26 JUIN 2015...
Cette
page concerne l'année 691 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
UNE
DES DÉMESURES DE L'ISLAM NAISSANT.
Le
dôme du Rocher ou la coupole du Rocher (en arabe Qubbat As-Sakhrah,
en hébreu : כיפת
הסלע,
Kippat ha-Sel‘a), appelé parfois mosquée d'Omar à tort,
« premier monument qui se veut une création esthétique
majeure de l'Islam », est un sanctuaire érigé sur ordre du
calife Abd al-Malik ben Marwan à « Al Qods »
(Jérusalem), sur le « Haram al-Charif » (Esplanade des
mosquées), 3e lieu saint musulman après La Mecque et Médine, où
s'élève également la mosquée al-Aqsa...
Le
Dôme du Rocher abrite le « Rocher de la Fondation »,
endroit où, selon la tradition musulmane, Mahomet est arrivé depuis
La Mecque, lors de l'Isra, ou voyage nocturne et d'où il est monté
au paradis, lors du Miraj, en chevauchant sa monture Bouraq...
La
tradition biblique y situe également le mont Moriah, nom donné au
massif montagneux sur lequel Abraham monte avec son fils afin de
l'offrir à Dieu en sacrifice, puis sur lequel ensuite Salomon bâtit
l'ancien Temple de Jérusalem.
Achevé
en 691 ou 692 (an 72 de l'hégire), il ne possède pas de minaret.
On
retrouve les influences Byzantine et Perse Sassanide qui sont les
deux grandes sources d'inspiration de l'art islamique.
Le
premier Temple des Juifs a été édifié à cet endroit par le roi
biblique Salomon, et le second, au VIe siècle av. J.-C.,
agrandie au Ier siècle av. J.-C. par Hérode Ier le Grand.
L'emplacement
exact du temple n'est plus connu avec certitude. Il existe plusieurs
opinions différentes à ce sujet (le temple serait plus au nord, ou
plus au sud comme en témoigne par exemple l'exposé de l'architecte
Tuvia Sagiv dans une étude).
Ce
temple est finalement détruit en l'an 70 de l'ère chrétienne, sur
ordre de Titus. l'esplanade est restée inoccupée, jalonnée
seulement de quelques ruines.
Selon
des sources non fiables, à l'arrivée des musulmans, en 638, dans la
ville de Jérusalem, les ruines du Temple sont utilisées comme
dépotoir par les chrétiens dans un souci d'humiliation des juifs et
afin de concrétiser la prophétie selon laquelle pas une pierre ne
resterait en cet endroit...
Le
calife et compagnon de Mahomet Omar ibn al-Khattab, horrifié de voir
ce lieu saint dans un tel état, ordonne son nettoyage pour y prié...
(comme à Barbès -Rochechouard pour y prier (Paris) !... Lol !)
Selon
la même source, il ordonne la construction d'une mosquée à cet
emplacement.
Certains
historiens médiévaux, en particulier le chroniqueur Byzantin
Théophane le Confesseur et le juif Shim'on bar Yo'hai, indiquent que
cette action de Omar ibn al-Khattab est saluée par les juifs de
l'époque qui y voient la reconstruction du Temple de Jérusalem
avant de s'apercevoir qu'il s'agit d'une mosquée.
(Déjà à l'époque ils savent très bien faire prendre des vessies
pour des lanternes aux peuples crédules)
En
plus du Dôme, le Haram al-Charif, appelé aujourd'hui « l'esplanade
des mosquées » ou « esplanade du Temple », compte
également la mosquée al-Aqsa (construite avant 679) ou encore la
coupole de la chaîne (qubbat al-Chakhra). Haram al-Charif signifie
en langue arabe « le Noble sanctuaire »... (sans
doute pour effacer jusqu'au souvenir de ceux qui étaient là avant
eux)
Élément
central et majestueux de cet ensemble, le Dôme est restauré à de
nombreuses reprises. Dès le début du IXe siècle, le calife
abbasside Al-Mamun fait ainsi effacer le nom d'Abd al-Malik pour le
remplacer par le sien sur l'inscription.
Ensuite,
chaque dynastie maîtresse de Jérusalem depuis les Fatimides
jusqu'aux Ottomans a cherché à poser sa marque sur l'édifice, tout
en conservant sans doute le plan et les proportions originelles.
(marque s'il en faut une qu'ils ne font que
démolir ce qui les précède fussent-ils de la même religion,
exactement ce que font les daesh actuellement)
Au
milieu du XVIe siècle (deux dates sont inscrites, équivalent à
1545 et 1551/1552), sur ordre de Soliman le Magnifique, il a été
complètement remplacé par un revêtement de carreaux de céramique
Ottomans. Entre le XVIIIe siècle et le début du XXe siècle,
le monument a fait l'objet d'au moins 4 campagnes de restauration :
en 1720-1721 à la demande du sultan Ahmed III, en 1817 pour Mahmoud
II, dans le troisième quart du XIXe siècle (1853-1874), à
l'initiative d'Abdülmecid, mais terminée par Abdülaziz ;
entre 1918 et 1928 par l'architecte anglais C.R. Ashbee.
Monument
majeur de l'art islamique, le dôme du Rocher a très tôt fait
l'objet d'études.
Dès
1900, l'archéologue Suisse Max Van Berchem a relevé les
inscriptions, et Marguerite Van Berchem publie une étude sur les
mosaïques en 1932 dans l'ouvrage de KAC Creswell, Early muslim
architecture, qui lui-même propose une analyse approfondie du
monument.
Mais
le scientifique qui s'est le plus penché sur le monument est sans
contestes Oleg Grabar, qui publie ses premières hypothèses sur sa
signification en 1959.
Ses
articles constituent le plus important corpus sur ce sujet, sur
lequel de nombreux scientifiques ont travaillé...
Le
dôme du Rocher est situé sur une plate-forme artificielle
rectangulaire ouverte par 8 escaliers, deux sur les côtés sud et
ouest, un sur les flancs nord et est. Situé un peu à côté du
centre de cette estrade, il suit un plan centré autour du point
focal qu'est le « Rocher de la Fondation », en réalité
un affleurement du mont Moriah. Ce plan se décompose en un premier
anneau au centre constitué par une première colonnade autour du
Rocher, supportant la coupole, cernée d'une seconde, octogonale. Ces
deux colonnades définissent un premier déambulatoire, tandis qu’un
second se situe entre la seconde colonnade et les murs extérieurs,
eux aussi à 8 pans. L'édifice est ouvert par 4 portes, donnant en
direction des 4 points cardinaux, celle qui regarde vers la mosquée
Al-Aqsa, et donc vers la qibla étant magnifiée par un portique plus
important que ceux des 3 autres ouvertures.
Ce
plan n'est pas nouveau : il s'inspire visiblement de ceux des
martyria chrétiens, notamment le Saint-Sépulcre, situé lui-même à
Jérusalem, et qui, à la fin du VIIe siècle, est
essentiellement constitué d'une rotonde autour d'un tombeau du
Christ, comme l'indique le pèlerin Arculfe.
Sous
le Rocher se trouve une grotte, qui possède deux mihrabs et dont la
forme originelle est impossible à définir étant donné les
nombreuses restaurations. 2 types de supports sont utilisés :
Des colonnes de marbre de remploi coloré (où
ont-ils été volés ?) (marbre bleu notamment) et des piliers
maçonnés. Pour la colonnade octogonale, la proportion est de deux
colonnes reliées par des arcs surhaussés entre chacun des 8
piliers, dans celle circulaire, ce sont 3 colonnes qui scandent
l'espace entre 4 piliers, elles supportent des arcs en plein cintre à
claveaux de couleurs alternées. Chaque colonne est surmontée d'un
chapiteau à feuilles d'acanthes et des tirants de bois les relient,
pour plus de solidité. Cette bande de poutres est continue et se
place entre les chapiteaux et les arcs pour les colonnes et entre les
piliers et les écoinçons pour les piliers...
Le
mur extérieur est percé de nombreuses fenêtres à claustras, on en
compte sept sur les pans non-ouverts par une porte. Les portes, quant
à elles, sont marquées par 2 colonnes soutenant une grande arcade
pour 3 d'entre elle, et par 8 colonnes alignées, dont les 2
centrales soutiennent aussi une arcade, pour celle qui regarde vers
la qibla. 16 fenêtres à claustras se retrouvent également sur le
tambour du dôme central. Les doubles grilles qui meublent toutes ces
ouvertures, tant sur le mur extérieur que sur la façade du tambour,
datent de la période Ottomane. Les fenêtres devaient être
originellement en dentelle de marbre à l'intérieur et en fer forgé
à l'extérieur.
