jeudi 23 avril 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 756

23 VRIL 2015...

Cette page concerne l'année 756 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LA NAISSANCE DES ÉTATS PONTIFICAUX.


Au VIIe siècle, les Lombards, peuple d'origine Germanique, sont solidement implantés en Italie et font échec à toutes les tentatives de reconquête de l'Empire d'Orient.
Au siècle suivant, ils s'emparent de l'exarchat de Ravenne et de la Pentapole et, Rome faisant barrage à leurs ambitions territoriales,et deviennent une grave menace pour la papauté. Ne respectant pas la trêve de 30 ans conclue avec le pape Étienne II, Aïstolf, le roi des Lombards, prétend réduire le successeur de Saint Pierre au rang de simple évêque... Celui-ci n'a plus pour seule issue que de demander l'aide militaire de Pépin le Bref.

Un événement majeur dans l'histoire de la papauté médiévale, c'est la formation des États Pontificaux et l'accession du pape à la souveraineté temporelle, avec tous les problèmes qui en découlent.
Les Lombards menacent Rome, qui ne peut attendre aucun secours de Byzance, avec laquelle elle est en conflit.
Le pape Étienne II se tourne donc vers les Francs. Il traverse les Alpes et vient supplier Pépin le Bref de lui porter secours, celui-ci s'engage à remettre au pape les terres qu’il arrachera aux Lombards.

En 755 et 756, il accomplit sa promesse. Les États Pontificaux sont nés. Jusque-là, devenir évêque de Rome excite peu la cupidité. Désormais, le pape est un roi, et son trône est convoité par de nombreux et féroces aspirants. Chaque nouvelle élection va être un drame...

Le jour même de la mort du pape Paul 1er (757-767), le duc Toto de Népi nomme lui-même son propre frère, Constantin, un simple laïc, comme successeur... Il trouve 3 évêques qui acceptent de le consacrer : C'est le nombre requis pour faire un pape.
Pendant un an, Constantin essaie en vain de se faire agréer comme pape légitime par Pépin le Bref, des notables réussissent finalement à s'emparer de ce pape, lui crèvent les yeux et l'enferment dans un couvent... La souveraineté temporelle du pape commence à porter ses fruits véreux.

Etienne II est un pape, élu au mois de mars 752, mort au mois d'avril 757. Romain de naissance, il est élevé au patriarcat du Latran. Il est diacre lorsqu'on le nomme pape.
La situation de Rome est critique : en 751, Aïstaulf (Astolphe), roi des Lombards, s'est emparé de la capitale de l'exarchat Byzantin, Ravenne. Il marche sur Rome, Etienne II l'arrête par d'habiles négociations et obtient même de lui une trêve de 40 ans. Mais, 4 mois après, Astaulf oublie ses promesses, il prétend exiger un tribut d'un sou d'or par habitant et soumettre Rome à son pouvoir.
En vain le pape conjure l'empereur d'Orient de venir au secours de la ville. Livré à lui-même, après avoir prêché le courage au peuple et avoir invoqué le secours divin par de grandes processions, il quitte Rome (14 octobre 753). Deux envoyés Francs l'accompagnent, le duc Autaris et l'évêque de Metz, Chrodegang, car déjà Étienne II par une lettre a réclamé la protection de Pépin le Bref, le roi des Francs, dont son prédécesseur Zacharias a consacré le pouvoir.

Il est escorté en outre d'un envoyé Grec, le silentiaire Jean, qui, au nom de l'empereur, est venu lui ordonner de se rendre à la cour d'Astaulf pour l'engager à restituer l'exarchat. A Pavie, auprès du roi Lombard, il n'a aucun succès, C'est alors qu'il franchit les Alpes pour aller trouver Pépin III à Ponthion où il arrive le 6 Janvier 754.

En tentant ce coup d'audace, a-t-il l'intention bien arrêtée de s'affranchir de la domination des empereurs de Constantinople que les papes ont jusque-là subit, ou veut-il simplement réclamer l'intervention Franque en faveur de l'empire Grec ?
On a pu discuter sur ce point, en tout cas les événements décident aussitôt l'alliance étroite entre la papauté et les Carolingiens. Cet événement a eu sur toute l'histoire du Moyen-Âge une fort grande influence.
Pépin accueille le pape avec honneur et lui promet de veiller à la défense et à l'accroissement de la puissance de l’Église Romaine. En retour, Étienne nomme Pépin III patrice des Romains, et à Saint-Denis où il séjourne quelque temps, il le consacre roi avec son épouse Bertrade et ses fils Charles et Carloman. 

