vendredi 19 juin 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 700

17 JUIN 2015...

Cette page concerne l'année 700 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

ÉMERGENCE DES CHIITES DE TRISTE MÉMOIRE.




Muhammad ibn al-Hanafiya est un fils d'`Alî et de al-Hanafîya une de ses épouses, né en 637, après la mort de son demi-frère Husayn à la bataille de Kerbala en 680, certains de ses partisans sous la conduite d'al-Muktâr le proclament imam.
Il participe aux révoltes anti-omeyyades de 685 à Koufa, après que cette révolte ait été réprimée, il choisit de lancer un mouvement de plus grande envergure avec le soutien d'al-Muktâr... Ce dernier a mené des campagnes avec les kharijites et vient de prendre Koufa quand il rencontre Muhammad ibn al-Hanafiya.

Al-Muktâr proclame imam Muhammad ibn al-Hanafiya... Muhammad ibn al-Hanafiya reste en retrait de ces agitations, va en pèlerinage à La Mecque, mais il est retenu prisonnier près du puits Zamzam pour avoir refusé de prêter serment d'allégeance à `Abdallah ibn Zobayr qui prétend au titre de calife.

C'est alors que Muhammad ibn al-Hanafiya appelle à son secours al-Muktâr qui de son côté se trouve ravi qu'on ait besoin de lui. Al-Muktâr part de Koufa avec 1 000 hommes. La prise de la Mecque est facile et Muhammad ibn al-Hanafiya est délivré (686). Ensuite Muhammad ibn al-Hanafiya se retire à Médine où il ne s'occupe que de la pratique de la religion. Al-Muktâr rentré à Koufa subit une défaite, il est pris et tué (687). En 688 Muhammad ibn al-Hanafiya se rend à Damas pour prêter serment au nouveau calife `Abd al-Malik, il retourne à Médine pour y mourir en 700.

Le mot arabe shî'a d'où vient le mot « chiite » ne signifie au départ rien d'autre que « parti »: shî'a 'Alî, « le parti d'Ali », soit au départ ceux des musulmans qui pensent que Mahomet souhaite que Ali, son cousin et gendre, prenne la direction de la Ummah par opposition à la grande majorité qui, en acceptant comme Calife (successeur du Prophète) Abu Bakr, s’est ralliée aux traditionnelles pratiques patriarcales arabes basées sur la cooptation entre notables de la tribu. Les particularités doctrinales et les différences théologiques entre ces deux courants n’apparaîtront que petit à petit à partir d'un mélange d'influences culturelles, politiques, économiques et religieuses pour finir par se cristalliser dans le dogme du Mahdi, le révéré Imam dont la venue est attendue par les Chiites. Mahdi qui est censé apparaître quand le monde aura atteint le comble de la corruption et du désespoir (du point de vue d’un chiite bien entendu !).
(ce doit être pour cela qu'ils mettent le monde à feu et à sang afin de le faire venir plus vite)

L’ambition d’Ali finit par entraîner une guerre civile au cours de laquelle périssent Ali puis Hassan et Husayn, les 2 fils qu’il a eu de Fatima, la fille de Mahomet. Le califat passe alors entre les mains du clan des Omeyyades qui ont pourtant été les plus dangereux adversaires de Mahomet.
(Dommage qu'ils n'aient pas réussi.)
LA MOSQUÉE DU DÔME

La lignée des 12 Imams débute donc avec Ali, suivi de son fils aîné Hassan puis de son frère Husayn (ou Hussein) comme 3e Imam.

Le dogme de l’imamat se développe assez rapidement : La direction politique et spirituelle de la communauté des musulmans ne peut être assurée que par un membre de la Ahl al-Bayt (gens de la maison de Mahomet : Ali, Fatima, Hassan et Husayn et leurs descendants) car seuls ils bénéficient de l’Ismah (infaillibilité, protection) et ont une parfaite compréhension du sens du Coran y compris son sens ésotérique inaccessible au simple mortel. La notion de Mahdi n’apparaît qu’après la mort de Husayn (Hussein.)...

