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MARS 2017...
Cette
page concerne l'année 56 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
NÉRON EMPEREUR OU TRAGÉDIEN
La
personnalité de Néron est la résultante d'une enfance peu
équilibrée. Dès le début de son règne, il s'adonne à la luxure
(sorties nocturnes et rixes, banquets, adultère). A l'inverse, on
décèle chez lui une angoisse existentielle.
Il
avait une « belle tête », d'une taille moyenne, le corps
bien proportionné. Des yeux bleus, une vue faible.
Selon
Suétone qui en dresse un portrait peu flatteur : Cou épais, ventre
proéminent, gourmand, jambes grêles, taches sur le corps, il sent
mauvais... C'est un homme de santé robuste puisqu'il n'est tombé
malade que 3 fois dans sa vie. Arrangeant sa chevelure en étages.
Il
se marie 3 fois mais n'aime que Poppée sa seconde épouse en outre
il a eu plusieurs maîtresses. Il est à l'évidence un jouisseur
mais des légendes circulent sur cet aspect de sa personnalité : Par
exemple les prétendues relations incestueuses avec sa mère.
Parmi
ses concubines, Acté, une affranchie se détache, il a pour elle une
sincère affection.
Cependant,
il aime les jeunes garçons, viole un jour un jeune homme, épouse un
jeune eunuque du nom de Sporus... qui après la mort de l'empereur
préfère le suivre dans l'au-delà. On a prêté à Néron d'autres
perversions : Rites autour des organes génitaux d'homme et de femmes
par exemple.
LES TORCHES. |
Ce
n'est pas un grand orateur. Il fait appel à ses conseillers pour la
rédaction de ses discours politiques. Il se considère comme un
citharède, un poète, dont la production a été de médiocre
qualité. Il écrit notamment un long poème sur la guerre de Troie :
Troica, on ne connaît de Néron qu'un seul vers mentionné par
Sénèque : « Le cou de la colombe brille à chaque
mouvement ». Il aime aussi jouer de la lyre, chanter et
réciter.
Il
monte sur la scène, pour la première fois en 64 à Naples. Au
moment de se suicider, il dit : « quel artiste va périr avec
moi ».
L'Orient
dont l'Égypte est un phare pour Néron, : Il organise lui-même des
combats de gladiateurs mais il préfère les compétitions
athlétiques et artistiques. Il fait par exemple aménager dans les
jardins du Vatican en 59 un stade pour les courses de chevaux, dont
il guide lui-même les attelages avec pour seuls spectateurs, ses
invités...
Le
culte de sa personne est minutieusement organisé comme en témoigne
le fait qu'il dépose sa barbe coupée dans un coffret, aux pieds de
Jupiter...
En
60, consul pour la 4e fois, Néron donne des jeux pour fêter
l'anniversaire de son avènement : Ce sont les Neronia (concours
musical, gymnique et hippique).
Néron se fait construire un somptueux palais impérial après l'incendie de Rome :
Néron se fait construire un somptueux palais impérial après l'incendie de Rome :
Néron
accomplit un de ses rêves en 66 en partant pour la Grèce où il
donne des représentations. Il prend lors de son périple la décision
de percer le canal de Corinthe.
On
embauche des ingénieurs Égyptiens pour faire le travail ainsi que 6
000 juifs, prisonniers de guerre. Chemin faisant, Néron accorde un
nouveau statut à la Grèce.
La
cour de Néron se compose de nombreux affranchis et d'esclaves. Elle
compte aussi des femmes :
La
première ayant été Octavie, épousée à 12 ans, fille de Claude,
Ensuite
vient Poppée qui est d'une grande beauté, passionnée d'astrologie
et fascinée par le culte de la déesse Isis.
En
65, Néron envisage de se remarier avec la seconde fille de Claude
laquelle refuse, Néron la fait elle aussi tuer.
Néron
fait aussi liquider Marcus Atticus Vestinus pour lui ravir son épouse
Messalina.
Pour
acclamer l'empereur, il existe des groupes tels les Augustians, des
éphèbes ; les « Néroniens », de robustes plébéiens
recrutés eux aussi pour applaudir l'empereur.
Les
officiers prétoriens sont attachés à la sécurité de l'empereur
mais c'est eux qui provoque sa chute. Un conseil du prince expédie
certaines affaires... Indifférent à la religion traditionnelle
Romaine, l'empereur s'est surtout intéressé aux cultes orientaux
comme celui de la Cybèle, la Grande mère asiatique et Attis.
