Cette
page concerne l'année 764 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
LES
PREMIERS DÉBATS CONTRE LES ARABES CHRÉTIENS
« Ne consommez pas les bêtes égorgées des chrétiens des Banû Taghlib,
Car
s’ils s’accrochent au christianisme, ça n’est que pour les
boissons fermentées. »
(Hadîth
de ‘Alî ben Abî Tâlib par Ibn al-' Abbâs et Jarîr)
YEZIDI |
Il
nous éclaire énormément sur le contexte qui a pu présider à de
telles codifications.
Le
deuxième tome du dictionnaire biographique de Al-Azdî, le seul
conservé, est également un complément appréciable pour l’histoire
politique de la Jazîra (région située en marge des terres
cultivées de Syrie) du VIIIe siècle, il est par contre bien ténu
en ce qui concerne le premier siècle (musulman). Les
sélections
réalisées dans les notices poétiques, ou d’épopées comme
celles de
la
Waqa‘a Ciffîn de Naçr ben Muzâhim, permettent de dater
phénomènes et
apparitions.
Le
hadîth se présente de deux manières. Tout d’abord, l’Isnâdde
‘Alî a transmis une malédiction et qui est plus tardivement
l’outil de l’exégèse coranique et de la jurisprudence... A
propos des rapports que la Umma doit entretenir avec les Arabes
chrétiens.
Ensuite,
un hadîth lié à la Sîra, uneWufûd (délégation) de Taghâlibâ,
dont la datation incertaine varie considérablement entre SayfAayf
ben'Umar 798 et Ibn Sa‘d (849)...
Le
traitement que les sources appellent à tort « externes »
consacrent aux Taghlib, et en général aux Arabes chrétiens du nord
du Shâm et de la Jazîra, la mémoire martyrologue et tribale.
En
premier lieu, l’historiographie Syriaque a conservé un document
exceptionnel, qui rappelle le « parfait martyr » de
2 personnages :
Taghlib
cette source se situe au croisement d’un genre martyrologue
typiquement chrétien qui éclot dans le contexte de la réforme
Marwânide, mais aussi d’une mémoire poétique tribale, et qui
recoupe de nombreuses informations de l’historiographie arabe à
propos des tribus chrétiennes...
Le
traumatisme ressenti par les populations Arméniennes et Syriaques du
nord du « territoire arabe » (Ard al-‘arab) suite
à la puissante contre-offensive menée par Muhammad, frère de ‘Abd
al-Malik a donné lieu à une débauche de
« visions
apocalyptiques », souvent placées sous l’autorité de grands
prédicateurs des Ve et VIe siècles de l’ère Dionysienne.
Ces développements, à forte coloration polémique, cherchent dans le Livre de référence, la Bible, des réponses aux événements du temps présent... Ils tentent également de renforcer chez leurs ouailles une ambition de résistance à l’ordre Arabo-Ismaelite, de plus en plus vindicatifs à leur égard. Pourtant, sous les premiers Marwânides, les « Arabes chrétiens » ne sont pas utilisé dans ces diverses constructions idéologiques.
Ces développements, à forte coloration polémique, cherchent dans le Livre de référence, la Bible, des réponses aux événements du temps présent... Ils tentent également de renforcer chez leurs ouailles une ambition de résistance à l’ordre Arabo-Ismaelite, de plus en plus vindicatifs à leur égard. Pourtant, sous les premiers Marwânides, les « Arabes chrétiens » ne sont pas utilisé dans ces diverses constructions idéologiques.
Aucun
contemporain ou immédiat successeur ou disciple de l’évêque
Yûsuf (Yôsef da-Taglibê) mentionné dans l’histoire
universelle de Michel le Syrien, n’a tenté, d’en faire le
défenseur des âmes de la tribu dont il a la charge. Pourtant,
une rhétorique islamique se développe côté arabe, supportée par
les clans Qaîsites qui font grand usage de l’histoire pour
démontrer leur supériorité sur les Arabes qui les ont précédés
au Proche-Orient, aussi bien du point de vue du nasab (filiation
généalogique) que de la sâbiqa ( fidélité sans faille à la
nouvelle religion). Sans doute peut-on imaginer que la
contre-offensive menée d’abord par Léontos, puis par le Basileus
réformateur Justinien II entre 685 et 692 et à nouveau par son
successeur entre 700 et 701 a peut-être provoqué le ralliement
de certains groupes arabes, peut-être les mêmes que ceux décrits
comme les « Arabes traîtres qui ont abandonné Umar pour
Heraclius » (Ghassân, Tanûkh, Iyâd).
Cependant
rien n'interdit, d’imaginer que les insurrections ont du être
nombreuses, comme en Arménie, et que les Apocalypses et brèves
chroniques, comme les désastres, servent de justification à de tels
mouvements... Un Muhammad est ainsi mis en scène par Michel le
Sirien comme étant venu à la rencontre de Ma‘âd, chef rêshonô
(c’est-à-dire râ’is) d’un groupe de Taghlib (Taglibê) et lui
a imposé de « devenir Mahgrê » (Atahger),
« croyant » celui-ci a alors refusé avec bravoure,
résistant aux brimades. Il est finalement supplicié et son corps
soumis à un traitement infamant, puisqu’il est interdit
d’inhumation...
