16
FEVRIER 2017...
Cette
page concerne l'année 74 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
VESPASIEN
ET L'INVENTAIRE DÉSASTREUX DE SES PRÉDÉCESSEURS.
Cneus
Pinarius Cornelius Clemens, sénateur et consul Romain du Ier siècle.
Dirigeant d'importantes opérations militaires en Germanie entre 72
et 74, peut-être originaire d'Emerita Augusta, capitale de la
province Romaine de Lusitanie. On ignore sa carrière avant le
consulat suffect, autour de 70. Il est ensuite gouverneur de Germanie
supérieure entre 72 et 74, chargé de l'occupation militaire de la
rive droite du Rhin et des Champs Décumates. À cette occasion, il
fait construire une route joignant Argentorate à la Rhétie...
Délégué
à la délimitation de frontière entre les Allobroges de la cité de
Vienne et les Ceutrons, au niveau du Faucigny, à la suite de
tensions qui ont viré au conflit. Une borne frontière est mise en
place au col de la Forclaz-du-Prarion...
Il
reçoit les ornements du triomphe en raison de son action en
Germanie. Confirmé sénateur Romain.
En
70, vraisemblablement consul suppléant (suffectus), puis intendant
des bâtiments sacrés et profanes de Rome.
De
72 à 74, gouverneur et commandant de l'armée de Germanie
supérieure. En 74, il reçoit de l'empereur Vespasien les insignes
du triomphe pour des faits de guerre non précisés en Germanie, sur
la rive droite du Rhin. Il s'agit sans doute de l'occupation des
Champs Décumates (région peu habitée de Germanie Supérieure),
connue sous le nom d' »expédition de Clemens »,
permettant la construction d'une voie de communication plus directe
entre le Rhin et le haut Danube.
Plusieurs
légions participent à cette expédition : Celles de Strasbourg
(la VIIIe) et de Vindonissa (la XIe), ainsi que celles figurant sur
des inscriptions à Augusta Raurica (la legio VII Gemina et la legio
I Adiutrix).
En
1899, on a trouvé au Transtévère, sur l'emplacement de la
basilique de Sainte-Cécile, un nouveau cippe relatif à l'extension
du pomerium par Vespasien. (Dans la Rome antique, le pomerium (ou
pomœrium) est la limite sacrée qui sépare la ville (urbs) de son
territoire (ager) et plus spécialement celle de la cité Romaine. La
notion de pomerium ne s'applique qu'à Rome, aux villes anciennes du
Latium et aux colonies romaines fondées rituellement).
L'inscription, qu'il est facile de compléter, est ainsi conçue :
Pomerium
ampliaverunt terminaveruntque.
Ce
texte est important à un double point de vue : En premier lieu, il
permet de rectifier une opinion couramment admise, suivant laquelle
la rive droite du Tibre serait restée en dehors du pomerium jusqu'au
temps d'Aurélien. Nous savons maintenant que dès le règne de
Vespasien le centre de la région Transtiberine est compris dans le
pomerium.
La
nouvelle inscription contient également au complet les titres portés
par Vespasien. Les 2 cippes que nous connaissions jusqu'ici,
endommagés ou brisée à leur partie supérieure, ne donnent pas le
chiffre de la salutation impériale.
2
campagnes militaires attirent principalement l'attention au début du
règne de Vespasien : La guerre Juive dont la fin est proche, et
l'expédition contre les révoltés de Germanie. Mais ni la prise de
Jérusalem en septembre 70, ni l'écrasement de Civilis à la fin de
la même année n'ajoutent à l'Empire de nouvelles provinces. En
réprimant ces soulèvements, l'empereur ne fait que rétablir la
paix intérieure, il ne recule pas les bornes de la puissance
Romaine. Ces expéditions à elles seules n'auraient point justifié
l'extension du pomerium...
Gatti
et M. Marucchi pensent que la formule « auctis populi romani
flnibus, vise la conquête de la Commagène.
Au
dire de Suétone en effet, Vespasien « Comma g en en ditionis
regiae usque ad id tempus in provinciale] for- mam redegit »)
inscription parcellaire. L'historien Josephe nous fournit à ce sujet
des détails plus circonstanciés. Il nous apprend que cette annexion
a lieu en 72 : Vespasien, craignant les intrigues du roi de Commagène
avec le roi des Parthes Vologase, donne l'ordre au légat de Syrie,
Caesennius Paetus, de le détrôner et la Commagène fait, dès lors,
partie de la province Romaine de Syrie. Est-ce là cependant une
véritable conquête ?
PORTE DU CAMP DE MIREBEAU SUR BEZE |
La
phrase de Suétone n'est pas tout à fait exacte : La Commagène a
déjà été réduite une première fois en province Romaine, sous
Tibère, en 17 mais elle a été rendue par Caligula en 38 au fils du
dernier roi. C'est lui qui règne encore sous le nom d'Antiochus IV
en 72. Dans ces conditions, l'annexion de la Commagène revêt un
caractère spécial. Devenue royaume par la volonté du prince après
avoir été province de l'Empire, elle ne s'est pas complètement
affranchie de la suzeraineté Romaine.
Antiochus
IV n'est pas, aux yeux de Rome, le voisin puissant qui a maintenu ou
reconquis son autonomie par les armes, il ne doit son existence qu'au
bon plaisir de César, il n'a ni une entière indépendance, ni le
droit d'agir à sa guise : C'est un prince sujet, un gouverneur d'un
genre spécial, révocable à volonté, surveillé de près et
responsable de sa gestion devant l'empereur ou ses agents.
En
réalité, à l'avènement de Vespasien, la Commagène fait partie,
au même titre que l'Achaïe ou Rhodes, de cette mosaïque de
provinces, d’États, de villes qui constituent l'Empire et que Rome
s'attache par des liens plus ou moins étroits, depuis la sujétion
la plus stricte jusqu'à une liberté relativement large.
En
53, Claude a donné la liberté aux Rhodiens.
En
67, Néron l'a accordée aux Grecs. Vespasien l'enlève aux uns et
aux autres. On ne pense pas qu'en replaçant ainsi sous l’autorité
directe du peuple Romain la Grèce ou Rhodes. Vespasien agrandit
l'Empire. Il en a été de même pour la Commagène : La seconde
transformation de ce royaume en province n'a été qu'une étape de
la romanisation plus complète de cette région c'est une des mesures
prises par Vespasien pour consolider la domination de Rome en Orient.
Pour
saisir mieux encore la politique de Vespasien à l'égard de la
Commagène, il importe de la rattacher à celle qu'il suit dans
l'administration intérieure de l'Empire.
Après
Caligula, Claude, Néron, 3 princes qui, par leur folie, leur
faiblesse ou leur immense vanité, ont compromis la puissance Romaine
en prodiguant les faveurs ou les immunités, après les événements
des années 68 et 69 qui ont jeté partout le trouble, accumulé les
ruines, favorisé les usurpations des particuliers sur le domaine
public, relâché les liens qui unissent entre elles les différentes
parties de l'Empire, Vespasien se préoccupe avant tout de réparer
ces désastres et de redonner sa force à l’État.
Avec
le bon sens d'un administrateur exact, avec l'application minutieuse
d'un propriétaire qui hait naturellement le désordre et veut que
chacun soit à sa place pour accomplir sa fonction, ce bourgeois de
Réate, que des circonstances heureuses ont porté à l'Empire,
révise les droits de chacun aux faveurs dont il jouit.
Aux
particuliers détenteurs des biens publics, il fait rendre gorge.
A
ceux qui ont usurpé les possessions des sanctuaires, il enlève les
terres acquises injustement.
Il
rebâtit les temples, il répare les rues de Rome, « negligentia
superiorum temporum corruptas ».
Il
fait rétablir quand elles ont disparu les frontières entre les
provinces.
Il
rétablit la censure pour refondre la société romaine et redonner
aux grands ordres de l’État, « exhaustos caede varia et
contaminatos veteri negligentia » , leur ancienne vigueur et
leur ancien prestige, en chassant les indignes et en appelant les
hommes les plus illustres de l'Italie et des provinces à combler les
vides...
En
un mot, partout à l'intérieur, il s'efforce de remédier aux
erreurs et aux abus d'une mauvaise gestion.
De
même, il examine les bienfaits que certaines parties de l'Empire ont
reçus de ses prédécesseurs, et s'ils lui semblent dangereux pour
l'intérêt supérieur de l’État, comme la liberté de la Grèce
ou de Rhodes, il les supprime à la première occasion.
LE POMERUM |
Tels
semblent être le sens et la raison de sa conduite vis-à-vis de la
Commagène. La nouvelle transformation de ce royaume en province
n'est pas une conquête, c'est simplement la rentrée dans le droit
commini d'une province qui devait à la faveur de Caligula d'avoir
une dynastie indigène, et qui pouvait profiter de cette situation
exceptionnelle pour compromettre la paix de l'Empire. Il convient,
malgré tout, de noter qu'indirectement la suppression de la royauté
en Commagène agrandit l'Empire.
Caligula
avait donné à Antiochus IV la Cilicia Trachea, jusque là gouvernée
par une dynastie indigène. C'est à la suite de l'expédition de
Caesennius Paetus que, pour la première fois, cette région fait
partie de l'Empire en étant incorporée à une province romaine.
D'autres conquêtes, bien plus importantes que l'annexion de la
Cilicia Trachea, donnent à Vespasien et à Titus le droit d'agrandir
le pomerium de la cité.
Marucchi
croit que la phrase « auctis populi romani finibus » se
rapporte aux acquisitions faites en Bretagne par Q. Petilius
Cerialis. Celui-ci, après avoir vaincu Civilis et les révoltés en
Germanie, est parti en 71 pour la Bretagne, où il doit rester
jusqu'à 74. Tacite nous raconte qu'il attaque les Brigantes, le
peuple le plus nombreux et le plus puissant de la Bretagne, dont la
ville principale est Eboracum (York).
Cette
campagne assez difficile a pour résultat d'annexer à l'Empire une
grande partie du territoire qu'occupe cette tribu : « magnamque
Hrigantium partent aut victoria amplextjs est aut hello ».
En
même temps que, par ses lieutenants, Vespasien affermit la situation
de Rome en Bretagne, son attention se trouve appelée en Germanie.
Le
désastre de Varus a porté un coup mortel aux idées d'Auguste et
ruiné les projets d'une grande province de Germanie s'étendant
jusqu'à l'Elbe : L'empire a été forcé de s'arrêter sur la ligne
du Rhin. Claude souligne le recul de la puissance Romaine dans cette
région et accentue la portée de la défaite, en ordonnant aux
garnisons qui se trouvent sur la rive droite du Rhin de se replier.
Les
Romains ne conservent plus à l'est du fleuve que quelques têtes de
pont, comme Deutz vis-à-vis de Cologne, Castel en face de Mayence,
et quelques possessions dans la vallée inférieure du Main à cause
de sa valeur stratégique. Les troupes qui gardent la frontière,
rassemblées par grandes unités dans une série de places fortes qui
s'échelonnent le long du Rhin de Vindonissa à Xoviomagus (comme
Strasbourg, Mayence, etc.), n'ont plus devant elles qu'un territoire
occupé par l'ennemi, dont elles ont souvent à repousser les
incursions.
C'est
à peine si, sur la rive droite, quelques colons Gaulois osent aller
s'établir dans les champs Décumates.
La
révolte de Civilis en 69, l'appui que lui prêtent les Germains de
la rive droite, la défection des légions Romaines, achèvent de
ruiner le prestige de l'empire. Il faut des mesures énergiques.
Vespasien, dès son arrivée au pouvoir, envoie de nombreuses forces
pour rétablir la paix en Germanie, et, le soulèvement des Bataves
une fois écrasé, il se décide à reprendre, quoique dans des
proportions moins vastes, les projets d'Auguste...
Cette
politique nouvelle s'annonce dès l'année 74. Nous connaissons assez
mal la marche en avant de la puissance Romaine sur la rive droite du
Rhin à cette date, entrevoyant les opérations militaires sans
pouvoir en préciser toutes les circonstances. Ce que nous savons
seulement c'est que, surtout pendant l'année 74, il y a des
hostilités entre Rome et les Germains.
L'existence
de ces hostilités est facile à déduire de quelques textes. Un
diplôme militaire concernant l'armée de la Germanie Supérieure,
daté du 21 mai 74 stipule qu'on accorde aux troupes qui ont accompli
leur temps de service, le droit de cité, comme c'est l'usage, mais
non la « Jionesta missio »... Si on les retient sous les
drapeaux, c'est vraisemblablement qu'on a toujours besoin de leurs
services et que le pays est dans une situation encore assez instable
pour nécessiter la présence d'une armée la plus nombreuse
possible.
Quels
sont ceux qui menacent ainsi la paix de l'Empire ?
2
autres inscriptions l'indiquent. Les deux frères, Cn. Domitius
Tullus et Cn. Domitius Afer Titius Marcellus Curvius Lucanus sont
désignés, chacun dans leur cursus honorum, comme ayant été
« praefectus auxiliorum omnium ad- versus Germanos».
Wilmanns
pense que cette expédition contre les Germains est celle de 70.
L'ordre dans lequel les cursus sont rédigés exclut cette hypothèse.
Avant d'être envoyés sur le Rhin, les deux frères ont été
« adlecti inter patricios », ce qui nous reporte au temps
de la censure de Vespasien et Titus en 73. C'est donc à peu près
vers cette époque qu'ils ont pris le commandement des troupes
auxiliaires contre les Germains.
CAMP DE LEGION |
En
74, Vespasien prend ses XIe (?), XIIe, XIIIe et XIVe salutations
impériales et le légat qui commande l'armée de la Germanie
Supérieure, Cn. Pinarius Cornelius Clemens, est honoré des
ornements triomphaux « ob res in Germania prospere gestas ».
Le
résultat de cette campagne et de ces succès est une extension de
l'Empire sur la rive droite du Rhin.
M.
Zangemeister a démontré que, dès l'année 74, il existe une route
romaine allant de Strasbourg à Offenburg, qui a été faite par les
soins de Cn. Pinarius Cornelius Clemens. Le pays doit donc se trouver
sous l'autorité de Rome.
En
même temps, cette prise de possession de quelques territoires à
l'Est du Rhin amène l'abandon de la politique de centralisation
militaire, et nous voyons bientôt des corps de troupes quitter les
camps qui bordent le fleuve pour venir garder les nouvelles
conquêtes.
On
a découvert, en 1890, à Baden-Baden, plusieurs inscriptions dont
l'une mentionne une dédicace à Minerve, faite par un praefectus
cohortis V Spano- nim. Cette inscription est très importante : La
cohors V Spanorum est mentionnée parmi les auxiliaires de la
Germanie Supérieure sur le diplôme du 21 mai 74, le 19 septembre
82, elle figure toujours au nombre des troupes Germaniques. Elle ne
reveiendra jamais sur le Rhin, restant attachée à la défense de la
Mésie Supérieure.
Venue
d'Espagne en 70, vraisemblablement avec les légions qui sont tirées
de ce pays pour réprimer la révolte de Civilis elle a dû quitter
les bords du Rhin avant 82, probablement vers 80.
L'inscription
de Baden-Baden peut donc se dater assez exactement, et il est permis
de voir dans cette occupation militaire d'une partie de la rive
droite du fleuve une conséquence des événements de l'année 74 et
des succès militaires de Cornelius Clemens. Les garnisons, à l'Est
du Rhin, ne sont pas bien nombreuses, ni très éloignées du fleuve,
nous n'en sommes pas encore au moment où la presque totalité des
corps auxiliaires et une bonne partie des légions de la Germanie
Supérieure seront répartis en petits détachements le long du
Limes.
Les
raisons de cette politique nouvelle, qui doit peu à peu aboutir à
une occupation de la vallée du Neckar et du cours inférieur du Main
en aval de Miltenberg, sont faciles à comprendre.
Arrivant
à l'empire après les événements des années 69 et 70, Vespasien,
avec son sens pratique, ne peut pas faire fi des enseignements que
les faits lui ont donnés.
En
69, c'est à Mayence, aux quartiers d'hiver des IV Macedonica et
XXIIa Primigenia qu'ont éclaté la rébellion contre Galba. Ces
légions ont entraîné dans leur révolte les autres corps de
l'armée du Rhin et déterminé l'avènement de Vitellius à
l'empire.
Plus
tard, Civilis s'est soulevé, les légions, de gré ou de force, sont
passées à sa cause, les Germains de la rive droite ont soutenu
l'insurrection et Rome a dû faire un sérieux effort pour rétablir
son autorité compromise... La situation sur le Rhin n'en reste pas
moins pleine de péril pour l'empereur et pour l'empire Les troupes
nombreuses, et groupées, qui, en cas de défection peuvent
facilement faire cause commune les unes avec les autres et mettre en
quelques heures une grande force armée aux mains des chefs du
mouvement, sont redoutables pour l'empereur dont le pouvoir est
instable d'autre part la frontière de Germanie, trop isolée,
insuffisamment défendue par les grandes places qui sont censées la
garder, serrée de près par des ennemis qui attendent l'occasion
favorable, est un danger pour l'empire dont l'intégrité est à la
merci d'un heureux coup de main.
Les
soldats, mécontents du prince, ou les Barbares, avides de pillage,
ne voudront-ils pas bientôt renouveler l'expérience de 69 ? Pour
des raisons politiques et stratégiques, il est donc nécessaire de
transformer les conditions de la défense sur la ligne du Rhin.
Vespasien, après avoir réparé le passé, veut assurer l'avenir. Il
prend d'abord un certain nombre de mesures pour prévenir le retour
immédiat de semblables événements, il casse les légions
infidèles, change le système de levée et d'emploi des troupes
auxiliaires. Ces mesures ne lui semblent pas encore suffisantes, et,
pour étouffer le mal dans sa racine, il rompt avec la politique de
défensive et de centralisation militaire. Pensant qu'on peut, en
s'inspirant des anciens projets d'Auguste en Germanie, adopter de
nouveaux principes qui changeront complètement l'état de choses
actuel sur le Rhin et assureront la sécurité de l'Empereur et de
l'empire.
Au
lieu de laisser les soldats attendre l'ennemi, groupés dans les
camps de Mayence et de Strasbourg, Vespasien conçoit l'idée de les
employer à de nouvelles expéditions dans le pays d'outre- Rhin. Le
moment est propice : Les Germains ont en 70 soutenu Civilis et
attaqué le camp de Mayence, il faut les châtier... Par là, en même
temps, on inaugure l'occupation formelle, de la région entre le Rhin
et le Danube. Les troupes, occupées contre l'ennemi, détournées de
la politique, ne penseront plus à faire et à défaire les
empereurs.
Plus
tard, disséminés en petits détachements, une partie des soldats
qui auront pris part à la campagne serviront à garder le pays quand
la conquête sera achevée. Vu leur dispersion, il leur sera plus
difficile de combiner une action commune comme celle de 69, contre la
personne de l'empereur : Et cette acquisition de territoires, en
rejoignant les camps du Rhin et ceux du Danube, donne à ces deux
frontières une plus grande cohésion et permet aux armées de
Germanie et de Rhétie de se prêter un appui mutuel, rapide et
efficace contre l'ennemi. Dès lors il est possible de réduire le
nombre des corps qui gardent ces contrées, les troupes qui restent,
moins nombreuses, mais mieux soutenues et mieux réparties, suffiront
à assurer la défense du pays.
L'empire
arrive ainsi à un double résultat également appréciable : Sans
nuire à sa sûreté extérieure, en consolidant même ses
frontières, il économise des forces qu'il emploiera plus utilement
ailleurs, en Asie par exemple, d'un autre côté, il conjure les
révolutions militaires qui le menacent à l'intérieur.
Il
est important de signaler les acquisitions territoriales de Vespasien
en Germanie, car elles ont une signification toute particulière pour
les rapports futurs entre Rome et les Germains. En reprenant, après
les avoir adaptés aux circonstances, les projets d'Auguste,
Vespasien a le mérite d'inaugurer une politique, qui, pendant un
siècle et demi environ, garantit sur le Rhin l'empire contre les
invasions des Barbares, l'empereur contre les révoltes des
soldats...
Les
conquêtes de Vespasien lui donnent le droit d'élargir le pomerium.
La manière dont il use de ce droit est digne de remarque.
Au
lieu d'agrandir la ville sur la rive gauche du Tibre, comme ses
prédécesseurs l'ont fait, il préfère annexer une partie de la
région Transtiberine.
ARGENTORAX / STRASBOURG |
L'empire,
en Germanie, vient de franchir le fleuve qui semble être sa limite
extrême depuis le désastre de Varus et les armées Romaines se sont
établies sur la rive droite du Rhin. La cité, elle aussi, traverse
le fleuve qui, bien des années, a borné l'extension de sa puissance
et elle s'annexait, enfin, une partie de la rive droite du Tibre, si
longtemps possédée par les Etrusques de Véies et que l'on appelle
encore officiellement, au temps de Vespasien, u ripa Veientana.
Après
les terribles commotions de l'année 69, où la puissance romaine a
été sur le point de disparaître, il semble qu'un nouvel et
brillant avenir se lève sur Rome et sur l'empire Roma resurges.
Trévires
et Lingons taillés en pièces, La Legio VIII Augusta s’installe à
Mirebeau-sur-Bèze à 25 km à l’Est de Dijon. Implanté en rase
campagne, au bord de la Bèze, sur une terrasse en légère
déclivité, son camp contrôle les frontières de 3 cités Gauloises
: Celle des Lingons, sur le plateau de Langres, celle des Eduéns, à
l’ouest de la Saône, et celle des Séquanes, à l’Est.
Un
fossé, un rempart de terre ensemencé de gazon et surélevé par une
palissade de pieux, des tours de bois défendent un premier camp où
les hommes dorment dans leurs papilio… Très vite, la légion
remplace ses premières installations par une forteresse en dur qui
présente la forme classique d’un rectangle (580x290m) aux angles
arrondis et couvre une superficie d’un peu plus de 22 hectares. Une
triple défense pare à toute surprise et comprend, de l’extérieur
vers l’intérieur :
Un
champ de chausses- trappes, creusées dans l’argile. Au fond de
chacun de ces lilia un pieu acéré dresse sa pointe vers le ciel.
Un
fossé creusé en V, large de 9 mètres et profond de 3 mètres.
Une
puissante muraille crénelée (environ 5 mètres de haut et 3,60
mètres jalonnée, tous les 40 mètres, par une tour carrée (4,80m
de coté) abritant des scorpio .
Les
portes elles-mêmes présentent un aspect formidable : 2 énormes
tours en fer à cheval, construites en pierres de taille, dominent,
de leurs 9 mètres de hauteur, une chaussée pavée. Dans les étages,
des balistes et des scorpions interdissent tout assaut frontal et
couvrent une bonne partie du rempart.
Abritant
plus de 6 400 hommes, l’intérieur du camp est une vraie ville...
Un
hôpital militaire, le valetudinarium avec le service de santé.
Des
écuries et services vétérinaires pour les milliers de mules,
bœufs, chevaux dont dispose la légion.
Des
ateliers. Ces fabricae produisent les armes nécessaires à la
légion, réparent, améliorent…ils disposent donc de forges mais
aussi de fours d’où sortent les briques et tuiles estampillées au
nom de la LEG.VIII AVG.
Les
horrea, gigantesques magasins, qui renferment, en principe, un an de
vivres. Un légionnaire consommant environ 310 kg de blé par an, les
greniers de Mirebeau ont contenu plus de 20 tonnes de blé ! Cette
estimation souligne l’énormité des stocks (blé, orge, huile,
vin, eau…) indispensables à la bonne marche d’un légion, le
problème crucial du ravitaillement et démontre l’importance du
rôle économique de la VIIIe dans la région Bourguignonne.
Un
ou plusieurs marchés où les soldats peuvent s’approvisionner sous
la surveillance des signifer.
Des
latrines publiques. Un rapide calcul donne environ 1,5 kg
d’excréments par individu et par jour soit plus de 9 tonnes par
jour, pour toute la légion. Il faut donc de bonnes installations
sanitaires !
Des
citernes.
Deux
établissements thermaux, l’un à l’intérieur et l’autre à
l’extérieur du camp.
Leur alimentation n’apparaît pas si frugale que cela . A coté des produits de leur chasse tels que des cerfs, des blaireaux, et des renards, les légionnaires ajoutent au pain des galettes, des biscuits, du lard, du fromage, des légumes (lentilles, pois, fèves, radis, olives), de la viande de porc, du bœuf, du mouton, ou de la chèvre.
Le
porc représente plus de 40% des restes animaux, le bœuf près de
30%, les moutons et les chèvres environ 20%. Ils consomment de
l’huile d’olive venue du sud de l’Espagne, du vin de Provence
de qualité secondaire, des canards, des pigeons ou des oies
agrémentent l’ordinaire.
Les
principia, véritable centre administratif au cœur de la forteresse,
se dressent au carrefour des via praetoria et principalis. Des
portiques bordent tout l’extérieur de ce grand bâtiment carré
(85 m de côté) dont l’entrée monumentale s’orne d’un arc et
deux petites fontaines.
La porte franchie, une vaste cour bordée de portiques dessert les bureaux des officiers et l’armamentaria. Dans l’axe de l’entrée, quelques marches donnent accès à la basilica, une salle de réunion à 3 nefs séparées par deux rangées de colonnes. Au fond, dans l’axe du bâtiment, se situe la chapelle aux enseignes, un petit temple carré (10x10m) où sont conservées l’effigie de l’Empereur, les enseignes dont l’Aigle, l’argent de la solde et l’épargne des soldats.
Ce camp a donc été le cantonnement de la VIIIe pendant la plus grande partie de la période Flavienne. Quoiqu’on ne puisse la dater avec précision, la fin du séjour de notre légion à Mirebeau paraît contemporaine d’une nouvelle révolte des troupes en Germanie.
La porte franchie, une vaste cour bordée de portiques dessert les bureaux des officiers et l’armamentaria. Dans l’axe de l’entrée, quelques marches donnent accès à la basilica, une salle de réunion à 3 nefs séparées par deux rangées de colonnes. Au fond, dans l’axe du bâtiment, se situe la chapelle aux enseignes, un petit temple carré (10x10m) où sont conservées l’effigie de l’Empereur, les enseignes dont l’Aigle, l’argent de la solde et l’épargne des soldats.
Ce camp a donc été le cantonnement de la VIIIe pendant la plus grande partie de la période Flavienne. Quoiqu’on ne puisse la dater avec précision, la fin du séjour de notre légion à Mirebeau paraît contemporaine d’une nouvelle révolte des troupes en Germanie.
Cneus
Pinarius Cornelius Clemens — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cneus_Pinarius_Cornelius_Clemens
Cet
article est une ébauche concernant l'Empire romain. Vous pouvez
partager vos connaissances en l'améliorant (comment ?) selon les
recommandations des ...
À
propos de l'extension du Pomerium par Vespasien - Persée
www.persee.fr/doc/mefr_0223-4874_1901_num_21_1_6239
de
MA Merlin - 1901 - Cité 3 fois - Autres articles
...
qui avait été faite par les soins de Cn. Pinarius Cornelius Clemens
(5). ... elle figure toujours au nombre des troupes germaniques, mais
avec Valet Claudia nova et la ..... Uh., 1658), et môme après la
construction du Limes, Baden conserva une ... dans les camps du
Limes: vina augusta: Détachement à Osterburken (C. /.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire