1er
AVRIL 2015...
Cette
page concerne l'année 778 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
LA
CHANSON DE ROLAND... LA LÉGENDE.
19
avril : Charlemagne célèbre Pâques à Chasseneuil près de
Poitiers. Il prépare une expédition en Espagne du Nord à l’appel
du gouverneur musulman de Barcelone, Sulayman ben Yaqzan ibn
al-Arabi, révolté contre l’émir de Cordoue (778-782). Il a dû
ajourner son voyage à Rome où le pape doit baptiser son fils
Carloman du nom de Pépin (781).
Deux
armées passent les Pyrénées à l’est et à l’ouest. L’une se
dirige sur Barcelone. L’autre soumet les Vascons de Pampelune puis
met le siège devant Saragosse, dont le wali al-Hussain, revenu sur
la parole donnée, refuse l'entrée aux troupes Franques. La ville
tient bon et les Francs se retirent après un mois et demi de siège,
à l’annonce de la révolte des Saxons...
15
août Défaite des armées Franques à la bataille de Roncevaux :
Dans
les gorges des Pyrénées (le col de Roncevaux n’est mentionné que
par la Chanson de Roland, au XIe siècle), les Vascons écrasent
l’arrière garde de Charles. Selon Eginhard, Roland
(« Hruodlandus »), comte de la marche de Bretagne,
Eggihard, sénéchal du roi et Anselme, comte du Palais, sont tués
dans ce désastre.
Selon
Ibn al-Athir, les fils de Sulayman ibn al-Arabi, prisonnier des
Francs depuis l'échec de Saragosse, participent à l'attaque et
libèrent leur père...
Au
retour d'une expédition contre les Maures d'Espagne, Charlemagne,
ayant imprudemment divisé son armée dans le passage des Pyrénées,
est attaqué par les Vasques. qui anéantissent complètement son
arrière garde engagée dans la vallée de Roncevaux.
Suite
aux troubles récurrents, l’administration de l’Aquitaine est
réorganisée. Neuf comtes Aquitains sont remplacés par des Francs,
des abbés Francs sont nommés à la tête de nombreux monastères.
Les comtes de Bordeaux et de Fezensac surveillent les États des
Vascons, restés indépendants...
Le
capitulaire de Herstal de 779 prévoit la création d'un royaume
rassemblant l'Aquitaine et la Septimanie pour Louis le Pieux.
Le
col de Roncevaux, ou col d'Ibaneta ou port d'Ibaneta (Puerto de
Ibañeta en espagnol), est un col des Pyrénées Occidentales. Situé
près de la frontière Franco-Espagnole, il se trouve néanmoins
entièrement en Espagne, à la limite entre les municipalités de
Valcarlos au nord et de Roncesvalles au sud. Il culmine à 1 057
mètres d’altitude.
Le
nom de col de Roncevaux est également donné aux lieux incertains où
se sont déroulées les diverses batailles de Roncevaux dont celle de
778 qui oppose l'arrière-garde de l’armée de Charlemagne,
commandée par Roland, aux Vascons... Cet épisode a fourni la trame
de La Chanson de Roland et d’une partie de la Chronique du
Pseudo-Turpin.
Ce
col est un point de passage actuel et historique du Camino Navarro
sur le chemin du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Les
deux épisodes essentiels sont le moment où Roland sonne le cor, et
le choc de son épée Durandal sur le roc... Choc qui a ouvert la
brèche de Roland.
Un
cor sculpté en ivoire de l’époque Carolingienne est
traditionnellement considéré comme le cor de Roland, que représente
un vitrail très célèbre du XIIIe siècle à la cathédrale de
Chartres.
Ce
cor fait partie du trésor des rois de France en la basilique
Saint-Denis jusqu'au 11 septembre 1793, date où ce dernier est
largement dispersé ou perdu du fait de la révolution française.
La
tradition a également retenu le nom de Ganelon comme celui du
traître par excellence, et celui d’Olivier, compagnon de Roland,
comme symbole de l’ami parfait...
Une
légende se déroule au col de Cize que l'on assimile aujourd'hui au
col de Roncevaux mais qui pourrait tout aussi vraisemblablement être
le col de Bentarte ou le col de Lepoeder : C’est le cinquième
miracle du « De miraculis sancti Jacobi ».
En
l’an 1080, 30 chevaliers Lorrains décident de partir en pèlerinage
à Compostelle, se promettant tous, à l’exception d’un seul,
aide mutuelle le long du chemin. Ils parviennent jusqu’en Gascogne,
quand un des participants, tombé malade au bourg de Porta Clausa, se
trouve dans l’incapacité de marcher.
Le
soutenant à grand-peine, ses compagnons atteignent en 15 jours, au
lieu de 5, le village Saint-Michel, au pied du col de Cize, avant de
l’abandonner, parjures à leur serment.
Seul,
celui qui s’est abstenu de jurer reste à son chevet. Le lendemain,
au prix de très grands efforts, ils gravissent tous deux la crête
du col, où, la nuit venue, l’âme du malade quitte ce monde,
portée par Saint Jacques au paradis... Glacé d’effroi, voulant
offrir au défunt une sépulture, le chevalier implore l’aide du
saint, qui, surgissant des ténèbres sur son destrier, prend le mort
dans ses bras et invite le Lorrain à monter en croupe derrière lui.
Avant
le lever du soleil, ils sont parvenus au Monte del Gozo dominant
Compostelle, où le défunt est enseveli par les chanoines de la
basilique.
Sur
ordre de Saint Jacques, le chevalier rejoint ses compatriotes à
León, leur narre le miracle, et tous achèvent leur pèlerinage dans
la repentance.
Voici
comment Éginhard, l'historien de Charlemagne, raconte cet échec du
grand empereur :
« Charles,
dit-il, ramène d'Espagne ses troupes saines et sauves.
A
son retour cependant et dans les Pyrénées, il a à souffrir de la
perfidie des Vasques... L'armée défile sur une ligne étroite et
longue, comme l'y oblige la conformation du terrain.
Les
Basques se mettent en embuscade sur la crête de la montagne, qui,
par l'étendue et l'épaisseur de ses bois, favorise leur stratagème.
De là, se précipitant sur la queue des bagages et sur
l'arrière-garde destinée à protéger ceux qui la précédent, ils
la culbutent au fond de la vallée, tuent, après un combat opiniâtre
tous les hommes jusqu'au dernier, pillent les bagages, et protégés
par les ombres de la nuit, qui déjà s'épaissit, s'éparpillent en
divers lieux avec une extrême rapidité.
Les
Vasques ont pour eux dans cet engagement la légèreté de leurs
armes et l'avantage de leur position... La pesanteur des armes et la
difficulté du terrain rendent au contraire les Francs inférieurs en
tout à leurs ennemis.
Egghiard,
maître d'hôtel du roi, Anselme, comte du palais, Rotland,
commandant des marches de Bretagne, et plusieurs autres,
périssent dans cette occasion.
Son
nom mêlé au récit de la défaite de Roncevaux, voilà le seul
souvenir que l'histoire, dans sa réalité, consacre à Roland.
Mais,
si Roland n'a historiquement qu'une médiocre importance, sa figure
s'agrandit et prend, dans le récit poétique, dans les traditions
chevaleresques, des proportions héroïques... Alors ce n'est plus le
commandant des marches de Bretagne dont Éginhard ne nous a transmis
que le nom et le titre : Roland ! Le chevalier du
Moyen-Âge, est un des principaux personnages de ces naïves épopées.
Roland,
le glorieux vaincu de Roncevaux, le héros des poèmes chevaleresques
du Moyen-Âge, rappelle donc tout un ensemble de littérature,
représente les mœurs de toute une époque... Roland revêtu de son
armure, serrant sur sa poitrine la célèbre Durandal, que nous nous
sommes efforcé de reproduire, plutôt que le commandant des marches
de Bretagne...Celui-ci n'est qu'un nom jeté au hasard dans la foule
de ceux qu'écrit le chroniqueur...
LA CHANSON DE ROLAND (OXFORD) |
L'autre
est le personnage illustre de bien des chants héroïques c'est la
personnification la plus brillante, la plus animée, de cette
chevalerie qui née vers le milieu du onzième siècle se prolonge
jusqu'aux derniers jours du douzième dans sa réalité, et jusqu'au
règne brillant de François 1er dans son apparence et dans sa
forme...
La
chevalerie, dont la figure imaginaire de Roland est un des
types les plus précis, les plus brillants, est une institution
d'une haute importance à une époque où la force semble la seule
loi, le seul droit. Fondée sur 3 grandes passions :
La
foi, la valeur et l'amour.
Prenant
pour devise : « Dieu et ma Dame », la Chevalerie,
tant poétique, tant idéale malgré l'imperfection et le vague où
elle demeure, fait faire de grandes choses, excite l'enthousiasme
et influe heureusement sur le développement moral de la société.
A
la fois, pour ainsi dire, prêtre et soldat, le chevalier
s’appuie sur le courage et la religion : Il fait bénir cette épée
qu'il consacre à la défense du bon droit dans son noviciat, il
apprend l'obéissance et la valeur, enfin, avant que le jeune écuyer
reçoive l'accolade, et soit armé chevalier par son maître, il doit
avoir fait preuve de vertu, de courage, de piété, et s'être lié
par ses serments à protéger le faible, l'orphelin, et à ne
combattre que pour la bonne cause, puis il part pour les grandes
aventures, pour les prises d'armes, pour les lointaines
expéditions...
