lundi 28 décembre 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 511

19 DÉCEMBRE 2015


Cette page concerne l'année 511 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

CLOVIS UN ROI

EN 481


Clovis Ier, en latin Chlodovechus, seule forme contemporaine écrite attestée, peut-être en francique reconstitué Chlodowig, né vers 466 et mort à Paris le 27 novembre 511, roi des Francs Saliens, puis roi de tous les Francs de 481 à 511.

Brillant chef militaire, il accroît considérablement le territoire du petit royaume des Francs Saliens dont il hérite à la mort de son père pour unifier une grande partie des royaumes Francs, repousser Alamans et Burgondes et annexer les territoires des Wisigoths dans le Sud de la Gaule. Le règne de Clovis est connu à travers la description qu'en fait l'évêque Gallo-Romain Grégoire de Tours, et dont l'Histoire des Francs est riche d'enseignements, bien que ce texte semble essentiellement à visée édifiante.

Clovis est considéré dans l'historiographie comme un des personnages historiques les plus importants de l'histoire de France, la tradition républicaine reconnaît en lui le premier roi de ce qui va devenir la France, et la tradition royale voit en lui le premier roi chrétien du royaume des Francs.
La chronologie du règne de Clovis est très mal connue. L'essentiel de ce que nous en savons provient du récit rédigé à la fin du VIe siècle par l'évêque Grégoire de Tours, né près de 30 ans après la mort de Clovis. Ce récit tient en 15 courts du livre II de son Histoire des Francs... On peut rejeter ces informations comme légendaires, mais aucune étude n'a jamais fondamentalement remis en cause ces indications, qui, selon toute vraisemblance, sont légèrement simplifiées, mais restent valables « à peu de choses près ».

La seule date fixée par d'autres sources que Grégoire est celle de sa mort, en 511, ce qui date son avènement de 481 environ, peut-être 482.
CLOVIS ET CLOTILDE
Selon l'historien Bruno Dumézil, certains éclaircissements ont depuis peu été apportés grâce au croisement d'autres sources documentaires, sans toutefois contredire les principaux éléments de l'histoire transmise par Grégoire.

3 sources antérieures à celle de Grégoire de Tours décrivent la situation politique du nord de la Gaule à cette époque. Il s'agit de la Chronique d'Hydace, évêque de Chaves en Gallaecia, d'une chronique Gallo-Romaine du Ve siècle, la Chronica Gallica de 452 (continuée par la Chronica Gallica de 511), et la Chronique de Marius, évêque d'Avenches.

Si les chrétiens des premiers siècles s'aventurent à l'évangélisation de l'empire, le christianisme ne s'impose officiellement que progressivement à partir du IVe siècle, du règne de Constantin Ier qui se convertit au christianisme, jusqu'au règne de l'empereur Théodose Ier, qui fixe le christianisme comme religion d'État.
L'interdiction de la pratique religieuse et les persécutions ont empêché les chrétiens de définir clairement une doctrine cohérente, c'est ainsi que l'empereur Constantin Ier organise un concile à Nicée en 325, pour permettre une harmonisation théologique et dogmatique.

En niant la nature divine du Christ et en le réduisant à l'état de créature, les ariens font du Messie un être doté de pouvoirs extraordinaires mais qui n'est ni un homme ni Dieu. La relation entre Dieu et Jésus-Christ étant inexistante, il n'y pas de relation entre l'humanité et Dieu et donc pas d'Église.

Les grandes invasions et la chute de l'Empire romain ont permis l'installation durable de royaumes Barbares dans l'empire et notamment en Gaule. Les Barbares, généralement d'origine Germanique, sont restés païens du fait de leur faible romanisation. Mis à part le court aparté de l'occupation Romaine de la Germanie sous Auguste de 9 av. J.-C. à 12, l'empire ne possède que deux provinces en Germanie : la Germanie supérieure et la Germanie inférieure. Pour contenir les barbares, les Romains tentent de les fédérer à l'empire en établissant des traités de paix (fœdus) où les Barbares se voient concéder des territoires, développent le commerce avec Rome, payent des impôts et fournissent des soldats, faisant avancer l'influence romaine.
Les peuples les plus romanisés adoptent le christianisme tel les Burgondes, Ostrogoths, Vandales et surtout les Wisigoths mais dans sa version arienne. L'afflux de peuples « Barbares » plus ou moins romanisés ébranle l'unité que le christianisme a dans l'empire, et en Gaule, l'établissement de royaumes Barbares soit païens soit ariens, fait décliner l'obédience conciliaire fidèle aux dogmes de Chalcédoine, de Constantinople et de Nicée.

