mardi 12 janvier 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 505

25 DÉCEMBRE 2015...

Cette page concerne l'année 505 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LES TOURMENTS D'UN ÉVÊQUE DE CARTHAGE MARTYR

 En Afrique, les saints confesseurs : Saint Eugène, Évêque de Carthage, illustre par sa Foi et ses vertus, et avec lui tous les clercs de son Église, au nombre d’environ 500, ou même davantage.
Durant la persécution des Vandales, sous le roi arien Hunéric, ils endurent les fouets et la faim. Parmi eux, se trouvent beaucoup d’enfants qui remplissaient l’office de lecteurs, tous souffrent ensuite avec joie les rigueurs d’un cruel exil. Les plus célèbres sont l’archidiacre nommé Salutaire, et Muritte le second des officiers de cette Église, ces derniers ayant confessé le Christ pour la 3e fois, ont tous deux la gloire d’avoir persévéré avec constance dans leur confession.

Saint Eugène, évêque de Carthage de 480 à 484, et de 487 à 495, est persécuté sous les rois vandales Hunéric et Gunthamund, et meurt dans un monastère du Languedoc près d'Albi en 505. On l'honore le 13 juillet.

Eugène est élu à l'unanimité évêque de Carthage en 480 pour succéder à Deogratias (mort en 457). L’élection épiscopale, reportée 23 ans en raison de l'opposition de Genséric, est, à la fin, autorisée par le roi Hunéric à la requête de l'empereur Zénon et de Placidia, parents de sa femme Eudoxie.
Sa bonne administration, sa charité, son style de vie austère et son courage lui ont valu l'admiration des ariens. Dans sa défense intransigeante de l'orthodoxie, il est imité par ses fidèles, dont beaucoup seront exilés avec lui, en 484.

Début 484, le roi organise, à Carthage, une conférence entre théologiens ariens et évêques orthodoxes. La conférence, tourne court avec le départ du chef des évêques ariens sur le prétexte qu'il ne comprend pas le latin. Hunéric furieux, exile, prélats et évêques, ceux sous la garde d'un homme nommé Antonius, sont déportés dans le désert de Tripoli. Au moment de partir, il écrit une lettre de consolation et d'exhortation aux fidèles de Carthage qui figure dans les œuvres de Grégoire de Tours (PL, LVII, 769-71).
Gunthamund, qui succède à Hunéric en 484, permet à Eugène de retourner à Carthage et de rouvrir les églises, en 487.

Après 8 années de paix, Eugène est arrêté et condamné à mort, en 495, mais la peine est commuée en exil à Vienne, près d'Albi, où règne l’arien Alaric. Eugène y construit un monastère sur le tombeau de Saint Amaranthus, et mène une vie de pénitence.
Il a écrit un « Expositio Fidei Catholicæ », sur demande d’Hunéric, probablement celui présenté par les évêques catholiques lors de la conférence de Carthage de 484.
Il a écrit aussi un « Pro Apologétique Fide, Arianis cum Altercatio », dont des fragments sont cités par Victor de Vita.

Son nom apparaît pour la première fois dans l’histoire quand il est choisi pour évêque de Carthage, en 481, à une époque où le fanatisme arien, joint à la barbarie des Vandales, fait, presque à coup sûr, de tous les Évêques catholiques Africains des martyrs de la vraie Foi. Sa conduite dans l’épiscopat est celle d’un vrai pasteur des âmes. Malgré la pauvreté de son Église, il trouve le moyen de répandre dans le sein des pauvres de si larges aumônes, que Dieu semble multiplier à plaisir les ressources entre ses mains il ne se réserve rien, disant : « Le bon pasteur devant donner sa vie pour son troupeau, serais-je excusable de m’inquiéter de ce qui concerne mon sort ? »
Hunéric, roi des Vandales, lui fait défendre de recevoir dans son église aucun Chrétien de la race des Vandales ou en portant le vêtement, mais Saint Eugène refuse d’obéir : « La maison de Dieu, répondit-il, est ouverte à tout le monde, nul ne peut en chasser ceux qui y entrent. » C'est le signal d’une affreuse persécution.