Ce
sont ces mœurs, ces vertus héroïques cette pureté de cœur, cette
vaillante audace que célèbrent les poèmes chevaleresques,
et, pour en rehausser sans doute l'éclat, on les met sous le
patronage des hommes qui ont laissé dans l'histoire un nom
célèbre... Glorieux !
C'est
ainsi que Charlemagne est le héros d'un roman, d'une épopée où le
vainqueur des Saxons se transforme sous l'armure du chevalier. Dans
ces récits l'histoire et la fantaisie, la réalité et l'idéalité
se confondent, se
BATAILLE DE RONCEVAUX |
mêlent
à ce point que, plus tard, l'histoire hésite longtemps sur la voie
quelle doit suivre, ignorant où est la vérité, et qui elle doit
adopter, de ces physionomies : Celles idéales,
resplendissantes de dévouement, de franchise, de piété des
chevaliers ou celles des francs, barbares et courageux vainqueurs des
invasions Saxonnes, dont les traits sont durs, sauvages, dont la
politique est adroite, rusée, la foi intéressée... Mais il ne leur
faut pas oublier qu'ils sont les deux à la fois, suivant les
circonstances et les aléas de la guerre...
Roland
est une des plus intéressantes et aussi une des mieux
conservées de ces figures à demi réelles, à demi inventées :
Sa
défaite à Roncevaux, son courage et celui des 12 pairs qui
l'accompagnent,
forme
un des épisodes les plus remarquables de ce vaste ensemble de poèmes
appelé le Cycle de Charlemagne, dont la célèbre Chronique de
l'archevêque Turpin a fourni les premiers et les principaux traits,
et qu'animent Renaud de Montauban et ses frères, Merlin, Gannelon,
tous ces personnages fameux des récits chevaleresques du
Moyen-Âge...
Charlemagne
règne depuis 10 ans, il combat sur tous les fronts (Allemagne,
Espagne) à coup d’épée et de hache pour faire progresser la foi
chrétienne et consolider ses possessions.
Au printemps 778, Charlemagne se rend en Espagne avec son armée pour aider l’Émir de Saragosse en guerre contre l’émir de Cordoue. Charlemagne s’empare de Pampelune, fait raser les murailles de la ville. L’émir de Saragosse s’est enfin soumis, c’est Ganelon un des officiers de Charlemagne qui a négocié cette soumission mais comme il est jaloux de la gloire de Roland duc de Bretagne et neveu de Charlemagne, il a en même temps prévu de le faire éliminer...
Charlemagne ayant eu de mauvaises nouvelles de son pays, reprend le chemin de la Francie.
Au printemps 778, Charlemagne se rend en Espagne avec son armée pour aider l’Émir de Saragosse en guerre contre l’émir de Cordoue. Charlemagne s’empare de Pampelune, fait raser les murailles de la ville. L’émir de Saragosse s’est enfin soumis, c’est Ganelon un des officiers de Charlemagne qui a négocié cette soumission mais comme il est jaloux de la gloire de Roland duc de Bretagne et neveu de Charlemagne, il a en même temps prévu de le faire éliminer...
Charlemagne ayant eu de mauvaises nouvelles de son pays, reprend le chemin de la Francie.
Rentrant en Francie, Charlemagne traverse les Pyrénées suivi par toute son armée. Mais l’armée avance lentement et Charlemagne est pressé de rentrer. Ganelon en qui il a confiance, propose à Charlemagne de confier l’arrière garde à son neveu Roland ce qui peut permettre au reste de l’armée d’avancer plus vite. Rassuré de savoir son arrière garde en bonnes mains, Charlemagne se hâte vers la Francie.
L’EXÉCUTION DE GANELON |
Mais
Ganelon est un traître, aussitôt Charlemagne éloigné, il permets
aux Sarrasins et aux Vasques de tendre une embuscade en attaquant
l’arrière garde des Francs dans le col de Roncevaux.
Installés
au sommet de la montagne, les ennemis font tomber de lourds rochers
sur les Francs et en tuent beaucoup. C’est une hécatombe...
Voyant
le désastre, Olivier le bras droit de Roland lui conseille d’alerter
Charlemagne, Roland refuse, il veut combattre seul les Sarrasins.
La
bataille est violente, les ennemis descendent de la montagne et font
basculer les survivants dans le ravin qui borde le chemin.
Une
seconde fois Olivier supplie Roland d’alerter Charlemagne mais une
seconde fois Roland refuse.
Roland
se retrouve maintenant seul face aux ennemis car Olivier et tous les
autres soldats sont morts. Comprenant son erreur, Roland souffle de
toute ses forces dans son cor pour appeler Charlemagne à la
rescousse.