Les Francs constituent une ligue de peuple Germanique qui, bien qu'ayant établi un fœdus avec l'empire, sont restés païens. Ils partagent avec les autres tribus de Germanie le culte des Ases desquels les familles royales sont censées descendre.
De ce fait, les rois Barbares ont une origine sacrée faisant d'eux à la fois des chefs de guerre mais aussi des détenteurs d'un pouvoir spirituel... Aussi, lorsqu'un chef « Barbare » se tourne vers le christianisme pour tenter un rapprochement avec les populations autochtones romanisées, il opte plutôt pour l'arianisme, qui permet au roi de s'identifier au Christ surhomme et de devenir le chef de l'Église, et ainsi de conserver son pouvoir religieux.

Le roi Barbare concentre ainsi les pouvoirs de chef de guerre (ou roi d'armée : heerkönig), chef d'État et chef de l'Église entre ses mains, provoquant un Césaro-Papisme. Au contraire, l'église conciliaire prône le partage des pouvoirs entre le roi, laïc, détenteur du pouvoir temporel, et le pape, pontife supérieur, détenteur du pouvoir spirituel pour l'Occident.

À la fin du Ve siècle, la Gaule est morcelée en plusieurs royaumes Barbares, constamment en guerre, cherchant à étendre leurs influences et leurs possessions. 3 ensembles principaux se détachent :
Les Francs, établis au nord-est, ayant longtemps servi l'Empire Romain comme troupes auxiliaires sur la frontière Rhénane, encore païens à l'avènement de Clovis, eux-mêmes dispersés dans de nombreux royaumes différents,

Les Burgondes, établis par Rome en Savoie (en Sapaudie) et dans le Lyonnais, chrétiens ariens et relativement tolérants.
Les Wisigoths, peuple puissant établi au sud de la Loire, en Languedoc, surtout dans la vallée de la Garonne, et en Espagne, également ariens, mais moins tolérants envers les chrétiens conciliaires qu'ils dominent.

Les Ostrogoths ne sont présents qu'en Provence (jusqu'à Arles), mais leur roi Théodoric le Grand, depuis l'Italie, cherche à maintenir l'équilibre entre les différents royaumes.
Par ailleurs, au loin, l'Empire Romain d'Orient exerce une autorité certes largement théorique mais qui garde une valeur symbolique importante dont les souverains Germaniques recherchent volontiers la reconnaissance. L'Empire s'efforce de contenir les souverains Germaniques.
Enfin, une multitude de « pouvoirs » locaux ou régionaux d'origine militaire (des « royaumes » occupent ainsi le vide laissé par la déposition du dernier empereur Romain d'Occident en 476. Parmi ceux-ci se trouve le royaume d'un général Romain établi dans la région de Soissons, Syagrius.

Le « pouvoir » dont il est question ici n'a rien à voir avec les notions modernes de pouvoir législatif, exécutif ou judiciaire, mais couvre une relation dominant-dominé plus proche de celle d'un chef de tribu.

Clovis est né en 466, dans la famille des rois Mérovingiens. C'est le fils de Childéric Ier, roi des Francs saliens de Tournai, et de la reine Basine de Thuringe.
Grégoire de Tours fait apparaître Childéric Ier dans son récit en 457, lorsque Childéric, qui déshonore les femmes de ses sujets, provoque la colère de son peuple qui le chasse.
Il se réfugie alors en Thuringe pendant 8 ans, probablement à partir de 451. Vivant auprès du roi Basin, il séduit la femme de son hôte, Basine, qu'il ramène avec lui lorsque les Francs Saliens le réclament sur le trône... Le roi épouse Basine. De ce mariage naît Clovis.
Trois autres enfants naissent de cette union :
Alboflède ou Albofledis, baptisée en même temps que son frère, qui devient religieuse mais meurt peu après.
Lantilde ou Landechildis, mentionnée brièvement par Grégoire de Tours quand elle-aussi est baptisée en même temps que son frère.
Audoflède ou Audofledis, que Clovis marie en 492 à Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths d'Italie.

Childéric exerçant des fonctions administratives doit résider dans une ou plusieurs cités de Belgique seconde et occuper le palais attribué à l’attention des gouverneurs Romains. Son fils a dû naître à Tournai et recevoir, selon les coutumes Germaniques, un baptême païen. Son parrain le nomme Chlodweg et le plonge dans l’eau 8 jours après sa naissance.
SAINT LEONARDUS
Son éducation a dû se faire dans la partie de la résidence réservée aux femmes, le gynécée. Vers 6 ou 7 ans, son père doit prendre en charge son éducation en lui offrant un casque de fer, un bouclier et un scramasaxe utilisé pour la parade. Même si sa majorité est fixée à douze ans, il ne lui est cependant pas possible de combattre avant l'âge de quinze ans. Il reçoit une instruction basée sur la guerre : Des activités sportives, l’équitation et la chasse. Il parle le francique, et devant succéder à son père à la tête d’une province Romaine, il apprend le latin. Néanmoins, il n’est pas possible de prouver qu’il sache lire et écrire. Il doit aussi se voir enseigner l’histoire de son peuple.

