lundi 28 décembre 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 512


18 DÉCEMBRE 2015

Cette page concerne l'année 512 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

SAINTE GENEVIÈVE ET LES TRIBULATION DE SON ÉGLISE ET DE SES RELIQUES.

SAINTE GENEVIÈVE AU LUXEMBOURG
Sainte Geneviève, patronne de Paris naît au village de Nanterre, vers l'an 422. C'est bien dans une vie comme la sienne que l'on reconnaît la vérité et que l'on trouve la réalisation de cette parole de Saint Paul : « Dieu choisit dans ce monde les instruments les plus faibles pour confondre l'orgueil et les prétentions des hommes. »
Elle est âgée de 7 ans quand Saint Germain, évêque d'Auxerre, traverse le village de Nanterre, où elle habite. Éclairé par une lumière divine, le Saint discerne cette modeste enfant parmi la foule accourue sur ses pas : « Béni soit, dit-il à ses parents, le jour où cette enfant vous a été donnée : Sa naissance a été saluée par les anges, et Dieu la destine à de grandes choses. » Puis, s'adressant à la jeune enfant, il la confirme dans son désir de se donner tout à Dieu : « Ayez confiance, ma fille, lui dit-il, demeurez inébranlable dans votre vocation, le Seigneur vous donnera force et courage. »
Depuis ce moment, Geneviève se regarde comme consacrée à Dieu, elle s'éloigne de plus en plus des jeux et des divertissements de l'enfance et se livre à tous les exercices de la piété chrétienne avec une ardeur bien au-dessus de son âge.
Rarement on voit, dans une existence si humble, de si admirables vertus. Elle n'est heureuse que dans son éloignement du monde, en la compagnie de Jésus, de Marie et de son Ange gardien.

Geneviève reçoit le voile à 14 ans, des mains de l'archevêque de Paris, et, après la mort de ses parents, elle quitte Nanterre pour se retirer à Paris même, chez sa marraine, où elle vit plus que jamais saintement. Malgré ses austérités, ses extases, ses miracles, elle devient bientôt l'objet de la haine populaire, et le démon jaloux suscite contre elle une guerre acharnée. Il faut un nouveau passage de Saint Germain de Nanterre pour rétablir sa réputation : « Cette vierge, dit-il, sera votre salut à tous. »
Bientôt, en effet, le terrible Attila, surnommé le Fléau de Dieu, envahissait la France, mais Geneviève prêche la pénitence, et, selon sa prédiction, Paris n'est pas même assiégé. La sainte meurt à 90 ans, le 3 janvier 512. D'innombrables miracles ont été opérés par son intercession... Son tombeau est toujours entouré de vénération dans l'église de Saint-Étienne-du-Mont, à Paris.
Elle est une des grandes Patronnes de la France.
Fille d’un régisseur des terres d’Empire, Severus, et de Gerontia, Geneviève, dont le prénom est sans doute d’origine latine fille unique de Severus, probablement un Franc romanisé, et de Géroncia d’origine Grecque, elle a hérité en tant que fille unique de la charge de membre du conseil municipal (curia) détenue par son père, charge qu’elle exerce tout d’abord à Nanterre, puis à Paris après son installation dans cette ville chez une « marraine » influente. N'ayant de l'humble bergère que l'on évoque aujourd'hui, elle a passé son enfance et son adolescence à Nanterre et on prétend qu’elle a exercé très jeune des fonctions au conseil de cette ville, ce qui lui donne une compétence fort utile plus tard dans le domaine de l’administration.

Remarquée par deux évêques, Saint Germain d’Auxerre et Saint Loup de Troyes de passage à Nanterre, pour son dévouement aux pauvres et pour sa piété, ceux-ci lui prédisent un grand avenir, tant ils ont repéré en elle une sainte future. Elle rejoint alors sa marraine à Paris. Puis elle est vouée à Dieu, en portant le voile blanc des vierges. À Paris, elle est vite connue, aimée et célèbre pour sa générosité et pour son amour du prochain. Elle est riche et ne le cache pas, mais elle fait le don de sa fortune aux plus humbles et soulage les miséreux. Elle manque même un jour d’être lapidée, mais comme elle ignore la peur, trouvant la force de faire front, grâce à sa foi, elle réussit à calmer les esprits et elle se concilie désormais la sympathie unanime de la population.

