vendredi 26 juin 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 691


26 JUIN 2015...

Cette page concerne l'année 691 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

UNE DES DÉMESURES DE L'ISLAM NAISSANT.

Le dôme du Rocher ou la coupole du Rocher (en arabe Qubbat As-Sakhrah, en hébreu : כיפת הסלע, Kippat ha-Sel‘a), appelé parfois mosquée d'Omar à tort, « premier monument qui se veut une création esthétique majeure de l'Islam », est un sanctuaire érigé sur ordre du calife Abd al-Malik ben Marwan à « Al Qods » (Jérusalem), sur le « Haram al-Charif » (Esplanade des mosquées), 3e lieu saint musulman après La Mecque et Médine, où s'élève également la mosquée al-Aqsa...

Le Dôme du Rocher abrite le « Rocher de la Fondation », endroit où, selon la tradition musulmane, Mahomet est arrivé depuis La Mecque, lors de l'Isra, ou voyage nocturne et d'où il est monté au paradis, lors du Miraj, en chevauchant sa monture Bouraq...
La tradition biblique y situe également le mont Moriah, nom donné au massif montagneux sur lequel Abraham monte avec son fils afin de l'offrir à Dieu en sacrifice, puis sur lequel ensuite Salomon bâtit l'ancien Temple de Jérusalem.

Achevé en 691 ou 692 (an 72 de l'hégire), il ne possède pas de minaret.
On retrouve les influences Byzantine et Perse Sassanide qui sont les deux grandes sources d'inspiration de l'art islamique.
Le premier Temple des Juifs a été édifié à cet endroit par le roi biblique Salomon, et le second, au VIe siècle av. J.-C., agrandie au Ier siècle av. J.-C. par Hérode Ier le Grand.
L'emplacement exact du temple n'est plus connu avec certitude. Il existe plusieurs opinions différentes à ce sujet (le temple serait plus au nord, ou plus au sud comme en témoigne par exemple l'exposé de l'architecte Tuvia Sagiv dans une étude).
Ce temple est finalement détruit en l'an 70 de l'ère chrétienne, sur ordre de Titus. l'esplanade est restée inoccupée, jalonnée seulement de quelques ruines.

Selon des sources non fiables, à l'arrivée des musulmans, en 638, dans la ville de Jérusalem, les ruines du Temple sont utilisées comme dépotoir par les chrétiens dans un souci d'humiliation des juifs et afin de concrétiser la prophétie selon laquelle pas une pierre ne resterait en cet endroit...

Le calife et compagnon de Mahomet Omar ibn al-Khattab, horrifié de voir ce lieu saint dans un tel état, ordonne son nettoyage pour y prié... (comme à Barbès -Rochechouard pour y prier (Paris) !... Lol !)
Selon la même source, il ordonne la construction d'une mosquée à cet emplacement.
Certains historiens médiévaux, en particulier le chroniqueur Byzantin Théophane le Confesseur et le juif Shim'on bar Yo'hai, indiquent que cette action de Omar ibn al-Khattab est saluée par les juifs de l'époque qui y voient la reconstruction du Temple de Jérusalem avant de s'apercevoir qu'il s'agit d'une mosquée. (Déjà à l'époque ils savent très bien faire prendre des vessies pour des lanternes aux peuples crédules)
En plus du Dôme, le Haram al-Charif, appelé aujourd'hui « l'esplanade des mosquées » ou « esplanade du Temple », compte également la mosquée al-Aqsa (construite avant 679) ou encore la coupole de la chaîne (qubbat al-Chakhra). Haram al-Charif signifie en langue arabe « le Noble sanctuaire »... (sans doute pour effacer jusqu'au souvenir de ceux qui étaient là avant eux)

Élément central et majestueux de cet ensemble, le Dôme est restauré à de nombreuses reprises. Dès le début du IXe siècle, le calife abbasside Al-Mamun fait ainsi effacer le nom d'Abd al-Malik pour le remplacer par le sien sur l'inscription.
Ensuite, chaque dynastie maîtresse de Jérusalem depuis les Fatimides jusqu'aux Ottomans a cherché à poser sa marque sur l'édifice, tout en conservant sans doute le plan et les proportions originelles. (marque s'il en faut une qu'ils ne font que démolir ce qui les précède fussent-ils de la même religion, exactement ce que font les daesh actuellement)

