jeudi 3 décembre 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 534

26 NOVEMBRE 2015...

Cette page concerne l'année 534 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LES ENVIEUX ET LA BURGONDIE PROVENÇALE

Il s'agit du siège d'Arles en 534 par Thibert (ou Théodebert), fils de Thierry Ier roi d'Austrasie. Cette opération militaire s'inscrit dans le cadre de l'expansion du Royaume des Francs entre la moitié du Ve siècle et le début du IXe siècle et plus particulièrement des campagnes pour le contrôle des régions méridionales vers 531-534.
Plusieurs historiens affirment sans apporter des arguments décisifs, que le siège a débouché sur une prise de la ville d'Arles.
Ce siège se déroule à la fin de 533 ou plus probablement en 534, dans un contexte particulier lié à la fois aux ambitions et rivalités Franques sur les territoires du sud et au régime Ostrogoth, soutien de l'empire Wisigoth, affaibli après la mort du roi Théodoric.

En 531, Thierry Ier revient d'une guerre contre les Saxons au cours de laquelle certains ont fait circuler le bruit de sa mort, ce qui entraîne un premier soulèvement de l'Auvergne conduit par Arcadius, fils (ou petit-fils ?) d'Apollinaire, et Childebert, le demi-frère de Thierry.
La « Burgundia » telle qu'intégrée au royaumes Francs au VIe siècle, après la guerre de Burgondie de 532-534.
Peu après en 532, ses demi-frères, Childebert de retour de son expédition Wisigothique après sa tentative ratée en Auvergne et Clotaire, décident d'en finir avec le Royaume de Burgondie et sollicitent la participation de Thierry qui refuse. Toutefois ce refus est mal compris par ses troupes qui souhaitent pillages et butins et qui lui disent :
« Si tu refuses d'aller avec tes frères en Bourgogne, nous te laissons et nous préférons plutôt les suivre ».
Mais lui, qui constate que les Auvergnats lui sont infidèles, réplique :
« Suivez-moi et je vous conduirai dans un pays où vous prendrez autant d'or et d'argent que peut en désirer votre cupidité, vous en emporterez des troupeaux, des esclaves, des vêtements en abondance. Mais seulement ne les suivez pas. ».

Thierry investit donc l'Auvergne où un certain Mundéric se prétendant son parent et se proclamant son égal mène la rébellion, tandis que ses frères attaquent le roi de Burgondie, Godomar III.

Au printemps 533, Thierry pousse son fils Thibert qui a peut-être commencé à participer aux opérations de Burgondie à s'attaquer à l'Aquitaine où les Wisigoths après la défaite de Vouillé de 507 ont relevé la tête et reconquis vers 510-515 certains territoires, notamment les cités de Rodez et d'Albi.
À la même époque, l'Auvergne est pillée par les troupes de Thierry, puis à son départ par celles du duc Sigivald un de ses parents à qui Thierry a confié cette province et qui se signale par ses excès et ceux de ses subordonnés.
Dans l'appréhension qu'il ne forme un petit royaume, comme a voulu le faire Munderic, il le fait assassiner et demande à son fils Thibert qui a repris quelques villes en Languedoc et Rouergue, de finir les opérations en Auvergne, ce qu'il fait.
Parallèlement il lui donne aussi l'ordre de tuer le fils de Sigivald (Sigewald ?), Giwald ce que Théodebert se refuse de faire.

Au début 534, Thibert est donc en Auvergne (ou à Cabrières ?) où il a rencontré une belle femme Deutherie dont il s'éprend.
Dans le même temps ses oncles Childebert et Clotaire aidés probablement de son père Thierry, après la bataille d'Autun, ont finalement conquis la Burgondie qui s'étend à cette époque jusqu'au nord de la Durance à quelques lieues d'Arles, l'ancienne préfecture des Gaules et ville géostratégique sur le Rhône dont le port permet l'accès à la mer.

L'arrière-plan véritable de ces opérations doit être recherché dans la mort de Théodoric survenue en 526 et dans l'effondrement de la puissance Ostrogothique qui l'a aussitôt suivie.
Le prestige, la politique méthodique d'alliances entre peuples barbares en particulier entre Wisigoths et Ostrogoths et, le cas échéant, la force militaire de Théodoric ont contenu l'expansion Franque dès avant la mort de Clovis, notamment en Provence où les forces Ostrogothiques ont affronté avec succès les Francs et Burgondes en 508, lors d'un précédent siège d'Arles. Il faut se rappeler qu'Arles a été dès le début du siècle un objectif du père de Thibert, le roi Franc Thierry, qui a tenté vainement de prendre la cité une première fois vers 501/502, puis associé aux Burgondes, en 507/508.