Cependant, elle ne se contente pas de mener une vie édifiante et ascétique. Elle va donner toute la mesure de son sens de l’organisation et de son courage, devenant en quelque sorte un véritable maire de Paris. À l’approche des Huns d’Attila en 451, elle rassure les habitants de la cité, leur demande de prier, et veille à leur subsistance. Les Huns certes contourneront Paris dont ils n’ont aucun intérêt stratégique à s’emparer, ce que Sainte Geneviève a parfaitement compris, mais le peuple lui attribue le miracle d’avoir, par sa seule présence, écarté l’ennemi barbare...

Dès lors, sa popularité va grandissante, surtout lorsque le roi Mérovingien Chilpéric fait le siège de Paris en 465 et que Sainte Geneviève parvient par ruse, grâce à des bateaux sur la Seine, à gagner Troyes (où elle possède des terres à blé), d’où elle revient sans se faire remarquer afin de nourrir de pain les habitants de la ville.

Une fois le danger écarté, elle va devenir l’administratrice de la cité de Paris, dès lors que les corps constitués civils ont disparu au moment des grandes invasions Germaniques. Ce sont les évêques ou les âmes pieuses et charitables, comme elle, qui prennent la relève pour gérer les cités et pour veiller au bon fonctionnement de leurs divers services. Toute sa fortune y passe, mais elle n’a que faire de l’argent qu’elle méprise, vivant modestement et saintement, souvent comme une recluse.

Enfin, avec Remi, évêque de Reims, elle sera l’un des artisans actifs de la conversion de Clovis et de son fameux baptême en 496. Elle demande au roi des Francs de construire une basilique consacrée à Saint Paul et à Saint Pierre sur la montagne qui porte aujourd’hui son nom. Clovis y sera enterré en 511. Sainte Geneviève le rejoindra l’année suivante, à l’âge de 90 ans, déjà une légende de son vivant et désormais invoquée chaque fois que Paris et la France seront en danger. Clotilde, épouse de Clovis, sera enterrée à leurs côtés en 545. La châsse qui se trouve en l’église Saint-Étienne-du-Mont est assez récente et ne contient pas les restes de la sainte, qui ont été dispersés au moment de la révolution française.

Joël Schmidt
historien et romancier

Selon la tradition, lors du siège de Paris en 451, grâce à sa force de caractère, Geneviève, qui n’a que 28 ans, convainc les habitants de Paris de ne pas abandonner leur cité aux Huns. Elle encourage les Parisiens à résister à l’invasion par les paroles célèbres : « Que les hommes fuient, s’ils veulent, s’ils ne sont plus capables de se battre. Nous les femmes, nous prierons Dieu tant et tant qu’Il entendra nos supplications. » De fait, Attila épargne Paris.
Une autre hypothèse controversée prétend qu'elle a averti l'envahisseur d'une épidémie de choléra sévissant dans la région. Enfin, par ses liens avec les Francs, intégrés au dispositif romain, elle apprend qu'Attila veut s'attaquer d'abord aux Wisigoths en Aquitaine, et ne veut sans doute pas perdre du temps devant Paris... Dans tous les cas, le plus important est d'empêcher les Parisiens de risquer leur vie en fuyant.

