dimanche 20 septembre 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 608

14 SEPTEMBRE 2015...

Cette page concerne l'année 608 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

RÉNOVATION  ET RENAISSANCE DU GRAND CANAL (LE VIEUX DRAGON)  



Le Grand Canal (chinois simplifié : 大运河 ; chinois traditionnel : 大運河 ; pinyin : Dà Yùnhé) de Chine, également connu sous le nom de Grand Canal Pékin-Hangzhou (chinois simplifié : 京杭大运河 ; chinois traditionnel : 京杭大運河 ; pinyin : Jīng Háng Dà Yùnhé) est le plus grand canal ancien ou rivière artificielle du monde... Les parties les plus anciennes remontent au Ve siècle av. J.-C.. Il est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2014.

Le projet d'une voie d'eau à travers la Chine est initié à la fin de la période des Printemps et des Automnes (-722 – 481 av. J.-C.), lorsque Fu Chai (夫差), le souverain de l'État de Wu (dont la capitale est l'actuelle Suzhou), effectue des voyages de conquête vers les royaumes du Nord. Il ordonne la construction d'un canal, appelé « Han gou » (邗沟, hán gōu), pour les transports militaires. Le canal est creusé à partir de Yangzhou, au Jiangsu, détournant des eaux du Yangzi Jiang (Yang Tse Kiang) vers le Nord.

Le canal est allongé sous la dynastie Sui (581 – 618) et plus tard sous la dynastie Yuan (1206 – 1368), pour devenir connu sous le nom de « Grand Canal »...
En 604, l'empereur Sui Yangdi de la dynastie Sui quitte la ville de Dacheng (actuelle Xi'an), la capitale, et s'installe à Luoyang.
En 605, l'empereur donne des ordres pour deux projets de construction : Transférer la capitale de Chang'an à Luoyang et réaliser la liaison entre Pékin et Hangzhou par un Grand Canal. Cinq à six années sont nécessaires pour réaliser ces liaisons avec le Grand Canal, connectant les 5 rivières suivantes : Le Hai He - le fleuve Jaune - le Huai He - le Qiantang Jiang - le Yangzi Jiang. Le Grand Canal débute au nord par Pékin et se termine au sud à Hangzhou au Zhejiang, avec une longueur totale de 1 794 km. Il passe notamment dans les villes de Pékin, Tianjin, et traverse les provinces du Hebei, du Shandong, du Jiangsu et du Zhejiang.


Durant les dynasties Yuan, Ming (1368 – 1644) et Qing (1644 – 1911), le Grand Canal est l'artère principale entre le nord et le sud de la Chine, et est essentiel pour l'approvisionnement de Pékin en céréales. Bien que le Grand Canal soit essentiellement dévolu à ce type de transport, il est utilisé pour d'autres usages.
EMPEREUR WAN DES SUI
Les différentes zones drainées par le canal bénéficient de son importance économique. Les archives mentionnent que chaque année plus de 8 000 navires transportent de 200 000 à 300 000 tonnes de céréales vers Pékin. Le canal permet également aux dirigeants de la Chine de parcourir régulièrement leur empire vers le Sud... Sous la dynastie Qing, les empereurs Kangxi et Qianlong font 12 voyages vers le Sud, généralement jusqu'au terme de Hangzhou.
Le Grand Canal permet aussi des échanges culturels entre le nord et le sud de la Chine. Le canal fait forte impression aux premiers visiteurs de l'empire... L'explorateur Italien Marco Polo, qui voyage en Chine sous la dynastie Yuan mentionne les ponts avec arches du Grand Canal, ainsi que ses importants entrepôts et le commerce qu'engendre le canal au XIIIe siècle.
Le missionnaire catholique Romain Matteo Ricci voyage de Nankin à Pékin par le canal à la fin du XVIe siècle.

Vers le milieu du XIXe siècle cependant, le développement du transport maritime et l'ouverture des voies de chemin de fer Tianjin-Pukou et Pékin-Hankou réduisent grandement le rôle du canal comme artère majeure de transport en Chine... D'importantes parties cessent d'être entretenues, s'envasant rapidement.

