samedi 5 décembre 2015

EN REMONTANT LE TEMPS...532

2 NOVEMBRE 2015...

Cette page concerne l'année 532 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

SÉDITION DANS L'HIPPODROME DE CONSTANTIN ET SES CAUSES

À Constantinople, la vie politique et sociétale est bipartite. Deux factions s'affrontent : les Bleus et les Verts. À l'origine, simples clans de supporters qui rivalisent le temps des courses de char, cette opposition s'est étendue à toute la société.

En 532, au cours d'une course, les deux chars de la faction verte sont poussés à l'accident par les Bleus. Lors des troubles qui s'ensuivent, le leader politique des Bleus est assassiné.
Les troubles menacent de basculer en révolution. Aussitôt, l'empereur Justinien fait convoquer au palais Maxence, chef de ses services secrets personnels. Il le charge d'enquêter sur l'assassinat... Sans perdre de temps car, en ville, les massacres ont déjà commencé...

L'hippodrome de Constantinople est l'arène hippique monumentale de la capitale de l'Empire Byzantin, dans laquelle se déroulent des courses de chars et d'autres manifestations. Sa construction est commencée par l'empereur Septime Sévère dans la ville qui s'appelait encore Byzance, pour être achevée par Constantin Ier pour sa nouvelle capitale, Constantinople. L'hippodrome a été ensuite utilisé jusqu'à la fin du XIIe siècle, avant d'être partiellement incendié par les Croisés en 1203.

Architecturalement, l'hippodrome de Constantinople est un cirque Romain conforme au modèle du Circus Maximus à Rome : En forme d'épingle à cheveux, l'édifice comprend une arène bordée de gradins formant une courbe semi-circulaire à son extrémité sud-ouest (la sphendonè) tandis que l'extrémité nord-est est occupée par les carceres (en grec, kankella ou aussi thyrai), les stalles de départ des chars, au nombre de 12, situées à peu près à l'emplacement de l'actuelle fontaine de Guillaume II.

L'arène est divisée en 2 pistes par une barrière, la spina (en grec, euripos), sur laquelle se dressent de nombreuses colonnes et statues. À l'extrémité nord de la spina se trouve la borne des Verts, à son extrémité de sud celle des Bleus.
Les gradins sont aménagés sur des passages voûtés faisant le tour de l'arène, excepté du côté des carceres. Au sommet des gradins court un long portique. Légèrement excentré vers le sud du côté oriental des gradins se trouve la Kathisma (en grec), la loge monumentale de l'empereur, l'équivalent du pulvinar au Circus Maximus.
Cette structure à deux niveaux comprend, outre la loge proprement dite, une salle de réception, et communique directement avec le Grand Palais situé immédiatement à l'est, par un escalier en colimaçon (en grec, kochlias) dont l'accès est barré par 2 portes de bronze.
La longueur totale de l'édifice n'est pas connue précisément en raison de sa destruction, mais doit approcher 450 mètres. La section fouillée de la sphendonè permet en revanche de donner la largeur précise du monument : 117,50 m pour la largeur extérieure, et 79,50 m pour la largeur intérieure.
On estime la capacité d'accueil de l'édifice de 30 à 50 000 spectateurs environ, soit le dixième de la population de la ville.

Comme la plupart des monuments édifiés par Constantin Ier dans sa nouvelle capitale, l'hippodrome est décoré de nombreuses sculptures apportées spécialement des grands sanctuaires et des cités de l'Orient Grec :
Les chevaux de bronze de Constantin Ier, actuellement visibles à la basilique Saint-Marc de Venise, se trouvaient probablement au-dessus des carceres,

Trois ornements de la spina sont encore en place de nos jours :
L'obélisque de Théodose qui vient d’Égypte.
L'obélisque « muré » (en maçonnerie), jadis plaqué de bronze.
La colonne serpentine en bronze, qui supportait autrefois le trépied delphique de la bataille de Platée.

Au signal de départ, le jet de la mappa par le consul ou l'empereur présidant les jeux, un mécanisme permet d'ouvrir simultanément les 12 stalles. Les chariots doivent effectuer 7 tours de piste dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, en tournant autour de l'extrémité nord de la spina marquée par une borne, la meta (en grec, kampter). La ligne d'arrivée est probablement située dans la partie ouest de la piste, en face des tribunes où prennent place les partisans des factions ou dèmes, organisateurs de courses de chars.