En 465, elle s'oppose à Childéric Ier, qui entreprend le siège de Paris, en parvenant à ravitailler plusieurs fois la ville, forçant alors le blocus.
Elle fait bâtir une église sur l'emplacement du tombeau de Saint Denis, premier évêque de Lutèce.
Elle conseille également à Clovis, dont elle a toujours été partisane, de faire ériger une église dédiée aux Saints Pierre et Paul sur le mons Lucotitius (qui porte aujourd'hui le nom de montagne Sainte-Geneviève), dans le Ve arrondissement de Paris, au cœur du Quartier latin.
L'église est d'abord confiée à des bénédictins, puis à des chanoines séculiers : c'est l'Abbaye Sainte-Geneviève de Paris, dont le clocher est encore visible dans l'enceinte du lycée Henri-IV (ce clocher est connu sous le nom de « Tour Clovis »).

La Gendarmerie nationale, dont elle est également la Sainte Patronne, la fête, quant à elle, le 26 novembre, date du « Miracle des ardents » : En rapport avec l'intoxication par l'ergot de seigle qui sévit à Paris en 1130.
Elle a une homonyme : Sainte Geneviève de Loqueffret, une Sainte Bretonne que l'on fête aussi le 3 janvier comme son illustre patronne.
Aujourd’hui, la châsse est honorée dans l’église Saint-Étienne-du-Mont, près du Panthéon.

La châsse est évacuée vers Draveil lors de la première invasion des Normands en 845, et y reste jusqu’en 853.
Lors d’une nouvelle tentative des Normands pour prendre Paris, les habitants de la Cité vont chercher la châsse et les moines vont la porter aux points où le combat est le plus difficile. Cette action revigore le courage des combattants, et Paris n'est pas pris.

Jusqu'au XVIe siècle, Geneviève est représentée vêtue d'une robe de jeune fille noble, tenant à la main un cierge qu'un démon essaie d'éteindre (en souvenir de la construction de la première basilique de Saint-Denis, dont elle visite le chantier, de nuit, avec ses compagnons).

À la fin du XVe siècle, elle est représentée en jeune bergère entourée de moutons, peut-être par confusion avec Jeanne d'Arc et les représentations de vierges pastourelles.

La châsse de Saint-Eloi
Il semble que Saint Eloi, orfèvre de métier, ait été, sous Dagobert, l'auteur de la première châsse, ou d'un équivalent, vers 630.
En effet, dès cette époque, de nombreuses églises nouvelles, dont on veut qu'elles soient consacrées à la sainte, s'honorent de posséder quelques parcelles de ses reliques.
Outre d'honorer la sainte, les châsses ont aussi pour objectif de limiter la dispersions des saints restes.
Cette châsse est faite d'un coffre de bois, et paraît-il, richement décoré d'un « cloisonné d'or et d'argent et orné de grenats et d'autres pierres précieuses.
Jusqu'à l'invasion des Normands, les reliques de «Sainte Geneviève reposent dans la crypte de la basilique des Saints-Apôtres. Une lampe permanente brûle devant son tombeau.
Lors des raids des Normands, Egbert, abbé de l'abbaye, emporte les reliques dans le petit bourg d'Athis puis de Draveil (en 845) en laissant ici ou là quelques fragments de la sainte. Le corps de la Sainte a été ôtée de son sarcophage et portée dans un double cercueil de bois. A son retour, on la place non plus dans le sarcophage qui a été détruit mais sous l'autel.
En 850, devant une nouvelle incursion Normande, elle repart pour la propriété de Dagobert à Draveil.

En 857, la menace Normande est plus longue. Le cercueil prend le chemin de Marizy-sur-Ourcq, sous la protection de la forteresse de la Ferté-Milon. Elle repart 5 ans plus tard pour Paris en passant par Mareuil, Lizy-sur-Ourcq, Trilbardou et Rosny.
Pendant leur retour à Paris, en 863, se produisent en chemin de nombreuses guérisons miraculeuses et là apparaissent de nouveaux oratoires et lieux de pèlerinage.