ÉTIENNE Ier
C'est en vain qu'Astaulf, pour rompre cette alliance dangereuse, force le frère de Pépin III, Carloman, qui s'est retiré en Italie au monastère du Mont-Cassin, à abandonner son couvent pour aller négocier en Francie.
Carloman est enfermé dans un monastère de Vienne où il meurt bientôt.
Pépin somme Astaulf de restituer ses conquêtes, sur son refus, il franchit les Alpes avec le pape, assiège Pavie et force le roi Lombard à traiter. C'est alors que Pépin III a fait « l’État Romain » par une première donation de territoires.

L’État Romain désigne-t-il l'Empire ou l’État Pontifical qui a pris ainsi naissance ? Selon toute vraisemblance, ce n'est pas sans intention qu'on emploie ce terme ambigu. 
Après le départ de Pépin III, Astaulf marche de nouveau sur Rome. Le 1er janvier 755, les Lombards sont devant la ville, dévastent la banlieue, même les églises et les couvents, seules les grandes basiliques de Saint-Pierre et de Saint-Paul sont respectées. Les habitants résistent courageusement.

De son côté le pape adresse un énergique appel aux Francs, et, dans une de ses lettres, n'hésite pas à faire parler Saint Pierre lui-même. Fidèle à ses promesses, Pépin accourt, à la seule nouvelle de son arrivée, Astaulf abandonne le siège de Rome. Comme il l'a promis au pape Étienne II lors des cérémonies de renouvellement de son sacre, Pépin le Bref lance ses armées contre les Lombards. Il va sceller l'alliance de la royauté Franque avec la papauté en offrant au Saint Siège, par la « donation de Pépin », les territoires qu'il a conquis par droit de guerre.

Par un diplôme qui est déposé dans la confession de Saint-Pierre, le roi Franc fait donation à Saint-Pierre, à son vicaire le pape Étienne II et aux successeurs d’Étienne, de Ravenne, Rimini, Pesaro, Conca, Fano, Césène, Sinigaglia, Iesi, Forlimpopoli, Forli, Sussubium (aujourd'hui Castro Caro), Montefeletri (aujourdhui San-Leo), Acerreagium (probablement Arcevia), Montelucati, Serra, Saint-Marin, Vobio (aujourd'hui Sarsina), Urbino, Cagli, Luciolis, Gubbio, Comacchio, Narni... Ces territoires, avec le duché de Rome dont le pape se considère désormais comme le maître, forment l’État de Saint-Pierre.

L'abbé de Saint-Denis, Fulrad, est chargé d'assurer la remise au pape des villes qui lui ont été attribuées. Sa mission n'est pas encore terminée lorsque Astaulf meurt, au commencement de 756. Étienne II, qui n'a pas oublié les angoisses passées, dans une lettre à Pépin accable d'injures la mémoire de son ancien ennemi.
Son successeur, Didier, voyant surgir en face de lui un rival, Ratchis, implore l'appui du pape qui lui assure la couronne. Peu de temps après, Étienne II meurt à son tour.


C'est un peu grâce aux Lombards que Pépin le Bref est devenu roi des Francs. c'est avec l'aval du pape Zacharie qui, reconnaissant le pouvoir du fondateur de la dynastie Carolingienne, espère obtenir son soutien contre les Lombards, comme Grégoire III l'a obtenu de Charles Martel quelques années plus tôt.