Avec l'avènement de la République Populaire de Chine en 1949, d'importants travaux de réhabilitation sont engagés sur le Grand Canal pour lui redonner son importance économique première.
Selon les documents publiés par le père Gandar, la longueur totale du canal est de 3 630 lis, soit environ 1 930 km. Une mesure approximative, ne reprenant que le cours principal du canal, donne une longueur de 1 368 km. Après avoir quitté Hangzhou, le canal passe aux environs de la limite orientale du Tai Hu, passe près de la ville de Suzhou et prend une direction générale nord-ouest en direction du district fertile de Jiangsu jusqu'au Jingjiang sur le Yangzi Jiang. En cette partie méridionale, le courant est doux et l'eau relativement profonde (2,1 mètres en cas de basse eaux, 3,4 mètres en hautes eaux... voire 4 mètres en crues). Entre Suzhou et Jingjiang, le canal dépasse régulièrement les trente mètres de largeur, avec des berges empierrées en de nombreux endroits.
Le canal est franchi par de nombreux ponts de pierre sculptés, et il abrite sur ses berges de nombreux temples et pagodes délicats.

La partie centrale du Grand Canal, située entre Jingjiang et Qingjiangpu, section qui croise notamment le cours asséché qu'empruntait avant 1852 le fleuve Jaune, le courant est puissant et la remontée vers le Nord est difficile. Cette partie du canal, qui traverse différents lacs, est alimenté par le Huai He, issu du lac Xingzuo. Le terrain situé à l'ouest du canal est plus haut que le canal, et la partie situé à l'est plus basse. Les deux étendues sont connues respectivement sous les noms de Shanghe (littéralement « au-dessus de la rivière ») et Xiahe (« en dessous de la rivière »).
Des canaux d'irrigation vers Xiahe (une des grandes régions productrice de riz en Chine) permettent d'évacuer le surplus d'eau en période de crues.
La section nord, qui est aussi la plus longue, part de l'ancien cours du Huang He jusque Tianjin. Il emprunte pour grande part les cours d'eau existants. Entre Xingjiangpu et le cours actuel du Fleuve jaune, le canal prend une direction nord-nord-ouest, à proximité des hautes terres du Shandong. En cette région, il passe à travers une série de lagons, qui forment un seul lac en été, le Zhouyang.

Au nord de ce lac, sur la rive orientale, se trouve la ville de Ziningzhou. À environ 40 kilomètres au nord de cette ville, le canal atteint son point haut à la ville de Nanwang. La rivière Hen pénètre à cet endroit dans le canal et environ 50 kilomètres plus au nord, le Huang He est atteint.
À l'ouest du canal, au point de jonction avec le Huang He, se trouve un cours à sec qui, selon des cartes du XVIIIe siècle, était emprunté par le Huang He avant son abandon en 1851-1853...

Le passage du Huang He vers la section nord est difficile et ne peut être effectué qu'à certaines périodes de l'année où le courant du Huang He est acceptable, et le niveau d'eau ni trop haut ni trop bas pour permettre le passage. Au-delà, le canal passe par une région vallonnée et forestière, à l'ouest de Dongpingzhou et à l'est de Dongchangfu.
À Linjingzhou, le canal croise le Wei He au centre de la ville. À partir d'ici, de Qingjiangbu à Linjingzhou, sur une distance de près de 500 kilomètres, la navigation est difficile et le canal difficilement alimenté en eau. Les différences de niveau entre les biefs, de 7 à 10 mètres, sont marquées par des barrages, que les bateaux remontent éventuellement après avoir déchargé leur cargaison. Au-delà de la jonction avec le Wei He, le canal emprunte la rivière et redevient facilement navigable.
En pénétrant vers l'ouest dans le Hebei, entre Dezhou et Zangzhou, le canal croise le Hai He à Tianjin, après avoir reçu les eaux de la rivière Geduo aux environs de Qingxian.
DIGUE EN DALLES DE PIERRES
La plus ancienne partie du canal est celle située entre le Yangzi Jiang et le Huai He. On pense généralement qu'elle date, d'après un extrait d'un livre de Confucius, de l'année -486... Elle est réparée et élargie au IIIe siècle. Sa partie sud, entre le Yangzi Jiang et Hangzhou, est construite au début du VIIe siècle (initialement dénommé Jiang Nan He, 江南河). La partie septentrionale est construite entre 1280 et 1283... Le canal est entièrement reconstruit entre 1411 et 1415, au cours de la dynastie Ming, par l'empereur Yongle. La partie nord du canal est maintenant moins utilisée. Elle est de mauvaise facture, négligée et chargée des eaux boueuses du Huang He. Les parties sud et centrale sont davantage utilisées.

