mardi 16 août 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 278

1er AOÛT 2016...

Cette page concerne l'année 278 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

UN EMPEREUR MARTIAL ET PSYCHOLOGUE.

Le nettoyage de la Gaule fini, de l'été 278 à l'année 279, Probus se tourne vers la Rhéthie, l'Illyrie et la Moésie, où ressurgissent les Alamans, les Burgondes, les Vandales, les Sarmates et les Goths.
Il passe donc par la Rhéthie rétablissant le calme troublé par les mêmes ennemis dont il vient de délivrer la Gaule. Il reprend en Illyrie presque sans combattre tout ce qui a été volé aux Romains et chasse les Barbares hors du pays.
Dès son arrivée en Thrace, il réduit à l'obéissance les différents peuples de la nation des Goths.
L'Isaurie est à l'origine la région montagneuse située au sud de l'Asie Mineure, aux confins du plateau Anatolien et de la chaîne du Taurus. Elle est limitée en gros par les pays de Pamphylie à l'Ouest, de Lycaonie au Nord, de Cilicie à l'Est et au Sud. C'est là une région pauvre, d'accès difficile, qui est peuplée de tribus sauvages vivant essentiellement de banditisme au détriment des populations avoisinantes.
De plus les Isauriens conservèrent au moins jusqu'aux IVe et Ve siècles leur langue particulière.

Conquise à la fin de la République par le proconsul P. Servilius Vatia, qui mérite de ce fait le surnom d'Isauricus, l'Isaurie est partagée au début de l'Empire entre le royaume protégé de Cappadoce et la province de Galatie... Puis, à partir d'Antonin le Pieux, elle est intégrée dans sa totalité à la province de Cilicie. Au IVe siècle elle forme une province indépendante à l'intérieur du diocèse d'Orient. Cette nouvelle province s'étend non seulement sur l'ancienne Isaurie proprement dite, mais encore sur la partie Occidentale de la Cilicie Trachée.
La frontière entre l'Isaurie et la province de Cilicie se situe légèrement à l'Ouest de la ville de Pompeiopolis, l'antique Soles. Ainsi constituée elle s’étend sur la partie centrale de la chaîne du Taurus, région très accidentée, en partie boisée et traversée de gorges profondes par la haute vallée du Calycadnos (Goek sou), elle comprend aussi la basse plaine alluviale du fleuve, très riche au point de vue agricole, et la retombée du massif sur la mer.
Cette dernière donne naissance à une côte très découpée, pourvue de nombreux ports naturels très sûrs, malheureusement sans communications faciles avec l'intérieur.
Ne se prêtant pas de ce fait à la grande navigation commerciale, les rades Isauriennes ont été de tout temps de remarquables nids de pirates, les fameux pirates ciliciens de la fin de la République, ceux qu'a domptés le Grand Pompée. Autrement dit la province d'Isaurie, telle qu'elle nous apparaît dans la majeure partie du IVe siècle, réunit 2 des plus grandes régions de banditisme et de piraterie de l'histoire antique.
Mais les limites de la province varient à la fin du siècle par suite de la création par Valens de la province de Lycaonie, ce qui eut pour résultat de faire passer une grande partie de la région Isaurienne à la nouvelle province. Cette création nécessite une réorganisation ecclésiastique qui semble avoir été assez difficilement admise par l'évêque de Séleucie (Isaurie), métropolite de sa province, comme en fait foi la correspondance échangée à ce sujet entre Saint Basile, évêque de Césarée de Cappadoce, et le métropolite de la nouvelle province, Amphiloque d'Iconium.

La conquête Romaine, puis l'organisation provinciale de la région, n'ont pas pour autant amené l'établissement de la Pax Romana sur ces pays.
Certes les habitants y sont longtemps tenus en respect par la romanisation consécutive au développement des villes, telles que Claudiopolis et Germanicopolis, si bien que Séleucie du Calycadnois peut devenir à l'époque chrétienne un lieu de pèlerinage très fréquenté par suite de la présence dans sa banlieue du tombeau de Sainte Thècle (actuellement Mariamlik), la disciple de Saint Paul, celle qui passe pour avoir évangélisé le pays et y être morte. Mais, sitôt qu'ils le peuvent, lorsque l'administration locale vient à manquer, les Isauriens, au sens large du mot, reprennent leurs antiques et traditionnelles activités.
C'est ainsi que Tacite nous apprend qu'en 36 et en 42 le pays est troublé par les brigandages et les pirateries des Clites ou Ciètes. Leurs entreprises sont assez conséquentes, puisque Rome doit fournir un gros effort pour nettoyer les nids de pirates et venir à bout de la résistance.
Si, dans une période où la puissance Romaine, même lorsqu'elle se fait sentir par l'intermédiaire d'un état vassal, n'est guère contestée à l'intérieur de l'Empire, les habitants de ces régions se montrent, plutôt que des rebelles, de dangereux bandits, il paraît normal que, dans la seconde moitié du IIIe siècle, à partir du moment où, après la défaite et la captivité de Valerien, l'Empire craque de partout sous la pression des Barbares de l'extérieur et des usurpateurs fleurissent.
Cela d'autant plus que peu auparavant, sinon eux tout au moins des peuples voisins ont fait parler d'eux comme le montre une inscription de Termessos προς Οίνοάνδοις en l'honneur d'un nommé Valerius Castus, préposé au commandement de vexillations, pour avoir rétabli la paix et sur terre et sur mer...