Après la mort de Hussein, ses partisans prennent comme imam son demi-frère Muhammad ibn al-Hanafiya (4e et dernier Imâm pour le kaysanisme - fils qu'Ali avait eu avec une femme de la tribu des Hanîfa après la mort de Fatima). A la mort de Muhammad ibn al-Hanafiya vers 700, une partie des chiites menés par un certain Kaysân de Koufa, affirment qu’en réalité il n’est pas mort mais vit désormais caché, miraculeusement, soustrait aux yeux des mortels, et que dans un proche avenir, il sortira triomphant de sa cachette, réunissant ses partisans et écrasant les Omeyyades pour établir le pouvoir du véritable islam et « combler la terre de justice et d'équité. »… (les légendes sont en marche). La notion d'attente du Mahdi vient de prendre forme pour la première fois. C'est ce modèle, de l'occultation et du retour attendu du véritable imam, développé par les kaysanites (de Kaysân) qui va être repris par toutes les autres branches successives du chiisme. (et causer bien des guerres et des désolations)

Quoi qu’il en soit, la majorité des chiites se rallient au fils cadet de Hussein, Ali Zayn al-Abidin (l’aîné est mort à Karbala) pour lui succéder comme Imam (4e Imam pour les Ismaéliens et duodécimains qui ne reconnaissent pas l’Imamité de Muhammad ibn al-Hanafiya à cause de sa mère.) A la mort de Ali Zayn al-Abidin, la majorité des croyant se rallient encore à son fils, Muhammad Al-Baqir (5e Imam) mais une minorité, les zaydites prend parti pour son autre fils Zayd ibn Ali qui estime que son frère est indigne de l’imamat puisqu’il ne veut pas se déclarer publiquement imam. Muhammad al-Bâqir répond à son frère que leur père ne s'est jamais déclaré publiquement et qu'il n'en a pas moins été imam. Zayd et ses partisans finissent massacrés en tentant un soulèvement contre les Omeyyades.
(le frère contre le frère, les frères contre le cousin, les trois contres tous les autres !)

En 750, un événement qui ne rentre pas dans les plans des chiites se produit : le califat Omeyyade tant détesté est renversé mais c'est un 3e larron qui tire les marrons du feu au nez et à la barbe des descendants d’Ali.
Le nouveau calife est un descendant d’Abbas, l’oncle du prophète. Un usurpateur succède à un autre usurpateur... C’est d’autant plus frustrant que l’insurrection a été lancée par les chiites.
En tout cas, si les faits et gestes des Imams sont déjà étroitement contrôlés par les Omeyyades, l’arrivée au pouvoir des Abbassides empire encore la surveillance dont ils font l’objet et, en pratique, ils sont prisonniers à domicile presque toute leur vie.
Entre-temps al-Baqir est mort, et son fils Ja'far al-Sadiq (6e Imâm) préfère prudemment décliner les appels des chiites qui le pressent de se proclamer calife.
(un homme prudent et bien informé). La mort de Ja'far al-Sadiq provoque un nouveau schisme. Le fils cadet de Ja'far, Ismail, que son père a désigné pour être son successeur, est mort avant lui. Cela n'empêche pas certains groupes de chiites de le tenir pour le 7e et dernier imâm en lui appliquant le modèle de l'imâm occulté. Le chiisme « septimain » ou ismaélisme est né.

Pour compliquer encore la situation, tous les fils de Ja'far al-Sadiq sont proclamés Imâm par diverses sectes chiites rivales : Outre Ismail mort avant son père il y a encore Abdullah, Muhammad, Zakariyya, Ishaq et enfin Musa Al Kazemi vers qui la grande majorité des chiites se tourne finalement. Il est donc le 7e Imâm pour le chiisme duodécimain. La même confusion se reproduit à la mort de Musa. Certains nient sa mort, assurant qu’il reviendra dans le futur, certains prennent comme Imam son fils Ahmad tandis que les autres choisissent son autre fils, Ali al-Rida (8e Imam.)

Après la mort de al-Rida, son fils Muhammad al-Jawwad , également connu sous le surnom de al-Taqi devient le 9e Imam auquel succède son fils Ali al-Hadi ou an-Naqi (10e Imam) . A la mort de Ali al-Hadi, les chiites adoptent comme nouvel et 11e Imam son fils Hassan al-Askari, alors âgé de 22 ans... Nous avons ainsi brossé un aperçu succinct de la tumultueuse genèse du chiisme jusqu'à l’accession à l’imamat de Hassan al-Askari, fils de Ali al-Hadi, et 10e descendant en ligne directe de Ali et de son épouse Fatima (la fille de Mahomet.)

