mercredi 5 avril 2017

EN REMONTANT LE TEMPS... 74

16 FEVRIER 2017...

Cette page concerne l'année 74 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

VESPASIEN ET L'INVENTAIRE DÉSASTREUX DE SES PRÉDÉCESSEURS.
  
Cneus Pinarius Cornelius Clemens, sénateur et consul Romain du Ier siècle. Dirigeant d'importantes opérations militaires en Germanie entre 72 et 74, peut-être originaire d'Emerita Augusta, capitale de la province Romaine de Lusitanie. On ignore sa carrière avant le consulat suffect, autour de 70. Il est ensuite gouverneur de Germanie supérieure entre 72 et 74, chargé de l'occupation militaire de la rive droite du Rhin et des Champs Décumates. À cette occasion, il fait construire une route joignant Argentorate à la Rhétie...

Délégué à la délimitation de frontière entre les Allobroges de la cité de Vienne et les Ceutrons, au niveau du Faucigny, à la suite de tensions qui ont viré au conflit. Une borne frontière est mise en place au col de la Forclaz-du-Prarion...
Il reçoit les ornements du triomphe en raison de son action en Germanie. Confirmé sénateur Romain.

En 70, vraisemblablement consul suppléant (suffectus), puis intendant des bâtiments sacrés et profanes de Rome.

De 72 à 74, gouverneur et commandant de l'armée de Germanie supérieure. En 74, il reçoit de l'empereur Vespasien les insignes du triomphe pour des faits de guerre non précisés en Germanie, sur la rive droite du Rhin. Il s'agit sans doute de l'occupation des Champs Décumates (région peu habitée de Germanie Supérieure), connue sous le nom d' »expédition de Clemens », permettant la construction d'une voie de communication plus directe entre le Rhin et le haut Danube.
Plusieurs légions participent à cette expédition : Celles de Strasbourg (la VIIIe) et de Vindonissa (la XIe), ainsi que celles figurant sur des inscriptions à Augusta Raurica (la legio VII Gemina et la legio I Adiutrix).

En 1899, on a trouvé au Transtévère, sur l'emplacement de la basilique de Sainte-Cécile, un nouveau cippe relatif à l'extension du pomerium par Vespasien. (Dans la Rome antique, le pomerium (ou pomœrium) est la limite sacrée qui sépare la ville (urbs) de son territoire (ager) et plus spécialement celle de la cité Romaine. La notion de pomerium ne s'applique qu'à Rome, aux villes anciennes du Latium et aux colonies romaines fondées rituellement). L'inscription, qu'il est facile de compléter, est ainsi conçue :
Pomerium ampliaverunt terminaveruntque.
Ce texte est important à un double point de vue : En premier lieu, il permet de rectifier une opinion couramment admise, suivant laquelle la rive droite du Tibre serait restée en dehors du pomerium jusqu'au temps d'Aurélien. Nous savons maintenant que dès le règne de Vespasien le centre de la région Transtiberine est compris dans le pomerium.
La nouvelle inscription contient également au complet les titres portés par Vespasien. Les 2 cippes que nous connaissions jusqu'ici, endommagés ou brisée à leur partie supérieure, ne donnent pas le chiffre de la salutation impériale.

2 campagnes militaires attirent principalement l'attention au début du règne de Vespasien : La guerre Juive dont la fin est proche, et l'expédition contre les révoltés de Germanie. Mais ni la prise de Jérusalem en septembre 70, ni l'écrasement de Civilis à la fin de la même année n'ajoutent à l'Empire de nouvelles provinces. En réprimant ces soulèvements, l'empereur ne fait que rétablir la paix intérieure, il ne recule pas les bornes de la puissance Romaine. Ces expéditions à elles seules n'auraient point justifié l'extension du pomerium...
Gatti et M. Marucchi pensent que la formule « auctis populi romani flnibus, vise la conquête de la Commagène.
Au dire de Suétone en effet, Vespasien « Comma g en en ditionis regiae usque ad id tempus in provinciale] for- mam redegit ») inscription parcellaire. L'historien Josephe nous fournit à ce sujet des détails plus circonstanciés. Il nous apprend que cette annexion a lieu en 72 : Vespasien, craignant les intrigues du roi de Commagène avec le roi des Parthes Vologase, donne l'ordre au légat de Syrie, Caesennius Paetus, de le détrôner et la Commagène fait, dès lors, partie de la province Romaine de Syrie. Est-ce là cependant une véritable conquête ?
PORTE DU CAMP DE MIREBEAU SUR BEZE
La phrase de Suétone n'est pas tout à fait exacte : La Commagène a déjà été réduite une première fois en province Romaine, sous Tibère, en 17 mais elle a été rendue par Caligula en 38 au fils du dernier roi. C'est lui qui règne encore sous le nom d'Antiochus IV en 72. Dans ces conditions, l'annexion de la Commagène revêt un caractère spécial. Devenue royaume par la volonté du prince après avoir été province de l'Empire, elle ne s'est pas complètement affranchie de la suzeraineté Romaine.
Antiochus IV n'est pas, aux yeux de Rome, le voisin puissant qui a maintenu ou reconquis son autonomie par les armes, il ne doit son existence qu'au bon plaisir de César, il n'a ni une entière indépendance, ni le droit d'agir à sa guise : C'est un prince sujet, un gouverneur d'un genre spécial, révocable à volonté, surveillé de près et responsable de sa gestion devant l'empereur ou ses agents.

