16
OCTOBRE 2016...
Cette
page concerne l'année 201 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
GALIEN
ET SON ŒUVRE
GALIEN A PERGAME |
Galien
est né en 129, à Pergame, en Éolide (actuelle Bergama, au nord de
Smyrne en Turquie), dans un milieu aisé.
Dans
l'Antiquité, il est connu sous le nom de Galenos (Γαληνός).
Le prénom de Claudius (Claudios) n'a semble -t-il rien d'authentique
et paraît d'origine plus tardive.
Fils
d'un riche architecte de Pergame d'origine grecque, Claude Galien
étudie d'abord le grec, la rhétorique et la philosophie dans sa
ville natale. À 17 ans, il entreprend des études de médecine,
qu'il poursuit ensuite à Smyrne, à Corinthe et à Alexandrie,
voyageant tout autour du bassin méditerranéen pour côtoyer les
médecins les plus réputés de l'époque.
De
retour à Pergame à 26 ans, il devient médecin de l'école des
gladiateurs et peut ainsi perfectionner ses connaissances en anatomie
et en traumatologie. En 162, il s'établit à Rome, où il va se
forger une solide réputation tant par ses capacités à faire un bon
diagnostic médical, fondé sur l'observation clinique du patient,
que pour la qualité de son enseignement, qu'il illustre de
nombreuses dissections d'animaux (chèvres, singes, chiens, porcs).
Cependant, cassant et orgueilleux, il s'attire la jalousie de ses
confrères et quitte la ville en 166, à l'occasion d'une épidémie
de peste. Il y revient 2 ans plus tard, rappelé par l'empereur Marc
Aurèle, pour devenir son médecin personnel et celui de ses fils.
En
tant que praticien, Galien suit la tradition d'Hippocrate, dont il se
pose lui-même comme le continuateur, en anatomie et en physiologie,
il s'inspire plutôt d'Aristote.
Grâce
à ses expériences sur les animaux, il observe les fonctions du rein
et de la vessie, et identifie 7 paires de nerfs crâniens. Il tente
d'expliquer le contrôle des muscles par les nerfs qui partent de la
moelle épinière. Il montre que le cerveau contrôle la voix et que
les artères transportent le sang, réfutant une croyance vieille de
4 siècles selon laquelle les artères transportent de l'air.
En
outre, il décrit les valvules du cœur et constate les différences
de structure entre les artères et les veines, sans pourtant
expliquer correctement le fonctionnement de la circulation, pensant,
à tort, que le foie est l'organe central de l'appareil circulatoire
et que le sang part du foie vers la périphérie du corps. Il donne
aussi des descriptions remarquables de maladies comme le choléra, la
rage ou la tuberculose pulmonaire.
Sa
doctrine médicale, le galénisme, reprend la théorie d'Hippocrate
des 4 éléments fondamentaux (air, terre, eau et feu), dont les
quatre qualités physiques (chaud, froid, humide ou sec) influent sur
les 4 humeurs du corps humain (sang, bile, pituite et atrabile).
Ces
dernières déterminent, selon lui, quatre tempéraments
physiologiques : sanguin, flegmatique, mélancolique et
colérique. La santé provient du bon équilibre et des justes
proportions de ces humeurs, tandis que la maladie résulte de leur
déséquilibre.
À
l'inverse de celle d'Hippocrate, sa thérapeutique se fonde sur la
prescription de remèdes opposant les humeurs et les qualités du
traitement (loi des contraires). Les plantes médicinales occupent
une place de choix dans sa pharmacopée. Mais son mépris pour la
chirurgie marquera longtemps la médecine.
Vitaliste,
Galien attribue l'essence même de la vie à une force occulte, ou
pneuma, qui se manifeste sous 3 formes, siégeant respectivement dans
le cœur et les artères, dans le cerveau et dans le foie. Il est
convaincu de l'existence d'un dieu unique, créateur du corps humain,
ce qui incite ultérieurement l'Église catholique à soutenir sa
doctrine et à l'ériger quasiment en dogme jusqu'à la Renaissance.