Ce sont les témoignages des troubles de la seconde moitié du IIIe siècle, tels qu'ils nous ont été transmis par l'Histoire Auguste.
Entre les 2 règnes antithétiques de Gallien, le mauvais empereur, et de Claude le Gothique, le bon empereur, leur biographe, le pseudo-Trebellius Pollio, introduit les Trente Tyrans.
Il s'agit d'usurpateurs dont le nombre symbolique, ainsi que l'a montré H. Peter au début de notre siècle, n'est autre qu'un topos rhétorique commandé par les souvenirs lointains et mal compris du régime des Trente dans l'Athènes d'après la guerre du Péloponnèse. Parmi ces Trente, il nous cite un nommé Trébellien qui, d'abord chef de pirates, s'est ensuite proclamé empereur en Isaurie.
Son usurpation n'a été qu'éphémère, puisqu'il a été battu et tué par un général de Gallien, Camsiséole, sans que pour cela l'Isaurie ne retrouve la paix.

Ce ne serait que sous le règne de Claude qu'une solution de longue durée a été apportée au problème : Considérés désormais comme des Barbares, les Isauriens ont été, à proprement parler, investis par un véritable limes, de manière à empêcher leurs incursions dans les régions voisines.
Plus tard, sous le règne de Probus, encore un bon empereur, le soi-disant Flavius Vopiscus nous apprend qu'un chef de bandes du nom de Painierius a été battu et tué, que l'Isaurie, libérée du brigandage, a été remise sous l'autorité Romaine et que, pour contenir ses habitants, Probus y a installé des colonies de vétérans dont les fils ont été héréditairement astreints au service militaire...
En présence de ces données, nous devons nous demander, comme chaque fois que l'on aborde l'Histoire Auguste, s'il s'agit là d'événements réels, rapportés Tels qu'ils ont eu lieu, ceux-ci déformés en vertu de l'optique du narrateur, ou bien s'il s'agit de faux, ou plus exactement d'une transposition dans le passé de faits du IVe siècle...

La réalité de la révolte Isaurienne à l'époque de Probus est confirmée par un long récit de Zosime :
« Sous la direction d'un de leurs chefs, nos hommes ravagent la Pamphylie et la Lycie, puis, incapables de résister en rase campagne aux troupes Romaines qui leur sont opposées, ils s'emparent de la place forte de Cremma, située dans une position naturelle quasi inexpugnable, dont ils chassent la population civile. Là, se ravitaillant par un tunnel creusé dans la montagne, ils résistent jusqu'à ce que leur chef ait été tué par un projectile, alors qu'il observe les mouvements de l'adversaire.
Aussitôt après sa mort, les troupes, dont il a maintenu la cohésion par la terreur, se rendent aux Romains et tout rentre dans l'ordre. Une différence doit cependant être notée entre les 2récits : Ils ne donnent pas le même nom pour le chef de la révolte...
Pour l'Histoire Auguste, il s'agit d'un nommé Palfuerius.
Pour Zosime d'un certain Lydius.
Mais cette différence ne nous semble pas très grave et, plutôt que de considérer avec certains qu'il s'agit de 2 chefs de bandes différents d'une même révolte, dont l'un a été battu par Probus et l'autre par un de ses lieutenants. Chacun des 2 auteurs a pu ne conservé qu'une partie du nom du chef Isaurien qui se serait appelé en réalité Palfuerius Lydius... Le second nom indiquant son origine ethnique.

