mardi 9 août 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 289

21 JUILLET 2016...

Cette page concerne l'année 289 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

RAPIDUM UNE VILLE PASSAGÈRE MORTE DE NOMBREUSES INCURSIONS


TRAVAIL DE LA VIGNE
Le gouverneur Aurelius Litua combat les Quinquegentanei et les Bavares, et obtient quelques succès (289-290). Il fait reconstruire un pont à Auzia.
Les Quinquegentanei, Quinquiegentiani, ou Quinquégentiens (la) quinque gente, « les 5 tribus ») est le nom donné à une confédération tribale Maure de l'Antiquité qui s'oppose à Rome en Maurétanie Césarienne Orientale vers le IIIe siècle. Les Quinquégentiens habitent précisément dans l'actuelle grande Kabylie... Les tribus, les Fraxiniens et les Quinquégentiens, sont considérées par Ethicus comme des Babares ou des Bavars, alors que Bavar est une appellation d'une localité de Ptolémée (Vabar) et a un sens plus général (les Romains font toujours des permutations du V et du B). En effet, Ethicus désigne des Bavars au sud de la Tripolitaine. Les Bavares, ou Babares, sont une confédération de peuplades Libyques de Maurétanie Césarienne.

Les Bavares sont principalement connus par des documents épigraphiques et littéraires Romains des IIIe, IVe et Ve siècles. Gens des massifs Babors-Guergour qui dominent la région de Sitifis, ils sont voisins des Baquates et des Macénites.
La première trace qui peut être datée du règne de Sévère Alexandre est une inscription relatant un colloque entre un légat romain et un prince Baquate après une victoire Romaine. La dissolution de la Légion III Augusta en 238, a rendu impossible une répression rapide... Fait nouveau, les révoltés poussent jusqu'aux confins Numido-Maurétaniens, où des combats sont signalés et où des trésors sont enfouis.
Un exemple nous permet de saisir la situation des Bavares au IVe siècle : La ville d’Altava, est composée de populations Bavares sédentaires, aux noms Romains mais aux institutions pérégrines à une époque où la romanisation semble s'estomper dans la région.
Sour El-Ghozlane (Rempart des Gazelles, en arabe) est une ville située au nord de l'Algérie, faisant partie de la Wilaya de Bouira. La question du rapport des Maures à la conquête puis à l'administration Romaine a suscité de nombreux travaux historiques et parfois d'âpres polémiques.

Au IIIe siècle, à partir de 253 environ, dans la région d'Auzia, des soulèvements importants ont lieu, concernant les peuples de Bavares, des Quinquegentanei et des Fraxinenses, avec leur chef Faraxen. ces soulèvements menacent la province voisine de Numidie. L'agitation dure jusqu'à la fin du siècle, avec des périodes plus ou moins violentes. Il revient au tétrarque Maximien de ramener l'ordre par son expédition de 297-298. Nul doute aussi que des alliances avec de grands chefs Maures, comme les ancêtres de Firmus et Gildon aident aussi à ramener la paix.
Dans le cadre de la réorganisation des provinces, la Césarienne est divisée en 2 provinces : La Césarienne à l'ouest de l'ancien territoire et autour de Césarée et la Sitifienne à l'est autour de Sitifis (actuelle Sétif), ville prospère dans l'antiquité tardive comme l'on montré les recherches de P.-A. Février. Il semble que le nouveau découpage provincial soit entré en vigueur en 303, en même temps que la réorganisation des autres provinces Africaines, sur la base d'une subdivision antérieure qui a divisée l'ancienne province en 2 régions, peut-être des districts militaires.
Si, pour C. Courtois, la dissidence des Maures nomades de l'intérieur a réduit la Césarienne à nouveau à une étroite bande côtière fortement diminuée à l'ouest, les recherches tendent actuellement à démontrer que le contrôle Romain n'est pas si diminué... La région n'échappe complètement à Rome qu'après l'invasion des Vandales au Ve siècle.
Au VIe siècle, la reconquête de Justinien établit une tête de pont Byzantine autour de Septem Fratres/Ceuta/Sabta.
Son gouverneur est en même temps responsable nominal de l'Espagne et de la Gaule. Le dernier, Julien, a contribué à faire passer les conquérants arabo-berbères en Espagne en 722...

