13
JANVIER 2016...
Cette
page concerne l'année 485 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
RÉSULTAT DE LA MARCHE BARBARE SUR LA TOPONYMIE DU PAYS.
BARBARES |
Sans
doute, la mainmise des Francs Saliens sur le territoire de la
Belgique antique est antérieure au règne de Clovis. Leur
installation sur le cours inférieur du Rhin, de la Meuse, de
l’Escaut et le repeuplement de ces régions remontent au IVe
siècle. Mais la vague ethnique s’est arrêtée avant la fin de
l’Empire Romain d’Occident.
Les
résidences mêmes du père et des parents de Clovis, Tournai,
Cambrai, sont demeurées de langue romane, par suite les Francs ne
forment qu’une minorité en Tournaisis, en Cambrésis.
A
l’Est, Metz forme un butoir Roman contre l’expansion des
Ripuaires. La limite des langues, qui n’a quasi point bougé depuis
15 siècles, indique la limite du peuplement Franc dans la Gaule du
Nord et du Nord-Est, du peuplement Alaman en Alsace et en Séquanaise
(Helvétie).
L’élément
« romain » a perdu environ 90.000 kilomètres carrés au
profit de l’élément Germanique sur les 639.000 kilomètres carrés
que comporte la Gaule, soit 1/6e du total à peine.
En
dehors de ce prélèvement sur le sol Romain, on peut et on doit
admettre que les Francs ont eu des établissements en Gaule, mais
sporadiques.
Les
grands ont obtenu du roi des domaines ou se les sont appropriés par
la force, mais la population indigène y subsiste, infiniment plus
nombreuse que le propriétaire Franc, sa famille, ses serviteurs.
On
s’explique ainsi aisément que non seulement la population
Gallo-Romaine ait conservé sa langue, le latin dit « vulgaire »,
mais que les Francs établis à l’Ouest aient perdu l’usage du
« francique » vers la fin de l’ère Mérovingienne.
Ces
vues, un peu sommaires peut-être, mais simples et claires, ont été
combattues, moins par des historiens que par des philologues, ceux
notamment qui se spécialisent dans la toponymie.
Ils
se sont aperçus que sous leur forme romanisée, nombre de noms de
lieu dont l’apparence aujourd’hui est toute française,
trahissent une origine germanique incontestablement.
Roubaix,
Rebais paraissent français et en réalité ils dérivent du
germanique Rosbach.
De
même Orbais, Gambais, ne sont autres que Orbach, Wanbach.
Quoi
de plus français en apparence que les 4 localités Champenoises
dites La Fère... En réalité, elles représentent le germanique
fara « groupe familial ».
On
peut citer bien d’autres exemples. Néanmoins, la proportion des
noms de lieu de ce type par rapport aux noms de lieu d’origine
Celtique ou Romaine est tellement infime qu’aucune théorie sur
l’importance du peuplement Germanique de la Gaule (à l’ouest de
l’Escaut et de la Meuse) n’a pu trouver là un point d’appui
solide.
Mais
il est une autre catégorie de noms de lieu infiniment plus abondante
dont l’origine germanique, qui échappe à l’historien non
averti, se décèle clairement aux yeux du philologue, ce sont les
noms de lieu terminés en -anga ou -ange en Belgique wallonne et en
Lorraine, en -ans en Franche-Comté, en -ens, -ins en Suisse Romane
et en Savoie.
Ces
terminaisons représentent le suffixe germanique -inga, ingen
qui joue le même rôle que -acos en Celtique, -anus en latin :
Il transforme un nom d’homme en nom de lieu, il s’applique aussi
à tous ceux qui vivent sous la dépendance de l’homme (un
seigneur) dont le nom forme le radical du nom de lieu.
Le
nom d’homme est toujours germanique.
La
conséquence c’est que la localité a été tout d’abord peuplée
par les Germains (Francs, Alamans, Burgondes) avant d’être gagnée,
sous une influence quelconque, par la langue romane.
Encore
ne faut-il pas oublier que, même lorsque les langues celtique,
ligure, puis germanique sont oubliées, on conserve l’habitude de
former les noms de lieu avec des suffixes familiers aux populations.