Deux
types de couverture se combinent dans le monument. Au centre, une
coupole surmonte le Rocher, située sur un haut tambour à 2 étages,
un plein en partie inférieure et un percé de 16 fenêtres dans la
zone supérieure. Elle s'élève à 25 m de hauteur pour un
diamètre de 20 m et est constituée de deux coques de bois,
dont l'extérieure est doré par un alliage. Selon Al-Muqaddasi (vers
985) et al-Wasiti un peu plus tard, la coupole a originellement été
dorée avec l'or qui reste en surplus après la construction, mais il
y a tout lieu de croire que ce récit n'est qu'une légende.
Dans
la toile d'Auguste de Forbin, Vue de Jérusalem, prise de la vallée
de Josaphat, présentée au salon de 1831, le dôme est nettement
doré, de même que sur une peinture de Vassili Polenov datée de
1882 et sur une de Charles Fouqueray datée 1919, cependant, une
peinture de Salomon Bernstein datée de 1928 et des photos datant de
la première moitié du XXe siècle le montrent sans dorure,
comme le sont encore actuellement les dômes d'al-Aqsa ou du
Saint-Sépulcre. Il a été redoré en 1965, mais la toiture
actuelle, qu'il s'agisse de celle des toits du déambulatoire ou de
la coupole elle-même date de la restauration de 1994.
Au-dessus
des déambulatoires, c'est un toit en pente qui assure la couverture.
Il est caché à la vue par un haut parapet qui surmonte la façade
extérieure. Contigu au tambour du dôme, il s'attache juste
au-dessous des fenêtres à claustra dont celui-ci est percé. À
l'intérieur, le plafond est daté du XIIIe siècle. La
couverture des toits pentus à l'origine en plomb, est désormais en
aluminium
Le
décor intérieur du dôme du Rocher est de 3 types : Des
tirants de bois couverts de bronze, des placages de marbres sur les
murs et les piliers et des mosaïques à fond d'or dans les parties
hautes (écoinçons, soffites), que les restaurations n'ont
visiblement pas altérées et qui s'étalent sur plus de 280 m2.
Le décor devait d'ailleurs être plus ou moins identique à
l'extérieur, mais a été remplacé par des céramiques polychromes
de très belle qualité à la période Ottomane. On ne sait pas si
les mosaïques recouvrent toute la surface ou sont organisées en
bandeaux ou en panneaux. Par contre, le revêtement de marbre
extérieur est resté intact.
Du
point de vue de l'iconographie, on note l'absence totale de
représentations figurées : Ni humains, ni animaux ne sont
représentés dans les mosaïques. On trouve par contre de nombreux
motifs végétaux (guirlandes, feuilles d'acanthe, rinceaux de vigne,
arbres réels et imaginaires, rosettes), et, à l'intérieur des
colonnades circulaires et octogonales et du tambour du dôme, des
bijoux sous la forme de couronnes Sassanides et Byzantines, des
pectoraux et autres joyaux.
La
symbolique du décor du dôme a soulevé bien des questions et
interprétations, Il semble en effet, étant donné son agencement et
son iconographie, que celui-ci n'a par pour seule vocation d'être
ornemental et chatoyant... Oleg Grabar pense que les bijoux peuvent
être interprétés comme des symboles de nations défaites suspendus
comme des trophées sur les murs (spolia), ainsi qu'on en trouve à
la kaaba, mais beaucoup d'autres lectures, contradictoires ou
complémentaires, ont été apportées.
Décors
de mosaïque : Rinceaux végétaux et vases incrustés de perles
On
a souvent rapproché les mosaïques du dôme de mosaïques
chrétiennes, comme celles de l'Église de la Nativité à Bethléem,
par exemple.
En
effet, il est assez probable que leurs réalisateurs soient des
artistes chrétiens ou musulmans récemment convertis, et formés
dans des traditions chrétiennes ou juives. Les mosaïques tirent
d'ailleurs leurs motifs de l'antiquité tardive. Toutefois, on
remarque une adaptation au modèle musulman, notamment dans la
disparition de la figuration, ce que l'on retrouver quelques années
plus tard à la Grande mosquée des Omeyyades de Damas.