Passons maintenant à l'étude de l'usurpation de Trébellien, les problèmes se compliquent étrangement. Se pose une véritable question préalable : Qui est Trébellien ? Quels autres témoignages possédons-nous de son existence ?
Le texte nous dit qu'il fait frapper monnaie : Nous avons là, mention de la pratique la plus habituelle de tous les usurpateurs, comme en fait foi n'importe quel recueil de numismatique.
Cette pratique est toute naturelle, puisque battre monnaie est un droit régalien, c'est donc une manière d'affirmer sa souveraineté.
D'autre part battre monnaie permet de payer ses partisans et d'assurer sa propagande.
Lenain de Tillemont, affirme à propos de cet homme, qu'il fait « battre monnaie qui se voit encore », et c'est d'après cette monnaie qu'il le désigne de ses tria nomina : C. Annius Trebellianus.
Malheureusement cette monnaie de Trébellien est l'œuvre de faussaires, de peu antérieurs à Lenain, qui l'ont fabriquée justement pour servir d'illustration à ce passage des Trente Tyrans. Ainsi s'efface un témoignage qui, à lui seul, s'il avait été véridique, aurait entraîné la conviction...
Un second témoignage, en apparence plus sûr, nous est fourni par un passage d'Eutrope : « Gallien alors qu'il est adolescent est fait Auguste, il gouverne l'Empire d'abord avec bonheur, puis convenablement, enfin d'une manière néfaste. Dans son jeune âge en effet il agit souvent avec vigueur en Gaule et en Illyrie, c'est alors qu'est tué, près de Mursa, Ingenuus, qui s'est emparé de la pourpre et aussi Trébellien. »
Ces derniers le mettent en rapport avec Ingenuus et nous apprennent qu'après avoir recueilli les débris de son armée il est à son tour battu et tué dans la région de Mursa. Bien plus, des monnaies, cette fois authentiques, ont conservé son souvenir ainsi que celui de sa femme, monnaies qui ont toutes été trouvées dans cette région Pannonienne où les textes situent son usurpation...

Bien qu'aucune source ne nous en parle, la présence de troubles est possible. Toute l'histoire de l'Isaurie, dans les périodes de pouvoir relativement faible, est là pour nous en montrer la plus que vraisemblance. L'inscription de Termessos nous a montré l'existence de difficultés dans la région du Taurus dès le règne de Valerien et de plus la situation de toute l'Asie Mineure, aux prises avec les conséquences de la guerre Perse et des ambitions Palmyréniennes, ne peut qu'avoir été favorable à une reprise des activités traditionnelles des bandits locaux.
Nous pensons cependant que, si de pareils troubles ont eu vraisemblablement lieu, notre auteur, qui écrit loin de la période et loin de la région, n'en a jamais eu connaissance, tout son récit est de pure imagination pour l'époque à laquelle il se place, il est fondé uniquement sur la mauvaise réputation des habitants de l'Isaurie qui ne peuvent que s'être révoltés contre le mauvais empereur.

Mais en Asie Mineure, les Isaures se montrent plus combatifs et font plus de résistance. Sous Gallien, les Isaures sont un peuple montagnard de brigands dont le chef, Trebellien  a osé se proclamer empereur, ce qui lui vaut de mourir. Mais la résistance à Rome reste intacte et indomptée depuis cette époque car les Romains ont été occupés sur d'autres fronts plus dangereux et plus pressants.
De ce fait, les Isaures continuent à se comporter en voleur et pirates, sévissant dans toute la Pamphylie et la Lycie.

Probus ayant pacifié tout l'occident, veut en allant s'occuper de l'Orient passer par cet endroit pour soumettre ou détruire ce peuple qui ose encore défier l'empire et ce depuis trop longtemps...
Probus marche ensuite vers l'Orient, dont il veut assurer les frontières contre les Perses, qui apparemment ont fait quelques courses sur les terres Romaines, et en même temps étant instruit que les Blemmyes répandent la terreur dans tout le Sud de l'Égypte, et se sont emparés des villes de Coptos et de Ptolémaïde, il donne commission de pacifier ce pays à un de ses lieutenants.
Les 2 villes sont reconquises, les Blemmyes eux-mêmes repoussés et subjugués. ou prisonniers, lesquels sont envoyés à Rome, et leur figure, dit l'historien, y cause beaucoup d'étonnement.
La victoire remportée sur les Blemmyes a de l'éclat, et elle augmente la terreur que l'approche de Probus à la tête d'une armée a déjà jetée parmi les Perses.
Leur roi Vararane II, résolu de conjurer l'orage, envoie des ambassadeurs, qui trouvent l'empereur Romain déjà campé sur les montagnes d'Arménie, d'où l'on découvre leur pays.
L'audience qu'il leur donne est extrêmement singulière, et elle renouvelle l'exemple de la simplicité, de la frugalité, et en même temps de la fierté du courage des Curius et des Fabrices...

