2 NOVEMBRE 2016...
Cette
page concerne l'année 184 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
L'EMPIRE
SE MORCELLE
3
avril 184 : Début de la révolte des Turbans Jaunes en Chine :
ZHANG JIAO |
Zhang
Jiao, fondateur de la secte taoïste Taiping (« grande paix »
qui régnera quand les Han seront éliminés), soulève le peuple
Chinois contre la dynastie Han, jugée décadente et corrompue. Les
partisans de Zhang arborent sur leur front un foulard jaune (黄巾,
huángjīn) en signe de ralliement, ce qui donne son nom à la
révolte des turbans jaunes.
Assiégés,
les Han lancent un appel à l'aide et ordonnent une campagne contre
les Turbans jaunes qui se comptent par centaines de milliers. De
puissants et célèbres généraux, tels que Yuan Shao, Cao Cao, Sun
Jian et Ma Teng répondent à cet appel.
De
son côté, le général Lu Zhi recrute des volontaires. Parmi eux,
Liu Bei, Guan Yu et Zhang Fei qui, selon l'Histoire des Trois
Royaumes, se jurent fraternité et s'en vont combattre les Turbans
jaunes... Ils viennent en aide au général Dong Zhuo.
Les
frères de Zhang Jiao, Bao et Liang, sont battus par Cao Cao et Sun
Jian. Le destin a voulu que Zhang Jiao meure la même année de
maladie, ironie du sort pour celui qui s'appelait « le grand
guérisseur ».
Les
Turbans Jaunes vont se dissoudre avec la mort de leur chef. Le
commandant des forces impériales, He Jin, mate le reste de la
rébellion. Zhang Bao et Zhang Liang sont eux aussi tués au combat.
Des insurrections sporadiques persisteront néanmoins jusqu'en 192.
Ce soulèvement est un des facteurs de la chute des Han.
À
la suite d'inondations et de disettes, des milliers de paysans
errants se révoltent dans le Henan autrefois Honan « au sud
du fleuve »), est une province du centre-est de la Chine. ) et
le Shandong sous la conduite des trois frères Zhang (entre 136 et
140- Novembre 184), avec laquelle il soulève le peuple Chinois au
printemps de l'an 184.
Originaire
de Julu (距鹿)
dans le Hebei, il se nomme « Grand Professeur » et de
nombreuses personnes se joignent à lui. Ses partisans arborent un
foulard jaune en signe de ralliement, d'où leur nom, les Turbans
jaunes. Il nomme ses frères Zhang Bao de Zhang Jiao, son général
et son plus fervent.
ZHANG LIANG |
Il
siège quelque temps à la cour de Dong Zhuo, puis est accusé de
corruption et chassé.
Il
rejoint alors son frère, « Maître de la voie de la paix »,
qui le nomme « général de la terre » alors que lui-même
est « général du ciel » et le plus jeune, Zhang Liang,
réputé calme et compréhensif. Il ne s’oppose jamais à ses
frères et suit toujours les ordres du « Professeur de la voie
de la paix », qui l'a nommé « général des humains »,
à eux trois ils couvrent les « trois mondes » de
l'univers. Zhang Liang est capturé et décapité à Qu'Yang par
Huangfu Song, au château de Yang Cheng. et Zhang Liang,
respectivement « général de la terre » (地公將軍,
dìgōng jiāngjūn) et « général des humains » (人公將軍,
réngōng jiāngjūn) alors que lui-même est « général du
ciel » (天公將軍,
tiāngōng jiāngjūn).
Leurs
troupes pillent de nombreux villages, démentant le nom de la secte.
Sa révolte est réprimée par l’alliance des chefs régionaux :
Cao Cao, Liu Bei, Sun Jian, Yuan Shao, Ma Teng, Dong Zhuo et He Jin,
qui prendront grâce à elle conscience de leur puissance et
déclareront leur indépendance vis-à-vis des empereurs, comme Cao
Cao, Liu Bei et Sun Jian, dont les territoires deviendront les Trois
Royaumes. Zhang Jiao meurt de maladie en 184 et ses frères peu
après.
Plusieurs
siècles plus tard, des sectes rebelles se rattachant à la secte du
Lotus Blanc ou au mingjiao le diviniseront.
Pour
leurs adeptes, son prénom, Jiao ou Jue, est tabou et ne peut être
prononcé, on prétend que les membres de ces groupes hors-la-loi
peuvent être identifiés en leur présentant plusieurs objets dont
une corne, jiao en mandarin moderne, qu'ils se refusent à nommer.
Zhang
Jiao chefs du mouvement taoïste de la Grande paix Taiping dao (太平道)
ou Voie de la grande paix, est avec l’École des Cinq Boisseaux de
riz l’une des deux premières sectes taoïstes connues.
ZHANG BAO |
Basée
entre autres dans la ville Taiping dont elle tire son nom, elle
émerge en 167 au Shandong et s’étend rapidement dans les
provinces du Henan, Hebei, Jiangsu, Anhui et Hubei.
En
184, Zhang Jiao lance l’insurrection des Turbans Jaunes qui
accélère la chute des Han. Démantelée par la répression, l’école
subsiste dans la clandestinité et provoque encore des révoltes
jusqu’en 192 au moins.
Le
taoïsme des siècles suivants lui doit certaines de ses pratiques,
comme la couleur jaune du costume clérical de quelques courants ou
la canne cérémonielle à neuf sections.
Apparu
dans les siècles ultérieurs, le courant Mingjiao inspiré du
manichéisme se réclame également de Zhang Jiao. Le canon de
Taiping (livre sacrée) ou Taipingjing, dont selon le Livre des Han
postérieurs Zhang Jiao faisait grand cas, a pour nom complet Taiping
qinglingshu ou Livre du pur domaine de la grande paix.
57
fascicules sur les 170 d’origine sont préservés dans le Canon
taoïste des Ming. Il est mentionné dans le Livre des Han
postérieurs comme un ouvrage d’auteur inconnu.
Sous
Shundi, un dénommé Gong Chong le présente à l’empereur,
prétendant que son maître Yu Ji l’a reçu d’un dieu nommé
l’Essence Rouge à la source de Quyang au Shandong. Comme beaucoup
de divinités mentionnées dans les textes Han ou antérieurs, ce
dieu a disparu du culte sans guère laisser de trace et n'est plus
connu des Chinois contemporains qu'à travers ses apparitions dans le
roman Ming « L'Investiture des dieux ».
En
200, Sun Ce ordonne l’arrestation et l’exécution d'un homme
prétendant être Yu Ji, pour ses activités religieuses « semant
le trouble dans l’esprit du peuple » il s'agit certainement
d'un imposteur.
Les
spécialistes estiment que le Taipingjing peut découler du
Tianguanli baoyuan taipingjing en 12 fascicules rédigé sous Chengdi
(32 –7 av. J.-C.) par Gan Zhongke, originaire du Shandong comme Yu
Ji et Gong Chong.
LES CHEFS DE TURBANS JAUNES |
Perdu,
on sait du moins qu’il prédit un changement dynastique.
Progressivement enrichi avant d’être présenté à la cour sous sa
forme définitive.
Par
ailleurs, les catalogues taoïstes portent la mention d’un
Taipingdongjijing en 184 fascicules entièrement disparu, attribué à
Zhang Ling, fondateur des Cinq Boisseaux.
L’école
Taiping offre une certaine similitude avec les Cinq Boisseaux. Toutes
deux constituent des structures autant administratives que
cultuelles, comblant sans doute un manque né de la faiblesse de
l’administration impériale dans la seconde moitié des Han
postérieurs. Leur culte est centré sur la protection contre les
maladies et les calamités obtenue grâce aux talismans et au
repentir des fautes. Néanmoins, leurs panthéons et leurs textes de
référence diffèrent (au moins en partie), de même que leur
position vis-à-vis du pouvoir.
Alors
que l’école des Cinq Boisseaux basée au Sichuan jouit de
l’indépendance de fait loin de la capitale, l’école Taiping
semble depuis l’origine viser le renversement de la dynastie Han
pour faire advenir le « règne de la grande paix ».
Les
fidèles taiping sont regroupés en fang, « orients » de
6 à 10 000 personnes, qui constituent la structure des troupes des
Turbans Jaunes.
Au
nombre de 36, ils sont dirigés par des « grands maîtres ».
Zhang Jiao à sa tête se nomme « grand sage et excellent
maître ». Lors de l’insurrection il sera « général
du ciel », ses deux frères « général de la terre »
et « général des humains ».
