mercredi 10 août 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 287

23 JUILLET 2016...

Cette page concerne l'année 287 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

DE LA CONSTRUCTION D'UNE ROUTE PAR DIOCLÉTIEN AUX DESTRUCTIONS D'AUJOURD'HUI


LE LION D'ARTHEMISE
Dioclétien réorganise la frontière Orientale de l'empire Romain. Il construit un véritable limes fortifié, la strata diocletiana, qui relie Palmyre et l'Euphrate, et fortifie Sura, Néocaesaria (Dibsi Faraj) et surtout Circesium.
L’Égypte perd son statut particulier et est divisée en 3 provinces dont des papyrus récemment découverts nous précisent les contours.
Palmyre (Παλμύρα / Palmúra en grec ancien) est une oasis du désert de Syrie, à 210 km au Nord-Est de Damas, où se situe un site historique très riche en ruines archéologiques, et la ville moderne de Tadmor. (Le site est classé patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1980, puis classé « en péril » pendant la guerre civile Syrienne.)

Au cours de la crise du IIIe siècle, Palmyre échappe aux invasions Perses qui ravagent la Syrie en 252 et 260. Après 260, c'est un notable de Palmyre, Odénat, qui est chargé par l’empereur Gallien de coordonner la défense de l’Orient... Quand sa veuve Zénobie tente de prendre le pouvoir comme impératrice avec son fils Wahballat, Palmyre se retrouve impliquée un peu malgré elle dans une guerre civile Romaine.

Circesium est une ville antique de l'Osroène, identifiée aujourd'hui avec le village Abu Serai, sur la rive gauche de l'Euphrate, à la confluence du Khabur. Elle a été longtemps identifiée à tort avec Karkemish, une des capitales de l'empire Hittite.
W. Seston a marqué fortement le lien qui unit entre elles les affaires d’Orient au temps de la tétrarchie. On retrouve partout, de l’Égypte du Sud à l’Arménie, en passant par le nord de l’Arabie et le désert Syrien parcourus par les Bédouins Saraceni, la trace des machinations Perses.

Le sud de ce pays était fréquemment exposé depuis le milieu du IIIe siècle aux incursions des Blemmyes, des nomades venant de la Nubie. La Thébaïde Romaine les accueille volontiers en libérateurs car elle souffre de la décadence du commerce Oriental depuis la fin de Palmyre, et d’une crise économique, aggravée par les méfaits de l’inflation et de la hausse vertigineuse des prix.
En commençant dès 287 à réorganiser la fiscalité sur des bases plus précises, donc plus sévères (infra, p. 32), Dioclétien soulève le mécontentement de l’Égypte entière, ce qui explique les troubles du Fayoum et une véritable révolte qui aboutit en 296-297 à l’usurpation d’un certain Domitius Domitianus, soutenu par le corrector Achilleus, dont la physionomie est difficile à cerner, à cause des déformations de l’Histoire-Auguste : C’est peut-être un Saracenus de Mésopotamie. La rébellion gagne toute l’Égypte et Alexandrie même, où des fonctionnaires Romains sont massacrés, et Dioclétien doit intervenir en personne.

La révolte est rapidement écrasée en 298, mais l’empereur, tout en fortifiant le sud du pays contre les Blemmyes, doit abandonner le Dodékaschène, région située entre Philae et l’île d’Éléphantine, où un fort marque la limite de l’Empire.