Auteur
prolifique, Galien a écrit au total quelque 500 traités de
médecine, de philosophie ou d'éthique. La plupart ont
malheureusement été détruits, en l'an 192, dans l'incendie du
temple de la Paix, à Rome, à proximité duquel ils étaient
conservés, 83 ouvrages considérés comme authentiques nous sont
parvenus, parmi lesquels de nombreux traités d'anatomie (les
Préparations anatomiques, Des os, De la dissection des muscles), de
physiologie (De l'usage des parties du corps, Des facultés
naturelles, De l'usage des médiastins et de la plèvre), de
pathologie (Des régions malades, Du pouls, Des différentes fièvres)
et de thérapeutique (De la méthode de soigner, Des médicaments).
Traduite
au IXe siècle par des intellectuels arabes, l'œuvre de Galien
a régné sur la médecine jusqu'au XVIe siècle. Elle
représente l'apogée de la médecine grecque, mais elle en marque
aussi le terme. En effet, après sa mort, Galien n'a laissé que des
héritiers écrasés par le poids de sa personnalité.
La
cité de Pergame est un des hauts lieux scientifiques, littéraires
et artistiques du monde gréco-romain. Longtemps royaume indépendant,
elle devient romaine en -133, mais n'en continue pas moins à jouir
d'une prospérité extraordinaire jusqu'au IIe siècle de notre
ère.
Nicon,
le père de Galien, est architecte et géomètre. Il apprend à son
fils la morale stoïcienne. Galien indique qu'il s'est efforcé de
respecter les préceptes paternels en veillant à ne pas se laisser
atteindre par les pertes matérielles et à ne pas se chagriner
inutilement. Son père, un modèle de maîtrise de soi et
d'affabilité qu'il oppose aux débordements de sa mère :
« J'ai eu la chance d'avoir un père complètement inaccessible
à toute colère, parfaitement juste, honnête et ami des hommes, une
mère au contraire profondément irascible au point de mordre parfois
ses servantes et de toujours crier et se quereller avec mon père...».
Son
père lui a aussi transmis son amour de la campagne, gérant des
domaines agricoles où le jeune Galien passe une partie de son
enfance, lui donnant une excellente connaissance des plantes
médicinales.
Son
père fin connaisseur en géométrie, arithmétique et calcul, lui
donne les premiers rudiments de connaissances scientifiques jusqu'à
l'âge de 14 ans.
On
suppose qu'il reçoit aussi une formation à l'étude des textes
classiques par un maître de grammaire (grammatikos) ainsi qu'à
l'art de composer des discours par un rhéteur (rhêtor).
À
l'âge de 14 ans, Galien entreprend des études de philosophie. Il se
souviendra plus tard de 4 de ses maîtres : Un stoïcien, un
platonicien, un péripatéticien et un épicurien.
Il
dira dans les Propres livres que le premier ne lui donne pas les
« preuves rhétoriques » de ce qu'il avance, que le
second arrive à des conclusions contraires du précédent et que les
suivants ne s'avèrent pas plus concluants. Il ressort de cette
formation philosophique « profondément affligé », selon
ses propres termes.
Galien
espère apprendre un art de raisonner qui permette l'accord de tous,
sur le modèle des démonstrations géométriques capables de
s'imposer à tout le monde. Déçu, il décide alors de « prendre
ses distances avec les discours philosophiques » (Propres
livres XIV, 6) mais sans rompre complètement avec la réflexion
philosophique.
Lorsqu'il
a 16 ans son père, qui nourrit de grandes ambitions pour lui, décide
alors de lui faire commencer des études de médecine, tout en
poursuivant ses études de philosophie. Cette orientation vers la
médecine procède probablement du choix d'une discipline pratique
qui doit lui permette d'échapper au doute pyrrhonien dans lequel l'a
plongé le spectacle des affrontements de systèmes philosophiques
incompatibles, chacun avec sa propre vérité sans qu'aucune
méthodologie ne puisse jamais les départager...
En
145, Galien va d'abord à l'école de Satyros dans l'espoir de
retirer une bonne connaissance d'Hippocrate (-460, -370), le « père
de la médecine » Européenne. Après avoir assisté à un
débat sur l'empirisme en médecine, il suit l'enseignement d'un des
orateurs, nommé Pélops.
