Cette
page concerne l'année 532 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
SÉDITION DANS L'HIPPODROME DE CONSTANTIN ET SES CAUSES
À
Constantinople, la vie politique et sociétale est bipartite. Deux
factions s'affrontent : les Bleus et les Verts. À l'origine, simples
clans de supporters qui rivalisent le temps des courses de char,
cette opposition s'est étendue à toute la société.
En
532, au cours d'une course, les deux chars de la faction verte sont
poussés à l'accident par les Bleus. Lors des troubles qui
s'ensuivent, le leader politique des Bleus est assassiné.
Les
troubles menacent de basculer en révolution. Aussitôt, l'empereur
Justinien fait convoquer au palais Maxence, chef de ses services
secrets personnels. Il le charge d'enquêter sur l'assassinat... Sans
perdre de temps car, en ville, les massacres ont déjà commencé...
L'hippodrome
de Constantinople est l'arène hippique monumentale de la capitale de
l'Empire Byzantin, dans laquelle se déroulent des courses de chars
et d'autres manifestations. Sa construction est commencée par
l'empereur Septime Sévère dans la ville qui s'appelait encore
Byzance, pour être achevée par Constantin Ier pour sa nouvelle
capitale, Constantinople. L'hippodrome a été ensuite utilisé
jusqu'à la fin du XIIe siècle, avant d'être partiellement
incendié par les Croisés en 1203.
Architecturalement,
l'hippodrome de Constantinople est un cirque Romain conforme au
modèle du Circus Maximus à Rome : En forme d'épingle à
cheveux, l'édifice comprend une arène bordée de gradins formant
une courbe semi-circulaire à son extrémité sud-ouest (la
sphendonè) tandis que l'extrémité nord-est est occupée par les
carceres (en grec, kankella ou aussi thyrai), les stalles de départ
des chars, au nombre de 12, situées à peu près à l'emplacement de
l'actuelle fontaine de Guillaume II.
L'arène
est divisée en 2 pistes par une barrière, la spina (en grec,
euripos), sur laquelle se dressent de nombreuses colonnes et statues.
À l'extrémité nord de la spina se trouve la borne des Verts, à
son extrémité de sud celle des Bleus.
Les
gradins sont aménagés sur des passages voûtés faisant le tour de
l'arène, excepté du côté des carceres. Au sommet des gradins
court un long portique. Légèrement excentré vers le sud du côté
oriental des gradins se trouve la Kathisma (en grec), la loge
monumentale de l'empereur, l'équivalent du pulvinar au Circus
Maximus.
Cette
structure à deux niveaux comprend, outre la loge proprement dite,
une salle de réception, et communique directement avec le Grand
Palais situé immédiatement à l'est, par un escalier en colimaçon
(en grec, kochlias) dont l'accès est barré par 2 portes de bronze.
La
longueur totale de l'édifice n'est pas connue précisément en
raison de sa destruction, mais doit approcher 450 mètres. La section
fouillée de la sphendonè permet en revanche de donner la largeur
précise du monument : 117,50 m pour la largeur extérieure, et
79,50 m pour la largeur intérieure.
On
estime la capacité d'accueil de l'édifice de 30 à 50 000
spectateurs environ, soit le dixième de la population de la ville.
Comme
la plupart des monuments édifiés par Constantin Ier dans sa
nouvelle capitale, l'hippodrome est décoré de nombreuses sculptures
apportées spécialement des grands sanctuaires et des cités de
l'Orient Grec :
Les
chevaux de bronze de Constantin Ier, actuellement visibles à la
basilique Saint-Marc de Venise, se trouvaient probablement au-dessus
des carceres,
Trois
ornements de la spina sont encore en place de nos jours :
L'obélisque
de Théodose qui vient d’Égypte.
L'obélisque
« muré » (en maçonnerie), jadis plaqué de bronze.
La
colonne serpentine en bronze, qui supportait autrefois le trépied
delphique de la bataille de Platée.
Au
signal de départ, le jet de la mappa par le consul ou l'empereur
présidant les jeux, un mécanisme permet d'ouvrir simultanément les
12 stalles. Les chariots doivent effectuer 7 tours de piste dans le
sens contraire des aiguilles d'une montre, en tournant autour de
l'extrémité nord de la spina marquée par une borne, la meta (en
grec, kampter). La ligne d'arrivée est probablement située dans la
partie ouest de la piste, en face des tribunes où prennent place les
partisans des factions ou dèmes, organisateurs de courses de chars.
