dimanche 14 juin 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 705

12 JUIN 2015...

Cette page concerne l'année 705 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LES CHÂTEAUX DU DÉSERT ÉQUIVALENT DES BAGATELLES DE NOS ROIS.

AL WALID
On les appelle les châteaux du désert, c'est un groupe de constructions Proche-Orientales datant des VIIe et VIIIe siècles, soit environ entre 660 et 750, pendant le règne de la dynastie Omeyyade après son installation à Damas. La plupart d'entre eux se situent à l'est d'Amman le long des routes menant de Damas à Médine ou à Koufa...

La plupart des édifices possèdent des caractéristiques communes :
Un aspect fortifié, l'utilisation du pied romain comme unité de longueur (un pied romain mesurant 35 cm).
L'organisation autour d'une cour centrale.
Ces édifices sont soit des reconstructions de ruines préexistantes, soit des constructions nouvelles.
Ces bâtiments apparemment dispersés dans le désert peuvent servir de caravansérails, de bains isolés ou de pavillons de chasse.

Ils ont fait partie d'un système agricole ou commercial. Ils ont principalement été construits lorsque les Arabes ont réussi à transformer ces zones désertiques en établissements bien alimentés en eau... Les châteaux du désert ont d'abord été considérés comme des lieux de retraites pour les princes Omeyyades aux origines nomades. Ces châteaux leur ont permis de retourner au désert où leur sensibilité de nomades peut mieux s'exprimer et où ils peuvent poursuivre leurs passe-temps favoris loin des regards.

Cette hypothèse a été remise en cause car ces bâtiments sont à des emplacements où on a trouvé des systèmes élaborés d'irrigation qui font penser à des exploitations agricoles, peut-être le résultat d'une politique d'extension des zones cultivées développée par les Omeyyades... Une autre explication encore plus récente de la raison d'être de ces bâtiments est leur fonction « d'architecture diplomatique ». Ils permettent le maintien d'un contact étroit avec les tribus de la région qui sont des alliés des Omeyyades.
Ces châteaux ont pu servir de refuge pour fuir les épidémies de peste dans les grandes villes.

Il est également possible que certaines de ces structures, comme Qasr Amra et Qasr Kharana, aient servi de haltes de repos aux hauts fonctionnaires du gouvernement sur leur chemin du Hejaz.
Cette utilisation ponctuelle et provisoire de ces bâtiments peut expliquer la pénurie de tessons de poterie de ces sites.
Une combinaison de circonstances peut donc avoir incité les Omeyyades à construire les châteaux du désert. Aucune hypothèse n'est suffisante à elle seule pour expliquer toutes ces constructions.
La plupart de ces châteaux du désert sont détruits, dans cette liste figurent les mieux conservés.
  • Qasr Al-Qastal, à environ 25 km au sud d'Amman
  • Qasr Al-Muwaqqar, à environ 30 km au sud d'Amman
  • Qasr Mushatta, à environ 35 km au sud-est d'Amman
  • Qasr Hammam Assarah, à environ 55 km au nord-est d'Amman
  • Qasr Hallabat, à environ 60 km au nord-est d'Amman
  • Qasr Kharana, à environ 65 km à l'est d'Amman
  • Qusayr Amra, à environ 85 km à l'est d'Amman
  • Qasr Tuba, à environ 95 km au sud-est d'Amman
  • Qasr Azraq, à environ 100 km à l'est d'Amman
  • Qasr al-Hayr al-Gharbi, à environ 60 km au sud-ouest de Palmyre.
  • Qasr al-Hayr al-Sharqi, à environ 80 km à l'est de Palmyre.

Al-Walīd ibn ʿAbd Al-Malik succède à son père en 705. La succession se déroule sans contestations, ʿAbd Al-Malik ayant obtenu le serment d'allégeance envers son fils pour sa succession. Le règne d'Al-Walīd Ier est marqué par les nombreuses expansions territoriales que connaît le Califat Omeyyade.

