samedi 29 avril 2017

EN REMONTANT LE TEMPS... 56

4 MARS 2017...

Cette page concerne l'année 56 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

NÉRON EMPEREUR OU TRAGÉDIEN

La personnalité de Néron est la résultante d'une enfance peu équilibrée. Dès le début de son règne, il s'adonne à la luxure (sorties nocturnes et rixes, banquets, adultère). A l'inverse, on décèle chez lui une angoisse existentielle.
Il avait une « belle tête », d'une taille moyenne, le corps bien proportionné. Des yeux bleus, une vue faible.
Selon Suétone qui en dresse un portrait peu flatteur : Cou épais, ventre proéminent, gourmand, jambes grêles, taches sur le corps, il sent mauvais... C'est un homme de santé robuste puisqu'il n'est tombé malade que 3 fois dans sa vie. Arrangeant sa chevelure en étages.

Il se marie 3 fois mais n'aime que Poppée sa seconde épouse en outre il a eu plusieurs maîtresses. Il est à l'évidence un jouisseur mais des légendes circulent sur cet aspect de sa personnalité : Par exemple les prétendues relations incestueuses avec sa mère.
Parmi ses concubines, Acté, une affranchie se détache, il a pour elle une sincère affection.
Cependant, il aime les jeunes garçons, viole un jour un jeune homme, épouse un jeune eunuque du nom de Sporus... qui après la mort de l'empereur préfère le suivre dans l'au-delà. On a prêté à Néron d'autres perversions : Rites autour des organes génitaux d'homme et de femmes par exemple.
LES TORCHES.
Ce n'est pas un grand orateur. Il fait appel à ses conseillers pour la rédaction de ses discours politiques. Il se considère comme un citharède, un poète, dont la production a été de médiocre qualité. Il écrit notamment un long poème sur la guerre de Troie : Troica, on ne connaît de Néron qu'un seul vers mentionné par Sénèque : « Le cou de la colombe brille à chaque mouvement ». Il aime aussi jouer de la lyre, chanter et réciter.
Il monte sur la scène, pour la première fois en 64 à Naples. Au moment de se suicider, il dit : « quel artiste va périr avec moi ».
L'Orient dont l'Égypte est un phare pour Néron, : Il organise lui-même des combats de gladiateurs mais il préfère les compétitions athlétiques et artistiques. Il fait par exemple aménager dans les jardins du Vatican en 59 un stade pour les courses de chevaux, dont il guide lui-même les attelages avec pour seuls spectateurs, ses invités...
Le culte de sa personne est minutieusement organisé comme en témoigne le fait qu'il dépose sa barbe coupée dans un coffret, aux pieds de Jupiter...
En 60, consul pour la 4e fois, Néron donne des jeux pour fêter l'anniversaire de son avènement : Ce sont les Neronia (concours musical, gymnique et hippique).
Néron se fait construire un somptueux palais impérial après l'incendie de Rome :
Néron accomplit un de ses rêves en 66 en partant pour la Grèce où il donne des représentations. Il prend lors de son périple la décision de percer le canal de Corinthe.
On embauche des ingénieurs Égyptiens pour faire le travail ainsi que 6 000 juifs, prisonniers de guerre. Chemin faisant, Néron accorde un nouveau statut à la Grèce.

La cour de Néron se compose de nombreux affranchis et d'esclaves. Elle compte aussi des femmes :
La première ayant été Octavie, épousée à 12 ans, fille de Claude,
Ensuite vient Poppée qui est d'une grande beauté, passionnée d'astrologie et fascinée par le culte de la déesse Isis.