Au milieu du XVIe siècle (deux dates sont inscrites, équivalent à 1545 et 1551/1552), sur ordre de Soliman le Magnifique, il a été complètement remplacé par un revêtement de carreaux de céramique Ottomans. Entre le XVIIIe siècle et le début du XXe siècle, le monument a fait l'objet d'au moins 4 campagnes de restauration : en 1720-1721 à la demande du sultan Ahmed III, en 1817 pour Mahmoud II, dans le troisième quart du XIXe siècle (1853-1874), à l'initiative d'Abdülmecid, mais terminée par Abdülaziz ; entre 1918 et 1928 par l'architecte anglais C.R. Ashbee.

Monument majeur de l'art islamique, le dôme du Rocher a très tôt fait l'objet d'études.
Dès 1900, l'archéologue Suisse Max Van Berchem a relevé les inscriptions, et Marguerite Van Berchem publie une étude sur les mosaïques en 1932 dans l'ouvrage de KAC Creswell, Early muslim architecture, qui lui-même propose une analyse approfondie du monument.
Mais le scientifique qui s'est le plus penché sur le monument est sans contestes Oleg Grabar, qui publie ses premières hypothèses sur sa signification en 1959.
Ses articles constituent le plus important corpus sur ce sujet, sur lequel de nombreux scientifiques ont travaillé...

Le dôme du Rocher est situé sur une plate-forme artificielle rectangulaire ouverte par 8 escaliers, deux sur les côtés sud et ouest, un sur les flancs nord et est. Situé un peu à côté du centre de cette estrade, il suit un plan centré autour du point focal qu'est le « Rocher de la Fondation », en réalité un affleurement du mont Moriah. Ce plan se décompose en un premier anneau au centre constitué par une première colonnade autour du Rocher, supportant la coupole, cernée d'une seconde, octogonale. Ces deux colonnades définissent un premier déambulatoire, tandis qu’un second se situe entre la seconde colonnade et les murs extérieurs, eux aussi à 8 pans. L'édifice est ouvert par 4 portes, donnant en direction des 4 points cardinaux, celle qui regarde vers la mosquée Al-Aqsa, et donc vers la qibla étant magnifiée par un portique plus important que ceux des 3 autres ouvertures.

Ce plan n'est pas nouveau : il s'inspire visiblement de ceux des martyria chrétiens, notamment le Saint-Sépulcre, situé lui-même à Jérusalem, et qui, à la fin du VIIe siècle, est essentiellement constitué d'une rotonde autour d'un tombeau du Christ, comme l'indique le pèlerin Arculfe.

Sous le Rocher se trouve une grotte, qui possède deux mihrabs et dont la forme originelle est impossible à définir étant donné les nombreuses restaurations. 2 types de supports sont utilisés : Des colonnes de marbre de remploi coloré (où ont-ils été volés ?) (marbre bleu notamment) et des piliers maçonnés. Pour la colonnade octogonale, la proportion est de deux colonnes reliées par des arcs surhaussés entre chacun des 8 piliers, dans celle circulaire, ce sont 3 colonnes qui scandent l'espace entre 4 piliers, elles supportent des arcs en plein cintre à claveaux de couleurs alternées. Chaque colonne est surmontée d'un chapiteau à feuilles d'acanthes et des tirants de bois les relient, pour plus de solidité. Cette bande de poutres est continue et se place entre les chapiteaux et les arcs pour les colonnes et entre les piliers et les écoinçons pour les piliers...