Le déclin visible de l'autorité Romaine entraîne une prise de conscience nationale de l'élite Berbère romanisée des villes et la révolte ouverte des tribus insoumises. Dans les villes, le mouvement de conversion au christianisme s'accentue encore et gagne les milieux intellectuels qui voient dans l'église la possibilité d'unir des troupes sous une bannière commune en s'opposant à l'autorité de l'occupant Romain tout en continuant à profiter matériellement de la civilisation urbaine.
Les berbères se retrouveront livrés à eux-mêmes. La Numidie est séparée en deux. Quant à la proconsulaire elle est partagée en 3 provinces ayant respectivement pour chefs-lieux, Carthage, Sousse et Leptis Magna.

En 289 commence une nouvelle insurrection Berbère dans la région comprise entre la Grande-Kabylie et le Hodna. L'armée Romaine locale est insuffisante à l'enrayer et doit faire appel après 6 longues années de lutte, à l'empereur Maximien lui-même qui parvient à rétablir l'ordre en 297. Ordre relatif, car dans l'armée composée essentiellement de Berbères, l'anti-militarisme se répand dangereusement, favorisé ouvertement par l'église qui fait honorer comme martyrs les soldats ayant refusé de porter les armes et d'obéir au culte impérial.
C'est l'une des cause de la grande persécution de Dioclétien déclenchée en 303 mais appliquée de façon moins rigoureuse en Berbèrie qu'en Égypte. Comme au temps de Décius, les apostasies sont nombreuses mais aucun évêque de la trempe de Saint-Cyprien ne se manifeste.

Une inscription datant du règne de Dioclétien, vers 284-289 relate une opération de police en relation avec les troubles qui précèdent la grande insurrection de 290, laquelle oblige Maximien à venir en personne en Maurétanie en 287.
On peut supposer que le combat au cours duquel les Bavares Mesgnenses sont battus se déroule dans une région voisine de Manliana.
Si le combat s’est déroulé dans une région fort éloignée de celle-ci, l’inscription a pu figurer sur les lieux mêmes de la victoire Romaine ou plutôt dans la capitale de la province...
J. Carcopino a cru pouvoir faire un rapprochement entre ces Bavares Mesgnenses et les Beni Mezguen qui sont battus et exterminés près d’Oran par Yala en 954-955.
Si ce rapprochement est exact, nous sommes ramenés près de la localisation, que donnent habituellement les textes, entre l’Ouarsenis et la Moulouya.

Comme dans la région de Milev, les Romains ont en face d’eux une confédération dont les chefs portent le titre de roi et non celui de princeps, ce qui semble indiquer qu’ils ont chacun sous leur commandement des troupes relativement importantes (Bavarum gentes quorum multitude., dit l’inscription). Ici ces rois sont au nombre de 3 et ce sont des personnages connus puisqu’on prend soin de donner leur nom, Taganin (ou Tagavin), Masmul et Fahem, et il est encore question d’au moins 3 autres personnages de la famille royale dont les noms sont donnés aussi... Il semble que le vainqueur a bien pris soin de nommer ainsi les chefs de la révolte pour donner à sa victoire plus de crédit et faire connaître aux habitants de la région que la « baraka » dont jouissaient ces chefs a définitivement disparu. De telles précisions et un tel souci ne se comprennent que si les révoltés sont bien connus dans le pays.

L’emplacement des combats ou des inscriptions qui les mentionnent montre que les engagements entre Romains et Bavares se sont produits au débouché dans les plaines, les rebelles venant du nord, c’est-à-dire des montagnes qui s’étendent entre la Sava et l’Amsaga, et, chacun de ces combats apparaît comme une offensive Bavare contre les pays riches de plaines et non pas comme une opération Romaine en pays Bavare.

Ainsi nous arrivons à considérer que 2 groupes ethniques, 2 confédérations portant le même nom, existent en Maurétanie Césarienne, l’une à l’extrême Ouest, l’autre à l’extrême Est, les Bavares Mesgnenses étant vraisemblablement une des gentes du premier groupe.
Rien ne s’oppose à cette interprétation et l’exemple des Mazices ou des Musones-Mussini prouve que le même nom peut, comme de nos jours, être porté par des peuplades distantes de plusieurs milliers de kilomètres.
Entre les peuples voisins des Baquates et ceux voisins des Quinquegentanei, il n’y a de commun que le nom et peut-être le genre de vie, celui de montagnards faméliques.

FORUM DE CESAREA (CHERCHELL)
L’interprétation que nous donnons des différentes sources relatives aux Bavares nous fait donc rejeter celle antérieurement proposée par R. Thouvenot pour lui « les Bavares habitaient une longue bande de territoire qui allait de la Haute Mou-louya au sud-est de Sétif » et étaient « les représentants, dans l’Antiquité, de ces Nomades qui rôdent éternellement aux approches des pays pacifiés à l’affût du moindre ébranlement qui en affaiblira la résistance ». Cette opinion est partagée par C. Courtois. Elle paraît aujourd’hui difficilement acceptable.
Nous ne savons rien des troupes qui tiennent garnison à Rapidum au IIIe siècle. Il est sûr cependant que le camp est abandonné avant la ville : Au IIe siècle, une canalisation en béton et briques conduisait les eaux de l'Αϊη-er-Sahnoun, située à 2 kilomètres à l'Est, jusqu'à une fontaine qui est près de la « porta decumana » et dont le bel ensemble date de l'époque de la construction du camp. Les thermes du nord sont encore utilisés en 325, comme nous le prouvent 2 monnaies de bronze de Maximien Hercule et de Grispus, fils de Constantin, rencontrées dans les fouilles avec plusieurs petits bronzes de Constantin.
Ces pièces, qui sont les plus récentes de toute la numismatique de Rapidum, nous donnent un terminus ante quern pour l'occupation du camp. Mais la ville, créée à l'abri de ses murs, lui survit longtemps.

Au début, la ville de Rapidum, établie malgré la règle sous le valum même pour être mieux à l'abri, a dû présenter les mêmes caractères que les groupes de canabae que l'on trouve très souvent près des camps permanents. Non seulement aucune enceinte ne la défend, mais elle n'a pas de nom à elle.

Les victoires de Gallien sur ses rivaux rendent à l'Empire une paix que la faiblesse du pouvoir central a compromis pendant 10 ans. Nous trouvons la trace de ce redressement à Rapidum, où on a découvert de nombreuses pièces à l'effigie de Gallien. La route Auzia-Rapidum est encore remise en état par Claude le Gothique, successeur de Gallien, en 268-270, et Aurélien, en 270-275, restaure l'itinéraire Rapidum-Caesarea. Nous savions déjà que cet énergique empereur a réparé la voie entre Mouzaïaville, Médéa et Berrouaghia.

Une trouvaille récente complète ces renseignements pour le secteur Berrouaghia-Masqueray. C'est un milliaire en grès, trouvé en 1925 à Souagui. Par M. Albertini :
La pierre a été brisée à droite, où l'on voit la trace de coins, peut-être seulement quand elle a été utilisée comme linteau de porte dans la masure où on l'a trouvée à 300 mètres au nord du village de Souagui, et à mi-distance entre 2 milliaires. Les lettres très irrégulières et gauchement tracées de ce texte fautif ont pris la place d'une inscription plus ancienne dont les lettres peu distinctes apparaissent çà et là, et à laquelle appartient l'indication des milles, mieux et plus profondément gravée.
Nous ignorons tout de l'histoire de Rapidum pendant les 30 années qui suivent le règne d'Aurélien. Nous savons seulement que la ville a été détruite par des rebelles ante plurima tempora, quand les empereurs de la tétrarchie la reconstruisent, sans doute peu avant l'abdication de Dioclétien et de Maximien Hercule.
Mais il est difficile de dire de quelle révolte il s'agit.
Sous Dioclétien, l'Afrique fut secouée par 2 graves insurrections : Une première fois, les rebelles qui, en 289, ont coupé la route et détruit les ponts entre Rapidum et Auzia, sont contraints à la paix par le procurateur Aurelius Litua... La guerre reprend peu après et le pays est ravagé de l'Aurès à la Kabylie. Aurelius Litua vient à plusieurs reprises de Caesarea razzier les tribus insurgées, sans pouvoir les réduire à la paix. Il faut une vigoureuse campagne de Maximien pour en venir à bout (297- 298). La paix revenue, on relève les ruines, et c'est alors que le pays est reconstruit.