À
l'époque Byzantine, le livre des cérémonies précise qu'il y a
quatre courses le matin et 4 courses l'après-midi.
Certains
cochers sont de véritables idoles. L'empereur Anastase Ier fait
ériger pour le plus célèbre d'entre eux, un certain Porphyrios, 2
statues sur la spina de l'hippodrome.
Les
statues ont disparu, mais leurs bases sont conservées au Musée
archéologique d'Istanbul.
Bien
qu'associé à l'histoire de Constantinople, l'hippodrome existait
déjà du temps de Byzance (Βυζαντιον, ou Byzantion en
grec), une ville provinciale d'importance modeste. Il est agrandi une
première fois en 203 par Septime Sévère.
En
324, Constantin décide de transférer le siège de l'empire de Rome
vers Byzance, qu'il appelle « Nova Roma » (Nouvelle
Rome). Le nom ne parvient pas à être adopté, et la ville est
désormais connue sous celui de Constantinople, la ville de
Constantin.
Ce
dernier entreprend, entre autres grands travaux d'embellissement,
d'agrandir l'hippodrome pour en faire un champ de course de quelque
450 mètres de long pouvant accueillir 100 000 spectateurs.
Pendant
toute la période Byzantine, l'hippodrome est le centre de la vie
sociale et politique de la cité. Des sommes énormes sont engagées
dans les paris autour des courses de chevaux et la ville est divisée
entre les supporteurs des Bleus (Venetii) et des Verts (Prasinoi),
les Rouges (Rousioi) et les Blancs (Leukoi) étant pour leur part
graduellement marginalisés et absorbés par les deux premières
factions.
Ces
factions prennent progressivement une couleur politique et
religieuse, et mènent parfois des combats qui débouchent sur de
véritables guerres civiles comme la sédition Nika en 532.
Le
succès de ces courses ne se dément pas bien que les philosophes
Grecs manifestent un certain dédain aristocratique à leur égard et
que les Pères de l'Église diabolisent ce lieu païen.
Constantinople
ne s'est jamais réellement relevée du sac de la ville, en 1203 et
1204, lors de la quatrième croisade, bien que l'empire ait
nominalement survécu jusqu'en 1453.
L'hippodrome,
partiellement incendié, n'est pas reconstruit. Les Ottomans qui font
de la ville leur capitale ne prêtent aucun intérêt aux courses de
chevaux et l'hippodrome reste à l'abandon. Le site, inoccupé, est
utilisé pour des cérémonies officielles, comme la célébration de
la circoncision du prince Mehmet, fils de Murad III, l'occasion d'un
fastueux défilé des guildes dans l'arène de l'hippodrome (cette
cérémonie a été immortalisée par un manuscrit conservé à la
bibliothèque du palais du Topkapi).
L'hippodrome
est devenu aujourd'hui un lieu de promenade très fréquenté et
touristique, connu sous le nom de « Sultanahmet Meydanı »
(place du Sultan-Ahmet), ou encore « At Meydanı » (place
aux Chevaux).
La
sédition Nika est un soulèvement populaire à Constantinople qui
fait vaciller le trône de l'empereur Justinien en 532. Bien que nous
disposions des témoignages capitaux de Jean Malalas, de Procope de
Césarée, du Chronicon Pascale et de Théophane le Confesseur, de
nombreuses obscurités subsistent quant au déroulement de cet
événement majeur qui a failli coûter le trône à Justinien.
En
Grec, Nika peut signifier « victoire », « Sois
vainqueur » ou « Remportons la Victoire » à cause
de son cri de ralliement.
Le
11 janvier 532, une série de courses de chars a lieu dans
l'hippodrome de Constantinople en présence de l'empereur, de son
épouse Théodora et de la cour.
Le
contexte politique est explosif car, depuis plusieurs années,
Justinien et surtout l'impératrice ne cessent de favoriser la
faction des Bleus au détriment des Verts.
Or,
à Byzance, ces factions ne se contentent pas d'être des « sociétés
de courses », mais sont aussi des structures politiques qui
influent sur les affaires publiques, et même militaires avec
l'encadrement de la population dans des milices armées.