À l'époque Byzantine, le livre des cérémonies précise qu'il y a quatre courses le matin et 4 courses l'après-midi.
Certains cochers sont de véritables idoles. L'empereur Anastase Ier fait ériger pour le plus célèbre d'entre eux, un certain Porphyrios, 2 statues sur la spina de l'hippodrome.
Les statues ont disparu, mais leurs bases sont conservées au Musée archéologique d'Istanbul.
Bien qu'associé à l'histoire de Constantinople, l'hippodrome existait déjà du temps de Byzance (Βυζαντιον, ou Byzantion en grec), une ville provinciale d'importance modeste. Il est agrandi une première fois en 203 par Septime Sévère.

En 324, Constantin décide de transférer le siège de l'empire de Rome vers Byzance, qu'il appelle « Nova Roma » (Nouvelle Rome). Le nom ne parvient pas à être adopté, et la ville est désormais connue sous celui de Constantinople, la ville de Constantin.
Ce dernier entreprend, entre autres grands travaux d'embellissement, d'agrandir l'hippodrome pour en faire un champ de course de quelque 450 mètres de long pouvant accueillir 100 000 spectateurs.
Pendant toute la période Byzantine, l'hippodrome est le centre de la vie sociale et politique de la cité. Des sommes énormes sont engagées dans les paris autour des courses de chevaux et la ville est divisée entre les supporteurs des Bleus (Venetii) et des Verts (Prasinoi), les Rouges (Rousioi) et les Blancs (Leukoi) étant pour leur part graduellement marginalisés et absorbés par les deux premières factions.
Ces factions prennent progressivement une couleur politique et religieuse, et mènent parfois des combats qui débouchent sur de véritables guerres civiles comme la sédition Nika en 532.

Le succès de ces courses ne se dément pas bien que les philosophes Grecs manifestent un certain dédain aristocratique à leur égard et que les Pères de l'Église diabolisent ce lieu païen.
Constantinople ne s'est jamais réellement relevée du sac de la ville, en 1203 et 1204, lors de la quatrième croisade, bien que l'empire ait nominalement survécu jusqu'en 1453.
L'hippodrome, partiellement incendié, n'est pas reconstruit. Les Ottomans qui font de la ville leur capitale ne prêtent aucun intérêt aux courses de chevaux et l'hippodrome reste à l'abandon. Le site, inoccupé, est utilisé pour des cérémonies officielles, comme la célébration de la circoncision du prince Mehmet, fils de Murad III, l'occasion d'un fastueux défilé des guildes dans l'arène de l'hippodrome (cette cérémonie a été immortalisée par un manuscrit conservé à la bibliothèque du palais du Topkapi).

L'hippodrome est devenu aujourd'hui un lieu de promenade très fréquenté et touristique, connu sous le nom de « Sultanahmet Meydanı » (place du Sultan-Ahmet), ou encore « At Meydanı » (place aux Chevaux).

La sédition Nika est un soulèvement populaire à Constantinople qui fait vaciller le trône de l'empereur Justinien en 532. Bien que nous disposions des témoignages capitaux de Jean Malalas, de Procope de Césarée, du Chronicon Pascale et de Théophane le Confesseur, de nombreuses obscurités subsistent quant au déroulement de cet événement majeur qui a failli coûter le trône à Justinien.
En Grec, Nika peut signifier « victoire », « Sois vainqueur » ou « Remportons la Victoire » à cause de son cri de ralliement.

Le 11 janvier 532, une série de courses de chars a lieu dans l'hippodrome de Constantinople en présence de l'empereur, de son épouse Théodora et de la cour.
Le contexte politique est explosif car, depuis plusieurs années, Justinien et surtout l'impératrice ne cessent de favoriser la faction des Bleus au détriment des Verts.
Or, à Byzance, ces factions ne se contentent pas d'être des « sociétés de courses », mais sont aussi des structures politiques qui influent sur les affaires publiques, et même militaires avec l'encadrement de la population dans des milices armées.
Le soutien de Théodora encourage les Bleus (riches marchands et leurs fournisseurs, armateurs et leurs équipages, patrons d'artisans, joailliers...) à exploiter à l'excès leurs rivaux Verts (petits artisans et boutiquiers, débardeurs, blanchisseurs, artisans et vendeurs des rues, maraîchers, pêcheurs...), brutalisés par des nervis contre lesquels ils s'organisent en milices qui ripostent aussi avec violence.