Quand
Charlemagne arrive enfin dans le ravin de Roncevaux, il est trop
tard. Son armée est décimée et Roland est mort…
Voici
comme la tradition chevaleresque raconte cette journée dont Roland
fut à la fois le héros et la victime :
Surpris
par les Sarrasins dans la vallée de Roncevaux, Roland et les 12
pairs se défendent vaillamment, mais, accablés par le nombre, ils
succombent.
Cependant,
percé de 4 coups de lances, blessé de coups de pierres, Roland seul
parvient
à échapper aux Sarrasins :
«
Lors commence Roland, blessé qu'il est, à aller droit sur la
voie, vers Charlemagne, tant il va qu'il arrive jusqu'au pied de la
montagne de Césarée, au-dessous de la vallée de Roncevaux. Il
trouve un beau préau d'herbe, un bel arbre et un grand perron.
Il
descend de cheval, et s’assoit pour se reposer, se trouvant mal il
ne peut se soutenir, tourne le visage vers l'Espagne en faisant de
grandes complaintes... dès lors tire son épée Durandal toute
nue, et, après qu'il l'ait longuement regardée, il commence à la
regretter en pleurant :
« Espée
très belle, claire et flamboyante, j'aurai trop grande douleur si
mauvais ou paresseux chevalier te possède après moi ! Et ce disant,
il se lève, et en frappe 3 coups sur le perron qui est là pour la
briser et la rompre, et frappe de telle puissance qu'il brise le dit
perron tout en travers et demeure son espée entière...
Alors
son cor d'ivoire met à la bouche, et sonne de si grande force et
vertu qu'il le fend, et tant s'efforce de souffler qu'il se rompt les
nerfs et veines du col ».
Charles
entendit l'appel de son neveu... Mais le traître Ganelon, qui a
préparé l'embuscade de Roncevaux, l'empêche de retourner sur ses
pas.
« Ne
voyez-vous pas, dit-il, que Roland chasse dans la forêt et qu'il n'a
pas besoin de vos secours ! »
Son
frère Beaudoin vient enfin à son aide, mais quand il retourne ver
lui, il le trouve mort... Il bénît l'âme, prend son cor, son
cheval, son espée puis s'en retourne auprès de Charlemagne.
0RREAGA |
De
tous les souvenirs chevaleresques, celui de Roland est demeuré le
plus populaire : A chaque pas, dans le Midi, ou retrouve les
traces de cette fabuleuse et héroïque figure.
La
brèche de Roland, dans les Pyrénées, vaste défilé au milieu des
montagnes, atteste encore la trempe de sa puissante épée.
Dans
le Roussillon, le pas de Roland maintient son souvenir.
A
Blaye on a longtemps conservé son cor d'ivoire... Ce cor merveilleux
dont les sons se font entendre à 7 lieues de distance et avec lequel
il a adressé à son oncle Charlemagne ses suprêmes adieux.
Enfin
souvent nos soldats, dans les guerres contre les Anglais, s'animaient
au combat en chantant la romance dont les aventures de Roland forment
le sujet...
Aux
petits enfants, on racontait l’histoire de la bravoure du neveu de
Charlemagne surpris par les Sarrasins à Roncevaux dans un défilé
lugubre des Pyrénées...
Il
y a Roland à l’arrière-garde refusant d’appeler Charlemagne à
l’aide en sonnant de son olifant d’ivoire.
La
trahison de Ganelon.
Roland
ne parvenant pas à briser son épée Durandal.
Roland
sonnant finalement de son cor mais si fort que ses veines éclatent…
Charlemagne
qui entend l’appel trop tard et revient venger son neveu, les
Sarrasins décimés, le traître Ganelon mis à mort, la fiancée de
Roland, la belle Aude, qui meurt de chagrin en apprenant la fin du
paladin...
Voilà
ce qu’on leur racontait dans les livres d’histoire avec des
gravures édifiantes montrant Roland soufflant dans son olifant…
Et
cet après midi, le grand médiéviste Michel Zink revenant sur les
origines de cette Chanson de Roland (dans le cadre de son cours au
Collège de France intitulé « Quel est le nom du poète ? »).
Michel
Zink part du manuscrit d’Oxford, reconnu généralement comme la
meilleure version. Il a été composé vers 1125-30, soit plus de 3
siècles après la bataille de Roncevaux du 15 août 778.