Le
soutien de Théodora encourage les Bleus (riches marchands et leurs
fournisseurs, armateurs et leurs équipages, patrons d'artisans,
joailliers...) à exploiter à l'excès leurs rivaux Verts (petits
artisans et boutiquiers, débardeurs, blanchisseurs, artisans et
vendeurs des rues, maraîchers, pêcheurs...), brutalisés par des
nervis contre lesquels ils s'organisent en milices qui ripostent
aussi avec violence.
La
composante religieuse (monophysisme) n'est pas absente de ce conflit.
Un climat de guerre civile s'installe dans la capitale de l'empire.
Les Verts profitent des courses de chars pour insulter l'empereur et
son épouse, et surtout le préfet Jean de Cappadoce, puis quittent
en masse les gradins et se répandent dans la ville... Pour éviter
que l'émeute ne dégénère, Justinien fait exécuter des meneurs
Verts, mais aussi par erreur un important membre de la faction des
Bleus.
Les
Bleus et Verts s'allient contre Justinien dans l'Hippodrome et
exigent, le 13 janvier, des mesures d'amnistie. Devant le refus de
l'empereur, les insurgés se ruent sur le quartier impérial et les
quartiers adjacents au cri de Nika (« Victoire »),
pillent les entrepôts impériaux et préfectoraux, incendiant les
casernes et massacrant les soldats et les fonctionnaires impériaux.
Le
14 janvier Justinien cède, mais trop tard. L'émeute est devenue une
insurrection.
Le
15, la basilique Sainte-Sophie, le Sénat et le Palais impérial
brûlent, durant 3 jours, l'incendie fait rage.
Le
18, la ville est en grande partie en flammes. Réunies dans
l'Hippodrome, les deux factions désignent un nouvel empereur :
Hypace, un neveu de l'ancien empereur Anastase Ier, réputé
favorable aux Verts.
Justinien,
dont le courage ne semble pas à la hauteur de ses qualités
intellectuelles, songe à s'enfuir par la mer... C'est l'énergie et
le courage de Théodora, qui refuse la fuite et préfère « mourir
dans la pourpre » qui, semble-t-il, permettent de retourner la
situation.
L'eunuque
Narsès, dont la carrière politique est lancée à ce moment,
détache les chefs des Bleus, de la révolution en cours en les
achetant. Avec leur aide, le général Bélisaire, prestigieux chef
de l'armée d'Orient, qui rentre à peine d'une campagne victorieuse
contre les Perses, encercle l'Hippodrome avec des contingents de
Germains dirigés par Mundus et y massacre, selon les sources, entre
30 000 et 80 000 rebelles.
Le
19 janvier, Hypace est exécuté. Le pouvoir des factions est dompté
jusqu'à la fin du règne de Justinien.
Hypace
ou Hypatios (en latin Flavius Hypatius, en grec Ὑπάτιος ;
mort le 19 janvier 532) est un noble Byzantin de famille impériale.
Commandant à l'est lors du règne de Justin Ier, il est choisi
empereur par la foule lors de la sédition Nika contre Justinien.
Hypace est également associé par le mariage à la gens Anicii, ce
qui lui donne de sérieuses prétentions au diadème impérial.
En
500 il est consul, et en 502 il participe à la guerre d'Anastase
contre les Sassanides.
Hypace
ne montre pas d'ambition particulière et il est bien traité, comme
les autres neveux d'Anastase, par Justin et son successeur, Justinien
Ier.
À
l'apogée de la sédition Nika, Hypace est avec ses frères Pompée
et Probus (par conséquent d'autres neveux d'Anastase), parmi les
premiers candidats au trône impérial.
Alors
qu'il devient clair que la foule souhaite un nouvel empereur, Probus
fuit la ville, tandis qu'Hypace et Pompée vont s'abriter au Palais
Impérial, avec Justinien et le reste du Sénat Byzantin. Les deux
frères ne souhaitent pas se rebeller face à Justinien, craignant de
ne pas avoir assez de support populaire.
Justinien,
cependant, craignant une trahison, expulse le Sénat du Palais,
poussant ainsi les 2 frères dans les bras de la foule.
Hypace
est traîné hors de sa maison, malgré les efforts de sa femme pour
l'empêcher, et est proclamé empereur par la foule rebelle à
l'Hippodrome. Il semble que par la suite, Hypace surmonte son rejet
initial et commence à jouer le rôle d'empereur.