Dans la Chine du Nord, pendant la dynastie de Chen, la dynastie des Zhou connaît des changements. Yang Jian est un chinois qui a servi les empereurs xianbei, Wu (560 - 578) puis Xuan (579-580) avant de s'emparer du pouvoir après la mort de l'empereur Xuan, gaspilleur et tyrannique, à l'âge de 31 ans... Yang est son beau-père et devient régent. Puis il vainc le général Yuchi Jiong qui veut offrir le trône à un neveu de l'empereur Wu et qui rassemble contre lui les commandants des provinces de Xun et de Yi.
En 581, il fonde la dynastie des Sui et devient l'empereur Wen, une purge sanglante élimine une soixantaine de princes de la famille royale Zhou... Il surprend les fonctionnaires par son refus du gaspillage et son implication dans les affaires de l'empire. Il réforme l'organisation administrative des Zhou en renforçant la centralisation et simplifie le code pénal en diminuant les longues peines.
Ses relations ont été plus fermes avec les Tujue, peuple Turc qui a investi la Route de la Soie. C'est pourquoi, Ashina Shetu lance une série d'attaques sur les frontières septentrionales des Sui, allié avec Gao Baoning, l'ancien général des Qi du Nord.
L'empereur, sur les conseils du général Sheng Zhangsun, ménage Ashina et tente de créer des disputes au sein des Tujue. Cette politique semble payante et bientôt, on ne voit plus d'actions unies contre la Chine de la part des Tujue.
En 581, une offensive est lancée avec succès contre le territoire Chen, mais apprenant la mort de leur empereur Xuan, il rappelle ses troupes, jugeant illicite d'attaquer un état dont l'empereur vient de mourir...
En 582, il fait construire une nouvelle capitale nommée Daxing qui devient utilisable en 583.
EMPEREUR YANG SUI
Cette année là, Wen estime que les dissensions entre Tujue sont assez fortes pour lancer une attaque majeure contre Ashina Shetu, dirigée par son frère Yuan Shuang, le prince de Wei. Ce prince obtient une grande victoire et force Gao Baoning à fuir chez les Khitan, mais celui ci est tué par ses propres soldats sur le chemin.
En 584, Ashina Shetu se soumet à l'empereur et celui ci décide de faire construire un canal entre Daxing et Guanzhong, dans la basse vallée de la Wei.
En 587, l'empereur Wen annexe le royaume de Liang occidental et l'année suivante, annonce officiellement la guerre contre Chen.
La disproportion des forces et le comportement de l'empereur Chen Subao facilite la victoire. Selon les Zizhi Tongian, l'armée d'invasion Sui compte
518 000 soldats dont des aborigènes du sud Ouest du Sichouan et une flotte considérable réunie au nord du fleuve Yangtsé. Le plus grand de ces navires a 5 ponts et peut transporter 800 passagers. (mais ce n'est pas une croisière de vacances Costa ! )

La capitale des Chen, Jiankang est rasée. Les lois de l'empire Sui sont appliquées sur le territoire Chen et la noblesse locale est mécontente. Une rumeur circule selon laquelle des Chen seront déplacés dans le Guanzhong, et provoque en 590, une révolte dans presque tout le territoire mais de façon inorganisée. Yang Su, envoyé par l'empereur, réprime ces révoltes.

L'empire Tuyuhun, au nord du Tibet, recherche la paix avec Sui. Son khan, Murong Shifu, propose sa fille comme concubine à l'empereur Wen qui accepte l'offre de paix mais décline l'offre de la fille du khan... La politique de l'empereur Wen a permis d'améliorer les infrastructures en particulier, il établit des greniers à la fois pour y stocker de la nourriture, mais aussi pour réguler les prix du marché. Mais l'empereur Wen dépense beaucoup et ruine le trésor public par ses chantiers pharaoniques et pour les dépenses militaires. Ainsi il engage les travaux pour relier le Nord et le Sud de la Chine par un canal et il fait restaurer la Grande Muraille et les digues.
Wen veut rétablir les liens de vassalités entre la Chine et les pays voisins. Dans le Koguryo, le plus proche des états Coréens, le roi Yeong-yang revendique l'égalité. L'empereur Wen réclame l'arrêt de toute alliance militaire entre Koguryo et les Turcs et la cessation des pillages des régions frontalières. Le roi de Koguryo semble respecter cet ultimatum, puis en 597, il lance une invasion avec les Mohe dans l'actuelle province du Hebei...