Un
miracle permet à son corps de se conserver sans « se corrompre
ni être dévoré par les animaux ». Le martyr est ainsi retrouvé
ensuite par l’évêque Eusthatius de Dara, c’est-à-dire
l’évêque du Khabûr, sans doute aussi évêque en charge des
Taghlib, mais pour une date difficile à établir, sans doute avant
745 qui est la nomination d’un certain Dawûd à cet évêché pour
une vingtaine d’années, peut être également est-il postérieur à
ce grand évêché unitaire et d’obédience jacobite occidentale
resté dans la mémoire Syriaque sous le nom de Gawrgî
da-Tayyâyê (Georges des Arabes), qui décède en 724 (donc
contemporain de Hishâm)...
Mais
c’est un certain Walîd qui reste le plus célèbre, puisqu’il
est repris par Bar Hebraeus dans sa Chronographie...
Ce
personnage n’est pas forcément, dans l’esprit des premiers
transmetteurs de l’information, le fils de ‘Abd al-Malik,
mais peut être « ‘âmil ‘arab al-jazîra ». Néanmoins, pour
les deux historiographes, il s’agit bien du second calife
Marwanide (705-715).
Grégoire
Abû al-Farâj ben Hârûn al-‘Ibrî (Bar Hebraeus) introduit son
propos par un épisode central dans la transformation politique du
Proche-Orient. Il lie l’épisode à la volonté de Al-Walîd
d’expurger la langue grecque de l’administration fiscale et
d’imposer la langue arabe, et associe cela à la réputation « il
hait les chrétiens ». « Il ordonne alors aux
collecteurs, administrateurs des chrétiens de ne plus rédiger les
comptes publics en grec, mais en arabe ».
Les
2 auteurs Syriaques mettent également en évidence le caractère
arabe de la religion islamique et l’incompatibilité de l’adoration
de la croix avec la doctrine muhammadienne de plus en plus clairement
définie. « Tu es le Chef (rêshânâ) des Tayyâyê et tu leur
fais honte à tous en adorant la croix, alors obéis moi, et nehagr
(aslam) ».
Cet
élément comporte une ressemblance troublante avec ce propos que
Tabarî attribue à ‘Umar, alors qu’un autre al-Walîd (Ibn
‘Uqba) lui envoie une délégation de Taghlib à Al-Jabîa pour
exposer leur refus de l’humiliante Jizîa. Ceux-ci s’écrient
alors « Par Dieu,Tu as apporté la honte sur nous au regard des
autres tribus arabes » et le calife de leur répondre
« Vous vous l’êtes infligés de vous-même en soutenant
un point de vue différent de celui de votre peuple parmi les
tribus Bédouines qui se sont opposées à la souveraineté de Madina
et vous avez apporté la honte sur eux »… L’usage
de historiographe permet aux tenants de l’Islam arabe de
justifier leurs pratiques, alors que d’autres préfèrent garder la
mémoire plus contemporaine de ces actes. Le caractère permanent
reste cette honte, cette écorchure au compte des bonnes et des
mauvaises réputations d’un groupe tribal.
A
propos de la croix, rappelons que la première attaque claire contre
son adoration ne remonte pas avant une allusion à la prophétie de
Jésus dans la dédicace du Dôme du Rocher (Jérusalem). Le
développement de cette problématique n’est pourtant pas central
avant les années de ‘Umar (II) ben ’Abd al-‘Azîz. Il y a
alors un synchronisme troublant avec l’iconoclasme extrémiste
répudiant lui-même la multiplication et la décoration excessive
des croix, (surtout dans le Nestorianisme à partir des mêmes
années).
Le
héros de cette anecdote est, selon Michel le Sirien, un confesseur,
et selon Grégoire, un simple « chef des chrétiens
arabes », il se prénomme Sham‘allah.
Sa
réponse est selon les deux rapporteurs Syriaques constituée comme
suit :
« C’est
parce que je suis le chef de Tous les Taglibites […] que je crains
d’être cause de la perdition de plusieurs. »
Mais
Michel le Sirien préfère ajouter une sentence proprement
apocalyptico-politique :
«
Tout ton empire n’est que poussière en comparaison de ce qui nous
a été promis par le Christ ».
Bar Hebraeus
rapporte, de se son côté, que le chef précise sa pensée, citant :
« Si je dénie le Messie, ils dénieront ».
Nous
retrouvons la même conscience de solidarité tribale entre les choix
de
« totale
soumission ou conversion » de chefs qui sont indépendants et
revendiquent leur extériorité au monde arabo-islamique en
formation.
Ainsi
à l’exigence, à en croire Tabarî, soumise par Al-Walîd ben
‘Uqba de l’adhésion à la Hijra soumission politique, la liberté
et l’indépendance des
« chefs
qui n’ont pas été nommés et qui ne marchent pas en conséquence
à la suite de ceux qui ont été placés sous un chef […] ».
La
suite de l’histoire est la même dans les deux histoires
universelles. Le chef, après avoir par 2 fois résisté à la
conversion, souffre le martyr dans sa chair et sa conscience,
puisqu’il se fait arracher une tranche de sa cuisse et doit en
manger un morceau une fois grillé. La trace qu’il en garde
devient un symbole visible de cette foi en laquelle il persévère,
au grand dam du calife, dont la colère et l’intolérance sont
caractéristiques du persécuteur ridicule...