Le mur extérieur est percé de nombreuses fenêtres à claustras, on en compte sept sur les pans non-ouverts par une porte. Les portes, quant à elles, sont marquées par 2 colonnes soutenant une grande arcade pour 3 d'entre elle, et par 8 colonnes alignées, dont les 2 centrales soutiennent aussi une arcade, pour celle qui regarde vers la qibla. 16 fenêtres à claustras se retrouvent également sur le tambour du dôme central. Les doubles grilles qui meublent toutes ces ouvertures, tant sur le mur extérieur que sur la façade du tambour, datent de la période Ottomane. Les fenêtres devaient être originellement en dentelle de marbre à l'intérieur et en fer forgé à l'extérieur.
Deux types de couverture se combinent dans le monument. Au centre, une coupole surmonte le Rocher, située sur un haut tambour à 2 étages, un plein en partie inférieure et un percé de 16 fenêtres dans la zone supérieure. Elle s'élève à 25 m de hauteur pour un diamètre de 20 m et est constituée de deux coques de bois, dont l'extérieure est doré par un alliage. Selon Al-Muqaddasi (vers 985) et al-Wasiti un peu plus tard, la coupole a originellement été dorée avec l'or qui reste en surplus après la construction, mais il y a tout lieu de croire que ce récit n'est qu'une légende.

Dans la toile d'Auguste de Forbin, Vue de Jérusalem, prise de la vallée de Josaphat, présentée au salon de 1831, le dôme est nettement doré, de même que sur une peinture de Vassili Polenov datée de 1882 et sur une de Charles Fouqueray datée 1919, cependant, une peinture de Salomon Bernstein datée de 1928 et des photos datant de la première moitié du XXe siècle le montrent sans dorure, comme le sont encore actuellement les dômes d'al-Aqsa ou du Saint-Sépulcre. Il a été redoré en 1965, mais la toiture actuelle, qu'il s'agisse de celle des toits du déambulatoire ou de la coupole elle-même date de la restauration de 1994.

Au-dessus des déambulatoires, c'est un toit en pente qui assure la couverture. Il est caché à la vue par un haut parapet qui surmonte la façade extérieure. Contigu au tambour du dôme, il s'attache juste au-dessous des fenêtres à claustra dont celui-ci est percé. À l'intérieur, le plafond est daté du XIIIe siècle. La couverture des toits pentus à l'origine en plomb, est désormais en aluminium

Le décor intérieur du dôme du Rocher est de 3 types : Des tirants de bois couverts de bronze, des placages de marbres sur les murs et les piliers et des mosaïques à fond d'or dans les parties hautes (écoinçons, soffites), que les restaurations n'ont visiblement pas altérées et qui s'étalent sur plus de 280 m2. Le décor devait d'ailleurs être plus ou moins identique à l'extérieur, mais a été remplacé par des céramiques polychromes de très belle qualité à la période Ottomane. On ne sait pas si les mosaïques recouvrent toute la surface ou sont organisées en bandeaux ou en panneaux. Par contre, le revêtement de marbre extérieur est resté intact.
Du point de vue de l'iconographie, on note l'absence totale de représentations figurées : Ni humains, ni animaux ne sont représentés dans les mosaïques. On trouve par contre de nombreux motifs végétaux (guirlandes, feuilles d'acanthe, rinceaux de vigne, arbres réels et imaginaires, rosettes), et, à l'intérieur des colonnades circulaires et octogonales et du tambour du dôme, des bijoux sous la forme de couronnes Sassanides et Byzantines, des pectoraux et autres joyaux.
La symbolique du décor du dôme a soulevé bien des questions et interprétations, Il semble en effet, étant donné son agencement et son iconographie, que celui-ci n'a par pour seule vocation d'être ornemental et chatoyant... Oleg Grabar pense que les bijoux peuvent être interprétés comme des symboles de nations défaites suspendus comme des trophées sur les murs (spolia), ainsi qu'on en trouve à la kaaba, mais beaucoup d'autres lectures, contradictoires ou complémentaires, ont été apportées.
Décors de mosaïque : Rinceaux végétaux et vases incrustés de perles
On a souvent rapproché les mosaïques du dôme de mosaïques chrétiennes, comme celles de l'Église de la Nativité à Bethléem, par exemple.
En effet, il est assez probable que leurs réalisateurs soient des artistes chrétiens ou musulmans récemment convertis, et formés dans des traditions chrétiennes ou juives. Les mosaïques tirent d'ailleurs leurs motifs de l'antiquité tardive. Toutefois, on remarque une adaptation au modèle musulman, notamment dans la disparition de la figuration, ce que l'on retrouver quelques années plus tard à la Grande mosquée des Omeyyades de Damas.
Oleg Grabar note par ailleurs la naissance dans le dôme du Rocher de deux grands principes spécifiques à l'art islamique : L'utilisation de formes réalistes à des fins non-réalistes - incrustations de joyaux dans le tronc d'un arbre, par exemple - et la variation infinie sur un même thème, en arrangeant différemment des motifs semblables.