On
fabrique, par exemple, Martinoscus avec le suffixe ligure -oscus
accolé au nom pannonien Martin (inconnu en Gaule avant le IVe
siècle), alors que le ligure a disparu depuis nombre de siècles.
Dans
le nord de la Gaule on a accolé à des noms francs le suffixe
-iacas, par exemple dans Landrecies (Landric + iacas), Bermeries
(Bertmer + iacas), ou avec -iacus, ainsi Achery (Achar + iacus),
Charly (Carl + iacus)...
On
a pu, à l’époque Franque, former des noms de lieu avec le suffixe
germanique -ingen, devenu familier même dans les régions de la
Gaule où le germanique n’est plus compris. Au reste, les noms en
ans, -ens, -ange, -enge, -oinge sont limités à la zone
frontière des langues.
Une
observation qui a échappé aux philologues à propos de cette
catégorie de noms doit être faite en ce qui concerne la région
occupée par les Burgondes. Quand on entre dans le détail, on
s’aperçoit que, le plus souvent, ces noms désignent moins des
villages représentant d’antiques domaines seigneuriaux, que des
fractions de domaine, des hameaux, des mas (fermes), des écarts, des
lieux-dits. C’est comme si le personnage, supposé Burgonde, qui a
laissé son nom est, non un grand personnage Barbare, mais un petit
tenancier, cantonné dans un coin de village, de domaine, qui
conserve, lui, son nom celtique ou romain pour l’ensemble.
Faute
de faire cette observation, les toponymistes sont victimes d’une
erreur de perspective. Ils grossissent, sans s’en rendre compte,
l’importance des noms de lieu germaniques à l’origine. C’est
ainsi qu’ils relèvent en la Suisse Romande, la Bresse, la
Franche-Comté, des exemples si nombreux qu’ils présentent une
proportion allant jusqu’au dixième de la totalité des noms de
lieu.
Leurs
cartes, à petite échelle, égarent même le lecteur : Les
points figurant ces noms sont si rapprochés qu’ils donnent
l’impression d’un fourmillement, d’un peuplement massif. Les
toponymistes sont ainsi victimes, leurs lecteurs non avertis
également, d’un véritable trompe-l’œil... Ce qu’il faut
mettre en parallèle ce sont, d’une part, les noms représentant
des villages, des paroisses, donc des seigneuries anciennes, de
l’autre des hameaux, écarts, lieux-dits. On se rendra compte alors
que la proportion de ces noms germaniques est insignifiante par
rapport à l’ensemble des noms de localité non germaniques...
Dans
le Midi de la Gaule où seuls les Goths ont séjourné et pour moins
d’un siècle (418-507) les noms de lieu d’origine Wisigothique
sont en petit nombre. On est étonné de ne trouver qu’une douzaine
de termes de la langue appliqués à des localités, ainsi Warginisca
(lieu de rassemblement des oiseaux) qui a donné Gargilesse (Indre),
Galt (sol infertile) qui est l’origine de Jaude, place de Clermont.
Mais ce dernier nom vient du celtique galate.
Alors
on s’est persuadé que les nombreuses localités du Sud-Ouest
terminées en -enc représentent le suffixe gothique -ingos, chose
plus que douteuse, car ce suffixe est également ligure et celtique.
D’une
façon générale, les traces gothiques se rencontrent pour la
plupart en Septimanie (entre le bas Rhône et les Pyrénées), seule
région de la Gaule que les rois Wisigoths aient conservée jusqu’à
la fin de leur domination en 711, donc 2 siècles après la ruine du
royaume de Toulouse. Encore faudrait-il observer que les
Gallo-Romains de cette région ayant pris des noms gothiques, comme
faisaient les Gallo-Romains du Nord pour les noms francs, ces noms ne
peuvent révéler un peuplement gothique.
Quant
à des termes gothiques passés dans le roman du Midi, on n’en
trouve aucun.