La
Garde impériale réussit cependant à réprimer la révolte, et
Hypace est capturé par les hommes de Justinien. Les sources
racontent que Justinien souhaite épargner la vie d'Hypace, mais sa
femme Théodora arrive à le persuader de le condamner et
l'usurpateur involontaire est exécuté.
On
a longtemps radicalement opposé les deux factions dans leurs
sociologies respectives, choses que les études plus récentes ont
largement porté à nuancer. Néanmoins, on peut à gros traits
brosser ces factions ainsi :
Les
Verts sont la faction des basses classes, la plus nombreuse, souvent
originaire des provinces Syriennes ou Égyptienne, principalement des
artisans et des commerçants d’origine modeste qui soutiennent des
concepts religieux issus de l’Orient et plutôt hétérodoxes comme
le monophysisme, les Bleus sont la faction des classes possédantes,
plutôt Gréco-Romains et issus de familles patriciennes, soutenant
davantage l’orthodoxie religieuse Chalcédonienne. On trouve
cependant de nombreux exemples de monophysites dans le parti des
Bleus ou, au contraire, de tenant de l'orthodoxie parmi les Verts.
Chacune
des factions a sa tribune dans l’Hippodrome : Face à la
piste, les Verts se trouvent du côté de la sphendonè à gauche de
la tribune impériale tandis que les Bleus se placent à droite de
celle-ci, du côté des carceres, situées à l'extrémité nord-est
de l'hippodrome. (on pourrait croire que je
suis en train de relater l'ambiance d'un match de foot à Marseille
ou au PSG)
Au
fil du temps, les factions s’organisent et se dotent même d’une
organisation militaire (le dème est dirigé par le dèmarque qui
dirige les dèmotes, les miliciens du dème), elles deviennent ainsi
de véritables milices qui n’hésitent pas à s’opposer
physiquement. Cette exacerbation des tensions entre factions est à
l’origine de plusieurs révoltes :
En
501, plus de 3 000 personnes sont tuées au mois de mai au cours
des fêtes païennes des Brytae lors des affrontements entre les deux
factions.
En
512, Anastase doit faire face au mois de novembre à la révolte des
Bleus contre les Verts qu’il soutient
En
janvier 532 a lieu le drame de la sédition Nika, qui voit les Bleus
et les Verts s'allier contre l'empereur Justinien, véritable guerre
civile dans les murs de Constantinople durant laquelle près de
80 000 personnes sont tuées.
Les
factions perdent progressivement de leur influence politique et, à
partir du règne d'Héraclius, dans la première moitié du
VIIe siècle, deviennent des troupes de parade qui se joignent à
l'élite pour acclamer l'empereur et fournissent des chœurs à la
cérémonie d'acclamation...
À
partir du Xe siècle, elles sont intégrées à la hiérarchie
palatine et participent aux réceptions du Palais Sacré en tant que
membres des Scholes (pour les Bleus) et des Excubites (pour les
Verts)
La
prise de Constantinople par les Croisés en 1204 met un terme aux
courses de chars par faute de moyens, les factions, privées de leur
raison d’être, finissent aussi par disparaître.
«
Caius Appuleius Dioclès, cocher de la faction des Rouges, originaire
de la Lusitanie Espagnole, âgé de 42 ans, 7 mois, 23 jours, court
sa première course dans la faction des Blancs, sous le consulat
d'Acilius Aviola et de Corellius Pansa. Il remporte sa première
victoire dans la même faction sous le consulat de M. Aciulius
Glabrio et de Gaius Bellicius Torquatus. Il court pour la première
fois dans la faction des Verts sous le consulat de Torquatus Asprenas
et d'Annius Libro... Au total, il a conduit des chars durant 24 ans,
participé à
4
257 courses et remporté 1 462 victoires, dont 1 064 dans des courses
simples, 347 dans des courses doubles et 51 dans des courses triples,
gagnant au total 35 863 120 sesterces... »
Sédition
Nika — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sédition_Nika
La
sédition Nika est un soulèvement populaire à Constantinople qui
fait vaciller le trône de l'empereur Justinien en 532. ... Le
contexte politique est explosif car, depuis plusieurs années,
Justinien et surtout l'impératrice ne cessent de favoriser ...
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