Règne du calife Omeyyade al-WALID Ier (705/715) par l’historien arabe ibn Tiqtaqa
« Walid, qui succède à son père, est un des khalifes Omeyyades dont les populations de la Syrie apprécient le plus la conduite. Il construit les grandes mosquées : La mosquée de Damas, la mosquée de Médine (que la paix la plus douce soit sur celui qui y repose !) et la mosquée Al-Aqsâ de Jérusalem. Il fait des présents aux lépreux et leur interdit de mendier... Il donne à tout impotent un serviteur, à tout aveugle un guide. Sous son règne, ont lieu d’importantes conquêtes, telle que la conquête de l’Espagne, du Kachgar et de l’Inde. Il aime beaucoup élever des édifices, des constructions, créer des monuments et des domaines. (surtout par les esclaves provenant de ses nombreuses conquêtes) Al-Walid commet souvent des fautes de langage dans son ignorance de la grammaire.

Quelques années seulement après l'émergence de l'Empire arabe en 632, les Omeyyades ont imposé leur autorité et, de Syrie où ils s'installent, tout en perpétuant les traditions léguées tant par l'Antiquité que par le christianisme,
ils ont imposé leur style notamment dans le domaine architectural.

En 660, l'empire est devenu trop vaste. La Mecque et Médine, retirées dans leur désert, sont bien placées pour être le cœur spirituel de l'islam, mais elles sont trop excentrées pour en constituer les capitales. Après la domination de 4 califes élus – « successeurs », « lieutenants » – une monarchie héréditaire, celle des Omeyyades, s'empare du pouvoir et se fixe à Damas, c'est-à-dire dans un pays imprégné de traditions Byzantines, Grecques, Romaines et Chrétiennes. Elle y reste jusqu'en 750, date à laquelle elle est renversée par une révolution ethnique, politique et religieuse qui amènera un autre califat appelé à une plus longue destinée, celui des Abbassides... Des membres de la famille Omeyyade, échappés au massacre, peuvent se rétablir en Espagne, où ils ne tardent pas à former le califat indépendant de Cordoue.
PANNEAU DES 6 ROIS OMEYYADES

Un art qui s'exprime d'abord à travers des sanctuaires pendant quelques décennies, les Arabes, qui n'ont guère de culture que poétique et religieuse celle de la loi qu'ils viennent d'adopter et qui s'exprime par le Coran – ne sont en rien créateurs. Les objets qu'ils fabriquent pour leur usage personnel ou, déjà, pour l'exportation, ne différent pas de ceux de leurs prédécesseurs, et il demeure difficile aujourd'hui de distinguer les uns et les autres...

Ce n'est qu'en 691 qu'ils édifient leur premier monument, la Coupole du Rocher sur l'esplanade du Temple de Jérusalem la prétendue « mosquée d'Omar » un sanctuaire sur le modèle des martyria chrétiens, construit pour abriter le rocher doublement saint qui a vu le sacrifice d'Abraham et le départ du Prophète pour son voyage ascensionnel au Ciel. (Donc cette mosquée qui est si essentielle aux musulmans est implantée non seulement sur l’esplanade du temple de Salomon (roi juif) mais elle cache le rocher du sacrifice d'Abraham (autre roi juif) qui en fait, est tout aussi essentiel pour les peuples juifs et chrétiens alors qu'ils ont une religion largement postérieure aux deux religions pré-citées nous en sommes donc privés pour leur bon plaisir !)

Ce n'est qu'en 705 qu'ils mettent en chantier, à Damas, leur première mosquée, celle qui porte le nom de mosquée des Omeyyades...
Les deux monuments sont entièrement décorés de mosaïques bien dans la tradition locale (en grande partie disparues aujourd'hui), et la mosquée obéit au plan basilical à 3 nefs de l'Antiquité, adapté aux impératifs du culte, surtout par un changement d'orientation de 90° . L'absence de toute figure humaine dans le décor floral et dans les vastes paysages urbains qui s'étalent sur les murs peut ou non découler de l'interdiction de représenter la vie, celle-ci ayant pu être, ou non, déjà en vigueur pour les édifices religieux.

