19
JUILLET 2016...
Cette
page concerne l'année 291 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
UN TRAITE DE LA CALLIGRAPHIE CHINOISE.
Si
l'on s'en tient à la chronologie traditionnelle, un certain Zhao Yi
lê (?-?), surnom Yuanshu, originaire de Hanyang administrateur
comptable et lettré de la dynastie des Han Postérieurs (25-220),
est le premier auteur Chinois à rédiger un texte discutant
exclusivement de calligraphie. La calligraphie cursive !, Fei caoshu
dans lequel il reproche à ses contemporains de « s'adonner
jour et nuit jusqu'à s'en user les ongles des doigts et s'en
ensanglanter les mains, à la pratique de la cursive rapide, caoshu,
qu'il qualifie de « non-conforme », son texte reste une
diatribe célèbre qui occupe souvent la première place dans la
plupart des collections tentant de rassembler l'essentiel de ce que
l'on appelle les « traités de calligraphie » du corpus
Chinois.
Les
18 volumes sont une présentation chronologique (des Han à l'époque
contemporaine) de l'essentiel du corpus Chinois traitant de
calligraphie. Chaque volume présente une introduction générale à
chaque texte Chinois qui est cité intégralement dans sa version
originale annotée, suivie d'une transcription kambun et d'une
traduction en japonais.
Un
bref exposé biographique des principales calligraphies de chaque
période, avec renvois bibliographiques, complète chaque volume.
Précisons
aussi que dans son texte contre la pratique de la cursive, Zhao Yi
s'en prend, entre autres, à Cui Yuan (77-142), celui-ci étant
considéré comme le premier auteur Chinois à avoir produit un texte
conséquent sur l'art de la calligraphie. On lui attribue en effet,
le « chapitre » Caoshushi qui constitue la conclusion du
texte qui fait l'objet de notre étude.
Chaque
section est composée de 2 parties grosso modo égales : Une partie
introductive qui présente l'historique du style décrit, ce segment
remonte aux sources premières du style présenté auquel l'auteur
semble vouloir donner l'allure d'une histoire affirmée pour la
première fois et destinée à faire autorité.
Il
procède au recensement de toutes les sources qui sont à sa
disposition: mythologie, histoire traditionnelle, anecdotes
remarquables, archéologie, événements et tendances propres à son
époque. L'accent est mis tout particulièrement sur les hommes,
leurs œuvres et la mise en place de la transmission de génération
en génération par le biais de l'étude et de la collection. On est
en présence d'un catalogue raisonné de la calligraphie des origines
jusqu'à l'époque de Wei Heng.
Un
commentaire construit sur un mode poétique et syntaxique
relativement régulier, ce qui peut indiquer qu'il est destiné lui
aussi à la pérennité, ne serait- ce qu'en raison de son aspect
fortement métaphorique et de son potentiel récitatif agrémenté
d'une formulation graphique (calligraphique) d'une étonnante
vitalité. Ce qui correspond dans les textes postérieurs à un 1
« za », une conclusion en forme d'« éloge »,
un panégyrique destiné à parachever le propos, constituant un
moment fort, essentiel et incontournable du propos. Il ne s'agit en
effet pas simplement d'une envolée emphatique simplement décorative
et répondant à des contraintes syntaxiques de pure forme.
Ces
passages précis que sont les exposés des « élans » shi
des styles décrits ne sont pas que de simples synecdoques
(Rhétorique) Figure de style par laquelle on fait entendre le plus
en disant le moins, ou le moins en disant le plus ; on prend le
genre pour l’espèce ou l’espèce pour le genre, le tout par la
partie ou la partie par le tout. C’est un cas particulier de
métonymie.) d'artifices.
Ils
relèvent du discours esthétique Chinois dans ses fondements :
Indispensables au théoricien, ils participent de son discours de
plein droit. Ils sont un discours poétique d'accompagnement qui nous
invite à une lecture joyeuse et emportée, et à notre époque 2
courants d'interprétation du terme dominent : Le terme recouvre une
appellation qui désigne les styles lishu et régulier kaishu dans
leur processus de formation respectif lorsqu'ils « empruntent »
à des catégories relativement standardisées dont ils incorporent
une « partie », fen, le terme désigne une manière
« régulière », éventuellement « mesurable »
en « ba-fen » (8/10e de pouce), d'écrire des caractères
réguliers ou encore une manière d'écrire en divisant, fen, les
caractères en deux parties également réparties comme le sont les
deux traits du caractère ba.
On
observera que cette manière de composer les textes traitant de la
calligraphie, à savoir une rédaction à caractère historique et
descriptif suivie d'une « conclusion » de facture
poétique et colorée, souvent naturaliste, se rencontre dans la
plupart des ouvrages. Le registre poétique au sens propre et le
registre visuel (calligraphique) car le choix des graphies ne peut
être aléatoire. Un texte sur la calligraphie peut-il ne pas tenir
compte de cette composante? Nous sommes donc en présence d'un
document destiné à être scandé et retenu.
L'ensemble
des segments introductifs ainsi que le premier « éloge »
semblent avoir été composés par Wei Heng lui-même, les 3 autres
« éloges » sont attribuées à trois autres
spécialistes, à savoir Cai Yong, Zhong You (151-230) et Cui Yuan
(77-142).
Le
texte de Wei Heng présente un certain nombre de particularités
intéressantes :
Son
auteur fait partie d'une famille éminemment privilégiée dans
l'histoire de la calligraphie. La famille Wei incarne en effet une
idée persistante dans l'histoire de la critique de l'art relative à
la transmission « légitime » de la calligraphie... Qui
est le disciple de qui ? La ligne « droite et juste »,
souvent héréditaire, une fois exposée, sert de postulat au
discours qui y fonde sa démonstration critique.
Les
Wei sont à la fois les dépositaires de l'art et les transmetteurs
par l'intermédiaire desquels la tradition s'installe. Il s'agit du
premier document détaillé sur l'établissement de la tradition
historique et critique dont on dispose. Tous les textes qui lui
succèdent révèlent une attitude envers la calligraphie, une
démarche souvent identique. Il soutient l'édifice d'un discours
esthétique qui ne connaît guère de changements dans ses
orientations fondamentales jusqu'à notre époque...
Après
la musique et la littérature, avant la peinture, la calligraphie
alimente un discours sur les valeurs esthétiques dont se préoccupe
l'élite cultivée en Chine. A partir de Wei Heng va se développer
une analyse spécifique de l'utilisation consciente de l'écriture à
des fins purement plastiques et artistiques.
Dans
son Jugements sur la calligraphie, Shuduan, le grand spécialiste des
Tang, Zhang Huaiguan (actif 713-760) nous apprend que l'art de
l'écriture Chinoise s'affirme comme un phénomène culturel autonome
dès le début de notre ère. Le texte, tel qu'il se présente, ne
permet pas d'affirmer sans équivoque que Wei Heng soit l'auteur de
l'intégralité de la 3e section qui traite du lishu. Certains
commentateurs l'attribuent à Cai Yong, l'auteur explicite de la
partie « shi » de la 2e section consacrée à la petite
sigillaire xiaozhuan. Un style d'apparence « négligée »,
caoshuai, et à qui on a ordonné sur son lit de mort de produire des
textes en caoshu pour la collection impériale.
Lorsque
celui-ci se proclame empereur Wu des Jin en 265, il parachève une
politique d'intrigues et de complots mise en œuvre à la cour des
Wei par une famille qui détient le pouvoir réel des armes et
prépare de longue date le renversement d'une dictature en pleine
décadence.
Durant
cette période de grande instabilité sociale et politique, de guerre
civile quasi permanente et de désolation, face aux excès d'un
pouvoir temporel brutal et précaire, Wei Guan et ses fils, tout
comme bon nombre de leurs contemporains, délaissent le confucianisme
traditionnel pour tenter de trouver refuge dans l'importante vague de
« nihilisme » qui déferle dans certains milieux
intellectuels de la Chine d'alors.
Sous
des apparences non-conformistes, on devise doctement au cours de
causeries éventuellement bien arrosées, sur, l'être et le
non-être, le ziran, la nature et le naturel, la liberté et la
spontanéité. (un peu comme nos philosophes
modernes auto-proclamés)
De
temps à autre on pratique le nudisme, on s'adonne aux plaisirs de la
chair et on fabrique la pilule de longévité...
On
s'écrit souvent les uns aux autres : La plupart du temps de courtes
missives, une invitation, une réflexion, un poème. On écrit
librement et vite, au gré de sa fantaisie et de son inspiration.
Quelquefois on s'écrit même pour le plaisir, pour le plaisir
d'écrire, pour le plaisir de l'œil, pour se faire plaisir.
On
fait beaucoup de calligraphie en somme. On délaisse les styles
rigides et formels qui servent aux obligations de la bureaucratie.
On
exploite surtout les immenses possibilités des cursives xing et cao
qui connaissent depuis près de 4 siècles un essor puissant et
irréversible qui les propulse progressivement au premier rang de
l'art Chinois de l'écriture au pinceau.
Wei
Guan pratique plusieurs styles de calligraphie, Zhang Huaiguan le
range parmi les tous premiers et qualifie sa main de « libre et
aisée, (...) conforme à la méthode de Zhang Zhi ». Ce
dernier, surnom Boyin souvent considéré comme l'un des ancêtres
spirituels de tous les calligraphes Chinois, grand maître du caoshu,
cible privilégiée de son contemporain Zhao Yi dans le Feicaoshu,
est le grand-oncle de Suo Jing Min (239-303), un jeune protégé de
Wei Guan que ce dernier fait entrer au sein de l'administration
impériale, on les appelle « les 2 prodiges du même bureau ».
On dit de Wei Guan que sa cursive cao, assez fine, « aux
liaisons particulièrement réussies » retient les qualités
« musculaires », alors que Suo Jing, dont l'écriture
apparaît plus épaisse et ramassée.
A
l'école de son père, Wei Heng quant à lui, produit une
calligraphie ferme et énergique, sa cursive incorpore des droites
franches et des angles, il a su, dira son père, transmettre
l'armature, la structure formelle, les « qualités osseuses »,
gu if, de l'illustre Zhang Zhi. Dans son ouvrage Zhang Huaiguan
classe les calligraphes en trois catégories : « prodigieuse »,
shen ffi, « excellente », miao typ, et « qualifiée »,
neng tb.
C'est
le spectacle de la nature dont ils cherchent à imiter, fang tt, la
constance (configuration de la constellation kui, empreintes de
pattes sur le sol ou encore motifs sur les carapaces de tortue), qui
leur a inspiré l'invention du système d'écriture qui passe
quelquefois par la mise au point préliminaire des trigrammes et des
hexagrammes, ceux-ci produiront des wen ~X puis des zi. La tradition
historiographique et la notion confucéenne de rectification des noms
encouragent les auteurs à attribuer une paternité, légendaire ou
non, aux différents styles d'écriture répertoriés.
Pour
Wei Heng, les termes shu « écriture » et « marques »,
désignent des écritures archaïques dont il a connaissance mais
qu'il n'a jamais vues. Il englobe toutes les découvertes
archéologiques postérieures telles que taoqifuhao, écritures et
marques sur poteries, écritures sur os et carapaces, boshu écriture
au pinceau sur soie, yubanshu, écritures au pinceau sur jade, et
shijianshu, écritures au pinceau sur pierre. Les premières formes
d'un système d'écriture chinoise connues que sont les jiaguwen
démontrent des préoccupations esthétiques certaines qui annoncent
celles des futurs calligraphes.
Les
scribes Shang M et Zhou M connaissent une forme de pinceau au moyen
duquel ils marquent des caractères qui seront ensuite gravés sur
les supports, cette marque du pinceau peut aussi intervenir de façon
conservatoire après la gravure des caractères lorsque ceux-ci ont
tendance à se résorber dans la matière osseuse.
Ce
pinceau est l'émanation de celui du potier qui s'en sert depuis le
néolithique pour le marquage et la décoration de sa poterie en
terre. Au moyen de leurs instruments archaïques les scribes des
formes jiaguwen s'attachent à respecter une relative standardisation
de l'écriture et de ses spécificités graphiques : Ordre et
dimension relative des traits, composition des caractères.
Il
existe des carapaces et des os servant de tablettes d'exercice sur
lesquelles des caractères régulièrement tracés (par un maître)
sont « recopiés » plus maladroitement par un apprenti,
d'autres présentent des textes inachevés qui démontrent que le
graveur travaille de façon relativement systématique : En incisant
dans un premier temps tous les traits verticaux d'un caractère ou
d'une série, il fait ensuite pivoter son os ou son plastron à 90°
pour tracer, par un geste identique, tous les traits horizontaux et
compléter ainsi son ouvrage. A partir de la même époque,
l'écriture se développe progressivement sur un autre support de
choix de l'antiquité Chinoise.
Les
caractères sont surtout moulés, plus tard ils sont quelquefois
gravés sur des plaques à usage officiel ou les parois ou le fond ou
encore à l'intérieur des vases rituels. L'usage le plus tardif des
jiaguwen remonte aux Zhou Occidentaux (1121-771) lorsque les jinwen
appellation générique de l'ensemble des écritures sur bronze qui
peuvent être de styles divers, connaissent un fort développement
lequel ira s'accroissant jusqu'à leur forme la plus élégante quand
leurs variantes seront regroupées, simplifiées et standardisées
pour constituer la première forme unifiée pour l'ensemble de
l'empire Chinois : Le xiaozhuan l'écriture dite du petit sceau ou
la petite sigillaire de la dynastie Qin.
A
la fin de la période des Royaumes Combattants (453-222), coexistent
deux grandes familles d'écriture : Les écritures sigillaires
(postérieurement regroupées sous l'appellation dazhuan, écriture
du grand sceau ou grand(e) sigillaire), elles sont relativement
standardisées mais varient d'une contrée à l'autre, leur tracé
est régulier elles sont souvent gravées sur bronze ou pierre.
Les
écritures au pinceau destinées à un usage plus courant. Leur tracé
au pinceau est plus commode et elles admettent des simplifications.
Elles servent à la rédaction de compilations privées, de
correspondances ou de notes, leurs supports sont plus accessibles :
Bois, bambou, étoffes.
La
légende des cordelettes et celle des empreintes animalières dont le
premier commentaire critique, figure dans le Xunzi, et s'installe
avec insistance dans l'ouvrage de Wei Heng, l'auteur la mentionne
dans chacune des sections...
Parallèlement,
se fixe également la traditionnelle interprétation de la formation
et de la conception même de l'écriture chinoise. Ce que l'on a pu
appeler la « division faussement systématique » des
caractères chinois en six catégories est déjà mentionné dans le
Zhouli MWi , le Rituel administratif des Zhou puis dans les Annales
sur bambou. Dont une première transcription est attribuée à
Huangfu Mi (215-282), un contemporain de Wei Heng. Dans la Postface
du Shuowen jiezi, premier dictionnaire chinois et ouvrage fondateur
de la lexicographie chinoise, qui paraît aux environs de l'an 100 de
notre ère...
Ces
textes sont tracés au pinceau sur des lamelles de bois et de bambou
dans un style d'écriture insolite aux yeux des paléographes de
l'époque qui observent pour la première fois sur des documents
manuscrits anciens, la forme particulière de ces caractères
antérieurs .
Plusieurs
sortes d'écritures anciennes existantes, l'un des ouvrages qui
traite des affaires de Chu te, est le plus beau.
A
l'époque de l'Empereur Jaune, Ju Song et Cang Jie voient au loin des
empreintes d'oiseaux, qu'ils imitent à l'usage des caractères
écrits et des marques.
FRAGMENT DE PIERRE DE XIPING |
Les
scribes doivent noter : 10 000 affaires, transmettre les règles
et établir les systèmes, les rites impériaux, les convocations en
audience d'essentiels écrits manifestes dans le monde entier.
Arrivé
des cruels Qin, qui répandent le crime à grande échelle, la Grande
Voie ayant été anéantie, les écritures anciennes disparaissent
aussi. L'empereur Wen des Wei [220-226] aimait l'antiquité, mais ce
qui a été transmis de génération en génération n'a pas été
mis à jour, on ne sait discerner la véracité
de
leur ancienneté
Le
Sitishu shi de Wei Heng (252-291) - Première traité chinois de ...
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de
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Zhao Yi s'en prit, entre autres, à Cui Yuan liïie (77-142);
celui-ci doit être considéré comme le ...... L 'art de la
calligraphie cursive, Caoshu shi de Cui Yuan.
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Sitishu shi de Wei Heng (252-291) [Texte imprimé] : premier traité
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Catalogue :: Le Sitishu shi de Wei Heng (252-291) [Texte imprimé] :
premier traité chinois de calligraphie / André Kneib.
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