Comme tous les Francs du début de l'ère chrétienne, Clovis parle une ou des langue(s) germanique(s) du sous-groupe linguistique dit bas francique.
Le nom de Clovis vient de Chlodowig, composé des racines hlod (« renommée », « illustre », « gloire ») et wig (« bataille », « combat »), c'est-à-dire « illustre dans la bataille » ou « combat de gloire ».

Fréquemment utilisée par les Mérovingiens, la racine hlod est aussi à l'origine de noms tels que Clotaire et (Lothaire), Clodomir, Clodoald, ou encore Clotilde.
L'appellation du roi Franc dérive ensuite de « Hlodovic » puis « Clodovic », latinisé en Chlodovechus, Chlodweg, donne Hlodovicus, Lodoys, Ludovic, « Clovis » et « Clouis », dont est né en français moderne le prénom Louis, porté par 18 rois de France. Il donne aussi en allemand Ludwig.
Le « Claudius » latin conduit aussi bien au « Louis » français qu'au « Ludwig » germanique (Clodweg, Cludwig).

Toute sa vie, Clovis s'efforce d'agrandir le territoire de son royaume. Peu à peu, Clovis conquiert la moitié septentrionale de la France actuelle : Il s'allie d'abord aux Francs Rhénans et avec les Francs de Cambrai dont le roi Ragnacaire est probablement un de ses parents.

Il n'hésite pas à éliminer tous les obstacles :
Il fait assassiner tous les chefs Saliens et Rhénans voisins, certains de ses anciens compagnons, et même certains membres de sa famille, même éloignés, afin de s'assurer que seuls ses fils héritent de son royaume.

En 490, il entame des offensives contre la Germanie Rhénane et Transrhénane.
Il se lance d'autre part dans une grande série d'alliances et de conquêtes militaires, au début à la tête de seulement quelques milliers d'hommes.
Plus que les armes, certes efficaces, des Francs, c'est semble-t-il le savoir-faire au combat acquis au service de l'Empire Romain et contre les autres Barbares qui rend possibles les succès militaires des guerriers de Clovis.

À travers lui, un peuple Germanique ne s'impose pas aux Gallo-Romains : La fusion des éléments Germains et Latins se poursuit.
Au temps de Chlodowig (Clovis), alors que Syagrius, pourtant qualifié de « Romain » par les sources, porte un nom barbare, ne bénéficie visiblement pas de l'appui de son peuple.
Le roi « Barbare » Ostrogoth Théodoric le Grand, dans sa prestigieuse cour de Ravenne, perpétue tous les caractères de la civilisation Romaine tardive, tout en restant un Ostrogoth arien, un Barbare hérétique aux yeux de l'Église.
Clovis sait s'imposer assez rapidement, malgré de durs combats, parce qu'en définitive il paraît un moins mauvais maître que la plupart des prétendants : Au moins, est-il chrétien, et déjà passablement romanisé... Il a d'ailleurs un conseiller Gallo-Romain, Aurelianus. À l'inverse, les Wisigoths, chrétiens mais ariens, tiennent l'Aquitaine d'une main de fer, et ne font aucun effort pour tenter un rapprochement avec les Gallo-Romains chrétiens qu'ils dominent.

À partir de 486, Clovis mène l'offensive vers le sud. Cette même année, il emporte les villes de Senlis, Beauvais, Soissons et Paris dont il pille les alentours.
Il livre la bataille de Soissons contre Syagrius, fils du magister militum per Gallia (maréchal d'empire) Ægidius, s'intitule « Roi des Romains » et contrôle une enclave Gallo-Romaine dans le nord de la France situé entre Meuse et Loire, dernier fragment de l'Empire Romain d'Occident. La victoire de Soissons permet au royaume de Clovis de contrôler tout le nord de la Gaule. Syagrius se réfugie chez les Wisigoths qui le livrent à Clovis l'année suivante... Le chef gallo-romain est discrètement égorgé.

C'est après cette bataille, qu'a lieu – selon Grégoire de Tours – l'épisode du vase de Soissons, où, contre la loi militaire du partage, le roi demande de soustraire du butin un vase liturgique précieux pour le rendre à l'église de Reims, à la demande de Remi, évêque de cette dernière cité.
Le testament de Saint Remi fait mention d'un vase d'argent que lui a donné Clovis. Mais ce serait Remi qui l'a fondu pour fabriquer un encensoir et un calice…

Avant 486, Clovis choisit de renforcer ses positions en contractant un mariage avec une princesse de la monarchie Franque Rhénane, dont naît un fils, Thierry.
Cette union a souvent été interprétée comme l'épisode d'une alliance tactique avec ses voisins orientaux, lui permettant de tourner ses ambitions vers le sud... Cette union avec une épouse dite de « second rang », vue comme étant « gage de paix » (Friedelehe), assure la paix entre Francs Rhénans et Saliens.
Elle a souvent été interprétée à tort comme un concubinage par les historiens Romains chrétiens qui ne connaissent pas les mœurs des structures familiales polygames Germaniques, sans mariage public.
Les mariages officiels (de premier rang) permettent à l'épouse de jouir du « don du matin » (la Morgengabe), qui est constitué de biens mobiliers donnés par le mari, ainsi que de commander à ses descendants légitimes.

Le royaume des Francs Rhénans s'étend dangereusement sur la Belgique seconde mais l'alliance avec Clovis leur assure la possession des cités de Metz, Toul, Trèves et Verdun que les Alamans menacent. Refusant de se laisser attaquer sur 2 fronts, la stratégie impose à Clovis d'attaquer les Thuringiens Rhénans, que l'expansion de leur royaume basé sur l'Elbe et la Saale fait déborder sur la rive droite du Rhin inférieur, absorbant Ratisbonne par la même occasion et faisant avancer les Alamans en direction des Francs.

En 508, après sa victoire sur les Wisigoths, Clovis reçoit de l'empereur d'Orient Anastase Ier les « tablettes consulaires », ce que l'on interprète comme un titre de consul honoraire avec les ornements consulaires et est salué comme « Auguste » au cours d'une cérémonie à Tours. Cela marque la continuation des bonnes relations entre l'Empire Romain dont Constantinople est la seule capitale, Rome défaite en 476 ayant renvoyé les insignes impériaux à Constantinople ne conservant qu'une autorité spirituelle encore fortement soumise à l'autorité impériale.

L'évèque-patriarche de Rome n'a pas encore repris (officiellement) la titulature impériale de Pape (pontifex maximus), ou de chef de la religion romaine en vigueur depuis 712 av. J.-C., titulature reprise par Théodore Ier seulement en 642.




En 491, il déclare la guerre aux Thuringiens, dont une hypothèse veut que le royaume s'apparente à celui du roi des Francs Saliens Cararic qui a eu pour capitale la cité de Tongres et dont le contour est mal défini et s'étend probablement dans la région de Trèves ou sur les bouches du Rhin. Clovis finit par les soumettre. Cararic s'étant joint à Clovis dans la guerre contre Syagrius, celui-ci est donc son allié. Mais il a attendu le déroulement de la bataille pour intervenir auprès du vainqueur, chose que n'apprécie pas Clovis qui le fait tondre avec son fils, pour les faire entrer dans les ordres, respectivement en tant que prêtre et diacre. Finalement, il les fait assassiner après avoir entendu des menaces de mort le concernant et s'empare du royaume... Mais une seconde hypothèse veut que cette guerre ne soit tout simplement la réponse à une menace qu'exercent les Thuringiens sur les royaumes Francs.

Avant 475, le roi des Wisigoths Euric s'est allié à ce peuple, juste après avoir défait les Francs Saliens, dont les pirates attaquent la côte occidentale de la Gaule.
Basine, la mère de Clovis, étant Thuringienne, une explication à cette expédition guerrière accrédite l'idée que Clovis tente de récupérer le territoire dont sa mère est originaire. Cette expédition n'entame pas pour autant la souveraineté de la Thuringe vu qu'il faut attendre le règne de ses fils, Thierry Ier et Clotaire Ier, pour qu'elle soit intégralement soumise, rattachée en partie au royaume des Francs et en partie aux territoires saxons.

L'évêque de Reims, le futur Saint Remi, cherche alors probablement la protection d'une autorité forte pour son peuple, et écrit à Clovis dès son avènement.
Les contacts sont nombreux entre le roi et l'évêque, ce dernier incitant d'abord Clovis à protéger les Chrétiens présents sur son territoire. Grâce à son charisme et peut-être en raison de l'autorité dont lui-même jouit, Remi sait se faire respecter de Clovis et lui sert même de conseiller.
BAPTIST7RE DE RAVENNE
À la suite d'ambassades répétées auprès du roi Gondebaud, Clovis choisit de prendre pour épouse Clotilde, une princesse chrétienne de haut lignage. Le mariage a lieu à Soissons en 492 ou en 493 concrétisant le pacte de non-agression avec les rois Burgondes. En choisissant une descendante du roi Athanaric de la dynastie des Balthes, Clovis se marie avec une épouse de premier rang qui lui assure un mariage hypergamique, lui permettant de hisser les Francs au rang de grande puissance.