6 ans plus tard, en 874, la communauté des chiites est secouée par le plus grand cataclysme de son histoire pourtant riche en péripéties : Hassan al-Askari gît sur son lit de mort et contrairement à ses prédécesseurs il n’a pas eu d’enfants, personne vers qui les chiites peuvent se tourner comme leur nouvel Imâm... Ceux des Chiites qui considèrent Hassan al-Askari comme leur Imam, sont en plein désarroi... Est-ce la fin de l’Imamat ?
Autant dire que c’est la fin du chiisme.
Ils ne sont vraiment pas préparés à cette situation. (1 615 ans plus tard ils ne sont toujours pas près !)

La confusion qui règne parmi les Chiites après la mort de Hassan al-Askari est décrite par l’un de ses contemporains, l’écrivain chiite, Hassan ibn Moosa an-Nawbakhti, qui signale l’apparition d’au moins 14 sectes chez les fidèles de Hassan al-Askari, chacune ayant un point de vue distinct sur le futur de l’Imamat et l’identité du prochain Imam.
Un autre écrivain chiite contemporain, Sa'd ibn Abdullah al-Qummi, dénombre 15 sectes, et un siècle plus tard l’historien al-Mas'udi dresse une liste de 20 sectes distinctes. (combien sont-ils aujourd'hui ?) Parmi toutes ces sectes qui tentent d’apporter une solution à l’absence d’héritier légitime mâle issu de la lignée d’Ali et de Fatima pour succéder à l’Imam, grosso modo 4 écoles de pensées prédominent.

Un de ces groupes se résigne à la mort de Hassan al-Askari et au fait qu’il ne laisse pas de descendance. Pour eux l’Imamat vient de s’achever de la même manière que la Nubuwat (mission de Mahomet lui-même) s’est achevée avec sa mort. Pourtant même dans ce groupe certains gardent l’espoir de la venue d’un nouvel Imam.
Un autre groupe refuse d’admettre la mort de Hassan al- Askari et se met à prétendre qu’il est occulté et reviendra dans le futur pour établir la justice sur terre.

Un autre groupe pose le manteau de l’Imamat sur les épaules de Jaa'far, le frère de Hassan.

Le dernier grand groupe est mené par Uthman ibn Sa'id al-'Amri qui affirme qu’en réalité Hassan al-Askari a un fils âgé de 4 ans nommé Muhammad, comme le Prophète, mais qu’il l’a fait cacher pour le protéger et que pour des raisons de sécurité, à part quelques initiés personne ne peut le rencontrer. Cet Uthman ibn Sa'id al-'Amri ajoute en outre qu’en tant que Wakeel (représentant) de l’Imam c’est à lui qu’il revient de collecter l’argent au nom des Imams de la Ahl al-Bayt (descendance de Mahomet). Sachant que chaque chiite est supposé verser jusque un cinquième de ses revenus cela laisse rêveur…
(mais cela permet de mieux comprendre les enjeux !)

La famille de Hassan al-Askari a beau démentir l’existence de ce prétendu fils et partager son héritage entre son frère Jaa'far et sa mère... Uthman ibn Sa'id et son « gang » répliquent en dénonçant Jaa'far comme al-Kadhdhab (le Menteur) et emportent l’allégeance de la grande majorité des croyants.
(il n'y a pas de mal ce faire du bien)
Le chiisme duodécimain vient de naître.

Uthman ibn Sa'id devient donc le Wakeel « représentant » de l’Imam caché, le seul lien entre les chiites et le mystérieux Muhammad... !!! Il produit régulièrement des tawqi‘at, messages écrits, prétendument envoyé aux chiites par l’Imam caché.
Une bonne partie de ces prétendues lettres (qui ont été compilées dans des livres comme le Kitab al-Ghaybah) consistent surtout en invectives contre ceux qui contestent la lucrative position du « représentant. » La littérature chiite relative à Uthman ibn Sa'id regorge d’ailleurs de références aux collectes. (il faut bien entretenir le mystère créateur de rêve !)

A la mort d’Uthman ibn Sa'id, son fils Abu Ja‘far Muhammad produit une lettre de l’Imam caché qui le désigne comme son nouveau représentant. Tout comme son père il défend et renforce sa position à coup de tawqi‘at dénonçant ses rivaux. Son règne dure environ 50 ans...
(un demi siècle !!!) Son successeur est Abul Qasim ibn Rawh an-Nawbakhti, qui est son principal adjoint pour la collecte de la taxe d’un cinquième du revenu des chiites.