De plus, contrairement aux bâtiments de l'antiquité classique, le décor du dôme n'est pas subordonné à l'architecture et ne cherche pas à mettre en valeur la structure du bâtiment, mais au contraire couvre tout le bâtiment, comme pour créer une atmosphère particulière, un lieu unifié sans architecture réellement tangible
Le dôme du Rocher constitue le premier bâtiment où se déploie un programme d'inscriptions mûrement réfléchi. 3 sont umayyades : Une, longue de 240 m, se situe au-dessus des arches de la colonnade octogonale extérieure, les deux autres se trouvant sur les portes Est et Nord. Il s'agit à chaque fois d'inscriptions religieuses issues du Coran, mis à part le nom du commanditaire, Abd al-malik (qu'Al-Mamun a tenté de remplacer par son nom) et la date. Lues depuis 1900, elles font principalement référence à la grandeur et à l'unicité de Dieu, s'attardent sur les missions prophétiques et notamment le rôle de Jésus comme prophète, font allusion au paradis...

On peut y voir une affirmation de la grandeur de l'islam à la fois en direction des nouveaux convertis, des musulmans hésitants et des non-musulmans, mais Myriam Rosen-Ayalon en a montré aussi les tenants eschatologiques afin d'appuyer sa thèse selon laquelle le dôme du Rocher est une préfiguration de la Jérusalem céleste.
Karl-Heinz Ohlig contredit ces interprétations en considérant que les inscriptions du Dôme du Rocher montrent l'absence d'une religion musulmane indépendante aux VIIe-VIIIe siècle, estimant au contraire qu'il s'agit alors d'une « forme de christianisme Syro-Persan »

Architecture et décor puisent grandement dans le vocabulaire de l'Antiquité tardive, méditerranéenne notamment, quoiqu'on trouve des éléments plus Iraniens, comme les palmettes ailées des mosaïques. Plan, matériaux (les colonnes, avec leurs chapiteaux et leurs bases, sont récupérés des ruines de l'esplanade du Temple), méthodes de construction et techniques de décor sont empruntées à Byzance et à Rome.
Néanmoins, on remarque qu'aucun bâtiment paléochrétien ni Byzantin ne ressemble formellement au dôme du Rocher. Celui-ci puise certes son inspiration dans la tradition préislamique, mais il la sublime pour arriver à un monument typique de l'islam.

La conception du décor, aniconique, avec de longues inscriptions arabes et des bijoux est aussi entièrement nouvelle, même si elle s'appuie sur des éléments anciens tels que les rinceaux d'acanthe, par exemple... Enfin, il faut noter la grande richesse dans les coloris, très rarement égalée dans un bâtiment de l'antiquité tardive, hormis sans doute les mausolées de Salonique et de Gala Placidia.

Il est difficile à l'heure actuelle de connaître précisément les facteurs qui poussent le calife Omeyyade Abd al-Malik à commander la construction du dôme du Rocher, dont la fonction précise n'est pas déterminée par sa forme ni par ses inscriptions. Plusieurs facteurs, à la fois politiques et symboliques, peuvent être cités.