En réalité, à l'avènement de Vespasien, la Commagène fait partie, au même titre que l'Achaïe ou Rhodes, de cette mosaïque de provinces, d’États, de villes qui constituent l'Empire et que Rome s'attache par des liens plus ou moins étroits, depuis la sujétion la plus stricte jusqu'à une liberté relativement large.

En 53, Claude a donné la liberté aux Rhodiens.

En 67, Néron l'a accordée aux Grecs. Vespasien l'enlève aux uns et aux autres. On ne pense pas qu'en replaçant ainsi sous l’autorité directe du peuple Romain la Grèce ou Rhodes. Vespasien agrandit l'Empire. Il en a été de même pour la Commagène : La seconde transformation de ce royaume en province n'a été qu'une étape de la romanisation plus complète de cette région c'est une des mesures prises par Vespasien pour consolider la domination de Rome en Orient.
Pour saisir mieux encore la politique de Vespasien à l'égard de la Commagène, il importe de la rattacher à celle qu'il suit dans l'administration intérieure de l'Empire.

Après Caligula, Claude, Néron, 3 princes qui, par leur folie, leur faiblesse ou leur immense vanité, ont compromis la puissance Romaine en prodiguant les faveurs ou les immunités, après les événements des années 68 et 69 qui ont jeté partout le trouble, accumulé les ruines, favorisé les usurpations des particuliers sur le domaine public, relâché les liens qui unissent entre elles les différentes parties de l'Empire, Vespasien se préoccupe avant tout de réparer ces désastres et de redonner sa force à l’État.
Avec le bon sens d'un administrateur exact, avec l'application minutieuse d'un propriétaire qui hait naturellement le désordre et veut que chacun soit à sa place pour accomplir sa fonction, ce bourgeois de Réate, que des circonstances heureuses ont porté à l'Empire, révise les droits de chacun aux faveurs dont il jouit.
Aux particuliers détenteurs des biens publics, il fait rendre gorge.
A ceux qui ont usurpé les possessions des sanctuaires, il enlève les terres acquises injustement.
Il rebâtit les temples, il répare les rues de Rome, « negligentia superiorum temporum corruptas ».
Il fait rétablir quand elles ont disparu les frontières entre les provinces.
Il rétablit la censure pour refondre la société romaine et redonner aux grands ordres de l’État, « exhaustos caede varia et contaminatos veteri negligentia » , leur ancienne vigueur et leur ancien prestige, en chassant les indignes et en appelant les hommes les plus illustres de l'Italie et des provinces à combler les vides...

En un mot, partout à l'intérieur, il s'efforce de remédier aux erreurs et aux abus d'une mauvaise gestion.
De même, il examine les bienfaits que certaines parties de l'Empire ont reçus de ses prédécesseurs, et s'ils lui semblent dangereux pour l'intérêt supérieur de l’État, comme la liberté de la Grèce ou de Rhodes, il les supprime à la première occasion.
LE POMERUM
Tels semblent être le sens et la raison de sa conduite vis-à-vis de la Commagène. La nouvelle transformation de ce royaume en province n'est pas une conquête, c'est simplement la rentrée dans le droit commini d'une province qui devait à la faveur de Caligula d'avoir une dynastie indigène, et qui pouvait profiter de cette situation exceptionnelle pour compromettre la paix de l'Empire. Il convient, malgré tout, de noter qu'indirectement la suppression de la royauté en Commagène agrandit l'Empire.
Caligula avait donné à Antiochus IV la Cilicia Trachea, jusque là gouvernée par une dynastie indigène. C'est à la suite de l'expédition de Caesennius Paetus que, pour la première fois, cette région fait partie de l'Empire en étant incorporée à une province romaine. D'autres conquêtes, bien plus importantes que l'annexion de la Cilicia Trachea, donnent à Vespasien et à Titus le droit d'agrandir le pomerium de la cité.

Marucchi croit que la phrase « auctis populi romani finibus » se rapporte aux acquisitions faites en Bretagne par Q. Petilius Cerialis. Celui-ci, après avoir vaincu Civilis et les révoltés en Germanie, est parti en 71 pour la Bretagne, où il doit rester jusqu'à 74. Tacite nous raconte qu'il attaque les Brigantes, le peuple le plus nombreux et le plus puissant de la Bretagne, dont la ville principale est Eboracum (York).
Cette campagne assez difficile a pour résultat d'annexer à l'Empire une grande partie du territoire qu'occupe cette tribu : « magnamque Hrigantium partent aut victoria amplextjs est aut hello ».

En même temps que, par ses lieutenants, Vespasien affermit la situation de Rome en Bretagne, son attention se trouve appelée en Germanie.
Le désastre de Varus a porté un coup mortel aux idées d'Auguste et ruiné les projets d'une grande province de Germanie s'étendant jusqu'à l'Elbe : L'empire a été forcé de s'arrêter sur la ligne du Rhin. Claude souligne le recul de la puissance Romaine dans cette région et accentue la portée de la défaite, en ordonnant aux garnisons qui se trouvent sur la rive droite du Rhin de se replier.

Les Romains ne conservent plus à l'est du fleuve que quelques têtes de pont, comme Deutz vis-à-vis de Cologne, Castel en face de Mayence, et quelques possessions dans la vallée inférieure du Main à cause de sa valeur stratégique. Les troupes qui gardent la frontière, rassemblées par grandes unités dans une série de places fortes qui s'échelonnent le long du Rhin de Vindonissa à Xoviomagus (comme Strasbourg, Mayence, etc.), n'ont plus devant elles qu'un territoire occupé par l'ennemi, dont elles ont souvent à repousser les incursions.
C'est à peine si, sur la rive droite, quelques colons Gaulois osent aller s'établir dans les champs Décumates.
La révolte de Civilis en 69, l'appui que lui prêtent les Germains de la rive droite, la défection des légions Romaines, achèvent de ruiner le prestige de l'empire. Il faut des mesures énergiques. Vespasien, dès son arrivée au pouvoir, envoie de nombreuses forces pour rétablir la paix en Germanie, et, le soulèvement des Bataves une fois écrasé, il se décide à reprendre, quoique dans des proportions moins vastes, les projets d'Auguste...

Cette politique nouvelle s'annonce dès l'année 74. Nous connaissons assez mal la marche en avant de la puissance Romaine sur la rive droite du Rhin à cette date, entrevoyant les opérations militaires sans pouvoir en préciser toutes les circonstances. Ce que nous savons seulement c'est que, surtout pendant l'année 74, il y a des hostilités entre Rome et les Germains.
L'existence de ces hostilités est facile à déduire de quelques textes. Un diplôme militaire concernant l'armée de la Germanie Supérieure, daté du 21 mai 74 stipule qu'on accorde aux troupes qui ont accompli leur temps de service, le droit de cité, comme c'est l'usage, mais non la « Jionesta missio »... Si on les retient sous les drapeaux, c'est vraisemblablement qu'on a toujours besoin de leurs services et que le pays est dans une situation encore assez instable pour nécessiter la présence d'une armée la plus nombreuse possible.

Quels sont ceux qui menacent ainsi la paix de l'Empire ?
2 autres inscriptions l'indiquent. Les deux frères, Cn. Domitius Tullus et Cn. Domitius Afer Titius Marcellus Curvius Lucanus sont désignés, chacun dans leur cursus honorum, comme ayant été « praefectus auxiliorum omnium ad- versus Germanos».
Wilmanns pense que cette expédition contre les Germains est celle de 70. L'ordre dans lequel les cursus sont rédigés exclut cette hypothèse. Avant d'être envoyés sur le Rhin, les deux frères ont été « adlecti inter patricios », ce qui nous reporte au temps de la censure de Vespasien et Titus en 73. C'est donc à peu près vers cette époque qu'ils ont pris le commandement des troupes auxiliaires contre les Germains.

CAMP DE LEGION
En 74, Vespasien prend ses XIe (?), XIIe, XIIIe et XIVe salutations impériales et le légat qui commande l'armée de la Germanie Supérieure, Cn. Pinarius Cornelius Clemens, est honoré des ornements triomphaux « ob res in Germania prospere gestas ».

Le résultat de cette campagne et de ces succès est une extension de l'Empire sur la rive droite du Rhin.
M. Zangemeister a démontré que, dès l'année 74, il existe une route romaine allant de Strasbourg à Offenburg, qui a été faite par les soins de Cn. Pinarius Cornelius Clemens. Le pays doit donc se trouver sous l'autorité de Rome.

En même temps, cette prise de possession de quelques territoires à l'Est du Rhin amène l'abandon de la politique de centralisation militaire, et nous voyons bientôt des corps de troupes quitter les camps qui bordent le fleuve pour venir garder les nouvelles conquêtes.

On a découvert, en 1890, à Baden-Baden, plusieurs inscriptions dont l'une mentionne une dédicace à Minerve, faite par un praefectus cohortis V Spano- nim. Cette inscription est très importante : La cohors V Spanorum est mentionnée parmi les auxiliaires de la Germanie Supérieure sur le diplôme du 21 mai 74, le 19 septembre 82, elle figure toujours au nombre des troupes Germaniques. Elle ne reveiendra jamais sur le Rhin, restant attachée à la défense de la Mésie Supérieure.
Venue d'Espagne en 70, vraisemblablement avec les légions qui sont tirées de ce pays pour réprimer la révolte de Civilis elle a dû quitter les bords du Rhin avant 82, probablement vers 80.

L'inscription de Baden-Baden peut donc se dater assez exactement, et il est permis de voir dans cette occupation militaire d'une partie de la rive droite du fleuve une conséquence des événements de l'année 74 et des succès militaires de Cornelius Clemens. Les garnisons, à l'Est du Rhin, ne sont pas bien nombreuses, ni très éloignées du fleuve, nous n'en sommes pas encore au moment où la presque totalité des corps auxiliaires et une bonne partie des légions de la Germanie Supérieure seront répartis en petits détachements le long du Limes.

Les raisons de cette politique nouvelle, qui doit peu à peu aboutir à une occupation de la vallée du Neckar et du cours inférieur du Main en aval de Miltenberg, sont faciles à comprendre.
Arrivant à l'empire après les événements des années 69 et 70, Vespasien, avec son sens pratique, ne peut pas faire fi des enseignements que les faits lui ont donnés.

En 69, c'est à Mayence, aux quartiers d'hiver des IV Macedonica et XXIIa Primigenia qu'ont éclaté la rébellion contre Galba. Ces légions ont entraîné dans leur révolte les autres corps de l'armée du Rhin et déterminé l'avènement de Vitellius à l'empire.

Plus tard, Civilis s'est soulevé, les légions, de gré ou de force, sont passées à sa cause, les Germains de la rive droite ont soutenu l'insurrection et Rome a dû faire un sérieux effort pour rétablir son autorité compromise... La situation sur le Rhin n'en reste pas moins pleine de péril pour l'empereur et pour l'empire Les troupes nombreuses, et groupées, qui, en cas de défection peuvent facilement faire cause commune les unes avec les autres et mettre en quelques heures une grande force armée aux mains des chefs du mouvement, sont redoutables pour l'empereur dont le pouvoir est instable d'autre part la frontière de Germanie, trop isolée, insuffisamment défendue par les grandes places qui sont censées la garder, serrée de près par des ennemis qui attendent l'occasion favorable, est un danger pour l'empire dont l'intégrité est à la merci d'un heureux coup de main.

Les soldats, mécontents du prince, ou les Barbares, avides de pillage, ne voudront-ils pas bientôt renouveler l'expérience de 69 ? Pour des raisons politiques et stratégiques, il est donc nécessaire de transformer les conditions de la défense sur la ligne du Rhin. Vespasien, après avoir réparé le passé, veut assurer l'avenir. Il prend d'abord un certain nombre de mesures pour prévenir le retour immédiat de semblables événements, il casse les légions infidèles, change le système de levée et d'emploi des troupes auxiliaires. Ces mesures ne lui semblent pas encore suffisantes, et, pour étouffer le mal dans sa racine, il rompt avec la politique de défensive et de centralisation militaire. Pensant qu'on peut, en s'inspirant des anciens projets d'Auguste en Germanie, adopter de nouveaux principes qui changeront complètement l'état de choses actuel sur le Rhin et assureront la sécurité de l'Empereur et de l'empire.

Au lieu de laisser les soldats attendre l'ennemi, groupés dans les camps de Mayence et de Strasbourg, Vespasien conçoit l'idée de les employer à de nouvelles expéditions dans le pays d'outre- Rhin. Le moment est propice : Les Germains ont en 70 soutenu Civilis et attaqué le camp de Mayence, il faut les châtier... Par là, en même temps, on inaugure l'occupation formelle, de la région entre le Rhin et le Danube. Les troupes, occupées contre l'ennemi, détournées de la politique, ne penseront plus à faire et à défaire les empereurs.

Plus tard, disséminés en petits détachements, une partie des soldats qui auront pris part à la campagne serviront à garder le pays quand la conquête sera achevée. Vu leur dispersion, il leur sera plus difficile de combiner une action commune comme celle de 69, contre la personne de l'empereur : Et cette acquisition de territoires, en rejoignant les camps du Rhin et ceux du Danube, donne à ces deux frontières une plus grande cohésion et permet aux armées de Germanie et de Rhétie de se prêter un appui mutuel, rapide et efficace contre l'ennemi. Dès lors il est possible de réduire le nombre des corps qui gardent ces contrées, les troupes qui restent, moins nombreuses, mais mieux soutenues et mieux réparties, suffiront à assurer la défense du pays.
L'empire arrive ainsi à un double résultat également appréciable : Sans nuire à sa sûreté extérieure, en consolidant même ses frontières, il économise des forces qu'il emploiera plus utilement ailleurs, en Asie par exemple, d'un autre côté, il conjure les révolutions militaires qui le menacent à l'intérieur.

Il est important de signaler les acquisitions territoriales de Vespasien en Germanie, car elles ont une signification toute particulière pour les rapports futurs entre Rome et les Germains. En reprenant, après les avoir adaptés aux circonstances, les projets d'Auguste, Vespasien a le mérite d'inaugurer une politique, qui, pendant un siècle et demi environ, garantit sur le Rhin l'empire contre les invasions des Barbares, l'empereur contre les révoltes des soldats...
Les conquêtes de Vespasien lui donnent le droit d'élargir le pomerium. La manière dont il use de ce droit est digne de remarque.
Au lieu d'agrandir la ville sur la rive gauche du Tibre, comme ses prédécesseurs l'ont fait, il préfère annexer une partie de la région Transtiberine.
ARGENTORAX / STRASBOURG
L'empire, en Germanie, vient de franchir le fleuve qui semble être sa limite extrême depuis le désastre de Varus et les armées Romaines se sont établies sur la rive droite du Rhin. La cité, elle aussi, traverse le fleuve qui, bien des années, a borné l'extension de sa puissance et elle s'annexait, enfin, une partie de la rive droite du Tibre, si longtemps possédée par les Etrusques de Véies et que l'on appelle encore officiellement, au temps de Vespasien, u ripa Veientana.
Après les terribles commotions de l'année 69, où la puissance romaine a été sur le point de disparaître, il semble qu'un nouvel et brillant avenir se lève sur Rome et sur l'empire Roma resurges.


Trévires et Lingons taillés en pièces, La Legio VIII Augusta s’installe à Mirebeau-sur-Bèze à 25 km à l’Est de Dijon. Implanté en rase campagne, au bord de la Bèze, sur une terrasse en légère déclivité, son camp contrôle les frontières de 3 cités Gauloises : Celle des Lingons, sur le plateau de Langres, celle des Eduéns, à l’ouest de la Saône, et celle des Séquanes, à l’Est.
Un fossé, un rempart de terre ensemencé de gazon et surélevé par une palissade de pieux, des tours de bois défendent un premier camp où les hommes dorment dans leurs papilio… Très vite, la légion remplace ses premières installations par une forteresse en dur qui présente la forme classique d’un rectangle (580x290m) aux angles arrondis et couvre une superficie d’un peu plus de 22 hectares. Une triple défense pare à toute surprise et comprend, de l’extérieur vers l’intérieur :
Un champ de chausses- trappes, creusées dans l’argile. Au fond de chacun de ces lilia un pieu acéré dresse sa pointe vers le ciel.
Un fossé creusé en V, large de 9 mètres et profond de 3 mètres.
Une puissante muraille crénelée (environ 5 mètres de haut et 3,60 mètres jalonnée, tous les 40 mètres, par une tour carrée (4,80m de coté) abritant des scorpio .
Les portes elles-mêmes présentent un aspect formidable : 2 énormes tours en fer à cheval, construites en pierres de taille, dominent, de leurs 9 mètres de hauteur, une chaussée pavée. Dans les étages, des balistes et des scorpions interdissent tout assaut frontal et couvrent une bonne partie du rempart.
Abritant plus de 6 400 hommes, l’intérieur du camp est une vraie ville...
Un hôpital militaire, le valetudinarium avec le service de santé.
Des écuries et services vétérinaires pour les milliers de mules, bœufs, chevaux dont dispose la légion.
Des ateliers. Ces fabricae produisent les armes nécessaires à la légion, réparent, améliorent…ils disposent donc de forges mais aussi de fours d’où sortent les briques et tuiles estampillées au nom de la LEG.VIII AVG.
Les horrea, gigantesques magasins, qui renferment, en principe, un an de vivres. Un légionnaire consommant environ 310 kg de blé par an, les greniers de Mirebeau ont contenu plus de 20 tonnes de blé ! Cette estimation souligne l’énormité des stocks (blé, orge, huile, vin, eau…) indispensables à la bonne marche d’un légion, le problème crucial du ravitaillement et démontre l’importance du rôle économique de la VIIIe dans la région Bourguignonne.
Un ou plusieurs marchés où les soldats peuvent s’approvisionner sous la surveillance des signifer.
Des latrines publiques. Un rapide calcul donne environ 1,5 kg d’excréments par individu et par jour soit plus de 9 tonnes par jour, pour toute la légion. Il faut donc de bonnes installations sanitaires !
Des citernes.
Deux établissements thermaux, l’un à l’intérieur et l’autre à l’extérieur du camp.

Leur alimentation n’apparaît pas si frugale que cela . A coté des produits de leur chasse tels que des cerfs, des blaireaux, et des renards, les légionnaires ajoutent au pain des galettes, des biscuits, du lard, du fromage, des légumes (lentilles, pois, fèves, radis, olives), de la viande de porc, du bœuf, du mouton, ou de la chèvre.
Le porc représente plus de 40% des restes animaux, le bœuf près de 30%, les moutons et les chèvres environ 20%. Ils consomment de l’huile d’olive venue du sud de l’Espagne, du vin de Provence de qualité secondaire, des canards, des pigeons ou des oies agrémentent l’ordinaire.

Les principia, véritable centre administratif au cœur de la forteresse, se dressent au carrefour des via praetoria et principalis. Des portiques bordent tout l’extérieur de ce grand bâtiment carré (85 m de côté) dont l’entrée monumentale s’orne d’un arc et deux petites fontaines.
La porte franchie, une vaste cour bordée de portiques dessert les bureaux des officiers et l’armamentaria. Dans l’axe de l’entrée, quelques marches donnent accès à la basilica, une salle de réunion à 3 nefs séparées par deux rangées de colonnes. Au fond, dans l’axe du bâtiment, se situe la chapelle aux enseignes, un petit temple carré (10x10m) où sont conservées l’effigie de l’Empereur, les enseignes dont l’Aigle, l’argent de la solde et l’épargne des soldats.
Ce camp a donc été le cantonnement de la VIIIe pendant la plus grande partie de la période Flavienne. Quoiqu’on ne puisse la dater avec précision, la fin du séjour de notre légion à Mirebeau paraît contemporaine d’une nouvelle révolte des troupes en Germanie.




Cneus Pinarius Cornelius Clemens — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cneus_Pinarius_Cornelius_Clemens
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À propos de l'extension du Pomerium par Vespasien - Persée
www.persee.fr/doc/mefr_0223-4874_1901_num_21_1_6239
de MA Merlin - ‎1901 - ‎Cité 3 fois - ‎Autres articles
... qui avait été faite par les soins de Cn. Pinarius Cornelius Clemens (5). ... elle figure toujours au nombre des troupes germaniques, mais avec Valet Claudia nova et la ..... Uh., 1658), et môme après la construction du Limes, Baden conserva une ... dans les camps du Limes: vina augusta: Détachement à Osterburken (C. /.

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