La composante religieuse (monophysisme) n'est pas absente de ce conflit. Un climat de guerre civile s'installe dans la capitale de l'empire. Les Verts profitent des courses de chars pour insulter l'empereur et son épouse, et surtout le préfet Jean de Cappadoce, puis quittent en masse les gradins et se répandent dans la ville... Pour éviter que l'émeute ne dégénère, Justinien fait exécuter des meneurs Verts, mais aussi par erreur un important membre de la faction des Bleus.
Les Bleus et Verts s'allient contre Justinien dans l'Hippodrome et exigent, le 13 janvier, des mesures d'amnistie. Devant le refus de l'empereur, les insurgés se ruent sur le quartier impérial et les quartiers adjacents au cri de Nika (« Victoire »), pillent les entrepôts impériaux et préfectoraux, incendiant les casernes et massacrant les soldats et les fonctionnaires impériaux.

Le 14 janvier Justinien cède, mais trop tard. L'émeute est devenue une insurrection.
Le 15, la basilique Sainte-Sophie, le Sénat et le Palais impérial brûlent, durant 3 jours, l'incendie fait rage.

Le 18, la ville est en grande partie en flammes. Réunies dans l'Hippodrome, les deux factions désignent un nouvel empereur : Hypace, un neveu de l'ancien empereur Anastase Ier, réputé favorable aux Verts.
Justinien, dont le courage ne semble pas à la hauteur de ses qualités intellectuelles, songe à s'enfuir par la mer... C'est l'énergie et le courage de Théodora, qui refuse la fuite et préfère « mourir dans la pourpre » qui, semble-t-il, permettent de retourner la situation.

L'eunuque Narsès, dont la carrière politique est lancée à ce moment, détache les chefs des Bleus, de la révolution en cours en les achetant. Avec leur aide, le général Bélisaire, prestigieux chef de l'armée d'Orient, qui rentre à peine d'une campagne victorieuse contre les Perses, encercle l'Hippodrome avec des contingents de Germains dirigés par Mundus et y massacre, selon les sources, entre 30 000 et 80 000 rebelles.

Le 19 janvier, Hypace est exécuté. Le pouvoir des factions est dompté jusqu'à la fin du règne de Justinien.
Hypace ou Hypatios (en latin Flavius Hypatius, en grec Ὑπάτιος ; mort le 19 janvier 532) est un noble Byzantin de famille impériale. Commandant à l'est lors du règne de Justin Ier, il est choisi empereur par la foule lors de la sédition Nika contre Justinien. Hypace est également associé par le mariage à la gens Anicii, ce qui lui donne de sérieuses prétentions au diadème impérial.

En 500 il est consul, et en 502 il participe à la guerre d'Anastase contre les Sassanides.
Hypace ne montre pas d'ambition particulière et il est bien traité, comme les autres neveux d'Anastase, par Justin et son successeur, Justinien Ier.
À l'apogée de la sédition Nika, Hypace est avec ses frères Pompée et Probus (par conséquent d'autres neveux d'Anastase), parmi les premiers candidats au trône impérial.

Alors qu'il devient clair que la foule souhaite un nouvel empereur, Probus fuit la ville, tandis qu'Hypace et Pompée vont s'abriter au Palais Impérial, avec Justinien et le reste du Sénat Byzantin. Les deux frères ne souhaitent pas se rebeller face à Justinien, craignant de ne pas avoir assez de support populaire.
Justinien, cependant, craignant une trahison, expulse le Sénat du Palais, poussant ainsi les 2 frères dans les bras de la foule.

