mercredi 10 août 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 286

24 JUILLET 2016...

Cette page concerne l'année 286 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

MÊME LES COMÉDIENS ONT UN SAINT PATRON !


« Au cours d’une soirée dominicale, l'auteur a reçu un mail de la part d’une amie, professeur de Théâtre, dont les expressions laissent s’écouler l’enthousiasme d’un cri de victoire : « J’ai trouvé qui est le saint patron des acteurs : Saint Genest ! »...

Acteur à Rome au cours du IIIe siècle, il se convertit au cours d’une représentation.
Génie malgré lui, Genest, surgissant au beau milieu de la parodie depuis le sérieux d’une confession non feinte. Le masque tombe, la tête roule, passant du drame au Drame, et permet l’irruption de la grâce et l’avènement de la personne. Un théâtre dans le théâtre ? Sans aucun doute, mais davantage encore.
Lope de Vega lui faisant dire : « Maintenant que je connais mon Auteur, je joue divinement ». Si là où le péché abonde, elle surabonde, de même, lorsque se manifeste la grâce, le diable se tient prêt.

Rotrou (1609-1650) : Dramaturge, délaissé au profit de Corneille, Racine et Molière. Il se démarque par une conception classique, avec un mélange des genres littéraires; ex: tragi-comédie.
Auteur de la troupe de l'Hôtel de Bourgogne, il devient protégé de Richelieu en 1634.

Dans Le véritable Saint Genest, œuvre publiée en 1647, Jean de Rotrou met en scène une pièce destinée à l’empereur Dioclétien qui se délecte ainsi de la répression infligée aux chrétiens sous Maxime... L’acteur interprète son rôle avec tant de sérieux que l’illustre public s’écrie : « Il ne se peut rien feindre avec plus de grâce ».
C’est que pour Genest, le jeu a changé de ton :
Durant la parodie du baptême d’Adrien, laissant tomber son masque, il se déclare chrétien devant ses collègues médusés. Il est emprisonné, torturé avec application, puis, dans un éclair d’acier, baptisé dans le sang...

Le Véritable Saint-Genest (1646) [ici édition GF-flammarion] est une tragédie sur la chrétienté et le martyre, inspirée de Polyeucte de Corneille.
L'action se déroule en Asie Mineure sous le règne de l'empereur Diocletien. Les persécutions contre les chrétiens sont encouragées.
RUINES DE LA CATHÉDRALE SAINT GENEST (NEVERS)
Genest est un comédien de grande renommée. Son rôle va entraîner sa conversion.
Situation: Adrien est un ministre de Maximin, conduit au supplice pour s'être converti.
Genest-> joue Adrien
Marcelle-> Nathalie (femme d'Adrien)
Octave-> Maximin [à la fois dans le public et sur scène, originalité]
Sergest-> Flavie

Acte I, scène 5
illustration de la tradition chrétienne : Le programme du mariage de Valérie et Maximin est présenté.
En quoi la dimension apologétique (élogieux) s'illustre-t-elle pleinement ici ?
plan possible:
1-le rôle de Genest
2-mise en valeur du genre théâtral

3-enjeux du débat Anciens/modernes
cf Corneille/ Sénèque débat Anciens/Modernes suggéré ici.
Acte II, scène 4:
Dans la pièce cadre : Répétition, entretien avec décorateur (omniprésence du théâtre). Sentiments d'Adrien étrangers à Genest : Scène et rôle décisifs ici.
et évolution psychologique du héros.
I-vers 391 à 400: répétition
II- vers 401 à 420: emportement dû au rôle, sentiments chrétiens : Agitation et doute.
III- vers 421 à fin de la scène: intervention divine.