En
outre il convient de rechercher la proportion des noms de lieu
gothiques, ou prétendus tels par rapport à l’ensemble. Pour nous
en tenir aux domaines devenus des paroisses au cours de l’ère
Mérovingienne et Carolingienne, dans l’Aquitaine, de la Loire aux
Pyrénées, ce nombre dépasse 10.000, plus en Septimanie un peu plus
de 2.000. Qu’est-ce qu’une cinquantaine de noms considérés
comme gothiques (dont une douzaine peut-être en Septimanie) par
rapport à cette masse de noms de lieu d’origine ibérique, ligure,
celtique, romaine ? Une goutte d’eau dans l’Océan.
Il
est enfin une catégorie de noms de lieu où l’on a cru faire une
riche moisson de germanisme, les noms qui se terminent ou commencent
par -court ou -ville — il en est des milliers, surtout au nord de
la Loire. Ce qui a attiré l’attention sur eux c’est qu’on
s’est aperçu que dans les composés de ce type, le déterminant
est dans l’immense majorité des cas un nom d’homme Germanique :
Les exemples foisonnent. On en a conclu que chacune de ces localités
représente un peuplement, surtout Franc. Mais comment expliquer que
le déterminé -court, ville, soit un mot latin curtis, villa ?
Alors
on a imaginé que le déterminé est la traduction en langue romane
d’un terme germanique, tel que dorf, heim, hof.
Pure
conjecture que renverse le fait que, lorsqu’un village dont le nom
est ainsi terminé passe en langue romane, il conserve cette finale
tout en la remaniant : Merdsop (pays de Liége), Catove
(Boulonnais).
D’ailleurs,
il serait incompréhensible que, par milliers, ces domaines en -ville
et -court aient été romanisés de langue dès l’époque Franque
si la population du tenancier est d’origine germanique comme le
propriétaire et seigneur...
Dans
la toponymie des villages du nord de la France et du sud de la
Belgique, à la limite des langues, se sont romanisés une foule de
noms de hameaux, de lieux-dits, d’accidents de terrain qui
conservent sous une forme romane la trace de leur origine germanique.
Rien de tel ailleurs. Pas un des 300 villages de la Beauce terminés
en -ville ne présente rien de pareil.
GERMAINS |
Mais
il faut tout de suite remarquer que ce procédé, la composition,
existait déjà en germe à l’époque Romaine.
Des
noms de lieu tels que Coucevreux (de curtem-superiorem), Villesevreux
(villam superiorem), Marville (major villa), Courtiseul (curtem
acutiorem) sont nés à une époque où les comparatifs et
superlatifs existent encore dans la langue vulgaire.
Or,
ils sont sortis de l’usage avant le Ve siècle, sans doute dès le
IIIe siècle. De même Confavreux (Curtem fabrorum) date d’une
époque où le génitif pluriel est encore en usage. L’emploi de
court et de ville nous met donc en présence d’une évolution
spontanée de la langue latine parlée...
Ce
qui a dû précipiter le changement c’est aussi, dans le Nord, la
prononciation de la finale -acus : Un son mouillé qui a fini
par aboutir à -é dans le Nord-Ouest, à -i dans le Centre-Nord et
l’Est, à -ieu dans le bassin de la Saône : Sabininiacus
aboutira à Sévigné, Sevigni,
Victoriacus
à Vitré, Vitri, Vitrieu.
Le
rapport de la terminaison avec le nom d’homme, celui du
propriétaire du domaine s’obscurcissant ou disparaissant dans la
conscience du sujet parlant, l’usage a préféré substituer au
suffixe presque aboli dans la prononciation une forme composée très
nette, ainsi Romain-ville, Romain-court, Pierre-court, Martin-Ville,
Courdemanche (curtem dominicam).
Sur
ce modèle ont été formés les noms de lieu indiquant
l’appartenance du domaine à un propriétaire, Germain ou non,
portant un nom germanique : Boson-ville (Boson + ville) et
Courbouzon, Auberville (Aubert + ville), Aubervilliers (Autberti
villare), Villacoublay (Villa + Escoblein), Courtabon (Curtem
Abbonis), Coubertin (Curtem Bertane), etc... Et si dans le Midi on ne
trouve pas ou fort peu de noms en ville et en -court, c’est
que les finales -ac, -an se maintenant intactes dans la prononciation
(Vitrac, Lezignan de Licinianus) on conserve le sens de l’emploi de
la suffixation.