Comme les autres mosquées érigées ensuite, ou en même temps, et ailleurs, ont disparu ou ont été complètement transformées, nous serions en définitive assez mal renseignés sur l'art des Omeyyades si nous ne possédions pas toute une série de résidences princières, une trentaine au moins, dont quelques-unes n'ont laissé que des traces, toutes érigées, semble-t-il, dans la première moitié du VIIIe siècle.

CAVALIERS BÉDOUINS DANS LE DESERT
Les « châteaux du désert » On les nomme en général ainsi, bien que certains d'entre eux aient été édifiés dans des zones fertiles : Ainsi Khirbet al-Mafdjar, à deux kilomètres de Jéricho, et Khirbat al-Minya, près du lac de Tibériade. Que ces résidences, modestes ou gigantesques, aient traduit un besoin des souverains ne fait pas de doute, mais on ne le définit pas aisément. On s'accorde en général à dire que ces fils des grands espaces, ces hommes issus de nomades, se plient difficilement à la vie citadine, gardent la nostalgie de leur mode antérieur d'existence, sans vouloir perdre le nouveau confort et la nouvelle élégance qu'ils viennent de découvrir, ce qui justifie l'existence de salles somptueuses et de bains, et qu'ils sont passionnés de chasse : De grands enclos soigneusement irrigués, celui de Qasr el-Haïr el Gharbi mesure quelque 6 kilomètres, celui de Qasr el Haïr el-Sharqi, 5 kilomètres sur deux, ont été considérés avec raison, au moins dans un cas où les textes le disent, comme des réserves de gibier (badiya), les « paradis » de l'ancien Iran, mais ils peuvent aussi avoir servi à de vastes exploitations agricoles.

Très variés dans leurs conceptions et leurs dimensions, ces châteaux le sont aussi dans leur décor, fait de sculptures sur pierres ou stucs, de mosaïques et de peintures. C'est ce qui en est conservé, plus que l'architecture elle-même, pourtant souvent remarquable, tantôt sévère et classique, tantôt débordant d'inventions et de fantaisies, qui intéresse surtout l'histoire de l'art. Certes, il y a peu de créativité dans les œuvres, partout on y retrouve l'Antiquité classique et byzantine, avec quelques notes d'iranisme, tels les « rubans flottants » des Sassanides, et à un point tel qu'on a nié pendant longtemps que ce fussent des créations de l'islam. Un palais comme celui de Mchatta, le plus célèbre de tous peut-être parce que le soubassement sculpté de sa façade magistrale a été transporté à Berlin – a été attribué au IIIe ou au IVe siècle, avant que des documents péremptoires ne le datent de Walid II (742-744). Et
Bien que la flore et la géométrie n'y soient pas absentes, les figures humaines et animales y abondent, avec un souci de réalisme, de fidélité à la nature et une impudeur peu musulmane :
CHÄTEAU NOIR
Baigneuses peintes, danseuses en ronde bosse aux seins nus. Cela prouve que l'islam était alors peu rigoriste, ce que confirment les récits des effrayantes beuveries des princes. Ces représentations d'êtres animés, quand on a bien été obligé d'admettre leur existence, ont été considérées comme des survivances, comme des concessions des Arabes aux peuples qu'ils ont soumis. Et comme on connaît déjà les œuvres sculptées et peintes des Séfévides, des Ottomans et des Grands Moghols des XVIIe – XIXe siècles, manifestement sous influence Européenne, on en a conclu que l'art figuratif musulman n'existe que quand il est imposé par des cultures étrangères, aux époques de formation et de décadence. On aurait dû se méfier, en considérant les miniatures, les céramiques et les autres objets des arts industriels. Des documents, en nombre limité mais suffisant, à Samarra, en Irak, au IXe siècle, chez les Fatimides d'Asie Mineure seldjoukides et chez les Ghaznévides d'Afghanistan prouvent que l'art de l'islam, sauf peut-être en Occident, n'a jamais exclu les représentations des figures, même s'il a préféré les décors épigraphiques, géométriques et floraux...

Les décors des « châteaux du désert » se trouvent aujourd'hui en musée : Berlin, comme nous l'avons dit pour l'essentiel de Mchatta.
Damas pour la façade de Qasr el-Haïr.
Jérusalem pour les statues de Khirbet al-Mafdjar… ou in situ. (dont il ne restera bientôt plus rien, vu le travail de démolition entreprit par des fous sectaires)

Les peintures les plus remarquables sont celles de Qusaïr Amra (vers 714-715), un châtelet dont il ne reste que les bains voûtés en berceau décorés de losanges encadrant scènes de chasse, de sports, de métiers, femmes nues et figures des constellations et le grand tableau des rois (peut-être vassaux). Remarquables aussi celles sur le sol et les murs de Qasr el-Haïr el-Gharbi (vers 728), compositions de quelque 11 et 12 mètres sur plus de 4, dont l'une est une scène de chasse où le cavalier, au galop volant et avec rubans flottants, appuyé, pour la première fois en islam, sur des étriers, est un nomade de la steppe, l'autre figure la « déesse de la terre » dans un médaillon de goût Sassanide, mais en jaune et brun clair, couleurs venues d'Égypte.
MADAIN SALEH
La plus célèbre mosaïque, à Khirbet al-Mafdjar (742-744), représente un arbre portant des fruits et abritant des animaux, à gauche, 2 gazelles broutent et l'une d'elles, inquiète, se retourne, à droite, c'est un lion qui en terrasse une... vieux thème de l'art des steppes qui ne cesse de hanter les artistes et dont nous avons ici une des plus belles représentations.
C'est aussi ce château qui a livré les plus intéressants reliefs en stuc et des rondes bosses de femmes aux visages très expressifs, mais aux corps maladroits, lourds, évidemment sans intérêt pour le sculpteur.
La façade du palais de Mchatta (Berlin) présente un exceptionnel travail de sculptures sur pierre où les reliefs accentués des grands triangles et des roses s'opposent à la fine dentelle d'un décor tapissant de flore – rinceaux de vigne – et d'animaux fantastiques et réels : Lions, zébus, griffons, dragons, centaures et oiseaux picorant les raisins.
Bien que tous les éléments de l'architecture et du décor des châteaux arabes soient connus antérieurement, l'esprit qui préside à leur disposition leur donne un caractère qui n'a encore jamais été vu et qui dénonce la création d'une nouvelle esthétique. C'est en partant des principes qui inspirent les créateurs Omeyyades que l'art de l'islam acquiert aux siècles suivants, sa complète personnalité.

QASR AL HIR AL SHARQI
Qasr al-Hayr al-Charqi conservant mieux que tout autre château les principaux caractères authentiques de ses origines Omeyyades, donne l'exemple d'un «château du désert » du début du VIIIe siècle où les réminiscences des arts antérieurs à l'Islam connus par la Syrie (art byzantin, art sassanide...) consacrent, malgré l'apparition de l'Islam, la continuité des traditions artistiques, culturelles et civilisationnelles de la Syrie, visibles dans maints autres monuments religieux de la même époque ( la mosquée Omeyyade de Damas, la coupole du Rocher de Jérusalem…).

Ces traces restent encore dans des plaines Syriennes désolées, jadis extrêmement verdoyantes et fertiles : Qasr al-Hayr, le Khirbat al-Mafjar, Qusair Amra, Mchatta… 


La civilisation omeyyade et les châteaux du désert - Clio
https://www.clio.fr/.../la_civilisation_omeyyade_et_les_chAteaux_du_de...
Jean-Paul Roux, La civilisation omeyyade et les châteaux du désert. ... Quelques années seulement après l'émergence de l'Empire arabe en 632, les ... Ce n'est qu'en 705 qu'ils mirent en chantier, à Damas, leur première mosquée, celle qui …

Un Château du désert : Qasr al-Hayr ach-Charqi - UNESCO ...
whc.unesco.org › ... › La Liste › Stratégie globale › Listes indicatives
8 juin 1999 - Un Château du désert : Qasr al-Hayr ach-Charqi ... à 115 km au Sud-Est de Damas bâti, semble-t-il, par le Calife al-Walid (705-715 après J.C.), ...

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