samedi 6 août 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 291

19 JUILLET 2016...

Cette page concerne l'année 291 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

UN TRAITE DE LA CALLIGRAPHIE CHINOISE.

Si l'on s'en tient à la chronologie traditionnelle, un certain Zhao Yi lê (?-?), surnom Yuanshu, originaire de Hanyang administrateur comptable et lettré de la dynastie des Han Postérieurs (25-220), est le premier auteur Chinois à rédiger un texte discutant exclusivement de calligraphie. La calligraphie cursive !, Fei caoshu dans lequel il reproche à ses contemporains de « s'adonner jour et nuit jusqu'à s'en user les ongles des doigts et s'en ensanglanter les mains, à la pratique de la cursive rapide, caoshu, qu'il qualifie de « non-conforme », son texte reste une diatribe célèbre qui occupe souvent la première place dans la plupart des collections tentant de rassembler l'essentiel de ce que l'on appelle les « traités de calligraphie » du corpus Chinois.

Les 18 volumes sont une présentation chronologique (des Han à l'époque contemporaine) de l'essentiel du corpus Chinois traitant de calligraphie. Chaque volume présente une introduction générale à chaque texte Chinois qui est cité intégralement dans sa version originale annotée, suivie d'une transcription kambun et d'une traduction en japonais.
Un bref exposé biographique des principales calligraphies de chaque période, avec renvois bibliographiques, complète chaque volume.
Précisons aussi que dans son texte contre la pratique de la cursive, Zhao Yi s'en prend, entre autres, à Cui Yuan (77-142), celui-ci étant considéré comme le premier auteur Chinois à avoir produit un texte conséquent sur l'art de la calligraphie. On lui attribue en effet, le « chapitre » Caoshushi qui constitue la conclusion du texte qui fait l'objet de notre étude.

Chaque section est composée de 2 parties grosso modo égales : Une partie introductive qui présente l'historique du style décrit, ce segment remonte aux sources premières du style présenté auquel l'auteur semble vouloir donner l'allure d'une histoire affirmée pour la première fois et destinée à faire autorité.
Il procède au recensement de toutes les sources qui sont à sa disposition: mythologie, histoire traditionnelle, anecdotes remarquables, archéologie, événements et tendances propres à son époque. L'accent est mis tout particulièrement sur les hommes, leurs œuvres et la mise en place de la transmission de génération en génération par le biais de l'étude et de la collection. On est en présence d'un catalogue raisonné de la calligraphie des origines jusqu'à l'époque de Wei Heng.
Un commentaire construit sur un mode poétique et syntaxique relativement régulier, ce qui peut indiquer qu'il est destiné lui aussi à la pérennité, ne serait- ce qu'en raison de son aspect fortement métaphorique et de son potentiel récitatif agrémenté d'une formulation graphique (calligraphique) d'une étonnante vitalité. Ce qui correspond dans les textes postérieurs à un 1 « za », une conclusion en forme d'« éloge », un panégyrique destiné à parachever le propos, constituant un moment fort, essentiel et incontournable du propos. Il ne s'agit en effet pas simplement d'une envolée emphatique simplement décorative et répondant à des contraintes syntaxiques de pure forme.
Ces passages précis que sont les exposés des « élans » shi des styles décrits ne sont pas que de simples synecdoques (Rhétorique) Figure de style par laquelle on fait entendre le plus en disant le moins, ou le moins en disant le plus ; on prend le genre pour l’espèce ou l’espèce pour le genre, le tout par la partie ou la partie par le tout. C’est un cas particulier de métonymie.) d'artifices.
Ils relèvent du discours esthétique Chinois dans ses fondements : Indispensables au théoricien, ils participent de son discours de plein droit. Ils sont un discours poétique d'accompagnement qui nous invite à une lecture joyeuse et emportée, et à notre époque 2 courants d'interprétation du terme dominent : Le terme recouvre une appellation qui désigne les styles lishu et régulier kaishu dans leur processus de formation respectif lorsqu'ils « empruntent » à des catégories relativement standardisées dont ils incorporent une « partie », fen, le terme désigne une manière « régulière », éventuellement « mesurable » en « ba-fen » (8/10e de pouce), d'écrire des caractères réguliers ou encore une manière d'écrire en divisant, fen, les caractères en deux parties également réparties comme le sont les deux traits du caractère ba.

On observera que cette manière de composer les textes traitant de la calligraphie, à savoir une rédaction à caractère historique et descriptif suivie d'une « conclusion » de facture poétique et colorée, souvent naturaliste, se rencontre dans la plupart des ouvrages. Le registre poétique au sens propre et le registre visuel (calligraphique) car le choix des graphies ne peut être aléatoire. Un texte sur la calligraphie peut-il ne pas tenir compte de cette composante? Nous sommes donc en présence d'un document destiné à être scandé et retenu.
L'ensemble des segments introductifs ainsi que le premier « éloge » semblent avoir été composés par Wei Heng lui-même, les 3 autres « éloges » sont attribuées à trois autres spécialistes, à savoir Cai Yong, Zhong You (151-230) et Cui Yuan (77-142).

Le texte de Wei Heng présente un certain nombre de particularités intéressantes :
Son auteur fait partie d'une famille éminemment privilégiée dans l'histoire de la calligraphie. La famille Wei incarne en effet une idée persistante dans l'histoire de la critique de l'art relative à la transmission « légitime » de la calligraphie... Qui est le disciple de qui ? La ligne « droite et juste », souvent héréditaire, une fois exposée, sert de postulat au discours qui y fonde sa démonstration critique.
Les Wei sont à la fois les dépositaires de l'art et les transmetteurs par l'intermédiaire desquels la tradition s'installe. Il s'agit du premier document détaillé sur l'établissement de la tradition historique et critique dont on dispose. Tous les textes qui lui succèdent révèlent une attitude envers la calligraphie, une démarche souvent identique. Il soutient l'édifice d'un discours esthétique qui ne connaît guère de changements dans ses orientations fondamentales jusqu'à notre époque...

Après la musique et la littérature, avant la peinture, la calligraphie alimente un discours sur les valeurs esthétiques dont se préoccupe l'élite cultivée en Chine. A partir de Wei Heng va se développer une analyse spécifique de l'utilisation consciente de l'écriture à des fins purement plastiques et artistiques.
Dans son Jugements sur la calligraphie, Shuduan, le grand spécialiste des Tang, Zhang Huaiguan (actif 713-760) nous apprend que l'art de l'écriture Chinoise s'affirme comme un phénomène culturel autonome dès le début de notre ère. Le texte, tel qu'il se présente, ne permet pas d'affirmer sans équivoque que Wei Heng soit l'auteur de l'intégralité de la 3e section qui traite du lishu. Certains commentateurs l'attribuent à Cai Yong, l'auteur explicite de la partie « shi » de la 2e section consacrée à la petite sigillaire xiaozhuan. Un style d'apparence « négligée », caoshuai, et à qui on a ordonné sur son lit de mort de produire des textes en caoshu pour la collection impériale.

Lorsque celui-ci se proclame empereur Wu des Jin en 265, il parachève une politique d'intrigues et de complots mise en œuvre à la cour des Wei par une famille qui détient le pouvoir réel des armes et prépare de longue date le renversement d'une dictature en pleine décadence.
Durant cette période de grande instabilité sociale et politique, de guerre civile quasi permanente et de désolation, face aux excès d'un pouvoir temporel brutal et précaire, Wei Guan et ses fils, tout comme bon nombre de leurs contemporains, délaissent le confucianisme traditionnel pour tenter de trouver refuge dans l'importante vague de « nihilisme » qui déferle dans certains milieux intellectuels de la Chine d'alors.

Sous des apparences non-conformistes, on devise doctement au cours de causeries éventuellement bien arrosées, sur, l'être et le non-être, le ziran, la nature et le naturel, la liberté et la spontanéité. (un peu comme nos philosophes modernes auto-proclamés)
De temps à autre on pratique le nudisme, on s'adonne aux plaisirs de la chair et on fabrique la pilule de longévité...
On s'écrit souvent les uns aux autres : La plupart du temps de courtes missives, une invitation, une réflexion, un poème. On écrit librement et vite, au gré de sa fantaisie et de son inspiration. Quelquefois on s'écrit même pour le plaisir, pour le plaisir d'écrire, pour le plaisir de l'œil, pour se faire plaisir.
On fait beaucoup de calligraphie en somme. On délaisse les styles rigides et formels qui servent aux obligations de la bureaucratie.
On exploite surtout les immenses possibilités des cursives xing et cao qui connaissent depuis près de 4 siècles un essor puissant et irréversible qui les propulse progressivement au premier rang de l'art Chinois de l'écriture au pinceau.

Wei Guan pratique plusieurs styles de calligraphie, Zhang Huaiguan le range parmi les tous premiers et qualifie sa main de « libre et aisée, (...) conforme à la méthode de Zhang Zhi ». Ce dernier, surnom Boyin souvent considéré comme l'un des ancêtres spirituels de tous les calligraphes Chinois, grand maître du caoshu, cible privilégiée de son contemporain Zhao Yi dans le Feicaoshu, est le grand-oncle de Suo Jing Min (239-303), un jeune protégé de Wei Guan que ce dernier fait entrer au sein de l'administration impériale, on les appelle « les 2 prodiges du même bureau ». On dit de Wei Guan que sa cursive cao, assez fine, « aux liaisons particulièrement réussies » retient les qualités « musculaires », alors que Suo Jing, dont l'écriture apparaît plus épaisse et ramassée.

A l'école de son père, Wei Heng quant à lui, produit une calligraphie ferme et énergique, sa cursive incorpore des droites franches et des angles, il a su, dira son père, transmettre l'armature, la structure formelle, les « qualités osseuses », gu if, de l'illustre Zhang Zhi. Dans son ouvrage Zhang Huaiguan classe les calligraphes en trois catégories : « prodigieuse », shen ffi, « excellente », miao typ, et « qualifiée », neng tb.
C'est le spectacle de la nature dont ils cherchent à imiter, fang tt, la constance (configuration de la constellation kui, empreintes de pattes sur le sol ou encore motifs sur les carapaces de tortue), qui leur a inspiré l'invention du système d'écriture qui passe quelquefois par la mise au point préliminaire des trigrammes et des hexagrammes, ceux-ci produiront des wen ~X puis des zi. La tradition historiographique et la notion confucéenne de rectification des noms encouragent les auteurs à attribuer une paternité, légendaire ou non, aux différents styles d'écriture répertoriés.
Pour Wei Heng, les termes shu « écriture » et « marques », désignent des écritures archaïques dont il a connaissance mais qu'il n'a jamais vues. Il englobe toutes les découvertes archéologiques postérieures telles que taoqifuhao, écritures et marques sur poteries, écritures sur os et carapaces, boshu écriture au pinceau sur soie, yubanshu, écritures au pinceau sur jade, et shijianshu, écritures au pinceau sur pierre. Les premières formes d'un système d'écriture chinoise connues que sont les jiaguwen démontrent des préoccupations esthétiques certaines qui annoncent celles des futurs calligraphes.

Les scribes Shang M et Zhou M connaissent une forme de pinceau au moyen duquel ils marquent des caractères qui seront ensuite gravés sur les supports, cette marque du pinceau peut aussi intervenir de façon conservatoire après la gravure des caractères lorsque ceux-ci ont tendance à se résorber dans la matière osseuse.
Ce pinceau est l'émanation de celui du potier qui s'en sert depuis le néolithique pour le marquage et la décoration de sa poterie en terre. Au moyen de leurs instruments archaïques les scribes des formes jiaguwen s'attachent à respecter une relative standardisation de l'écriture et de ses spécificités graphiques : Ordre et dimension relative des traits, composition des caractères.
Il existe des carapaces et des os servant de tablettes d'exercice sur lesquelles des caractères régulièrement tracés (par un maître) sont « recopiés » plus maladroitement par un apprenti, d'autres présentent des textes inachevés qui démontrent que le graveur travaille de façon relativement systématique : En incisant dans un premier temps tous les traits verticaux d'un caractère ou d'une série, il fait ensuite pivoter son os ou son plastron à 90° pour tracer, par un geste identique, tous les traits horizontaux et compléter ainsi son ouvrage. A partir de la même époque, l'écriture se développe progressivement sur un autre support de choix de l'antiquité Chinoise.

Les caractères sont surtout moulés, plus tard ils sont quelquefois gravés sur des plaques à usage officiel ou les parois ou le fond ou encore à l'intérieur des vases rituels. L'usage le plus tardif des jiaguwen remonte aux Zhou Occidentaux (1121-771) lorsque les jinwen appellation générique de l'ensemble des écritures sur bronze qui peuvent être de styles divers, connaissent un fort développement lequel ira s'accroissant jusqu'à leur forme la plus élégante quand leurs variantes seront regroupées, simplifiées et standardisées pour constituer la première forme unifiée pour l'ensemble de l'empire Chinois : Le xiaozhuan l'écriture dite du petit sceau ou la petite sigillaire de la dynastie Qin.
A la fin de la période des Royaumes Combattants (453-222), coexistent deux grandes familles d'écriture : Les écritures sigillaires (postérieurement regroupées sous l'appellation dazhuan, écriture du grand sceau ou grand(e) sigillaire), elles sont relativement standardisées mais varient d'une contrée à l'autre, leur tracé est régulier elles sont souvent gravées sur bronze ou pierre.

Les écritures au pinceau destinées à un usage plus courant. Leur tracé au pinceau est plus commode et elles admettent des simplifications. Elles servent à la rédaction de compilations privées, de correspondances ou de notes, leurs supports sont plus accessibles : Bois, bambou, étoffes.
La légende des cordelettes et celle des empreintes animalières dont le premier commentaire critique, figure dans le Xunzi, et s'installe avec insistance dans l'ouvrage de Wei Heng, l'auteur la mentionne dans chacune des sections...

Parallèlement, se fixe également la traditionnelle interprétation de la formation et de la conception même de l'écriture chinoise. Ce que l'on a pu appeler la « division faussement systématique » des caractères chinois en six catégories est déjà mentionné dans le Zhouli MWi , le Rituel administratif des Zhou puis dans les Annales sur bambou. Dont une première transcription est attribuée à Huangfu Mi (215-282), un contemporain de Wei Heng. Dans la Postface du Shuowen jiezi, premier dictionnaire chinois et ouvrage fondateur de la lexicographie chinoise, qui paraît aux environs de l'an 100 de notre ère...

Ces textes sont tracés au pinceau sur des lamelles de bois et de bambou dans un style d'écriture insolite aux yeux des paléographes de l'époque qui observent pour la première fois sur des documents manuscrits anciens, la forme particulière de ces caractères antérieurs .
Plusieurs sortes d'écritures anciennes existantes, l'un des ouvrages qui traite des affaires de Chu te, est le plus beau.
A l'époque de l'Empereur Jaune, Ju Song et Cang Jie voient au loin des empreintes d'oiseaux, qu'ils imitent à l'usage des caractères écrits et des marques.
FRAGMENT DE PIERRE DE XIPING
Les scribes doivent noter : 10 000 affaires, transmettre les règles et établir les systèmes, les rites impériaux, les convocations en audience d'essentiels écrits manifestes dans le monde entier.
Arrivé des cruels Qin, qui répandent le crime à grande échelle, la Grande Voie ayant été anéantie, les écritures anciennes disparaissent aussi. L'empereur Wen des Wei [220-226] aimait l'antiquité, mais ce qui a été transmis de génération en génération n'a pas été mis à jour, on ne sait discerner la véracité
de leur ancienneté


Le Sitishu shi de Wei Heng (252-291) - Première traité chinois de ...
www.persee.fr/doc/asie_0766-1177_1996_num_9_1_1113
de A Kneib - ‎1996 - ‎Cité 3 fois - ‎Autres articles
... Zhao Yi s'en prit, entre autres, à Cui Yuan liïie (77-142); celui-ci doit être considéré comme le ...... L 'art de la calligraphie cursive, Caoshu shi de Cui Yuan.
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Le Sitishu shi de Wei Heng (252-291) [Texte imprimé] : premier traité ...
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