Ce contentieux, doublé de l'intérêt pour les Francs d'avoir un débouché sur la Méditerranée, a été laissé en suspens tant que le royaume Wisigoth demeure indissociable des possessions de Théoderic qui a doté la cité Rhodanienne d'une administration.

Dès 510, sitôt après la libération de la ville par les forces Ostrogothes, Théoderic rétabli la fonction de préfet du prétoire des Gaules (præfectus prætorio galliarum) à Arles, ville Wisigothique, en y nommant le préfet Libérius qui reste avec cette charge dans la cité même après le décès du roi.
Quelques sources signalent des tentatives d'incursion en Provence de troupes Burgondes et Franques dès la fin des années 520 ou au début des années 530, mais ces velléités de conquêtes n'aboutissent pas.

Les événements de 533-534 avec la chute de la Burgondie, les opérations en Auvergne et Vivarais et toutes les troupes Franques à proximité de la Provence sont à coup sûr, une nouvelle occasion, même s'il est difficile de connaître les motivations précises de Thibert. Toutefois, cette situation avec ses risques (conditions de partage de la Burgondie, Provence sous l'éventuelle menace de ses oncles) et avantages (Théodobert est tout proche d'Arles, puissances Burgonde et Ostrogothe affaiblies) incite probablement Thibert à tenter une opération sur cette ville dont l'évêque Césaire a été dans le passé plusieurs fois soupçonné de bienveillance vis-à-vis des Burgondes et des Francs, de par ses origines et en raison de la religion.

Grégoire de Tours évoque ce siège de façon très succincte. Il nous dit :
Selon la traduction de François Guizot (1823) : Thibert faisait alors le siège de la ville d’Arles, dont les Goths s'étaient emparés.
Selon la traduction de Robert Latouche (1999) : Or les Goths ont alors envahi la ville d'Arles dont Thibert garde des otages.

Bien que Grégoire ne précise pas si la ville est prise ou pas, certains auteurs se prononcent sur la suite de ce siège.
Pour Claude Charles Fauriel

.... (Thibert) se croit en état d'attaquer les Ostrogoths en Provence, passe le Rhône et veut tenter un coup de main sur la ville d'Arles, mais cette fois il échoue... Rejeté avec perte sur la rive droite du fleuve.
Cet échec de Thibert devant Arles est également défendu par Étienne Grousset :
Nous n'avons pas à suivre Théodebert en Provence, disons seulement qu'il ne peut s'y établir en maître et s'emparer de la ville d'Arles, défendue par les Ostrogoths.

Arthur Malnory qui, dans son ouvrage Saint Césaire Évêque d'Arles (503-543) fixe, quant à lui, ce siège en 533 et donne quelques repères chronologiques :
Arles s’est vue menacée encore une fois des horreurs d’un siège (533) (Grég. H. F. III, c.23).
La valeur de Libère a détourné d’elle cette menace. Puis cet homme illustre a été rappelé presque aussitôt après à la Préfecture des Gaules (534)20 (Il l’occupe encore un peu après la mort de Thierry, d’après la lettre de Cassiodore Mais en 535, il commande une ambassade envoyée à Justinien.)
Pour diriger la politique d’Amalasonthe et de Théodat du côté de Constantinople, et remplacé par le duc Aram, puis par le duc Marcias, comme chefs de l’armée d’occupation renforcée.

Toutefois, la majorité des historiens considèrent que la ville est prise et nous livrent même quelques précisions.
D'après P.A Février, Thibert a occupé Arles de façon éphémère, sans plus de précision.
Pour d'autres, Thibert s'empare de la ville avant l'arrivée des secours : De Cabrières,Théodebert se dirige sur Arles, dont il fait le siège, et dont les habitants n'évitent d'être pillés qu'en payant une forte somme d'argent et en donnant des otages.
Une armée d'Ostrogoths, qui accourt au secours de la ville, arrive trop tard pour la sauver.
Des sources indirectes laissent penser également que la ville est prise.
L'étude des monnaies montre que des pièces de Thibert ont été probablement frappées à Arles à cette époque, avant le rattachement officiel de la Provence aux Francs de 536.
De même, le texte de Grégoire de Tours, juste après le passage signalant ce siège, évoque le départ de Giwald de la cité d'Arles, ce qui peut indiquer que ce dernier ne se sent plus en sécurité dans une ville, certes aux mains de son ami Thibert, mais désormais ville Franque :
... Dont les Goths se sont emparés. Giwald s’enfuit dans cette ville, mais, ne s’y croyant pas en sûreté, il se rend en Italie et y demeure.
Enfin dès l'année 534, le Gallo-Romain Parthenius qui réside à cette époque à Arles se met au service de Thibert et intervient en Auvergne, ce qui semble peu logique si la ville n'est pas tombée aux mains de Thibert.
Aussi, faut-il peut-être considérer que lorsque Thibert quitte précipitamment Arles pour la succession de son père Thierry qui est sur le point de mourir, la ville d'Arles appartient déjà aux Francs, ce qui explique notamment pourquoi le préfet des Gaules Libère abandonne son poste dès 534 et non pas après la cession de la Provence en 536.