En 65, Néron envisage de se remarier avec la seconde fille de Claude laquelle refuse, Néron la fait elle aussi tuer.
Néron fait aussi liquider Marcus Atticus Vestinus pour lui ravir son épouse Messalina.
Pour acclamer l'empereur, il existe des groupes tels les Augustians, des éphèbes ; les « Néroniens », de robustes plébéiens recrutés eux aussi pour applaudir l'empereur.
Les officiers prétoriens sont attachés à la sécurité de l'empereur mais c'est eux qui provoque sa chute. Un conseil du prince expédie certaines affaires... Indifférent à la religion traditionnelle Romaine, l'empereur s'est surtout intéressé aux cultes orientaux comme celui de la Cybèle, la Grande mère asiatique et Attis.
Tiridate fait ensuite connaître à son hôte le culte de Mithra mais Néron s'en lasse rapidement.
Son attitude à l'égard des autres religion est variée : Tolérance grâce à l'entremise bienveillante de Poppée pour les Juifs, persécution des Chrétiens après l'incendie de Rome auxquels Néron fait porter le chapeau.
Sous son règne, les arts et les sciences prennent un essor notable (peinture notamment pariétale et sciences humaines). Le stoïcisme est alors le courant dominant dans la pensée romaine. Tacite comme Martial considèrent à juste titre Néron comme un homme cultivé. C'est sous son règne que Pétrone rédige son Satyricon.

La Genèse de la légende de Néron, ou la naissance d’un monstre dans la littérature latine et grecque des premiers siècles. La notion de « tragique » semble s’imposer tout naturellement. La vie de Néron recèle en effet tous les ingrédients d’une bonne tragédie, l’existence même de la tragédie prétexte « l’Octavie » prouve que les Romains de l’époque (flavienne ?) ont senti, très tôt, la potentialité tragique contenue dans la figure de Néron. Par ailleurs, le fait que Néron soit à maintes reprises monté sur scène a entraîné dans les œuvres antiques consacrées à l’empereur histrion une multiplication des termes relatifs au théâtre et à la tragédie, ce qui rend la notion de tragique omniprésente dans ces récits.

Et pourtant c’est là que le bât blesse : Il ne nous semble pas en effet que le Néron de l’historiographie puisse être vraiment considéré comme un personnage tragique, et ce justement parce c'est un acteur de tragédie. Car paradoxalement, la plupart des références à la tragédie dont fourmillent les œuvres antiques semble plutôt faire de Néron une figure minable et ridicule, plus proche parfois du iuuenis de la comédie que d’un tyran tragique.
Cette étude s’attache ainsi à repérer les formes multiples prises par le tragique dans le traitement historiographique de la vie de Néron et à montrer, en relation surtout avec la figure de Néron tragédien, que si tragédie il y a, il s’agit d’une tragédie pervertie.
De manière générale, la vie de Néron recèle tous les ingrédients d’une bonne tragédie : Néron a commis l’inceste avec sa mère Agrippine, tel Œdipe, il a ensuite ordonné le meurtre de sa mère tel Oreste ou Alcméon, auxquels une épigramme, retranscrite par Suétone et Dion Cassius, assimile d’ailleurs explicitement Néron.
Néron, tel ce même Oreste, a été poursuivi par les Furies il a auparavant déjà tué son frère Britannicus, ce qui rappelle les luttes fratricides entre Étéocle
et Polynice ou entre Atrée et Thyeste, plus généralement, les récits relatifs à Néron, comme les tragédies sénéquiennes, sont pleins de cruauté, de folie meurtrière et de sang.
L’existence même de la tragédie prétexte longtemps attribuée à Sénèque, « l’Octavie » probablement écrite sous les Flavien, et qui met en scène un Néron souillé du meurtre de son frère et de sa mère et se déchaînant contre son épouse Octavie.
Et force est de constater que l’ Octavie, malgré les critiques qui peuvent lui être faites, est une tragédie respectant parfaitement les règles du genre. Rien d’étonnant donc à ce que se soient multipliés les travaux menés sur le caractère tragique du portrait de Néron que nous ont transmis les historiens antiques et notamment Tacite.
La recherche a porté essentiellement sur le traitement tragique et la dramatisation de certains épisodes de la vie de Néron, parmi lesquels le récit tacitéen de la mort d'Agrippa, qui couvre les premiers chapitres du livre XIV des Annales, est sans nul doute celui qui fait couler le plus d’encre.
Des méthodes variées (et plus ou moins discutables) ont été utilisée pour
démontrer la présence d’éléments tragiques dans ce passage : Comparaison du texte de Tacite avec les principes de composition d’une bonne tragédie selon Aristote.
NÉRON LORS D'UN FESTIN.
Tentative de découpage du passage en actes mise en évidence de la dette de Tacite vis‐à‐vis des autres chercheurs, se basant sur l’importance accordée par Néron aux arts de la scène et sur la place fondamentale occupée par le théâtre dans son règne, ont même affirmé que l’empereur s’efforce véritablement de modeler son comportement et ses actes sur ceux des personnages de la mythologie grecque, voire même qu’il ne cessait de confondre le réel et l’imaginaire et qu’il vit la réalité comme une tragédie.
Il a été démontré depuis qu’« en réalité le théâtre n’a pas influencé Néron, mais ses biographes, qui se sont servis du monde de la scène pour
créer leur propre « spectacle littéraire », avec Néron comme protagoniste : A ainsi été mis en lumière le processus de transformation en personnage tragique que Néron a subi dans les œuvres de Tacite, de Suétone ou de Dion Cassius.

Convenons, avec tous ces chercheurs, que Néron apparaît bien, dans les récits historiographiques antiques, comme le protagoniste d’une pièce de théâtre : La pièce en question est‐elle cependant une tragédie, du moins une tragédie « classique » qui correspondrait au modèle fourni par les tragédies latines ?
Une des méthodes les plus sûres permettant de repérer des éléments tragiques dans un texte consiste à comparer le texte en question avec une tragédie antérieure. Si les historiographes antiques voulaient faire de Néron le héros d’une tragédie, ils pouvaient assurément trouver dans le Néron de l’Octavie un modèle de choix... Or force est de constater que le Néron des historiens est fort différent de ce Néron‐là.

Ces différences ont été notées dans l’Octavie comme dans les Annales, d’autre part, on assiste à une discussion entre Néron et Sénèque, dont la position en tant que conseiller de l’empereur est dans les deux cas remise en question. Mais les réponses données à cette question par Tacite et l’auteur de l’Octavie sont fort différentes :
Dans les Annales, Sénèque veut se retirer mais Néron insiste pour qu'il reste, arguant de sa jeunesse et de son besoin d’avoir encore un guide.
Dans l’ Octavie au contraire, Sénèque tente de conseiller encore Néron mais ce dernier répond que les leçons de son ancien précepteur sont bonnes pour les enfants et que pour sa part malgré sa jeunesse il possède assez de jugement pour pouvoir prendre des décisions comme bon lui semble.

Le Néron de l’ Octavie, dans sa joute l’opposant à Sénèque, s’avère d’ailleurs être un, adversaire redoutable : Force est de constater que sa maîtrise de la rhétorique est parfaite et que ses arguments sont particulièrement convaincants. Son analyse notamment du principat d’Auguste, dont il dévoile l’horreur et la violence, est brillante et on serait tenté de donner son adhésion à Néron plutôt qu’au pâle Sénèque, dont les arguments, face au réalisme et à la lucidité de son adversaire, rendent le son creux et artificiel des préceptes théoriques.
SPECTACLE DES TORCHES.
En un mot, le Néron de l’Octavie a un côté sublime que n’a pas celui des Annales. Ces écarts entre les Annales et le prétexte sont d’autant plus significatifs que Tacite a sans nul doute lu l’ Octavie, dont l’historien, comme l’a démontré R. Ferri, s’est directement inspiré pour la rédaction des derniers chapitres du livre XIV des Annales, consacrés à la répudiation et à l’exil d’Octavie.
Mais dans ce passage, qui laisse percevoir indéniablement un intertexte tragique, Néron précisément n’apparaît presque pas du tout : Il n’y joue un rôle qu’à l’ouverture du chapitre, et disparaît dès la première phrase du récit.
De manière générale, le Néron de l’historiographie ne semble pas correspondre aux personnages que l’on rencontre dans la tragédie. Les personnages de la tragédie, aussi monstrueux puissent‐ils être, évoluent en effet en général dans un univers où règnent le grandiose et le sublime et d’où sont exclus le bas et le ridicule.

Or Néron apparaît chez les auteurs antiques comme un personnage lâche et sans envergure, souvent bouleversé ou paralysé, par la crainte, se laissant complètement manipulé par Poppée, Tigellin ou Sénèque, remettant même son destin à plusieurs reprises aux mains d’un affranchi, Anicetus, à qui l’empereur s’exclame d’ailleurs qu’il doit l’empire. À cet égard Néron, qui est jeune, débauché, asservi à tous ce qui lui procurent du plaisir, dilapide l’argent,
est terrorisé par sa mère, apparaît comme un personnage plus proche des iuuenes de la comédie latine, craignant les scènes, laissant la conduite des affaires à un seruus callidus et menés par le bout du nez par leur puella, que des tyrans de la tragédie...

LES ORGIES
C’est ainsi qu’on le voit, à l’ouverture du livre XVI des Annales, se fier à un Carthaginois (ce qui ne peut manquer de faire sourire si l’on songe à la proverbiale fides punica ) et envoyer trirèmes et rameurs du côté de Carthage à la recherche du trésor caché de Didon, épisode que Tacite attribue à la « légèreté », « uanitatem », du prince et qui semble remplir la fonction de l’exodium comique qui suit les représentations tragiques, en l’occurrence ici la tragédie de la conspiration de Pison sur laquelle s’est clos le livre XV.
Néron d’autre part se rend ridicule aux yeux des Romains et les fait bien rire, en tant qu’il punit les autres pour des crimes qu’il commet c'est même son premier soin, alors qu’il prépare une expédition contre Vindex, est de faire tondre ses concubines et de les attifer comme des Amazones.
Plus troublant : Les historiens nous rapportent que Néron rôde la nuit, déguisé en esclave, « ueste seruili », dans les rues et les tavernes de Rome accompagné d'une bande qui agresse les passants, Tacite ajoute que Néron reçoit d’ailleurs des coups lui‐même. Or ces virées nocturnes ne sont pas sans rappeler ce que Plutarque raconte au sujet d’Antoine, lequel parcourt la nuit, avec Cléopâtre, les rues d'Alexandrie déguisé en serviteur et raille les habitants, ce qui lui vaut des injures et des coups...
Voici, telle que nous la rapporte Plutarque, la réaction des Alexandrites : ceux‐ci
aimaient à dire qu’Antoine « portait un masque tragique pour les Romains, un masque comique pour eux », autrement dit, les amusements d’Antoine, dont sont fort proches ceux de Néron, sont placés sous le signe de la comédie Mais le point à propos duquel Néron est le plus ridicule, là où il manque le plus de la dignitas due à son rang (et due à la tragédie) est le fait que Néron ait été, précisément, un acteur tragique. Néron, on le sait, est monté sur scène à maintes reprises pour s’y adonner à l’art de la citharédie et de la tragœdia cantata, ce qui a entraîné dans les œuvres antiques consacrées à l’empereur histrion une multiplication des termes relatifs au théâtre.
NÉRON REPENTANT ?
Or comme le dit Dion Cassius dans le passage de l’ Histoire Romaine consacré à la participation de Néron à divers Jeux en Grèce, l’empereur en montant sur les cothurnes est descendu de son trône.



Néron acteur de tragédies, ou la perversion du tragique ... - MOSAIQUE
https://revuemosaique.files.wordpress.com/2010/03/mosaique-1-7_lefebvre.pdf
Résumés. À qui examine les récits antiques relatifs à Néron, la notion de « tragique » semble s'imposer ..... 19 Ps.-Sen., Oct., 440-592 et Tac., Ann., XIV, 53-56.

Tacite - Annales - Livre XII - Bibliotheca Classica Selecta
bcs.fltr.ucl.ac.be/TAC/AnnXII.html
Adoption par Claude de Domitius, devenu Néron, au détriment de Britannicus; 27. ... 56-57. Spectacle d'un combat naval sur le lac Fucin (52 ap. J.-C.) 58.

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