dimanche 9 avril 2017

EN REMONTANT LE TEMPS... 66

23 FÉVRIER 2017...

Cette page concerne l'année 66 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LE GÉNÉRAL CORBULON.

CORBULON
Gnaeus Domitius Corbulo (Corbulon), Proconsul, s'illustre dans les combats avec les Parthes, de 58 à 64, pour le contrôle de l'Arménie... Il se suicide sur ordre de Néron, jaloux de ses succès. Mais entre dans l'histoire comme un chef militaire respecté et un dirigeant puissant des provinces Romaines en Asie.

Corbulon naît à Peltuinum, dans les Apennins centraux en Italie, dans la famille des Domitii ou gens Domitia, une famille plébéienne de Rome qui a fourni un grand nombre de consuls et de magistrats à la République. Sa mère est une Vistilia. Son père, qui porte le même nom que lui, entre au sénat comme préteur sous le règne de Tibère. Les débuts de la carrière de Corbulon sont inconnus mais il a été consul sous Caligula en 39... L'empereur devient son beau-frère en épousant Milonia Caesonia, demi-sœur de Corbulon.

Après l'assassinat de Caligula, sa carrière est interrompue jusqu'en l'an 47 lorsque l'empereur Claude le fait commandant des armées de la Germanie Inférieure, dont le camp est basé à Cologne. Avec ce commandement, il devient responsable des légions V Alaudae et XV Primigenia stationnées à Xanten, dans le camp nommé Castra Vetera érigé par les Romains comme base arrière pour les campagnes en Germanie et base de la flotte qui contrôle le Rhin, la XVI Gallica de Neuss, et la I Germanica de Bonn, capitale de la Germanie Supérieure.
La mission est périlleuse : Corbulon a affaire à des rébellions majeures et des manifestations violentes des tribus Germaniques Chérusques dans la région du Weser et des Chauques, sur le littoral nord-ouest.

Pendant sa mission en Germanie, le général ordonne la construction d'un canal entre les fleuves Rhin et Meuse, à leurs embouchures dans les actuels Pays-Bas. Une partie de cet ouvrage d'art connu sous le nom de « Fossa Corbulonis » ou canal de Corbulon a été retrouvée lors de fouilles archéologiques à Leidschendam, près du castellum Matilo proche de la ville de Leyde.
Son cheminement longe le canal « Vliet », construit quelques siècles plus tard. Les archéologues Néerlandais s'accordent pour voir en lui le père du Limes du Vieux Rhin : La plupart des castellum du Vieux Rhin datent de la première moitié du Ier siècle.

Corbulon retourne à Rome et y reste jusqu'en l'an 52, date à laquelle il est nommé gouverneur de la province d'Asie, essentiellement la Phrygie. Depuis que la République Romaine et l'Empire Parthe sont entrés en contact au milieu du Ier siècle av. J.-C., des frictions ont lieu à propos du contrôle des divers États Orientaux les séparant. Le plus important d'entre eux est le royaume d'Arménie.

En 20 av. J.-C., Auguste en fait un protectorat quand Tigrane III monte sur le trône. L'influence de Rome y est solide jusqu'en 37, lorsqu'un candidat soutenu par les Parthes revendique le trône.

Jusqu'en 54, coups de forces et luttes d'influence se succèdent pour le contrôle de l'Arménie. À cette date, le nouveau roi des Parthes, Vologèse Ier de Parthie conquiert les 2 capitales, Artaxate et Tigranocerte et met sur le trône son jeune frère Tiridate... Au même moment, Claude meurt, et son beau-fils Néron devient empereur.
L'implantation des Parthes dans une zone que les Romains regardent comme faisant partie de leur sphère d'influence est considérée comme un test majeur des capacités du nouvel empereur. Aussi, Néron réagit-il vigoureusement, nomme Corbulon commandant suprême en Orient et l'envoie dans les provinces de l'Est régler le problème de l'Arménie. En lui confiant le contrôle de la Cappadoce et de la Galatie (l'Anatolie), à Corbulon avec autorité proprétoriale puis proconsulaire (imperium).
Bien que la Galatie est considérée comme un bon terrain de recrutement (région d'origine de la Legio XXII Deiotariana) et que la Cappadoce fournit quelques unités d'auxiliaires Romains, l'essentiel des forces disponibles proviennent de Syrie.

Initialement, les Romains espèrent résoudre la situation par des moyens diplomatiques : Corbulon et Ummidius Quadratus, le gouverneur de Syrie, envoient des ambassades à Vologèse, lui proposant d'envoyer quelques otages, comme le veut la coutume Vologèses, lui-même préoccupé par la révolte de son fils Vardanès, et forcé de retirer ses troupes d'Arménie, les fait prisonniers...
Une période d'inactivité s'ensuit, bien que la question Arménienne reste en suspens. Corbulon utilise ce calme pour restaurer la discipline et améliorer la préparation au combat de ses troupes qui vivent depuis longtemps dans les garnisons tranquilles de l'Orient. D'après Tacite, Corbulon démobilise tous les légionnaires trop âgés ou affaiblis, maintient l'armée entière sous des tentes pendant l'hiver rude du plateau Anatolien pour les préparer à la neige d'Arménie, et fait respecter une discipline sévère, punissant de mort les déserteurs... Prenant soin de rester présent au milieu des troupes et d'en partager la dure existence. Cependant, Tiridate, appuyé par son frère, refuse de se rendre à Rome, et même lance des actions dans des opérations contre les Arméniens qu'il soupçonne de loyauté envers Rome. La tension monte, et finalement, au début du printemps 58, la guerre éclate...

Corbulon est prêt, ayant entraîné son armée pendant 2 ans. Il a 3 légions à disposition, les III Gallica et VI Ferrata de Syrie et la IV Scythica, leurs auxiliaires et les contingents alliés des rois Orientaux comme Aristobule d'Arménie Mineure et Polémon II du Pont. La situation est favorable pour les Romains : Vologèse fait face à une grave révolte des Hyrcaniens dans la région de la mer Caspienne ainsi que les incursions des nomades Dahae et Sacae d'Asie centrale, il est incapable de venir en aide à son frère.

Tiridate réagit en envoyant des émissaires pour demander les raisons de cette attaque alors que des otages ont été échangés. Corbulon renouvelle son exigence que Tiridate sollicite la reconnaissance de sa couronne auprès de l'empereur. Finalement, les 2 camps s'accordent sur une rencontre. Tous deux sont supposés s'y rendre avec seulement 1 000 hommes, mais Corbulon, ne se fiant pas à Tiridate, décide de prendre avec lui non seulement la IV Ferrata, mais aussi la moitié de la III Gallica.

Tiridate se rend au lieu convenu, mais apercevant les Romains en ordre de bataille, méfiant, il n'approche pas et s'enfuit pendant la nuit. Lançant des raids sur les équipements de l'Armée qui parviennent de Trapezus sur la mer Noire, sans effet, les Romains ayant barré les routes de montagnes avec des fortins.
Tiridate est contraint d'affronter les Romains avec son armée, quand ils s'approchent de la capitale Artaxate. La colonne Romaine, renforcée par un vexillation de la X Fretensis, marche en « carré », supportée par les cavaliers et les archers auxiliaires. Les Romains avancent sous l'ordre strict de ne pas rompre la formation, et malgré des attaques répétées et retraites feintes des archers Parthes à cheval, ils tiennent jusqu'à la tombée de la nuit. Pendant la nuit, Tiridate retire son armée, abandonnant sa capitale... Les habitants se rendent sans délai et peuvent s'enfuir sans mal, la ville est incendiée, les Romains ne pouvant y laisser une garnison.

En 59, les Romains marchent en direction de Tigranocerte, la seconde capitale de l'Arménie. L'armée souffre du manque de provisions, particulièrement d'eau, dans les terres arides du Nord de la Mésopotamie, jusqu'à ce qu'ils atteignent une zone plus hospitalière près de Tiganocerte.
Au même moment, un complot pour assassiner Corbulon est découvert, dans lequel des notables Arméniens ralliés sont impliqués.

Peu après, une tentative de l'armée Parthe, commandée par Vologèse, de pénétrer en Arménie est bloquée par les auxiliaires, sous le commandement de Verulanus Severus.
Les Romains contrôlent maintenant l'Arménie, et ils installent son nouveau roi, Tigrane VI, le dernier descendant des rois de Cappadoce. Les Romains sont conscients que leur victoire est fragile. Malgré sa réticence à s'attaquer à Rome, Vologèse est forcé d'agir quand en 61, Tigrane envahit l'Adiabène, une importante région du royaume de Parthie.

En réponse, Corbulon renvoie les légions IV Scythica et XII Fulminata en Arménie, pendant qu'il dispose ses 3 autres légions (III Gallica, VI Ferrata et XV Apollinaris) pour fortifier la ligne des rives de l'Euphrate, craignant que les Parthes puissent envahir la Syrie.
Au même moment, il implore Néron de nommer un légat pour la Cappadoce, avec la responsabilité de conduire la guerre en Arménie.

Le légat pour la Cappadoce arrive, dans la personne de Lucius Caesennius Paetus ; le consul Romain de l'année précédente, reçoit l'ordre de régler la question en ramenant l'Arménie sous administration directe de Rome. Pendant ce temps, la protection de la Syrie réclame toute l'attention de Corbulon. Il crée une flottille de combat équipée avec des catapultes, construit un pont sur l'Euphrate lui permettant de prendre pied sur la rive Parthe. Aussi ils abandonnent leur visées sur la Syrie et se tournent vers l'Arménie.

En 62, Paetus subit une cuisante défaite à Rhandeia : Encerclé avec ses 2 légions Corbulon, conscient du danger ne se met pas en route immédiatement au point d'être critiqué de le faire intentionnellement, quand l'appel au secours arrive, il part avec la moitié de ses troupes Syriennes et regroupe les troupes dispersées de Paetus. Mais il ne peut empêcher la capitulation de Paetus. Le traité qu'il signe, humiliant pour Rome devant abandonner tout le territoire et ses troupes humiliées forcées de faire un triomphe à Vologèse.

En 66, Tiridate reçoit sa couronne des mains de Néron qui l'accueille somptueusement et en tire un triomphe personnel : Il est salué comme imperator et organise un Triomphe. Il ordonne que les portes du temple de Janus soient closes, déclarant que la paix règne dans tout l'Empire...
Dans le jugement des générations suivantes, « Néron sera celui qui a perdu l'Arménie ».

Rome n'a en fait pas d'alternative aux candidats Arsacides et, en dépit d'une allégeance formelle, l'Arménie reste dans l'orbite Iranienne.
Corbulon est aussi célébré et honoré par Néron, bien que sa popularité dans l'Armée en fait un rival potentiel. Cette guerre incertaine fait prendre conscience à Rome que le système défensif mis en place aux frontières de l'Orient par l'empereur Auguste est défectueux... Aussi, une réorganisation majeure est engagée : Les royaumes clients du Pont et de Colchide en 64, Cilicie, Commagène et Arménie mineure en 72 sont transformées en provinces Romaines, le nombre de légions stationnées est accru, et la présence romaine dans les États clients d'Ibérie et d'Albanie est renforcée, dans le but stratégique d'encercler l'Arménie.
Enfin, les œuvres de Corbulon, apportent à l'empire Romain un contrôle direct sur la ligne entière de l'Euphrate, marquant le début du limes oriental qui survivra jusqu'à la conquête musulmane du VIIe siècle...

En l'an 67, des révoltes éclatent en Judée (rebaptisée plus tard Palestine par les vainqueurs Romains) mais Néron, jaloux du succès et de la popularité de Corbulon, ordonne à Vespasien de prendre le commandement des forces romaines et appelle Corbulon en Grèce.

D'après Tacite, à son arrivée à Cenchreae, port de Corinthe, les messagers de Néron rencontrent Corbulon et lui ordonnent de se suicider, ordre auquel il obéit.
Pour Dion Cassius, Corbulon, pensant qu'il va être exécuté, prend les devants.
La Syrie, menacée par Vologèse, est dans une situation plus critique : Il ne néglige rien pour la fortifier.
De son côté, Tigrane, le protégé de l'empereur, a occupé Tigranocerte, place très forte, remplie de soldats et de munitions. Les Parthes tentent inutilement de s'en rendre maîtres.
Corbulon, malgré ses succès, croit qu'il faut montrer de la modération, il demande qu'on lève le siège, menaçant, en cas de refus, d'aller camper sur les terres des ennemis.
Le roi des Parthes, après avoir bien considéré l'état des choses, répond qu'il va députer à l'empereur des Romains pour demander l'Arménie et consolider la paix... les Parthes recommencent ouvertement la guerre. Corbulon, qui n'a jamais négligé la rive de l'Euphrate, y ajoute de nouvelles fortifications. De peur que la cavalerie ennemie ne vienne troubler la construction d'un pont qu'il jette sur le fleuve, il fait avancer de très grands navires qu'il joint par des poutres et qu'il renforce de tours, mettant le désordre parmi les barbares en les assaillant de pierres et de javelots lancés par des balistes et des catapultes.
Le pont étant achevé, le général Romain fait occuper les collines opposées par · les cohortes des allies et des légions avec tant de célérité et d'appareil de forces , que les Parthes renoncent à leur projet d'envahir la Syrie, et tournent vers l'Arménie toutes leurs espérances.

Pœtus chargé par Néron de la défendre, s'en acquitte fort mal de cette commission. Paetus, présomptueux rival et même détracteur de Corbulon, se voit forcé de l'appeler à son secours contre Vologèse qui le presse de tous côtés. Corbulon lui envoie d'abord 1 000 légionnaires et 800 chevaux, ensuite, ayant laissé en Syrie une partie de ses troupes pour garder ses retranchements aux bords de l'Euphrate, il se dirige vers l'Arménie.
Bientôt, instruit du danger où se trouve l'armée Romaine, il précipite sa marche. 20 000 légionnaires sont assiégés dans leur camp par le roi des Parthes, à la tête de toutes ses forces, Paetus, en attendant Corbulon,entame des négociations avec Vologèse : Les Parthes lèvent le siège.
Les Romains évacuent entièrement l'Arménie.
Vologèse a la possibilité d'envoyer à Néron des ambassadeurs.
La retraite de l'armée de Paetus ressemble à une fuite par sa précipitation et la confusion qui y règne. Corbulon va à sa rencontre sur les bords de l'Euphrate, mais, par générosité, il ne veut pas que son armée, toujours victorieuse, se montre dans tout l'éclat de ses armes et de ses décorations.

Les 2 généraux ont une courte entrevue, Corbulon se plaint de l'inutilité de tant de fatigues, il ajoute que, dans l'incertitude où il est de leurs nouveaux projets, il va regagner la Syrie.
Il est convenu que Tiridate dépose au pied de l'effigie de Néron toutes les décorations royales, pour ne les reprendre que de la main de l'empereur, ce qui est ponctuellement exécuté. Ainsi les Romains doivent à la valeur, à l'habileté de Corbulon, d'avoir en spectacle, à Rome, le frère du roi des Parthes, recevant des mains de Néron la couronne d'Arménie.
Au milieu de tant de gloire, Corbulon toujours inviolablement fidèle à l'empereur en a toute la confiance.
Ce prince lui écrit une lettre remplie de témoignages d'estime et d'amitié, l'appelant son bienfaiteur et son père...
Il l'invite à se rendre en Grèce pour le voir, le général se met en route sans défiance... A peine est-il arrivé à Corinthe, que Néron, dans un de ces caprices de cruauté qui lui sont si familiers, expédie des ordres pour qu'on le mette à mort. Corbulon, instruit de ces ordres, en prévient l'exécution en se perçant de son épée.
Suivant l'historien Dion, à ce dernier moment il déclare : « Je » mérite bien de mourir, » se reprochant sans doute de n'avoir pas mieux jugé Néron. Ainsi périt, l'an 67 de J.-C., le plus grand guerrier de son siècle, et l'un des hommes les plus vertueux. Corbulon a composé des mémoires sur les guerres qu'il a faites, dans le genre des Commentaires de César : Il n'en est rien resté.

Roma Aeterna

https://books.google.fr/books?id=rdoUAAAAIAAJ
[Anonymus AC02775058] - 1963
regardèrent avec ébahissement la caravane de Tiridate, la plus longue qu'eût ... d'une pompe insolite et, dans le Forum, il s'agenouilla aux pieds de Néron.

Biographie universelle, ancienne et moderne, ou histoire, par ordre ...

https://books.google.fr/books?id=Bk6nfBkgtDgC
1813
Neron sentit la dérision des barbares, qui demandaient ce qu'ils avaient pris. ... Il fut convenu que Tiridate déposerait au pied de l'effigie de Néron toutes les ...

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