Acte IV, scène 7: extrait du vers 1324 au vers 1372
 mise en abîme, fin de la fiction métaphore filée : orage, écueil, port figuration d'un bateau en pleine mer, héros du Sublime, l'ambiguïté disparaît


« La plus baroque, la plus provocante et la plus subversive des grandes œuvres de Rotrou, la moins jouée également, est une tragédie religieuse... Contemporaine du Polyeucte de Corneille, auquel on l'a si souvent et si vainement comparée, elle n'est pas pour autant une timide rivale, encore moins sa pâle imitation.
En jouant sur la scène du théâtre la conversion d'Adrian, le comédien Genest devient lui-même chrétien. Cette métamorphose le conduit à la mort.
JEAN ROTROU
La tragédie religieuse de Rotrou n'a pas pour autant deux visages : Celui de la Grâce que Dieu dispense, celui de l'apologie du métier des planches. Le paradoxe veut au contraire que Dieu ait choisi la voie mystérieuse de l'imitation pour prodiguer sa grâce. On ne provoque pas en vain les puissances célestes. On ne joue pas impunément non plus la farce du monde sans s'apercevoir tôt ou tard que le monde n'est qu'un théâtre. » (4e de couv. de l'édition mentionnée)
La scène se passe à Nicomédie, au IIIe siècle après Jésus-Christ, au moment  de la « grande persécution » : « Les empereurs Dioclétien et Maximin mènent alors une répression sanglante contre les chrétiens... Lors du mariage de sa fille, Dioclétien demande à une troupe de comédiens de venir jouer une pièce de théâtre. Celle-ci représente le martyre d'Adrien qui meurt en témoignant de sa foi.
Mais Genest, le comédien jouant le rôle d'Adrien, s'identifie si bien à son personnage qu'au milieu de la représentation il cesse de jouer la comédie pour se proclamer chrétien. (Julia Raison, source : Le Petit Littéraire.fr)
 
Si, comme on l'a dit, Rotrou, en donnant son « Véritable Saint Genest », marche sur les traces de Corneille et de son Polyeucte, la source dont ce dernier fait état « les Vitae sanctorum de Surius », a bien pu fournir à notre auteur le sujet de sa propre tragédie religieuse.
 
L'histoire légendaire de Genest, Saint Patron des comédiens, tient en quelques lignes. Chargé par l'empereur Dioclétien d'observer les rites des chrétiens pour mieux les parodier ensuite sur scène, et ainsi mieux ridiculiser leurs pratiques, le comédien Genest, frappé lui-même par la Grâce au cours d'une de ses représentations, est condamné à mort, torturé puis décapité.
Les faits remontent à la fin du IIIe ou au début du IVe siècle. Les historiens de l'hagiographie placent en effet sa mort en 285, en 286 ou en 303. L’Église chrétienne célèbre sa fête le 25 août. (Edition mentionnée, p. LXXXIII)

« Quand le théâtre, qui par définition est illusion, met en scène lui-même l'illusion qu'il procure, tout devient possible. Et quand, de surcroît, le théâtre « se regarde, se discute, se disculpe, se demande ce qu'il est », comme c'est le cas après 1630 où il atteint une sorte d'âge adulte »,
Le « Véritable Saint Genest » constitue en quelque sorte un exemplum. C'est que la pièce de Rotrou réunit mieux qu'aucune autre tous les ingrédients qui participent de la scène baroque : Le mélange des genres et l'ambiguïté qu'il engendre, le théâtre dans le théâtre bien sûr... Le thème, mais également tout ce que la technique qui s'y attache suppose, enfin le topos du theatrum mundi. On en aura une idée exacte quand on aura pris la mesure de ce que cette « tragédie de la subversion », pour reprendre le mot de Jacques Morel, recèle de rapprochements et d'analogies inattendus, comme si soudain Rotrou convoquait sur une même scène ses thèmes favoris d'inspiration.  
 