L’anecdote
n’est pas un simple modèle Syriaque « externe » du
parfait martyr utilisant les même ressort que le martyr de David de
Dvin, et utilisant les Arabes chrétiens pour renforcer chez eux
aussi la persévérance dans la Vraie Foi et défendre un aspect
de l’arabité que le courant majoritaire des Tayyâyê tend à
éliminer.
En
effet, Abû al-Farâj al-Içfahânî a collecté des éléments
appartenant au Diwân d’un certain al-A‘shâ Banî Taghlib,
prénommé Rabî‘a ou Al-Nu‘mân ben Yûhnân ben Mu‘âwîa, ou
encore Ya‘mar b. Najwân du clan Jushaîm des Banî Bakr ben
Hubaîb (branche Taghlibîa), le conteur explique d’ailleurs que
« il est chrétien, et que c’est ainsi qu’il meurt »...
Ce dernier, bien en vu à la cour Umayyade de Al-Walîd et
probablement de celle de Sulaîmân, avant que ‘Umar ben ‘Abd
al-‘Azîz ne lui succède et n’infléchisse nettement la
politique Umayyade vers la revendication d’un dogme islamique et le
rejet des tenants du christianisme
Celui-ci,
après avoir été humilié par un certain Al-Hurr ben Yûsuf qui lui
refuse l’accès à la Qubbat (mosquée), peut être le Dôme du
Rocher de Jérusalem, s’empresse d’entrer en rébellion contre le
pouvoir et c’est lui qui transmet cette anecdote... Sham‘ala est
aussi un Banî Bakr ben Hubaîb et est qualifié de Dzarîf.
Pourtant, son statut de chef, ou de prêtres n’est pas précisé,
il semble que la question de la solidarité tribale n’a pas
été conservée et il est simplement désigné comme un membre
de la tribu.
Le
calife n’est pas précisé, est-ce une omission volontaire de ses
Rawî désireux de ne pas s’aliéner les puissants lorsqu’ils
mentionnent seulement « un parmi les Banû Umayya ».
Cette expression a du être intégré à l’anecdote sous les
‘abbassides, après un demi siècle de silence et d’oubli...
Schoeler
nous apprend en effet que jusqu’à une période classique avancée,
les Râwî-s mettent un point d’honneur à rectifier la langue de
leurs maîtres. Le plus intéressant dans cet aspect de l’anecdote,
est que le libre arbitre, épuré de toutes références à la
responsabilité du chef tribal, mais bien revendiqué comme un des
piliers de la foi chrétienne, mêlé également à l’impossibilité
d’adopter une religion sans en être convaincu, tranche même avec
les problématiques de Tabarî d’un côté, de Michel le Syriaque
et de Bar Hebraeus de l’autre.
Rien
n’est mis en valeur par rapport à une quelconque honte ressentie
ou infligée, à l’exception des vers de Al-A‘shâ :
- « Il est certain qu’un morceau de ta Cuisse tabâshirat…
…tes ennemis, mais il n’y a ni offense ni ignominie (‘âr) à ton encontre, ni
crime,charge,fardeau, (wazar).
- Et si l'Amîr al-Mû’minîn t’a blessé…
…pour le Siècle (ddahar), il n’y a as d’offense, ignominie […] »
- « Il est certain qu’un morceau de ta Cuisse tabâshirat…
…tes ennemis, mais il n’y a ni offense ni ignominie (‘âr) à ton encontre, ni
crime,charge,fardeau, (wazar).
- Et si l'Amîr al-Mû’minîn t’a blessé…
…pour le Siècle (ddahar), il n’y a as d’offense, ignominie […] »
Le
poète s‘acharne donc à bien expliquer que cette apparente attaque
contre le ‘Ird et l’abaissement de la noblesse de l’honneur
(‘âr) n’en est pas pour autant une honte. L’aspect humiliant
du martyr n’est pas du tout développé, et bien au contraire a
fait valoir la fierté qui sied à celui qui refuse les caprices d’un
despote.
TROIS IDOLES BERBÈRES |
Cette
révolte contre la dynastie correspond bien au dogme kharijite, « Lâ
Hukm Ilâ Li-llah » que l’on trouve frappé sur des pièces
de monnaie des années 730 ! Il est frappant que les identités
de chef de campement, et de
« confesseur »
soient étroitement associées. Dans la mémoire poétique et épique
arabe, la fonction publique du personnage n’est pas en question, il
se suffit à représenter un groupe, et il est le seul à pouvoir
laisser sa trace dans la mémoire tribale et inter-arabe... Sans
doute des variantes de ces histoires ont-elles du circuler parmi les
Arabes septentrionaux. Peut être aussi a-t-il existé dans la
littérature de l’époque de nombreuses autres affaires du genre,
et sans doute les collecteurs de Akhbar en ont-ils fait un modèle de
la rencontre entre les Arabes chrétiens et les Amîr de la conquête,
ce qui a conduit Tabarî à confondre Al-Walîd ben ‘Abd al-Malik
avec Al-Walîd ben ‘Uqba.
Finalement,
ce Al-Walîd peut également être Ibn Talîd al-‘Absî, qui, parce
que très lié aux dirigeants, devient le premier gouverneur de
Mawçil non-umayyade, avec pour mission la çalât (direction de
prière), les Ahdâth (la police) et le kharâj, (733-740). Ce
dernier a peut être été auparavant le çâhib al-shurta de
Muhammad ben Marwân.