En
148, survient le décès de son père qui lui laisse une fortune
considérable. Il a alors 19 ans. Il confie la gestion de ses biens à
un intendant et part à travers le monde gréco-romain étudier
auprès des médecins les plus réputés.
Il
se rend d'abord à Smyrne où il retrouve son maître Pélops. Il y
écrit un ouvrage sur le mouvement du thorax et du poumon dans lequel
il consigne l'enseignement de Pélops. Il demeure ensuite à Corinthe
(c. 151?) pour apprendre auprès de Numisianos avant d'embarquer pour
Alexandrie en Égypte. Y séjournant au moins 4 ans avec le désir
d'y étudier l'anatomie.
EXAMEN DES URINE |
Le
passage par Alexandrie semble constituer une sorte d'étape obligée
dans la formation de tout médecin ambitieux de l'époque. La ville
égyptienne est devenue sous les premiers Ptolémées au IIIe siècle
av. notre ère, un centre majeur de la vie intellectuelle de la
civilisation hellénistique. 2 des plus grands anatomistes de
l'Antiquité, Hérophile et Érasistrate, ont pu y pratiquer des
dissections humaines qui font faire d'importants progrès à la
connaissance des structures internes du corps humain.
Près
de 4 siècles plus tard, quand Galien arrive à Alexandrie, la
dissection des cadavres n'est plus pratiquée. Galien se contente d'y
« étudier les os humains ».
D'après
ses écrits ultérieurs, Galien semble avoir été assez déçu par
son séjour à Alexandrie. Dans son Commentaire aux épidémies, il
présente ses professeurs Alexandrins comme des savants seulement en
parole qui sont complètement incapables de reconnaître une maladie.
Il n'apprécie guère mieux la nourriture égyptienne comportant des
vers de bois, des vipères, de la viande de singe, de chameau et même
d'âne.
Mais
nous dit-il, comme les égyptiens y sont habitués, ils réussissent
à évacuer rapidement ces mauvais aliments avant qu'ils ne causent
des dégâts au corps.
L'Égypte
a de tout temps été réputée pour ses drogues, ses parfums et ses
onguents. Galien en mentionne de nombreux notamment dans ses écrits
pharmacologiques : Huile de ricin (kikinon), de raifort
(rhaphaninon), de sénevé (sinapinon) et le poivre. Il s'intéresse
aussi à un curieux arbre, le persea (Cordia myxa), dont les feuilles
sont souveraines en cataplasme contre le mal de tête ou à une
argile aux précieux effets thérapeutiques.
Galien
revient finalement à l'âge de 27 ans dans sa ville natale, durant
l'été 157, Galien se gave tellement des bons fruits de son pays
qu'il en a une bonne indigestion et une maladie gastrique aiguë. Il
s'agit probablement d'une amibiase, responsable de dysenteries
fréquentes alors dans tout le bassin méditerranéen. Cet épisode
joue un rôle si important dans sa vie qu'il le mentionne à 3
reprises dans ses écrits. Il déclare avoir décidé à la suite de
cette maladie, de s'abstenir de tous les fruits, sauf les figues et
les raisins, de suivre un régime équilibré et de fréquenter
assidûment le gymnase. Il raconte dans la dernière partie de sa vie
comment suivant les indications reçues d'Asclépios au cours de deux
songes clairs, ses douleurs disparaissent après une saignée d'un
nouveau type, faite en incisant une artère située entre l'index et
le majeur. À la suite de cette guérison miraculeuse, Galien se
déclare serviteur (therapeutès) d'Asclépios.
RUINES DE PERGAME |
Dans
cette même année 157, il est nommé médecin des gladiateurs. Dans
les cités Orientales de l'empire, le grand-prêtre (archihierus) est
chargé d'organiser le culte impérial. Il entretient à ses frais
une troupe de gladiateurs qui s'affrontent tous les étés, en combat
(munera) lors des fêtes en l'honneur de l'empereur. Malgré son
jeune âge, Galien se voit confier la charge de soigner les plaies
sanglantes des gladiateurs et plus largement de veiller à leur
régime... Il doit garder en vie le plus grand nombre possible de
gladiateurs afin d'éviter au grand-prêtre de devoir recruter de
nouveaux combattants. Les combats à mort restent rares.
Le
jeune médecin talentueux fait merveille au cours de son premier
mandat : « Aucun des blessés dont j'avais la charge ne
meurt, sauf 2, alors que 16 sont décédés sous mes prédécesseurs ».
Confronté
à de profondes blessures, il renonce à les inonder d'eau chaude
comme faisaient ses prédécesseurs mais les humecte avec de l'huile.
Il dépose ensuite sur la plaie des linges imbibés de vin noir et
âcre. Dans certains cas, Galien n'hésite pas à recourir à la
chirurgie et en profite pour approfondir ses connaissances
anatomiques.
Il
ne cessera par la suite de réaffirmer la nécessité pour les
médecins de s’entraîner à la dissection sur des singes.
On
ne sait pas exactement pour quelle raison Galien se rend au centre de
l'Empire, à Rome, mais à l'époque, il est commun que les médecins
quittent leur ville d'origine et fassent des voyages à visée
scientifique. C'est le cas de Galien qui, pour se monter une
pharmacopée plus complète, visite de nombreux endroits pour se
procurer des simples, (substances végétales, animales ou minérales
utilisées comme remède). Parcourant Chypre, la Palestine, la Lycie
et Lemnos...il va à Rome pour exercer la médecine.
Arrivé
à Rome, en 162, Galien loue une maison près de l'un de ses
concitoyens, le philosophe Eudème, qui lui permet de pénétrer dans
la plus haute société romaine. Il adopte volontiers le mode de vie
des romains, se rendant régulièrement aux bains avec des amis.
Mais, il conserve aussi l'habitude typiquement grecque de fréquenter
la palestre pour pratiquer la gymnastique. Jamais dans ses écrits,
il ne mentionne la présence de femme ou d'enfants à ses côtés. Il
affiche un dégoût pour la débauche et l'homosexualité. Bien qu'il
reconnaisse que les relations sexuelles puissent apporter de grands
plaisirs, il considère qu'elles peuvent aussi détourner les hommes
de leurs objectifs supérieurs.
Le
monde médical est à cette époque très compétitif. L'enseignement
médical n'étant pas institutionnalisé, il n'y a pas de cursus
couronné par un diplôme, Chaque médecin doit assurer sa promotion.
Les
riches patients convoquent plusieurs médecins à leur chevet et
chacun doit faire son diagnostic en présence des autres. La
compétition pour obtenir les faveurs du malade est farouche :
Beaux
discours destinés à séduire le malade,
Dénigrement
des rivaux où les coups bas entre collègues sont fréquents...
En
outre Galien a une haute idée de sa valeur et ne mâche pas ses mots
quand il critique quelqu'un, les hostilités et les rancœurs peuvent
être terribles.
Dans
Pronostic, il nous dit que le médecin de valeur n'a d'autre choix
que de partir en exil ou de s'exposer à la calomnie en vivant sans
cesse dans la crainte de représailles.
Lors
d'accès de fièvre du philosophe Eudème, originaire comme lui de
Pergame, Galien lui prend le pouls, et fait le pronostic d'une fièvre
quarte. Eudème reconnaît la justesse du jugement de Galien et se
répand en louange en présence de personnages particulièrement
influents.
Le
nom de Galien parvient même jusqu'aux oreilles des 2 empereurs,
Lucius Verus et Marc Aurèle.
Galien
organise aussi des séances publiques de dissections ou de
vivisections où le maître expose ses théories et invite
l’auditoire à tirer les conséquences de ses expérimentations.
Ainsi
Flavius Boethus, un personnage important qui fréquente Eudème,
invite Galien à « faire une démonstration sur la voix et la
respiration, en expliquant comment et grâce à quels organes elles
se produisent ». Flavius Boethus, nous dit Galien, se charge de
lui fournir bon nombre de porcs et chevreaux.
Plusieurs
personnalités de renom assistent à cette première séance en 163.
Et comme le public est fait essentiellement de rhéteurs et de
philosophes, Galien s'assure d'abord qu'ils sont prêts à accepter
le témoignage des sens. Ce préalable à toute démonstration n'est
pas superflu car les doctrines stoïcienne et péripatéticienne sont
pénétrées par le scepticisme. Et on se souvient comment le jeune
Galien a refusé de « sombrer dans le doute pyrrhonien »
au début de ses études philosophiques. Il montre alors comment en
coupant quelques nerfs, l'animal est privé de voix, sans perdre la
vie.
Dans
une seconde séance, en présence de « tous ceux qui comptent
en médecine et philosophie », Galien montre comment
l'inspiration se produit par dilatation du thorax et l'expiration par
sa contraction, quels sont les nerfs qui commandent le mouvement des
muscles responsables, comment l'air expiré produit des sons en
heurtant les cartilages du larynx.
Galien
procède à un très grand nombre de démonstrations anatomiques sur
le cerveau, la moelle épinière, les nerfs, la langue, le larynx
etc.
Ces
démonstrations anatomiques, sont pour Galien le moyen d'établir son
savoir publiquement et d'obtenir la reconnaissance de sa valeur
auprès des plus hautes autorités mais elles sont aussi l'occasion
de débats philosophiques sur l'établissement de la vérité en
science tant par l'observation que par le raisonnement. De vives
discussions animent les différentes Écoles de médecine sur le mode
d'acquisition des connaissances. Doit-on s'appuyer principalement sur
la raison ou sur l'expérience ? Y a-t-il une méthode fiable ?
Galien dit se placer au-dessus des Écoles. Sa formation
philosophique garantit son indépendance d'esprit et l'autorise à ne
jamais ménager ses critiques des écoles dogmatique, empiriste et
méthodiste.
En
166, Galien va quitter précipitamment Rome. Ses motivations exactes
ne sont pas claires car il en a donné des versions différentes dans
ses différents traités. Dans « Pronostic », il nous dit
que c'est parce qu'il est poursuivi par la haine de ces rivaux. 30
ans plus tard, il dira dans « Propres livres » que c'est
l'épidémie de peste dite « antonine » ramenée de Syrie
à Rome qui a précipité son départ.
De
retour en Asie, Galien va occuper une partie de son temps à la
révision de ses écrits de jeunesse. Il donne ainsi une nouvelle
version de Mouvement du poumon et du thorax composé entre 149 et
151, qu'une personne sans scrupule a mis sous son propre nom après
lui avoir ajouté un prologue.
Alors
qu'il « se livre à ses occupations habituelles », il
reçoit un message des deux empereurs Marc Aurèle et Lucius Verus
lui enjoignant de venir les retrouver à Aquilée.
L'armée
qu'ils ont rassemblée contre les Germains au nord de Trieste est
ravagée par la « peste ». Les soldats meurent par
centaines. Lucius Verus qui s'est décidé à rentrer à Rome meurt
subitement... Marc Aurèle ordonne que Galien le suive dans sa
campagne contre les Germains, Galien fait tout pour échapper à
cette mission et lors d'une rencontre avec l'empereur, il réussit à
le convaincre de le laisser à Rome, et dit-il « il se laisse
persuader de me laisser aller quand il entend par ma bouche que le
dieu de mes pères, Asclépios, ordonne le contraire ». Galien
se voit confier le soin de la santé du jeune Commode, le fils de
Marc Aurèle.
De
retour à Rome, Galien préfère se tenir à distance de ses
confrères jaloux, en choisissant de suivre le jeune Commode dans ses
différentes villégiatures. « L'empereur s'étant attardé de
façon inattendue à faire la guerre contre les Germains, je consacre
tout ce temps à composer de nombreux ouvrages de philosophie et de
médecine dont je fais don à mes amis ».
Le
traitement des coliques de l'empereur va marquer un tournant dans la
carrière de Galien. Invité au Palais pour soigner Marc Aurèle pris
de fortes fièvres et de violentes coliques que ses médecins
habituels sont impuissants à soigner, Galien prend le pouls de
l'empereur, et déclare qu'il ne s'agit pas de fièvre mais d'une
indigestion. Le traitement proposé est un complet succès. D'après
Galien, l'empereur « ne cessait de parler de moi, comme tu le
sais, en disant que j'étais premier parmi les médecins et seuls
parmi les philosophes »
Galien
profite de ce succès pour asseoir sa position en obtenant le poste
de confiance de préparateur de la thériaque impériale. La
thériaque est une préparation pharmaceutique qui comporte plus de
70 ingrédients et fait figure de panacée. Elle comporte de l'opium
et de la chair de vipère. Marc Aurèle qui l'apprécie
particulièrement en prend journellement.
En
169, il constate que certains des écrits qu'il a dictés pour ses
amis ou ses disciples, circulent sous le nom d'autres personnes. Il
décide alors de mettre en forme plusieurs ouvrages récupérés,
écrits pour les débutants comme Sur les écoles, Sur les os, Sur le
pouls etc.
Il
s’attelle aussi à la rédaction et la finalisation de trois
grandes sommes : Utilité des parties du corps, Doctrines
d'Hippocrate et Platon et le début des Pratiques anatomiques.
Il
a l'habitude de travailler en même temps sur plusieurs ouvrages et
de reprendre et compléter des ouvrages anciens.
Pour
éviter tout plagiat, il se résout vers 193 à dresser la liste de
tous ses écrits. Dans Ordre de ses propres livres puis dans Propres
livres, Galien dresse un catalogue raisonné de ses ouvrages et un
guide de lecture.
Galien
partage son temps entre la rédaction de ses ouvrages et le soin aux
malades. Les nombreuses études de cas, dont il parsème ses écrits
(comme Méthode de Traitement), montre qu'il manifeste auprès des
malades un grand dévouement, ne ménageant ni son temps ni sa peine.
Il
a même fait preuve de courage quand il s'occupe des victimes de la
terrible pestilence qui frappe l'Italie de 166 à 181.
Boudon-Millot
cite un passage d'un traité conservé uniquement en arabe :
« Je ne demande d'honoraires à aucun de mes étudiants ni
aucun des malades que je soigne. En fait, j'offre à mes malades,
autant qu'ils en ont besoin, non seulement médicaments, boissons,
massages et autres choses semblables, mais je leur procure même des
infirmiers s'ils n'ont pas de serviteurs, et je leur fais en plus
préparer la nourriture nécessaire ».
Il
poursuit aussi son activité d'enseignement. Si en début de
carrière, il s'adressait à des débutants, après son retour il
préfère s'adresser à une élite médicale, beaucoup faisant partie
du cercle restreint de ses amis (philos). Il exige de ses disciples
d'être travailleur, d'aspirer à la vérité, et par dessus tout, il
attend d'eux « une nature pénétrante ». Cette période
sera assombrie par un immense incendie à Rome en 192, qui ravage des
entrepôts situés le long de la Voie Sacrée. Réputés sûrs et
bien protégés, certains de ces locaux servaient à Galien pour
mettre ses objets de valeurs en sécurité : instruments,
médicaments, manuscrits et objets en argent. Outre certains de ces
ouvrages, il y déposait « des recettes de remèdes plus
admirables que celles de toutes autres personne dans le monde habité
des Romains ».
Véronique
Boudon-Millot, Directrice du laboratoire Médecine Grecque, résume
ainsi sa situation : « À 63 ans, en travailleur
infatigable, Galien va dès lors consacrer une part importante de son
activité littéraire à réécrire ses traités perdus. La période
la plus féconde de son activité d'écrivain, inaugurée en 169 au
début de son second séjour romain, s'achève en 192 par un
véritable cataclysme.
Mais
en travaillant sans relâche, Galien va désormais mettre tous ses
efforts à faire renaître son œuvre de ses cendres ».
Durant
les heures sombres du règne de Commode (180-192), Galien qui est
déjà quinquagénaire, adopte un profil bas et préfère passer sous
silence les exactions de l'empereur.
Il
se contente de noter « À cette époque, une peste violente se
répandit dans toute l'Italie, et exerça surtout de grands ravages
dans la capitale, dont l'immense population est encore augmentée par
la foule des étrangers de tous pays. Ce fléau coûte la vie à un
grand nombre d'hommes et d'animaux. ».
Mais
par prudence, il reste silencieux sur la disette qui frappe les
Romains et les soulèvements qui s'en suivent.
Sous
le règne de Septime Sévère, Galien retrouve sa fonction de
préparateur de la thériaque qu'il a perdue sous Commode. Sur ses
vieux jours, il est de plus en plus réticent à parler de lui-même
et affiche même un certain détachement vis-à-vis des affaires
humaines.
On
ne sait pas où Galien est mort. Les documents ne permettent pas
d'établir si sa fin eut lieu à Rome ou bien s'il était retourne
dans sa patrie de Pergame. Par contre, pour la date du décès,
plusieurs sources arabes ont permis de corriger l'ancienne date de
199 donnée auparavant.
Ishaq
ibn Hunayn, le fils du célèbre traducteur Hunayn ibn Ishaq, déclare
que « Galien vécut 17 ans en tant qu'enfant et étudiant et 70
ans en tant que savant et professeur ». Le plus vraisemblable
est donc qu'il soit mort en 216 à l'âge de 86 ans.
(mais comme sa date de naissance est comprise entre 120 et 130 cela
doit également varier de 10 ans et donc la date de 201 est possible)
L’œuvre
de Galien représente une somme encyclopédique monumentale. Elle
couvre en premier la sphère médicale (anatomie, physiologie,
pathologie, thérapeutique, pharmacologie et hygiène) mais aussi la
philosophie, les mathématiques, l'architecture, la littérature et
la philologie. Seule une petite partie de cette œuvre multiforme,
composée en grec sous le règne des 3 empereurs Romains Marc Aurèle,
Commode et Septime Sévère, nous est parvenue.
Véronique
Boudon-Millot évalue au quart la part du corpus galénique à nous
avoir été transmis en grec, « de larges pans n'ayant survécu
qu'en traduction arabe ou latine ou encore ayant complètement
disparu ».
Il
est considéré comme le dernier des grands médecins créateurs de
l'Antiquité gréco-romaine et avec Hippocrate, un des principaux
fondateurs des grands principes de base sur lesquels repose la
médecine Européenne. Il a donné la priorité à l'observation
anatomique et a cherché à établir des hypothèses sur les
processus physiologiques en procédant à des expérimentations sur
animaux.
Son
œuvre immense, d'abord en grande partie oubliée en Europe
Occidentale refait surface au XIe siècle. Transmise à Byzance
et dans le monde musulman, elle revient en Europe d'abord à partir
de traductions de l'arabe en latin puis à partir de la Renaissance,
des sources grecques d'origine.
La
théorie médicale de Galien a dominé la médecine jusqu'au
XVIIIe siècle. Mais elle s'incline devant le développement
irrésistible de la méthode expérimentale qui permet d'établir sur
une base empirique solide les modèles du système cardiovasculaire,
respiratoire, digestif et nerveux.
DISSECTION D'UN PORC |
La
médecine gréco-romaine est complètement balayée de la pratique
médicale occidentale et ne subsiste plus même à titre de
« médecine traditionnelle Européenne », contrairement
aux médecines traditionnelles Chinoise et Indienne qui résistent
beaucoup mieux à la déferlante de la médecine moderne. Toutefois,
la version arabe du galénisme qui est importée en Inde par les
musulmans, y a survécu jusqu'à l'époque moderne sous le nom de
médecine Yunâni ou unani.
Claude
Galien — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Galien
Galien
(en grec : Γαληνός Galīnós / Galênós ; en latin : Claudius
Galenus), né à Pergame en ... Ne pas confondre avec Gallien,
empereur romain du III e siècle. Claude .... Dans cette même année
157, il est nommé médecin des gladiateurs.
Encyclopédie
Larousse en ligne - Claude Galien en grec Klaudios ...
www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Claude_Galien/120690
Médecin
grec Pergame vers 131-Rome ou Pergame vers 201 Plus grand médecin de
l'Antiquité après Hippocrate il a laissé une œuvre considérable
qui fit ...
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