Puis à nouveau en 885 ou 887, elles sont exposées sur les remparts de l’Île de la Cité face aux 700 bateaux Normands ennemis.
En 890, lorsque la paix est conclue, la châsse contenant les Saintes Reliques se trouve sur l'autel de l'église supérieure de la basilique, tandis que la crypte abritant le sépulcre vénéré de la sainte, devient une église paroissiale du nouveau quartier Latin.
En 1130, cette châsse est descendue en procession à l’Église Saint-Étienne dans l’Île de la Cité (Notre-Dame n'est pas encore bâtie) aux fins de mettre un terme au mal des ardents (empoisonnement à l'ergot de seigle) qui atteint une partie de la population et qui donne lieu à un miracle public.

La châsse de Bonard :
La réforme de 1147 secoue gravement la communauté religieuse des Genovéfains et la châsse est mise en gage après que des chanoines indélicats aient soustrait 14 marcs d'or (3,5 kg) à son décor.
Plus, en 1161, on accuse les gardiens du sarcophage d'avoir soustrait la tête de la sainte, ce qui, après inspection, s'avère faux.
En 1161 et en 1248, les reliques de Sainte Geneviève sont exposées à la vénération populaire et partir du XIIe siècle, la châsse contenant ses reliques est portée en procession à travers Paris où des miracles ont lieu sur son passage en particulier lors du mal des ardents.
De 1223 à 1242, l'abbé Robert de La Ferté Milon, ayant organisé une souscription, confie au sieur Bonard ou Bonnard, orfèvre, le soin de confectionner une nouvelle châsse en vermeil.

Elle est en forme d'église et décorée sur les côtés de douze arcades abritant les Douze Apôtres.
Composée de 193,5 marcs d'argent, on a employé pour la dorer 8 marcs et 4 onces d'or. Elle mesure 1,50 m de long, 0,60 m de large et 0,65 de haut environ.
La translation des reliques a lieu le 28 octobre 1242.
(le marc « pesant » (par opposition au marc numéraire) vaut une demi-livre, par conséquent le poids d'argent correspond à un peu moins que 50 kilos.)

La châsse proprement dite repose sur un soubassement et 4 chiens de cuivre. Dans la crypte, des colonnes en brèche, granit et porphyre, soutiennent la voûte peinte en bleu et constellée d'étoiles. De part et d'autre se trouvent les cénotaphes de 2 évêques Parisiens des premiers temps, Prudentius et Ceran.
Le 28 octobre 1242, après translation des reliques, on place la nouvelle châsse sur l'autel majeur de l'église Sainte-Geneviève.

La châsse de Nicolle
En 1614, suite aux endommagements dû aux processions, Benjamin de Brichanteau, 34e abbé de Sainte-Geneviève et évêque de Laon, commande à l'orfèvre Pierre Nicolle, une restauration financée à hauteur de 2 200 livres par les fidèles et la Compagnie des Porteurs de la Châsse.
Cette restauration est enrichie d'un bouquet de 324 diamants et d'un saphir « pendeloque » offert par Marie de Médicis et d'une croix de turquoises offerte par la Duchesse de Savoie, sa fille, à quoi l'on doit rajouter les pierres offertes par les fidèles.

En 1619, l'ensemble est inséré dans un tabernacle de porphyre installé derrière le maître autel.
La Rochefoucauld fait entreprendre dans l’église de l’abbaye Sainte-Geneviève par l’architecte Le Mercier, au cours des années 1620-1624, la réfection totale du tombeau de Sainte Geneviève, la reconstruction de la crypte et celle du chœur dans lequel il fait placer la châsse de la sainte dans un nouveau corps d’architecture.
La présentation de la châsse est théâtrale et due à l'architecte Le Mercier. 4 colonnes de marbre et de jaspe (deux antiques offertes par Louis XIII et 2 autres par le Cardinal de La Rochefoucault) portent un entablement de pierre. Sur celui-ci, 4 statues de Vierges grandeur nature en bois (attribuées à Jean Goujon, elles sont visibles actuellement au Musée du Louvre), portent la châsse proprement dite.

