21
JUILLET 2016...
Cette
page concerne l'année 289 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
RAPIDUM
UNE VILLE PASSAGÈRE MORTE DE NOMBREUSES INCURSIONS
TRAVAIL DE LA VIGNE |
Le
gouverneur Aurelius Litua combat les Quinquegentanei et les Bavares,
et obtient quelques succès (289-290). Il fait reconstruire un pont à
Auzia.
Les
Quinquegentanei, Quinquiegentiani, ou Quinquégentiens (la) quinque
gente, « les 5 tribus ») est le nom donné à une
confédération tribale Maure de l'Antiquité qui s'oppose à Rome en
Maurétanie Césarienne Orientale vers le IIIe siècle. Les
Quinquégentiens habitent précisément dans l'actuelle grande
Kabylie... Les tribus, les Fraxiniens et les Quinquégentiens, sont
considérées par Ethicus comme des Babares ou des Bavars, alors que
Bavar est une appellation d'une localité de Ptolémée (Vabar) et a
un sens plus général (les Romains font toujours des permutations du
V et du B). En effet, Ethicus désigne des Bavars au sud de la
Tripolitaine. Les Bavares, ou Babares, sont une confédération de
peuplades Libyques de Maurétanie Césarienne.
Les
Bavares sont principalement connus par des documents épigraphiques
et littéraires Romains des IIIe, IVe et Ve siècles. Gens des
massifs Babors-Guergour qui dominent la région de Sitifis, ils sont
voisins des Baquates et des Macénites.
La
première trace qui peut être datée du règne de Sévère Alexandre
est une inscription relatant un colloque
entre un légat romain et un prince Baquate après une victoire
Romaine. La dissolution de la Légion III Augusta en 238, a rendu
impossible une répression rapide... Fait nouveau, les révoltés
poussent jusqu'aux confins Numido-Maurétaniens, où des combats sont
signalés et où des trésors sont enfouis.
Un
exemple nous permet de saisir la situation des Bavares au IVe
siècle : La ville d’Altava, est composée de populations
Bavares sédentaires, aux noms Romains mais aux institutions
pérégrines à une époque où la romanisation semble s'estomper
dans la région.
Sour
El-Ghozlane (Rempart des Gazelles, en arabe) est une ville située au
nord de l'Algérie, faisant partie de la Wilaya de Bouira. La
question du rapport des Maures à la conquête puis à
l'administration Romaine a suscité de nombreux travaux historiques
et parfois d'âpres polémiques.
Au
IIIe siècle, à partir de 253 environ, dans la région d'Auzia, des
soulèvements importants ont lieu, concernant les peuples de Bavares,
des Quinquegentanei et des Fraxinenses, avec leur chef Faraxen. ces
soulèvements menacent la province voisine de Numidie. L'agitation
dure jusqu'à la fin du siècle, avec des périodes plus ou moins
violentes. Il revient au tétrarque Maximien de ramener l'ordre par
son expédition de 297-298. Nul doute aussi que des alliances avec de
grands chefs Maures, comme les ancêtres de Firmus et Gildon aident
aussi à ramener la paix.
Dans
le cadre de la réorganisation des provinces, la Césarienne est
divisée en 2 provinces : La Césarienne à l'ouest de l'ancien
territoire et autour de Césarée et la Sitifienne à l'est autour de
Sitifis (actuelle Sétif), ville prospère dans l'antiquité tardive
comme l'on montré les recherches de P.-A. Février. Il semble que le
nouveau découpage provincial soit entré en vigueur en 303, en même
temps que la réorganisation des autres provinces Africaines, sur la
base d'une subdivision antérieure qui a divisée l'ancienne province
en 2 régions, peut-être des districts militaires.
Si,
pour C. Courtois, la dissidence des Maures nomades de l'intérieur a
réduit la Césarienne à nouveau à une étroite bande côtière
fortement diminuée à l'ouest, les recherches tendent actuellement à
démontrer que le contrôle Romain n'est pas si diminué... La région
n'échappe complètement à Rome qu'après l'invasion des Vandales au
Ve siècle.
Au
VIe siècle, la reconquête de Justinien établit une tête de pont
Byzantine autour de Septem Fratres/Ceuta/Sabta.
Son
gouverneur est en même temps responsable nominal de l'Espagne et de
la Gaule. Le dernier, Julien, a contribué à faire passer les
conquérants arabo-berbères en Espagne en 722...