Hypace est traîné hors de sa maison, malgré les efforts de sa femme pour l'empêcher, et est proclamé empereur par la foule rebelle à l'Hippodrome. Il semble que par la suite, Hypace surmonte son rejet initial et commence à jouer le rôle d'empereur.
La Garde impériale réussit cependant à réprimer la révolte, et Hypace est capturé par les hommes de Justinien. Les sources racontent que Justinien souhaite épargner la vie d'Hypace, mais sa femme Théodora arrive à le persuader de le condamner et l'usurpateur involontaire est exécuté.

On a longtemps radicalement opposé les deux factions dans leurs sociologies respectives, choses que les études plus récentes ont largement porté à nuancer. Néanmoins, on peut à gros traits brosser ces factions ainsi :
Les Verts sont la faction des basses classes, la plus nombreuse, souvent originaire des provinces Syriennes ou Égyptienne, principalement des artisans et des commerçants d’origine modeste qui soutiennent des concepts religieux issus de l’Orient et plutôt hétérodoxes comme le monophysisme, les Bleus sont la faction des classes possédantes, plutôt Gréco-Romains et issus de familles patriciennes, soutenant davantage l’orthodoxie religieuse Chalcédonienne. On trouve cependant de nombreux exemples de monophysites dans le parti des Bleus ou, au contraire, de tenant de l'orthodoxie parmi les Verts.

Chacune des factions a sa tribune dans l’Hippodrome : Face à la piste, les Verts se trouvent du côté de la sphendonè à gauche de la tribune impériale tandis que les Bleus se placent à droite de celle-ci, du côté des carceres, situées à l'extrémité nord-est de l'hippodrome. (on pourrait croire que je suis en train de relater l'ambiance d'un match de foot à Marseille ou au PSG)

Au fil du temps, les factions s’organisent et se dotent même d’une organisation militaire (le dème est dirigé par le dèmarque qui dirige les dèmotes, les miliciens du dème), elles deviennent ainsi de véritables milices qui n’hésitent pas à s’opposer physiquement. Cette exacerbation des tensions entre factions est à l’origine de plusieurs révoltes :
En 501, plus de 3 000 personnes sont tuées au mois de mai au cours des fêtes païennes des Brytae lors des affrontements entre les deux factions.
En 512, Anastase doit faire face au mois de novembre à la révolte des Bleus contre les Verts qu’il soutient
En janvier 532 a lieu le drame de la sédition Nika, qui voit les Bleus et les Verts s'allier contre l'empereur Justinien, véritable guerre civile dans les murs de Constantinople durant laquelle près de 80 000 personnes sont tuées.

Les factions perdent progressivement de leur influence politique et, à partir du règne d'Héraclius, dans la première moitié du VIIe siècle, deviennent des troupes de parade qui se joignent à l'élite pour acclamer l'empereur et fournissent des chœurs à la cérémonie d'acclamation...

À partir du Xe siècle, elles sont intégrées à la hiérarchie palatine et participent aux réceptions du Palais Sacré en tant que membres des Scholes (pour les Bleus) et des Excubites (pour les Verts)
La prise de Constantinople par les Croisés en 1204 met un terme aux courses de chars par faute de moyens, les factions, privées de leur raison d’être, finissent aussi par disparaître.

« Caius Appuleius Dioclès, cocher de la faction des Rouges, originaire de la Lusitanie Espagnole, âgé de 42 ans, 7 mois, 23 jours, court sa première course dans la faction des Blancs, sous le consulat d'Acilius Aviola et de Corellius Pansa. Il remporte sa première victoire dans la même faction sous le consulat de M. Aciulius Glabrio et de Gaius Bellicius Torquatus. Il court pour la première fois dans la faction des Verts sous le consulat de Torquatus Asprenas et d'Annius Libro... Au total, il a conduit des chars durant 24 ans, participé à
4 257 courses et remporté 1 462 victoires, dont 1 064 dans des courses simples, 347 dans des courses doubles et 51 dans des courses triples, gagnant au total 35 863 120 sesterces... »



Sédition Nika — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sédition_Nika
La sédition Nika est un soulèvement populaire à Constantinople qui fait vaciller le trône de l'empereur Justinien en 532. ... Le contexte politique est explosif car, depuis plusieurs années, Justinien et surtout l'impératrice ne cessent de favoriser ...

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