A sa mort Abul Qasim an-Nawbakhti désigne Abul Hasan as-Samarri pour le remplacer.
Les 3 premiers représentants sont de purs escrocs mais Abul Hasan as-Samarri se révèle un personnage plus scrupuleux ou plus timoré. Durant les 3 années où il est représentant, il y a une chute subite dans la fréquence des tawqi‘at. Il faut dire que près de 70 ans après la mort de Hassan al-Askari, il devient probablement de plus en plus difficile de faire avaler aux gogos que le prétendu Muhammad va se montrer d’un jour à l’autre et que l’un de ses fils lui succède... Comme on lui demande à l’approche de la mort qui sera son successeur il répond qu’Allah y pourvoira !...
Et-ce le remord de s’être rendu complice d’une telle tromperie ? Il produit aussi une dernière tawqi‘at par laquelle l’Imam déclare qu’à partir de ce jour et jusqu’à son retour il ne se montrera plus jamais et que tous ceux qui prétendront l’avoir vu seront des menteurs.

Il est donc admis que face à la tyrannie et à l'oppression croissantes, l'imâm Muhammad a décidé de complètement se retirer du monde... C'est le début de la « grande occultation ».
On voit alors se développer l'idée que lors de sa réapparition future, l'imâm mènera les chiites à la victoire sur leurs adversaires et transformera la terre en paradis. Ce règne du douzième imâm, les chiites duodécimains l'attendent toujours... (ils le cherchent avec fracas et désolation pour le monde qui les entourent.)

Jusque de nos jours, le cri de supplication du fidèle chiite est toujours Ya Saheb-ul-Zaman, Seigneur des Âges hâte ton retour. Et qui est ce Mahdi tant prié ?
Un garçon de 4 ans qui n’a jamais existé !
Un imam caché dans le puits de la mosquée de Jamkaran située à 7 kilomètres de la ville de Qom en Iran, puits où le président Ahmadinejad se rend régulièrement pour communiquer avec l’Imam et recevoir ses ordres ! (esprit est-tu là?)

Le Chiisme, Heinz Halm, Traduit de l'Allemand par Hubert Hougue,
PUF (Islamiques), 1995 [1988].

Le monde musulman est composé majoritairement de sunnites et, pour un 10e environ, de chiites. Les uns comme les autres s'accordent pour dire que Muhammad constitue le Sceau de la prophétie, c'est-à-dire qu'après lui il n'y pas eu et il n'y aura plus d'Envoyé chargé d'annoncer une sharî'at, une Loi divine, aux hommes.
Mais une différence radicale les oppose. On peut dire, en simplifiant, que si les sunnites se concentrent sur ce passé prophétique désormais clos et en retirent surtout un code de vie moral et social, les chiites, au contraire, ont tendance à chercher un sens caché dans la Révélation.
À cette importance que prend, chez les chiites, la lecture, non pas simplement exotérique, mais aussi ésotérique du Coran, s'ajoute la vénération qu'ils vouent à leurs guides spirituels et politiques, les imâms.
C'est à ces derniers, en effet, qu'il revient d'expliciter et de transmettre le sens caché de la Révélation.
Au cycle des prophètes (d'Adam à Muhammad en passant par Jésus) succède donc le cycle des imâms qui a commencé avec 'Alî, cousin et gendre du Prophète Muhammad.
Ce cycle doit se conclure lorsque le dernier imâm explicitera tous les sens cachés de la Révélation divine et « comblera la terre de justice et d'équité ». Malheureusement, pour le chiisme duodécimain (la branche dominante du chiisme, qui est actuellement religion d'État en Iran), le 12e et dernier imâm a été dérobé à la vue des fidèles au Xe siècle. C'est pourquoi les chiites duodécimains attendent depuis lors son retour...
Ce ne sont toutefois pas ces différences, fondamentales sur le plan religieux, qui ont été historiquement à la source du schisme entre les sunnites et les chiites. La séparation est née d'une querelle, au sein de la toute jeune communauté des musulmans, concernant la désignation de son chef politico-religieux. Ce n'est qu'ensuite, comme nous le raconte Heinz HALM dans ce livre précis et rigoureux, que le groupe le plus faible (les chiites) développe des particularités qui vont au-delà de la cause même de la scission. D'où l'intérêt qu'il y a à suivre dans le détail l'histoire de cet islam chiite qui, persuadé d'être le champion de la cause des « humiliés » contre les « puissants », est encore très turbulent de nos jours sur le plan politique.
Quand Muhammad meurt en 632, il n'a pris aucune disposition concernant sa succession. Les membres de sa communauté mettent alors à leur tête, comme « successeur » ou khalîfa du Prophète, Abû Bakr, un proche de Muhammad qui a, en sa compagnie, fui la Mecque pour Médine en 622 et qu'on appelle pour cette raison un Expatrié ou Exilé... À la mort de ce premier calife, en 634, c'est au tour d'un autre Expatrié, « Umar », d'être choisi.
C'est sous son règne (634-644) que se situe la première phase de l'expansion de l'islam au-delà de la péninsule Arabique. Au cours de cette conquête, de nombreuses possessions de l'Empire Byzantin et de l'Empire Sassanide sont annexées :
En 635 Damas est occupée.
En 638 c'est Jérusalem qui tombe.
En 639 la Mésopotamie est conquise.
En 642 c'est au tour de l'Égypte de tomber...
À la mort de 'Umar en 644, 'Uthmâm, autre Expatrié, est élu calife. C'est un converti de la première heure, issu pourtant d'un clan important de l'aristocratie mekkoise farouchement opposé aux premières prédications de Muhammad : Les Omeyyades... Or, une fois au pouvoir, 'Uthmâm favorise les membres de son clan au point qu'une grande partie des provinces nouvellement conquises se retrouve dans leurs mains.

Ensuite, quand les Turcs seljoukides, champions du sunnisme, ont conquis l'Iran et pris le pouvoir à Bagdad, au milieu du XIe siècle, sa situation est moins favorable. Mais cela ne l'empêche pas de se développer, surtout en Iran. L'invasion des Mongols a, quant à elle, une importance fondamentale sur deux points : Elle met fin à la puissance des ismaéliens, c'est-à-dire des chiites septimains qui sont devenus les adversaires des chiites duodécimains, et elle renverse le califat abbasside de Bagdad (1258).

Mais bien que les sympathies des Mongols se tournent souvent vers le chiisme duodécimain, leur Empire ne devient jamais un État chiite. À la fin de la domination Mongole, en 1335, l'Iran et l'Irak rentrent dans une période d'instabilité politique et de guerres permanentes où aucune autorité religieuse ne réussit à s'imposer.

Il faut alors attendre 1501 pour voir en Iran la constitution d'un État chiite par les Safavides. En se prétendant parent et seul représentant légitime de l'imâm caché, le chef de cette dynastie (dénommé chah) se présente alors comme l'autorité religieuse suprême du chiisme et impose cette religion à tout le pays en s'appuyant sur les savants en matière religieuse, c'est-à-dire sur les mollas et les oulémas.
Or, si à ses débuts l'État Safavide réussit à subordonner l'influence de ce clergé naissant à la puissance de son pouvoir central, ces religieux se transforment rapidement en une force de contestation importante. La chute de l'Empire Safavide en 1722, en faisant disparaître une dynastie auréolée du charisme que lui confère le fait de descendre du Prophète et du 7e imâm, permet au clergé Iranien d'accroître son autonomie. La réunification de l'Iran en 1794 par la tribu Turkmène des Kadjars pro-chiites mais ne descendant pas de 'Alî ) n'atténue pas la tendance du clergé à se hiérarchiser, à placer une autorité suprême à sa tête et à s'attribuer progressivement les prérogatives des imâms.
Et au cours du XIXe siècle, alors que l'État Iranien fait appel aux investisseurs étrangers en leur accordant concessions et privilèges, le clergé se présente de plus en plus comme le défenseur des intérêts du peuple à la fois contre les puissances étrangères et contre l'absolutisme du chah. Les oulémas jouent ainsi un rôle de premier plan dans les multiples conflits qui opposent la société Iranienne à la politique des Kadjars. Mais ce n'est qu'après la Première Guerre mondiale que le régime de ces derniers, affaibli par des conflits séparatistes, est renversé. Le nouveau chah d'Iran, Reza Khan, qui fonde la dynastie des Pahlavis, va, après avoir essayé de se concilier les oulémas pour asseoir son pouvoir, être leur farouche adversaire. Son ambition est de réformer l'État Iranien sur le modèle Européen, un peu comme Kemal Atatürk en Turquie, et de faire reculer l'influence du clergé. Cette entreprise, qui passe par le renforcement de l'absolutisme, bénéficie dans un premier temps d'un relatif retrait des oulémas de la scène politique. Toutefois, la mise en cause de certaines de leurs prérogatives, notamment financières, la laïcisation de la société et l'autoritarisme croissant du pouvoir entraînent de nouveau les oulémas sur le chemin de la contestation politique. Et, en 1963, on voit même l'ayatollah Khomeynî oser revendiquer l'abolition de la monarchie. Ce n'est pourtant qu'à partir de 1979, sur fond de crise économique, et à la suite de grandes manifestations anti-gouvernementales, que le régime du chah s'écroule. Profitant de son soutien populaire et fort du charisme de l'ayatollah Khomeynî, le clergé chiite réussit alors à éliminer l'opposition non religieuse et à imposer la République Islamique d'Iran. C'est, pour ceux qui prétendent représenter le 12e imâm, une façon de préparer son retour...