Si
l’idéologie de la secte peut être déduite de celle des fragments
du canon Taiping qui nous reste, il s’agit d’un échantillon
assez complet des idées religieuses, philosophiques et cosmologiques
de l’époque : Croyance aux immortels et aux sorciers,
pratiques alimentaires et gymnastiques de longue vie yangsheng,
yin-yang, 5 éléments, interaction du Ciel et de l'homme et
huanglao.
L’univers
est né du qi primordial. Les êtres humains sont formés de 3
éléments : L’essence jing accéder à l’immortalité en
s’aidant de techniques respiratoires appelées « absorbsion
du souffle » ou « respiration embryonnaire ».
La
divinité suprême des Taiping est le Ciel, sous lequel on trouve 9
niveaux de dieux. Lors des rituels de guérison présidés par le
maître armé de la canne cérémonielle, le fidèle s’incline et
confesse ses fautes avant d’absorber de l’eau dans laquelle a été
dissous un papier inscrit de caractères magiques.
La
conduite est d’autant plus importante que la rétribution des
bonnes ou mauvaises actions peut s'étendre sur 5 générations
Certains
concepts de l’époque développés dans le canon ont influencé les
projets politiques de Zhang Jiao : La théorie des 5 éléments
et les principes exposés par Zou Yan selon lesquels une dynastie en
remplace une autre, ainsi que la croyance à l’effet des actes du
souverain sur le destin du pays. La voie de la grande paix est
clairement citée dans le Taipingjing : « La voie de la
grande paix [...] c’est la richesse du pays, la volonté du
Ciel.. ».
Pour
mieux marquer le renouveau, Zhang Jiao choisit comme début de la
révolte le cinquième jour du troisième mois lunaire de l’an un
de l’ère Zhongping (184). Cette date correspond en effet à un
jour jiazi 25 d’une année jiazi, or jiazi est le début du cycle
sexagésimal qui décompte les années. Le mot d’ordre est :
« Le ciel est mort, c’est l’avènement du ciel jaune,
l’année jiazi sera faste ». Le ciel jaune représente les
Taiping. Selon la théorie des 5 éléments, au feu (nature de la
dynastie Han) succède la terre dont la couleur est le jaune,
certains y voient donc la raison du choix de cette teinte par Zhang
Jiao. Néanmoins, cette explication ne fait pas l'unanimité.
La
révolte est écrasée et la majorité des Turbans jaunes se font
massacrer à Nanyang au Henan, mais le mouvement ne disparaît pas
totalement et on assiste à des résurgences sporadiques pendant les
10 ans qui suivent.
La
province du Shāndōng, peuplée en grande majorité de Hans, est
principalement une région de plaines sur les littoraux, dans la
vallée du fleuve Jaune (pinyin : Huáng hé)
et au nord du Shāndōng, avec un grand promontoire montagneux qui
plonge dans la mer Jaune. Le fleuve Jaune s'y jette dans la mer. Le
littoral du Shāndōng, véritable porte d'échanges commerciaux a
subi les effets de la pénétration occidentale et on constate très
tôt l'influence Japonaise et Coréenne.
Sa
partie occidentale appartient à la grande plaine du Nord, c'est une
zone rurale peu développée où le coton est la culture principale.
Au centre, il s'agit de roches anciennes en majorité granitiques,
aux versants abruptes, constituant un relief de collines moyennes et
de moyennes montagnes avec le mont Tàishān (chinois : 泰山)
qui culmine à 1545 m.
La
plaine côtière est le centre économique de la province. Il s'agit
de la Zone économique ouverte, structurée autour de 5 villes :
Jìnán
(chinois : 济南市),
capitale administrative.
Qīngdǎo
(chinois : 青岛市),
que l'influence allemande a rendu synonyme de bière chinoise.
Yāntái
(chinois : 烟台市),
ville portuaire.
Wēihǎi
(chinois : 威海市),
ville portuaire et de villégiature en raison de ses plages et
activités estivales.
D'autres
villes moyennes importantes de la province, située davantage sur la
partie continentale sont :
Zībó
(chinois : 淄博市)
La
ville de Wéifāng (chinois : 潍坊市)
où a lieu tous les ans un festival international de cerf-volants
Premier
mouvement de masse politico-religieux de la Chine, l’organisation
révolutionnaire des Turbans jaunes (Huangjin), d’inspiration
taoïste, contribue beaucoup, bien que noyée dans le sang, à
l’établissement du taoïsme populaire et communautaire.
Les
dernières décennies de la dynastie des Han, paraissent avoir été
une période de désintégration politique et sociale d’une ampleur
inconnue jusque-là. La population paysanne, affamée et décimée
par des épidémies de peste, quitte ses terres et cherche à
survivre sous la forme de groupes itinérants (liumin )... Des
messies populaires, qui prétendent être des descendants, des
représentants ou des incarnations de l’empereur Jaune (Huangdi) ou
de Laozi, trouvent facilement un grand nombre d’adeptes.
L’un
de ces messies, dont le succès dépasse celui de tous les autres, se
nomme Zhang Jue. Son mouvement naît dans la partie est de l’empire
(provinces du Shandong, du Hebei et du Shanxi). Il guérit les gens
par la foi...
Investi
par le Ciel, il écrit des talismans (fu ) sur de la soie ou du
papier. Il les brûle et en mélange les cendres à de l’eau qu’il
donne à boire aux malades (cette pratique thaumaturgique existe
encore de nos jours).
En
10 ans, les fidèles se comptent par dizaines, sinon par centaines de
milliers. Il les enseigne et les organise selon les doctrines du
Livre de la Grande Paix (Taiping jing ), texte volumineux qu’un
messager du Ciel lui a transmis. Les croyants s’habillent de robes
et de turbans jaunes, ne portent pas d’armes, créent des
phalanstères et des auberges où ils accueillent les masses
itinérantes et où prévaut une organisation communautaire et
strictement égalitaire.
Au
commencement d’un nouveau cycle cosmique (année Jiazi ,
correspondant à 184 de notre ère), Zhang Jue proclame le royaume de
la Grande Paix. Il prend le titre de général-seigneur du Ciel
(Tiangong jiangjun ), divisant l’empire en 36 régions (fang ), à
la tête desquelles il nomme des généraux.
Ce
soulèvement fait oublier momentanément aux dirigeants Han leurs
querelles internes. Une attaque armée de très grande envergure
réussit à dompter les masses. Zhang Jue meurt cette même année
184, mais la révolte dure jusqu’en 186. Localement, la résistance
se maintient jusqu’à la fin de la dynastie. Elle est alors
habilement récupérée par Cao Cao, qui s’inspire des théories et
se sert des milices populaires du mouvement pour établir la dynastie
des Wei.
De
son côté, le général Lu Zhi recrute des volontaires. Parmi eux,
Liu Bei, Guan Yu et Zhang Fei qui, selon l’Histoire des Trois
royaumes, se jurent fraternité et s’en vont combattre les Turbans
jaunes. Ils viennent en aide au général Dong Zhuo. Les frères de
Zhang Jiao, Bao et Liang, sont battus par Cao Cao et Sun Jian. Les
Turbans Jaunes vont se dissoudre avec la mort de leur chef. Le
commandant des forces impériales, He Jin, mate le reste de la
rébellion. Zhang Bao et Zhang Liang sont eux aussi tués au combat.
Des insurrections sporadiques persisteront néanmoins jusqu’en 192.
De
violentes révoltes marquent la fin de la dynastie des Han
postérieurs.
En
190, le palais de Luoyang est pillé et incendié, les trésors et
les œuvres d’art que les Han accumulent depuis 200 ans sont
détruits.
La
dynastie est définitivement emportée par l’insurrection des
Turbans Jaunes, qui est un soulèvement paysan d’une très grande
ampleur mené par le prophète taoïste Zhang Jiao... Ce soulèvement
est dirigé contre toutes les institutions administratives et
gouvernemental, contre l’Empire Han qu’ils jugent corrompu.
Pour
réprimer le mouvement, les chefs de guerre procèdent à la
formation d’armées autonomes qui ne répondent qu’à leurs chefs
et non plus à l’empereur. Des généraux s’illustrèrent, dont
Cao Cao (115-220), désireux de profiter de l’instabilité du
pouvoir pour se tailler une part du royaume.
À
ce moment, même si le dernier empereur des Han n’a pas encore été
déposé, les chefs militaires détiennent la réalité du pouvoir.
C'est à la fin du IIe siècle que les empereurs Han perdent toute
autorité.