En 272, vaincue par Aurélien à Antioche puis à Émèse, Zénobie se replie avec ses troupes sur Palmyre, où Aurélien vient la poursuivre. Dans un premier temps les notables de Palmyre se rallient à Aurélien et chassent Zénobie, qui est arrêtée. Aurélien laisse à Palmyre une petite garnison et rentre en Italie. La cité en profite pour se révolter et tente de remettre le pouvoir à Antiochos, le père de Zénobie.
Aurélien revient sur ses pas, mate la révolte et ne semble pas avoir exercé de représailles sur la ville. Le sanctuaire d'Hélios est cependant pillé, l’empereur réquisitionne tout le quartier ouest de la ville pour y installer à demeure la Ière Légion Illyrienne.
LES TOMBES TOURS
C’est une ville de garnison, étape d’une route militaire reliant la région de Damas à l’Euphrate, la Strata Diocletiana. La partie monumentale de la ville est protégée par un rempart qui laisse en dehors tout le quartier sud (entre le wadi et la source Efqa), quartier peut-être abandonné à cette date.
Sous Constantin Ier les forts de la Strata Diocletiana sont pour la plupart abandonnés mais Palmyre demeure jusqu’au VIe siècle une ville Romaine occupée par l’armée, tandis que la steppe tout autour est occupée par des communautés de moines monophysites, et contrôlée par les tribus arabes Ghassanides, chrétiennes et alliées de l’Empire. Des églises sont construites, tandis que d’anciens temples païens comme la cella de Baalshamin ou encore celle du temple de Baal sont convertis en églises et décorées de peintures murales.

Au temps de son apogée au début du IIIe siècle, la ville de Palmyre est beaucoup plus étendue que l’actuel site archéologique, pourtant très vaste. La plupart des maisons sont faites de briques crues, qui n’ont guère laissé de vestiges visibles. Ce que l’on voit aujourd'hui est le squelette de pierre de la ville, c’est-à-dire les monuments publics, ou parfois simplement les colonnes qui entouraient l’atrium des demeures les plus riches, tandis que le reste a disparu...
Les vestiges de la Palmyre Hellénistique ont été identifiés au sud du wādi. La ville se développe d’abord à l’emplacement du sanctuaire de Baal puis, quand le grand parvis est construit au Ier siècle, elle s’étend entre le sanctuaire et la source Efqa au Sud-Ouest (là où aujourd’hui il n’y a plus que les jardins de l’oasis). Autour de la ville viennent se fixer des familles arabes d’origine nomade, chacune autour de son sanctuaire tribal, comme celui de Baalshamin ou, tout à l’Ouest sur la route d’Émèse, celui d’Allat. Au cours du IIe siècle, ces banlieues sont intégrées au tissu urbain avec la construction du quartier monumental structuré autour de la grande colonnade.
Pendant cette période prospère, Palmyre est une ville ouverte, dépourvue de remparts. Il existe un mur (traditionnellement appelé « mur de la douane ») entourant un très vaste secteur tout autour de la ville, mais ce mur de pierres ou de briques crues selon les secteurs n’a aucune fonction militaire ou de prestige : C’est une simple limite administrative, un péage municipal pour le paiement des taxes fixées par le texte intitulé « Tarif de Palmyre »...

À la fin du IIIe siècle, un rempart défensif est construit à la hâte en réemployant des pierres prélevées sur des monuments funéraires, et ne protégeant que le quartier des monuments.
TEMPLE DE BEL
Les commerçants et les artisans de Palmyre sont organisés eux aussi en corporations : On connaît celles des corroyeurs, des orfèvres, des tanneurs, des fabricants de radeaux d’outres (radeaux pneumatiques nommés keleks utilisés jusqu’au IXe siècle pour transporter des marchandises qui descendent l’Euphrate ou le Tigre). Palmyre a aussi développé une activité florissante de tissage de soie, laine, coton et lin.

Strata Diocletiana est-il un nom propre? On connaît l'usage romain, bien attesté sous la République et au début de l'Empire, de donner aux constructions publiques un nom formé sur le gentilice du constructeur : Aqua Claudia pour un aqueduc, Basilica Aemilia ou Julia, Porticus Vipsania, et, pour les routes, Via Appia, Aemilia, Egnatia...
Il s'agit la plupart du temps de constructions de la ville de Rome ou de l'Italie mais, pour les routes en particulier, ce n'est pas systématique : la Via Egnatia est connue sous ce nom dans les Balkans. Au Proche-Orient, on ne connaît pas de route portant un nom propre. Si Strata Diocletiana en est un, c'est un cas unique dans tout l'Orient.

Le terme de Strata Diocletiana n'apparaît que sur certains milliaires de la région de Palmyre. Il a été signalé pour la première fois à la fin du XIXe siècle, par F. R. Sitlington Sterret, entre Palmyre et Arak, sur un milliaire marquant le 8e mille depuis Palmyre.
A-t-on réellement entrepris sous Dioclétien de construire et de borner une piste déterminée, de l'Arabie à l'Euphrate, à travers 600 kilomètres de steppe désertique ? Ce serait un ouvrage vraiment spectaculaire, mais dont l'existence ne peut être tenue pour attestée. Les milliaires mentionnant explicitement le terme « Strata Diocletiana » n'existent que dans une région bien précise, comprise entre Basiri au Sud-Ouest et Arak au Nord-Est. Au nord d'Arak, et jusqu'à l'Euphrate, il n'y a pratiquement pas de milliaires, tandis qu'au Sud-Ouest de Basiri les inscriptions sont nombreuses.

Palmyre est du Ier siècle au IIIe siècle la plus grande puissance commerciale du Proche-Orient, prenant le relais de Pétra, la cité caravanière des Nabatéens. Palmyre exploite une route caravanière qui, passant par des caravansérails dans la steppe, gagne les bords de l’Euphrate et les longe jusqu’à la région de Babylone.
De là, ces caravanes gagnent le royaume de Mésène à l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate. Des navires partent de là pour gagner l’Inde ou d’autres ports de l’Océan Indien. On a récemment retrouvé une tablette votive laissée par un Palmyrénien nommé Abgar, en 256, sur l’île de Socotra au large de la Somalie...
Les différents marchands s'associent pour grouper leurs expéditions, sous la responsabilité d'un « synodiarque » ou « chef de caravane », puissant commerçant qui prend en charge une partie des frais. Si des caravansérails ont été identifiés par les archéologues aux sorties de la ville, c’est au cœur du quartier monumental que se trouve le centre commercial, une place entourée de boutiques et nommée « agora » de Palmyre.
Ce trafic caravanier se poursuit jusqu’aux années 260, y compris quand la Mésène et la Mésopotamie sont sous la domination des Perses Sassanides.

Beaucoup plus tard au VIe siècle, c’est la ville de la Mecque dans le Hedjaz qui prend la succession de Palmyre comme plaque tournante du commerce caravanier. Les guerriers arabes qui protègent les caravanes, sont enrôlés dans l’armée Romaine, surtout à l’époque des Sévères. Certains sont incorporés à l’armée régulière, comme la XXe cohorte des Palmyréniens, unité de cavalerie qui forme la garnison de Doura Europos aux bords de l’Euphrate sous Sévère Alexandre.
D’autres, servant comme numeri, troupes informelles commandées par des officiers Romains mais gardant leur équipement traditionnel, sont basés sur les bords du Danube ou encore, pour des méharistes, dans la province de Numidie (en Algérie actuelle). Il n’est pas douteux que cette cavalerie Palmyrénienne ait constitué une grande partie des forces militaires d’Odénat puis de Zénobie.

Comme dans tout l'Empire, le monde arabe n'échappe pas à la diffusion du christianisme y compris dans la péninsule arabe elle-même  : Najran, le royaume d'Himyar au Yémen jusqu'à la côte Orientale de la péninsule sur le Golfe Persique (les sites chrétiens de Al Qusur, Al Kharg, Akkaz, Jubayl, Al Hinnah, Sir Bani Yas, etc). À partir du premier siècle, il se diffuse vers l'est, en Mésopotamie, par la conversion du roi arabe d'Edesse, Abgar, puis vers le sud en Irak (Al Anbar, Al Hira) sous juridiction de l'Empire Perse Sassanide. Par la construction de nombreux monastères tout le long de l'Euphrate, jusqu'à Mossul, l'Église d'Orient s'implante durablement.
L'Irak devient le centre du christianisme nestorien au Ve siècle par l'établissement du catholicos de Ctésiphon. Signe de l'implantation du christianisme en Transjordanie et en Syrie l'évêque de Palmyre est compté dans la liste de ceux qui participent au concile de Nicée (325).

LA DIVISION DE L'EMPIRE
Aujourd'hui la population y est majoritairement sunnite, globalement hostile au régime Syrien bien qu'une part de la population se soit rangée du côté des forces loyalistes. Passée sous contrôle des opposants au régime de février à septembre 2013, elle a ensuite été reprise par les armes par l'armée Syrienne. Depuis lors, la ville souffre d'un état de tension fort entre la population sunnite et l'armée...