Au nom de Dieu soit faite la présente copie sur l'original signé de Messieurs Nicolle, marchands orfèvres, à la fin d'un inventaire des richesses et joyaux appliqués à la châsse de Sainte Geneviève ainsi qu'il est apparu à moi Philippe Morisse fils, l'un des confrères porteurs et attendant de la dite châsse, indigne, ce jour d'hui 11 janvier de la présente année 1672. Inventaire prisé et estimation faite par Pierre Nicolle, marchand orfèvre, bourgeois de Paris, demeurant sur le pont aux changeurs en la maison où pend pour enseigne le bras d'or des pierres précieuses qui ont été mises et données pour l'ornement et l'enrichissement de la châsse de Madame Sainte Geneviève quand elle a été raccommodée et dorée de neuf au mois de mars et autres jours en suivants de l'année mil six cents quatorze.
L'image de madame Sainte Geneviève qui est d'or est sur le devant de la châsse... A laquelle a été appliqué une couronne d'or d'une branche de palme émaillé de blanc, en laquelle il y a sur le devant un anneau de rubis, au dessus un gros rubis et perle... Aux deux côtés 2 saphirs violets, 3 diamants, 6 rubis, 8 grosses perles. Au dessous de sa main droite un cierge d'or émaillé de blanc, et à l'entour 2 branches de palmes émaillée de vert, sur le devant il y a 20 diamants.
A la gorge de la dîte image de Sainte Geneviève il y a 6 perles... Au dessous il y a une croix de diamants qui représente le denier que monseigneur Saint Germain, évêque d'Auxerre, a donné et mis au col de madame Sainte Geneviève et une perle pendant au bout.
En 1744, Louis XV promet le financement d'une nouvelle Église Sainte-Geneviève. C'est en 1754 que les travaux commencent d'après les plans de Soufflot.

En 1762, la crypte est terminée et, en 1764, lors de la première pose de l'église supérieure, futur Panthéon, on déplace les reliques et on dépose la châsse dans la crypte...

Les dégâts de la révolution :
Pour bien comprendre la situation, nous avons à la veille de la révolution 3 églises sur l'actuelle place du Panthéon : La nouvelle basilique Sainte-Geneviève en construction et futur Panthéon,
L'abbatiale (le futur lycée Henri IV) et l'église Sainte-Geneviève où se trouvent les reliques de Sainte Geneviève ainsi que le cénotaphe de plusieurs grands hommes et qui occupe l'actuelle rue Clovis, et enfin, collée à l'église Sainte-Geneviève, l'église Saint-Étienne-du-Mont, devenue depuis l'église paroissiale.
Le 2 novembre 1789, les biens ecclésiastiques sont saisis mais ce n'est qu'en août 1791 que les scellés sont apposés sur la sacristie de la basilique Sainte-Geneviève et les reliques reprennent le chemin de l'ancienne abbatiale.
Le 4 avril 1791, la nouvelle église Sainte Geneviève a été sécularisée en Panthéon.
Le 14 août 1792, les révolutionnaires n'osant détruire la châsse de Sainte Geneviève, la font transporter à l'église Saint-Étienne-du-Mont malgrés les protestations de Louis XVI consignées dans son procès.
Ce n'est qu'à la fin de l'année que le comité de salut public la fait ouvrir en vue de son inventaire ( Le Moniteur n°49 du 15 brumaire an II (9 novembre 1793) et n°63 du 3 frimaire an II (23 novembre 1793)).

En janvier 1793, la châsse est dépouillée de ses pierres précieuses dans les locaux de la Monnaie.
Le 6 novembre 1793, les membres de la commune de Paris, escortés de volontaires, entrent à Sainte-Geneviève à 10 heures du matin pour procéder à l'enlèvement de tous les objets de culte. N'y trouvant plus rien, ils y détruisent les vitraux, les boiseries et les statues. Ils pénètrent ensuite dans la crypte, où, ne trouvant rien non plus, ils brisent les tombeaux de Saint Prudence et Saint Céraune.
Le 19 novembre 1793, ils trouvent le tombeau de Sainte Geneviève les révolutionnaires s'en saisissent et l'emportent à l'Hôtel de la Monnaie. Le Moniteur n°49 du 15 brumaire an II (19 novembre 1793) rapporte ainsi ces événements:
« Ce transit de la Patronne des Parisiens s'est opéré avec beaucoup de tranquillité et sans miracle par le comité révolutionnaire de la section de cette Sainte docile. »