Fort de cette intronisation, à la portée tant symbolique que politique, Pépin le Bref doit désormais s'acquitter de sa promesse. Pendant que Jérôme, son demi-frère, escorte Étienne II jusqu'à Rome, Pépin le Bref signe un traité de paix avec le roi des Lombards.
Mais, comme le roi des Francs, vient de franchir les Alpes, Aïstolf rompt son engagement. Désespéré, Étienne II fait parvenir 3 missives à Pépin le Bref, dont l'une est présentée comme lui ayant été dictée par Saint Pierre en personne... L'apôtre insiste pour que son tombeau, menacé par « cet abominable peuple Lombard », soit sauvegardé et, tout en proclamant qu'il a adopté la dynastie Carolingienne, n'hésite pas à promettre des représailles si les Francs se dérobent.
Comment ne pas céder aux injonctions du premier des apôtres ? Si Pépin le Bref n'est pas dupe de la supercherie, il ne peut risquer de déplaire symboliquement a Saint Pierre et à son successeur sur terre...

Les Francs remettent au Saint Siège les clefs de 22 cités et du duché de Rome. Elles sont solennellement déposées sur le tombeau de Saint Pierre par Fulrad, l'abbé de Saint Denis, accompagnées de la « donation de Pépin », acte de donation perpétuelle des territoires que le roi des Francs a ainsi conquis de droit de guerre.
Mais l'Empereur d'Orient, Constantin V, qui ne reconnaît ni la suprématie du pape sur l’Église chrétienne ni ses droits sur les anciens territoires de l'Empire en Italie, proteste.
Selon lui, ces domaines appartiennent à l'Empire et Pépin le Bref ne peut les donner à la papauté. C'est alors que commence à circuler la « donation de Constantin ». Rédigée dans la seconde moitié du VIIIe siècle, ce document affirme que, en 330, pour remercier le pape Sylvestre de l'avoir guéri de la lèpre, l'empereur Constantin 1er lui a donné l'autorité et le pouvoir temporels sur Rome, l'Italie et la partie occidentale de l'Empire. Il a, de plus, reconnu au Saint Siège la primauté sur tous les autres sièges ecclésiastiques de la Chrétienté.
Constantin V a beau clamer que ce texte, sur lequel Rome s'appuie pour justifier de son pouvoir temporel jusqu'au Moyen-Âge, est un faux, Pépin le Bref n'en a cure, pas plus que des riches cadeaux offerts par l'Empereur.

Il faut en effet savoir que, si Clovis, en son temps, a eu vraiment besoin du soutien de Constantinople pour faire l'unité des Gaules, l'Empire d'Orient est aujourd'hui considérablement affaibli.
Aussi Pépin le Bref, conscient du fait que l'appui du pape est une carte majeure dans son jeu politique, adresse un refus poli à Constantin V.
La mort d'Aïstolf, met un terme définitif à l'expansion Lombarde. Pendant que l'alliance entre la royauté Franque et le Saint Siège est solidement scellée, les territoires concernés par la « donation de Constantin » constitue le noyau des États Pontificaux.

La monarchie Franque, qui va bientôt devenir la « fille aînée de l’Église », bénéficie désormais du soutien tant spirituel que politique du Saint Siège. A la suite du renouvellement du sacre de Pépin le Bref, cette filiation est doublement renforcée au plan symbolique.
Sainte Pétronille, celle que l'on croit être la fille de Saint Pierre, devient la patronne de la dynastie Carolingienne.
Par ailleurs, le pape Étienne II accepte de prendre pour filleule Gisèle, la fille de Pépin le Bref... En contrepartie, les souverains Carolingiens veilleront aux destinées de l’Église et du clergé en terres Franques, en n'hésitant pas à recourir parfois à la violence...
Aïstolf, roi Lombard, 3e fils de Pennone, duc de Frioul, succède, en 749, à Rachis son frère, sur le trône des Lombards. Ses prédécesseurs ont eu constamment à lutter contre les intrigues et les perfidies des exarques de Ravenne et des Grecs, qui occupent encore une partie de l'Italie. Aïstolf résout de les en chasser.

Les rois lombards, sans doute à cause de la grande indépendance de leurs feudataires, ne peuvent jamais rassembler leurs armées à temps pour résister à une invasion, mais, après la retraite du roi franc, Aïstolf trouve ses sujets non moins honteux que lui de la paix qu'il a été contraint à signer, il reprend les hostilités. Aïstolf, renversé par un sanglier, en 756, meurt de ses blessures, 3 jours après sa chute, sans laisser d'enfants.

Étienne (Stephanus) naît en 715 dans une famille aristocratique de Rome.
Diacre-cardinal, il est élu pape à l'unanimité le 23 mars 752, consacré le 26 mars. Libéré du joug de l’Empire Byzantin, Étienne III ou II (Etienne II (752) a été légitimement élu pape mais il est mort 3 jours après son élection (apoplexie), avant d’avoir été consacré. Pour cette raison, il n’est pas considéré comme pape, et il ne figure pas dans l’édition de 1961 de l’Annuaire pontifical. Cependant, la constitution apostolique Romano Pontifici Eligendo, promulguée par le pape Paul VI le 1er octobre 1975, a réaffirmé que le pontificat commence dès l'élection, conformément au concile du Latran, réuni le 13 avril 1059 par Nicolas II, lequel a décrété que le pape possède toute l'autorité pontificale dès son élection, c’est la raison pour laquelle 2 numéros sont donnés pour les Étienne qui le suivent, le numéro entre parenthèses reflétant l’opinion ancienne.) est le premier souverain des États Pontificaux. C'est le début du pouvoir temporel des papes.

Le Souverain Pontife est donc officiellement devenu chef d’État. Mais ce n’est qu’un début : Il faut faire vivre et développer ce qui a été créé sous la pression des circonstances. Or la vie même de la nouvelle Respublica Romanorum est à la merci du roi Lombard...

Bien entendu, la « restitution » est opérée, comme il a été convenu précédemment, en faveur de « Saint Pierre », c’est-à-dire de la papauté. Mais il se produit, avant la remise des territoires, un incident significatif, qui est de nature à éveiller l’attention de Pépin III sur la gravité de ses empiétements : Instruit un peu tard des faits qui se sont déroulés pendant l’été 754, l’empereur de Byzance a dépêché en Occident 2 hauts fonctionnaires de son palais, chargés de rappeler le vainqueur des Lombards au respect du droit d’autrui.
Quand ils débarquent en Italie, Pépin III est de nouveau à la tête de ses troupes sous les murs de Pavie. C’est là, et non sans difficulté, que l’un d’eux réussit à le rejoindre et à s’acquitter de son mandat, réclamant d’avance pour son maître les villes de l’Exarchat que le roi Franc vient de ressaisir et offre de l’indemniser de sa peine. Nous ne connaissons la scène que par le témoignage très partial du biographe officiel d’Étienne II : A l’entendre, Pépin III se serait contenté de répondre qu’à aucun prix il ne distrairait les villes réclamées par l’empereur des domaines de Saint Pierre, par amour de qui il a combattu et à qui il les a déjà « données ».
Quoi qu’il en soit, mis nettement cette fois en face d’une situation juridique d’une clarté parfaite. Pépin III n’hésite pas à prendre ses responsabilités et, sans s’émouvoir autrement, confirme, après la défaite d’Aïstolf, la « cession » que, 2 années auparavant, il a faite au Saint-Siège.
Et comment, à tout bien peser, aurait-il pu être arrêté par les réclamations du basileus ?
Celui-ci a le droit pour lui, mais est-ce le moment de discuter une question de droit quand il s’agit de savoir, non pas si les provinces visées lui restent, puisqu’il a renoncé à les défendre, mais si elles tomberont au pouvoir du pape ou au pouvoir des Lombards ?

PEPIN LE BREF LIBERE ROME - Free
chrisagde.free.fr/carolingiens/pepin3.htm
(754 - 756). Comme il l'a promis au pape Etienne II lors des cérémonies de renouvellement de son sacre, Pépin le Bref lance ses armées contre les Lombards ...
Etienne II, pape.
www.cosmovisions.com/EtienneIIPape.htm
Dictionnaire biographique : Etienne II. ... Sa mission n'était pas encore terminée lorsque Astaulf mourut, au commencement de 756. Etienne, qui n'avait pas ...

Les Origines du pouvoir temporel de la Papauté - Wikisource
fr.wikisource.org/.../Les_Origines_du_pouvoir_temporel_de_la_Papauté
4 sept. 2011 - Pour gagner du temps, le pape Étienne II essaie de négocier ; mais sans .... En 756, l'année franque s'ébranla derechef dans la direction des ...

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