En 598, l'empereur Wen décide une invasion du Koguryo avec 300 000 soldats, l'ennemi pouvant en aligner 50 000.
L'armée Chinoise commandée par le fils cadet de l'empereur Yang Liang et le général Shiji Wang, progresse le long du fleuve Liao. Mais les pluies et l'épidémie ravagent l'armée Chinoise qui connaît de fortes pertes tant pour sa marine laminée par la tempête et la flotte Coréenne commandée par l'amiral Gang Isik, à la bataille de la mer de Bohai, que pour l'armée de terre, paralysée par des pluies lourdes et harcelée par les soldats Coréens. Mais quand le roi Wideok de Paekche propose à Sui son aide, c'est l'inquiétude au Koguryo. Le roi Yeong-yang ne peut mener une guerre sur 2 fronts, il envoie des ambassadeurs à Daxing qui présentent leurs excuses pour la guerre. Wen accepte cette aide et la paix est signée, mais 90 % de l'armée Chinoise et de sa marine est perdue.
Dans la fin du règne, l'empereur Wen a soutenu Ashina Rangan, un prince Tujue qui le prévient de toute attaque contre les Sui. Ashina Rangan devient le khan indiscuté des Tujue.
En 602, le souverain du Van Xuân (actuel nord du Vietnam), Ly Phât Tu, est convoqué à la cour des Sui.
Il refuse d'y venir... Une forte expédition dirigée par Lin Fang est envoyée au Sud pour ramener dans l'empire les territoires de l'ancien Nam Viet. L'armée du Van Xuâm est battue et le nouveau souverain, Ly Nam Dé II, abdique. L'autorité Chinoise est rétablie. Les causes de la mort de l'empereur en 604 sont mal connues. Yang Guang, le prince héritier lui succède sous le nom d'empereur Yang. Il est confronté rapidement à la révolte de son frère Yang Liang, puis à celle du commandant de la province de Bing.
Yang Liang est soutenu par 19 provinces mais n'a pas de plan global... Il remporte quelques succès initiaux mais rapidement ses offensives s'arrêtent. L'empereur envoie Yang Su contre lui.
Et rapidement Yang Liang est assiégé dans son quartier général dans la province de Bing et forcé à se rendre. Yang Liang passe le reste de sa vie en prison.

A la fin de l'année, Yang juge que la capitale Tch'ang-ngan nuit à sa santé et se rend à Luoyang dont il fait la capitale de l'Est... Il engage des centaines de milliers d'hommes pour creuser une tranchée entourant la région de Luoyang afin d'établir un périmètre de défense.
Dès 605, l'empereur lance de grands projets, le luxueux palais impérial de Luoyang, le canal de Tongi et la reconstruction du canal de Han, ces deux canaux, formant le grand canal de Chine, sont réalisés en 5 mois mais les pertes humaines sont considérables, entre 40 et 50 % des travailleurs...

En 605, les tribus Khitan attaquent la province Ying, dans l'actuel Yunnan, l'empereur requiert les troupes Tujue relevant d'Ashina Rangan pour attaquer les Khitan. Les envahisseurs sont pris par surprise et vaincus. Dans les années qui suivent, l'empereur réorganise le système administratif au niveau gouvernemental qui comprenant dorénavant 5 bureaux principaux, 3 organismes et 5 départements indépendants.
L'armée impériale est restructurée en 16 corps et la noblesse ne comprend plus que 3 niveaux, les plus élevés. Les provinces sont supprimées et transformées en commanderies. L'empereur effectue une tournée dans les commanderies du Nord et rend visite à Ashina Rangan dont la soumission lui attire beaucoup de richesses.
Au printemps 608, un million d'hommes sont réquisitionnés pour construire le canal de Yongi reliant le fleuve Jaune à la commanderie de Zhuo (proche de la ville moderne de Pékin). Le prince Shotoku, régent du Japon pendant la période Asuka, envoie une ambassade à la cour de l'Empereur Yang. Une lettre de ce prince au nom de son impératrice Suiko, contient ces mots : « L'empereur du pays où le soleil se lève envoie une lettre à l'empereur du pays où le soleil se couche » L'empereur Yang est contrarié par ce qu'il perçoit comme une insolence de la part du Japon qui est considéré comme un pays tributaire de la Chine.

Pei Ju, un haut fonctionnaire de la cour des Sui, persuade les Tiele, peuple Turcophone au Nord de la Chine, d'attaquer Tuhuyun.
Le khan Murong Fuyun se tourne vers les Sui mais quand l'empereur Yang envoie vers lui son cousin Yang Xiong et Yuwen Shu avec une armée, Murong se méfie et s'enfuit.
L'armée Sui le bat nettement, le faisant fuir plus loin, et s'empare de territoires dont elle fait 4 commanderies.

Le 15 décembre 2005, MM. Zheng Xiaoxie et Luo Zhewen, architectes spécialisés dans les constructions anciennes et membres de la CCPPC, de même que M. Zhu Bingren, maître en sculpture sur bronze de la ville de Hangzhou, ont lancé un appel écrit aux maires de 18 villes qui longent le Grand Canal Beijing-Hangzhou. Dans cette lettre, ils s'expriment ainsi : « Respectés MM les maires, à l’occasion du 20e anniversaire de la Convention pour la protection du patrimoine mondial culturel et naturel, nous nous empressons de vous adresser cette lettre en souhaitant lancer un appel pour accélérer le processus visant à proposer l’inscription du Grand Canal sur la liste du patrimoine matériel et immatériel.
En combinant les facteurs de valeur et contribution historiques, ainsi que de quintessence culturelle, on peut très bien dire sans aucune exagération que le Grand Canal rivalise avec la Grande Muraille... »

En mars 2006, 58 membres de la CCPPC ont de nouveau présenté un projet énonçant que, sous l’aspect stratégique, il est urgent de commencer le travail de protection du Grand Canal et de proposer son inscription au patrimoine mondial au moment opportun. « Je suis architecte, a dit M. Luo Zhewen, et il y a 2 grands travaux dans l’histoire Chinoise de l’architecture : La Grande Muraille et le Grand Canal. Ces 2 miracles, tout aussi brillants l’un que l’autre pour ce qui est de leur grandeur architecturale, racontent notre développement 2 fois millénaire. Prenons Beijing, comme exemple. Au début de la dynastie des Yuan (1206-1367), le Grand Canal y aboutit. Par ce canal, les marchandises du Sud arrivent à Beijing et vice versa.
Ce cours d’eau joue un rôle très important sur les plans politique, militaire et culturel. »

Le Grand Canal totalise 1 794 km de longueur... c’est dix fois plus que le canal de Suez et 22 fois plus que le canal de Panama.
Traversant les villes de Beijing et de Tianjin , les provinces du Hebei, du Shandong, du Jiangsu et du Zhejiang, ce canal, le plus long du monde, relie les fleuves Haihe, Jaune, Huaihe, Yangtsé et Qiantang. D’après M. Luo, le canal coule sur plus de 4 000 km si l’on inclut une certaine proportion de ses affluents.

Actuellement, en plus d’accomplir la tâche historique de transporter des céréales par voie fluviale, le Grand Canal se charge aussi d’une nouvelle mission : Fournir du charbon du Nord au Sud qui en a besoin. Dans la partie sud de la ville de Jining, on a déjà construit 16 tronçons navigables qui constituent le passage du transport du charbon du Nord vers le Sud et des marchandises entre les régions du delta du Yangtsé. Il y a 110 000 bateaux qui naviguent dans ce canal et dans les principaux cours d’eau du delta du Yangtsé, et le volume du transport représente 34,2 % du volume total du transport fluvial intérieur du pays.
M. Qi Xin, assistant de M. Luo Zhewen, a indiqué : « Dans l’histoire, le Grand Canal a connu des vicissitudes. Tantôt fluide, tantôt bouché, ce canal a survécu avec beaucoup de difficultés. Si ce canal n’est plus utilisé aujourd’hui dans certains tronçons, cela ne veut pas dire qu’il sera abandonné. En d’autres mots, dans la prochaine décennie, ce canal pourra encore jouer un rôle important . »
Bientôt achevés, les travaux de dérivation des eaux du Sud vers le Nord sont l’un des facteurs principaux permettant de proposer l’inscription du Grand Canal sur la liste du patrimoine culturel. « Si le niveau de l’eau du tronçon est du canal traversant le fleuve Jaune s’élève dans les tronçons du Hebei et de Tianjin, ce canal pourrait couler sans arrêt et retrouver sa vitalité. »