Tiridate
fait ensuite connaître à son hôte le culte de Mithra mais Néron
s'en lasse rapidement.
Son attitude à l'égard des autres religion est variée : Tolérance grâce à l'entremise bienveillante de Poppée pour les Juifs, persécution des Chrétiens après l'incendie de Rome auxquels Néron fait porter le chapeau.
Sous son règne, les arts et les sciences prennent un essor notable (peinture notamment pariétale et sciences humaines). Le stoïcisme est alors le courant dominant dans la pensée romaine. Tacite comme Martial considèrent à juste titre Néron comme un homme cultivé. C'est sous son règne que Pétrone rédige son Satyricon.
Son attitude à l'égard des autres religion est variée : Tolérance grâce à l'entremise bienveillante de Poppée pour les Juifs, persécution des Chrétiens après l'incendie de Rome auxquels Néron fait porter le chapeau.
Sous son règne, les arts et les sciences prennent un essor notable (peinture notamment pariétale et sciences humaines). Le stoïcisme est alors le courant dominant dans la pensée romaine. Tacite comme Martial considèrent à juste titre Néron comme un homme cultivé. C'est sous son règne que Pétrone rédige son Satyricon.
La
Genèse de la légende de Néron, ou la naissance d’un monstre dans
la littérature latine et grecque des premiers siècles. La notion de
« tragique » semble s’imposer tout naturellement. La vie de Néron
recèle en effet tous les ingrédients d’une bonne tragédie,
l’existence même de la tragédie prétexte « l’Octavie »
prouve que les Romains de l’époque (flavienne ?) ont senti, très
tôt, la potentialité tragique contenue dans la figure de Néron.
Par ailleurs, le fait que Néron soit à maintes reprises monté sur
scène a entraîné dans les œuvres antiques consacrées à
l’empereur histrion une multiplication des termes relatifs au
théâtre et à la tragédie, ce qui rend la notion de tragique
omniprésente dans ces récits.
Et
pourtant c’est là que le bât blesse : Il ne nous semble pas en
effet que le Néron de l’historiographie puisse être vraiment
considéré comme un personnage tragique, et ce justement parce c'est
un acteur de tragédie. Car paradoxalement, la plupart des références
à la tragédie dont fourmillent les œuvres antiques semble plutôt
faire de Néron une figure minable et ridicule, plus proche parfois
du iuuenis de la comédie que d’un tyran tragique.
Cette
étude s’attache ainsi à repérer les formes multiples prises par
le tragique dans le traitement historiographique de la vie de Néron
et à montrer, en relation surtout avec la figure de Néron
tragédien, que si tragédie il y a, il s’agit d’une tragédie
pervertie.
De
manière générale, la vie de Néron recèle tous les ingrédients
d’une bonne tragédie : Néron a commis l’inceste avec sa mère
Agrippine, tel Œdipe, il a ensuite ordonné le meurtre de sa mère
tel Oreste ou Alcméon, auxquels une épigramme, retranscrite par
Suétone et Dion Cassius, assimile d’ailleurs explicitement Néron.
Néron,
tel ce même Oreste, a été poursuivi par les Furies il a auparavant
déjà tué son frère Britannicus, ce qui rappelle les luttes
fratricides entre Étéocle
et
Polynice ou entre Atrée et Thyeste, plus généralement, les récits
relatifs à Néron, comme les tragédies sénéquiennes, sont pleins
de cruauté, de folie meurtrière et de sang.
L’existence
même de la tragédie prétexte longtemps attribuée à Sénèque,
« l’Octavie » probablement écrite sous les Flavien, et
qui met en scène un Néron souillé du meurtre de son frère et de
sa mère et se déchaînant contre son épouse Octavie.
Et
force est de constater que l’ Octavie, malgré les critiques qui
peuvent lui être faites, est une tragédie respectant parfaitement
les règles du genre. Rien d’étonnant donc à ce que se soient
multipliés les travaux menés sur le caractère tragique du portrait
de Néron que nous ont transmis les historiens antiques et notamment
Tacite.
