1151... EN REMONTANT LE TEMPS

Cette page concerne l'année 1151 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

L’ABBÉ SUGER

SUGER ADMINISTRATEUR DU ROYAUME, ARCHITECTE, ARCHIVITE ET RELIGIEUX.

Fils d'un serf, Suger s'est hissé par ses seuls talents jusqu'au sommet de l'Église et de l'État, devenant abbé de Saint-Denis, au Nord de Paris.

Cet abbé de Saint-Denis est le conseiller de Louis VI et de Louis VII et l'une des plus brillantes figures politiques de l'époque. C'est avant tout un homme d'Église. Né vers 1081 d'une famille pauvre. Dès 1091, Suger est placé par son père à l’abbaye de Saint-Denis. C’est là peut-être qu’il rencontre le prince Louis, fils du roi de France, Philippe Ier. C’est lorsque le prince accède au trône et devient Louis VI, que la carrière de Suger prend une dimension autant religieuse que politique, le roi l’envoie saluer le pape Gélase II Puis auprès de Calixte II, il est élu abbé de Saint-Denis en 1122. Il devient le familier de Louis VI, qui le charge de nombreuses missions diplomatiques auprès des papes, Suger est ambassadeur auprès du pape Calixte II dans les années où l’empereur Henri V se voit obligé de régler les rapports entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel conformément aux vues de l’Église. Moine dévoué à l'église, il l'est tout autant à la royauté, qu'il considère comme la protectrice de l'Église...

Quand se dessine en 1124 le danger de coalition Germano-Anglaise contre le royaume, tous les évêques limitrophes du domaine royal et la noblesse de Bourgogne et de Champagne se rallient autour du roi à Saint-Denis. Louis VI en recevant des mains de Suger l’oriflamme de Saint-Denis (qui va rester le drapeau de la France jusqu'à Azincourt), devient le protecteur de l’abbaye et du royaume de France. Quelques années plus tard, Bernard de Clairvaux l’accuse de négliger cette abbaye. C’est que, pendant 5 ans, Suger n’a pas cessé de s’occuper des affaires du roi.

VITRAIL DE SAINT DENIS

Lorsqu’en 1127, il prend en main les réformes de son abbaye, celles-ci concernent tous les domaines y compris l’architecture puisqu’à partir de 1130, il fait reconstruire la basilique et impose des verrières qui donnent aux fidèles l’image de Dieu par la présence de la lumière.

Le roi confie la régence du royaume, lorsqu’il part en croisade en 1146. Aux textes historiques et aux documents dont il enrichit les bibliothèques qui dépendent de son abbaye, Suger ajoute ses propres textes puisqu’il écrit une Vie de Louis VI le Gros entre 1137 et 1144 et raconte ce que fut la vie de son abbaye sous son administration dans le « Liber de rebus in administratione sua gestis ». En outre, il rapporte quelles furent ses exigences dans la construction de l’abbaye dans « De Consecratione ecclesiae santi Dionissii. »

Il fait reconstruire l’abbaye de Saint-Denis en 1144, c'est le premier monument de l’art gothique. Suger écrit en latin plusieurs ouvrages dont une Histoire de Louis VI le Gros. Administrateur, agronome, diplomate et guerrier, il occupe une place considérable entre les grands abbés du Mont-Cassin et de Cluny, d’une part, et, d’autre part, Bernard de Clairvausx en France et Wibald en Allemagne. A la mort de Louis VI, il devient le conseiller de Louis VII dont il a préparé le mariage avec Aliénor d'Aquitaine

Petit, frêle, d'une intelligence vive, précise, concrète, c'est un esprit, juste, pondéré, plein de bon sens, qui répugne aux excès d'ascétisme ou de réformisme. Travailleur infatigable, Suger met, à servir son abbaye, la même ardeur qu'à servir le roi. En ce qui concerne Saint-Denis, sa gestion temporelle et spirituelle est exemplaire. Du point de vue politique, il conseille Louis VI avec prudence, l'engageant à guerroyer dans le royaume contre les brigands et les vassaux infidèles, mais le réconciliant avec ses ennemis extérieurs

ABBÉ SUGER

Louis VII le prend comme conseiller avant de le nommer régent lors de son départ pour la croisade (1147-1149). Pendant l'absence du roi, il conserve intact le domaine royal, le faisant fructifier. Au retour du roi, il s'efforce d'empêcher la rupture de l'union royale. Épuisé par sa double tâche, religieuse et politique, Suger meurt à Saint-Denis le 13 janvier 1151.

