samedi 29 avril 2017

EN REMONTANT LE TEMPS... 58

2 MARS 2017...

Cette page concerne l'année 58 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

L’ÉPÉE DE DAMOCLÈS SUR LA TÊTE DE SAINT PAUL


SAINT PAUL
« L’année à peine a fini sa carrière et je viens, seul, m’asseoir… » Oui, l’année Saint-Paul va prendre fin et la nostalgie de ce géant nous afflige. Surtout lorsque l’on considère ses labeurs et la dette que nous lui devons. Sans compter l’ingratitude des hommes à son égard. Seul Dieu et Jésus-Christ doivent être sa récompense.
Pour s'en convaincre, il suffit de relire son arrestation. C’est un passage peu glorieux pour l’Église de Jérusalem que ce chapitre 21 des Actes (versets 17 à 40), ainsi que le chapitre suivant.
Il faut oser le dire, même si l’on peut toujours justifier le mal par un recours à une permission divine et, tant qu’on y est, assurer les scrupuleux qu’il en est sorti un plus grand bien (air connu) !

Saint-Paul débarque à Jérusalem de sa 3e tournée apostolique. Il vient tout juste de ressusciter un mort à Troas. Il apporte aux chrétiens démunis de la Ville Sainte une somme d’argent considérable, collectée depuis des années, suite aux résolutions pastorales du « concile » de Jérusalem en 49.

On aurait du l’accueillir en héros et en bienfaiteur insigne… C’est le cas, au début. Les « frères » le reçoivent avec plaisir. Le lendemain, comme de juste, il se rend chez l’évêque du lieu, le célèbre Jacques, cousin du Seigneur. Ce dernier a réuni tous ses prêtres, les anciens. Paul raconte ses campagnes apostoliques et la conversion massive des gentils. Tous glorifient Dieu et l’on peut légitimement imaginer des applaudissements, que Paul mérite amplement.

Jusque-là, tout va bien. Mais ils commencent à lui raconter que les juifs aussi, convertis par myriades sont tous zélateurs de la Loi. Très délicats à l’égard de Paul, l’Apôtre des gentils et choisi par Dieu pour cela. Or, poursuivent-ils, ils savent que toi tu enseignes de déserter Moïse, de ne pas se faire circoncire et d’abandonner les coutumes.
Les faits sont vrais mais le reproche parfaitement illégitime : Le concile de Jérusalem n’a pas demandé la circoncision, encore moins d’être « zélateur » de Moïse.
Il n’a gardé, dans une liberté générale à l’égard de la Loi, que les 4 prohibitions des idolothytes, du sang, des viandes étouffées et de la fornication (porneia).

Il faut comprendre ces prescriptions pour saisir l’attitude de Jacques d’abord et de Paul ensuite. Ce sont les ordonnances imposées par les juifs aux « justes parmi les nations » c’est-à-dire à ces païens qui reconnaissent le Dieu d’Israël comme véridique et unique. Ils ont leur parvis à part de celui des israélites dans le temple et participent également aux instructions dans les synagogues de la diaspora. On n’exige pas d’eux qu’ils pratiquent la loi de Moïse, imposées aux seuls juifs.
SAÜL DEVENANT PAUL
Mais ils doivent s’abstenir :
De manger les viandes des bouchers précédemment offertes aux idoles (risque de participer à leur ancienne idolâtrie),
Du sang (des viandes non saignées d’abord et donc étouffées) parce que les juifs considèrent le sang comme le siège de l’âme, ou l’âme elle-même et par là la communication du souffle divin de la vie.
Pour finir, de laisser tomber toute fornication, rituellement associée au culte des idoles (tous ces cultes se terminent par des orgies », témoignage évident de la signature du diable).
Ces 4 interdictions sont particulièrement judicieuses pour ces « israélites » du dehors, en particulier l’interdiction de toute fornication, véritable caractéristique d’un païen. Un très bon rempart contre tout retour aux idoles, par le respect imposé de la vie comme don du Dieu unique.

L’idée de Jacques de Jérusalem est d’imposer ces normes aux chrétiens convertis du paganisme, de la gentilité. Au fond, il considère qu’un chrétien non juif est aux judéo-chrétiens ce que les justes parmi les nations sont aux véritables israélites.
Il réussit à imposer cette pratique comme officielle puisqu’elle figure dans les actes du concile de Jérusalem (Ac 15, 29). On mesure le glissement de terrain qui risque de s’opérer dans l’Église du Christ si, de simple pastorale immédiate, elle devient un fondement dogmatique. Il y a à terme des chrétiens à 2 vitesses, de 2 espèces différentes. Qu’il ait fallu, au début de l’Église et dans des populations chrétiennes essentiellement Juives, prendre des mesures pastorales pour ne scandaliser personne et mieux convertir au Christ : Soit ! Mais qu’on érige ces directives en obligation auprès de populations étrangères au judaïsme, c'est pastoralement nul et dogmatiquement catastrophique... C'est placer Moïse au dessus du Christ.

Saint Paul peut-il s’affranchir si aisément de l’autorité du concile de Jérusalem, ce qu’il fait en effet. Oui, et pour plusieurs raisons, chacune suffisante.
Le décret de Jérusalem n’est pas universel puisqu’il s’adresse aux églises d’Antioche, de Syrie et de Cilicie (Ac 15, 23). Parce qu’aussi bien l’épître aux galates (2, 2) fait mention d’une réunion particulière des apôtres, avant les débats publics du concile, au terme de laquelle et dans une chaleureuse poignée de mains, les « colonnes » de l’Église n’imposent pas à Saint-Paul ces conditions et lui demandent simplement d’avoir à se souvenir des pauvres de Jérusalem.

LA CONVERSION DE PAUL
Ce qui explique la véritable obsession de l’Apôtre, toute sa vie durant, de subvenir aux besoins de l’Église-mère. (Il en sera bien mal récompensé !) Enfin, parce que ce concile est purement pastoral, ce que l’arrangement de Saint-Paul avec Pierre, Jacques et Jean prouve évidemment, et que l’Apôtre saisit d’instinct qu’une mesure bénéfique à Jérusalem ou à Antioche peut devenir nuisible et dangereuse à Corinthe ou à Éphèse.
Pire, on risque immédiatement les plus graves abus (circoncision, sabbats et autres) et que ce glissement pastoral devienne alors une véritable hérésie létale au Christianisme.
Saint-Paul ne respecte donc pas ces remparts pastoraux, comme en témoigne la 1ère lettre aux Corinthiens en ce qui concerne les idolothytes.
L’Apôtre en fait une question de conscience personnelle, (ne pas scandaliser l’entourage) ce qu’elle est tout à fait en matière pastorale. En revanche, agiter ces questions comme une nécessité pour être chrétien, pour se sauver, constitue, non pas seulement une faute pastorale, mais une véritable hérésie sur la vrai nature du salut apporté par le Seigneur. « Passer à un autre Évangile », tout simplement.
La joie du presbyterium jérosolomitain à constater que tous les juifs convertis sont zélateurs de Moïse est simplement malsaine.

Qu’il s’agisse bien d’un grave reproche envers Paul ne fait pas l’ombre d’un doute, comme en témoigne la suite : Ils lui citent les 4 conditions du concile qu’il n’observe pas. Pas de doute possible : 2 000 ans avant Benoît XVI, Saint-Paul se permet une herméneutique du concile et s’occupe d’une réception authentique.
Que faire, donc ?
L’histoire est un éternel recommencement. Quoi qu’il en soit, cela va lui coûter 4 années de réclusion. Il aurait même dÜ y laisser sa peau…
Aussi proposent-t-ils sans vergogne à Saint-Paul, devant la rage des Juifs (non chrétiens) de la ville, attisée, comme on s’en doute, par le sanhédrin et son grand-prêtre Ananie, de se prêter à une véritable mascarade.
Pour éviter la haine meurtrière des Juifs, dès qu’ils apprennent l’arrivée de Paul en ville, il doit les amadouer en parrainant ostensiblement 4 « naziréens ». De quoi s'agit-il, direz-vous ?