Oleg
Grabar note par ailleurs la naissance dans le dôme du Rocher de deux
grands principes spécifiques à l'art islamique : L'utilisation
de formes réalistes à des fins non-réalistes - incrustations de
joyaux dans le tronc d'un arbre, par exemple - et la variation
infinie sur un même thème, en arrangeant différemment des motifs
semblables.
De
plus, contrairement aux bâtiments de l'antiquité classique, le
décor du dôme n'est pas subordonné à l'architecture et ne cherche
pas à mettre en valeur la structure du bâtiment, mais au contraire
couvre tout le bâtiment, comme pour créer une atmosphère
particulière, un lieu unifié sans architecture réellement tangible
Le
dôme du Rocher constitue le premier bâtiment où se déploie un
programme d'inscriptions mûrement réfléchi. 3 sont umayyades :
Une, longue de 240 m, se situe au-dessus des arches de la
colonnade octogonale extérieure, les deux autres se trouvant sur les
portes Est et Nord. Il s'agit à chaque fois d'inscriptions
religieuses issues du Coran, mis à part le nom du commanditaire, Abd
al-malik (qu'Al-Mamun a tenté de remplacer par son nom) et la date.
Lues depuis 1900, elles font principalement référence à la
grandeur et à l'unicité de Dieu, s'attardent sur les missions
prophétiques et notamment le rôle de Jésus comme prophète,
font allusion au paradis...
On
peut y voir une affirmation de la grandeur de l'islam à la fois en
direction des nouveaux convertis, des musulmans hésitants et des
non-musulmans, mais Myriam Rosen-Ayalon en a montré aussi les
tenants eschatologiques afin d'appuyer sa thèse selon laquelle le
dôme du Rocher est une préfiguration de la Jérusalem céleste.
Karl-Heinz
Ohlig contredit ces interprétations en considérant que les
inscriptions du Dôme du Rocher montrent l'absence d'une religion
musulmane indépendante aux VIIe-VIIIe siècle, estimant au contraire
qu'il s'agit alors d'une « forme de christianisme Syro-Persan »
Architecture
et décor puisent grandement dans le vocabulaire de l'Antiquité
tardive, méditerranéenne notamment, quoiqu'on trouve des éléments
plus Iraniens, comme les palmettes ailées des mosaïques. Plan,
matériaux (les colonnes, avec leurs chapiteaux et leurs bases, sont
récupérés des ruines de l'esplanade du Temple), méthodes de
construction et techniques de décor sont empruntées à Byzance et à
Rome.
Néanmoins,
on remarque qu'aucun bâtiment paléochrétien ni Byzantin ne
ressemble formellement au dôme du Rocher. Celui-ci puise certes son
inspiration dans la tradition préislamique, mais il la sublime pour
arriver à un monument typique de l'islam.
La
conception du décor, aniconique, avec de longues inscriptions arabes
et des bijoux est aussi entièrement nouvelle, même si elle s'appuie
sur des éléments anciens tels que les rinceaux d'acanthe, par
exemple... Enfin, il faut noter la grande richesse dans les coloris,
très rarement égalée dans un bâtiment de l'antiquité tardive,
hormis sans doute les mausolées de Salonique et de Gala Placidia.
Il
est difficile à l'heure actuelle de connaître précisément les
facteurs qui poussent le calife Omeyyade Abd al-Malik à commander la
construction du dôme du Rocher, dont la fonction précise n'est pas
déterminée par sa forme ni par ses inscriptions. Plusieurs
facteurs, à la fois politiques et symboliques, peuvent être cités.
Dès
le IXe siècle, on trouve dans les sources l'idée que le calife
souhaite détourner le hajj, pèlerinage rituel de La Mecque, alors
occupée par un rival, vers Jérusalem.
Cette
hypothèse est mentionnée par l'historien 'abbasside Yaʿqūbī vers
874 et par un prêtre orthodoxe d'Alexandrie, Eutychius (mort en
940), lesquels s'appuient sur des sources visiblement différentes...
Néanmoins, la plupart des chercheurs actuels tombent d'accord pour
dire que cette explication est fausse, et donnent à cela plusieurs
raisons : L'absence de mention d'un détournement du pèlerinage
dans la plupart des sources historique (notamment Tabari, Baladhuri
et Maqadasi), et le « suicide politique » que ce
changement radical dans le dogme musulman aurait constitué pour Abd
al-Malik, déjà mal considéré sur le plan religieux par son
appartenance à la famille umayyade...
