dimanche 6 novembre 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 205

12 OCTOBRE 2016...

Cette page concerne l'année 205 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

ELEVATION FULGURANTE ET CHUTE D'UN PRÉFET.


FRESQUE DE DIGNITAIRES DE ROME
Alors que l'affirmation militaire de la monarchie est indéniable, on observe également une consolidation civile du pouvoir qui se manifeste dans l'entourage de l'empereur.
En effet, ce dernier a su s'entourer d'une cour importante constituée, outre d'Italiens, moins prospères que lors des deux siècles précédents, d'Africains mais également d'Orientaux originaires de Syrie, leurs statuts sont divers...
L'activité civile de Septime s'exprime également dans ses voyages de 199 à 203, lors d'un périple en Orient, il coupe la Syrie, (dont son épouse est originaire), en deux provinces, son but est de soulager le travail trop important du gouverneur, mais également d'éviter toute tentative de coup d'État en divisant le pouvoir de chaque gouverneur, et donc de leurs légions. En Afrique, il crée officiellement la province de Numidie, puis il visite l’Égypte, y rend hommage à la dépouille embaumée d’Alexandre le Grand et remonte le Nil jusqu’à Thèbes. Il proclame l'Égypte province libre d'Empire et accorde aux cités le droit de se doter d'institutions. On observe donc, que Septime Sévère déploie une activité civile très importante parallèlement à son activité militaire. C’est seulement en 203 que Septime Sévère revient à Rome.

Le dossier épigraphique qui peut être constitué sous le nom de Plautien est particulièrement riche. Parmi les titres du personnage figurent effectivement à plusieurs reprises ceux de socer, consocer et necessarius qui rendent compte de la parenté du préfet du prétoire avec les divers membres de la domus divina. A la suite du mariage de sa fille, Fulvia Plautilla, avec Caracalla, en 202 , Plautien devient pour le jeune empereur un beau-père (socer) et pour Septime-Sévère un consocer. Sa qualité de parent par alliance de la famille impériale est exprimée le plus souvent par le terme necessarius qui intéresse ici, plus rarement par celui de adfinis.
On présentes ces titres tels qu'ils sont associés sur les inscriptions par commodité, on a conservé, pour les textes y figurant, le numéro leur appartenant dans la notice de la Proso- pographia Imperii Romani consacrée à Fulvius Plautianus.

La nouvelle dédicace de Lepcis Magna s'inscrit sans difficulté dans cette série, le titre de necessarius dominorum nostrorum Imperatorum Aug. rend compte effectivement des liens familiaux qui, depuis l'année 202, unissent le préfet du prétoire aux 3 empereurs, Septime-Sévère, Caracalla et Geta. En revanche, les termes de socer et de consocer qualifient respectivement Caracalla et Septime-Sévère et eux seuls.

L'USTRINUM ( champs d'incinération)
Si, comme on le pense, la qualité de comes figurant sur certaines inscriptions, on peut préciser les circonstances au cours desquelles Plautien a été honoré : Il s'agit du voyage africain de l'année 203.
On ne reviendra pas sur les problèmes posés par cette expédition, il n'est plus possible de mettre en doute son existence. Elle est déjà rendue vraisemblable par la présence à Lambèse de la familia rationis castrensis, qui accompagne l'empereur dans ses déplacements. Une dédicace à Jupiter Dolichenus, élevée à Lepcis Magna, le 11 avril 203, atteste la visite de Septime-Sévère à sa ville natale. Aucune lettre n'est visible sur l'emplacement des lignes martelées, mais il n'est pas douteux que le nom de Plautien y figure en revanche, les titres du préfet du prétoire suggérés par l'éditeur du texte, J. Guey, sont seulement vraisemblables et ne peuvent pas trouver place dans ce tableau. F. Grosso, étudiant la carrière de Plautien, s'est appuyé sur l'inscription du Dolichenum de Lepcis pour conclure que le préfet du prétoire accompagne les 3 empereurs en Afrique.
La juxtaposition de deux titres aussi différents que ceux de comes et de necessarius vient affiner les conclusions que tire H.-G. Pflaum de la liste des comités du Haut-Empire : A la fin du IIe siècle et au début du IIIe, la qualité de comes aurait progressivement cessé de recouvrir une fonction déterminée pour devenir un véritable titre aulique. A l'époque où est gravée la dédicace de Lepcis, l'évolution n'est pas encore parvenue à son terme : La qualité de comes est sans doute considérée comme un titre permanent, de la même façon qu'une parenté par alliance avec la famille impériale, mais cette dignité ne prend effet qu'à l'occasion des expéditions réellement menées par les souverains.

[Personne ne dit que Plautien ait perdu la Préfecture en devenant sénateur, et Consul, il est même clair selon Hérodien qu'il soit demeuré Préfet du Prétoire, puisqu'il déclare que Saturnin qui le tue, est Tribun sous lui : Et qu'après sa mort, Sévère fait deux Préfets du Prétoire. [ On peut encore tirer la même conclusion du récit de Dion Cassius, qui dit : On accuse Plautien d'avoir commandé à dix Centeniers de tuer Septime Sévère et de l'avoir porté l’épée dans la chambre de l'Empereur quand il est tué : (Cette épée est la marque des Préfets.).
Il revient à Rome non par mer, mais par Tyanes, c'est à dire par la Cappadoce, Nicée, l'Illyrie, comme l'ont dit Dion Cassius et Hérodien, il est aisé de juger qu'il n'y peut être arrivé qu'en 203.

La chronique d'Alexandrie met la mort de Plautien le 2 janvier de l'an 203. alors que Sévère n'est pas encore revenu à Rome. Ainsi cela ne se peut pas accorder avec l'histoire. Xiphilin après avoir rapporté les divers réjouissances. faites à Rome en 203, pour le retour de Sévère, y joint immédiatement les feux du mont Vésuve, qui sont, dit-il, aussitôt suivis par la mort de Plautien. C'est ce qui a portés la date de cette mort au le 22 janvier 204.

PRESCENNIUS NIGER
L’ascension de Plautien (Caius Fulvius Plautianus), jusqu’à la préfecture du prétoire, ainsi que le renforcement de sa position au sein du cercle étroit de la famille impériale constituent jusqu’en 205 les traits dominants de l’histoire des sommets du pouvoir durant le règne de Septime Sévère, comme l’ont bien marqué les récits des historiens, qu’il s’agisse d’un contemporain comme Dion Cassius ou d’un auteur de la génération suivante comme Hérodien. Ces ultimes étapes de la carrière du personnage sont assez bien connues depuis que Fulvio Grosso leur a consacré une étude longue et soucieuse des détails : Celle-ci sert toujours de référence, même si parfois on a pu faire progresser la recherche sur des points particuliers, et si également, de nouveaux documents ont conduit à reprendre certaines questions afin de nuancer ou de préciser leur contenu et leur signification. Il apparaît que Plautien aurait détenu la préfecture des vigiles en 193. Mais qu’il soit nommé par Didius Iulianus repose sur une hypothèse de Fulvio Grosso à partir d’une interprétation délicate d’un extrait de Dion Cassius. Est-elle toutefois assurée ? Quoi qu’il en soit, une promotion à cette responsabilité importante pour la sécurité de la Ville et pour son contrôle politique n’est pas impossible dès 193, que ce soit de la part de Didius Iulianus ou de la part de Septime Sévère.
Et même, pourquoi pas de la part de Pertinax ? En tout cas, il est titulaire de cette grande préfecture en 195.

En revanche, on n’est point assuré des antécédents de la carrière préalablement à l’exercice de cette haute fonction. Il est difficile de soutenir que les premières étapes de la carrière du personnage se trouvent dans le texte d’une inscription de Lepcis Magna qui apporte un cursus incomplet. Il y apparaît certes le déroulement d’une carrière procuratorienne à l’échelon ducénaire : Le personnage dont la dénomination est martelée a été praefectus vehiculorum et procurator vicesimae hereditatium.
Joyce Reynolds, dans son commentaire, a envisagé avec prudence qu’il ait pu s’agir de Plautien, puis Pietro Romanelli a repris ce point de vue sans émettre une quelconque réserve. Le personnage dont la dénomination a disparu est incontestablement un membre de la gens Fulvia, mais on ne peut en aucune façon le considérer comme le préfet du prétoire à un premier stade de sa carrière procuratorienne.
C’est le point de vue qui se dégage, à notre avis, du réexamen du texte. L’hommage a été adressé à un frère de Fulvia Nepotilla, donc à un proche de Plautien, mais il appartient à une branche familiale latérale à un moment où ce dernier détient une position prééminente dans le gouvernement de l’Empire.
Diverses éditions de la biographie de Septime Sévère, ont repris l’hypothèse de l’identification de ce procurateur anonyme avec Plautien lui-même. On peut aussi estimer à bon droit que ce dernier soit élevé directement de la préfecture des vigiles à la préfecture du prétoire : Un passage intermédiaire par la préfecture de l’annone n’est pas conforme aux usages de l’avancement des titulaires des grandes préfectures et il n’y a aucune place pour lui parmi les titulaires de la préfecture d’Égypte.

Dans le cas de Plautien, cela ne signifie pas l’entrée dans l’ordre le plus relevé mais l’acquisition des privilèges honorifiques de ses membres, à l’occasion de l’octroi d’ornamenta (ici, les ornements consulaires). La victoire sur Clodius Albinus a pu être l’occasion de l’octroi de récompenses aux membres de l’entourage de Septime Sévère et Plautien en a profité : C’est là l’interprétation que l’on a pu proposer avant la parution du travail de M. P. Speidel.

Mais la lecture du rang de clarissime dans la première inscription, celle du 1er janvier 197, vient à présent montrer, que, vraisemblablement dès l’élévation à la fonction de préfet du prétoire, Plautien jouit pleinement, avec la confiance, de la faveur de l’empereur. Désormais, même s’il doit accepter parfois la présence d’un collègue à ses côtés et si, dans certaines occasions, la confiance de Septime Sévère vacille, sa puissance s’accroît jusqu’au 22 janvier 205, date de son assassinat.
Cette ascension se double aussi d’une accumulation d’honneurs qui donne aux formulations épigraphiques par lesquelles le personnage est alors défini une grande originalité. Celles-ci marquent les esprits par bien des caractéristiques, on relève l’accumulation elle-même par l’originalité des titres reçus ainsi que par la singularité des expressions retenues, ce qui permet à Fulvio Grosso d’écrire qu’il s’agissait d’une « titolatura sovrabbondante e spagnolesca della quale egli si compiacerà in modo grottesco » . Il convient d’insérer dans ce contexte une inscription de Rome qui, connue par des copies d’époque moderne, n’a plus laissé de traces.

On peut penser que l’hommage vient couronner cette succession remarquable, réalisée peut-être en peu de temps mais que le bénéficiaire se doit de marquer d’une façon significative : Le caractère réflexe de l’hommage paraît évident. Le père et un de ses fils sont vraisemblablement entrés dans le personnel administratif qui encadre les officiels de la cité. En tant que nomenclator, le père a un rôle d’appariteur auprès d’un grand personnage, mais ce n’est probablement pas Plautien.
Ou bien appartient-il à un groupe de nomenclatores organisé dans des circonstances exceptionnelles concernant la vie de la cité ? Celui qui est vraisemblablement le fils aîné, Statilius Dionysius, a obtenu un tribunat équestre dans une légion Orientale, la légion XVI Flavia Firma de Syrie. Ce bienfait traduit l’entrée de la famille dans l’ordre équestre et une ascension sociale marquante pour son avenir. Quant au petit-fils, Statilius Dionysius le jeune, il est entré dans l’entourage des pontifes : Ce jeune homme a été placé comme discipulus à la disposition du groupe des fictores qui participent à la préparation des gâteaux et des offrandes pour les cérémonies auxquelles sont mêlés les clarissimes composant ce collège majeur. Il peut, dans leur suite ou dans leur entourage, profiter de leur appui, mais il peut aussi y côtoyer les deux empereurs qui en font partie et même le puissant préfet du prétoire qui a été coopté en son sein.
Les princes ne sont pas dépouillés de leur vertu bienfaitrice, mais le préfet du prétoire apparaît comme un intercesseur tout puissant, celui qui est le mieux à même de faire éclore les bienfaits impériaux.
N’est-ce pas donner à l’éloge un peu plus que l’ostensible et ne risquait-on, pour plaire à Plautien, de déplaire aux empereurs ? Enfin, n’oublions pas que s’il y a conjointement rappel des empereurs et du préfet du prétoire, c’est parce que la propre fille du préfet constitue le personnage principal de l’hommage. C’est à son nom que s’accrochent les dénominations des membres de la famille impériale, puis celle du préfet du prétoire, son père, avant que le rédacteur ne revienne sur tous ces personnages en signalant le motif de l’hommage qui est rendu. Il devient alors possible, dans l’évocation, d’associer des faits qui donnent lieu en général à des inscriptions distinctes : Le remerciement rendu au bienfaiteur impérial et celui rendu à l’intercesseur... Mais, l’éloge le plus soutenu est pour le seul préfet du prétoire.

Il semble que la production de ce texte n’est compréhensible qu’à un moment où la présence de Plautien à Rome semble bien établie. On peut donc réduire un peu la partie initiale de l’intervalle chronologique : Il se place nécessairement après le retour de la famille impériale, au printemps de l’année 202.
Entre avril 202 et janvier 205, bien d’autres possibilités de datation existent. L’admission dans le collège des pontifes implique l’intégration de Plautien au sein de l’ordre sénatorial et l’octroi d’un statut bien plus exceptionnel que celui dont il jouit comme préfet du prétoire honoré des ornements consulaires. L’inscription devient alors le témoignage d’un nouveau pas dans l’élévation du personnage, assorti d’exceptions concernant sa position de préfet du prétoire. Si l’on admet tous les éléments de ce raisonnement, un repère important est alors l’élection au consulat ordinaire du préfet du prétoire en 203, car elle indique que Plautien avait été assimilé à un sénateur.
Chacune des étapes de l’épanouissement de cette carrière peut illustrer une stratégie d’ascension que Plautien réalise par la recherche de succès progressifs et continus, chacun d’entre eux servant de marchepied à une envie nouvelle et à la justification de requêtes encore plus exceptionnelles.
L’entrée véritable dans l’ordre sénatorial apparaît comme la suite logique du mariage de Plautilla avec Caracalla.

André Chastagnol a tenté d’analyser toutes les implications institutionnelles qu’implique l’octroi du consulat ordinaire en 203, en compagnie du frère de l’empereur P(ublius) Septimius Geta. Mais Plautien prend le pas sur ce dernier, pourtant sénateur de rang consulaire depuis longtemps et acteur essentiel des événements de 193.
Selon A. Chastagnol, il faut d’abord procéder à une adlectio inter praetorios, puis autoriser l’assimilation des ornements consulaires à un premier consulat. En vérité cette explication met en évidence un processus un peu trop complexe. On préférera celle de F. Grosso et de G. Alföldy, qui estiment qu’il s’agit d’une adlectio inter consulares analogue à celle dont a bénéficié Tarrutienus Paternus sous Commode. Dans ce cas, il devient normal de considérer le consulat de 203 comme un second consulat.
On voit s’esquisser une séquence chronologique : Fiançailles, mariage et adlectio, puis, presque immédiatement après, nouvel épanouissement avec le consulat ordinaire. Cependant c’est vraisemblablement ce dernier, acquis en 203, mais sans aucun doute prévu depuis quelque temps déjà, durant l’année précédente, par la destinatio, puis acquis dès la designatio, qui justifie la mention du rang de consul dans les inscriptions et non la seule adlectio in amplissimum ordinem inter consulares...

Cet honneur est impliqué par l’autre honneur, plus important, l’un implique l’autre, l’un ne va pas sans l’autre. La cooptation dans le collège des pontifes apparaît comme une gâterie impériale venant compléter un avantage et un honneur déterminant.

L’entrée véritable dans l’ordre sénatorial apparaît comme la suite logique du mariage de Plautilla avec Caracalla.
Tous ces auteurs considèrent que c’est le mariage de Plautilla qui a provoqué chez Plautien la prétention à se faire dénommer nobilissimus, en sorte que l’on retrouve le fil conducteur de la notice de la Real-encyclopädie, qui parvient à cette suggestion en mettant en perspective le titre de necessarius Augg(ustorum).
CLAUDIUS ALBINUS
Toutefois, dans la mesure où l’on ne trouve pas ailleurs dans la documentation relativement abondante sur la préfecture du prétoire de Plautien et sur les titres de ce personnage la même iunctura verborum, on peut hésiter à retenir la solution remise en honneur par Instinsky. On préférera en rester à l’interprétation finale d’A. Stein et de G. Alföldy : Plautien est défini comme pontifex nobilissimus. L’emploi du superlatif nobilissimus en relation avec l’appartenance au collège des pontifes, formulation qui est doublement singulière dans la documentation épigraphique relative au préfet du prétoire, s’éclaire si l’on tient compte des conditions mêmes de la réalisation de l’hommage. Il faut remarquer que le pontifex nobilissimus qu’est Plautien s’oppose aux pontifices cc(larissimi) uu(iri) qui apparaissent un peu plus loin dans le texte. T(itus) Statilius Calocaerus a voulu relever la position de Plautien au sein de ce collège sacerdotal prestigieux et le placer au-dessus de ses membres ordinaires, pour la plupart recrutés dans la meilleure aristocratie. Cette « noblesse » fait-elle allusion au rang ? On dirait alors qu’il est le plus remarquable de ces sénateurs par la position acquise, qu’il est pontife de la « plus haute qualité » parce qu’il peut mettre en avant ses liens avec la famille impériale, ce qui n’enlève nullement aux autres les parcelles de nobilitas qu’ils détiennent, peut-être même pour certains par une parenté antonine.

Or Plautien ne peut, au sens le plus strict, se dire comes per omnes expeditiones eorum, c’est-à-dire compagnon de toutes leurs expéditions militaires, s’il s’agit d’entendre l’éloge comme une référence à l’ensemble des campagnes de Septime Sévère pour la conquête du pouvoir. Dans le contexte idéologique et politique du règne c’est un trait qui domine et qui est suffisamment répété pour ne pas permettre l’outrecuidance de prétentieuses références ou d’affirmations abusives et malséantes : Les inscriptions rappellent abondamment les vertus militaires des empereurs et les grands personnages de l’État qui doivent leur position aux faits d’armes récents ne manquent pas de les signaler aussi, de différentes manières. D’autres sénateurs peuvent peut-être aller plus loin et se prévaloir du titre de comes qui indique une relation privilégiée avec l’empereur et l’entrée dans son entourage officiel.
Plautien est certainement à Rome lorsque se déroule la guerre d’Asie et de Syrie contre Pescennius Niger entre 193 et 195, puis la première expédition au-delà des frontières Orientales en 195 qui vaut à Septime Sévère les titres d’Arabicus et d’Adiabenicus, ou de Parthicus Arabicus et de Parthicus Adiabenicus. Plautien ne participe qu’à la guerre contre Clodius Albinus, en 196-197, puis à l’expédition contre les Parthes de 197-198. Il n’a peut-être pas autant de titres à faire valoir que certains des maréchaux de Septime Sévère. Comme préfet du prétoire, Plautien est devenu, pour le passé, pour le présent et pour l’avenir, celui qui, assurant la garde de la famille impériale, doit l’accompagner dans tous ses déplacements hors d’Italie.

C’est surtout l’éloge final qui doit retenir l’attention car il correspond aussi au caractère artificiel de telles formules d’adulation, toujours empreintes du sceau de l’exagération. L’intérêt de ce document est de se situer aussi dans la dernière partie de la vie et de la carrière de Plautien, et d’éclairer toutes les inscriptions où le souci d’exaltation du personnage se manifeste à l’excès, non seulement par l’accumulation de traits insistant sur la position institutionnelle, sociale ou familiale du préfet du prétoire, mais encore par la recherche de formulations élogieuses originales ou par les tentatives de transformation d’éléments objectifs en formules élogieuses. On peut donc se demander si à l’origine de l’expression comes per omnes expeditiones eorum il n’y a pas, de la part des protégés de Plautien, la même recherche stylistique, d’autant qu’il s’agit d’une expression qui, dans cette inscription de Rome, vient parachever la longue présentation du personnage. Il faut remarquer aussi, puisque le titre de comes ne peut apparaître dans l’inscription de Lepcis comme le montrent les recherches de G. Di Vita, que l’emploi de ce terme dans l’inscription de Rome devient encore plus remarquable. Mais on ne doit pas oublier que l’on a envisagé de le restituer dans l’inscription de l’arc des Argentiers au Forum Boarium. C’est l’examen attentif de ce texte qui avait permis à E. Bormann de montrer que l’interprétation littérale du Chronicon Paschale sur l’élimination de Plautien en 203 devait être reconsidérée, et qu’il fallait la déplacer au 22 janvier 205.

On sait déjà que cette inscription mentionne Septime Sévère, Caracalla, Géta (dont le nom est ensuite martelé), Iulia Domna et Plautilla Augusta (dont le nom est aussi martelé).
Mais si Plautilla a été définie comme épouse de Caracalla, elle l’a aussi été comme fille de Plautien. C’est en ceci que réside l’important de la suggestion de Henzen reprise par Bormann. Après le nom de Caracalla, qui revient ainsi une seconde fois, se trouvent le nom du préfet du prétoire et les titres qui l’accompagnent. Après martelage, ils ont été remplacés par un texte nouveau...

Si le nom du puissant préfet du prétoire a été gravé, il faut ajouter ses titres. Depuis les recherches de Bormann et de Henzen, on le sait parfaitement : « c’est la seule hypothèse admissible ».
Il est certain qu’il faut envisager un texte assez long, ce qui confirme qu’à la date de l’érection de l’arc, en 204, on a pris l’habitude d’additionner les titres et peut-être aussi les éléments d’éloge lorsqu’on évoque la personne de Plautien. La restitution proposée à partir de l’inscription de T(itus) Statilius Calocaerus n’est qu’un ensemble de possibles qu’il a fallu parfois adapter : On peut ainsi relever comment l’expression finale de l’hommage rendu à Plautien (comitis per omnes expeditiones eorum) a été transformée pour devenir le simple titre de comes Aug(ustorum duorum). Même si l’on peut penser que la restitution admise se rapproche du texte initial et que quelques parties de ce texte épigraphique de belle ampleur sont plus assurées que d’autres, l’ensemble demeure hypothétique. Ces deux inscriptions indiquent clairement que dans la fourchette chronologique 202-205, les textes les plus amples et les plus soutenus appartiennent à la fin de cette période plutôt qu’au début. En ce sens, ils nous guident pour proposer une date plutôt tardive pour l’inscription de T(itus) Statilius Calocaerus. Ainsi les textes de ces inscriptions pouvaient-ils être étroitement liés.
Nous devons nous résigner à l’ignorance en ce qui concerne l’emploi du titre de comes Augustorum duorum dans le texte rédigé à l’initiative des argentarii et des negotiantes boarii. Ce témoignage doit donc demeurer ce qu’il est, une conjecture intéressante et pas plus.
En d’autres termes, l’adulation de Plautien, préfet du prétoire, s’élève en importance et en intensité à partir des fiançailles de Plautilla et de Caracalla. Lui-même est soucieux de faire marquer, tant par la parole que par l’écrit certainement, des différences de position qui vont au-delà du recours aux signes et aux titres distinctifs. Elles sont voulues comme différences de supériorité. Ces aspirations trouvent aisément écho parmi les flatteurs, attentifs à recourir à son propos à toutes les flatteries qui mettent en évidence les marques de rang ou de dignité et les enjolivent. Parfois même, les flatteurs sont tentés de dépasser l’évident et de traduire leur adulation par des formules artificielles mais agréables à lire ou à entendre. Dans cette ultime période de la carrière, on peut aisément déceler les marques d’un crescendo jusqu’au moment de l’élimination du personnage. C’est cette atmosphère d’adulation qui conduit à ne pas se départir de prudence pour l’interprétation du terme de comes dans l’inscription de Rome de T(itus) Statilius Calocaerus, et qui conduit à douter de son emploi comme titre aulique.

Tout flatteur vie au dépens de celui qui l'écoute ! Pour mémoire Plautien est assassiné le 22 janvier 205

Plautien, comes de Septime-Sévère - Persée
www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1974_ant_22_1_1676
de M Corbier - ‎1974 - ‎Cité 8 fois - ‎Autres articles
Publications de l'École française de Rome Année 1974 Volume 22 Numéro 1 pp. ... martelées à la suite de l'assassinat du préfet du prétoire, en janvier 205 (2).

Cahiers du Centre Gustave Glotz
https://books.google.fr/books?isbn=2701801249
1990 - ‎Civilization, Ancient
205 et 205-206, comme l'ont rappelé Barbieri, Leunissen, et enfin Demougin56. ... pour placer dans la seconde moitié de 205 l'assassinat de ce proconsul61. ... de Plautien, on peut être tenté de la situer à une date avancée de l'année 205, ...

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