Michel
Zink montre comment le récit historique s’établit très
progressivement : Les Annales de Charlemagne évoquant à peine cet
épisode présenté comme une simple escarmouche autour des bagages
de son armée que des bandits Vasques tentent de voler. Le nom de
Roland lui-même n’apparaît que dans des récits beaucoup plus
tardifs et paraissant même avoir été ajouté postérieurement. Ce
sont finalement des sources arabes plus tardives encore qui révèlent
que la bataille est plus importante que ne l’avouent les sources
Franques et a pour objectif de libérer un important chef Sarrasin,
l’émir Omeyyade de Cordoue, Suleiman Ben al Arabi…
Donc
des événements historiques très éloignés de l’épopée
racontés aux enfants et qui fit la légende de la Chanson de Roland
!…
Voici
ce qu’il dit :
« Extrêmement
populaire dès les premières années du XIIe siècle, la Chanson de
Roland a été composée vers 1100 mais la bataille de Roncevaux
qu’elle relate s’est déroulée le 15 août 778.
La
question est donc :
Que
s’est-il passé pendant ces 3 siècles ?
Qu’y
a-t-il entre la bataille et le poème ?
Que
sait-on d’ailleurs de cette bataille ?
RONCEVAUX |
Pour
cette année 778, les Annales royales mentionnent effectivement une
expédition de Charlemagne en Espagne à la demande de l’émir de
Saragosse. Les annales royales ne soufflent mot de la moindre
défaite.
Mais,
environ 20 ans plus tard, donc encore du vivant de Charlemagne, elles
font l’objet d’une seconde rédaction dans laquelle est ajouté
qu’au retour d’Espagne, beaucoup de Francs sont tués dans une
embuscade tendue dans les Pyrénées par les Vasques pilleurs de
bagages.
Rien
de plus n’est dit et aucune victime n’est nommée. Là on est
vers 798-800.
30
ans plus tard, vers 830, Eginhard écrit sa Vie de Charlemagne où il
raconte qu’au retour de son expédition victorieuse, en
franchissant les Pyrénées, Charlemagne doit éprouver la perfidie
des Vasques et que, dans cette bataille, sont tués le sénéchal
Eggihard, Anselme conte du Palais et Roland, duc de la Marche de
Bretagne, parmi beaucoup d’autres.
Encore
10 ans plus tard, vers 840, une Vie de l’Empereur Louis (le Pieux)
dit : « ceux qui marchaient à l’arrière-garde de l’armée
ont été massacré dans la montagne. Comme leurs noms sont bien
connus, je me dispense de les redire »…
Généralement,
au fur et à mesure que le temps passe, l’événement a tendance à
s’effacer des mémoires. Or, dans cet épisode de Roncevaux, on en
parle au contraire de plus en plus.
D’abord
on n’en parle pas du tout... Et plus le temps passe, plus on le
mentionne avec une insistance croissante. D’abord en passant,
ensuite en disant qu’il y a eu beaucoup de morts sans les
mentionner, et après on dit que les noms sont tellement connus qu’il
est même inutile de les mentionner !
Au
milieu du IXe siècle, tout le mode sait qu’il y a eu une grande
bataille à Roncevaux, et tout le monde sait qui y est mort.
Eginhard
nomme bien Roland, mais il le nomme en dernier, après Eggihard et
Anselme, donc, à ses yeux Roland est le moins considérable des 3
morts illustres. C’est d’autre part le seul dont nous ne savons
rien : Eggihard et Anselme nous sont bien connus, mais Roland, nous
ne le connaissons pas du tout... Et en plus sa mention n’est pas
dans tous les manuscrits. On a aussi une liste des « fidèles
Palatins », c’est à dire l’entourage immédiat de
Charlemagne, là encore Roland semble y avoir été ajouté.
Enfin,
tous ces témoignages s’accordent à voir dans l’embuscade une
embuscade des Vasques et non pas des Sarrasins...
Si
on revient au poème, la Chanson de Roland confirme la célébrité
croissante de la bataille de Roncevaux. On n’en parle pas, puis on
en parle un peu plus, puis on en parle beaucoup et à la fin (trois
siècles après) on y consacre tout un poème.
La
Chanson prend donc des libertés avec l’histoire en accordant à
Roland une importance qu’il n’a jamais eue, à supposer qu’il
ait véritablement existé, et substitue les Sarrasins aux Vasques…
Si
on se tourne maintenant vers les historiens arabes pour voir ce
qu’ils disent de l’événement, on trouve une version très
différente :
Selon
un chroniqueur du XIIIe siècle, Ibn al-Athir, Charlemagne est venu
en Espagne à la demande du Gouverneur de Saragosse qui s’est
révolté contre l’émir Omeyyade de Cordoue Suleiman Ben al Arabi.
Charlemagne
pense profiter de cette dissension pour occuper Saragosse et faire de
son gouverneur son vassal, mais le temps qu’il arrive, il y a eu
réconciliation entre le gouverneur et le calife, et Charlemagne
trouve les portes de la ville fermées...