[« Otto Cartellieri, Abt Suger von Saint-Denis, 1081-1151.

[Historische Studien, verôffentlicht von E. Ebering, Heft XI.) Berlin, Ebering, -1898. In-8°, xv-492 pages. »

L'AIGLE DE SUGER

Voici encore une bonne étude d'histoire Capétienne, que nous devons à l'érudition Allemande. Il est singulier qu'aucun savant Français n'ait été tenté de consacrer de nos jours une sérieuse monographie à un des plus remarquables personnages de notre moyen âge. Administrateur ecclésiastique hors ligne, serviteur intelligent et énergique de la monarchie en une époque critique, écrivain peu vulgaire, Suger mérite mieux que les apologies romanesques dues à la plume inventive de Combes ou de Huguenin, mieux même que les lignes trop brèves où Lecoy de la Marche a esquissé la vie du célèbre abbé de Saint-Denis. M. Luchaire, ayant à parler de lui en passant, a dit avec justesse : « II reste à écrire un livre approfondi et consciencieux, digne de cette grande figure dans laquelle semblent s'être incarnés les qualités séduisantes et le bon sens de notre génie national. » M. Otto Cartellieri vient de nous donner ce livre approfondi et consciencieux. Son œuvre, entreprise sur le conseil du Dr Scheffer-Boichorst, a reçu sous sa première forme le prix royal de la Faculté de philosophie de l'Université de Berlin, en 1896, et nous est donnée maintenant avec tous ses développements, qui sont d'une abondance parfois excessive. Imitant la méthode employée par M. Luchaire pour la vie de Louis VI le Gros et par M. Alexandre Cartellieri pour le règne de Philippe-Auguste, notre auteur a dressé le « regeste » (dictionnaire en ancien Français) de Suger, et, dans les références de sa biographie, il renvoie continuellement à ce « regeste ». C'est là un système un peu compliqué et qui provoque des redites sans intérêt... Ainsi, page 32, je lis que le 14 avril 1129 Suger assista au couronnement de Louis VI le Gros à Reims, et la note me convie à consulter le n° 61 du regeste; je m'y reporte et j'y trouve le même fait relaté sous une autre forme : à quoi bon? Les catalogues d'actes, les appendices où sont discutées en détail les questions obscures sont les chevilles ouvrières d'un appareil critique, mais le système du « regeste » risque de conduire au rabâchage. M. Luchaire avait dit l'essentiel sur le rôle politique de Suger, mais il avait laissé volontairement dans l'ombre un des aspects les plus curieux de cette figure historique si complexe. Suger, très modeste. (Annales de la vie de Louis VI, p. lvii.) »