La
recherche a porté essentiellement sur le traitement tragique et la
dramatisation de certains épisodes de la vie de Néron, parmi
lesquels le récit tacitéen de la mort d'Agrippa, qui couvre les
premiers chapitres du livre XIV des Annales, est sans nul doute celui
qui fait couler le plus d’encre.
Des
méthodes variées (et plus ou moins discutables) ont été utilisée
pour
démontrer
la présence d’éléments tragiques dans ce passage : Comparaison
du texte de Tacite avec les principes de composition d’une bonne
tragédie selon Aristote.
NÉRON LORS D'UN FESTIN. |
Tentative
de découpage du passage en actes mise en évidence de la dette de
Tacite vis‐à‐vis des autres chercheurs, se basant sur
l’importance accordée par Néron aux arts de la scène et sur la
place fondamentale occupée par le théâtre dans son règne, ont
même affirmé que l’empereur s’efforce véritablement de modeler
son comportement et ses actes sur ceux des personnages de la
mythologie grecque, voire même qu’il ne cessait de confondre le
réel et l’imaginaire et qu’il vit la réalité comme une
tragédie.
Il
a été démontré depuis qu’« en réalité le théâtre n’a pas
influencé Néron, mais ses biographes, qui se sont servis du monde
de la scène pour
créer
leur propre « spectacle littéraire », avec Néron comme
protagoniste : A ainsi été mis en lumière le processus de
transformation en personnage tragique que Néron a subi dans les
œuvres de Tacite, de Suétone ou de Dion Cassius.
Convenons,
avec tous ces chercheurs, que Néron apparaît bien, dans les récits
historiographiques antiques, comme le protagoniste d’une pièce de
théâtre : La pièce en question est‐elle cependant une tragédie,
du moins une tragédie « classique » qui correspondrait au
modèle fourni par les tragédies latines ?
Une
des méthodes les plus sûres permettant de repérer des éléments
tragiques dans un texte consiste à comparer le texte en question
avec une tragédie antérieure. Si les historiographes antiques
voulaient faire de Néron le héros d’une tragédie, ils pouvaient
assurément trouver dans le Néron de l’Octavie un modèle de
choix... Or force est de constater que le Néron des historiens est
fort différent de ce Néron‐là.
Ces
différences ont été notées dans l’Octavie comme dans les
Annales, d’autre part, on assiste à une discussion entre Néron et
Sénèque, dont la position en tant que conseiller de l’empereur
est dans les deux cas remise en question. Mais les réponses données
à cette question par Tacite et l’auteur de l’Octavie sont fort
différentes :
Dans
les Annales, Sénèque veut se retirer mais Néron insiste pour qu'il
reste, arguant de sa jeunesse et de son besoin d’avoir encore un
guide.
Dans
l’ Octavie au contraire, Sénèque tente de conseiller encore Néron
mais ce dernier répond que les leçons de son ancien précepteur
sont bonnes pour les enfants et que pour sa part malgré sa jeunesse
il possède assez de jugement pour pouvoir prendre des décisions
comme bon lui semble.
Le
Néron de l’ Octavie, dans sa joute l’opposant à Sénèque,
s’avère d’ailleurs être un, adversaire redoutable : Force est
de constater que sa maîtrise de la rhétorique est parfaite et que
ses arguments sont particulièrement convaincants. Son analyse
notamment du principat d’Auguste, dont il dévoile l’horreur et
la violence, est brillante et on serait tenté de donner son adhésion
à Néron plutôt qu’au pâle Sénèque, dont les arguments, face
au réalisme et à la lucidité de son adversaire, rendent le son
creux et artificiel des préceptes théoriques.
SPECTACLE DES TORCHES. |
En
un mot, le Néron de l’Octavie a un côté sublime que n’a pas
celui des Annales. Ces écarts entre les Annales et le prétexte sont
d’autant plus significatifs que Tacite a sans nul doute lu l’
Octavie, dont l’historien, comme l’a démontré R. Ferri, s’est
directement inspiré pour la rédaction des derniers chapitres du
livre XIV des Annales, consacrés à la répudiation et à l’exil
d’Octavie.
Mais
dans ce passage, qui laisse percevoir indéniablement un intertexte
tragique, Néron précisément n’apparaît presque pas du tout : Il
n’y joue un rôle qu’à l’ouverture du chapitre, et disparaît
dès la première phrase du récit.
De
manière générale, le Néron de l’historiographie ne semble pas
correspondre aux personnages que l’on rencontre dans la tragédie.