Enfin
la formation par composition a été précipitée par l’attribution
de quantité de domaines à de nouveaux propriétaires. Les noms de
lieu en -court et en -ville se rencontrent en masse en certaines
régions du Nord, dans les parties forestières de la région
Parisienne, ou en Beauce, dans les bassins de l’Aisne et de l’Oise
et autour de Metz.
Cette
répartition ne peut être due au hasard. Ces noms se trouvent près
des résidences préférées des rois Mérovingiens, Paris avec les
« palais » ruraux environnants, Soissons, Metz.
L’explication saute aux yeux.
ROMAINS |
Est-ce
à dire qu’on est, en ce cas, en présence d’un peuplement
ethnique Franc ? Pas en totalité, à coup sûr, car à partir
du VIIe siècle les Gallo-Romains prennent tous, ou presque, des noms
Francs, comme leurs ancêtres Gaulois ont pris rapidement des noms
latins, et nous n’avons aucun critère qui nous permette de
distinguer pour cette époque un personnage Germanique d’un
personnage Gallo-Romain.
Le
nom Germanique du propriétaire ne détermine pas plus son origine
que le nom latin que prend le propriétaire Gaulois, tel qu’il nous
est révélé dans les lieux en iacus. Au reste, aux confins des deux
langues, à l’Est et au Nord, nul vestige de noms de lieu
germaniques en dehors de celui du nouveau propriétaire, ainsi que
nous l’avons fait remarquer plus haut.
Conclusion :
après la mainmise de Clovis et de ses fils sur la Gaule, nombre de
Francs, notamment les gens du roi, ses « leudes », ont
été gratifiés de domaines fonciers, entre Meuse et Loire surtout,
mais nulle preuve d’un peuplement massif, ainsi que le veulent
certaines théories récentes, non exemptes, peut-être, d’une
arrière-pensée politique.
D’autre
part, bien avant la disparition de l’Empire en Occident, des
groupes de Barbares ont laissé l’empreinte onomastique de leur
installation sur le sol de la Gaule.
Déjà
dans le dernier tiers du IIIe siècle, les empereurs ont voulu
repeupler les campagnes dévastées par des transplantations de
Germains soumis et cette politique se poursuit aux 2 siècles
suivants, Parfois aussi c’est spontanément que des Barbares
s’offrent à l’autorité romaine :
Des
Germains comme des Baïtaves, des Marcomans, des Taïfales
Des
Iraniens comme les Sarmates.
Pressés
par leurs ennemis, menacés d’anéantissement, ces gens implorent
qu’on leur ouvre les portes de l’Empire et qu’on les accueille.
Les
lieux d’installation dans l’un et l’autre cas prennent le nom
ethnique des gens qui les cultivent et les défendent.
L’importance
de ces établissements est très diverse. Il s’agit parfois d’un
petit groupement de réfugiés, volontaires ou non, casés sur un
territoire ne dépassant pas les limites d’une paroisse, d’un
hameau :
Aumenancourt
désigne un domaine habité par des Alamans,
Franconville,
Villefrancœur, Villers-Franqueux par des Francs,
Gueux,
Gourville par des Goths, etc...
On
a remarqué que les Marmagnes de l’Orléanais et du Berry, qui
rappellent les Marcomans, sont situés à des nœuds de route. Ce
sont des postes de surveillance contre les brigands, postes confiés
à des Marcomans remplissant le rôle de gendarmes, comme jadis les
Scythes au service d’Athènes.
Les
Sarmates qui ont laissé leur nom à Sermaise, Sermoise, Saumaise,
Charmasse, s’acquittent sans doute de la même fonction. Elle
n’implique pas un peuplement sérieux, représentant plus que
l’effectif d’un peloton, d’une escouade.
Mais
il est des cas où le peuplement doit s’entendre d’une région
plus ou moins vaste. Les territoires (civitates) de Langres et de
Besançon reçoivent un apport considérable de Germains transplantés
de force par Probus, Maximien, Constance Chlore.
Le
pagus Attuariorum rappelle les Hattuarii, une des peuplades Franques
dont un rameau subsiste au nord de Cologne.
Le
pagus Hamaus ou Amaus (dont le nom persiste en Amous, Amour) rappelle
les Chamaves.