LES VANDALES
Dieu veut prouver par un miracle éclatant la Vérité catholique contre la fourberie de ses ennemis. Un aveugle de Carthage, nommé Félix, vient trouver l’Évêque et lui dit : « Je viens ici sur l’ordre de Dieu, et je n’en sortirai pas que vous ne m’ayez rendu la vue. » Saint Eugène le repoussa d’abord avec bonté, protestant qu’il n’est pas homme à faire des miracles, mais l’aveugle insiste, il lui fait alors un signe de croix sur les yeux, qui s’ouvrent aussitôt à la lumière.
Il fait peu après un autre miracle, en rendant la vue à un homme que l’évêque arien avait suborné pour se donner à lui-même la réputation d’un thaumaturge, et qui est devenu réellement aveugle au moment même où il joue son triste rôle.
Malgré le bruit retentissant de ces prodiges dans le pays, la persécution ne fait qu’augmenter.
Le persécuteur Hunéric, dévoré vivant par les vers, est bientôt victime de la vengeance céleste : Il périt en déchirant lui-même ses membres avec ses dents, ses entrailles lui sortent du corps, et cette mort effrayante fait horreur à ceux mêmes des hérétiques qui ont fait de lui un prince pervers et cruel.
Sous le règne suivant, Saint Eugène peut revenir à Carthage, mais, sous le second successeur d’Hunéric, la persécution sévit de nouveau Saint Eugène, toujours invincible, est d’abord menacé des plus horribles supplices, puis envoyé en exil à Albi, dans les Gaules. C’est sur ce sol hospitalier que le vaillant athlète de la Foi voit la fin de ses glorieux travaux. Symmaque étant pape, Anasthase Ier empereur d’Orient et Clovis roi de France.

Quoique ce glorieux athlète de Jésus Christ soit né en Afrique, qu'il y ait été évêque, et qu'il y ait passé une grande partie de sa vie, la France, néanmoins,
peut le revendiquer à juste titre, puisqu'il y a reçu l'hospitalité, et
y est mort nous laissant ses saintes dépouilles.

Hunéric, pour réduire les officiers de sa cour qui sont catholiques, les prive de leurs gages, de vivres même, et les soumet aux travaux de la campagne par une chaleur dévorante.
C'est un supplice qui doit être intolérable à des personnes délicates, mais la grâce les rend triomphants des faiblesses de la nature, et tous endurent ces souffrances avec joie.
Il y a parmi eux un homme qui, depuis plusieurs années, ne peut se servir que d'une de ses mains, ces barbares le pressent plus que les
autres de travailler. En cette extrémité, il se met en prières avec ses
compagnons, et Dieu les exauçant,rend le mouvement et la vie à cette main
paralytique... Ce n'était là que le prélude de la persécution générale.

Hunéric, après avoir fait mourir ses parents les plus proches, pour assurer le royaume à ses enfants, fait défense expresse à tous ceux qui ne sont pas ariens, de servir dans son palais ou d'exercer des fonctions publiques. On ne peut dire quelle est la sollicitude de notre saint pilote dans une tempête si furieuse. Dans la crainte que quelqu'un des fidèles, par l’appréhension des supplices et de la mort, ne se relâche de son devoir, il s'impose des fatigues continuelles pour les visiter, les consoler, les fortifier, les relever dans leur abattement, et les remplir de la pensée et de l'espérance des biens éternels. Les catholiques de la cour, soutenus par ses exhortations et par la grâce de Dieu, se montrent fermes jusqu'au bout dans leur épreuve, il faut les condamner au bannissement.

SAINT EUGÈNE


Il n'y en a pas un seul qui ne parte joyeusement d'Afrique pour passer dans les îles de Sicile et de Sardaigne, où, néanmoins, ils savent qu'ils seront traités très cruellement. Cependant, la fureur d'Hunéric s'allumant toujours de plus en plus, il résout de s'attaquer aux prêtres et aux évêques, afin que les pasteurs étant opprimés, il soit plus aisé de disperser et d'égorger les ouailles. Mais craignant que l’empereur Zénon ne traite à Constantinople les évêques et les prêtres ariens de la même manière qu'il traite les catholiques en Afrique, il cherche des inventions pour les faire périr sous d'autres prétextes que celui de la religion... Un de ses artifices est de faire assembler toutes les vierges consacrées à Dieu, et de les contraindre, par des supplices horribles, puis de dire que les évêques et les ecclésiastiques ont abusé d'elles et les ont corrompues.
En effet, on les suspend en l'air avec des cordes, on leur met des poids fort pesants aux pieds, et on leur brûle le sein, le dos et les côtes avec des lames de fer ardentes mais toutes ces cruautés ne peuvent jamais arracher de la bouche de ces saintes filles une si noire calomnie, qui, en noircissant les ministres de
Jésus Christ les aurait elles-mêmes couvertes d'opprobre et d'infamie.

La plupart meurent dans les tourments, et celles qui y survivent, demeurent
courbées tout le reste de leur vie.
Cette détestable machination n'ayant pas réussi, Hunéric lève entièrement le masque et relègue tout d'un coup dans les déserts des évêques, des prêtres,
des diacres et d'autres catholiques, au nombre de 4 973, les uns sont accablés de maladie, et d'autres si avancés en âge, qu'ils en sont devenus aveugles. Parmi ces derniers se trouve le saint évêque d'Abbir, qui a 44 ans de prélature... Il est tellement paralytique de tous ses membres, qu'il n'a pas même l'usage de la langue.
On pria le roi de l'exempter de ce voyage, puisqu’il est impossible de le
transporter, et que sa mort ne peut guère tarder. Mais ce cruel répond
fièrement :
« Si on ne le peut pas porter, qu'on lui attache les pieds avec des
cordes à un couple de bœufs, et qu'on le traîne au lieu que j'ai ordonné ! »
Ainsi, nul de cette sainte troupe n'est exempt d'un édit si inhumain. Nous
nous étendrions trop si nous nous arrêtions à décrire les maux qu'ils
endurent en chemin, les outrages que leur font ces barbares, la privation
de tout secours où ils sont réduits, et surtout la patience avec laquelle ils souffrent une persécution si terrible. On voit des femmes porter ou traîner leurs enfants, qui ne sont encore que de petits clercs, à la suite des saints
confesseurs, afin qu'ils ne soient pas privés de la participation de leurs
couronnes.
On voit de vénérables vieillards se traîner, ramper pour ainsi dire sur la terre pour ne point se séparer de cette bienheureuse armée de serviteurs de Jésus Christ. Si la faiblesse ou la maladie en arrête quelques-uns, aussitôt les soldats les piquent avec la pointe de leurs javelots, ou leur jettent des pierres pour les forcer de marcher plus vite enfin, on les met entre les mains des Maures, qui les mènent dans une forêt, où la plus grande partie meurt, soit des plaies qu'ils ont reçues, soit de faim, de soif et de toutes sortes de misères. Rien de plus touchant que les tristes adieux du peuple de Carthage à ses prêtres il les accompagne aussi loin qu'il peut, et leur dit les larmes aux yeux :
« A qui nous laissez-vous en courant au martyre ?
Qui baptisera nos enfants ?
Qui nous donnera la pénitence ?
Qui nous délivrera
de nos péchés par le bienfait de la réconciliation ?
Qui nous enterrera après la mort ?
Qui offrira le divin sacrifice avec les cérémonies ordinaires ?
Que ne nous est-il permis d'aller avec vous ? »