Les personnages de la tragédie, aussi monstrueux puissent‐ils
être, évoluent en effet en général dans un univers où règnent
le grandiose et le sublime et d’où sont exclus le bas et le
ridicule.
Or
Néron apparaît chez les auteurs antiques comme un personnage lâche
et sans envergure, souvent bouleversé ou paralysé, par la crainte,
se laissant complètement manipulé par Poppée, Tigellin ou Sénèque,
remettant même son destin à plusieurs reprises aux mains d’un
affranchi, Anicetus, à qui l’empereur s’exclame d’ailleurs
qu’il doit l’empire. À cet égard Néron, qui est jeune,
débauché, asservi à tous ce qui lui procurent du plaisir, dilapide
l’argent,
est
terrorisé par sa mère, apparaît comme un personnage plus proche
des iuuenes de la comédie latine, craignant les scènes, laissant la
conduite des affaires à un seruus callidus et menés par le bout du
nez par leur puella, que des tyrans de la tragédie...
LES ORGIES |
C’est
ainsi qu’on le voit, à l’ouverture du livre XVI des Annales, se
fier à un Carthaginois (ce qui ne peut manquer de faire sourire si
l’on songe à la proverbiale fides punica ) et envoyer trirèmes et
rameurs du côté de Carthage à la recherche du trésor caché de
Didon, épisode que Tacite attribue à la « légèreté », «
uanitatem », du prince et qui semble remplir la fonction de
l’exodium comique qui suit les représentations tragiques, en
l’occurrence ici la tragédie de la conspiration de Pison sur
laquelle s’est clos le livre XV.
Néron
d’autre part se rend ridicule aux yeux des Romains et les fait bien
rire, en tant qu’il punit les autres pour des crimes qu’il commet
c'est même son premier soin, alors qu’il prépare une expédition
contre Vindex, est de faire tondre ses concubines et de les attifer
comme des Amazones.
Plus
troublant : Les historiens nous rapportent que Néron rôde la nuit,
déguisé en esclave, « ueste seruili », dans les rues et les
tavernes de Rome accompagné d'une bande qui agresse les passants,
Tacite ajoute que Néron reçoit d’ailleurs des coups lui‐même.
Or ces virées nocturnes ne sont pas sans rappeler ce que Plutarque
raconte au sujet d’Antoine, lequel parcourt la nuit, avec
Cléopâtre, les rues d'Alexandrie déguisé en serviteur et raille
les habitants, ce qui lui vaut des injures et des coups...
Voici,
telle que nous la rapporte Plutarque, la réaction des Alexandrites :
ceux‐ci
aimaient
à dire qu’Antoine « portait un masque tragique pour les Romains,
un masque comique pour eux », autrement dit, les amusements
d’Antoine, dont sont fort proches ceux de Néron, sont placés sous
le signe de la comédie Mais le point à propos duquel Néron est le
plus ridicule, là où il manque le plus de la dignitas due à son
rang (et due à la tragédie) est le fait que Néron ait été,
précisément, un acteur tragique. Néron, on le sait, est monté
sur scène à maintes reprises pour s’y adonner à l’art de la
citharédie et de la tragœdia cantata, ce qui a entraîné dans les
œuvres antiques consacrées à l’empereur histrion une
multiplication des termes relatifs au théâtre.
NÉRON REPENTANT ? |
Or
comme le dit Dion Cassius dans le passage de l’ Histoire Romaine
consacré à la participation de Néron à divers Jeux en Grèce,
l’empereur en montant sur les cothurnes est descendu de son trône.
Néron
acteur de tragédies, ou la perversion du tragique ... - MOSAIQUE
https://revuemosaique.files.wordpress.com/2010/03/mosaique-1-7_lefebvre.pdf
Résumés.
À qui examine les récits antiques relatifs à Néron, la notion de
« tragique » semble s'imposer ..... 19 Ps.-Sen., Oct., 440-592 et
Tac., Ann., XIV, 53-56.
Tacite
- Annales - Livre XII - Bibliotheca Classica Selecta
bcs.fltr.ucl.ac.be/TAC/AnnXII.html
Adoption
par Claude de Domitius, devenu Néron, au détriment de Britannicus;
27. ... 56-57. Spectacle d'un combat naval sur le lac Fucin (52 ap.
J.-C.) 58.