mercredi 30 novembre 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 181

5 NOVEMBRE 2016...

Cette page concerne l'année 181 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LE TEMPLE DÉDIE A SÉRAPIS.

Le Sérapéum d'Alexandrie (du grec : Σεραπεῖον, Sérapéion) est dans l'Antiquité un sanctuaire dédié à Sérapis situé à Alexandrie, en Égypte...
Selon les sources antiques, le culte gréco-égyptien de Sérapis est établi par Ptolémée Ier, mais sans doute à Memphis.
Les fouilles archéologiques indiquent que le temple d'Alexandrie est fondé sous Ptolémée III. Il se trouve dans le quartier Égyptien de Rakôtis, au sud-ouest de la ville, sur un terrain surélevé qui le fait surnommer l'« Acropole d'Alexandrie ».
Il contient une célèbre statue de Bryaxis, à l'origine représentation de Pluton qui se trouVe à Sinope et que Ptolémée Ier fait venir en Égypte en la réinterprétant comme Sérapis.
Les vestiges archéologiques indiquent que le culte y est très syncrétique : plaques de fondation bilingues où le nom de Sérapis apparaît aussi sous la forme égyptienne « Oser-Api » (Wsjr-Ḥp), statue du taureau Apis en granit noir, aujourd'hui au musée gréco-romain d'Alexandrie, 2 obélisques et 2 sphinx en granit rouge.
On y installe aussi une annexe de la célèbre bibliothèque d'Alexandrie qui, à l'époque Romaine, est un centre d'études actif. Il est détruit en 391 par Théophile d'Alexandrie, évêque d'Alexandrie, appliquant un décret de Théodose Ier autorisant la fermeture et la démolition des temples païens de la ville, dont il est le plus imposant, il est entièrement rasé et remplacé par une église chrétienne. Il n'en reste que la colonne dédicatoire de Dioclétien, plus connue sous l'appellation de colonne de Pompée.

Avant d’aborder la question du Serapeum d’Alexandrie et sa destruction, il
s’avère nécessaire d’expliquer la naissance du culte de Serapis dans la dite métropole antique. En effet, il est intéressant de connaître l’importance qu’ont certains Dieux dans le paganisme du IVe siècle de notre ère, ce qui permet alors de comprendre pourquoi les mouvements chrétiens de la même époque ont tenu absolument à abattre ces cultes et leurs temples.
Le plus ancien des auteurs qui en fait mention est Plutarque, historien Grec du premier et IIe siècle de notre ère, qui décrit dans son Isis et Osiris.

Le rêve de Ptolémée Sôter. Ce dernier a la visite en songe d’un dieu qu’il pense être Pluton et, après avoir exposé son rêve aux savants, il se met en quête du dieu à Sinope, comme il le lui a été ordonné. Pour ramener la statue à sa place, mission qu’ils menèrent à bien.
Tacite, historien Romain d’à peu près la même époque de Plutarque, commence le même récit en précisant toutefois que l’origine du dieu n’a pas encore été rapportée par les auteurs

ALEXANDRIE
Le style de Tacite est en tout cas beaucoup plus élaboré que celui de Plutarque. En effet, autant le récit de ce dernier est bref et concis, autant celui de l’historien impérial foisonne de détails sur le déroulement des événements.
La différence majeure de l’histoire est que, chez Plutarque, 2 envoyés de Ptolémée dérobent la statue et la ramènent à Alexandrie alors que chez Tacite, il y a un long passage sur l’ambassade envoyée à Sinope dans le but de demander l’autorisation d’emporter la statue. L’auteur achève sa légende en disant que le dieu ne supportant pas que les Sinopéens refusent son départ, prend un bateau et arrive à Alexandrie, où les Egyptiens lui ont bâti un temple sur la colline de Rhakôtis