En
Poitou, le Tiffauges rappelle l’installation des Taïfales, parents
des Goths. En dehors de leur nom ethnique il n’apparaît pas que
ces gens aient laissé un terme de leur langue dans la toponymie ou
le vocabulaire courant.
Les
immigrés appelés d’un nom générique « Lètes »,
lorsqu’ils sont Germains, ne sont nullement réduits en esclavage,
mais, embrigadés, ils doivent à la fois cultiver le sol et le
défendre comme miliciens.
Ils
sont sous la surveillance de « préfets » établis :
A
Arras, Noyon, Bayeux pour les Lètes Bataves,
A
Coutances, au Mans, à Rennes pour les Lètes Suèves (Quades),
A
Reims pour les Lètes Francs, etc...
Les
Sarmates, nombreux en Gaule et encore plus en Italie, ont leur
« préfet particulier ». Il paraît évident que, grâce
à cette organisation, l’Empire parvient à romaniser rapidement
ces Barbares.
Un
exemple à retenir est le cas de Sainte Geneviève, née quand
l’Empire Romain vit encore.
Ses
parents, Gerontius et Severa sont romanisés et cependant leur fille
porte un nom germanique, Genovefa, révélateur de quelque aïeule
Létique.
On
peut expliquer de même que des saints, Médard, Gildard, nés sous
l’Empire ont des noms Germaniques.
Certains
noms de lieu attestent aussi l’installation sur le sol Gaulois de
gens appartenant à des populations soumises à Rome, de nom tout au
moins.
Il
y a eu au IVe siècle, des garnisons de Maures, d’où les Mortagne
de l’Orne, de la Vendée, de la Charente-Inférieure, du Nord. Au
milieu du Ve siècle, des Bretons venus de l’île sont installés
par l’Empire en Berry, pour défendre le pays contre les Wisigoths.
Ils
sont battus, mais quelques-uns demeurent, d’où les Bretagne,
Berthenoux de l’Indre. D’autres se retrouvent, sans qu’on sache
pourquoi, dans le Midi (Gers, Landes, Lot). Enfin, contre ces Bretons
ou plutôt contre les cités maritimes de l’Ouest dites
Armoricaines... Rome utilise à la même date, les sauvages Alains,
débris d’une peuplade Caucasienne que les Huns ont poussée à
travers l’Europe, d’où Allaines en Eure-et-Loir. D’autres ont
dû être cantonnés à Alagne (Aude), à Allain-aux-Bœufs
(Meurthe-et-Moselle).
Enfin,
on ne sait trop à quelle époque placer l’établissement de
colonies Anglo-Saxonnes autour de Boulogne. On y rencontre une
trentaine de localités dont le nom se termine en -tun,
caractéristiques de la toponymie Anglo-Saxonne. On est donc autorisé
à leur assigner une telle origine, d’autant plus que les mêmes
noms de lieu se retrouvent en Angleterre, ainsi à Aleuthun
correspond Ailington, à Audincthun Oddington, à Birlinctun
Barlington, à Terlincthun Tellington, à Wadenthun Waddington,
etc...
Il
n’est pas inutile de remarquer que sur cette trentaine de noms, la
majorité (22) est attachée à des hameaux, à des écarts, à
d’anciens fiefs. C’est dire que ces noms rappellent l’existence,
dans la plupart des cas, d’un cultivateur ou d’un petit groupe de
cultivateurs établis sur une portion d’un domaine Gallo-Romain, ce
qui porte à croire que ces Anglo-Saxons sont, eux aussi, des captifs
installés de force pour repeupler une région où l’agriculture
manque de bras, notamment autour du point d’attache de la flotte
Romaine défendant la Manche.
Au
contraire, dans la future Basse Normandie, il semble que nous soyons
en présence d’un établissement cohérent formé par des gens
conservant une sorte d’autonomie sous la domination des rois Francs
et déjà sans doute antérieurement sous l’autorité de l’Empire.
Des textes historiques nous apprennent, en effet, l’existence d’une
telle colonie du VIe siècle pour le moins jusqu’au IXe : Une
partie du Bassin porte le nom d’Otlinga Saxonia, c’est-à-dire
« Noble (autlinga) Saxe ». Les traces de l’établissement
de ces Saxons se retrouvent dans la toponymie :
Une
commune du Bessin porte le nom de Cottun.
Le
terme cot (cabane) se retrouve dans Caudecotte.
Le
terme ho (promontoire en forme de talon) dans Nelmou, Quettehou,
Tatihou.
Le
terme ig, qui s’entend d’une île, romanisé en ey, se retrouve
dans Jersey, Guernesey, Alderney, Chausey.
ODOACRE |
On
peut s’étonner que la toponymie ne vienne pas à l’appui des
textes historiques qui nous révèlent la présence continue des
Anglo-Saxons à l’embouchure de la Loire aux Ve et VIe siècles :
Ils s’en prennent à Angers, à Nantes.
L’évêque
Félix, au VIe siècle, entreprend leur conversion. Et cependant,
rien n’atteste leur séjour, sauf peut-être les noms de Croisic et
de Pornic, dont la terminaison a subi l’influence de leur langue.
Les
Celtes qui ont d'abord peuplé l’Europe Centrale (Vindélicie,
Norique) entre les Alpes et la forêt Hercynienne, ont commencé à
migrer en -500 vers l'ouest rejoignant la population autochtone
Celtique pour constituer une partie importante de la population des
différentes régions de la Gaule. Il est communément admis que la
civilisation Celtique s'épanouit en Gaule avec La Tène,
c'est-à-dire au deuxième âge du fer, à partir du Ve siècle
av. J.-C..
Les
Gaulois se définissent comme groupe ethnique spécifique autour de
plusieurs critères :
La
société Gauloise répond aux caractéristiques Indo-Européennes
établies par Georges Dumézil avec la classe sacerdotale (prêtres
et druides), la classe guerrière (equites), la classe productrice
(artisans, commerçants, agriculteurs et éleveurs autrement appelés
plebs).
Les
relations politiques entre différents peuples Gaulois en particulier
par des alliances et des fédérations (arvernes, éduens)
Les
différents peuples possèdent une même mythologie (avec un système
de filiation mythique qui fonde une appartenance commune) et une même
langue (inter-compréhension entre peuples).
Quand
César vient avec ses troupes dans cette région, il trouve une terre
habitée, non seulement par les Celtes, qui occupent la plupart du
territoire, mais aussi par les Belges (plus exactement des Gaulois
Belges qui sont également des Celtes, et quelques peuples
Germaniques Celtisés qu'il appelle Germains Cisrhénans), qui
occupent, depuis le Ve siècle av. J.-C., les terres au
nord-est de la Gaule, des populations peut-être non Indo-Européennes
comme les Ligures et les Rhètes au sud-est, ainsi que les Ibères au
sud-ouest, près de la péninsule Ibérique.
L'immigration
de Germains provient d'abord du fait de l'administration Romaine
elle-même. En effet, elle installe des Germains arrivés en groupe
dans l'Empire sous la direction d'un chef : Ce sont les
foederati liés à leur chef qui a conclu un traité, un foedus avec
l'empereur.
FEMME FRANQUE EN GUERRE |
Ainsi
trouve-t-on de nombreux contingents Germaniques dans l'armée Romaine
du Bas Empire, dont certains sont évoqués dans la Notitia
Dignitatum.
Certains
historiens estiment que 80 % de l'armée Romaine dans le nord de
la Gaule est constitué d'auxiliaires Germains.
Selon
Jacques Dupâquier, ce processus démographique concerne une
population de moins de 10% sur l'ensemble de la Gaule, mais peut-être
12 à 21 % en Gaule du nord, voire au-delà...
Histoire
des groupes ethniques et culturels en France ...
https://fr.wikipedia.org/.../Histoire_des_groupes_ethniques_et_culturels_...
1.4.1
Le peuplement de la Corse pendant l'Antiquité ... 1.6 Les
Gallo-romains; 1.7 L'apport des peuples germaniques; 1.8 Peuplement
Breton en Armorique ..... le même genre de vie que nous avons
précédemment décrits chez les Celtes. ..... Gaule avec La Tène,
c'est-à-dire au deuxième âge du fer, à partir du V siècle av.
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