Originaire de Chalon-sur-Saône, Césaire (470-542) choisit la Provence pour accueillir sa vocation ascétique et parfaire sa formation. C’est en effet à Marseille que Cassien, passeur entre l’Orient et l’Occident, a élaboré une véritable doctrine de l’engagement monastique, Lérins, où Césaire séjourne pendant plusieurs années, est un des principaux viviers du monachisme occidental. Une fois élu au siège d’Arles (502), Césaire ne perd rien de son souci de la vie régulière.
Ses liens avec Lérins et Marseille expliquent sans peine qu’il ait choisi d’envoyer sa sœur Césarie au monastère de femmes fondé par Cassien vers 420 non loin de Saint-Victor, pour qu’elle accomplisse sa formation à la source même de la vie cénobitique, avant de devenir abbesse de la nouvelle communauté qu’il s’apprête à fonder dans sa cité.

Au moment de son élection, Césaire est abbé d’un monastère d’hommes installé dans une île des faubourgs de la cité Arlésienne. Selon le topos hagiographique, il quitte sa charge à regret mais garde tout au long de son épiscopat un intérêt marqué pour la vie monastique.

Vers 506-507, il entreprend la construction d’un monastère de moniales, probablement à l’extérieur de l’enceinte urbaine. Mais, à peine sortis de terre, les bâtiments claustraux ne résistent pas au siège prolongé des Francs et des Burgondes mené contre le royaume Wisigothique. La paix revenue, Césaire ne renonce pas à son projet, bien au contraire. Il reprend la construction de l’établissement, cette fois à l’intérieur de la ville, à côté de ce qui est encore pour quelque temps la cathédrale, dans l’angle sud-est des remparts. Celui-ci comporte tous les bâtiments nécessaires à la vie communautaire : église, parloir, cuisine, cave, cellier, réfectoire, dortoir, vestiaire, ateliers de tissage ou de filature. Une douzaine d’années après la consécration de son monastère, Césaire décide d’élever une basilique triple dédiée à la Vierge et destinée à accueillir les sépultures des moniales qui doivent ainsi former par leurs sarcophages monolithes le dallage de l’église. Cette basilique, consacrée en 524, est selon toute probabilité à l’extérieur de la clôture monastique et des murs de la cité. Attaché à l’indépendance de sa fondation, Césaire accorde aux moniales la libre élection de leur abbesse et le privilège de choisir librement leur administrateur et le desservant de leur abbatiale. Il s’assure par ailleurs auprès du pape que l’autorité de l’ordinaire n’outrepasse pas ses droits canoniques de visite, de bénédiction des huiles et de consécration des autels et des lieux de culte.

Ce n’est pas la moindre des originalités de Césaire d’avoir choisi de fonder un monastère de femmes, non qu’il n’en existât pas avant lui quelques rares exemples, mais parce que cette fondation lui permet de rédiger la première règle pour les vierges. Alors que tous ses prédécesseurs se sont contentés de féminiser des législations conçues d’abord pour des hommes, il est le premier à concevoir d’emblée une règle pour les femmes, qu’il adapte à la fin de sa vie pour une communauté d’hommes. Sans doute commencée au moment de la fondation, la rédaction de la règle se prolonge jusque dans les années 534. Cette longue législation sait tout à la fois emprunter aux écrits antérieurs et innover en s’adaptant au propre de la vie féminine (sur le bain, les broderies, la coiffure, le renoncement à l’élégance, le travail de la laine…). Elle instaure une stricte clôture perpétuelle et totale, puisque toute femme entrée au monastère ne peut quitter l’enceinte claustrale jusqu’à son dernier souffle. Cette mesure protectrice qui reprend une prescription attestée dans une communauté du Jura, cherche à réduire par tous les moyens les contacts des sœurs avec le monde pour leur éviter futilité et sources de corruption. Césaire innove également en apportant des prescriptions plus précises en matière d’entrée dans la communauté, d’alimentation, d’office, mais aussi sur le rôle majeur de la supérieure en second aux côtés de l’abbesse. La règle n’est pas le seul document qui témoigne de l’intérêt marqué de Césaire pour le monastère Saint-Jean, réputé abriter 200 moniales à sa mort. Plusieurs lettres témoignent de son affection pour ses « saintes sœurs ». Au seuil de l’au-delà, il leur consacre la plus grande partie de son testament par crainte que ses successeurs ne leur accordent moins d’égards, et se fait transporter dans la clôture qu’il choisit pour dernière demeure.