Vous-vous souvenez de Sanson, le lion, sa mâchoire d’âne, ses longs cheveux, les Philistins et Dalila…Vous y êtes.
Il s’agit pour Saint-Paul de se promener 7 jours durant dans le Temple avec ses filleuls, hirsutes et crasseux, d’accomplir les purifications légales, de payer leur offrande au trésor pour s’affranchir de ce vœux de 30 jours ( eh bien voyons, c’est tout naturel). Le stratagème n’a même pas marché 8 jours (AC 21, 27 et suivants). La haine des Juifs est telle (calomnie à l’appui, comme cette pseudo introduction dans le temple d’un certain Trophime d’Ephèse) que, sauf intervention du tribun, des centurions et de la troupe, Saint-Paul était lapider comme Saint-Étienne et aussi vite.
Imaginez cette haine : « Ôte de la terre un pareil homme, il ne mérite pas de vivre » ! Les actes signalent deux tentatives (ratées) de meurtres entre Jérusalem et Césarée… C’est l’armée Romaine qui sauve Paul des sicaires Juifs.
Bien-sûr la Providence veille. Cette scandaleuse mascarade a pour effet le splendide procès de l’Apôtre devant le sanhédrin, les sublimes témoignages de l’Apôtre devant Felix le Tribun, Drusilla sa femme, Aggripa le roi, Bérénice son épouse et finalement Festus.

Jésus apparaît Lui-même à Paul pour lui signifier qu’il doit rendre témoignage à Rome, ce qui va le décider de faire appel à César.
Mais les faits sont là, têtus.

« Au reste, que personne désormais ne me suscite de tracasseries, car je porte sur mon corps les cicatrices de Jésus ».

Le lendemain de l’arrestation de Paul, le tribun Lysias veut savoir de quoi les Juifs accusent le prisonnier et il le fait comparaître devant le Sanhédrin.
Au début de la rencontre, oublieux de sa dignité et du respect qu’il doit avoir envers l'accusé, « le grand prêtre Ananie ordonne à ses assistants de le frapper sur la bouche ». (Actes 23, 2) C’est l’insulte suprême. Paul, qui a le sang bouillant, crie à Ananie : « C’est Dieu qui te frappera, toi, muraille blanchie. Eh quoi ! Tu sièges pour me juger d’après la Loi, et, au mépris de la Loi, tu ordonnes de me frapper ! ». (Actes 23, 3) Les Pharisiens qui ont perdu tout sens moral approuvent l'acte du grand-prêtre, et considèrent la leçon de Paul comme un sacrilège.
L'image de « muraille blanchie » caractèrise bien ce Grand-Prêtre, ce personnage en pleine déchéance, qui essaie de simuler la vertu, l'honnêteté et la droiture, alors qu'intérieurement il est pervers et pourri.

Face au Sanhédrin composée de Pharisiens et de Sadducéens, dans une intuition subite, Paul utilise l'avantage que lui offre la situation, et soulève le problème de la résurrection.
Il lance alors cette simple phrase : « Frères, c'est à cause de l'espérance en la résurrection des morts que je suis mis en jugement. » Les Sadducéens éclatent de rire et les Pharisiens qui croient à la résurrection commencent à se disputer avec les Sadducéens. Toute la procédure dégénère en une dispute théologique, et les 2 partis en viennent aux mains. Certains rabbins respectables se déclarent même ouvertement en faveur de Paul.
Lysias, le représentant de Rome, qui ne comprend rien à ce débat théologique et a peur pour la vie de son prisonnier, appelle la garde, et le fait conduire en lieu sûr.
« C'est à peine si je l'ai pu arracher de force à leurs mains », écrit-il à ce propos dans sa lettre au gouverneur Félix (manuscrit de Bèze).

La situation de Paul est très délicate. Seule, la force militaire des Romains peut encore le sauver. Il s'aperçoit qu'en raison de la partialité du tribunal, la justice est impossible. C'est alors qu'il prend la résolution de s’en remettre à la justice Romaine.
Jusqu'à présent, il s'est toujours considéré comme un membre de droit de la race Juive, et il s'est soumis à plusieurs reprises à la juridiction juive. Maintenant, voyant qu’il lui est impossible d’être jugé équitablement chez les Juifs, il se détache définitivement de son peuple, politiquement et juridiquement, et va se soumettre à la loi et à la puissance de Rome.

Le lendemain de la réunion du Sanhédrin, une quarantaine de Zélotes s'engagent par vœu à ne plus manger ni boire avant d'avoir assassiné Paul.
Ils décident de lui tendre un piège et mettent le Sanhédrin au courant de leur complot en demandant sa participation. A quelle déchéance est parvenu le plus haut tribunal juif !
« Lorsqu’il fait jour, les Juifs tiennent un conciliabule, où ils s’engagent par anathème (c’est-à-dire en appelant sur eux la malédiction divine s’ils manquent à leur engagement) à ne pas manger ni boire avant d’avoir tué Paul.
Ils sont plus de quarante à avoir fait cette conjuration.
LA CONVERSION DE PAUL.
Ils vont trouver les grands prêtres et les anciens, et leur disent : « Nous nous sommes engagés par anathème à ne rien prendre avant d’avoir tué Paul. Vous donc maintenant, d’accord avec le Sanhédrin, expliquez au tribun qu’il doit vous l’amener, sous prétexte d’examiner plus à fond son affaire. De notre côté, nous sommes prêts à le tuer avant qu’il n’arrive. » (Actes 23, 12-15)

Heureusement, le service de renseignements des chrétiens est vigilant. Le neveu de Paul est mis au courant du complot et sa sœur l’envoie porter la nouvelle à la forteresse.
Il reçoit la permission de voir Paul et lui fait part de la situation. Entendant cela, Paul prie le centurion de faire conduire son neveu immédiatement devant Lysias.
C'est ainsi qu’avant de recevoir les délégués du Sanhédrin, le commandant de la forteresse est mis au courant de l'assassinat prémédité. Le jeune homme lui dit :
«Les Juifs se sont concertés pour te prier d’amener Paul, demain au Sanhédrin, sous prétexte d’enquêter plus à fond sur son cas. Ne vas pas les croire. Plus de quarante d’entre eux le guettent, qui se sont engagés par anathème à ne pas manger ni boire avant de l’avoir tué. (Actes 23, 20)
Le tribun a dorénavant une raison suffisante pour remettre le procès entre les mains du procureur Romain à Césarée et donne l’ordre de transférer le prisonnier à la faveur de la nuit :
« Le tribun appelle 2 centurions et leur dit : « Tenez-vous prêts à partir pour Césarée, dès la 3e heure de la nuit, 200 soldats,70 cavaliers et 200 hommes d’armes. Qu’on ait aussi des chevaux pour faire monter Paul et le conduire sain et sauf au gouverneur Félix. » (Actes 23, 23-24)

À l'aube du jour suivant, la petite troupe est rendue à mi-chemin. On s'arrête à Antipatris, et Paul a l’occasion de se reposer pendant quelques heures.
Tout danger ayant disparu, la majeure partie de l'escorte retourne à Jérusalem et seul le détachement de cavalerie accompagne l'apôtre jusqu'à Césarée.
Le port de Césarée, qui a reçu son nom de son constructeur Hérode le Grand, en l’honneur de l’empereur César, sert aux Romains de base de ravitaillement et de centre militaire pour la région. La ville abrite une garnison de 5 cohortes et un escadron de cavalerie.
Par leurs impôts, les Juifs paient eux-mêmes l'entretien de ces troupes qui les tiennent en servitude. D'où la haine des Juifs envers cette taxe payée à Rome et la question posée à Jésus : « Doit-on payer le tribut à César ? »
Le procureur vit dans le luxe du palais royal. Les prisonniers de marque sont conduits au poste de garde de l'état-major, situé dans le palais même. Le capitaine de l'escadron remet au procureur Antoine-Félix le rapport de Lysias, et lui présente son prisonnier.
En présence de Paul, Félix lit à haute voix la lettre de Lysias. Elle est un modèle tout à fait romain de précision, d'objectivité et de clarté se déclarant favorable au prisonnier : Il ne s'agit que d'une affaire religieuse juive. Comme Paul vient de Cilicie, une province impériale, le tribunal du procureur impérial est compétent en la matière.
Félix dit alors à Paul :
« Je t'entendrai, quand tes accusateurs seront arrivés, eux aussi. Et il le fait garder dans le prétoire d’Hérode ». (Actes 23, 35)




Paul et le Sanhédrin - Vie et voyages de saint Paul,51
www.cursillos.ca › La foi en action › Sur les pas de saint Paul
Le lendemain de l'arrestation de Paul, le tribun Lysias voulut savoir de quoi les Juifs accusaient le prisonnier et il le fit comparaître devant le Sanhédrin.
Termes manquants : année

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15 déc. 2008 - L'année à peine a fini sa carrière et je viens, seul, m'asseoir… » Oui, l'année Saint-Paul va prendre de fin et la nostalgie de ce géant nous ..

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