M. Cagnat a supposé qu'il a été détruit en 289. Si la route seule est restaurée en 290, c'est que le gouverneur de la province n'a songé qu'à réparer, dans l'intervalle de 2 campagnes, les voies, sans lesquelles il ne peut se porter brusquement aux endroits menacés et surprendre, comme il le fait en 291, les dissidents jusque derrière le Hodna.
On peut cependant se demander si la dizaine d'années qui ont ainsi séparé la ruine et la reconstruction de Rapiduin justifie les mots de l'inscription ante plurima Tempora.
La numismatique de Rapidum, qui présente une série complète de Trajan à Gallien, est muette pour les 30 dernières années du IIIe siècle. Il semble que le règne d'Aurélien est suivi à Rapidum d'une catastrophe : M. Charrier a découvert en 1914, sous une dalle, dans une maison près du Forum, un petit trésor qui, contient 45 petits bronzes au nom de Gallien, de sa femme Salonine et de son fils Salonin. La pièce la plus récente est à l'effigie de Claude le Gothique (268-270). On n'a trouvé jusqu'ici aucune monnaie d'Aurélien, de Probus, ni même de Dioclétien, qui règne pourtant depuis plus de 15 ans quand Rapidum est reconstruit, alors que les grands et moyens bronzes de Maximien, de Constance-Chlore, de Maxence et de Constantin sont nombreux.

Il n'est pas impossible que Rapidum ait été « prise et détruite par un raid de rebelles » (rebellium incursione captum ac dirutum) en dehors d'une grande révolte, pendant ces années d'insécurité où l'Empire retombe comme fatigué par le rude effort des empereurs Illyriens, et autorise par sa faiblesse les insurrections des tribus mal soumises. Cependant le silence de la numismatique n'est peut-être que provisoire : La décision ne sera donnée que par les fouilles qui sont en cours.

On entrevoit ce qu'est Rapidum à ses débuts et comment elle grandit, mais on ne ne sait rien de sa décadence et des circonstances de sa disparition.
Les fouilles de 1927 ont du moins découvert un camp qui sera peut-être un jour un des plus curieux de l'Afrique du Nord, après celui de Lambèse, et une ville qui n'est pas conforme au type le plus répandu sur les frontières du monde Romain.
Des fouilles persévérantes à Rapidum enrichissent donc notre connaissance de l'occupation militaire et de la colonisation de la Mauritanie... Mais l'Histoire risque d'être seule à y gagner, car les monuments de Rapidum, déjà dégagés, sortent de terre dépouillés, et remaniés. Cette petite ville dont les origines sont si humbles, à qui le sort est de bonne heure si cruel.

Maurétanie Césarienne — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurétanie_Césarienne
Aller à Des révoltes d'ampleur discutées - Si de grandes révoltes sont attestées, comme sous ... aujourd'hui la Césarienne comme une province où ...

Le secteur de Rapidum sur le Limes de Mauritanie césarienne après ...
www.persee.fr/doc/mefr_0223-4874_1928_num_45_1_8497
de W Seston - ‎1928 - ‎Cité 7 fois - ‎Autres articles
Le secteur de Rapidum sur le Limes de Mauritanie césarienne après les fouilles de 1927 ... Mélanges d'archéologie et d'histoire Année 1928 Volume 45 Numéro 1 pp. ..... άνήρ — reçut d'Hadrien la charge de réprimer la révolte de la Mauritanie. ...... en 289, avaient coupé la route et détruit les ponts entre Rapidum et Auzia, ...

Kabylie : le nouvel essor de l'église - http://www.france-jeunes.net
www.france-jeunes.net/imprim-html.php?type=article&tid=25356
L'année 235 marque un tournant dans l'histoire de l'empire romain la berbèrie comprise. ... de l'élite berbère romanisée des villes et la révolte ouverte des tribus insoumises. ... se développa aux confins de la numidie et de la maurétanie césarienne. ... En 289 commençe une nouvelle insurrection berbère dans la région ...

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