D’après
Ibn al-Athir, Charlemagne a néanmoins réussi à s’emparer de
l’émir Omeyyade de Cordoue Suleiman Ben al Arabi, puis il est
reparti vers la Francie en l’emmenant prisonnier... Mais (et c’est
là que l’histoire diverge) lors du passage du col à Roncevaux,
les fils de Ben al Arabi, sans doute appuyés par les Vasques, ont
attaqué les Francs et délivré leur père.
Donc
la bataille de Roncevaux n’a pas été un simple accrochage avec
des montagnards Vasques ayant pour seule ambition de piller les
bagages mais un combat contre les Sarrasins, et donc pour Charlemagne
un revers assez important.
Divers
recoupements rendent cette version plausible. D’abord elle
s’accorde avec certains détails des Annales qui mentionnent la
capture de Suleiman Ben al Arabi, mais ne parlent plus du tout de lui
ensuite (alors qu’un tel otage constitue un atout important dans
les mains de Charlemagne). Si ce dernier ne joue plus de cet atout,
c’est vraisemblablement qu’il ne l’a plus entre les mains.
D’autre
part, si cette version est proche de la vérité, on comprend alors
très bien cette popularité croissante de l’histoire.
Les
Annales officielles, écrites à chaud l’année même, n’en
disent rien parce que c’est une défaite et qu’on essaie sur le
moment de la passer sous silence. Mais comme c'est une défaite
importante, du fait du prestige des morts, elle a marqué les
esprits. Au point qu’au fil des années, il devient impossible de
ne pas en parler... Alors elle est mentionnée mais du bout des
lèvres, on en minimise l’importance (ce seraient des « Vasques
voleurs de bagages »…), et puis on finit pas lâcher le
morceau aux prix d’incohérences qui laissent deviner la vérité.
Par
exemple, si vraiment c’est un raid de pillards contre les bagages
qui sont à l’arrière-garde, que font alors parmi les bagages le
sénéchal Eggihard (équivalent d’une sorte de Premier
ministre-Chef d’État-major) et Anselme comte du Palais (Commandant
de la garde personnelle de Charlemagne) ?
Leur
place est auprès de Charlemagne et non avec les bagages. Et s’ils
ont trouvé la mort dans cette bataille, c’est que la bataille a
engagé toute l’armée ou que l’armée reflue dans de mauvaises
conditions.
Ce
n’est pas une version compatible avec de simples bandits Vasques
voleurs de bagages.
Tout
cela est évidemment de l’hypothèse, mais s’il y a une part de
vrai dans la version Ibn al-Athir, alors cela veut dire que la longue
mémoire, qui 3 siècles après l’événement se fait entendre dans
le poème Français, a raison contre l’histoire officielle, au
moins en ce qui concerne la nature de la bataille, parce que le reste
serait pure fiction (à commencer par l’existence même de Roland
qui reste une énigme)...
Quelle
forme a pris cette longue mémoire ?
Y
a t-il eu des textes enfouis au fond de monastère qu’on a retrouvé
?
Y
a t-il eu une mémoire vivante pendant 3 siècles qui à un moment
s’incarne dans un poème ?
Joseph Bédier, qui parlait du « silence des siècles », ne croit pas à cette mémoire vivante. Est ce qu’on peut trouver la trace d’une légende de Roland antérieure à la Chanson de Roland ?
Joseph Bédier, qui parlait du « silence des siècles », ne croit pas à cette mémoire vivante. Est ce qu’on peut trouver la trace d’une légende de Roland antérieure à la Chanson de Roland ?
On
a observé depuis longtemps que certains traits de la Chanson de
Roland du manuscrit d’Oxford sont trop archaïques pour la fin du
XIe siècle. Par exemple, avant la bataille de Roncevaux, lorsque
Charlemagne confie l’arrière-garde à Roland, il lui remet
solennellement son arc en signe de délégation de commandement.
Or
à la fin du XIe siècle, l’arc est une arme de chasse ou de
fantassin mais n’est plus un insigne de commandement.
Au
moment de la mort de Roland, la Chanson dit également qu’il y a
des signes dans le ciel et qu’il y a une tempête effroyable qui
frappe la Francie entière dans des frontière qui sont celles de la
Francie Carolingienne d’après le découpage des petits-fils de
Charlemagne : C’est donc celle de Charles le Simple et ce n’est
pas celle des premiers Capétiens » etc...
Selon la légende, le comte Roland blessé dans la bataille de Roncevaux, avant de mourir, tente de briser son épée « Durandal » contre la roche pour qu’elle ne tombe pas aux mains de ses ennemis, mais l’épée brise le rocher comme un vulgaire caillou créant ainsi « la brèche de Roland », l’épée quand à elle demeure ferme et solide, alors Roland lance de toute ses forces l’épée vers la vallée, l’épée traverse les airs sur des kilomètres et se plante dans un rocher à Rocamadour... Elle y est toujours visible de nos jours...
Selon la légende, le comte Roland blessé dans la bataille de Roncevaux, avant de mourir, tente de briser son épée « Durandal » contre la roche pour qu’elle ne tombe pas aux mains de ses ennemis, mais l’épée brise le rocher comme un vulgaire caillou créant ainsi « la brèche de Roland », l’épée quand à elle demeure ferme et solide, alors Roland lance de toute ses forces l’épée vers la vallée, l’épée traverse les airs sur des kilomètres et se plante dans un rocher à Rocamadour... Elle y est toujours visible de nos jours...
C’est
un poème et une chanson de geste de la fin du XIe siècle crée par
un poète anonyme. Cette chanson comporte environ 4 000 vers écrit
en ancien français, elle relate le combat fatal du chevalier Roland.
En voici un extrait :
« Le
noble Charles, Roi des Francs,
Avait passé monts et torrents,
Restait l’arrière-garde
Ayant pour chef Roland le Preux
Voilà qu’ils se hasardent
Au fond d’un val bien ténébreux.
Avait passé monts et torrents,
Restait l’arrière-garde
Ayant pour chef Roland le Preux
Voilà qu’ils se hasardent
Au fond d’un val bien ténébreux.
Hélas
! Le traître Ganelon
Avait gardé ce noir vallon
Car une armée immense
Soudain descend des pics voisins,
La lutte à mort commence
Aux cris stridents des Sarrasins. […]
Avait gardé ce noir vallon
Car une armée immense
Soudain descend des pics voisins,
La lutte à mort commence
Aux cris stridents des Sarrasins. […]
On
dit parfois que La Chanson de Roland constitue le début de
l’histoire littéraire, malgré les incertitudes qui demeurent
relativement aux dates et aux identités des auteurs.
Les
auteurs, les dates
La
Chanson de Roland a été probablement écrite vers 1 100 par un
poète anonyme qui s’appelle Turold.
Une dizaine de manuscrits sont parvenus, dont « le manuscrit d’Oxford » qui est considéré comme l’original. L’auteur de ce manuscrit reste inconnu.
La Chanson de Roland s’est étoffée au fil des siècles, colportée par des troubadours, et comporte 9 000 vers à la fin du XIIIe siècle, soit le double du « Roland d’Oxford » (la version la plus ancienne).
Alors, comment s’est conservé le souvenir historique de ce combat : Y a-t-il eu exagération, atténuation ?
Une dizaine de manuscrits sont parvenus, dont « le manuscrit d’Oxford » qui est considéré comme l’original. L’auteur de ce manuscrit reste inconnu.
La Chanson de Roland s’est étoffée au fil des siècles, colportée par des troubadours, et comporte 9 000 vers à la fin du XIIIe siècle, soit le double du « Roland d’Oxford » (la version la plus ancienne).
Alors, comment s’est conservé le souvenir historique de ce combat : Y a-t-il eu exagération, atténuation ?
C'est
ce qu’on appelle un glissement de l’histoire vers la légende.
L’œuvre,
en résumé :
L’arrière-garde
de l’armée de Charlemagne rentre d’une expédition victorieuse
en Espagne qui a duré 7 ans. Elle est commandée par Roland, le
neveu de Charlemagne, entouré de 12 pairs dont Olivier et
l’archevêque de Turpin.
L’armée est attaquée par les Sarrasins à Roncevaux, après la trahison de Ganelon, le beau-père de Roland, qui est jaloux de la préférence de Charlemagne.
Olivier tente de convaincre Roland d’appeler Charlemagne à la rescousse, mais en vain. Toute l’arrière-garde périt, Roland le dernier, avant l’arrivée de Charlemagne.
L’archange Gabriel emporte l’âme de Roland au paradis et Charlemagne venge ses hommes... De retour à Aix La Chapelle, il annonce à la belle Aude le décès de Roland, elle n’y survit pas…
L’armée est attaquée par les Sarrasins à Roncevaux, après la trahison de Ganelon, le beau-père de Roland, qui est jaloux de la préférence de Charlemagne.
Olivier tente de convaincre Roland d’appeler Charlemagne à la rescousse, mais en vain. Toute l’arrière-garde périt, Roland le dernier, avant l’arrivée de Charlemagne.
L’archange Gabriel emporte l’âme de Roland au paradis et Charlemagne venge ses hommes... De retour à Aix La Chapelle, il annonce à la belle Aude le décès de Roland, elle n’y survit pas…
Après
la bataille, Charlemagne fait juger Ganelon qui est condamné à
mourir écartelé.
La
chanson est communément divisée en quatre parties :
La
trahison de Ganelon.
La
bataille de Roncevaux.
La
vengeance de Charlemagne.
Le
jugement de Ganelon.
Les
thèmes abordés :
L’idéal
chevaleresque, le héros épique. Le chevalier est un guerrier
exemplaire avec un courage et une vaillance sans borne. Il n’écoute
pas la fatigue ni la peur. Il est soumis à son suzerain, à sa
patrie et à sa famille, lié par un sentiment d’honneur exacerbé.
Il s’inscrit dans la lutte pour la chrétienté, prêt à écraser
les infidèles.
La Chanson de Roland illustre un idéal moral, la nécessité d’une guerre contre les païens. L’héroïsme est au service de Dieu.
Le merveilleux :
De nombreux éléments relèvent de la Merveille, comme la surpuissance de la petite armée, l’épée Durandal contenant nombre de reliques (dent, sang, cheveux, vêtement…), les prodiges météorologiques comme la tempête mêlant grêle, vent et pluies diluviennes à la mort de Roland, l’intervention de Saint Gabriel qui obtient de Dieu la halte du soleil pour permettre la victoire…
La Chanson de Roland illustre un idéal moral, la nécessité d’une guerre contre les païens. L’héroïsme est au service de Dieu.
Le merveilleux :
De nombreux éléments relèvent de la Merveille, comme la surpuissance de la petite armée, l’épée Durandal contenant nombre de reliques (dent, sang, cheveux, vêtement…), les prodiges météorologiques comme la tempête mêlant grêle, vent et pluies diluviennes à la mort de Roland, l’intervention de Saint Gabriel qui obtient de Dieu la halte du soleil pour permettre la victoire…
Les
personnages :
Charlemagne
C'est un héros légendaire, fervent défenseur de la chrétienté :
C'est un héros légendaire, fervent défenseur de la chrétienté :
«
Quiconque le voit et sait le connaître dit que l'empereur est un
preux. J'aurais beau le vanter et le louer.
Il
y a en lui plus d'honneur et de vertu que je ne saurais dire.
Sa
grande valeur, qui peut la conter ?...
Dieu
l'a illuminé de tant de noblesse qu'il aime mieux mourir que
d'abandonner ses barons. » (Laisse XL).
Roland
C'est un héros épique connu pour ses exploits guerriers et son charisme de meneurs d’hommes. Il est invincible puisqu’il meurt d’une blessure qu’il s’inflige lui-même, (en sonnant du cor).
Roland
C'est un héros épique connu pour ses exploits guerriers et son charisme de meneurs d’hommes. Il est invincible puisqu’il meurt d’une blessure qu’il s’inflige lui-même, (en sonnant du cor).
Il
est fidèle aux siens et c’est précisément son grand sens de
l’honneur face aux infidèles envers sa patrie, son suzerain, son
empereur et sa lignée qui lui coûte la vie.
Fervent
chrétien, il fait bénir les cadavres de ses pairs et implore le
pardon de Dieu avant de mourir.
Ganelon
Il est mû par son orgueil. Blessé de ne pas être l’élu de Charlemagne, il est manipulé par ses compagnons qui aggravent sa haine et il met l’armée en péril pour voir Roland s’effondrer.
Ganelon
Il est mû par son orgueil. Blessé de ne pas être l’élu de Charlemagne, il est manipulé par ses compagnons qui aggravent sa haine et il met l’armée en péril pour voir Roland s’effondrer.
Il
sacrifie son honneur propre, trahit son empereur pour assouvir sa
haine.
Il
incarne le désir de pouvoir, la félonie, la traîtrise envers les
siens pour privilégier l’intérêt personnel.
L'essentiel
La
Chanson de Roland a connu un vif succès d’emblée, qui se
répercutera au fil des siècles. En témoignent nombres de poésies
et pièces de théâtre qui exploitent les personnages du cycle de
Roland, notamment chez Victor Hugo.
Roland
à Roncevaux. 778 - Vallée du Ciron
www.vallee-du-ciron.com/Documents/Ouvrages/.../778.Roland.htm
Année
: 778. Roland à Roncevaux. ... Voici comment Éginhard, l'historien
de Charlemagne, raconte cet échec du grand empereur : "Charles,
dit-il, ramena ...
Bataille
de Roncevaux (778) — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Roncevaux_(778)
Cette
bataille de l'histoire de France a été rendue célèbre par la
Chanson de Roland, œuvre .... la ) Annales Regni Francorum [archive]
voir l'année [778].
Mort
de Roland à Roncevaux en 778 - La France pittoresque
www.france-pittoresque.com
› Histoire des Français
30
janv. 2014 - Histoire des Français. Mort de Roland à Roncevaux en
778. Bataille, héros sonnant du cor, vallée des Pyrénées -
Histoire de France et ...
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