L’identification
de ce Muhammad comme grand persécuteur peut également être une
construction tardive. Elle peut remonter à l’épiscopat de
Eustache de Dara-Khabûr, lorsqu’on a cherché à identifier les
malheurs des Arabes chrétiens à ceux des chrétiens en général,
et singulièrement de la martyrologie Arménienne très liée à ce
Marwânide. Rappelons à ce titre que Jarîr tient de Laîth que les
Arméniens et les Taghlib sont tous deux maudits en association...
Les
Syriaques comme les Arméniens ont retenu du frère du premier calife
Marwânide, une personnalité éminemment répressive et sans pitié.
Ajoutons que les Arabes chrétiens ont pu également s’associer à
la grande révolte menée par les Hâshimites et en particulier le
camp de Abû Al-‘Abbâs. Le dernier grand monarque Marwânide n’est
autre que Marwân ben Muhammad, anciennement Wâlî de Mawçil de 721
à 724)... Un tel contexte comme celui qui suit immédiatement,
permet ainsi d’imputer tous les maux des Taghlib au père de celui
contre qui le monde Moyen-Oriental en entier s’est ligué.
Dans
la même veine, les deux personnages à avoir dirigé l’empire
avant Marwân ben Muhammad sont aussi les fils de Al-Walîd ben ‘Abd
al-Malik, il s’agit de Ibrahim mort744 et de Yazîd III mort744
également. Peut être alors a-t-on préféré imputer les
responsabilités de telles exactions à ces lignages mal-aimés...
Içfahânî,
de son côté, a retenu des malheurs des Taghlib et de leur grand
shâ‘ir Al-A‘shâ, l’avènement de ‘Umar ben ‘Abd al-‘Azîz,
lequel est le personnage le plus apprécié par les révolutionnaires
‘abbâssides, le seul à n’avoir pas été condamné en 750,
c’est donc pour son aspect « islamisateur » qu’il est
ici mis en scène. On peut objecter à cette datation, le fait que
c'est le rapprochement de la cour Marwânide de la Jazîra, qui peut
expliquer ce type de tensions et les rencontres directes avec les
califes ne datant que du gouvernement de Hishâm, et de la fondation
de Ruçafa.
Il
reste pourtant possible que les traditions historiographiques arabes
soient passées à Denys de Tell Mahrê au premier tiers du IXe
siècle, et que ces anecdotes se réfèrent bien à al-Walîd ben
‘Uqba. Elles ont pu été prêtées au calife Marwânide, lequel
est largement critiqué par les piétistes arabo-musulmans qui ont
relayé une diffamation célèbre, puisqu’il aurait déclaré avoir
renié Dieu lors de ses beuveries en se prosternant devant la croix,
sur l’instigation des moines (les califes avaient l’habitude de
boire dans les monastère en toute tranquillité)...
Cette
construction commune et contemporaine dans les deux langues
littéraires de Jazîra et du Shâm (l’arabe et le syriaque) met à
mal la qualification « externe » des sources chrétiennes.
En effet, le façonnement dogmatique, historique et juridique de la
littérature arabo-musulmane ne peut être compris sans observer
le passage de différentes mémoires tribales dans la chronique
ecclésiastique. De quelle manière l’écriture syriaque de
l’histoire a-t-elle utilisé la mémoire des Arabes chrétiens ?
Les
Taghlib ne sont pas encore devenus spécifiquement le symbole des
Arabes chrétiens. Il faut analyser tout d’abord l’usage
propagandiste, politique et confessionnel des Arabes jacobites et ses
liens avec les thématiques internes à l’historiographie
arabo-islamique, notamment les argumentaires des partis inter-tribaux
du premier siècle de l’hégire...
La
rupture Occident Orient et l’appelation « Tanûkâyê,
‘Aqûlâyê et Tu‘âyê »
Le
jund de Qinnasrîn est la base de contrôle sur les confins de la
Syrie et de la Jazîra, les Taghlib y sont rares, mais pas absents,
comme l’indique Ibn ‘Asâkir à propos d’un transmetteur de Abû
Dardâ’, Bishr ben Qaîs.
L’autonomie
du jund (ordonnée par Mu‘âwîa selon l’historiographie) se
double rapidement d’une autonomie des amçar de Jazîra. Mawçil et
la cité de Jazîra Gazartâ deviennent des dâr al-hijra de seconde
zone pour les Arabes de Kûfa et Baçra qui ont abandonné
l’émigration. La Jazîra, devenu une unité politique, donc
géographique, devient aussi le cadre pour une rupture sévère entre
les Jacobites Orientaux et Occidentaux.
Elle
a beaucoup à voir avec une sorte de scission entre les Tanûkâyê,
les Tanûkh du coude de l’Euphrate (les gens de Qinnasrîn), les
‘Aqûlâyê (gens de Kûfa) et Tu‘âyê, qui sont les tayyâyê
de l’orient du Khabûr, les « Ahl al-Mawçil wa al-Jazîra ».
Pourtant, Michel le Syrien précise que les 3 tribus sont à
« l’ouest
de l’Euphrate », et sans doute s’agit-il d’une information
défendant la primauté d’Antioche qui a transité jusqu’aux
annales du XIIe siècle…
Cette
division politique et arabe a influé sur l’explosion des
hostilités entre Antioche et Takrît, à la recherche d’une
autonomie que l’on commence à appeler le Maphrienat. Michel le
Syrien rapporte l’active correspondance mettant en scène un évêque
Taghlib, Yôsef, co-signataire des évêques reniant leur obédience
occidentale. Et la meilleure preuve reste encore de citer cet anonyme
des « Tanûkâyê, ‘Aqûlâyê et Tu‘âyê », qui a répondu
favorablement aux évêques reconnaissant Severus en place de
Denha II, l’autonomiste, qui a été arrêté et mis au secret.