Cette dissemblance marque probablement les préférences politiques des deux auteurs. Quand l’un justifie l’arrivée de Sérapis à Alexandrie en critiquant les Sinopéens et en disant que le colosse est finalement arrivé tout seul en ville (ce qui est évidemment assez suspect), l’autre auteur, dont l’ouvrage s’appelle les Œuvres Morales et ne laisse donc pas place aux divagations, n’hésite pas à affirmer que Ptolémée a simplement donné l’ordre de voler la statue afin de la garder pour lui à Alexandrie...
Tacite fait également preuve d’une grande contradiction dans ses propos. En effet, après avoir expliqué que le dieu a été importé de Sinope, après les mésaventures de l’ambassade et des fléaux qui y ont lieu, il achève en disant :
Templum pro magnitudine urbis extructum loco cui nomen Rhacotis; fuerat illic sacellum Serapidi atque Isidi antiquitus sacratum.
C’est donc très incohérent de sa part de dire premièrement que Sérapis et son culte sont importés d’Égypte, mais ensuite qu’un sanctuaire dédié à Sérapis et à Isis existe déjà à Alexandrie.

Les auteurs s’accordent néanmoins presque tous à dire que le culte de Sérapis est bien introduit à Alexandrie par Ptolémée. Pausanias est de ceux-ci, Clément d’Alexandrie, postérieur aux autres auteurs cités plus haut, ne nous livre pas qu’une unique histoire concernant la venue du dieu à Alexandrie, mais toutes celles dont il a eu connaissance... Selon lui, soit l’image du dieu vient des Sinopéens, en reconnaissance de l’aide apportée par Ptolémée Philadelphe lors d’une famine, soit c’est une idole du Pont, soit qu’elle vient de Séleucie. Tacite
mentionne d’ailleurs brièvement cette version :
 Nec sum ignarus esse quosdam qui Seleucia urbe Syriae accitum regnante Ptolemaeo.

Enfin, la dernière version est qu’elle est fabriquée par Sésostris. Nous aborderons par ailleurs cette histoire de statue contée par Athénodoros peu après.
L’idée que la statue vient de Sinope ressort donc encore, cette fois chez Clément d’Alexandrie. Comme les autres auteurs, il ne mentionne pas non plus de qui lui vient cette version (« certains racontent que…»). Par contre, en ce qui concerne l’origine séleucide du colosse, il nous précise que c’est d’un certain Isidoros (Ἰσίδωρος) qu’il tient ses propos, mais ce personnage est le seul que Clément connaisse à évoquer cette variante. C’est le même problème avec Athénodoros, fils de Sandon (Ἀθηνόδωρος ὁ τοῦ Σάνδωνος) qui date la
construction de la statue au règne de Sésostris.
En conclusion, nous avons donc chez Clément d’Alexandrie une version semblable aux versions de Tacite et Plutarque, mais aucun d’entre
les trois auteurs ne fournit l’origine de cette histoire. Par contre, nous avons
d’un autre côté plusieurs versions avec le nom de l’auteur qui en parle avant Clément (Isidoros, Athénodoros), mais seul ce dernier les cite dans son
 Protreptique. Il est cependant certain que le culte de Sérapis est proprement Égyptien. Son adoration se répand depuis Alexandrie dans tout le monde gréco-romain, et la divinité reçoit même des hommages fréquents des empereurs Romains, et ce jusqu’au IIIe siècle de notre ère.
Durant l’Antiquité, de nombreux auteurs parcourent le monde en décrivant ce qu’ils voient, à l’instar d’Eratosthène et Hérodote, les premiers du genre. Pourtant, peu nombreux sont ceux qui parlent du Sérapeum d’Alexandrie, construit dans le quartier égyptien de Rhakôtis, au sud-ouest de la ville. Celui-
ci conçu par l’architecte Parmeniscus sous Ptolémée III Evergète. Ceux qui le décrivent s’accordent cependant à dire qu’il s’agit d’un monument majeur d’une beauté resplendissante.

Le sanctuaire de la divinité a subis plusieurs phases de construction. Jusqu’à la moitié du XXe siècle, les archéologues considèrent que le temple a en effet été détruit une fois, mais ils ne savent pas encore dire quand ni pourquoi, ils supposent que la reconstruction du Sérapeum avait eu lieu durant le règne d’Hadrien et qu’il est resté le même  jusqu’à sa destruction, plus de deux siècles plus tard.
C’est après la seconde guerre mondiale que les archéologues ont pu établir un
plan archéologique complet du site, avec les différentes phases de construction. Cependant, comme le dit Judith McKenzie : « Reconstructions by archaeologists are often treated with scepticism  by historians and literary critics ». C’est pourquoi différentes fouilles et analyses ont été combinées pour tenter de « reconstruire » le Serapeum.