Dans la Déclaration de Hangzhou, il est énoncé : Le « Grand Canal Beijing-Hangzhou, témoin des techniques avancées d’irrigation et de transport tout au long de l'histoire de la Chine ancienne, a fait naître bon nombre de villes et de bourgs prospères et recèle quantité d’informations sur la vie politique, économique, culturelle et sociale de la Chine, léguant un riche héritage historique et culturel... »

Dans l’histoire, le Grand Canal a vu beaucoup de métropoles prospères apparaître sur ses deux rives. Grâce aux moyens de transport les plus avancés de toute la Chine, les zones riveraines sont devenues les régions les plus peuplées et les plus développées sur le plan économique. La plupart des quelques 30 villes commerciales qui ont vu le jour sous les dynasties des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1911) se trouvent sur le tracé de ce canal. On retrouve notamment Beijing -Tianjin – Jining – Xuzhou -Yangzhou – Suzhou - Hangzhou.
Selon M. Wang Guoping, secrétaire général du Parti pour la ville de Hangzhou, déjà sous la dynastie des Tang (608-907), cette ville est l’un des 3 grands ports commerciaux de la Chine (avec Guangzhou et Yangzhou) et ce, justement grâce au Grand Canal.
Pendant la dynastie des Song du Sud (1127-1279), les activités de transport fluvial ont atteint leur apogée et Hangzhou, avec ses 1,24 million d’habitants, figurait parmi les dix plus grandes villes du monde.
Beaucoup d’empereurs des dynasties des Ming et des Qing ont l’habitude de se rendre en Chine du Sud en empruntant le Grand Canal pour admirer la prospérité des villes de cette région. Même aujourd’hui, ces villes, jadis prospères, ont encore un rythme de développement plus rapide que les autres villes de la Chine.

À Hangzhou, on peut encore trouver quelques traces du paysage magnifique du Grand Canal d’antan. À partir des années 1980, en draguant 7 km du nouveau canal, on a successivement terminé les travaux suivants :
Raccord entre le Grand Canal et le fleuve Qiantang.
Épuration des eaux du tronçon de Hangzhou.
Agrandissement de l’usine de traitement de l’eau.

Tous ces travaux d’exploitation et de protection ont donné une nouvelle physionomie resplendissante à ce canal 2 fois millénaire... Cela dit, il faut encore du temps pour faire revivre les scènes de la vie d’antan. M. Jiang Bo, chercheur en planification urbaine de Hangzhou, se remémore :
« Lorsque j’étais enfant, je pouvais encore voir des gens laver des légumes et du riz dans le canal. Ils habitaient sur les deux rives et y tenaient des boutiques.
Les marchandises de tous les coins du pays y passaient. Ce genre de scènes est de plus en plus rare. »

La ville de Huai’an, dont l’histoire remonte à 2 000 ans, se trouve au confluent du Grand Canal et du fleuve Huaihe. Aujourd’hui, elle garde encore un peu de sa splendeur d’autrefois. Cela se manifeste par certains locaux des anciens gouvernements et par la disposition régulière des rues. À l’heure qu’il est, étant donné que les avantages du transport fluvial n’existent plus, les gens de Huai’an ont donc mis l’accent sur la « culture du Grand Canal ». Ils ont restauré et aménagé la grande écluse de Qingjiang et le port de l’ancien bourg. Ils ont aussi construit un parc des vestiges du siège de l’ancien gouvernement chargé du transport sur le canal et un corridor culturel de 30 km. Après une période d’oubli, le Grand Canal est redevenu l’emblème de Huai’an.

« Les maires des villes riveraines du Grand Canal ont tous exprimé leur conviction de bien protéger celui-ci et de contribuer à la proposition de son inscription sur la liste du patrimoine mondial. Mais, en réalité, beaucoup d’entre eux ne savent même pas comment le protéger », nous a confié M. Qi Xin, qui a effectué 4 inspections sur le Grand Canal.
Après ces 4 inspections, la conclusion à laquelle est arrivé le groupe de recherche est assez décevante : Aucune ville ne procède à des mesures de protection suffisantes. Et ce qui est plus grave, c’est que la partie nord du canal est gravement bouchée, certains tronçons étant même devenus de grandes poubelles...

« Intégralité et réalité » constituent les deux grands principes qui sont requis pour proposer une inscription sur la liste du patrimoine mondial. Concrètement, comment le Grand Canal reflète-t-il ces deux principes? Pour le moment, personne ne peut en donner une réponse précise.

Pour protéger celui-ci, la municipalité de Hangzhou est prête à creuser un nouveau canal à l’est, de façon à y modifier le transport fluvial. Le canal deviendrait une ligne touristique avec ses « taxis sur l’eau », nous explique M. Chen Shu, directeur général du Bureau de la protection et de l’exploitation d’ensemble du Grand Canal de Hangzhou. Mais cette hypothèse a immédiatement été rejetée par des spécialistes : Ce serait une sorte de « protection destructive ». Le Grand Canal perdrait ainsi son aspect original.
Quelques autres villes riveraines du Grand Canal ont, elles aussi, avancé l’idée de le protéger en creusant un nouveau canal chargé du transport fluvial.

« Il faut prendre des mesures scientifiques pour protéger le canal au lieu de le modifier sans mûre réflexion », a indiqué M. Mi Songyi, membre de la CCPPC. Et d’ajouter :
« Les villes riveraines du Grand Canal veulent toujours en tirer profit pour développer l’économie, sans pour autant mettre l’accent sur sa protection, mais la valeur de ce patrimoine dépasse de beaucoup celle de la Grande Muraille. Certes, l’ouvrage de la Muraille est grandiose, mais aujourd’hui, celle-ci n’a plus de fonction réelle.
Elle ne sert ni à nous défendre contre l’ennemi étranger ni à résister aux tempêtes de sable. Or, ce n’est pas le cas du Grand Canal. À l’heure actuelle, ce « vieux dragon » joue encore un rôle important. »

« Nous devons en effectuer une étude approfondie sur les vestiges culturels et historiques, a révélé M. Chen Shu. Par exemple, il faut : Restaurer les monuments historiques, exploiter la culture des marchés et des foires le long du canal, et rétablir sa culture originale... Le montant global de ces investissements dépassera 20 milliards de yuans. »

À l’heure actuelle, la Chine possède environ une centaine de monuments à être proposés au patrimoine mondial. Selon la règle de l’Unesco, un État qui abrite des patrimoines culturels n’a le droit, chaque année, qu’à une seule proposition d’inscription sur la liste du patrimoine culturel. La date pour le faire n’étant pas encore définie, les experts sont déjà unanimes à exprimer que le dossier sera prêt dans 3 ou 5 ans. Les experts Chinois sont toutefois confiants. « Bien que les critères d’inscription à la liste du patrimoine mondial soient de plus en plus exigeants et détaillés, je crois qu’après que l’on aura aménagé et entretenu cet ouvrage, celui-ci pourra enfin satisfaire à toutes les exigences », a déclaré avec conviction M. Luo Zhewen.



Grand Canal (Chine) — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_Canal_(Chine)
Pour les articles homonymes, voir Grand Canal. ... En l'année 604, l'empereur Sui Yangdi de la dynastie Sui quitta la ville de Dacheng (actuelle ... de Pékin, Tianjin, et traverse les provinces du Hebei, du Shandong, du Jiangsu et du Zhejiang

L'histoire de la Chine réunifiée - Miltiade
miltiade.pagesperso-orange.fr/chineantiq3.htm
En 587, l'empereur Wen annexe le royaume de Liang occidental et l'année ... 597, il lance une invasion avec les Mohe dans l'actuelle province du Hebei. ... reconstruction du canal de Han, ces deux canaux, formant le grand canal de ... Au printemps 608, un million d'hommes sont réquisitionnés pour construire le canal de ...
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