Le regain d'intérêt pour Jérusalem se situe pendant le règne de la dynastie des Umayyades (661-750) de Damas. En 680, un leader dissident de La Mecque, Abdullah b. az-Zubayr, déclenche contre les Umayyades une révolte qui va durer jusqu'à sa mort, en 692, dans le cadre de cette lutte, les Umayyades tentent d'agrandir la Syrie aux dépens de l'Arabie (et peut-être aussi de contribuer à recruter une armée qu'ils opposent à l'Empire Byzantin). Ils prennent quelques mesures en vue de sanctifier Damas, mais leur campagne se concentre surtout sur ce que Amikam Elad, de l'université hébraïque, appelle un « énorme » effort « visant à exalter et à glorifier » Jérusalem. Ils ont peut-être même espéré en faire l'égale de La Mecque.

LE PROPHÈTE
Le premier souverain des Umayyades, Mu'awiyya, décide de se faire proclamer calife à Jérusalem, lui et ses successeurs font réaliser une série de constructions (des édifices religieux, un palais et des routes) dans la cité. Les Umayyades nourrissent probablement l'espoir de faire de Jérusalem leur capitale politique et administrative, Elad est en tout cas d'avis qu'ils la traitent comme telle. Mais Jérusalem est avant tout une ville religieuse et, comme l'explique le chercheur Israélien Izhak Hasson, « le régime des Umayyades tient à conférer une atmosphère islamique à son centre et principal bastion ». À cette fin (ainsi que pour affirmer la présence de l'Islam dans sa compétition avec le Christianisme), le calife des Umayyades y fait construire la première grande réalisation architecturale islamique, « le Dôme du Rocher », à l'emplacement du Temple Juif, de 688 à 691. Ce bâtiment est non seulement le premier grand monument sacré de l'Islam mais aussi le seul qui subsiste de nos jours sous une forme proche de l'original. « C'est vrai que Jérusalem devait à l'époque manquer de terre non occupée pour qu'ils se permettent de construire leur mosquée au beau milieu du Temple de Salomon !»

La prochaine démarche des Umayyades est subtile et complexe, pour bien la comprendre, nous devons ici revenir à un passage du Coran (17:1) décrivant le « voyage nocturne » (isra') de Mahomet au paradis :
« « Gloire à Lui qui, de nuit, transporte son serviteur de la Mosquée sacrée à la mosquée la plus éloignée (Subhana allathina asra bi-'abdihi laylatan min al-masjidi al-harami ila al-masjidi al-aqsa). » »