On le sait aujourd’hui, le temple de style ptolémaïque qu’ont connu Plutarque, Tacite et Pausanias fut détruit par le feu en 181, les précédents fouilleurs (dont Alan Rowe est le plus célèbre) ont donc eu tort en datant sa
reconstruction au règne d’Hadrien.
Ceux-ci estiment qu’il est détruit lors des émeutes causées par les juifs vers l’an 115-116. Les différentes sources qui ont été utilisées pour établir cette date de 181 sont les textes de Jérôme et de Clément d’Alexandrie, ainsi que les fouilles qui ont mis à jour des monnaies de Marc-Aurèle de 175/6 représentant le Serapeum de style ptolémaïque, ce qui constitue donc un
terminus post quem à la destruction du temple. Ce mélange de textes antiques et de preuves archéologiques pour établir des faits montre une fois de plus le rapport étroit entre l’histoire et l’archéologie...

Amnien Marcellin, historien romain du IVe siècle de notre ère, n’a vraisemblablement pas vécu la destruction du monument, en tout cas il n’en fait pas mention dans son œuvre majeure.
La fin du Sérapeum est donc un terminus ante quem de son livre XXII. Il fait partie des auteurs qui rendent le plus hommage au temple. Selon lui, il n’est pas de mot qui peut exprimer correctement la beauté de l’ensemble, tant le complexe est grandiose avant sa destruction : inter quae eminet Serapeum
SÉRAPIS
quod licet minuatur exilitate verborum. On peut donc affirmer sans trop de difficultés qu’Ammien est de ceux qui ont eu la chance de voir le Sérapeum encore debout. Son témoignage, bien que correct quand on le compare aux découvertes archéologiques, est cependant beaucoup plus vague que ceux
d’Aphtonios et de Rufin.
La description qui s’ensuit nous offre une vision approximative de la richesse architecturale et décorative de l’intérieur du bâtiment, il nous dit en effet que des immenses cours à colonnes se succèdent, et que des statues et autres œuvres d’art remplissent le temple : atriis tamen columnariis amplissimis et spirantibus signorum sigmentis et reliqua operum multitudine ita
est exornatum […] nihil orbis terrarum ambitiosius cernat.

Des statues d’époque ptolémaïque et romaine, retrouvées lors de fouilles archéologiques dans le delta du Nil, sont probablement du même type de celles qui devaient décorer et embellir le Sérapeum décrit par Amnien Marcellin.

Il est étrange de constater que, même s’il nous parle de diverses statues, l’auteur n’évoque pas la célèbre statue de Sérapis. Ammien Marcellin estime donc que le Sérapeum est une merveille comparable au Capitole. S’ensuit sa description de la bibliothèque du Sérapeum, dont il dit que les témoignages
unanimes des documents anciens (monumentorum septingenta uoluminum milia). Cette bibliothèque est la deuxième plus grande du monde connu et, comme dans la guerre contre César une grande partie de la bibliothèque d’Alexandrie est réduite en cendre, elle devient la plus grande.
Aphtonios, quant à lui, offre une vision du Sérapeum bien plus détaillée que celle d’Amnien Marcellin.

Ayant également vécu au IVe siècle, les écrits qu’il nous a laissés représentent donc l’ensemble architectural avant sa destruction. L’auteur ne fait d’ailleurs pas mention de celle-ci, soit par omission volontaire car cela n’a pas de rapport
RUINES DU TEMPLE DE SÉRAPIS
avec sa description, soit parce qu’il n’a pas vécu les événements. Il rejoint Amnien Marcellin en vantant la magnificence de l’acropole d’Alexandrie, sur laquelle se situe le Sérapeum . Il faut également noter que l’auteur décrit le Sérapeum, sans toutefois mentionner une seule fois son nom ni celui du dieu. Il commence par décrire les différentes routes qui mènent à l’acropole, avec de nombreux détails qu’on ne trouve pas chez Amnien Marcellin, car l’ἔκφρασις
est une description précise et détaillée. Cette acropole, selon lui, mérite ce nom plus que celle d’Athènes, car elle est située très en hauteur. Ensuite, il décrit des colonnes, de différentes tailles et de différentes couleurs. Comme Amnien Marcellin, il ajoute que le Sérapeum est très décoré, que ce soit par des colonnades, dont le toit est en bronze et en or, ou par des cours intérieures, des fontaines, etc.
Le temple et les colonnes sont par ailleurs probablement d’ordre corinthien.
Il fait également mention d’une immense colonne, tellement reconnaissable qu’elle sert de point de repère car on la voit depuis la ville.

Il faut noter qu’aucun autre auteur décrivant le Sérapeum ne fait mention de cette colonne. Aphtonios termine en parlant du stade en contrebas, et en précisant que tout le complexe du temple a été bâti par seulement 12 artisans identifiés ce qui, bien évidemment, ne peut pas être prouvé puisqu’il ne donne pas les noms de ceux-ci.

Rufin d’Aquilée est une source très intéressante en ce qui concerne la destruction du Sérapeum car, ayant vécu de 345 à 410 et ayant séjourné à Alexandrie pendant 8 ans (de 373 à 380), il a connu le temple au temps de sa splendeur, mais il a également connu sa destruction.
Il rejoint Aphtonios en ce qui concerne la hauteur de l’élévation sur laquelle le Sérapeum se trouve ainsi que le nombre d’escaliers incroyable pour y arriver :
Et constructione per centum, aut eo amplius gradus, in sublime suspensus. Aphtonios parlait cependant d’une centaine de marches, ce qui est un nombre juste, tandis que Rufin parle de plus de cent. L’exactitude du nombre de marches est donc discutable, mais les 2 s’accordent de toute manière pour dire que le temple est haut  perché.
Pour donner une idée de la grandeur du temple, Rufin nous dit que « il s’étend de tous côtés en carré sur de grandes dimensions » (quadratis et ingentibus spatiis omni ex parte distentus).
Les auteurs arabes médiévaux, notamment Mahmoud el Falqui, ont tenté de donner une dimension chiffrée au temple, et sont arrivés à un carré d’environ 180 mètres de côté. Les fouilles archéologiques de la toute fin du XIXe siècle sont arrivées à un résultat quasi similaire de 185 mètres.

Le Sérapeum d’Alexandrie est donc un temple magnifique, à en croire les auteurs antiques l’ayant connu encore debout. Leurs descriptions, confrontées aux découvertes archéologiques, sont remarquablement correctes et précises.
L’Égypte comptait au IVe siècle de nombreux temples dédiés à Sérapis mais, comme nous le précise Pausanias dans sa Description de la Grèce, le plus ancien est à Memphis et le plus célèbre est bien celui d’Alexandrie.



Sérapéum d'Alexandrie — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sérapéum_d'Alexandrie
Le Sérapéum d'Alexandrie (du grec : Σεραπεῖον, Sérapéion) était dans l'Antiquité un sanctuaire dédié à Sérapis situé à Alexandrie, en Égypte. Selon les ...
Termes manquants : année ‎181


Bibliothèque d'Alexandrie — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bibliothèque_d'Alexandrie
La bibliothèque d'Alexandrie, fondée à Alexandrie, en Égypte, en 288 avant notre ère et .... En revanche le sérapéum a été soumis à l'autodafé, conduit par l'évêque Théodose en 391, de manière à assoir la religion chrétienne, grâce à un ..... 115-181. ↑ Nina L. Collins, op. cit., p. 56-57. ↑ Meillier 1979. ↑ Blair 2010, p. 17.

Travail Universitaire - La destruction du Serapeum d'Alexandrie ...
www.academia.edu/.../Travail_Universitaire_-_La_destruction_du_Serapeum_dAlexa...
La destruction du Sérapeum d'Alexandrie . ..... date de 181 sont les textes de Jérôme et de Clément d'Alexandrie 14 , ainsi que les fouilles ..... Certains de ces édits, datant précisément de l'année 391 -année où sera mis à bas le Serapeum-, ...

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