Probus étant arrivé sur la hauteur a commandé à son armée de se repaître, sans s'astreindre à ménager les prévisions, parce que les états des Perses, qu'il leur montre de la main, vont leur fournir des vivres en abondance... Lui-même s'étant assis sur l'herbe, il prend son repas, qui consiste en une purée de pois avec quelques morceaux de porc salé.
En ce moment on lui annonce les ambassadeurs de Perse, et il ordonne qu'on les fasse approcher.
Premier sujet d'étonnement pour ces étrangers, qui, accoutumés au faste de la cour de leur prince, se sont imaginé qu'il faudra attendre longtemps l'audience de l'empereur Romain, et qu'ils n'y seront admis qu'après avoir paru devant les ministres, auprès desquels ils croient même qu'ils auront besoin d'introducteurs.
Leur surprise redouble lorsqu'ils aperçoivent Probus, ayant une casaque de pourpre tout unie, et un bonnet sur la tête.
Mais avec un extérieur si simple il leur tient un langage dont la hauteur menaçante les fait trembler. Leur disant qu'il est l'empereur, et qu'il les charge de déclarer à leur maître que si dans le jour il ne se mette en devoir de réparer les torts faits aux Romains, il verra, avant que le mois ne soit terminé, toutes les campagnes de son royaume aussi rasées et aussi nues que l'est sa tête... En même temps il ôte son bonnet pour leur montrer sa tête chauve. Il ajoute que s'ils ont besoin de manger ils peuvent prendre part à son repas, sinon qu'ils sortent du camp sur l'heure, parce que leur mission est remplie...

D'après Vopiscus, Vararane a envoyé des présents à Probus, celui-ci les rejette, et lui répond par une lettre conçue en ces termes :
« Je m'étonne que sur des possessions qui dans leur totalité vont devenir notre butin, vous ayez prétendu me faire une si petite part.
Gardez ce que vous avez, nous savons les voies de nous en emparer quand nous le voudrons ».
La fierté de cette lettre convient à tout le reste de la conduite de Probus. Vararane en est effrayé, et, si nous en croyons Synésius, il vient lui-même trouver l'empereur Romain pour négocier un traité.
Ce qui est certain, c'est qu'il n'y a pas d'hostilités : La paix est conclue.

Ces affaires lui sont suscitées par 2 sortes d'ennemis, les Barbares du Nord et plusieurs sujets rebelles.
Les Barbares, Germains, Sarmates, Scythes, Goths, sont vaincus, mais Probus connaît trop le caractère indomptable de ces nations pour espérer qu'il y ait un autre moyen de les réduire au repos que de les mettre dans l'impuissance de remuer.

On peut juger de l'attachement prodigieux de ces Barbares pour leur liberté, et de leur audace incroyable, par l'exemple d'une poignée de Francs qui ont été transportés dans le Pont. Ayant trouvé l'occasion de s'emparer de quelques vaisseaux, se mettent en mer, traversent le Bosphore de Thrace, la Propontide, l'Hellespont, et, étant entrés dans la mer Égée, ils ravagent à droite et à gauche les côtes d'Asie et de Grèce. Ils viennent ensuite en Sicile, pillent la ville de Syracuse.
De là s'étant portés vers l'Afrique, ils reçoivent un échec près de Carthage, d'où l'on envoie sur eux une escadre, mais, sans se décourager, ils continuent leur route vers le détroit, faisant souvent des descentes pour fournir à leur subsistance : Ils passent ainsi dans l'Océan, et, ayant tourné l'Espagne et côtoyé la Gaule, ils arrivent heureusement à l'embouchure du Rhin, et se rendent à leur patrie...
Au reste, si la sagesse de Probus ne peut amollir la dureté des Barbares et les amener au point de vivre en paix sur les terres Romaines, la terreur de son nom les contient, et les frontières de l'empire sont tranquilles.


278 — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/278
Cette page concerne l'année 278 du calendrier julien. Sommaire. [masquer]. 1 Événements; 2 ... Le brigand isaurien Lydius, qui sévit en Pamphylie et en Lycie, s'enferme dans Cremna en Pisidie pour échapper à l'armée romaine. Il est tué ...

Empereurs romains - J.-B. Crevier
www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/ABC/Crevier/.../T08/ER_8_35.htm
DE J.-C. 278. ... Il passe dans l'Asie mineure, et donne la chasse aux brigands de l'Isaurie. ... M. de Tillemont place sur cette année les révoltes de Saturnin en Orient, de Proculus et de Bonosus en Gaule. ..... Lydius, à l'approche des troupes romaines qui marchaient contre lui, sentant bien qu'il ne pouvait tenir la campagne .

L'histoire Auguste et l'Isaurie au IVe siècle - Persée
www.persee.fr/doc/rea_0035-2004_1966_num_68_3_3775
de J Rougé - ‎1966 - ‎Cité 30 fois - ‎Autres articles
L'histoire de l'Isaurie au IIIe et au IVe siècle, telle que nous pouvons la connaître ... C'est cette réalité de la fin du IVe siècle qui est à l'origine de l'histoire du faux ...





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