Saint Eugène n'ayant pas été compris dans ce premier édit, est demeuré à Carthage, où il continue toujours d'encourager les fidèles et de les enflammer du désir du martyre. Mais on continue de le persécuter de diverses manières. Ainsi, le jour de l'Ascension, 19 mai de l'an 483, pendant que notre
saint prélat célèbre les saints mystères en son église cathédrale, on y apporte
un ordre du roi, qui commande à tous les évêques d'Afrique qui croient la
consubstantialité du Verbe, de se trouver à Carthage le 1er février suivant,
pour discuter avec ses vénérables évêques (c'est ainsi qu'il appelle ceux de sa
secte), sur la foi qu'ils défendent, et la prouver par les Saintes Écritures.
Son dessein dans ses paroles est très malicieux car il sait bien que les évêques
catholiques ne peuvent alléguer un passage de l’Écriture où se trouve le mot
de consubstantiel, ils seront donc obligés, ou de renoncer à ce mot et au
dogme qu'il exprime, ou bien il aura un prétexte de les persécuter, puisqu'ils
auront méprisé l’Écriture.
La lecture de cet ordre afflige beaucoup toute l'assemblée des fidèles, la joie de la fête est changée en deuil, les cantiques en lamentations, les prières en gémissements et en larmes. On délibère néanmoins sur ce qu'il y a à faire en une conjoncture si pressante, et tous décident que Saint Eugène présente une requête pour tâcher de détourner cette conférence publique, ou de la rendre aussi utile aux catholiques que les Ariens la leur veulent rendre dommageable.
Elle contient donc que les catholiques ne fuient nullement la discussion, ayant
toujours été les premiers à la demander, mais, comme la cause de la foi est
commune à toutes les Églises, ils ne peuvent pas y entrer sans la participation des évêques d'outre-mer. Ainsi, les catholiques prient le roi, s'il souhaite une conférence sur la religion, de trouver bon que les évêques des autres pays s'y trouvent, afin que la décision se fassent du consentement universel des prélats.
Hunéric répond : « Qu'Eugène me fasse monarque de tout l'univers, et je lui accorderai ce qu'il demande ».
«Cela n'est point nécessaire, dit Eugène, il suffit que le roi écrive à ses amis », c'est-à-dire : Au roi d'Italie, qui est Odoacre, prince arien, « de laisser venir les évêques, et moi
j'écrirai à nos collègues » (il entend les évêques d'Italie, des Gaules et des
Espagnes) « pour les prier de faire ce voyage, afin qu'étant tous assemblés, et
surtout celui de l’Église romaine qui est le chef de toutes les Églises, ils lui
montrent la véritable foi ».

Cette proposition est très raisonnable, puisqu'on ne peut tenir une assemblée pour décider un point fondamental de la foi, sans que tous les évêques, et surtout celui du premier Siège, en soient avertis, mais notre saint prélat songe encore à une autre utilité c'est que les évêques étrangers, ayant vu de leurs propres yeux l'oppression où est l’Église d'Afrique, en auraient rendu témoignage partout et lui auraient peut-être procuré quelque remède. Cependant Hunéric, irrité de cette réponse, envoie plusieurs évêques en exil, après les avoir fait fouetter et bâtonner très cruellement, il défend aussi à tous ses sujets de manger avec les catholiques ce que la divine Providence permet, afin que les orthodoxes ne soient pas corrompus par le trop grand commerce avec les hérétiques.

Au reste, Dieu, pour relever leur courage et les confirmer de plus en plus
dans la foi de la très Sainte Trinité. Ce miracle se répand aussitôt dans toute la ville. Hunéric, qui en est informé, veut s'en assurer par lui-même et fait venir l'aveugle. Il emploie toutes sortes de moyens pour reconnaître la véracité du fait ou plutôt pour en obscurcir la gloire mais il n'y trouve rien que de très
sincère et très véritable.
Les Ariens, outrés de dépit, viennent le trouver, lui disent que ce n'était qu'un effet de magie, et qu'Eugène y est fort savant. Il est assez aveugle ou plutôt assez impie pour le croire aussi, bien loin de diminuer la persécution, il l'augmente encore et conçoit une haine mortelle contre notre Saint.

Le jour de la conférence étant arrivé, plusieurs évêques orthodoxes se
trouvent à Carthage.
Hunéric, pour les intimider, en fait d'abord arrêter un, nommé Létus, qui est un des plus savants du clergé, et, par la plus grande de toute les perfidies il le fait brûler tout vif au milieu de la ville. Mais son exécution donne plus d'envie que de crainte aux autres évêques. Toutes ces choses se passent dans cette assemblée avec une injustice et une violence extrêmes : On fait tenir debout tous les prélats catholiques :
On leur donne à chacun 100 coups de bâton.
On leur refuse des juges et des notaires qui puissent rendre témoignage
de ce qui s'y passe.
L'impie Cyrola, qui se dit patriarche des églises ariennes d'Afrique, y vient avec la pompe et la majesté d'un prince, et s'y assoit sur un trône élevé, comme s'il était le maître de tous les évêques.

Les prélats étant assemblés dans un ordre si inique, s'est avec beaucoup de
justice que les orthodoxes ont refusé d'entrer en discussion : Mais, bien
loin de le faire, ils pressent eux-mêmes de la commencer.
Les Ariens, qui ne la veulent pas, la rompent sur de faux prétextes, et font croire au roi que les catholiques les y ont contraints.

Saint Eugène, qui a prévu cet artifice, s'adresse lui-même au roi, et
lui présente un écrit où toute notre foi touchant le mystère de la Trinité
consubstantielle est admirablement bien expliqué. Cette précaution ne sert
de rien.
Huneric, qui ne cherche qu'un prétexte de ruiner la religion, fait aussitôt publier un édit (484), par lequel les églises des catholiques sont fermées, leurs biens confisqués, leurs assemblées défendues et leurs écrits condamnés au feu. De sorte qu'il faut se résoudre, ou à suivre l'impiété des hérétiques, ou à laisser en proie sa maison, ses biens et ses charges.
La cruauté du tyran n'en demeure pas là, on tourmente corporellement ceux qui
ne veulent pas se rendre à ses injustes prétentions, on dépouille publiquement d'illustres Africaines, on coupe la main droite et la langue à un grand nombre de catholiques, qui, s'étant retirés à Constantinople, ne laissent pas de parler aussi bien que s'ils ont une langue.
Il y a même parmi eux un jeune garçon, muet de naissance, qui commence à parler aussitôt que la langue lui est coupée. Presque tous les évêques, qui sont
demeurés à Carthage, et dont ce prince barbare a pris tous les biens, sont chassés de la ville, sans qu'on leur permette d'emporter ni vivres, ni argent, ni habits et, ce qui surpasse toute croyance, on défend à toutes sortes de personnes de les recevoir dans leurs maisons, leurs granges et leurs
étables, ni de leur donner à manger, afin qu'errant misérablement dans la
campagne, sans pain et sans toit, ils périssent de faim et de toutes sortes
d'incommodités.
Quoique réduits à aller mendier leur vie et à demeurer exposés aux injures de l'air autour des murs de la ville, ils résolvent de ne point s'en éloigner, de crainte qu'on ne dise qu'ils ont évité le combat. Il arrive dans ces circonstances que le roi sort pour aller voir des réservoirs, tous les
évêques vont au devant de lui : Vous nous maltraiter, nous priver de nos Églises et de nos maisons, nous faites mourir de faim et de froid, nous chasser de la ville et nous réduire à coucher sur le fumier ? »
GENSERIC

Hunéric les regardant d'un œil courroucé, et sans écouter leurs remontrances, commande à ses gardes à cheval de courir sur eux. Plusieurs sont blessés, principalement les vieillards et les faibles. Cependant, comme Saint Eugène, avec Saint Vindémial et Saint Longin, dont le bannissement a été un peu différé, à cause du respect qu'on a universellement pour eux, continuent de faire de grands miracles.

Cyrola, chef des Ariens, ne pouvant prouver la fausseté de ces miracles, résout d'en faire un en apparence, pour se conserver le crédit qu'il a parmi les siens. Il donne donc 50 pièces d'or à un pauvre homme, à condition qu'il contrefasse l'aveugle, et que, se trouvant sur son passage dans une place publique, il le prie, au nom de Dieu, de lui mettre la main sur les yeux, et de lui rendre la vue.
La chose étant ainsi concertée, Cyrola, qui se fait alors accompagner des trois prélats que nous venons de nommer, passe, comme par hasard, devant ce faux aveugle, qui, ayant le mot, s'écrie aussitôt : « Ecoute-moi, bienheureux Cyrola, exauce-moi, Saint prêtre de Dieu prends pitié de mon aveuglement, fais-moi ressentir le pouvoir que Dieu t'a donné, et que tant de lépreux, d'estropiés et de morts ont éprouvé ».
L'hérétique, s'arrêtant à ces paroles, lui dit : Pour preuve que la foi que nous professons est véritable, que tes yeux à cet instant soient ouverts ». Dieu entendit ce blasphème et, pour en faire voir l'impiété en présence de la foule que l'hérétique a fait assembler exprès pour être témoin de son miracle imaginaire, il rend véritablement aveugle celui qui fait semblant de l'être, et lui cause une si grande douleur aux yeux, qu'il ne peut pas la supporter.