À
la cour à Luoyang, les dirigeants se disputent le pouvoir jusqu’à
ce que Cao Cao s’y rende à la tête de ses troupes afin de se
proclamer Protecteur du trône.
La
Chine se fragmente alors en unités politiques rivales dont les
conflits plongent le pays dans une anarchie durable.
Ici
débute la période des Trois Royaumes, et le commencement de
nombreuses années d’instabilité politique.
Etienne
Balazs dans « La bureaucratie céleste » :
« La
crise sociale et la philosophie politique à la fin des Han « (...)
Nous sommes au milieu du IIe siècle. L’immense empire des Han
jouit depuis de longues années d’une paix relative, la population
a presque doublé depuis la restauration, aux environs de l’ère
chrétienne et les richesses s’accumulent. Mais l’accumulation
même de la richesse et la différenciation des professions qui
marquent le passage d’une économie naturelle vers une économie
d’échange ont comme rançon une plus grande inégalité dans la
distribution des revenus et le renversement des rapports sociaux
traditionnels.
Le
signe le plus évident de ce déséquilibre est l’affaiblissement
du pouvoir impérial. (...) La pointe de la pyramide hiérarchique
commence à s’ébrécher, et une lutte serrée s’engage pour
l’exercice du pouvoir réel. (...)
Tandis
que l’avant-scène retentit des querelles des diverses fractions de
la classe dirigeante, toute occupée à se tailler la plus grande
part des revenus et sourde aux avertissements des philosophes, le
peuple des campagnes se prépare à se soulever contre l’exploitation
intolérable des grands propriétaires et les exactions vexatoires
des mandarins.
La
population agricole, c’est-à-dire la presque totalité de la
nation, vit dans une misère indicible. Le paysan libre est en train
de disparaître... Constamment menacé sur son lopin par la famine,
les impôts, les corvées et pressuré par de multiples demandes des
fonctionnaires mal payés, ou encore menacé d’expropriation par
quelque grand seigneur désireux d’agrandir son domaine, il est
condamné tôt ou tard à aller rejoindre les rangs du prolétariat
agricole. (...) Cette énorme masse des meurt la faim et des
cul-terreux vit dans une sourde fermentation, travaillée depuis une
dizaine d’années par les émissaires d’une nouvelle foi :
la « Voie de la Grande Paix » taiping dao. (...) Ils ne
se contentent plus d’annoncer à leurs adeptes la venue d’une
nouvelle ère, celle de la prospérité, de l’âge d’or de
l’égalité, car c’est le véritable sens de l’expression
Taiping (...) ils les organisent en de véritables phalanstères, des
communautés rustiques (...).
De
deux foyers, les régions les plus peuplées du bas Fleuve Jaune et
du Sichuan, la révolte se propage comme une traînée de poudre et
gagne toute la Chine (...). Les premiers actes, et combien
significatifs, de cette énorme jacquerie mi-sociale mi religieuse
seront de prendre d’assaut les préfectures et sous-préfectures,
de tuer ou de chasser les fonctionnaires, d’en nommer d’autres,
de lever des impôts et de réparer les chemins. (...)
La
répression est féroce, elle fait, au cours de la seule année 184,
un demi million de victimes. (...) Le pays est bouleversé de fond en
comble par le combat entre troupes impériales et Turbans Jaunes,
battus sur un point pour se retrouver plus nombreux sur un autre.
C’est l’exode des riches et des lettrés vers un coin tranquille,
la fuite éperdue des vagabonds et des réfugiés : Des masses
humaines se déplacent dans toutes les directions. (...) Les
dirigeants se ressaisissent et organisent des expéditions punitives.
(...) C’est l’heure des militaires, la lutte de tous contre
chacun (...) jeu sanglant de l’élimination des concurrents dans la
course effrénée au pouvoir. Cette lutte dure encore pendant une
génération et transforme la Chine d’un puissant empire en un
vaste cimetière. »
Turbans
jaunes — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Turbans_jaunes
Au
printemps de l'an 184, Zhang Jiao, fondateur de la secte taoïste
Taiping (« grande paix ... de ralliement, ce qui donna son nom à la
révolte (caractères traditionnels : 黃巾之亂/黃巾起義
... Le destin a voulu que
Zhang Jiao meure la même année de maladie, ironie du sort pour
celui qui s'appelait « le grand guérisseur ».
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