Le
déclin visible de l'autorité Romaine entraîne une prise de
conscience nationale de l'élite Berbère romanisée des villes et la
révolte ouverte des tribus insoumises. Dans les villes, le mouvement
de conversion au christianisme s'accentue encore et gagne les milieux
intellectuels qui voient dans l'église la possibilité d'unir des
troupes sous une bannière commune en s'opposant à l'autorité de
l'occupant Romain tout en continuant à profiter matériellement de
la civilisation urbaine.
Les berbères se retrouveront livrés à eux-mêmes. La Numidie est séparée en deux. Quant à la proconsulaire elle est partagée en 3 provinces ayant respectivement pour chefs-lieux, Carthage, Sousse et Leptis Magna.
Les berbères se retrouveront livrés à eux-mêmes. La Numidie est séparée en deux. Quant à la proconsulaire elle est partagée en 3 provinces ayant respectivement pour chefs-lieux, Carthage, Sousse et Leptis Magna.
En
289 commence une nouvelle insurrection Berbère dans la région
comprise entre la Grande-Kabylie et le Hodna. L'armée Romaine locale
est insuffisante à l'enrayer et doit faire appel après 6 longues
années de lutte, à l'empereur Maximien lui-même qui parvient à
rétablir l'ordre en 297. Ordre relatif, car dans l'armée composée
essentiellement de Berbères, l'anti-militarisme se répand
dangereusement, favorisé ouvertement par l'église qui fait honorer
comme martyrs les soldats ayant refusé de porter les armes et
d'obéir au culte impérial.
C'est
l'une des cause de la grande persécution de Dioclétien déclenchée
en 303 mais appliquée de façon moins rigoureuse en Berbèrie qu'en
Égypte. Comme au temps de Décius, les apostasies sont nombreuses
mais aucun évêque de la trempe de Saint-Cyprien ne se manifeste.
Une
inscription datant du règne de Dioclétien, vers 284-289 relate une
opération de police en relation avec les troubles qui précèdent la
grande insurrection de 290, laquelle oblige Maximien à venir en
personne en Maurétanie en 287.
On
peut supposer que le combat au cours duquel les Bavares Mesgnenses
sont battus se déroule dans une région voisine de Manliana.
Si
le combat s’est déroulé dans une région fort éloignée de
celle-ci, l’inscription a pu figurer sur les lieux mêmes de la
victoire Romaine ou plutôt dans la capitale de la province...
J.
Carcopino a cru pouvoir faire un rapprochement entre ces Bavares
Mesgnenses et les Beni Mezguen qui sont battus et exterminés près
d’Oran par Yala en 954-955.
Si
ce rapprochement est exact, nous sommes ramenés près de la
localisation, que donnent habituellement les textes, entre
l’Ouarsenis et la Moulouya.
Comme
dans la région de Milev, les Romains ont en face d’eux une
confédération dont les chefs portent le titre de roi et non celui
de princeps, ce qui semble indiquer qu’ils ont chacun sous leur
commandement des troupes relativement importantes (Bavarum gentes
quorum multitude., dit l’inscription). Ici ces rois sont au nombre
de 3 et ce sont des personnages connus puisqu’on prend soin de
donner leur nom, Taganin (ou Tagavin), Masmul et Fahem, et il est
encore question d’au moins 3 autres personnages de la famille
royale dont les noms sont donnés aussi... Il semble que le vainqueur
a bien pris soin de nommer ainsi les chefs de la révolte pour donner
à sa victoire plus de crédit et faire connaître aux habitants de
la région que la « baraka » dont jouissaient ces chefs a
définitivement disparu. De telles précisions et un tel souci ne se
comprennent que si les révoltés sont bien connus dans le pays.
L’emplacement
des combats ou des inscriptions qui les mentionnent montre que les
engagements entre Romains et Bavares se sont produits au débouché
dans les plaines, les rebelles venant du nord, c’est-à-dire des
montagnes qui s’étendent entre la Sava et l’Amsaga, et, chacun
de ces combats apparaît comme une offensive Bavare contre les pays
riches de plaines et non pas comme une opération Romaine en pays
Bavare.
Ainsi
nous arrivons à considérer que 2 groupes ethniques, 2
confédérations portant le même nom, existent en Maurétanie
Césarienne, l’une à l’extrême Ouest, l’autre à l’extrême
Est, les Bavares Mesgnenses étant vraisemblablement une des gentes
du premier groupe.
Rien
ne s’oppose à cette interprétation et l’exemple des Mazices ou
des Musones-Mussini prouve que le même nom peut, comme de nos jours,
être porté par des peuplades distantes de plusieurs milliers de
kilomètres.
Entre
les peuples voisins des Baquates et ceux voisins des Quinquegentanei,
il n’y a de commun que le nom et peut-être le genre de vie, celui
de montagnards faméliques.
FORUM DE CESAREA (CHERCHELL) |
L’interprétation
que nous donnons des différentes sources relatives aux Bavares nous
fait donc rejeter celle antérieurement proposée par R. Thouvenot
pour lui « les Bavares habitaient une longue bande de
territoire qui allait de la Haute Mou-louya au sud-est de Sétif »
et étaient « les représentants, dans l’Antiquité, de ces
Nomades qui rôdent éternellement aux approches des pays pacifiés à
l’affût du moindre ébranlement qui en affaiblira la résistance ».
Cette opinion est partagée par C. Courtois. Elle paraît aujourd’hui
difficilement acceptable.
Nous
ne savons rien des troupes qui tiennent garnison à Rapidum au IIIe
siècle. Il est sûr cependant que le camp est abandonné avant la
ville : Au IIe siècle, une canalisation en béton et briques
conduisait les eaux de l'Αϊη-er-Sahnoun, située à 2 kilomètres
à l'Est, jusqu'à une fontaine qui est près de la « porta
decumana » et dont le bel ensemble date de l'époque de la
construction du camp. Les thermes du nord sont encore utilisés en
325, comme nous le prouvent 2 monnaies de bronze de Maximien Hercule
et de Grispus, fils de Constantin, rencontrées dans les fouilles
avec plusieurs petits bronzes de Constantin.
Ces
pièces, qui sont les plus récentes de toute la numismatique de
Rapidum, nous donnent un terminus ante quern pour l'occupation du
camp. Mais la ville, créée à l'abri de ses murs, lui survit
longtemps.
Au
début, la ville de Rapidum, établie malgré la règle sous le valum
même pour être mieux à l'abri, a dû présenter les mêmes
caractères que les groupes de canabae que l'on trouve très souvent
près des camps permanents. Non seulement aucune enceinte ne la
défend, mais elle n'a pas de nom à elle.
Les
victoires de Gallien sur ses rivaux rendent à l'Empire une paix que
la faiblesse du pouvoir central a compromis pendant 10 ans. Nous
trouvons la trace de ce redressement à Rapidum, où on a découvert
de nombreuses pièces à l'effigie de Gallien. La route Auzia-Rapidum
est encore remise en état par Claude le Gothique, successeur de
Gallien, en 268-270, et Aurélien, en 270-275, restaure l'itinéraire
Rapidum-Caesarea. Nous savions déjà que cet énergique empereur a
réparé la voie entre Mouzaïaville, Médéa et Berrouaghia.
Une
trouvaille récente complète ces renseignements pour le secteur
Berrouaghia-Masqueray. C'est un milliaire en grès, trouvé en 1925 à
Souagui. Par M. Albertini :
La
pierre a été brisée à droite, où l'on voit la trace de coins,
peut-être seulement quand elle a été utilisée comme linteau de
porte dans la masure où on l'a trouvée à 300 mètres au nord du
village de Souagui, et à mi-distance entre 2 milliaires. Les
lettres très irrégulières et gauchement tracées de ce texte
fautif ont pris la place d'une inscription plus ancienne dont les
lettres peu distinctes apparaissent çà et là, et à laquelle
appartient l'indication des milles, mieux et plus profondément
gravée.
Nous
ignorons tout de l'histoire de Rapidum pendant les 30 années qui
suivent le règne d'Aurélien. Nous savons seulement que la ville a
été détruite par des rebelles ante plurima tempora, quand les
empereurs de la tétrarchie la reconstruisent, sans doute peu avant
l'abdication de Dioclétien et de Maximien Hercule.
Mais
il est difficile de dire de quelle révolte il s'agit.
Sous
Dioclétien, l'Afrique fut secouée par 2 graves insurrections : Une
première fois, les rebelles qui, en 289, ont coupé la route et
détruit les ponts entre Rapidum et Auzia, sont contraints à la paix
par le procurateur Aurelius Litua... La guerre reprend peu après et
le pays est ravagé de l'Aurès à la Kabylie. Aurelius Litua vient à
plusieurs reprises de Caesarea razzier les tribus insurgées, sans
pouvoir les réduire à la paix. Il faut une vigoureuse campagne de
Maximien pour en venir à bout (297- 298). La paix revenue, on relève
les ruines, et c'est alors que le pays est reconstruit.
M.
Cagnat a supposé qu'il a été détruit en 289. Si la route seule
est restaurée en 290, c'est que le gouverneur de la province n'a
songé qu'à réparer, dans l'intervalle de 2 campagnes, les voies,
sans lesquelles il ne peut se porter brusquement aux endroits menacés
et surprendre, comme il le fait en 291, les dissidents jusque
derrière le Hodna.
On
peut cependant se demander si la dizaine d'années qui ont ainsi
séparé la ruine et la reconstruction de Rapiduin justifie les mots
de l'inscription ante plurima Tempora.
La
numismatique de Rapidum, qui présente une série complète de Trajan
à Gallien, est muette pour les 30 dernières années du IIIe siècle.
Il semble que le règne d'Aurélien est suivi à Rapidum d'une
catastrophe : M. Charrier a découvert en 1914, sous une dalle, dans
une maison près du Forum, un petit trésor qui, contient 45 petits
bronzes au nom de Gallien, de sa femme Salonine et de son fils
Salonin. La pièce la plus récente est à l'effigie de Claude le
Gothique (268-270). On n'a trouvé jusqu'ici aucune monnaie
d'Aurélien, de Probus, ni même de Dioclétien, qui règne pourtant
depuis plus de 15 ans quand Rapidum est reconstruit, alors que les
grands et moyens bronzes de Maximien, de Constance-Chlore, de Maxence
et de Constantin sont nombreux.
Il
n'est pas impossible que Rapidum ait été « prise et détruite par
un raid de rebelles » (rebellium incursione captum ac dirutum) en
dehors d'une grande révolte, pendant ces années d'insécurité où
l'Empire retombe comme fatigué par le rude effort des empereurs
Illyriens, et autorise par sa faiblesse les insurrections des tribus
mal soumises. Cependant le silence de la numismatique n'est peut-être
que provisoire : La décision ne sera donnée que par les fouilles
qui sont en cours.
On
entrevoit ce qu'est Rapidum à ses débuts et comment elle grandit,
mais on ne ne sait rien de sa décadence et des circonstances de sa
disparition.
Les
fouilles de 1927 ont du moins découvert un camp qui sera peut-être
un jour un des plus curieux de l'Afrique du Nord, après celui de
Lambèse, et une ville qui n'est pas conforme au type le plus répandu
sur les frontières du monde Romain.
Des
fouilles persévérantes à Rapidum enrichissent donc notre
connaissance de l'occupation militaire et de la colonisation de la
Mauritanie... Mais l'Histoire risque d'être seule à y gagner, car
les monuments de Rapidum, déjà dégagés, sortent de terre
dépouillés, et remaniés. Cette petite ville dont les origines sont
si humbles, à qui le sort est de bonne heure si cruel.
Maurétanie
Césarienne — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurétanie_Césarienne
Aller
à Des révoltes d'ampleur discutées - Si de grandes révoltes sont
attestées, comme sous ... aujourd'hui la Césarienne comme une
province où ...
Le
secteur de Rapidum sur le Limes de Mauritanie césarienne après ...
www.persee.fr/doc/mefr_0223-4874_1928_num_45_1_8497
de
W Seston - 1928 - Cité 7 fois - Autres articles
Le
secteur de Rapidum sur le Limes de Mauritanie césarienne après les
fouilles de 1927 ... Mélanges d'archéologie et d'histoire Année
1928 Volume 45 Numéro 1 pp. ..... άνήρ — reçut d'Hadrien la
charge de réprimer la révolte de la Mauritanie. ...... en 289,
avaient coupé la route et détruit les ponts entre Rapidum et
Auzia, ...
Kabylie
: le nouvel essor de l'église - http://www.france-jeunes.net
www.france-jeunes.net/imprim-html.php?type=article&tid=25356
L'année
235 marque un tournant dans l'histoire de l'empire romain la berbèrie
comprise. ... de l'élite berbère romanisée des villes et la
révolte ouverte des tribus insoumises. ... se développa aux confins
de la numidie et de la maurétanie césarienne. ... En 289 commençe
une nouvelle insurrection berbère dans la région ...
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