Ce coup de la justice divine découvre toute la fourberie, car ce misérable,
sentant la violence de cette douleur, et se voyant privé de la vue, commence à
crier que Cyrola l'a corrompu, et lui a donné de l'argent pour faire l'aveugle, et que, ne l'étant pas, il l'est devenu par une juste punition de
Dieu.
« Imposteur, dit-il à cet impie, tu as voulu tromper les hommes, et Dieu t'a justement confondu. Tu as voulu faire semblant de me rendre la vue,
et tu es cause que je ne vois plus voilà l'argent que tu m'as donné, rends-moi
la vue que tu m'as ôté ».
Mais la puissance de Dieu n'en demeure pas là elle achève le miracle, elle rend le triomphe parfait car, le nouvel aveugle s'étant tourné vers les évêques catholiques, et les ayant supplié d'avoir pitié de lui, quoiqu'il soit indigne de toute miséricorde, ils lui disent : « Si tu as la foi, toutes choses sont possibles à celui qui croit ».
« Je crois, répond-il, en Dieu le Père tout-puissant en Jésus Christ, Fils de Dieu, égal à son Père au Saint Esprit, coéternel et consubstantiel au Père et au Fils celui qui ne croit pas qu'ils ont tous 3 une même substance et une même divinité, qu'il souffre le même châtiment que j'endure. »
Sûr cette confession, les évêques se disputent l'un l'autre l'honneur de faire le signe de la croix sur ses yeux.
Enfin, Vindémial et Longin mettent leurs mains sacrées sur sa tête, et saint Eugène fait le signe de la croix, et dit tout haut : « Au nom du Père, et du Fils, et du saint Esprit, un seul vrai Dieu en 3 personnes égales en puissance et en majesté, que tes yeux soient ouverts et recouvrent la vue ». Aussitôt que la dernière parole est prononcée, la douleur de ce misérable cesse, et il commence de voir clair comme auparavant. Un si grand prodige couvre les Ariens de honte, et donne sujet aux catholiques de leur reprocher les ténèbres de leur hérésie et la malignité de leur imposture.

Hunéric, au lieu de reconnaître par là la fausseté de l'arianisme, et de se
convertir, entre dans une plus grande fureur contre les 3 évêques qui
viennent de confondre cette hérésie d'une manière si éclatante. Il fait appliquer la torture à Vindémial et Longin les tourmentant cruellement, en les piquant avec des aiguillons, en les brûlant avec des torches ardentes, et en leur
déchirant le corps avec des ongles de fer, et enfin il les fait mettre à mort. Pour Saint Eugène, il le condamne à avoir la tête tranchée, donnant néanmoins un ordre secret au bourreau de ne pas exécuter cet arrêt, si à l'instant qu'il a
levé le bras pour le décapiter, il le voit résolu de souffrir la mort, parce qu'il
ne veut pas qu'il soit honoré des chrétiens comme martyr. On mène donc
Eugène sur l'échafaud, et on le met en état de recevoir le coup mais comme il
paraît alors plus constant que jamais, et qu'il proteste même qu'il regarde
cette mort comme une entrée bienheureuse à la vie éternelle, il est aussitôt
délié et relégué dans un petit lieu désert, vers la ville de Tripoli.
C'est là qu'il souffre un martyre bien plus cruel que la mort. Cette
province a pour gouverneur un homme fier et barbare, appelé Antoine, qui
se fait un plaisir d'avoir en sa puissance ce saint évêque, pour assouvir sa
passion contre lui. Il le fait enfermer dans un cachot fort étroit, où il ne permet à personne de lui parler et de le consoler.
Le confesseur invincible de Jésus Christ a trouvé moyen, avant d'y entrer, d'écrire aux fidèles de Carthage une lettre brûlante du zèle et du feu de l'amour divin, pour les affermir dans la profession de la foi catholique, contre toutes les menaces et tous les supplices des hérétiques.
«Je vous demande avec larmes, dit-il, je vous exhorte, je vous conjure, par le redoutable jour du jugement et par la lumière formidable de l’Avènement de Jésus Christ, de rester fermes dans la profession de la foi catholique. Conservez la grâce d'un seul baptême et l'onction du chrême. Que personne d'entre vous ne souffre qu'on le rebaptise ».

Il parle de la sorte, parce que les Ariens d'Afrique, semblables aux Donatistes, rebaptisent ceux qui embrassent leur secte. Il proteste aux fidèles qu'en cas qu'ils soient inébranlables, l'éloignement et la mort ne l'empêcheront point de leur être uni en esprit; mais qu'il sera innocent du sang de ceux qui périront, et que sa lettre sera lue contre eux devant le tribunal de Jésus Christ. « Si je retourne à Carthage, ajoute-t-il, je vous verrai en cette vie, si je n'y retourne pas, je vous verrai en l'autre.
Priez pour nous, et jeûnez, parce que le jeûne et l'aumône ont toujours fléchi la miséricorde de Dieu mais souvenez-vous surtout qu'il est écrit que nous ne devons pas craindre ceux qui ne peuvent tuer que le corps ».

Lorsqu'il se voit renfermé, il s'applique entièrement à mériter les grâces
du ciel à son peuple par ses gémissements et ses prières. Ne se contentant pas
des incommodités de sa prison et des mauvais traitements qu'on lui faisait à
tous moments, il y ajoute des austérités volontaires, portant une haire très
dure, et couchant sur la terre nue. Après quelque temps d'une vie si pénible, il
tombe dans une paralysie qui le met à deux doigts de la mort. Antoine, en
étant averti, vient aussitôt à sa prison, non pas pour le soulager ni pour prendre
part à sa peine, par les sentiments d'une compassion naturelle, mais pour
repaître ses yeux par le spectacle de ses douleurs. Il veut même hâter sa
mort, en lui faisant mettre du vinaigre dans la bouche. Mais, ce qui doit
avancer la fin de ses jours, lui rend la santé par un effet miraculeux de la
divine Providence.

Ainsi, notre Saint demeure banni et prisonnier jusqu'à la mort d'Hunéric, qui est la plus tragique et la plus détestable que l'on ait jamais vue sur la terre car Saint Victor d'Utique dit que les vers le mangent et le consument tout vivant. Saint Grégoire de Tours ajoute qu'il entre en frénésie, qu'il mange ses propres membres, et que le soleil s'éclipse à sa mort des 3 quarts de son globe, comme pour témoigner une horreur de ses crimes, et Saint Isidore de Séville écrit que les entrailles lui sortent du corps, et qu'il a la même fin que le misérable Arius, dont il a soutenu si fortement la doctrine.

Eugène de Carthage — Wikipédia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Eugène_de_Carthage
Saint Eugène, évêque de Carthage de 480 à 484, et de 487 à 495, fut persécuté sous les ... et mourut dans un monastère du Languedoc près d'Albi en 505. ... Après huit années de paix, Eugène est arrêté et condamné à mort, en 495, mais la ...

SAINT EUGÈNE, ÉVÊQUE DE CARTHAGE, EN AFRIQUE ...

orthodoxievco.net/ecrits/vies/synaxair/juillet/eugene.pdf
9 mai 2009 - L'an 505. Fête le 13 juillet. Quoique ce glorieux athlète de Jésus Christ soit né ... pasteur, ils jetèrent tous les yeux sur Eugène, citoyen de Carthage, croyant ... Il y avait parmi eux un homme qui, depuis plusieurs années, ne se.

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