Dès le IXe siècle, on trouve dans les sources l'idée que le calife souhaite détourner le hajj, pèlerinage rituel de La Mecque, alors occupée par un rival, vers Jérusalem.
Cette hypothèse est mentionnée par l'historien 'abbasside Yaʿqūbī vers 874 et par un prêtre orthodoxe d'Alexandrie, Eutychius (mort en 940), lesquels s'appuient sur des sources visiblement différentes... Néanmoins, la plupart des chercheurs actuels tombent d'accord pour dire que cette explication est fausse, et donnent à cela plusieurs raisons : L'absence de mention d'un détournement du pèlerinage dans la plupart des sources historique (notamment Tabari, Baladhuri et Maqadasi), et le « suicide politique » que ce changement radical dans le dogme musulman aurait constitué pour Abd al-Malik, déjà mal considéré sur le plan religieux par son appartenance à la famille umayyade...
De plus, on trouve, dans un texte de Baladhuri, la preuve que le pèlerinage s'est poursuivi visiblement sans problèmes durant les problèmes politiques qui ont alors lieu.
Autre élément important, la pratique du pèlerinage à Jérusalem semble assez difficile pour des raisons d'espace. Enfin, si l'on accepte la thèse de Sheila Blair selon laquelle le dôme a été construit dans la seconde partie de l'année 692, les dates ne concordent plus, et l'empire se trouve alors dans un moment d'apaisement après la victoire du général al-Hajjaj.
Ce dernier fait, peut nous offrir une seconde lecture du bâtiment, monument de victoire de la dynastie umayyade. Par la même occasion, le dôme célèbre aussi l'Islam triomphant : au centre d'une ville majoritairement chrétienne et à forte communauté juive. (je pencherait plutôt pour cette version tellement dans l'optique musulmane)
Le dôme met en valeur la victoire de l'Islam, complétant la révélation des deux autres religions monothéistes, et a permis à l'état nouveau de rivaliser en magnificence avec les grands sanctuaires chrétiens de Jérusalem et de Syrie. Plusieurs arguments appuient cette interprétation : La taille du dôme, sa position théâtrale dans la ville et son ancien revêtement brillant, de céramiques à fond d'or prouvent qu'il est fait pour être vu de loin. (et humilier les vaincus) De plus, son plan centré, donne l'impression que le monument irradie dans toutes les directions, concourant également à un effet scénique. Toujours selon Oleg Grabar, le programme d'inscriptions peut être lu comme un manifeste de la supériorité de l'islam sur le christianisme, quoique tous les chercheurs, notamment Myriam Rosen-Ayalon, ne soient pas tout à fait d'accord avec cette interprétation.

Le choix du lieu lui-même est extrêmement symbolique : Lieu sacré juif, où restent encore des ruines des temples Hérodiens, laissé à l'abandon par les chrétiens pour marquer leur triomphe sur cette religion, il est à nouveau utilisé sous l'Islam, marquant alors la victoire sur les Chrétiens et, éventuellement, une continuité avec le judaïsme. (??? !!!) D'ailleurs, comme l'a montré Priscila Soucek, le lieu est associé à David et à Salomon, 2 souverains exceptionnels dans la tradition biblique, dont le prestige est censé rejaillir sur le calife qui s'installe sur leurs traces. (on voit là une certaine démagogie)

Enfin, l'historien Al-Maqdisi, au Xe siècle, écrit que le dôme a été réalisé dans le but de dépasser le Saint-Sépulcre, (nous y voilà) d'où un plan similaire, mais magnifié.
De cette analyse on a pu conclure que le dôme du Rocher peut être considéré comme un message de l'Islam et des Omeyyades en direction des chrétiens, des Juifs, mais également des musulmans récemment convertis (attirés par les déploiements de luxe des églises chrétiennes) pour marquer le triomphe de l'Islam. Mais ce n'est pas la seule hypothèse…

D'autres explications, plus symboliques et pas forcément contradictoires, ont été avancées après l'analyse des traditions liées à l'emplacement.
Dans la Genèse (22-2), le mont Moriah est désigné comme le site du sacrifice d'Isaac Dieu dit : « Prends ton fil unique que tu aimes, Isaac, et rends-toi au pays de Moriah, où tu l'offriras en holocauste sur une des hauteurs que je t'indiquerai. » Le texte précise que le trajet dura trois jours : « Le troisième jour en levant les yeux il voit l'endroit de loin ». Le Temple de Salomon ( détruit) se trouve à cet endroit et Hérode le Grand l'a fait reconstruire au même endroit... Des restes archéologiques assez important, en particulier le mur des Lamentations témoignent encore de ce passé.