Dès lors, selon Grégoire de Tours, Clotilde fait tout pour convaincre son époux de se convertir au christianisme. Mais Clovis est réticent : Il doute de l'existence d'un Dieu unique, la mort en bas âge de son premier fils baptisé, Ingomer, ne fait d'ailleurs qu'accentuer cette méfiance.
D'autre part, en acceptant de se convertir, il craint de perdre le soutien de son peuple, encore païen : Comme la plupart des Germains, ceux-ci considèrent que le roi, chef de guerre, ne vaut que par la faveur que les dieux lui accordent au combat. S'ils se convertissent, les Germains deviennent plutôt ariens, le rejet du dogme de la Trinité favorisant en quelque sorte le maintien du roi élu de Dieu et chef de l'Église.

Néanmoins, Clovis a plus que tout besoin du soutien du clergé Gallo-Romain, car ce dernier représente la population Gauloise. Les évêques, à qui échoit le premier rôle dans les cités depuis que se sont effacées les autorités civiles, demeurent les réels maîtres des cadres du pouvoir antique en Gaule. C'est-à-dire également des zones où se concentre encore la richesse.
Cependant, même l'Église a du mal à maintenir sa cohérence : Évêques exilés ou non remplacés en territoires Wisigoths, successions pontificales difficiles à Rome, mésentente entre pro-Wisigoths ariens et pro-Francs (Remi de Reims, Geneviève de Paris…), etc.

C'est en « la 15e année de son règne », c'est-à-dire en 496, qu'a lieu la bataille de Tolbiac (Zülpich près de Cologne) contre les Alamans, Clovis portant secours aux Francs Rhénans dont le roi Sigebert a été blessé au genou. D'après Grégoire de Tours, ne sachant plus à quel dieu païen se vouer et son armée étant sur le point d'être vaincue, Clovis prie alors le Christ et lui promet de se convertir si « Jésus que sa femme Clotilde proclame fils de Dieu vivant » lui accorde la victoire. Il s'agit de la même promesse faite par l'empereur romain Constantin en 312 lors de la bataille du pont Milvius.
Grégoire de Tours reprend le modèle Constantinien (conversion après une bataille, rôle important d'une femme, Hélène et Clotilde) pour répéter ce qu'il y a eu de plus glorieux et légitimer la royauté Franque.

Au cœur de la bataille, alors que Clovis est encerclé et va être pris, le chef Alaman est tué d'une flèche ou d'un coup de hache, ce qui met son armée en déroute. La victoire est à Clovis et au dieu des chrétiens.
Selon d'autres sources, Tolbiac n'a été qu'une étape et l'illumination finale de Clovis a en fait eu lieu lors de la visite au tombeau de Martin de Tours.

Selon Patrick Périn, médiéviste, spécialiste du Premier Moyen Âge et directeur du Musée d'archéologie national, Clovis n’a pas fait le vœu de se convertir au christianisme lors de la fameuse bataille de Tolbiac mais lors d'une bataille inconnue. En effet, la bataille de Tolbiac serait mentionnée par erreur dans les écrits de Grégoire de Tours. Si ce dernier évoque bien Tolbiac, c'est à propos de la bataille de Vouillé où est présent Clodoric, fils de Sigebert le Boiteux de Cologne, ainsi nommé car il a été blessé lors d'une bataille contre les Alamans, à Tolbiac. Ce sont des historiens du XIXe siècle qui ont a



ssocié Tolbiac à la conversion du roi des Francs.

PARIS CAPITALE DE CLOVIS
L'évêque Remi enseigne à Clovis la catéchèse durant la phase des auditeurs (audientes) suivant les préceptes des conciles de Nicée (325), de Constantinople (381) et de Chalcédoine (25 octobre 451). Il se voit longuement enseigner la moralité et le rituel ainsi que l'histoire du Salut, puis le dogme trinitaire ainsi que les Credos tels que « Je crois en Dieu Père tout puissant et à Jésus-Christ son fils unique, engendré et non créé » que le concile de Nicée a promulgué.
Toujours est-il que lors de Noël d'une année comprise entre 496 et 511, peut-être en 499, Clovis passe à la phase des demandeurs et reçoit alors le baptême avec 3 000 guerriers, (les baptêmes collectifs étant alors une pratique courante) des mains de Saint Remi, l'évêque de Reims, le 25 décembre. Ce chiffre est cependant sujet à caution et l'onction post-baptismale est certainement exclue : Il aurait été difficile pour l'évêque de répandre du chrême, un mélange d'huile d'olive et de résine aromatique, sur le front de 3 000 personnes...