Heureusement les parcelles de reliques offertes précédemment par l'abbaye aux paroisses ont été préservées. Elles se trouvent à l'église Saint-Étienne-du-Mont.
Le 4 frimaire An II (24 novembre 1793), un procès-verbal évalue la châsse à 23 830 livres.
Enfin, le 3 décembre 1793, elles sont brûlées en place de Grève (actuelle place de la Concorde) avec un ensemble d'ornements ecclésiastiques, étoles, chasubles, mitres et chapes, puis leurs cendres jetées à la Seine...

En 1795, l'Abbaye Sainte-Geneviève rouvre ses portes.
En 1802, l'église de l'abbaye reprend vie et on retrouve dans la crypte la pierre supérieure de l'antique sarcophage de Sainte Geneviève qui y a été conservé et transporté, à travers le couloir percé entre les deux églises, jusqu'à la petite chapelle aménagée pour l'occasion et où elle s'y trouve encore, recouverte par la grande châsse.

Les vicissitudes du XIXe siècle :
Le 31 décembre 1803, dans les ruines de l'ancienne église de l'abbaye, le curé de cette église découvre la crypte et en sort le sépulcre de la sainte qu'il fait transférer à Saint-Étienne et insérer dans l'actuelle grande châsse. Celle-ci est installée à l'emplacement actuel dans une chapelle ardente provisoire qui sera remplacée par la chapelle Sainte-Geneviève actuelle en 1861.
Un décret impérial de 1806 ordonne de reprendre et de terminer la nouvelle Basilique Sainte-Geneviève en supprimant les deux clocher qui surplombent la plate-forme côté nord.
En 1807, on procède à la démolition de l'ancienne abbatiale trop endommagée, jouxtant l'actuelle Saint-Étienne-du-Mont pour dégager la perspective de la nouvelle.
Ce n'est que le 12 décembre 1821, à la fin des travaux, que le « Panthéon » est rendu au culte et redevient l'Église Sainte-Geneviève.

Le 3 janvier 1822, sous l'impulsion de Monseigneur Quelen, Archevêque de Paris, une nouvelle châsse est déposée au Panthéon. Il a, auparavant, réalisé un inventaire des reliques disponibles qui avaient été dispersées depuis les origines:

1- Un ossement de 4 pouces conservé à l'église de Sainte-Geneviève-des-bois.
2- Un ossement de deux pouces et demi provenant du reliquaire de l'église Saint-Roch à Paris.
3- Une portion d'os enfermé dans un reliquaire oblong scellé du sceau des Carmélites de Saint-Jacques, rue d'Enfer.
4- Un ossement de 11 lignes provenant du reliquaire de l'église de Verneuil près de Pont-Sainte-Maxence.
5- Un ossement de 20 lignes, enveloppé d'une étoffe rouge, soustrait de la châsse de Sainte Geneviève en 1792.
6- Un médaillon apporté par l'évêque d'Amiens.
7- Des débris d'ossements enfermés dans un reliquaire en cristal de roche.
8- Une portion d'ossements scellé du nom du cardinal Caprara...

Pour cette occasion, et à la demande de Monseigneur de Quélen la Basilique de Sainte-Geneviève-des-Bois fait don d'une relique particulière qu'elle détient, au Chapitre de Notre-Dame.
Commandée à l'orfèvre Poussielgue-Rusand, cette nouvelle châsse est donc composée des fragments 1, 2, 4 et 5 enfermés dans un reliquaire oblong formé de 4 glaces scellé du sceau de l'évêque, aux deux extrémités sont attachées les fragments 6 et 7, dessous est placé le reliquaire n°8, l'ensemble est enfermé dans la dite châsse sur un coussin blanc. Celle-ci est constituée de bronze émaillé doré et de 4 glaces latérales, le fragment n°3 étant suspendu à l'intérieur... On l'installe au centre du maître autel.
Sous le Premier Empire, par le décret du 20 février 1806, le bâtiment prend le nom d'église Sainte-Geneviève, c'est à la fois le lieu d’inhumation des grands hommes de la patrie et un lieu de culte. La crypte reçoit donc le cercueil de grands serviteurs de l'État, tandis que dans la partie supérieure se déroulent des cérémonies religieuses notamment liées aux commémorations impériales.

Au début de la Restauration, le Panthéon reste un lieu d'inhumation pour les grands hommes. L'ordonnance royale du 12 avril 1816 rend l'église Sainte-Geneviève au culte catholique, prévoyant la « suppression de tous les ornements et emblèmes étrangers au culte catholique ».

En 1819, les lettres de bronze formant l'inscription du fronton sont enlevées, mais le texte reste lisible. C'est seulement en 1823 (pour le fronton) et en 1826 que les traces de l'ancienne fonction du Panthéon disparaissent finalement.

En décembre 1821, les tombes de Voltaire et de Rousseau ont été déplacées pour ne plus être visibles du grand public tout en restant dans l'édifice : Alors que ses courtisans demandent à Louis XVIII s'il est bien convenable de laisser la dépouille de l'anticlérical Voltaire dans un lieu rendu à sa fonction d'église, le roi répondit :
« Laissez-le donc, il est bien assez puni d'avoir à entendre la messe tous les jours ».

À son tour, la monarchie de Juillet retire l'église Sainte-Geneviève au culte catholique et lui rend sa destination de panthéon qui est appelé alors « le Temple de la Gloire ».
David d'Angers refait le fronton et la célèbre devise « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante » réapparaît...

De 1848 à 1851, sous la Deuxième République, il est « Temple de l'Humanité », sans succès non plus pour d'éventuels nouveaux locataires.

Sous le Second Empire (1851-1870), l’édifice redevient une église et l’inscription disparaît à nouveau.
Le décret du 6 novembre 1851 n'abroge pas l'ordonnance de Louis-Philippe maintenant le caractère de sépulture nationale voulue par la révolution. La cérémonie de reprise du culte a lieu le 3 janvier 1852.

Un second décret, du 22 mars 1852, fixe les conditions d'exercice du culte. Ne s'agissant pas d'une paroisse ni de l'église d'une congrégation, l'État prévoit les modalités d'exercice suivantes :
« Une communauté de prêtres est établie pour desservir l'église Sainte-Geneviève de Paris. Cette communauté est composée de 6 membres qui prennent le titre de chapelains de Sainte-Geneviève, et d'un doyen. Les chapelains de Sainte-Geneviève sont institués aux fins de se former à la prédication et de prier Dieu pour la France et pour les morts qui auront été inhumés dans les caveaux de l'église ».
«Napoléon III enfonce un clou sacré dans le mur du Panthéon et il a accroché à ce clou son coup d'État. »
— Victor Hugo, Napoléon le Petit'’ – Livre 2, chapitre VIII, 1852

Dès l'affermissement de la Troisième République un débat s'engage sur la possibilité de rendre à l'église Sainte-Geneviève son statut de panthéon.

le 19 juillet 1881, le rapporteur Benjamin Raspail présente un projet de loi intitulé : Proposition de loi relative au chapitre métropolitain des chapelains de Sainte-Geneviève et au Panthéon. Après discussion 3 articles sont adoptés :
Article 1 : Le décret loi de l’Assemblée nationale, en date des 4-10 avril 1791, est rétabli en ce qui concerne la consécration de l'église Sainte-Geneviève, à la mémoire des grand citoyens. Cet édifice reprend la dénomination de Panthéon. L'inscription : « Aux grands hommes la patrie reconnaissante ! » sera maintenue sur son fronton.
Article 2 : La communauté de prêtres, portant le titre de chapelains de Sainte-Geneviève, avec doyen, est supprimée.
Article 3 : Le décret du 20 février 1806, l'ordonnance du 12 décembre 1821, les décrets du 6 décembre 1851, 22 mars 1852 et 22 mai 1862 sont abrogés.
En 1885, à l'occasion du décès de Victor Hugo et de son inhumation au Panthéon cette loi est mise en application. Désormais le bâtiment est bien le lieu de repos des grands hommes honorés par la république... Avec Victor Hugo en 1885, la Troisième République redonne à l'édifice le statut de « Panthéon », mais il n'est pas jugé nécessaire d'enlever la croix, qu'on surmonte par la suite d'un paratonnerre.

Passées ces étapes de construction, le bâtiment ne subit plus de modification de structure.
Au gré de l'histoire des XIXe et XXe siècles, du Premier Empire au début de la Quatrième République, chaque pouvoir en place utilise la destination de cet édifice comme l'affirmation de sa conception de l'État, et en particulier de son rapport avec le pouvoir religieux.

En 1895, la Compagnie des Porteurs de la Châsse financent une nouvelle châsse pour les besoins de protection de nouvelles reliques et commandent une lourde châsse en bronze doré à l'orfèvre Favier. Celle-ci, s’avérant trop lourde, on entreprend de l'ajourer sur les côtés permettant ainsi de rendre visibles les reliques déposées.

Les reliques de Sainte Geneviève aujourd'hui :
Bien que les anciennes reliques de Sainte-Geneviève-des-Bois restent à Notre-Dame, les principaux souvenirs de Sainte Geneviève se trouvent à l'église Saint Étienne du Mont en compagnie des cénotaphes de Jean Racine, Blaise Pascal et René Descartes.
L'église Saint-Etienne-du-Mont contient plusieurs châsses de Sainte-Geneviève. La plus grande contient la pierre tombale redécouverte en 1803 et restaurée en 1861 par le R.P. Martin, car les flambeaux dont elle est ornée laissent échapper de la cire sur les ciselures en bronze, obligeant à de trop fréquents nettoyages qui finissent par provoquer une usure prématurée

Elle y fut installée par le Père Martin, jésuite et archéologue, avec l'aide de l’orfèvre Placide Poussielgue-Rusand, vers 1860, dans la chapelle absidale décorée pour la circonstance. Cette reconstitution se fait donc dans le grand mouvement néogothique de la seconde partie du XIXe siècle initiée par Viollet-le-Duc et exprimée dans son ouvrage fondateur « Dictionnaire raisonné du mobilier Français de l'époque Carolingienne à la renaissance », 6 vol., Paris, 1858-1875.
Cette châsse, inaugurée le 3 janvier 1896, est l’œuvre de l'orfèvre parisien Louis Favier.
La châsse a été exécutée en bronze ciselé et doré dans le goût du XIIIe siècle. Elle représente un tombeau consolidé aux quatre angles de riches piliers sculptés en phylactère et reposant sur 4 chimères formant piédestal. Le sommet se compose de 2 versants décorés d'émaux et ornés de 6 médaillons rappelant les grandes étapes de la vie de la sainte.

Une autre est celle de Notre-Dame qui est déplacée, chaque année, lors de la neuvaine de Sainte Geneviève du 3 au 11 janvier.


Sainte Geneviève — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Geneviève
Geneviève (née à Nanterre en 423, morte à Paris le 3 janvier 512 (ou en 502 selon d'autres sources) est une sainte française, patronne de la ville de Paris, du ...

Sainte Geneviève - Archives de France | - Ministère de la ...
www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/action...et.../sainte-genevieve
Paris, 3 janvier 512. Programme des manifestations. Sainte Geneviève ravitaille Paris assiégé par les Huns d'Attila ... Sainte Geneviève le rejoindra l'année suivante, à l'âge de 90 ans, déjà une légende de son vivant et désormais invoquée ...

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