En mai 2015, Palmyre est le théâtre d'une bataille entre le régime Syrien et les djihadistes de l'État islamique. Des combats ont lieu à seulement un kilomètre des ruines, avant que l'armée n'évacue la ville.
La progression de l'État islamique, qui a déjà produit des destructions volontaires de ruines en Irak, notamment à Nimroud et Hatra fait alors craindre le pire pour le site de Palmyre.

Au 21 mai 2015, l'État islamique contrôle la totalité de la cité antique de Palmyre. Irina Bokova, directrice-générale de l'UNESCO, appelle les parties en présence en Syrie à « protéger Palmyre et à tout mettre en œuvre pour empêcher sa destruction ». Finalement, l'État islamique opte pour un autre registre dans la provocation vis-à-vis de l’Occident puisque le théâtre antique de la ville sert dans la mise en scène de l'exécution de 20 « prisonniers »... Selon l'Observatoire Syrien des droits de l'homme, au moins 280 personnes sont exécutées à Palmyre en 10 mois.
PALMYRE

Le 29 mai 2015, Abou Leith al-Saoudi, chef des forces de l'État islamique à Palmyre déclare sur une radio Syrienne que les statues seront détruites par les djihadistes mais que la ville antique sera préservée.

Le 10 juin 2015, les hommes de l'État islamique détruisent plusieurs tombes d'habitants de la ville de Tadmor. 10 jours plus tard, 2 mausolées sont détruits par les djihadistes, celui de Mohammad Ben Ali, à 4 kilomètres au nord de Palmyre, et un mausolée de Chkaf, celui de Nizar Abou Bahaeddine, vieux de 500 ans et situé dans une oasis près du site antique.

Le 21 juin 2015, l'Observatoire Syrien des droits de l'homme (OSDH) annonce que les djihadistes de l'État islamique ont miné le site.

Fin juin 2015, les djihadistes détruisent la statue du Lion d'Athéna pièce unique de 3 mètres de haut qui a été découverte en 1977 par une mission archéologique Polonaise.
Le 18 août 2015, l'ancien directeur des Antiquités de Palmyre, Khaled al-Asaad, expert de renommée mondiale du monde antique, est décapité par les hommes de Daech.
La destruction de vestiges imposants démarre fin août 2015 avec le temple de Baalshamin, celui de Baal, puis 7 tours funéraires, dont 3 qui sont particulièrement bien conservées. L'Arc triomphal et des colonnes, vestiges pourtant non reliés au culte, sont détruits en octobre 2015.

TEMPLE DE BAALSHAMIN
Le château Qalat ibn Maan est également endommagé entre le 21 et le 24 septembre 2015 par des bombardements du régime Syrien. La seconde, « Soura de l'Euphrate » (judéo-araméen : Soura De Phrat), se trouve sur le bord de l'Euphrate lui-même, au nord de Poumbedita.


Le Bas-Empire - Paul Petit - Sciences humaines et sociales - Youscribe
www.youscribe.com/catalogue/livres/savoirs/sciences...et.../le-bas-empire-2499417
25 sept. 2014 - L'année suivante, en avril ou en septembre 286, Maximien fut élevé au rang .... Dioclétien aurait en 287 vaincu les Saraceni du désert syrien, alliés des ... limes fortifié, la strata diocletiana, que nous révèlent les inscriptions et ..

Epigraphie et toponymie : le cas de la Palmyrène du sud-ouest - Persée
www.persee.fr/doc/syria_0039-7946_1993_num_70_1_7325
de T Bauzou - ‎1993 - ‎Cité 12 fois - ‎Autres articles
Si Strata Diocletiana en était un, ce serait un cas unique dans tout l'Orient. ... les années 20, ce milliaire est resté notre seule mention de la Strata Diocletiana. ...... Diocletiana des milliaires et de la Notifia, tandis que M. Dunand, suivi par D. Van .... (1 e et 2e éd.), et surtout sur l'appendice du Palmyrena 41. Ibid., p. 286-287.

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