Sans
doute les événements de la fitna peuvent-ils expliquer une relative
évolution, sans doute ce Yûsuf a-t-il profité des troupes
zubaîrides pour défendre l’autonomie de Takrît contre la Syrie
Umayyade.
A
nouveau, les tribus arabes qui acceptent de se ranger du côté des
Antiochiens
à la fin de la guerre, comprennent-ils les Taghlib, cette fois
ralliés aux Marwanides. Il existe 2 autres textes qui intègrent
cette terminologie, l’un est Occidental et met en scène le Amîr
de Syrie du Nord ‘Amr ben Sa‘d ben Abî Waqqâç, au moment de la
première Fitna et le patriarche Yôhanân, l’autre est la
biographie Takritienne de Ahûdemmeh. Parce que la rivalité entre
Jacobites Occidentaux et Orientaux ne semblent plus alors se passer
dans la sécession radicale, mais plus dans la revendication de
paternité, alors les Arabes chrétiens, outre leur rôle de pilier
de la propagande chrétienne, interviennent dans cette concurrence
effrénée. Tout portent à croire que ce « métropolite de
Takrît » est d’abord un personnage Nestorien, en quête,
d’autonomie pour son siège, mais alors vis-à-vis de Ctésiphon
(ville Parthe) . Il a pu préférer dans le dernier tiers du VIe
siècle se rallier à une hiérarchie moins contraignante et
plus éloignée, celle du siège monophysite des Syriens.
TROUPES RELEVANT LEUR MORTS |
« procès
de canonisation » alors que Denha II fonde un sanctuaire
consacré à Ahûdemmeh au tournant des VIIe VIIIe siècles, une fois
restauré à la tête de sa métropole.
Cette
propagande sert à asseoir la sécession matérialisée par la
rupture d’obédience des évêques comme Yôhanân (Jean) du Khabûr
et Yûsuf (Joseph) des Taghlib durant ces années.
Mais
bien sûr, la défense d’un christianisme arabe malmené et
largement mis à l’index par les Marwânides reste un des éléments
de motivation d’une telle biographie. Ainsi, « les peuples des
‘Aqûlâyê (Kûfites), Tanûkhâyê » « donnent leurs têtes
pour l’Église du Christ » « Chaque fois que l’église est
persécutée »
Ces « nombreux peuples (‘ammê) » sont situés « entre le Tigre et l’Euphrate dans le pays appelé Gezîrtâ ». Cette définition géographique tend à mettre en scène en priorité les Taghlib, le fait que ceux-ci ne sont pas nommément désignés indique que leur cas particulier n’est pas encore suffisamment symbolique de l’exception arabe chrétienne, celle-ci ne date que de la période ‘abbâsside.
Elle
précise que ces ‘ammê qui sont mentionnés dans Marûtâ
sont bien les
«
nomades » arabes. « Il y a des campements tayyâyê qui lui
résistent, ne le laissent pas approcher et n’écoutent pas sa
parole ».
On
attribue aussi à Marûtâ d’avoir contribué, dans la lignée de
sa famille, à évangéliser le Bêth ‘Arabâyê, lequel est
aussi peuplé d’autres nomades, dont l’identité arabe est
difficile à établir, en ce qu’ils se sont trouvés nettement
distincts des peuples conquérants, et écarté de leur culture. Et
comme Ahûdemmeh fait tout ce que son successeur a fait, mieux que
lui, il est également évêque de Ninive, au cœur de ce bêth
‘arabâyê qui deviendra le Dîâr Mudar, (peut être est-ce pour
cette raison que les tribus silencieuses ont disparu de la culture
arabe). Il est également un grand évangélisateur de nomades.
Néanmoins,
à l’époque de la rédaction de cette Génèse du Takrît «
orthodoxe » l’auteur tente de confondre, et sûrement
sciemment, le Bêth ‘Arabâyê sur lequel les premiers
passages insistent, et l’évangélisation des tayyâyê, il
existe pourtant tout au long de cette époque, un évêque de ce
Bêth ‘Arabâyê, qui n’a rien à voir avec les évêques «
nomades ».
« Ils y demeurent sous des tentes et sont barbares et homicides, ils ont de
nombreuses superstitions et sont le plus ignorant de tous les peuples de la terre. »
Cette
description des Arabes pré-islamiques rejoint bien l’image des
bédouins païens que l’on commence à avoir à l’aube du
second siècle de l’Islam et qui prévaut dans la Sîra de
Ibn Ishâq, et rejoint la vision d’un Ibn al-Kalbî qui
affirme que le christianisme des Taghlib est antérieur à
l’avènement de l’Islam. Cette chronologie profite bien sûr à
tous, musulmans comme chrétien, et sans doute s’appuie-t-il
sur ce genre de biographies.
«
La tribu taghlib est différente des tribus voisines du pays des
Romains, en ce qu’elle adhére à la chrétienté et délaisse
l’idôlatrie, à l’époque de la Jâhilîa ». Cette idée
prévaut également au « hadîth de témoignage » sur la
visite de Taghlib « chrétiens et musulmans ».
Le
topos le plus simple et le plus répandu à propos des Arabes
tribaux, forcément nomades et bien identifiés comme extérieurs
au bon peuple chrétien Syriaque, est qu’ils sont donc
arabo-bédouins, de plus ils sont
« ignorants,
superstitieux », « jusqu’au moment où la lumière
du Messie vient à luire pour eux », donc, encore en
l’absence de la lumière du Seigneur. Il est frappant de
constater que l’on trouve ici un résumé de l’image de la
société quraishite croulante d’idolâtrie, qui plus est les
mœurs les plus barbares y sont monnaie courante : « Il voit
qu’ils sont mauvais, leur langue est difficile, ils sont barbares
et meurtriers. »
La
crainte de l’homicide est une image proprement chrétienne, que
l’on peut rapprocher de certaines coutumes réprouvées de la
jâhilîa, comme le meurtre des petites filles en raison de la dot,
les vendetta inter-tribales infinies, et la barbarie du statut de
captif infligé à des Arabes...
L’auteur
tient à insister sur l’émotionnel et prépare aussi par l’image
péjorative qu’il donne des ces peuples, (d’autant que
l’auteur peut aussi attaquer bassement la culture linguistique
arabe) un contraste puissant avec la bonté qu’il pourra
bientôt révéler en eux, après leur évangélisation. Il
n’est d’ailleurs plus question de « pacification »,
d’ouverture à Dieu, l’auteur christianise fortement la
politique très neutre de Marûtâ et c’est bien la Lumière du
Messie que le shalîhâ (rasûl : apôtre) doit étendre.
-
« Il détruit les temples de leurs sacrifices, et brise les idoles
qu’ils contiennent ».
De même ici, Denha use encore une fois de l’image d’adoration de ces « pierres, auxquelles ils donnent les noms de leurs dieux sourds, sont brisées », de l’historiographie mythique arabo-musulmane contre laquelle on ne peut lutter que durement.
De même ici, Denha use encore une fois de l’image d’adoration de ces « pierres, auxquelles ils donnent les noms de leurs dieux sourds, sont brisées », de l’historiographie mythique arabo-musulmane contre laquelle on ne peut lutter que durement.
« Eloigné
d’eux, il prie avec instance » et cette prière combat les
démons : « Il expulse les diables, purifie les lépreux,
guérit les malades ».
Les
démons sont des entités réellement existantes, nullement niées,
mais craintes et combattues pas l’invocation du Seigneur,
c’est une vision chrétienne que l’Islam en construction ne
partage pas puisque les démons sont attribués au monde de
l’ignorance, et leur existence n’est jamais reconnue. Ainsi
Ibn Ishâq met dans la bouche du premier converti des Ba‘d ben
Bahr, Dimâm, « Ces deux divinitées (Al-llat et Al-‘Uzzâ),
je le jure, sont inefficaces, elles ne font ni du Bien ni du
Mal ».
«
Mais […] ils ne le laissent pas approcher de leurs camps, mais vont
à sa rencontre avec des pierres et le chassent pour ne pas le
laisser s’approcher et ne pas entendre ses paroles ».
L’apôtre
des Arabes, comme son rival médinois à Tâ’if, reçoit les volées
de
pierres de barbares endurcis dans leur ignorance. « Cette même nuit, un malin démon s’empare de la fille du chef de ce campement et l’agite durant toute la nuit, au matin, ils prennent la jeune fille et l’amènent à Saint Ahûdemmeh et lui disent : Si tu es en vérité le serviteur de Dieu, impose la main à cette jeune fille et elle sera guérie ».
pierres de barbares endurcis dans leur ignorance. « Cette même nuit, un malin démon s’empare de la fille du chef de ce campement et l’agite durant toute la nuit, au matin, ils prennent la jeune fille et l’amènent à Saint Ahûdemmeh et lui disent : Si tu es en vérité le serviteur de Dieu, impose la main à cette jeune fille et elle sera guérie ».
Nous
retrouvons le parfait portrait du vénérable ermite exorciste, un
chef naturel en raison de l’exemple qu’il est, c’est un
sage.
JÉRUSALEM |
Le désintéressement du prêtre est renforcé par une allusion à leur peu d’intérêt économique (« Que te donnent ces barbares, pour que tu t’occupes ainsi d’eux ? »), le maphrien Denha tient à insister sur leur pauvreté matérielle, une véritable opération de séduction à l’égard des Arabes, car ils ont en réalité les qualités matérielles d’une parfaite vie spirituelle, comme l’induit l’importance du phénomène monastique à la veille de la Hijra.
« Et ce n’est pas seulement les enseigner et les instruire qui est pénible à Saint Ahûdemmeh, mais il endure et supporte de nombreuses souffrances de la part du froid, de la chaleur, des chemins difficiles, déserts et arides que l’on y trouve ».
Le terrible sacrifice d’apostolat du saint père permet une description assez précise des steppes de l’Euphrate, du ‘Ajîj et du Tharthâr, au moins dans la représentation que peut en avoir l’élite religieuse de Jazîra, en l’occurrence, l’auteur Takritî connaît bien le désert et ses contraintes. Pourtant, comme dans Marûtâ, les éléments de la piété chrétienne sont encore très archaïques et se caractérisent par « son jeûne parfait, ses prières et ses veilles. »
-«
Il […] fait venir des prêtres […] pour établir dans chaque
tribu un prêtre et un diacre, il fonde des églises et leur donne le
nom des chefs de leurs tribus, afin qu’ils les aident dans
toute chose ou affaire dont elles ont besoin, il consacre des
autels, les met dans les églises… »
Cette
photographie de la structure cultuelle et politique de la Jazîra
arabe permet d’observer que chaque clan doit posséder son
prêtre et son diacre, bien sûr, et ces traditions pour la venue de
prêtres.
Le propagandiste établit le pilier principal « à toutes les perfections de la piété » extérieure, qui se caractérise par l’aumône, les « dons envers les indigents » « mais plus particulièrement sur les saints monastères qui sont encore soutenus par eux jusque maintenant dans leurs nécessités corporelles : Mar Mattaî, Kôktâ et Bêt Mar Sergîs et la communauté des moines qui sont dans la montagne de Shîgar ». Le but est aussi de faire la publicité de l’influence surnaturelle et thaumaturgique des sanctuaires dépendant de Takrît, outre l’importance aux yeux des Taghlib, des monastères de Sinjâr et Bêth Mar Sargis, sans aucun doute celui que l’on attribue aussi à Marûtâ.
Il est censé avoir fondé (afin « de les détacher du temple de Saint Serge de Bêth Reçafâ de l’autre côté de l’Euphrate ») « une grande et belle maison de Pierre Taillée au milieu du Bêth ‘Arabâyê, au lieu dit ‘Aîn Qênâyê[…] du nom de Saint Serge […] parce que ces peuples tayyâyê aiment beaucoup son nom et y ont recours plus que tous les autres hommes ». Si le prétexte est que ce sanctuaire « est loin d’eux », il paraît évident que l’on est là encore dans une propagande destinée à rompre avec l’influence du Shâm Antiochien…
Le propagandiste établit le pilier principal « à toutes les perfections de la piété » extérieure, qui se caractérise par l’aumône, les « dons envers les indigents » « mais plus particulièrement sur les saints monastères qui sont encore soutenus par eux jusque maintenant dans leurs nécessités corporelles : Mar Mattaî, Kôktâ et Bêt Mar Sergîs et la communauté des moines qui sont dans la montagne de Shîgar ». Le but est aussi de faire la publicité de l’influence surnaturelle et thaumaturgique des sanctuaires dépendant de Takrît, outre l’importance aux yeux des Taghlib, des monastères de Sinjâr et Bêth Mar Sargis, sans aucun doute celui que l’on attribue aussi à Marûtâ.
Il est censé avoir fondé (afin « de les détacher du temple de Saint Serge de Bêth Reçafâ de l’autre côté de l’Euphrate ») « une grande et belle maison de Pierre Taillée au milieu du Bêth ‘Arabâyê, au lieu dit ‘Aîn Qênâyê[…] du nom de Saint Serge […] parce que ces peuples tayyâyê aiment beaucoup son nom et y ont recours plus que tous les autres hommes ». Si le prétexte est que ce sanctuaire « est loin d’eux », il paraît évident que l’on est là encore dans une propagande destinée à rompre avec l’influence du Shâm Antiochien…
Pourtant
la concurrence avec l’historiographie islamique des temps
prophétiques est loin d’être absente, si l’on admet le
titre que l’auteur accorde à son héros Apôtre et Martyr (Shalîh
w-shahdâ), conçu comme un rival du prophète, père des Arabes
qu’il convertit.
La
hiérarchie « orthodoxe » (c’est à dire jacobite) de
l’ouest de la Jazîra et du Shâm septentrional a senti alors très
vivement le double usage qu’elle peut tirer de l’implication des
tribus arabes chrétiennes dans sa contre-offensive contre les
Arabos-musulman mais également contre les sécessionnistes
orientaux.
En réalité, le Chef Mahgrâyê est surtout là comme témoin de la sagesse du patriarche qui répond aux questions rhétoriques, sur le mode du hadîth, à propos de :
L’Unité du monde chrétien, ce qui permet de passer en revue une série de peuples notoirement chrétiens, le peuple Tayyâyê (arabe) n’est pas cité, par contre les peuples notoirement Nestoriens (Hindis et Perses) ou Chalcédoniens (Grecs, Romains), sont mentionnés avec les « orthodoxes » monophysites (Syriens, Arméniens, Égyptiens, Kûshites (Éthiopiens).
Le
patriarche explique comment la démarche du monde inscrit la Torah et
les évangiles dans une filiation, et présente la Loi des Muhâjirîn
comme une des diverses interprétations et des diverses fois qui
s’y réfèrent.
Puis
il entreprend de définir le dogme chrétien d’une façon assez
consensuelle (Christ-dieu est Verbe né de Dieu le père,
éternellement, fait homme du Saint-Esprit et de la Sainte Vierge
pour le Salut des hommes).
Puis
il prévient une éventuelle attaque en rappelant que le Dieu qui est
au sein de Marie est pourtant partout présent, et, le même qui
s’ est adressé à Moïse.
La preuve est faite par la Torah de la véracité du dogme, mais les savants muhâjir sont décriés et les juifs accusés de complot...
La preuve est faite par la Torah de la véracité du dogme, mais les savants muhâjir sont décriés et les juifs accusés de complot...
Il
semble bien que les normes coraniques posent de nombreux
problème lors de l’extension de leur application au droit
personnel des communautés autochtones et mixtes. C’est alors
que l’auteur précise, que son auditoire n’est plus
seulement constitué « des nobles (Êdî‘ê) des Muhâjirîn,
mais aussi des Ra’îs (rêshân-ê) et des Gouverneurs
(mdabrân-ê) des Villes (madinât-â) et des Ethnoï (‘ammê)
importants, fidèles (mohîmân-ê) et aux « aimés » (rahemî)
du Christ : les Tanûkâyê, les Tu‘âyê et les ‘Aqûlâyê.
Cette
élite arabe est encore au croisement d’une titulature Syriaque
traditionnelle pour les autorités chrétiennes (puisque nous
retrouvons la formulation chez le Pseudo-Zakarias de Mélitène
durant les mêmes années, cette formule classique tend à désigner
par Rêshânâ le puissant chef politique, ou comme on l’a vu
le chef incontesté et par Mdabbrânâ, les autorités
administratives des communautés Syriaques autonomes), et d’un
vocabulaire plus administratif arabo-islamique, (Rêshânâ comme
équivalent de sharîf et de Mdabbrânâ comme délégué d’une
administration impériale (‘âmil).
Il
semble que le texte original n’intègre pas les Arabes chrétiens,
la phrase qui leur est consacré semble simplement apposée au milieu
d’une autre proposition. Mais Michel le Syrien, dans la note
qu’il consacre à la rencontre mêle un tout autre événement,
mettant en scène Yôhanan, qui aurait décidé en concertation avec
‘Amr de traduire l’évangile en arabe. Les Tanûkâyê
(etc…) sont alors choisis comme les arbitres de la procédure. Le
patriarche est alors censé avoir tenu tête à l’exigence du
tyran arabe qui veut proscrire les piliers du christianisme du
Nouveau Testament. Ceci en affirmant ne vouloir « retrancher
aucun yod ni aucune vocalisation ».
Julien
d’Antioche, lui se réfère constamment dans sa polémique avec les
mahgrâyê, à Yôhanan, et lui donne volontiers les Tanûkâyê,
Tu’âyê et ‘Aqûlâyê, de l’ouest et de l’est, comme
auditoire favori, un pesant témoin de la foi en Christ, certes,
mais également de l’influence de l’Occident sur l’Orient comme
cette « controverse » contre le Commandeur arabe en donne
l’idée...
La
suite du colloque scelle la stricte distinction entre la « Loi
(Namôs-â) des Evangiles » et la Loi « Mhagr-â »,
à laquelle il faut se soumettre (ta-shlim-ôn li-), mais appelle à
une réconciliation des « hétérodoxes » Chalcédoniens
à la prière d’intercession du puissant patriarche.
En
685, Georges des Arabes est ordonné évêque d-‘ammê Tayyâyê,
son décès est placé traditionnellement en 724.
Nous n’avons plus aucune information objective montrant que l’attribution d’évêchés des Arabes se soit maintenue après sa mort, bien que l’évêque de Dara, qui est lié à un diocèse du Khabûr semble, après Georges des Arabes, retrouver un évêque permanent en la personne d' Euthanasius, et c’est celui qui s’intéresse à la postérité du martyr Taghlib Ma‘âd et de Dawûd qui lui succède de 745 à 764... Il faut attendre 793 pour retrouver l’intitulé systématique d'« évêque des ‘ammê » et d'« évêque des Taghlib » et des listes complètes tenues par Michel le Syrien.
Nous n’avons plus aucune information objective montrant que l’attribution d’évêchés des Arabes se soit maintenue après sa mort, bien que l’évêque de Dara, qui est lié à un diocèse du Khabûr semble, après Georges des Arabes, retrouver un évêque permanent en la personne d' Euthanasius, et c’est celui qui s’intéresse à la postérité du martyr Taghlib Ma‘âd et de Dawûd qui lui succède de 745 à 764... Il faut attendre 793 pour retrouver l’intitulé systématique d'« évêque des ‘ammê » et d'« évêque des Taghlib » et des listes complètes tenues par Michel le Syrien.
Yézidisme
— Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Yézidisme
Ils
se réfugièrent dans les montagnes avec les chrétiens. ... Les
Yézidis font remonter leur calendrier religieux à 6 764 années (en
2014). ..... Cheikh » est un mot arabe qui signifie « dirigeant »,
« aîné d'une tribu », ou alors « homme saint ».
Cours
D'études historiques
https://books.google.fr/books?id=ir8WAAAAQAAJ
Pierre
Claude François Daunou - 1843 - Chronology
Les
Arabes ont fait aussitôt usage de 1 ere mahométane, mais il paraît
qu'ils ne la calculaient pas avec ... Par ère des chrétiens 772, on
ne saurait entendre ici notre ère vulgaire; car c'estson année 764,
et non 772, qui correspond à la cent …
Le
Grand dictionnaire historique ou Le mélange curieux de ...
https://books.google.fr/books?id=tcZbEUTnPW0C
Pierre
Roques - 1733
Le
bruit de la victoire répandu dans l'année des Chrétiens, parvint
jusqu'à Dom .... de Carvanp 'usqu a ce qu une autre armee d'Arabes
passant en Afrique éorltré le' ... celui-là fut père ,de M.
hmilius Le _Idr- Consul en l'année 764. de Rome ...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire