnaître la véracité du fait ou plutôt pour en
obscurcir la gloire mais il n'y trouve rien que de très
sincère
et très véritable.
Les
Ariens, outrés de dépit, viennent le trouver, lui disent que ce
n'était qu'un effet de magie, et qu'Eugène y est fort savant. Il
est assez aveugle ou plutôt assez impie pour le croire aussi, bien
loin de diminuer la persécution, il l'augmente encore et conçoit
une haine mortelle contre notre Saint.
Le
jour de la conférence étant arrivé, plusieurs évêques orthodoxes
se
trouvent
à Carthage.
Hunéric,
pour les intimider, en fait d'abord arrêter un, nommé Létus, qui
est un des plus savants du clergé, et, par la plus grande de toute
les perfidies il le fait brûler tout vif au milieu de la ville. Mais
son exécution donne plus d'envie que de crainte aux autres évêques.
Toutes ces choses se passent dans cette assemblée avec une injustice
et une violence extrêmes : On fait tenir debout tous les prélats
catholiques :
On
leur donne à chacun 100 coups de bâton.
On
leur refuse des juges et des notaires qui puissent rendre témoignage
de
ce qui s'y passe.
L'impie
Cyrola, qui se dit patriarche des églises ariennes d'Afrique, y
vient avec la pompe et la majesté d'un prince, et s'y assoit sur un
trône élevé, comme s'il était le maître de tous les évêques.
Les
prélats étant assemblés dans un ordre si inique, s'est avec
beaucoup de
justice
que les orthodoxes ont refusé d'entrer en discussion : Mais, bien
loin
de le faire, ils pressent eux-mêmes de la commencer.
Les
Ariens, qui ne la veulent pas, la rompent sur de faux prétextes, et
font croire au roi que les catholiques les y ont contraints.
Saint
Eugène, qui a prévu cet artifice, s'adresse lui-même au roi, et
lui
présente un écrit où toute notre foi touchant le mystère de la
Trinité
consubstantielle
est admirablement bien expliqué. Cette précaution ne sert
de
rien.
Huneric,
qui ne cherche qu'un prétexte de ruiner la religion, fait aussitôt
publier un édit (484), par lequel les églises des catholiques sont
fermées, leurs biens confisqués, leurs assemblées défendues et
leurs écrits condamnés au feu. De sorte qu'il faut se résoudre, ou
à suivre l'impiété des hérétiques, ou à laisser en proie sa
maison, ses biens et ses charges.
La
cruauté du tyran n'en demeure pas là, on tourmente corporellement
ceux qui
ne
veulent pas se rendre à ses injustes prétentions, on dépouille
publiquement d'illustres Africaines, on coupe la main droite et la
langue à un grand nombre de catholiques, qui, s'étant retirés à
Constantinople, ne laissent pas de parler aussi bien que s'ils ont
une langue.
Il
y a même parmi eux un jeune garçon, muet de naissance, qui commence
à parler aussitôt que la langue lui est coupée. Presque tous les
évêques, qui sont
demeurés
à Carthage, et dont ce prince barbare a pris tous les biens, sont
chassés de la ville, sans qu'on leur permette d'emporter ni vivres,
ni argent, ni habits et, ce qui surpasse toute croyance, on défend à
toutes sortes de personnes de les recevoir dans leurs maisons, leurs
granges et leurs
étables,
ni de leur donner à manger, afin qu'errant misérablement dans la
campagne,
sans pain et sans toit, ils périssent de faim et de toutes sortes
d'incommodités.
Quoique
réduits à aller mendier leur vie et à demeurer exposés aux
injures de l'air autour des murs de la ville, ils résolvent de ne
point s'en éloigner, de crainte qu'on ne dise qu'ils ont évité le
combat. Il arrive dans ces circonstances que le roi sort pour aller
voir des réservoirs, tous les
évêques
vont au devant de lui : Vous nous maltraiter, nous priver de nos
Églises et de nos maisons, nous faites mourir de faim et de froid,
nous chasser de la ville et nous réduire à coucher sur le fumier
? »
GENSERIC |
Hunéric
les regardant d'un œil courroucé, et sans écouter leurs
remontrances, commande à ses gardes à cheval de courir sur eux.
Plusieurs sont blessés, principalement les vieillards et les
faibles. Cependant, comme Saint Eugène, avec Saint Vindémial et
Saint Longin, dont le bannissement a été un peu différé, à cause
du respect qu'on a universellement pour eux, continuent de faire de
grands miracles.
Cyrola,
chef des Ariens, ne pouvant prouver la fausseté de ces miracles,
résout d'en faire un en apparence, pour se conserver le crédit
qu'il a parmi les siens. Il donne donc 50 pièces d'or à un pauvre
homme, à condition qu'il contrefasse l'aveugle, et que, se trouvant
sur son passage dans une place publique, il le prie, au nom de Dieu,
de lui mettre la main sur les yeux, et de lui rendre la vue.
La
chose étant ainsi concertée, Cyrola, qui se fait alors accompagner
des trois prélats que nous venons de nommer, passe, comme par
hasard, devant ce faux aveugle, qui, ayant le mot, s'écrie aussitôt
: « Ecoute-moi, bienheureux Cyrola, exauce-moi, Saint prêtre
de Dieu prends pitié de mon aveuglement, fais-moi ressentir le
pouvoir que Dieu t'a donné, et que tant de lépreux, d'estropiés et
de morts ont éprouvé ».
L'hérétique,
s'arrêtant à ces paroles, lui dit : Pour preuve que la foi que nous
professons est véritable, que tes yeux à cet instant soient
ouverts ». Dieu entendit ce blasphème et, pour en faire voir
l'impiété en présence de la foule que l'hérétique a fait
assembler exprès pour être témoin de son miracle imaginaire, il
rend véritablement aveugle celui qui fait semblant de l'être, et
lui cause une si grande douleur aux yeux, qu'il ne peut pas la
supporter.
Ce
coup de la justice divine découvre toute la fourberie, car ce
misérable,
sentant
la violence de cette douleur, et se voyant privé de la vue, commence
à
crier
que Cyrola l'a corrompu, et lui a donné de l'argent pour faire
l'aveugle, et que, ne l'étant pas, il l'est devenu par une juste
punition de
Dieu.
« Imposteur,
dit-il à cet impie, tu as voulu tromper les hommes, et Dieu t'a
justement confondu. Tu as voulu faire semblant de me rendre la vue,
et
tu es cause que je ne vois plus voilà l'argent que tu m'as donné,
rends-moi
la
vue que tu m'as ôté ».
Mais
la puissance de Dieu n'en demeure pas là elle achève le miracle,
elle rend le triomphe parfait car, le nouvel aveugle s'étant tourné
vers les évêques catholiques, et les ayant supplié d'avoir pitié
de lui, quoiqu'il soit indigne de toute miséricorde, ils lui disent
: « Si tu as la foi, toutes choses sont possibles à celui qui
croit ».
«
Je crois, répond-il, en Dieu le Père tout-puissant en Jésus
Christ, Fils de Dieu, égal à son Père au Saint Esprit, coéternel
et consubstantiel au Père et au Fils celui qui ne croit pas qu'ils
ont tous 3 une même substance et une même divinité, qu'il souffre
le même châtiment que j'endure. »
Sûr
cette confession, les évêques se disputent l'un l'autre l'honneur
de faire le signe de la croix sur ses yeux.
Enfin,
Vindémial et Longin mettent leurs mains sacrées sur sa tête, et
saint Eugène fait le signe de la croix, et dit tout haut : « Au
nom du Père, et du Fils, et du saint Esprit, un seul vrai Dieu en 3
personnes égales en puissance et en majesté, que tes yeux soient
ouverts et recouvrent la vue ». Aussitôt que la dernière
parole est prononcée, la douleur de ce misérable cesse, et il
commence de voir clair comme auparavant. Un si grand prodige couvre
les Ariens de honte, et donne sujet aux catholiques de leur reprocher
les ténèbres de leur hérésie et la malignité de leur imposture.
Hunéric,
au lieu de reconnaître par là la fausseté de l'arianisme, et de se
convertir,
entre dans une plus grande fureur contre les 3 évêques qui
viennent
de confondre cette hérésie d'une manière si éclatante. Il fait
appliquer la torture à Vindémial et Longin les tourmentant
cruellement, en les piquant avec des aiguillons, en les brûlant avec
des torches ardentes, et en leur
déchirant
le corps avec des ongles de fer, et enfin il les fait mettre à mort.
Pour Saint Eugène, il le condamne à avoir la tête tranchée,
donnant néanmoins un ordre secret au bourreau de ne pas exécuter
cet arrêt, si à l'instant qu'il a
levé
le bras pour le décapiter, il le voit résolu de souffrir la mort,
parce qu'il
ne
veut pas qu'il soit honoré des chrétiens comme martyr. On mène
donc
Eugène
sur l'échafaud, et on le met en état de recevoir le coup mais comme
il
paraît
alors plus constant que jamais, et qu'il proteste même qu'il regarde
cette
mort comme une entrée bienheureuse à la vie éternelle, il est
aussitôt
délié
et relégué dans un petit lieu désert, vers la ville de Tripoli.
C'est
là qu'il souffre un martyre bien plus cruel que la mort. Cette
province
a pour gouverneur un homme fier et barbare, appelé Antoine, qui
se
fait un plaisir d'avoir en sa puissance ce saint évêque, pour
assouvir sa
passion
contre lui. Il le fait enfermer dans un cachot fort étroit, où il
ne permet à personne de lui parler et de le consoler.
Le
confesseur invincible de Jésus Christ a trouvé moyen, avant d'y
entrer, d'écrire aux fidèles de Carthage une lettre brûlante du
zèle et du feu de l'amour divin, pour les affermir dans la
profession de la foi catholique, contre toutes les menaces et tous
les supplices des hérétiques.
«Je
vous demande avec larmes, dit-il, je vous exhorte, je vous conjure,
par le redoutable jour du jugement et par la lumière formidable de
l’Avènement de Jésus Christ, de rester fermes dans la profession
de la foi catholique. Conservez la grâce d'un seul baptême et
l'onction du chrême. Que personne d'entre vous ne souffre qu'on le
rebaptise ».
Il
parle de la sorte, parce que les Ariens d'Afrique, semblables aux
Donatistes, rebaptisent ceux qui embrassent leur secte. Il proteste
aux fidèles qu'en cas qu'ils soient inébranlables, l'éloignement
et la mort ne l'empêcheront point de leur être uni en esprit; mais
qu'il sera innocent du sang de ceux qui périront, et que sa lettre
sera lue contre eux devant le tribunal de Jésus Christ. « Si
je retourne à Carthage, ajoute-t-il, je vous verrai en cette vie, si
je n'y retourne pas, je vous verrai en l'autre.
Priez
pour nous, et jeûnez, parce que le jeûne et l'aumône ont toujours
fléchi la miséricorde de Dieu mais souvenez-vous surtout qu'il est
écrit que nous ne devons pas craindre ceux qui ne peuvent tuer que
le corps ».
Lorsqu'il
se voit renfermé, il s'applique entièrement à mériter les grâces
du
ciel à son peuple par ses gémissements et ses prières. Ne se
contentant pas
des
incommodités de sa prison et des mauvais traitements qu'on lui
faisait à
tous
moments, il y ajoute des austérités volontaires, portant une haire
très
dure,
et couchant sur la terre nue. Après quelque temps d'une vie si
pénible, il
tombe
dans une paralysie qui le met à deux doigts de la mort. Antoine, en
étant
averti, vient aussitôt à sa prison, non pas pour le soulager ni
pour prendre
part
à sa peine, par les sentiments d'une compassion naturelle, mais pour
repaître
ses yeux par le spectacle de ses douleurs. Il veut même hâter sa
mort,
en lui faisant mettre du vinaigre dans la bouche. Mais, ce qui doit
avancer
la fin de ses jours, lui rend la santé par un effet miraculeux de la
divine
Providence.
Ainsi,
notre Saint demeure banni et prisonnier jusqu'à la mort d'Hunéric,
qui est la plus tragique et la plus détestable que l'on ait jamais
vue sur la terre car Saint Victor d'Utique dit que les vers le
mangent et le consument tout vivant. Saint Grégoire de Tours ajoute
qu'il entre en frénésie, qu'il mange ses propres membres, et que le
soleil s'éclipse à sa mort des 3 quarts de son globe, comme pour
témoigner une horreur de ses crimes, et Saint Isidore de Séville
écrit que les entrailles lui sortent du corps, et qu'il a la même
fin que le misérable Arius, dont il a soutenu si fortement la
doctrine.
Eugène de Carthage — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Eugène_de_Carthage
Saint Eugène,
évêque de Carthage
de 480 à 484, et de 487 à 495, fut persécuté sous les ... et
mourut dans un monastère du Languedoc près d'Albi en 505.
... Après huit années
de paix, Eugène
est arrêté et condamné à mort, en 495, mais la ...
SAINT EUGÈNE, ÉVÊQUE DE CARTHAGE, EN AFRIQUE ...
orthodoxievco.net/ecrits/vies/synaxair/juillet/eugene.pdf
9 mai 2009 - L'an
505.
Fête le 13 juillet. Quoique ce glorieux athlète de Jésus Christ
soit né ... pasteur, ils jetèrent tous les yeux sur Eugène,
citoyen de Carthage,
croyant ... Il y avait parmi eux un homme qui, depuis plusieurs
années,
ne se.
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