Ce baptême est demeuré un avènement significatif dans l'histoire de France : à partir d'Henri Ier tous les rois de France, sauf Louis VI, Henri IV et Louis XVIII, sont par la suite sacrés dans la cathédrale de Reims jusqu'au roi Charles X, en 1825.

Le baptême de Clovis accroît sa légitimité au sein de la population Gallo-Romaine, mais représente un pari dangereux. Selon l'historien Léon Fleuriot, Clovis fait un pacte avec les Bretons et Armoricains de l'ouest qu'il ne peut battre, tandis que menacent les Wisigoths... Le baptême est une condition de ce traité car les Bretons sont déjà christianisés, Il est conclu par l'entremise de Saint Melaine de Rennes et Saint Paterne de Vannes.
Les Bretons reconnaissent l'autorité de Clovis mais ne paient pas de tribut.

Le baptême de Clovis marque le début du lien entre le clergé et la monarchie Franque. Pour les monarchistes Français, cette continuité se fait française et dure jusqu'au début du XIXe siècle. Dorénavant, le souverain doit régner au nom de Dieu.
Ce baptême permet également à Clovis d'asseoir durablement son autorité sur les populations, essentiellement Gallo-Romaines et chrétiennes, qu'il domine : Avec ce baptême, il peut compter sur l'appui du clergé, et vice-versa. Enfin depuis ce baptême, l'historiographie nationaliste Française du XIXe siècle attribue aux rois de France le titre, à tort historiquement parlant, de « fils aîné de l'Église ».

Trois puissances exercent leur domination au sud du royaume de Clovis, les Wisigoths au sud-ouest, les Burgondes au sud-est et plus loin, en Italie, les Ostrogoths. Clovis noue des alliances successives pour continuer l'expansion de son royaume sans avoir à affronter une coalition hostile face à lui.

En 495, Théodoric, roi d'Italie, épouse Audofleda, sœur de Clovis Ier, dont il essaie de contenir l'ambition croissante. L'année suivante, il s'accorde avec Clovis pour que celui-ci ne poursuive pas au-delà du Danube les Alamans. Théodoric protège d'ailleurs les rescapés en les installant dans la première Rhétie. Il a ainsi l'avantage de repeupler une contrée et d'acquérir de braves et fidèles vassaux.

En 499, Clovis s'allie au roi Burgonde de Genève, Godégisile, qui veut s'emparer des territoires de son frère Gondebaud. Afin de sécuriser ses territoires à l'Ouest. En 500, Clovis signe un pacte d'alliance avec les Armoricains (peuplades Gauloises de la péninsule Bretonne et du rivage de la Manche) et Bretons.
Après la bataille de Dijon et sa victoire sur les Burgondes de Gondebaud, Clovis contraint ce dernier à abandonner son royaume et à se réfugier à Avignon. Cependant, le roi Wisigoth Alaric II se porte au secours de Gondebaud et persuade ainsi Clovis d'abandonner Godégisèle.
Clovis et Gondebaud se réconcilient et signent un pacte d'alliance pour lutter contre les Wisigoths.
Pour manifester l'équilibre de ses alliances, en 502, son fils Thierry épouse en premières noces une princesse Rhénane, dont il a Thibert Ier, roi de Reims (+548), puis en secondes noces Suavegothe, fille de Sigismond, roi des Burgondes, dont il a une fille Theodechilde.

LES FLEURS DE LYS POUR LA PREMIÈRE FOIS
Avec l'appui de l'empereur Romain d'Orient Anastase, très inquiet des visées expansionnistes des Goths, Clovis s'attaque ensuite aux Wisigoths qui dominent alors la majeure partie de la péninsule Ibérique et le Sud-Ouest de la Gaule (la Septimanie ou « Marquisat de Gothie »), jusqu'à la Loire au nord et jusqu'aux Cévennes à l'est.

Au printemps 507, les Francs lancent leur offensive vers le sud, franchissant la Loire vers Tours, pendant que les alliés Burgondes attaquent à l'est. Les Francs affrontent l'armée du roi Alaric II dans une plaine proche de Poitiers. La bataille dite de « Vouillé » (près de Poitiers), est terrible selon l'historiographie, et les Wisigoths se replient après la mort de leur roi, Alaric II, tué par Clovis lui-même en combat singulier.
Cette victoire permet au royaume de Clovis de s'étendre en Aquitaine et d'annexer tous les territoires auparavant Wisigoths entre Loire, océan et Pyrénées.
Les Wisigoths n'ont d'autre solution que de se replier en Hispanie, au-delà des Pyrénées. Toutefois, les Ostrogoths de Théodoric tentent d'intervenir en faveur des Wisigoths. Ils reprennent bien la Provence après la levée à l'automne 508 du siège d'Arles ainsi que quelques parties aux Burgondes, mais l'Empire d'Orient menace leurs côtes, et Clovis garde l'essentiel des anciens territoires Wisigoths. Les Wisigoths ne conservent plus qu'une partie de la Septimanie — le Languedoc — et de la Provence.

Il décide alors de faire de Paris, la ville de Sainte Geneviève dont le couple royal fait remplacer l'édifice en bois qui lui est dédié par une église, sa résidence principale, après Tournai et Soissons. C'est la première accession au statut de capitale de l'ancienne Lutèce, qui porte désormais le nom de l'ancien peuple Gaulois des Parisii.
Ses raisons sont sans doute principalement stratégiques, la cité ayant été une ville de garnison et une résidence impériale vers la fin de l'Empire, notamment pour les empereurs Julien et Valentinien Ier. Elle bénéficie en outre de défenses naturelles et d'une bonne situation géographique, Childéric Ier a tenté de s'en emparer en l'assiégeant à deux reprises, sans succès. Sa localisation correspond à l'actuelle île de la Cité reliée aux rives de la Seine par un pont au nord et un deuxième pont au sud, et protégée par un rempart. En outre, un vaste et riche fisc (terre, forêt ou mine appartenant à la couronne) l'entoure. Elle n'a qu'une importance relative : Le royaume Franc n'a pas d'administration, ni d'ailleurs aucun des caractères qui fondent un État moderne. Cependant, la ville de Lyon, ancienne « capitale des Gaules », perd définitivement sa suprématie politique dans l’isthme Ouest-Européen.
Sous le règne de Clovis en tout cas, la ville ne connaît pas de changements majeurs : Le patrimoine immobilier antique est conservé, parfois réaffecté. Seuls de nouveaux édifices religieux donnés par la famille royale et par l'aristocratie transforment quelque peu le paysage urbain, tel la basilique des Saints-Apôtres. Mais c'est surtout après la mort de Clovis que les premiers édifices voient le jour.

2 années avant sa mort, Clovis s'empare du royaume Franc de Sigebert le Boiteux après l'avoir fait assassiner par l'intermédiaire de son propre fils Clodéric, lequel périt à son tour après une manœuvre de Clovis, qui étend ainsi son autorité au-delà du Rhin. Clovis exécute ses cousins les rois Cararic et Ragnacaire, avec son frère Riquier, ainsi que Rignomer, dans la cité du Mans, un autre de ses frères, pour s'emparer de leurs royaumes et éviter que son royaume unifié ne soit partagé entre eux selon la coutume de la tanistrie.
Clovis est désormais le maître d'un unique royaume, correspondant à une portion occidentale de l'ancien Empire Romain, allant de la moyenne vallée du Rhin, (l'embouchure du Rhin est toujours aux mains des tribus Frisonnes) jusqu'aux Pyrénées, tenues par les Basques. Le royaume de Clovis ne comprend toutefois pas l'île de Bretagne (actuelle Grande-Bretagne), ni les régions Méditerranéennes, ni les vallées du Rhône et de la Saône.



POUVOIR SPIRITUEL ET POUVOIR CIVIL
En juillet 511, Clovis réunit un concile des Gaules à Orléans, qui prend fin le dimanche 10 juillet. Le concile rassemble 32 évêques, et est présidé par l'évêque métropolitain Cyprien de Bordeaux, La moitié viennent du « royaume des Francs ». Les évêques métropolitains de Rouen et Tours sont présents mais pas celui de Reims. Les évêques de Vasconie sont absents à cause de troubles dans leur région mais également ceux de Belgique et de Germanie du fait du manque de pénétration de l'Église catholique romaine dans ces régions. Clovis est désigné « Rex Gloriosissimus fils de la Sainte Église catholique », par tous les évêques présents.

Ce concile est capital dans l'établissement des relations entre le roi et l'Église catholique. Clovis ne se pose pas comme chef de l’Église comme le ferait un roi arien, il coopère avec celle-ci et n’intervient pas dans les décisions des évêques (même s'il les a convoqués, leur pose des questions, et promulgue les canons du concile).
Ce concile vise à remettre de l’ordre dans l’épiscopat du royaume des Francs, à faciliter la conversion et l’assimilation des Francs convertis et des ariens, à limiter les incestes (brisant ainsi la tradition Germanique matriarcale des clans familiaux endogames), à partager les tâches entre administration et Église, à restaurer les liens avec la papauté.

Des 31 canons produits par le concile, il ressort que le roi ou son représentant, c'est-à-dire le comte, se voient réserver le droit d'autoriser ou non l'accès d'un laïc à la cléricature. Les esclaves devant d'abord s'en référer au maître. Il s'agit là d'endiguer les fuites fiscales que les vocations, motivées par l'immunité, provoquent chez les plus riches.
Le roi se voit attribuer le droit de désigner les évêques, contrairement au canon qui veut qu'ils soient élus par une assemblée de fidèles, confirmant ainsi les droits de magister militum que l'empereur accordait à ses ancêtres en tant que gouverneurs de la province de Belgique Seconde. Les rois Mérovingiens bénéficient de ce droit jusqu'à la promulgation de l'édit de Paris par Clotaire II, le 18 octobre 614 où les élections épiscopales redeviennent la règle. La chasteté des clercs et la subordination des abbés aux évêques sont rappelées. Les clercs hérétiques ayant reconnu la foi catholique peuvent retrouver une fonction et les établissements religieux repris aux ariens sont à nouveau consacrés dans la foi catholique.

Le droit d'asile est élargi à l'ensemble des bâtiments entourant les églises, s'alignant ainsi sur le code Théodosien, la loi Gombette et le bréviaire d'Alaric. L'objectif est de permettre à un fugitif de trouver refuge dans les édifices sacrés, avec l'assurance de pouvoir y être logé convenablement, sans avoir à profaner les édifices.
Le canon interdit au poursuivant de pénétrer dans l'enceinte du bâtiment, sans avoir préalablement prêté serment sur l'Évangile, et d'infliger de châtiment corporel au fugitif. Une indemnisation est prévue pour compenser le préjudice subi, s'il s'agit d'un esclave en fuite, ou la possibilité pour le maître de le récupérer.

En cas de parjure, il y a excommunication. Les terres royales accordées à l'Église se voient exemptées d'impôt afin d'y entretenir les clercs, les pauvres et les prisonniers. Plusieurs superstitions, tel que les « sorts des saints », coutume consistant à ouvrir au hasard les livres sacrés tel que la Bible et interpréter comme un oracle le texte apparaissant sous les yeux du lecteur, se voient condamnées une seconde fois, après le concile de Vannes de 465.
L’alliance de l’Église chrétienne et du pouvoir, qui a débuté avec le baptême du roi et qui va perdure près de 14 siècles, est un acte politique majeur qui se poursuit car les populations rurales, jusque-là païennes, de plus en plus christianisées, lui font davantage confiance.

Clovis meurt à Paris le 27 novembre 511, âgé de 45 ans. On présume qu'il est décédé d'une affection aiguë au bout de 3 semaines. Selon la tradition, il a été inhumé dans la basilique des Saints-Apôtres (Saint Pierre et Saint Paul), future église Sainte-Geneviève, qu'il a fait construire sur le tombeau même de la sainte tutélaire de la cité, à l'emplacement de l'actuelle rue Clovis (rue qui sépare l'église Saint-Étienne-du-Mont du lycée Henri-IV).

EN 511
Clovis est inhumé, comme l'écrit Grégoire de Tours, dans le sacrarium de la basilique des Saints-Apôtres situé sous l'actuelle rue Clovis, c'est-à-dire dans un mausolée construit exprès à la manière de la sépulture qui a accueilli l'empereur Romain chrétien Constantin le Grand aux Saints-Apôtres à Constantinople, en annexe, sans doute greffé sur le chevet du monument. Les sarcophages royaux sont probablement posés sur le sol et non enfouis, selon l'usage qui s'impose dès la génération des fils de Clovis. On ignore ce qu'il advient des tombes du couple royal ainsi que celles de leur fille Clotilde, et leurs petits fils Thibaud et Gonthier, assassinés à la mort de Clodomir.

Clovis Ier — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Clovis_Ier
Le règne de Clovis est connu à travers la description qu'en fit l'évêque ...... En juillet 511, Clovis réunit un concile des Gaules à Orléans, qui prend fin le ...
Childéric Ier - ‎D:Clovis Ier - ‎Mérovingiens - ‎Liste des rois des Francs saliens
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THÉODORIC Ier ou THIERRY Ier - Encyclopædia Universalis
www.universalis.fr/encyclopedie/theodoric-ier-thierry-ier/
THÉODORIC I er ou THIERRY I er (av. 484-533 ou 534) roi franc (511-533 ou 534). Fils aîné de Clovis, Théodoric I er (ou Thierry I er) est né de mère inconnue, ...
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