Avec beaucoup plus d'imagination et de hardiesse que Lope de Vega, Rotrou associe la toute-puissance de la Grâce Divine et l'emprise qu'exerce, par son talent, l'acteur sur son public. Ce rapprochement, qui n'acquiert pleinement son sens qu'au travers de l'implicite analogie entre la scène du théâtre et la scène du monde, prend du reste successivement des accents tantôt cocasses et amusés, tantôt graves.
Genest, passé pourtant maître dans l'art de feindre, familier du langage à double entente, comme son décorateur, peut être lui aussi victime de l'illusion théâtrale... Davantage, de ce qu'il croit être l'illusion théâtrale et qui est déjà, à son insu, la manifestation du cheminement en lui de la Grâce. Le comble de l'illusion est atteint lorsque, devant ses camarades de jeu abasourdis, Genest quitte définitivement le rôle d'Adrien et improvise sous la dictée de l'Esprit-Saint, tandis que la cour multiplie les compliments à l'endroit du comédien dont « l'adresse suprême » peut tout à la fois abuser acteurs et spectateurs...
SAINT GENEST
Sans multiplier les exemples, l'éloge du théâtre est suffisamment présent tout au long du texte pour que la pièce de Rotrou soutienne la comparaison avec d'autres qui l'ont précédée, en particulier avec l'Illusion comique. » (Préface)

Dans une introduction disproportionnée destinée aux œuvres complètes de Jean Genet, Sartre associe le dramaturge sulfureux au saint martyre et comédien.
« Toute aventure humaine, proclame-t-il, bien qu’elle puisse paraître très singulière, concerne l’humanité entière ». Une vie est un rôle produit devant le monde, dans lequel a disparu le fatum des déterminations et la référence à quelque auteur que se soit... En effet, le projet de Sartre consiste à « Montrer les limites de l'interprétation psychanalytique et de l'explication marxiste et que seule la liberté peut rendre compte d'une personne en sa totalité, faire voir cette liberté aux prises avec le destin d'abord écrasée par ses fatalités puis se retournant sur elles pour les diriger peu à peu, prouver que le génie n'est pas un don mais l'issue qu'on invente dans les cas désespérés». ( il n'y a vraiment que ces hypocrites de marxistes léniniste pour oser se comparer aux martyr de la chrétienté, se sont plutôt ceux qui se sont laissés gagnés par leur paroles fallacieuses qui sont leur martyrs), Jusque là, si nous comparons cette « histoire d’une libération » au réveil du Saint Patron des acteurs, un parallèle est possible entre le Saint et le désespéré du siècle des enfers terrestres... Mais les parallèles ne se rencontrent jamais.

Pourtant Genet ne reçoit pas le dantesque éloge avec un enthousiasme expansif. Il est même tenté de le jeter au feu. Plus tard, il affirmera ne pas l’avoir lu entièrement, le trouvant ennuyeux. Pourquoi veut-il détruire le manuscrit ?
A cause de la détestation paradoxale qu’il nourrit pour les complaisances nauséabondes ?
Ou bien parce que l’option définitive du maître à penser l’enferme dans un destin sans possibilité de rédemption?
Ce n’est plus la réalité du « moi » surgissant sur la scène, mais la radicalité désespérée de la misère humaine dans la société du spectacle. 
La scène s’écroule. La liberté proférée par les deux en une exaltation qui frôle souvent le démoniaque, n’offre plus qu’un essaim de mouches.
La seule façon de recouvrer la vue est alors de la perdre définitivement dans l’absurde affirmation d’un « je » qui s’engendre lui-même.
RUINES DE LA CATHÉDRALE SAINT GENEST
La liberté de Sartre est une complicité. Genet le sait. Tout au contraire de l’histrion inventeur de la personne sous le masque, Sartre immortalise « l’enfant mort en moi bien avant que ne me tranche la hache ». Il le figeait dans la glace infernale d’un éternel abîme. (Dieu que cela est alambiqué prétentieux et vain »)


Genès de Rome — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Genès_de_Rome
Genès de Rome ou Genis ou encore Genest, comédien romain, martyr chrétien décapité le 26 août 286 sous Dioclétien, est fêté le 3 janvier, le 25 août ou le 26 .

Saint Genet comédien et martyr | Terre de Compassion
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27 avr. 2013 - Dans Le véritable saint Genest, œuvre publiée en 1647, Jean de Rotrou ... De la même manière, le martyr de saint Genest est sans doute plus ...

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