Néanmoins, dans la Bible, le Rocher appelé aussi « Rocher de la Fondation » n'est jamais mentionné, et ne semble pas jouer un rôle prépondérant dans le Temple.
Des traditions situent donc à cet endroit la Ligature d'Isaac ou « sacrifice d'Isaac » par Abraham... et au début de l'islam, des hadiths ont situé sur le Rocher, le lieu depuis lequel Dieu quitte la Terre après la Création pour retourner au ciel. Une coutume plus tardive associe aussi le Rocher à l'isra, le voyage nocturne de Mahomet, et au miraj, son ascension, durant laquelle il aurait visité les 7 cieux et reçu de Dieu les 5 prières journalières de l'islam. Le rattachement de ces événements à Jérusalem apparaît assez tôt, dès le VIIIe siècle dans les textes, mais ce n'est que vers le XIIe - XIIIe siècle que les sources islamiques mentionnent réellement le Rocher comme point de départ du miraj...
Cet amalgame n'existe probablement pas au temps de la construction du dôme, quoiqu'il ait pu être ancré bien plus tôt dans les récits populaires. Une autre analyse a été fournie par Myriam Rosen Ayalon qui, après avoir étudié de manière détaillée les inscriptions coraniques et les décors de mosaïque, estime que le dôme a une vocation paradisiaque et eschatologique, et doit être considéré comme une sorte de préfiguration de la Jérusalem céleste...

Cette thèse, existe déjà chez al-Watisi au XIe siècle, qui, dans sa description du dôme, fait usage de métaphores bibliques à vocation apocalyptique. Plusieurs parallèles ont été établis, dont un avec le saint-Sépulcre de plan semblable, et qui possède en son centre, outre le tombeau du Christ, un rocher, comme le dôme...
L'eau représentée dans les mosaïques et dans les veines du marbre, la forme octogonale du bâtiment, le rocher qui peut rappeler le tombeau du Saint-Sépulcre par sa disposition, les 4 portes constitueraient ainsi autant de références au paradis. Oleg Grabar note d'ailleurs que, dès 70, c’est-à-dire juste après la destruction du temple d'Hérode, s'est développé un pèlerinage à vocation eschatologique. Priscilla Soucek, quant à elle, associe le dôme au temple et surtout au palais de Salomon, réputé dans la tradition coranique pour ses richesses (d'où les bijoux et les couronnes)... (c'est bien une appropriation des deux religions précédentes) Elle estime que, dans une vision plus large de la lecture coranique du mythe de Salomon, on peut identifier ce palais au Paradis.

Le Rocher abrite une grotte, à laquelle on accède par un escalier. Attestée comme mosquée en 902-903, elle est pourvue d'un mihrab dont la datation fait débat : K.A.C. Creswell, suivi par Klaus Brisch et Géza Féhévari estime qu'il est contemporain du dôme, mais Eva Baer, sur des critères stylistiques, a remis en cause cette datation, estimant que l'œuvre ne peut dater d'avant le IXe siècle, et qu'elle a été commandée par un membre de la famille Ikhshidide ou Fatimide.

En 1911, le capitaine Montagu Brownlow Parker, jeune officier Britannique animée par la recherche du « trésor de Salomon », entreprend de creuser clandestinement dans cette grotte après avoir tenté durant 2 ans d'atteindre le dôme par un système de souterrains, mais rapidement découvert, il doit s'enfuir. Cet incident donne lieu à une véritable crise diplomatique, et plus tard, à de nombreuses interprétations « New Age ».
Son accès est interdit désormais aux non-musulmans alors que jusqu'en 1998, il leur était autorisé s'ils étaient munis d'un billet d'entrée.
Le 12 mai 2009, Benoît XVI se rend au Dôme du Rocher, devenant ainsi le premier pape à y pénétrer.

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, l'accès à la zone est également interdit aux non-musulmans. À partir de 1967, ceux-ci se sont vu accorder un droit d'accès restreint, mais les prières non musulmanes restent interdites sur le Mont du Temple. (un comble)
En 2000, la visite considérée comme provocatrice du Premier Ministre Israélien Ariel Sharon au Mont du Temple déclenche la Seconde Intifada. Cet événement entraîne le retour de l'interdiction d'accès aux non-musulmans.

En 2006, la zone est rouverte aux visiteurs non musulmans, sauf le vendredi et pendant les jours fériés pour les musulmans.

En 2009, la zone est toujours ouverte aux non musulmans, mais l'accès aux mosquées ne leur est pas permis.

Israël n'interfère pas sur la gestion de l'esplanade des mosquées, laissée au Waqf, fondation religieuse islamique contrôlée par la Jordanie, mais depuis ces dernières années se réserve d'en interdire l’accès occasionnellement aux moins de 50 ans pour des raisons sécuritaires...

L’inscription extérieure, longue de 240 m, est en effet très claire : « Ô gens du livre (ahl al-kitâb), ne soyez pas excessifs dans votre religion et dites seulement la vérité sur Dieu. Le Messie, Jésus, fils de Marie, fut seulement un messager de Dieu, il fut la parole de Dieu confiée à Marie. Croyez ainsi en Dieu et en ses messagers et ne parlez pas de trinité, abstenez vous de parler de cela, cela vaut mieux pour vous ».
On reconnaît dans ces formules pieuses plusieurs formules coraniques, soit fixées, soit mélangées, ce qui laisserait penser que le texte coranique n’a pas au temps des Omeyyades l’aspect intouchable qu’il a par la suite.
Muhammad est désigné comme le serviteur et l’envoyé de Dieu (pas comme Prophète : rasûl et pas nabi), les mêmes termes qualifient Jésus.
L’inscription est ainsi explicitement adressée aux Chrétiens, plus encore qu’aux Juifs : Il s’agit ainsi de leur donner, sinon une leçon, du moins un message. Dans la Ville Sainte du christianisme, dans la ville où le Christ a prêché et où il est mort, le Dôme du Rocher cherche à affirmer la supériorité de l’Islam. Il est toutefois surprenant que l’inscription ne fasse aucune allusion au miraj censé être à l’origine de ce lieu...

La fin de l’inscription donne la date de la construction, le nom de ce monument et le nom du constructeur : al-Ma’mûn, calife abbasside du début du IXe siècle. Or le règne de ce calife est postérieur à la construction du Dôme : Cela représente donc forcément une tentative d’appropriation. Vu le prestige associé au monument, il est intéressant pour un calife de tenter de le récupérer à son compte, a fortiori pour al-Ma’mûn qui s’est révolté contre son frère aîné avant de s’imposer comme calife.
Lorsque Soliman fait refaire le décor extérieur, notamment les fenêtres, il s’agit du même objectif : Mettre sa marque sur ce bâtiment.

C’est enfin un monument de prestige, imposant le souhait du triomphe de l’islam dans la ville même du christianisme, l’année du triomphe de Abd al-Malik sur ibn Zubayr, mettant fin à 12 ans de guerre civile. L’Islam est à nouveau uni derrière un calife.
Le règne d'al-Malik a été fondateur a bien des égards : Mettant en place une administration centralisée capable de gérer un empire qui ne cesse de s’étendre, généralisant l’emploi de la langue arabe, il invente également une monnaie islamisée (aniconique, portant uniquement des versets du Coran)...

Ce monument, à l’image de la Grande Mosquée des Omeyyades de Damas, chante ainsi la gloire de l’islam, mais aussi celle de la dynastie des Omeyyades, et participe de la centralisation de l’empire musulman.
Par là, il se pose comme le dirigeant de l’Oumma, et plus seulement comme un chef militaire : Le calife n’est plus uniquement le « commandeur des croyants » (amir al mu’minin), mais bien le chef d’un État qui prétend à l’universalité. De plus, al-Malik a fait bombarder La Mecque, à coups de catapulte, par son général pour vaincre ibn Zubayr qui s’y est retranché : On peut comprendre qu’il ressente le désir, voire le besoin, de se poser comme un constructeur, et un constructeur de lieux religieux...


Dôme du Rocher — Wikipédia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dôme_du_Rocher
Le dôme du Rocher ou la coupole du Rocher (en arabe : قبة الصخرة, Qubbat ... Achevé en l'an 691 ou dans la seconde partie de l'année 692 (an 72 de l'hégire) ...

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3 mai 2013 - Premier monument de l'Islam, le Dôme du Rocher (aussi appelé ... Le Dôme du Rocher a été construit par le calife omeyyade Abd al-Malik en 691 – 692. ... Soliman le Magnifique en 1545, et restauré dans les années 1960.

Jérusalem | L'Histoire

www.histoire.presse.fr/collections/special/jerusalem
C'est au tournant des années 1100, à l'époque des croisades, que ... comme telle par la construction, en 691, du Dôme du Rocher puis de la mosquée Al-Aqsa.

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