De
plus, on trouve, dans un texte de Baladhuri, la preuve que le
pèlerinage s'est poursuivi visiblement sans problèmes durant les
problèmes politiques qui ont alors lieu.
Autre
élément important, la pratique du pèlerinage à Jérusalem semble
assez difficile pour des raisons d'espace. Enfin, si l'on accepte la
thèse de Sheila Blair selon laquelle le dôme a été construit dans
la seconde partie de l'année 692, les dates ne concordent plus, et
l'empire se trouve alors dans un moment d'apaisement après la
victoire du général al-Hajjaj.
Ce
dernier fait, peut nous offrir une seconde lecture du bâtiment,
monument de victoire de la dynastie umayyade. Par la même occasion,
le dôme célèbre aussi l'Islam triomphant : au centre d'une
ville majoritairement chrétienne et à forte communauté juive. (je
pencherait plutôt pour cette version tellement dans l'optique
musulmane)
Le
dôme met en valeur la victoire de l'Islam, complétant la révélation
des deux autres religions monothéistes, et a permis à l'état
nouveau de rivaliser en magnificence avec les grands sanctuaires
chrétiens de Jérusalem et de Syrie. Plusieurs arguments appuient
cette interprétation : La taille du dôme, sa position
théâtrale dans la ville et son ancien revêtement brillant, de
céramiques à fond d'or prouvent qu'il est fait pour être vu de
loin. (et humilier les vaincus) De plus,
son plan centré, donne l'impression que le monument irradie dans
toutes les directions, concourant également à un effet scénique.
Toujours selon Oleg Grabar, le programme d'inscriptions peut être lu
comme un manifeste de la supériorité de l'islam sur le
christianisme, quoique tous les chercheurs, notamment Myriam
Rosen-Ayalon, ne soient pas tout à fait d'accord avec cette
interprétation.
Le choix du lieu lui-même est extrêmement symbolique : Lieu sacré juif, où restent encore des ruines des temples Hérodiens, laissé à l'abandon par les chrétiens pour marquer leur triomphe sur cette religion, il est à nouveau utilisé sous l'Islam, marquant alors la victoire sur les Chrétiens et, éventuellement, une continuité avec le judaïsme. (??? !!!) D'ailleurs, comme l'a montré Priscila Soucek, le lieu est associé à David et à Salomon, 2 souverains exceptionnels dans la tradition biblique, dont le prestige est censé rejaillir sur le calife qui s'installe sur leurs traces. (on voit là une certaine démagogie)
Enfin,
l'historien Al-Maqdisi, au Xe siècle, écrit que le dôme a été
réalisé dans le but de dépasser le Saint-Sépulcre, (nous
y voilà) d'où un plan similaire, mais magnifié.
De
cette analyse on a pu conclure que le dôme du Rocher peut être
considéré comme un message de l'Islam et des Omeyyades en direction
des chrétiens, des Juifs, mais également des musulmans récemment
convertis (attirés par les déploiements de luxe des églises
chrétiennes) pour marquer le triomphe de l'Islam. Mais ce n'est pas
la seule hypothèse…
D'autres
explications, plus symboliques et pas forcément contradictoires, ont
été avancées après l'analyse des traditions liées à
l'emplacement.
Dans
la Genèse (22-2), le mont Moriah est désigné comme le site du
sacrifice d'Isaac Dieu dit : « Prends ton fil unique que
tu aimes, Isaac, et rends-toi au pays de Moriah, où tu l'offriras en
holocauste sur une des hauteurs que je t'indiquerai. » Le texte
précise que le trajet dura trois jours : « Le troisième
jour en levant les yeux il voit l'endroit de loin ». Le Temple
de Salomon ( détruit) se trouve à cet endroit et Hérode le Grand
l'a fait reconstruire au même endroit... Des restes archéologiques
assez important, en particulier le mur des Lamentations témoignent
encore de ce passé.
Néanmoins,
dans la Bible, le Rocher appelé aussi « Rocher de la
Fondation » n'est jamais mentionné, et ne semble pas jouer un
rôle prépondérant dans le Temple.
Des
traditions situent donc à cet endroit la Ligature d'Isaac ou
« sacrifice d'Isaac » par Abraham... et au début de
l'islam, des hadiths ont situé sur le Rocher, le lieu depuis lequel
Dieu quitte la Terre après la Création pour retourner au ciel. Une
coutume plus tardive associe aussi le Rocher à l'isra, le voyage
nocturne de Mahomet, et au miraj, son ascension, durant laquelle il
aurait visité les 7 cieux et reçu de Dieu les 5 prières
journalières de l'islam. Le rattachement de ces événements à
Jérusalem apparaît assez tôt, dès le VIIIe siècle dans les
textes, mais ce n'est que vers le XIIe - XIIIe siècle que les
sources islamiques mentionnent réellement le Rocher comme point de
départ du miraj...
Cet
amalgame n'existe probablement pas au temps de la construction du
dôme, quoiqu'il ait pu être ancré bien plus tôt dans les récits
populaires. Une autre analyse a été fournie par Myriam Rosen Ayalon
qui, après avoir étudié de manière détaillée les inscriptions
coraniques et les décors de mosaïque, estime que le dôme a une
vocation paradisiaque et eschatologique, et doit être considéré
comme une sorte de préfiguration de la Jérusalem céleste...
Cette
thèse, existe déjà chez al-Watisi au XIe siècle, qui, dans
sa description du dôme, fait usage de métaphores bibliques à
vocation apocalyptique. Plusieurs parallèles ont été établis,
dont un avec le saint-Sépulcre de plan semblable, et qui possède en
son centre, outre le tombeau du Christ, un rocher, comme le dôme...
L'eau
représentée dans les mosaïques et dans les veines du marbre, la
forme octogonale du bâtiment, le rocher qui peut rappeler le tombeau
du Saint-Sépulcre par sa disposition, les 4 portes constitueraient
ainsi autant de références au paradis. Oleg Grabar note d'ailleurs
que, dès 70, c’est-à-dire juste après la destruction du temple
d'Hérode, s'est développé un pèlerinage à vocation
eschatologique. Priscilla Soucek, quant à elle, associe le dôme au
temple et surtout au palais de Salomon, réputé dans la tradition
coranique pour ses richesses (d'où les bijoux et les couronnes)...
(c'est bien une appropriation des deux
religions précédentes) Elle estime que, dans une vision
plus large de la lecture coranique du mythe de Salomon, on peut
identifier ce palais au Paradis.
Le
Rocher abrite une grotte, à laquelle on accède par un escalier.
Attestée comme mosquée en 902-903, elle est pourvue d'un mihrab
dont la datation fait débat : K.A.C. Creswell, suivi par Klaus
Brisch et Géza Féhévari estime qu'il est contemporain du dôme,
mais Eva Baer, sur des critères stylistiques, a remis en cause cette
datation, estimant que l'œuvre ne peut dater d'avant le IXe siècle,
et qu'elle a été commandée par un membre de la famille Ikhshidide
ou Fatimide.
En
1911, le capitaine Montagu Brownlow Parker, jeune officier
Britannique animée par la recherche du « trésor de Salomon »,
entreprend de creuser clandestinement dans cette grotte après avoir
tenté durant 2 ans d'atteindre le dôme par un système de
souterrains, mais rapidement découvert, il doit s'enfuir. Cet
incident donne lieu à une véritable crise diplomatique, et plus
tard, à de nombreuses interprétations « New Age ».
Son
accès est interdit désormais aux non-musulmans alors que jusqu'en
1998, il leur était autorisé s'ils étaient munis d'un billet
d'entrée.
Jusqu'au
milieu du XIXe siècle, l'accès à la zone est également
interdit aux non-musulmans. À partir de 1967, ceux-ci se sont vu
accorder un droit d'accès restreint, mais les prières non
musulmanes restent interdites sur le Mont du Temple. (un
comble)
En
2000, la visite considérée comme provocatrice du Premier Ministre
Israélien Ariel Sharon au Mont du Temple déclenche la Seconde
Intifada. Cet événement entraîne le retour de l'interdiction
d'accès aux non-musulmans.
En
2006, la zone est rouverte aux visiteurs non musulmans, sauf le
vendredi et pendant les jours fériés pour les musulmans.
En
2009, la zone est toujours ouverte aux non musulmans, mais l'accès
aux mosquées ne leur est pas permis.
Israël
n'interfère pas sur la gestion de l'esplanade des mosquées, laissée
au Waqf, fondation religieuse islamique contrôlée par la Jordanie,
mais depuis ces dernières années se réserve d'en interdire l’accès
occasionnellement aux moins de 50 ans pour des raisons
sécuritaires...