Lorsque ce verset est révélé, vers 621, il existe déjà un endroit nommé la Mosquée sacrée (al-masjid al-haram), à La Mecque. En revanche, la « mosquée la plus éloignée » (al-masjid al-aqsa) n'est qu'une tournure de phrase, et non un lieu précis. Les premiers Musulmans y voient une métaphore ou un endroit du paradis. Et si la « mosquée la plus éloignée » existe alors sur terre, ce n'est très vraisemblablement pas en Palestine, pour de nombreuses raisons. En voici quelques-unes :
Ailleurs dans le Coran (30:1), la Palestine est nommée « la terre toute proche » (adna al-ard). La Palestine n'a pas encore été conquise par les Musulmans et ne comporte pas la moindre mosquée.
La « mosquée la plus éloignée » est semble-t-il identifiée comme se trouvant à l'intérieur de l'Arabie : à Médine, ou dans une ville nommée Ji'rana, à une quinzaine de kilomètres de La Mecque, que le prophète visite en 630... (mensonges, mensonges et encore mensonges, ils sont coutumiers du fait et selon eux Jérusalem, leur appartient et les autres religions de la région n'y ont jamais résidé)

Les premières descriptions de Jérusalem par des Musulmans, telles que le récit de la visite du calife 'Umar, juste après la conquête de la ville, en 638, n'identifient d'aucune manière le Mont du Temple à la « mosquée la plus éloignée » du Coran.
Les inscriptions coraniques formant une frise en mosaïque de 240 mètres de longueur dans le Dôme du Rocher n'incluent pas le verset 17:1 relatant le Voyage nocturne, ce qui suggère que l'idée de Jérusalem comme lieu d'envol du Voyage nocturne n'a pas encore été établie en 692 (en fait, les premières inscriptions du verset 17:1 du Coran à Jérusalem ayant été préservées jusqu'à nos jours datent du XIe siècle). (300 ans)

Muhammad ibn al-Hanafiya (638-700), un proche parent du prophète Mahomet, est censé avoir démenti que le prophète ait jamais mis les pieds sur le Rocher de Jérusalem : « Ces maudits Syriens », dit-il, parlant des Umayyades, « prétendent que Dieu a mis Son pied sur le Rocher de Jérusalem, alors qu'une seule personne a jamais mis le pied sur le Rocher, et c'est Abraham. »

Puis, en 715, pour mieux asseoir leur prestige sur leurs territoires, les Umayyades font une chose très astucieuse : ils construisent une deuxième mosquée à Jérusalem, cette fois aussi sur le Mont du Temple, et la baptisent Al-Aqsa (al-masjid al-aqsa, la mosquée la plus éloignée)... Par ce geste, les Umayyades donnent à la ville, rétroactivement, un rôle dans l'existence de Mahomet. Cette association entre Jérusalem et al-masjid al-aqsa s'inscrit dans une tendance générale des Musulmans à identifier les noms de lieux mentionnés dans le Coran : « Partout où le Coran évoque un nom ou un événement, des récits ont été inventés pour donner l'impression que quelqu'un, quelque part, d'une manière ou d'une autre, sait ce qu'il en est.»

En dépit de toute logique (comment une mosquée bâtie près d'un siècle après la révélation coranique peut établir ce que le Coran entend signifier?), comme l'écrit l'historien Palestinien A. L. Tibawi, c'est la construction, après coup, d'une Mosquée Al-Aqsa qui « donne sa signification concrète aux termes figuratifs utilisés dans le Coran ». Cette action a également pour important effet d'insérer Jérusalem post hoc dans le Coran et d'en faire ainsi un élément central de l'Islam.

D'autres modifications vont s’ensuivent. Plusieurs passages coraniques sont réinterprétés pour établir des références à la cité.
Jérusalem est bientôt considérée comme le site du Jugement Dernier. Les Umayyades écartent le nom romain laïque de la cité, Aelia Capitolina (en arabe Iliya) et le remplacent par des noms de style juif – Al-Qods (la Sainte) ou Bayt al-Maqdis (le Temple).
Ils parrainent une forme de littérature louant les « vertus de Jérusalem », un genre qu'un auteur est tenté de qualifier de « sioniste ». À cette époque apparaissent des hadiths (informations rapportées par plusieurs chaînes orales relatant les actes et les paroles du prophète et réunies dans différents recueils de « traditions ») favorables à Jérusalem, certains allant jusqu'à comparer la ville à La Mecque... Des efforts sont même entrepris pour déplacer le pèlerinage (hajj) de La Mecque à Jérusalem. (fallait-il qu'ils soient obstinés à vouloir éradiquer les religions juives et chrétiennes antérieures).

Les chercheurs s'accordent à dire que les motifs des Umayyades pour établir une présence islamique dans la Ville Sainte sont de nature strictement utilitaire.
L'historien Irakien Abdul Aziz Duri discerne « des raisons politiques » derrière leurs actes. Hasson abonde dans ce sens : La construction du Dôme du Rocher et de la Mosquée Al-Aqsa, les rituels institués par les Umayyades sur le Mont du Temple et la diffusion de hadiths établissant des liens entre l'Islam et le caractère sacré du site sont autant d'éléments mettant en lumière les motivations politiques à la base des efforts de glorification de Jérusalem parmi les Musulmans.
C'est ainsi que le programme politique des Umayyades débouche sur la sanctification islamique de Jérusalem. (et son appropriation).

Ensuite, avec la chute des Umayyades, en 750, et le déplacement à Bagdad de la capitale du califat, « le patronage impérial devient insignifiant » et Jérusalem retombe dans l'ombre. Au cours des 3 siècles ½ qui suivent, les livres faisant l'éloge de cette cité perdent leur attrait pendant que la construction d'édifices illustres cesse, et que les bâtiments existants, laissés à l'abandon, tombent en ruine (le Dôme du Rocher s'écroule en 1016). On gratte l'or du Dôme pour payer les réparations de la Mosquée Al-Aqsa. Les murailles de la ville s'effondrent... Pire encore, les souverains de la nouvelle dynastie saignent Jérusalem et sa région c'est ce que F. E. Peters, de l'université de New York, appelle « leur rapacité et leur négligence ». La cité décline ainsi jusqu'à se délabrer. « Les érudits sont rares, et les Chrétiens nombreux », se lamente un Musulman natif de Jérusalem au Xe siècle. Seuls les mystiques continuent de visiter la cité.
Dans un geste de dénigrement typique, un autre auteur du Xe siècle décrit la ville comme « une bourgade provinciale rattachée à Ramallah », une référence au village minuscule et insignifiant servant de centre administratif pour la Palestine.
Elad décrit la Jérusalem des premiers siècles du règne de l'Islam comme « une cité isolée, sur le déclin ».
Le grand historien S. D. Goitein relève que le dictionnaire géographique d'al-Yaqut mentionne Bassora 170 fois, Damas 100 fois et Jérusalem une seule fois, et cela uniquement en passant.
Sur la base de ce fait et de plusieurs autres, il conclut que, durant les 6 premiers siècles du règne musulman, « Jérusalem occupe essentiellement le rang d'une ville provinciale isolée, abandonnée aux exactions d'officiels et de notables cupides, et souvent aussi aux déprédations causées par des paysans ou des nomades séditieux. (...) Jérusalem ne peut certainement pas se prévaloir d'une quelconque grandeur dans les sciences de l'Islam, ni dans aucun autre domaine. » (et aujourd'hui la Ville Sainte est l'enjeu de chantages et de querelles stupides)

LES 12 IMAMS
Peters note qu'au début du Xe siècle, le règne des Musulmans sur Jérusalem est de nature « presque occasionnelle » et ne revêtait « aucune portée politique particulière ». C'était le cas plus tard également : Al-Ghazali, parfois appelé le «Thomas d'Aquin de l'Islam », visite Jérusalem en 1096 sans faire une seule fois mention de Croisés en route vers elle... Ahmad Ibn Taymiyya est né à Harran au sud-est de la Turquie en l’an 661.
Son père, le chaykh ‘Abdou l-Halim, l’a emmené ainsi que toute sa famille par crainte des Mongols afin de s’installer à Damas, la capitale de la Syrie, là où il est mort en 728, ce n'est donc pas un Salaf...


Les iraniens: Histoire d'un peuple
https://books.google.fr/books?isbn=2200260091
Yves Porter - 2006 - ‎History
... dureune dizaine d'années, avant d'être matée en700 par legouverneur Hajjâj. ... Simultanément, Muhammad ibn alQasîm, gendrede Hajjâj, conquiert le ... Dès 716, unfilsde Muhammadibn alHanafiya ... Dès 746, Ibrâhim, prétendantabbâsside, l'envoie prêcherla révoltedans la province ;l'année suivante,un mouvement …

Les revendications des Musulmans sur Jérusalem :: Daniel ...
fr.danielpipes.org/1878/les-revendications-des-musulmans-sur-jerusalem
Muhammad ibn al-Hanafiya (638-700), un proche parent du prophète .... volume des «vertus de Jérusalem» n'apparut dans les années 1100 à 1150, un très ...

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