Cette règle de Césaire pour les vierges est le point de départ d’une série d’épigones qui reprennent la volonté des communautés de moniales d’être en totale rupture avec le monde et ses vanités. Après avoir quitté la cour de son mari Clotaire Ier, Radegonde († 587), depuis toujours attirée par une vie d’ascèse, reçoit le voile de diaconesse et fonde un monastère à Poitiers pour lequel elle obtient du basileus Byzantin un morceau de la Vraie Croix. En conflit avec son évêque, elle se rend au monastère Saint-Jean d’Arles, pour discuter avec l’abbesse du statut de son établissement et de ses relations avec son propre évêque. Elle rentre à Sainte-Croix avec la règle de Césaire pour Saint-Jean, dont elle accentue les pratiques ascétiques en introduisant jeûnes et mortifications.

La fondation de Saint-Jean d’Arles relayée par l’impulsion de la peregrinatio colombanienne qui catalyse les aspirations spirituelles de l’aristocratie Franque, marque l’envol du monachisme féminin au début du VIe siècle.

Pendant ce temps, Godomar (524-534), le frère de Sigismond, lui succède comme roi des Burgondes. Il reprend les places fortes occupées par les Francs, avec l’aide de troupes Ostrogothes. Clodomir certainement séduit par sa première victoire, se lance dans une nouvelle conquête du royaume Burgonde. Mais cette fois, la victoire change de camp, la rencontre se situe en juin 524, à Vézeronce (dans l’actuel département de l'Isère), et s’achève par la défaite des Francs ou Clodomir trouve la mort aux combats. Les trois fils de Clodomir disparaissent de la scène politique.

En 532, Clotaire et Childebert, les deux frères de Clodomir se lancent à la conquête du royaume Burgonde. La bataille a lieu a Autun où Godomar s’est enfermé. Les Francs conduisent le siège de la ville, mais celle-ci tombe qu’au bout d’une année. Godomar a réussi à s’enfuir. Les deux frères ne poursuivent pas leur conquête et retournent dans leurs royaumes.

L’année suivante, en 534, les deux frères accompagnés de leur neveu, Théodebert, roi d'Austrasie, envahissent la Burgondie. On ne connaît pas le nom de la bataille décisive, mais cette nouvelle campagne des Francs amène, la destruction définitive et le partage du royaume Burgonde entre les rois Francs. Godomar est déposé, mais reste libre jusqu’à sa mort. Les Burgondes se soumettent à la domination des Francs et passent sous l’autorité de la monarchie Mérovingienne.
La partie Nord de la Burgondie (Langres, Besançon, Autun, Chalon-sur-Saône, Nevers) fait partie du lot de Théodebert roi d'Austrasie, fils de Thierry.
Le centre (Mâcon, Genève, Lyon, Vienne) est donné à Childebert.
Le sud (Grenoble, Die, Valence) est doté à Clotaire.
En 535, les corps de Sigismond, de son épouse et de ses enfants sont extraits du puits ou ils ont été précipités et sont inhumés à Saint-Maurice d’Agaune, près de l’abbaye. La vocation de ce lieu comme pèlerinage va commencer.






Siège d'Arles (534) — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Siège_d'Arles_(534)
Aller à Les années 532-534 : une expansion franque vers le sud - Thierry investit donc l'Auvergne où un certain Mundéric se prétendant son ...

Siège d'Arles (534) - Wikipedia
blog.photographies-naturelles.fr/wiki-Siège_d'Arles_(534).html
Aller à Les années 532-534 : une expansion franque vers le sud - ... au royaumes francs au VI siècle, après la guerre de Burgondie de 532-534.

Récit des Burgondes - Bourgogne Franche-Comté
gilles.maillet.free.fr/histoire/recit_bourgogne/recit_des_burgondes.htm
Quelques années plus tard, vers 444, Aetius, leur refuse l'installation en Lorraine ou .... dans leur royaume, mais une partie de leur troupe vient faire le siège d'Arles. ... Pendant ce temps, Godomar (524-534), le frère de Sigismond, lui succède ...




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire