jeudi 27 mars 2014

1145... EN REMONTANT LE TEMPS

Cette page concerne l'année 1145 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

DE L'ABBAYE A LA PRISON

SAINT BERNARD SOUTENANT CLAIRVAUX
A 13 kms de Bar-sur-Aube, quelques terres incultes enveloppées d’un grand calme. La combe a pour nom le Val d’Absinthe, et a mauvaise renommée : ancien repaire de brigands… C’est là que le 25 juin 1115, un jeune père abbé, le futur Bernard de Clairvaux, désire fonder un foyer de prières, avec quelques moines venus de Cîteaux. Au bout de quelques mois, Bernard change le nom en « Claire Vallée » (Clair Vau).
Le site présente un avantage de taille : Il est situé à 2 kilomètres de la grande voie romaine reliant Milan à Boulogne. Cette route va bientôt devenir le plus grand axe routier d'Occident, utilisée par les marchands de l'Europe entière se rendant aux foires de Champagne. Clairvaux se trouve ainsi au cœur de l'une des plus importantes zones d'échanges économiques et intellectuels de l'époque. En effet, pour assurer son développement, le Nouveau Monastère, créé en 1098 selon la volonté du bénédictin Robert de Molesme, décide d'engendrer 4 filiales : La Ferté (1113), Pontigny (1114), Clairvaux (1115) et Morimond.

Le terrain réservé à l'implantation de l'abbaye est choisi avec précaution dans une clairière isolée : il faut de l'eau et du bois, ce terrain offert par Jobert de la Ferté, cousin de Bernard, comprend ces éléments essentiels à l'organisation d'une abbaye cistercienne. En effet, les cisterciens se doivent de respecter la règle de Saint Benoît qui stipule la vie en autarcie et le respect du vœu de stabilité (enfermement).
 
L'Abbaye possède une quarantaine d'établissements Agricoles, Viticoles, Forestiers et Industriels, les Convers y travaillent alors que les Moines de Chœur assurent les offices et la copie des manuscrits. Bientôt la réputation de la nouvelle abbaye traverse les frontières de la Champagne... Stratège politique et homme de pouvoir avant tout, Bernard développe des relations étroites avec le Comte Hugues et surtout le Comte Thibaud II le Grand, ces alliances lui assurent des moyens financiers pour développer Clairvaux et ses Filiales, mais aussi une place de choix parmi les Grands du Royaume, en (1131), c'est à Bernard de Clairvaux que le pape Eugène III fait appel pour prêcher la 2ème Croisade en France.

En 1135, le comte Thibaud II intimement lié à Saint Bernard, agrandit le terrain de la donation primitive. Il fait de nombreuses donations pour l’abbaye, et aime cette maison, au point de songer à y terminer ses jours sous l’habit cistercien.
Les possessions (domaines, granges, celliers) atteignent de 1121 à 1250 le chiffre imposant de 1771..., la plupart dans les départements de l’Aube, de la Haute-Marne et de la Côte d’Or. L’abbaye souffre beaucoup de la guerre de Cent Ans et des guerres de religion. Les moines prennent des mesures de défense au XIVe siècle, en fortifiant à grands frais le mur d’enceinte grâce à des contreforts de nombreuses tours rondes percées de meurtrières et accompagnées d’échauguettes... Le Haut Clairvaux est alors isolé par un pont-levis.
 
On peut dire qu’il y a 3 périodes des bâtiments de Clairvaux :
1115-1135,
1135-1708, abbaye médiévale,
1708-1792, abbaye classique.
 
De 1118, date de la fondation de Trois-Fontaines, à 1153, date de la mort de Saint Bernard, l'abbaye de Clairvaux n'engendra pas moins de 66 filiales et 98 plus petites réparties entre la France, l'Espagne, le Portugal, l'Italie, la Suède, la Suisse, l'Angleterre, l'Irlande, la Belgique et l'Allemagne. Si dès le XIIIe siècle le mouvement de fondations se ralentit, l'abbaye compte néanmoins à la fin du Moyen Âge 84 filiales et 365 moins importantes.
MAISON NATALE DE SAINT BERNARD
Le premier monastère, Clairvaux I, est constitué d'une petite chapelle carrée, avec un collatéral sur le pourtour et surmontée d'une toiture à clocheton. Elle est reliée à un petit bâtiment affecté au dortoir des moines et à leur réfectoire. Les frères Convers sont des religieux chargés de la mise en valeur des domaines de l’abbaye, alors que les Moines de Chœur consacrent leur temps à la Prière, à l’étude et à la copie des Manuscrits. Le Bâtiment des Convers, long de 74 mètres, avec cellier et réfectoire semi enterrés, dortoir à l’étage, comprend 13 travées à 3 nefs par niveau. Le cellier est voûté d’ogives en plein cintre et l’ancien dortoir possède des voûtes d’arêtes. On pense que ce bâtiment a été commencé avant la mort de Saint Bernard. Par son espace, sa lumière et la pureté de ses lignes, l’édifice reste un témoignage irremplaçable de l’Architecture Cistercienne du (XIIe siècle). L’acoustique remarquable du dortoir en fait aujourd’hui un espace privilégié pour la Musique.

Dès 1115, une bibliothèque se crée à Clairvaux, les moines, ayant apporté avec eux des livres, ils les commentent, les corrigent, et surtout les copient. Tout au long des siècles, les auteurs chrétiens sont représentés, et naturellement, les écrits de Saint Bernard : lettres et sermons pieusement recueillis par ses disciples. Les nombreux commentaires de la Bible sont donnés en 1137, par Henri, fils de Louis VI le Gros, toute une série de 6 beaux volumes aux enluminures vives, aux reliures en veau estampées de motifs romans. Les dons continuent à affluer au cours des siècles, mais c’est surtout le travail des copistes qui enrichissent le fonds : 1800 volumes, tous manuscrits sauf 3 imprimés incunables.
Les moines de Clairvaux ne vont pas couper des arbres en forêt ni aux champs pour faire la moisson. Il leur faut travailler au sein de l’abbaye, jamais loin de l’Abbatiale où il doivent se rendre 7 fois par jour pour chanter les Psaumes. Leur travail est au Scriptorium pour copier et recopier inlassablement les « Livres Saints » et les grandes œuvres de la Littérature Grecque et Latine. Il faut doter de livres les abbayes de la filiation au fur et à mesure des créations. La tradition Bénédictine veut que la Calligraphie soit riche de dessins et de couleurs. Les moines sont maîtres en Enluminures. Bernard de Clairvaux intervient et demande que les manuscrits, comme l’architecture, traduisent l’ascèse de la condition monastique. Les enluminures Claravalliennes deviennent Monochromes. Le Scriptorium de Clairvaux est organisé de telle sorte que l’abbaye dispose toujours d’un fonds de 1.800 ouvrages. Après le (XVIe siècle), l’abbaye développe sa bibliothèque par achats de fonds de Bibliophiles. A la Révolution, elle comporte plus de 40.000 ouvrages. Par mesure de sécurité, les autorités locales les font transporter à Troyes... On peut toujours aller admirer la Cathédrale de livres reconstitué à la « Médiathèque de l’Agglomération Troyenne ». Ce fonds « Clairvaux » est la plus importante collection Médiévale Française. On peut notamment y admirer la « Grande Bible » de Saint Bernard, en 6 tomes, terminée en (1151).

ABBAYE DE CLAIRVAUX
Du recrutement de Clairvaux, quelques noms suffisent à donner une idée pour la période du XIIe au XIIIe siècle :
 
George roi de la Roche-Vanneau, devenu évêque de Langres en 1139.
Alain, premier abbé de Larivour en 1140.
Bernard Paganelli, le futur pape Eugène III (1145-53).
Henri, frère du roi Louis VII , évêque de Beauvais et ensuite archevêque de Reims (1162-75).
Geoffroy de Melun, évêque de Sora (Sardaigne).
Henri cardinal-évêque d’Albano, légat de France.
Eskilus, de la famille royale de Danemark, archevêque de Lund (Suède).
Jean-aux-Blanches-Mains, archevêque de Lyon (1181-93).
Garnier de Rochefort évêque de Langres.
Conrad d’Urach, des ducs de Thuringe, cardinal-évêque de Porto en 1119, qui refuse la tiare après la mort d’Honorius III (1227).
Raoul de la Roche-Aymon, devenu évêque de Lyon…

D’autres, ont tenu à l’honneur de reposer à Clairvaux après leur mort :
Philippe d’Alsace, comte de Flandre (+ 1191).
Geoffroy III de Joinville, bisaïeul du chroniqueur (+ 1188).
Erard II de Chacenay (+ 1236).
De grandes dames :
Agnès de Beaujeu (+ 1231).
Marguerite de Bourbon (+ 1258).
La seconde et la troisième épouse du Comte Thibaud IV de Champagne.
Le cœur d’Isabelle de France, fille de Saint Louis, veuve du comte Thibaud V (+ 1271).
Saint Malachie, archevêque d’Armagh en Irlande, (+ 1148).
Guillaume de Champeaux, évêque de Châlons (1113-22).
Robert de Torote évêque de Langres (1232-40), puis de Liège…
 
Bientôt à l'étroit à l'intérieur de cet édifice provisoire, les moines entreprennent la construction d'une nouvelle abbaye. Saint Bernard confie à son prieur, Geoffroy de la Roche-Vanneau, la direction des travaux de Clairvaux II. A la mort de Saint Bernard, le 20 août 1153, l’abbaye possède un domaine considérable : 1.832 hectares de bois et 355 hectares de terres cultivables. Au XVIIe siècle, les propriétés foncières de Clairvaux représentent 12.000 hectares et les terres agricoles plus de 4.000 hectares. Clairvaux regroupe 800 moines et convers, sa puissance économique est considérable, plus de 300 monastères dépendent d’elle. Le célèbre abbé en a fait pendant un quart de siècle la capitale du monde occidental, arbitrant entre les rois et les seigneurs, fabriquant les évêques et les papes, régnant sur les dogmes et les politiques.

Grâce au soutien du comte Thibaud II, le nouveau monastère est achevé en une dizaine d'années (1135-1145). La structure de l'abbaye correspond à un plan type que l'on retrouve dans presque toutes les abbayes cisterciennes et qui est qualifié de « plan bernardin ». L'abbatiale, érigée dans le style roman, sert de modèle à de nombreux monastères de France ainsi qu'au Portugal et en Angleterre, illustrant à la perfection la simplicité architecturale voulue par Saint Bernard, l'église se compose d'une nef de 10 travées interrompue par un transept ouvrant sur un chœur plat. De cette seconde abbaye, il ne reste plus qu'un seul bâtiment, celui des convers composé d'un cellier au rez-de-chaussée et d'un dortoir à l'étage...
 
Entre 1708 et 1790, sont effectuées des transformations sur les écuries, la porcherie et l’hôtellerie. Les moines du XVIIIe siècle les démolissent pour édifier une troisième abbaye de goût classique, la cour d’honneur ainsi que le grand et le petit cloître existent toujours.
Après 1740, on détruit l’essentiel de Clairvaux, sauf l’abbatiale et le bâtiment des convers, pour reconstruire un château classique, avec une façade de 130 mètres, se développant autour d’un grand cloître de 50 mètres de côté, comprenant 20.000 mètres carrés de planchers répartis en larges appartements et disposant en particulier d’une salle à manger grandiose. Il y a également de nombreux bâtiments de service, lavoir, grange, hangar... 
 
Cette grande salle construite au (XVIIIe siècle), très haute, est particulièrement imposante avec ses 2 nefs voûtées d’arêtes séparées par une rangée de grands piliers carrés. Elle a d’abord servi de Double Moulin, à farine et à huile, dont les meules étaient actionnées par l’eau du canal qui la longe. La farine allait directement dans des fours à pain. Au (XIXe siècle), la Prison transforme les lieux en lavoir en créant un splendide bassin pour rincer le linge bouilli dans les fours conservés. C’est aujourd’hui un Restaurant à la fois pour le personnel Pénitentiaire et pour les groupes qui visitent l’abbaye et souhaitent se restaurer dans ce bel endroit. C’est évidemment une erreur historique de l’appeler « lavoir des moines » mais comment le rebaptiser contre plus d’un siècle d’usage par ceux qui le fréquentent tous les jours.

Située à l’intérieur du mur d’enceinte, au confluent de la petite rivière qui prend sa source à la Fontaine Saint Bernard, splendide clairière au cœur de la forêt à 3 kilomètres de Clairvaux, et du long canal créé par les 1ers moines pour dériver les eaux de l’Aube vers l’abbaye. Les moines sont grands consommateurs d’eau pour les viviers des carpes, les roues des moulins et de la forge, l’assainissement des bâtiments. La grange possède la belle charpente traditionnelle des granges Cisterciennes à 3 nefs, avec de grands toits de tuiles plates descendant latéralement très bas. Elle n’a été construite qu’au (XVIIIe siècle mais en respectant la belle forme donnée à toutes les granges réalisées par l’abbaye depuis le (XIIe siècle) dans le Pays de Bar sur Aube.

Si il ne reste plus que 54 religieux en 1768, ils dirigent un vaste bassin industriel comprenant des mines, des haut-fourneaux, des forges, auquel s'ajoutent nombre de maisons à Bar-sur-Aube, Troyes et Dijon.… C’est aussi la reconstruction du Petit Cloître affecté à l’infirmerie. Couvert à la Mansart il est constitué sur 3 côtés de deux galeries superposées, les galeries sud étant entièrement vitrées pour permettre au soleil de pénétrer au centre du bâtiment. Haut-lieu de l’histoire religieuse, Clairvaux reste une abbaye puissante jusqu’à la Révolution. 
 
Le 2 novembre 1789, elle devient bien national, mis à la disposition de la Nation. Elle est mise en vente en 1792, des industriels achètent le site, elle abrite ainsi une Papeterie, une Brasserie, et une Verrerie.
Sa riche bibliothèque est alors transférée à Troyes, où elle enrichit aujourd'hui encore le fonds de la bibliothèque municipale. Les autres bâtiments, viennent tout juste de passer de la tutelle du ministère de l'Intérieur à celui de la Culture, ce qui laisse espérer une restauration plus complète, et des visites plus libres qu'actuellement, la prison se limitant aux bâtiments construits en (1971) et à la cours d'honneur. A noter que les Orgues et les Stalles de l'église Abbatiale détruite en (1812) et (1819) ont été réaménagées dans la Cathédrale de Troyes au début du (XIXe siècle).

En 1808, Napoléon modifie le régime pénal Français et institue la peine de privation de liberté. Il rachète Clairvaux pour en faire la plus grande prison Française du XIXe siècle. La grande salle à manger est transformée en chapelle, pouvant contenir 1.500 détenus debout, le grand cloître abrite les dortoirs.
Dès 1819, on compte 1.456 détenus. 
 
En 1834, le gouvernement ordonne des travaux pour que Clairvaux puisse accueillir 80 prisonniers politiques.
En 1858, il y a 1650 hommes, 489 femmes et 555 enfants avec 67 gardiens, 16 sœurs, 1 directeur, 2 inspecteurs, 3 aumôniers, 2 médecins, du personnel administratif et 220 soldats.
 
En 1871, plusieurs centaines de communards sont emprisonnés, des drames successifs marqueront cette période et notamment l’affaire Claude Gueux, illustrée par l’extraordinaire récit qu’en fait Victor Hugo. La loi de (1875) rendant obligatoire l’enfermement cellulaire, l’administration pénitentiaire va alors installer les sinistres Cages à Poules qui seront utilisées jusqu’en (1970), date de la construction de bâtiments modernes à l’emplacement de l’ancienne Abbatiale, la prison abritera également Louise Michel, Blanqui, le prince Pierre Kropotkine nihiliste Russe… 
 
En 1942, Pierre Daix et de nombreux résistants parisiens. 21 détenus communistes y sont fusillés. 
 
A la Libération, ce sont des miliciens, plusieurs ministres de Vichy, les amiraux responsables du sabordage de Toulon, Charles Maurras, des responsables algériens du FLN, 3 des 4 généraux putschistes d’Alger et quelques officiers, des condamnés pour des actions terroristes… Claude Buffet et Roger Bontems… pour que les détenus puissent faire leur dévotions une chapelle est installée... Elle le reste jusqu’en (1970) avant d’être abandonnée aux chouettes qui hantent son espace délabré, étonnant vestige hors du temps, à qui la musique redonne mystère et spiritualité.

Clairvaux devient, grâce aux admirables travaux de restauration, un haut lieu du tourisme religieux. Aujourd’hui, de très hauts murs interminables, en rangées successives, interdisent toute vue sur ce qui subsiste des splendeurs d’autrefois. Le ministère de la Justice a libéré les bâtiments historiques qui recèlent des trésors d’architecture. Ils sont en cours de restauration, sous le contrôle du ministère de la Culture. L’association « Renaissance de l’Abbaye de Clairvaux » publie des études sur ce haut lieu et organise des visites publiques, grâce à Jean-François Leroux, interlocuteur privilégié sur place depuis plus de 30 ans.
  
jschweitzer.jimdo.com/la-religion/abbayes.../abbaye-de-clairvaux/
Grâce au soutien du comte Thibaud II, le nouveau monastère est achevé en une dizaine d'années (1135-1145). La structure de l'abbaye correspond à un plan ...

L'abbaye de Clairvaux - Bases de données

lamop-intranet.univ-paris1.fr/baudin/monasteres/.../clairvaux/clairvaux.h...
L'abbaye de Clairvaux fut fondée, selon la tradition de l'Ordre cistercien, ... le nouveau monastère était achevé en une dizaine d'années (vers 1135-1145).

Clairvaux

monumentshistoriques.free.fr/abbayes/clairvaux/clairvaux.html
Description et photos de l'Abbaye de Clairvaux. ... du Comte Thibaud II, le nouveau monastère était achevé en une (dizaine) d'années vers (1135)-(1145).

VILLE-SOUS-LA-FERTÉ, l'abbaye de Clairvaux et Victor Hugo

www.bude-orleans.org/lespages/46autres/.../ville_ferte_claivaux_hugo.ht...
A 22 ans, il se fit moine à Cîteaux, apportant à l'abbaye un nouvel élan qui permit ... par Etienne Harding, avec quelques moines, pour fonder l'abbaye de Clairvaux. ... Cette abbatiale à trois nefs et à chevet plat (construite entre 1135 et 1145) ...






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