SUGER LE BÂTISSEUR

« Quand il parle des services rendus par lui à la monarchie, il énumère avec fierté les bienfaits dont il a comblé son couvent, et M. Otto Cartellieri a consacré avec raison un long chapitre à Suger comme abbé de Saint-Denis, il aurait dû traiter cette question importante aussitôt après avoir raconté les débuts de Suger. Il aurait ainsi mieux mis en vedette, dans l'œuvre accomplie par ce grand homme, les actes peut-être les plus significatifs de sa vie, ceux dont assurément il était lui-même le plus fier. Gh. Petit- Dutaillis. »]
Suger, abbé de Saint-Denis de 1122 à sa mort, a laissé un triple héritage :
Il a donné à l'unification nationale, centrée en puissance dans le domaine royal, une tâche civilisatrice,
A l'art gothique la prise de conscience de son esthétique,
A l'histoire de France les bases de l'archivistique.
Son œuvre a eu pour cadre l'abbaye de Saint-Denis, qu'il a réformée dans les cinq premières années de son abbatiat et dont l'église reconstruite devient le monument symbolique de la monarchie Française et le modèle du nouvel art gothique. Historien, il a été « créateur d'histoire » auprès de Louis VI et Louis VII, avant de devenir régent de France. En 1147, le roi part pour la Palestine, après avoir confié à Suger l’administration de son royaume pendant son absence. Placé au milieu des discordes et des combats de l’ambition, Suger a bien de la peine à maintenir la paix dans un royaume si vicieusement constitué. Il faut voir, dans le Recueil de ses lettres, ses efforts et sa constante fermeté envers ses dénonciateurs, envers des voleurs de qualité, des intrigants et des conspirateurs parmi ces derniers se trouve même Robert, frère du roi...
Louis VII, pendant sa croisade, apprend ce que valent les prophéties de Saint Bernard :
Il n’éprouve que des revers 
Son armée est plusieurs fois mise en déroute.
Un grand nombre de ses sujets perdent la vie
Il est fait prisonnier sur mer en revenant en France, où il arrive vers la fin de l’an 1149.
Suger le voit avec peine revenir sans gloire et sans armée, il lui rend compte de son administration, confond ses calomniateurs, et reçoit du peuple, suivant l’auteur de sa Vie, le titre glorieux de Père de la patrie... Administrateur, agronome, diplomate et guerrier, il a conçu de vastes programmes d'art et il en a exposé le message spirituel en critique d'art et en iconographe. Il occupe une place considérable entre les grands abbés du Mont-Cassin et de Cluny, d'une part (au XIe siècle et au début du XIIe siècle), et, d'autre part, Bernard de Clairvaux en France et Wibald en Allemagne, comme lui chefs monastiques et politiques, diffuseurs de nouvelles formules artistiques. L'abbatiale de Saint-Denis, mausolée de la monarchie Capétienne et église de pèlerinage d'où partit la IIe Croisade, est la synthèse gothique de Cluny, du panthéon des rois de Léon, de Saint-Jacques de Compostelle et du Mont-Cassin...
Ces termes par lesquels le moine de Saint-Denis, qui est son premier biographe, résume le caractère de Suger s'appliquent à ses multiples activités.
Il a restauré l'ordre avec la justice dans les régions ravagées par les féodaux entre la vallée de Chevreuse et l'Orléanais, n'usant de la force qu'à l'extrême limite de la nécessité.
Il opére une retraite mesurée devant les attaques de Saint Bernard, forçant bientôt l'admiration et attirant la collaboration de l'abbé de Clairvaux.
Après qu'il eut ménagé la retraite d'Étienne de Garlande, le sénéchal de Louis VI.

LE NARTHEX DE SAINT DENIS

Le chœur de la basilique de Saint-Denis dédiée au premier évêque de Paris est solennellement consacré le dimanche 11 juin 1144.
L'abbé Suger invite à la cérémonie le roi de France, Louis VII le Jeune, et sa femme, la duchesse Aliénor d'Aquitaine, ainsi que tous les grands personnages du royaume, y compris les évêques et les archevêques. Ces derniers, émerveillés par la lumière des vitraux et l'élancement de la structure, regagnent leur diocèse avec le désir de reconstruire leur propre cathédrale dans le style particulier de Saint-Denis. C'est le véritable début de l'Art gothique.
Cette abbaye, dont les plus anciennes parties remontent aux rois Mérovingiens de la lignée de Clovis, a été très tôt un lieu de pèlerinage. Dès l'époque de Dagobert, des rois et des princes s'y font inhumés. Pépin le Bref et ses deux fils Carloman et Charlemagne, y ont été sacrés rois de France par le pape (Charlemagne sera par ailleurs sacré empereur à Rome).
Entrepreneur hors pair, Suger fait reconstruire l'église abbatiale de Saint-Denis... Il a le sentiment d’œuvrer ainsi pour la gloire de l'Église et du royaume. Ses conceptions sont à l'opposé de son contemporain et rival, l'austère Bernard de Clairvaux, qui plaide pour le dépouillement des lieux de culte.
Dans un premier temps, pour la façade et la crypte de l'église, l'abbé adopte le style roman de l'époque, non sans introduire sur la façade une superbe rosace, « la première du genre ». L’abbé Suger fait en grande partie reconstruire le palais du roi à Paris, ainsi que l’église de l’abbaye de Saint-Denis ; il emploie des sommes considérables à l’embellissement de cet édifice, un luxe barbare avait passé des cours dans les églises on pensait alors que les dorures et les pierres précieuses ajoutaient un grand mérite aux choses et aux personnes qui en étaient ornées.
Suger, après d’importants travaux, termine sa carrière le 13 janvier 1151, à l’âge de 70 ans. Il est regretté comme on regrette un homme puissant, et, ce qui vaut mieux, comme on regrette un homme utile, d’un caractère et d’une capacité extraordinaires pour son temps. Sa grande âme était renfermée dans un très-petit corps. Il écrit la vie de Louis VI le Gros et celle de son successeur Louis VII, ouvrages curieux pour ceux qui s’occupent de l’histoire du XIIe siècle
S’il n'est point, comme son contemporain Bernard de Clairvaux, mis au rang des saints, en voici la cause :
Bernard avait plus de zèle, et Suger plus de raison. Un moderne a fait le parallèle de ces deux hommes. « Ils avaient, dit-il, tous deux déjà célébrité et mérite. Le premier (Bernard) avait l’esprit plus brillant, et le second l’avait plus solide. L’un était opiniâtre et inflexible, la fermeté de l’autre avait des bornes... Saint Bernard avait l’air, l’autorité d’un homme inspiré, Suger, les sentiments et la conduite d’un homme de bon sens. Un sage n’a jamais raison, auprès de la multitude, contre l’enthousiasme. »
Le style roman (ou romain, c'est-à-dire d'inspiration latine) s'est épanoui après l'An Mil en Occident à l'occasion du renouveau de l’Église. Il se caractérise par des voûtes en berceau soutenues par de solides parois en pierre.
Mais vers 1130, à Sens, à l'occasion de la construction de la cathédrale Saint-Étienne, un nouveau style architectural apparaît subrepticement, plus léger, plus élancé, plus lumineux. L'abbé Suger est séduit par ce nouveau style et décide de s'en inspirer pour l'achèvement de sa chère basilique.

LA MISE AU TOMBEAU

Avec la consécration du chœur de la basilique, les contemporains ont conscience d'assister à la naissance d'un nouveau style architectural, proprement révolutionnaire par sa hardiesse et son caractère résolument novateur... Art gothique ? disons plutôt art Français !
Le style architectural qui caractérise le chœur de Saint-Denis est d'abord baptisé « ogival » par référence à l'ogive ou à l'arc brisé, ou encore « art français » car il est né au XIIe siècle dans le Bassin Parisien, à Sens, Saint-Denis, Laon, Noyon, Paris. Il sera sous la Renaissance baptisé par dérision « art gothique » (c'est-à-dire « à peine digne des Goths »).

Suger (vers 1081-1151) - Le Point

www.lepoint.fr › Culture‎

17 juil. 2013 - Travailleur infatigable, Suger mit, à servir son abbaye, la même ardeur qu'à ... et politique, Suger mourut à Saint-Denis le 13 janvier 1151.

Persée : Otto Cartellieri, Abt Suger von Saint-Denis, 1081-1151.

www.persee.fr/.../bec_0373-6237_1899_num_60_1_452542_t1_0511_...‎

de C Petit-Dutaillis - ‎1899

Otto Cartellieri, Abt Suger von Saint-Denis, 1081-1151. [Histo- rische Studien, verôffentlicht von E. Ebering, Heft XI.) Berlin, Ebering, -1898. In-8°, xv-492 pages.

SUGER - Encyclopædia Universalis

www.universalis.fr/encyclopedie/suger/‎

SUGER (1081-1151). Suger, abbé de Saint-Denis de 1122 à sa mort, a laissé un triple héritage : il a donné à l'unification nationale, centrée en puissance dans ...

Suger de Saint-Denis (1080 - 1151) | Structurae

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Suger de Saint-Denis (*1080 †1151) - biographie, liste des oeuvres construites, bibliographie, littérature, liens et autres détails sur cette personne.

Moyen Âge - Suger( 1081 - 12 janvier 1151) - Herodote.net

www.herodote.net/Bio/Suger-biographie-U3VnZXI=.php‎

Né dans une famille de paysans aisés mais non libres, Suger s'est hissé par ses seuls talents jusqu'au sommet de l'Église et de l'État. Il est considéré à juste .

13 janvier 1151 : mort de Suger, - La France pittoresque

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19 nov. 2009 - Histoire France, Patrimoine. 13 janvier 1151 : mort de Suger, abbé de Saint-Denis. Almanach, événements 13 janvier, éphéméride du 13 ...