L’inscription
extérieure, longue de 240 m, est en effet très claire : « Ô
gens du livre (ahl al-kitâb), ne soyez pas excessifs dans votre
religion et dites seulement la vérité sur Dieu. Le Messie, Jésus,
fils de Marie, fut seulement un messager de Dieu, il fut la parole de
Dieu confiée à Marie. Croyez ainsi en Dieu et en ses messagers et
ne parlez pas de trinité, abstenez vous de parler de cela, cela vaut
mieux pour vous ».
On
reconnaît dans ces formules pieuses plusieurs formules coraniques,
soit fixées, soit mélangées, ce qui laisserait penser que le texte
coranique n’a pas au temps des Omeyyades l’aspect intouchable
qu’il a par la suite.
Muhammad
est désigné comme le serviteur et l’envoyé de Dieu (pas comme
Prophète : rasûl et pas nabi), les mêmes termes qualifient
Jésus.
L’inscription
est ainsi explicitement adressée aux Chrétiens, plus encore qu’aux
Juifs : Il s’agit ainsi de leur donner, sinon une leçon, du
moins un message. Dans la Ville Sainte du christianisme, dans la
ville où le Christ a prêché et où il est mort, le Dôme du Rocher
cherche à affirmer la supériorité de l’Islam. Il est toutefois
surprenant que l’inscription ne fasse aucune allusion au miraj
censé être à l’origine de ce lieu...
La
fin de l’inscription donne la date de la construction, le nom de ce
monument et le nom du constructeur : al-Ma’mûn, calife
abbasside du début du IXe siècle. Or le règne de ce calife est
postérieur à la construction du Dôme : Cela représente donc
forcément une tentative d’appropriation. Vu le prestige associé
au monument, il est intéressant pour un calife de tenter de le
récupérer à son compte, a fortiori pour al-Ma’mûn qui s’est
révolté contre son frère aîné avant de s’imposer comme calife.
Lorsque
Soliman fait refaire le décor extérieur, notamment les fenêtres,
il s’agit du même objectif : Mettre sa marque sur ce
bâtiment.
C’est
enfin un monument de prestige, imposant le souhait du triomphe de
l’islam dans la ville même du christianisme, l’année du
triomphe de Abd al-Malik sur ibn Zubayr, mettant fin à 12 ans de
guerre civile. L’Islam est à nouveau uni derrière un calife.
Le
règne d'al-Malik a été fondateur a bien des égards : Mettant
en place une administration centralisée capable de gérer un empire
qui ne cesse de s’étendre, généralisant l’emploi de la langue
arabe, il invente également une monnaie islamisée (aniconique,
portant uniquement des versets du Coran)...
Ce
monument, à l’image de la Grande Mosquée des Omeyyades de Damas,
chante ainsi la gloire de l’islam, mais aussi celle de la dynastie
des Omeyyades, et participe de la centralisation de l’empire
musulman.
Par
là, il se pose comme le dirigeant de l’Oumma, et plus seulement
comme un chef militaire : Le calife n’est plus uniquement le
« commandeur des croyants » (amir al mu’minin), mais
bien le chef d’un État qui prétend à l’universalité. De plus,
al-Malik a fait bombarder La Mecque, à coups de catapulte, par son
général pour vaincre ibn Zubayr qui s’y est retranché : On
peut comprendre qu’il ressente le désir, voire le besoin, de se
poser comme un constructeur, et un constructeur de lieux religieux...
Dôme du Rocher — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dôme_du_Rocher
Le dôme
du Rocher ou la coupole du Rocher
(en arabe : قبة الصخرة,
Qubbat ... Achevé en l'an 691
ou dans la seconde partie de l'année
692 (an 72 de l'hégire) ...
www.lesclesdumoyenorient.com
› Mots clés
3 mai 2013 -
Premier monument de l'Islam, le Dôme
du Rocher (aussi appelé ... Le
Dôme du Rocher
a été construit par le calife omeyyade Abd al-Malik en 691
– 692. ... Soliman le Magnifique en 1545, et restauré dans les
années 1960.
Jérusalem | L'Histoire
www.histoire.presse.fr/collections/special/jerusalem
C'est au tournant
des années
1100, à l'époque des croisades, que ... comme telle par la
construction, en 691,
du Dôme du Rocher
puis de la mosquée Al-Aqsa.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire