Cette
page concerne l'année 1156
du calendrier julien.
Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne
peut s'agir que d'un survol !
VIE
EVENTUREUSE ET FIN TRAGIQUE DE RENAUD DE CHÂTILLON.
Fils
d'Henri Ier, seigneur de Châtillon ou Hervé II de Donzy, seigneur
de Gien, Châtillon et Donzy et de Ermengarde de Montjay, marié à
Constance d’Antioche, princesse d’Antioche (1153-1163), puis
Etiennette de Milly.
Prince
consort d’Antioche (1153-1163), seigneur d’Hébron et
d’Outre-Jourdain (1177-1187).
Renaud
de Châtillon est un cadet sans fortune, mais qui passe pour être un
magnifique guerrier, il
gagne la Terre Sainte dès qu'il est en âge de combattre, pensant y
trouver honneurs et richesses... Mariages
fastueux, batailles incessantes, prison, gloire et fin tragique ont
fait de la vie de Renaud de Châtillon une aventure sanglante et
prodigieuse. Un personnage responsable pour certains de la perte des
États Latins d'Orient.
En
1153, suite à ses exploits
guerriers au cours du siège d'Ascalon, il devient prince d'Antioche
en convolant avec la princesse veuve Constance
d’Antioche, la princesse régente, veuve de Raymond de Poitiers. Le
patriarche d’Antioche, Aimery de Limoges, s’oppose à ce mariage
avec force et mépris, craignant qu’il diminue le pouvoir de la
régente. Renaud le jette en prison et le fait torturer, après avoir
enduit ses blessures de miel, il l’enchaîne et le fait exposer au
soleil et aux insectes.
En
1155, alors que l’empereur byzantin Manuel Ier Comnène refuse de
payer un service pour lutter contre Thoros II d’Arménie, Renaud de
Châtillon lance un raid contre Chypre, qui appartient encore à
l’Empire, avec l’aide de Thoros II. Les Byzantins sont facilement
vaincus et l’île est ravagée : champs brûlés, troupeaux
massacrés, églises, bâtiments et couvents pillés et incendiés,
femmes violées, vieillards et enfants égorgés, pauvres décapités…
Les hommes riches sont emmenés en otage. Avant de quitter
l’île avec son butin, Renaud de Châtillon fait rassembler tous
les prêtres et les moines Grecs et leur fait couper le nez avant de
les envoyer à Constantinople. Même en cette époque où la
piraterie contre Byzance est chose ordinaire, la violence de cette
razzia indigne tous les chroniqueurs.
Renaud
De Châtillon se fait dès lors une triste réputation auprès de
tous : Byzantins, bien sûr, mais aussi Francs et musulmans.
Entre
1156 et 1158, Renaud de Châtillon mène divers combat aux côtés du
roi Baudouin III de Jérusalem.
En
1158, il parvient à reprendre Harim des mains de Nur ad-Din.
L’empereur
Byzantin n’oublie pas le massacre particulièrement horrible de
Chypre. Il renforce son alliance avec Baudouin III en lui donnant en
mariage sa fille Théodora. Puis reconquiert militairement, la
Cilicie sur les Arméniens et prend ses quartiers d’hiver à
150 kilomètres d’Antioche.
En
1159, Renaud de Châtillon se retrouve alors isolé et menacé,
décidant alors d’implorer le pardon en se prosternant pieds nus et
corde au cou devant l’empereur. Manuel 1er accorde son pardon et
entre dans Antioche pacifiquement pour rappeler la vassalité
d’Antioche envers l’Empire.
Le
23 novembre 1160, Renaud de Châtillon est fait prisonnier par les
soldats Turcs au cours d’une opération de pillage... Nur ad-Din le
tient emprisonné à Alep durant 16 ans... Pendant sa captivité, son
épouse Constance meurt et Bohémond III, le fils de Constance et de
Raymond de Poitiers hérite d’Antioche.
En
1176, Renaud est libéré. Il existe deux versions de sa libération
:
- Il est libéré lors d’un échange de prisonnier par As-Salih Ismail al-Malik, le fils de Nur ad-Din.
- En tant que beau-père de l’impératrice Marie d’Antioche (épouse de Manuel Ier), il est racheté pour la somme extraordinaire de 120 000 dinars d’or.
RUINES DE KERAK |
En
1181, malgré une trêve conclue entre Baudouin IV et Saladin, Renaud
pille une caravane se rendant à la Mecque. Saladin s’en plaint à
Baudouin qui, en pleine crise de lèpre, ne trouve pas la force de
sévir contre son vassal. Saladin, fou de rage, aurait déclaré
qu’il tuerait Renaud de Châtillon de ses propres mains...
En
1182, Renaud pille les ports du Hedjaz et menace les villes saintes
de l’Islam, La Mecque et Médine. En chemin, il coule un bateau de
pèlerins musulmans se rendant vers Jeddah... Selon
l'historien musulman Maqrizi, « les Francs
firent là une chose comme on n'en avait jamais entendu raconter dans
l'islam, car avant eux aucun chrétien n'était arrivé dans ces
paysages »Tandis que Renaud, chargé de butin, remonte
vers ses terres, ses hommes continuent à sillonner la mer Rouge et
pillent le Hedjaz. Le frère de Saladin, al-Adel, qui gouverne en
Égypte, lance contre eux une flotte qui écrase les pillards.
Certains d’entre eux sont conduits à La Mecque pour y être
décapités en public.
En
1183, Saladin lance des raids sur son territoire et assiège Kérak
mais fait épargner le secteur où se déroulent les noces de la
belle-fille de Renaud de Châtillon. Celui-ci ne doit son salut
qu’aux secours de Baudouin IV.
En
1185, Baudouin IV meurt en laissant la régence à Raymond III de
Tripoli qui reste fidèle à la politique de paix avec Saladin.
En
1186, Le nouveau roi n’est qu’un enfant, Baudouin V, il ne tarde
pas à mourir, par la généalogie, c’est Sibylle de Jérusalem, la
sœur de Baudouin IV et mère de Baudouin V, qui hérite de la
couronne. Sibylle offre son pouvoir à son époux Guy de Lusignan, un
allié de Renaud de Châtillon. Devenu l'ennemi le plus haï des
musulmans, Renaud de Châtillon razzie, en 1186, une caravane qui se
rend de Damas au Caire. Refusant de rendre le butin malgré l'ordre
du roi, il pousse Saladin, dont il a capturé la sœur, à entrer en
guerre...
BATAILLE DE HÂTTIN |
Au soir de la bataille, Saladin fait défiler devant lui ses prisonniers. Quant au prince de Kérak, prisonnier lui aussi, on se rappelle que Saladin avait promis de ne pas lui pardonner, mais de verser son sang et de le faire disparaître du monde des vivants. Une tradition latine incertaine raconte que, se trouvant devant Renaud de Châtillon, Saladin lui demande ce qu'il ferait de lui s'il était à sa place, Renaud de Châtillon répond : qu'il lui aurait coupé la tête, Saladin le décapite sur l'instant de sa propre épée.
Dans les semaines qui suivent Jérusalem est occupée et jamais plus les Croisés ne reprendront la Ville Sainte. Honoré parfois comme martyr, Renaud de Châtillon est plus souvent accusé d'avoir causé la perte des États latins d'Orient. Renaud de Châtillon est un personnage ambiguë : d'un côté, la plupart des connaisseurs des croisades l'estiment responsable de l'échec de 1187 et critiquent fortement ses actions dans les royaumes Latins d'Orient. De l’outres, il est jugé de manière nettement moins négative par ses contemporains car il répond à un certain idéal de guerrier...
Ainsi
périt, à l'âge d'au moins soixante ans, l'illustre Renaud de
Châtillon, ex-prince d'Antioche, seigneur de la terre
d'Outre-Jourdain, de la main du plus fameux des Sarrasins. Ce
chevalier sans peur, sinon sans reproche, était l'une des plus
éclatantes personnalités du courage aventureux au pays de Terre
Sainte.
Dans
les semaines qui suivent, Saladin réduit à néant les cités
Franques. Il occupe Jérusalem, la ville royale, la Ville sainte, le
vendredi 20 octobre 1187. Il y fait venir aussitôt sa
sœur, celle qui avait été la prisonnière de Renaud de Châtillon,
accompagnée d'un grand nombre de princes et seigneurs défaits à
Hattin ainsi qu'Étiennette de Milly, la veuve de Renaud de
Châtillon... Le sultan généreux rend la liberté à cette
vaillante femme et à son fils Onfroy à la condition qu'elle
obtienne la reddition des forteresses de Kérak et de Montréal dont
elle est la suzeraine... Lorsqu'Étiennette se présente devant
Kérak, la garnison du fort s'oppose à un refus violent des
habitants qui, en dignes fils de Renaud, préfèrent la lutte à la
reddition. Repoussée par eux, elle revient humiliée devant Saladin
et se retire à Tyr, remettant son fils prisonnier au sultan qui lui
promet de le lui rendre lorsque les places se soumettront. En tenant
Onfroy prisonnier, le sultan espère obtenir la capitulation des deux
puissantes forteresses que jamais il n'a pu prendre malgré tous ses
efforts et dont l'occupation doit le rendre maître de tout
l'intérieur du pays et permettre de rejeter définitivement les
chrétiens sur le littoral... Les vaillants défenseurs de Kérak,
privés de tout espoir de secours extérieur, réduits à la famine,
sont obligés de se rendre en novembre 1188 à El-Malek el-Adel,
le frère de Saladin. L'année suivante, c'est au tour de Montréal
de tomber assiégé depuis plus de deux ans. La belle forteresse
d'Arabie Pétrée ayant épuisé ses vivres, ouvre ses portes au même
Malek qui fait de suite remettre Onfroy en liberté en le renvoyant à
sa mère. Les autres forteresses chrétiennes installées sur la voie
Royale ne tardent pas à se soumettre.
SUPPLICE DE RENAUD DE CHÂTILLON |
Pierre
Aubé vient de sortir cette excellente biographie chez Fayard et,
malgré des sources lacunaires (on ne sait rien des 30 premières
années de Renaud de Châtillon, ni de ses 15 ans où il est
emprisonné à Alep), parvient à retracer un destin exceptionnel,
celui d'un cadet d'une grande famille noble de France qui trouve la
fortune en Terre Sainte mais meurt de la main même de Saladin le
soir de la défaite Franque de Hattin en 1187.
Tirant
parti de toutes les sources de l'époque, qu'elles soit latines ou
arabes, l'auteur nous conte la vie de Renaud de Châtillon, sans
doute arrivé en Orient lors de la 2e croisade de 1147. Or, Renaud de
Châtillon n'a pas vraiment la diplomatie nécessaire pour comprendre
un Orient compliqué. L'auteur peine d'ailleurs à démêler les
alliances, complots, représailles entre les latins, les Fatimides,
le sultan de Damas, celui de Mossoul... On suit donc le chevalier
dans ses démêles avec ses voisins et la haine grandissante qu'il va
inspirer aux musulmans. Il est vrai que Renaud de Châtillon ne se
prive pas de piller les caravanes qui passent à portée de son fief
!!Emprisonné en 1160 à Alep, sa biographie subit une nouvelle ellipse de 16 ans. Qu'à cela ne tienne, Pierre Aubé en profite pour s'intéresser aux autres protagonistes de cette histoire : Raymond de Poitiers, Nur ad Din, Baudoin IV le roi lépreux, Guy de Lusignan. Avec un style fort et malgré quelques anachronismes curieux (le spectre de la guerre d'Irak vient hanter plusieurs fois le livre sans que l'on comprenne vraiment pourquoi), c'est donc toute la deuxième moitié de XIIe siècle des royaumes Latins qui défile sous nos yeux.
Le retour à la vie publique de Renaud de Châtillon, suite à sa libération, le voit se confronter à Saladin. Là , le livre prend une tournure plus polémique. L'auteur d'une part ne croit pas que le chevalier soit le seul mauvais génie de l'époque, d'autre part, il remet en place une bonne partie de la légende de Saladin et ne lui reconnaît qu'une véritable victoire , celle de Hattîn. Armé des chroniques arabes, il montre que l'aura de celui qui unit les deux mâchoires musulmanes qui vont broyer les royaumes Latins est venu après mais que , sur le moment... Ses contemporains l'ont jugé plus sévèrement, estimant que certaines de ses actions ont été des occasions manquées, voire des ratages. Ainsi, une chronique rapporte une analyse de Nur ad Din qui estime qu'il a « une certaine tiédeur à combattre les Francs ». Il met également à bas l'image chevaleresque qu'on a de lui en Occident. Comme tous les chefs militaires de son temps, Saladin a pillé, massacré, étripé.... et les civils n'ont pas vraiment été épargnés. Ainsi, la prise de pouvoir sur les Fatimides s'accompagne du massacre de la garde Soudanaise de l’ancien régime : peut être 40 000 morts.
Pierre Aubé nous raconte ensuite les tentatives audacieuses mais totalement irresponsables de Renaud de Châtillon pour s'emparer des richesses arabes. Il monte une expédition en mer rouge en faisant transporter des bateaux en pièces détachés à dos de chameaux, il menace directement La Mecque, Médine. C'en est trop pour Saladin qui va l'affronter plusieurs fois mais sans jamais l'emporter totalement.
Et ce n'est que lors de la bataille de Hattin, quand Guy de Lusignan, mal conseillé et mal préparé, se jette dans la nasse de Saladin, que prend fin l'épopée de Renaud de Châtillon. Sa mort nous est racontée de plusieurs manières différentes. Dans l'une d'elle, il aurait bravé Saladin jusqu'au bout, refusant de se convertir. Quoiqu'il en soit, cette biographie, ne peut que ravir les amateurs d'histoire et les spécialistes de cette époque que le politiquement correct a désormais relégué aux poubelles de la chronologie !!
VUE SUR LES RUINES DE KERAK |
L'histoire extraordinaire de Renaud de Châtillon - Conseil général ...
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: Invasion de l'île de Chypre.
Renaud de Châtillon – v.1120-1187 | Le Cycle des Croisades
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Entre 1156
et 1158, Renaud
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mai 2010 - Chevalier au départ sans fortune, Renaud
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août 2007 - Renaud
de Chatillon
est un personnage ambigüe : d'un côté, la plupart des connaisseurs
des croisades l'estiment responsable de l'échec de ...
Ne dit-on pas que la roche Tarpéienne est près du Capitole ?
RépondreSupprimerBien cordialement.
Chère Monique, cher Ada, je vous salue à nouveau..
RépondreSupprimerLa page que vous nous proposez aujourd'hui, Monique, est encore une fois très intéressante, pleine de paradoxes, d'exploits, de bruit et de fureur..
L'ancienne cité de Kérak dont on parle déjà dans la Bible et aux époques romaine et byzantine, n'avait jamais atteint la puissance que lui donnèrent les croisés.
Forts de leurs nouvelles techniques acquises en Antiochène et de la science des architectes orientaux, ils construisirent une muraille immense qui enserra dans ses flancs la ville et le château, leur donnant une capacité de résistance inégalée.
Séparé de la ville par un fossé artificiel d'une trentaine de mètres de large creusé dans la roche, le château, élevé sur le piton rocheux, était à lui seul une véritable prouesse architecturale ainsi qu'en témoignent les vestiges qui subsistent encore aujourd'hui et que peuvent parcourir les touristes.
Pour asseoir les puissantes murailles sur cette arête saillante, les maçons durent bâtir plus de dix niveaux artificiels, donnant au soubassement l'apparence d'un authentique labyrinthe éclairé jusqu'au plus profond de ses entrailles par d'étroits puits de lumière.
Au-delà de la muraille, le terrain qui descend en pente très raide était recouvert d'un glacis soigneusement appareillé qui en rendait l'escalade impossible.
Le cadi El Fadhel décrit Kérak avec horreur : "Kérak est l'angoisse qui étreint la gorge, la poussière qui obscurcit la vue, l'obstacle qui étrangle les espérances…"
(cf Christian Marquant, Clio)
Mais comme vous l'expliquez, la faim eut raison des assiégés..
Amitiés
Merci à vous deux, Lisa bonjour, cette rédaction à quatre mains m'enchante, vous avez toujours le point d'orgues pour compléter mon survol.
RépondreSupprimerLe plaisir est partagé ma chère Monique, merci d'apprécier mes posts!
RépondreSupprimerBonsoir à vous deux chers amis