lundi 9 février 2015

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR LE 17 DECEMBRE 1914

17 DÉCEMBRE 1914


I)
L'attaque d'Ovilliers la Boiselle, le général Joffre, dans son instruction générale n°8 du 8 Décembre 1914, prescrit 2 opérations principales, l'une en Champagne, l'autre en Artois ainsi que des actions secondaires. Ces actions secondaires ont pour but de « Fixer l'adversaire, de détourner son attention et de préparer les actions ultérieures. »

L'une de ces offensives secondaires doit avoir lieu sur le front de la 2e armée dont le 19e régiment d'infanterie fait partie depuis fin septembre. La directive étant « La 2e armée attaque en direction de Combles. »

Dans le cadre des préparatifs de cette offensive, le général de Castelnau commandant la 2e armée déclare : « Il sera indispensable de fixer, par une attaque sérieuse sur Pozières, les effectifs et l'artillerie ennemie de la région de Pozières, Ovillers, La Boisselle afin d'empêcher toute attaque sur le flanc gauche lors de notre action sur Montauban (Somme).
Le village de La Boisselle étant très fortement organisé et trop bien flanqué pour pouvoir être attaqué directement.
L'objectif de cette attaque sera Ovillers et la crête nord, avec comme objectif ultérieur Pozières... Elle partira du bois d'Authuile. ».
Merci à A. Dubois pour la carte :
Cette attaque sera menée par la 44e brigade (19e et 118e RI) de la 22e division du 11e corps d'armée.
Le 19ème régiment d'infanterie, renforcé par un groupe de volontaires du 116e RI et un du 337e RI, eut pour mission l'attaque sur Ovillers. Le 118e RI devant mener l'attaque sur La Boisselle.

L'opération est fixée pour le 17 Décembre 1914 a 6h du matin, sans préparation d'artillerie pour obtenir le bénéfice de la surprise. Le 19e RI menant son attaque sur Ovillers à la fois par le saillant sud-est et par le nord, le 118e RI devant attaquer La Boisselle par le sud-ouest.

Malheureusement, les Allemands ont vent du projet d'attaque. Leurs tranchées de 1ère et 2e lignes sont pleines de défenseurs qui attendent nos troupes de pied ferme. C'est sous un déluge de mitraille que le 19e régiment d'infanterie doit avancer. L'artillerie ennemie bombarde constamment les positions du 19e RI. De plus, la destruction des réseaux de fil de fer en avant des lignes ennemies n'a pu être complètement achevée.
Les hommes se heurtent à ces obstacles infranchissables. Malgré tout, vers 7h, ils réussirent a s'emparer d'un blockhaus situé en avant d'Ovillers. Mais le 19e régiment d'infanterie est pris sous le feu ennemi, impossible d'avancer, impossible de se replier. En fin de matinée le blockhaus est repris. La bataille est perdue.

Plus de la moitié des hommes qui tentent de se replier en plein jour sont tués. Les quelques hommes qui peuvent se maintenir jusqu'à la nuit, profitent de l'obscurité pour rejoindre les lignes Françaises. Le 19e régiment d'infanterie est décimé. Il perd, ce 17 Décembre 1914, 19 officiers et 1138 sous-officiers et soldats tués, blessés, disparus, prisonniers.

II)
17 décembre 1914  Vic s/Aisne
Pas d’obus.
Nous sortons de la maison notariale en levant machinalement le nez vers le ciel et en tendant la main : « Est-ce qu’il pleut ? » Non, il ne pleut pas…
Il a déjà bien plu sur la pauvre petite ville. Que de toits troués, que de murs ouverts, que de vitres brisées ! Le vieux château de Vic, construit pour résister aux plus lourds boulets, n’a pas résisté à un obus de 150 qui lui a fait dans le flanc une affreuse blessure.

Comme mon pied m’empêche de « globe-trotter », comme dit le colonel, je fais en boitillant mon tour de ville. Je vais écouter les derniers potins de dame Moutarde. Dame Moutarde est la gardienne de la maison où logent Plaisant et son drapeau. « Monsieur Plaisant, fait-elle en embuant ses lunettes d’émotion, Monsieur Plaisant ! un monsieur si bien !… Croyez-vous, Monsieur, qu’il voudra bien me photographier ?- Mais certainement, certainement, dame Moutarde » C’est une façon de me demander de lui rendre ce service, car derrière sa lunette soudain désembuée je la vois loucher sur mon kodak.
C’est chez cette dame Moutarde que le colonel, qui y mange et loge, consulte sur la direction des obus qui arrivent sur la ville… Elle s’y entend, depuis 3 mois ! Dans sa rue, la rue du Jeu D’Arc, il en est bien tombé une quinzaine...
Je m’ennuie des tranchées. Vic en est tout près mais comme elles sont loin de Vic !… J’y retournerai demain.

III)
En Flandre, l'escadre Anglaise bombarde Westende (nord-est de Lombaertzyde), les Belges repoussent une attaque sur Saint-Georges et s'avancent sur L'Yser, nos troupes progressent au sud-est d'Ypres et aux alentours de la Bassée. Nous refoulons encore des attaques en Woëvre (bois de Mortmart) et en Haute-Alsace (ouest de Cernay).

Une escadre de croiseurs Allemands a opéré un bombardement sur la côte Anglaise, entre les embouchures de la Tyne et de l'Humber, à Hartlepool, Whitby et Scarborough; repoussée, elle est repartie dans la direction du nord-est. Cette canonnade a provoqué des pertes importantes.

La progression Serbe s'accentue en Bosnie. Au total, 60 000 Autrichiens ont été capturés par les armées du général Putnik, avec un formidable matériel.

Les Russes ont arrêté la marche des colonnes Autrichiennes qui essaient de franchir les Carpathes pour redescendre dans la plaine Galicienne. Ils ont repoussé en Prusse les Allemands qui se trouvent dans la région de Mlava. Une grande bataille se prépare dans les environs de Cracovie, où les adversaires concentrent d'énormes effectifs.

On signale de nouvelles mutineries des contingents Tchèques dans l'armée Autrichienne.
Le total des pertes Prussiennes, Bavaroises, Saxonnes et Wurtembourgeoises est évalué maintenant à 1.200.000 hommes.

IV)
On apprend dans Le Figaro que « La Grande-Bretagne ayant informé le gouvernement Français de son intention de proclamer le protectorat Anglais sur l’Égypte, le gouvernement Français, s'inspirant de la « Déclaration Franco-Anglaise concernant l’Égypte et le Maroc », du 8 avril 1904, a donné son adhésion à ce projet.

De son côté, s'inspirant de la même « Déclaration », la Grande-Bretagne a reconnu le protectorat Français sur le Maroc et donné son adhésion au traité Franco-Marocain du 30 mars 1912.

Sur le plan militaire, le ministère de la Guerre communique, « La journée est marquée par une progression de notre part en Belgique, au nord de la route d'Ypres-Menin, ainsi qu'au sud et au sud-est de Bixschoote.
Dans la région d'Arras, une offensive vigoureuse nous a rendus maîtres de plusieurs tranchées devant Auchy-lès-La Bassée, Loos, Saint-Laurent et Blangy. Sur ce dernier point, nous avons enlevé, sur un front de plus d'un kilomètre, presque toutes les tranchées de première ligne de l'ennemi.
Dans la région de Tracy-le-Val, sur l'Aisne et en Champagne, notre artillerie lourde a pris nettement l'avantage.

Dans l'Argonne, les Allemands ont fait sauter une de nos tranchées au nord du Four-de-Paris et ont essayé d'en déboucher avec 3 bataillons. Cette attaque d'infanterie et celle qu'ils ont menée à Saint-Hubert ont été repoussées. »

Les journaux Parisiens reviennent longuement sur l’événement majeur de ce mois de décembre 1914, le bombardement des côtes Anglaises par les croiseurs Allemands entre l'Humber et la Tyne, rivières dans lesquelles stationnent habituellement des flottilles de torpilleurs, voire de sous-marins.
Le journal Le Temps, carte de l’Angleterre à l’appui, revient en détails sur ces événements.

(…) Au même moment, un croiseur dreadnought et un croiseur cuirassé, arrivant en vue de Scarborough, lancent 50 obus qui causent de grands dégâts.

(…) Les navires Allemands sont restés environ une heure en vue du littoral et ont été attaqués par des navires Anglais de patrouille qui, relate un communiqué officiel « avons essayé de leur barrer la route, mais les Allemands se sont enfuis à toute vapeur et, à la faveur du brouillard, ils ont disparu ».

En Belgique, les communiqués officiels de mercredi constatent que les alliés ont repoussé les contre-attaques que les Allemands dirigent sur les nouvelles positions conquises par les Belges et les Français à Saint-Georges et qu'il y a une légère progression jusqu'à la mer au nord-est de Nieuport et au sud-est d'Ypres.

Le correspondant de guerre du Daily Chronicle rapporte qu'en 3 jours les Allemands ont eu 24 000 hommes hors combat au nord et au sud d'Ypres.
Les Alliés repoussent les violentes attaques dirigées par les Allemands contre nos positions à Poekapelle, Langemark, Passchendaele et Bixschoote, c'est-à-dire sur le front nord-est d'Ypres.

MADAME DE THÈBES
La campagne Russe : Le communiqué officiel de Petrograd indique que « sur la rive gauche de la Vistule, les attaques opiniâtres des Allemands durent toute la journée, empruntant la direction générale de Kiernozia à Sochazcef (sur la Bzoura, à 65 kilomètres à l'ouest de Varsovie). Sur les autres points du front, les contre-attaques Russes continuent contre les positions de l'ennemi, elles en entravent les déplacements vers la région où il porte son attaque principale.

En Galicie, les manœuvres Russes ont empêché la progression des troupes Autrichiennes qui traversent les Carpathes.

Sur le front oriental, les Allemands ont dirigé des offensives repoussées sur Gumbinnen et sur Nikolaïken, au centre de la région des lacs de Mazurie, la ligne Russe va de ces deux points vers Mlawa.

Le journal Le Temps publie un article sur le bombardement d’Armentières qui « a repris avec une violence particulière et s'est étendu à tous les quartiers de la ville. Les bombardements précédents ont déjà endommagé beaucoup d'usines, mais cette fois, les Allemands ont employé des obus incendiaires qui ont détruit des maisons particulières et la filature de lin Lourme et Dolez, où les dégâts sont importants.

Attention aux méfaits du tabac : Dans Le Temps, on peut lire une drôle de mésaventure survenue à un fumeur néophyte qui l’emmena directement devant monsieur le juge. « Avant de prendre sa faction de sentinelle au domicile de son colonel, à la Chapelle-en-Serval (Seine-et-Oise), le cavalier Édouard Ameline, du 25e dragons, a le tort de fumer aussitôt après dîner, coup sur coup, deux cigares qu'on venait de lui donner... Or, notre cavalier n'a pas l'habitude de fumer, aussi la nicotine l’écœure-t-elle au point qu'il est retrouvé affalé dans sa guérite.
Croyant qu'il est ivre, ses chefs le déférent à l'autorité militaire, et il comparait devant le conseil de guerre pour abandon de poste et ivresse. Son avocat établit à l’audience que ce qui a été considéré comme de l'ivresse n’est en réalité que le résultat d'un violent malaise occasionné par la fumée. Il réussit ainsi à faire acquitter son client. »

V)
Le général Foch, qui commande le groupe provisoire du nord, arrive le 17 décembre, à 8h30, à Cambligneul, et prend en main la conduite des opérations. Craignant que la préparation d'artillerie ne soit insuffisante, il ordonne de n'entreprendre l'attaque du 33e corps sur Carency que, lorsque l'attaque du 21e corps sur Notre Dame de Lorette sera terminée.

Quant à l'attaque du 10e corps sur La Targette, elle sera reportée à une date ultérieure.
Au 21e corps, l'attaque est lancée à 13h10, après une violente préparation d'artillerie.
Le 21e bataillon de chasseurs, qui attaque dans le secteur de Noulette (bois Boche), s'empare, à 16h, des tranchées de première ligne ennemies sur presque tout son front d'attaque : A sa droite, le 20e bataillon de chasseurs, après avoir été cloué au sol après un bond de 100 mètres, parvient à prendre pied dans quelques éléments de tranchées, quant au 17e bataillon, qui attaque sur la crête même de Notre Dame de Lorette, il ne peut progresser...

La 92e division territoriale n'a poussé en avant que quelques postes vers la fosse Calonne, et, à la 58e division, si la gauche ne peut guère gagner qu'une centaine de mètres, le centre progresse d'environ 500 mètres vers la fosse n°8
Au 10e corps d'armée, nous avons pu gagner du terrain à Saint-Laurent dont nous tenons la mairie et l'école, vers Blangy, progrès nuls.
La nuit interrompt nos attaques; mais l'ennemi réagit fortement et essaie, par de furieuses contre-attaques, de reprendre le terrain conquis. Prises sous nos feux d'infanterie et d'artillerie, ces contre-attaques échouent.

VI)
Je suis allé communier ce matin avec Leroux. Jamais je ne m’en suis senti plus le besoin que maintenant où s’approche l’heure du combat. Je suis heureux aussi quand je peux emmener avec moi quelques camarades, revenus de certaines erreurs passées.
A 7h30, nous faisons une marche de délassement dans les bois. Je suis heureux de vivre et insouciant… Mais au loin, depuis le matin et même le milieu de la nuit, le canon gronde formidablement, la fusillade est terrible du côté de Suzanne, Albert. C’est le… Corps qui attaque… Quand la bataille mugit ainsi dans le lointain, l’on éprouve toujours une certaine angoisse : Des camarades se font tuer ! Puisse leur sacrifice n’être pas inutile et nous donner la victoire !
Beaucoup d’avions, un ballon captif, un drachen (dragon ballon captif de forme allongée et qui servait à l’espionnage) à l’horizon. Dans la soirée, nous apprenons que nous avons enlevé Mametz et Montauban : beau succès !

VII)
Au fond, les diplomates les plus perspicaces en savent-ils beaucoup plus long que Mme de Thèbes ?
Selon le baron de Berckheim, qui est premier conseiller de l'ambassade de France à Berlin, la guerre pourrait s'achever plus tôt qu'on ne le pense : le mois d'avril lui paraît être l'époque à laquelle les négociations de paix pourraient commencer.
Mais ces négociations seront longues, ardues, pleines d'embûches.
Il faudra que les belligérants gardent longtemps leurs armées sur le pied de guerre. Nos soldats ne sont pas près de rentrer dans leurs foyers...

Au fond, les diplomates les plus perspicaces en savent-ils beaucoup plus long que Mme de Thèbes ?

La célèbre voyante annonce qu'en 1915 l'Allemagne verra la guillotine en permanence (la guillotine doit être une façon de parler car l'instrument est bien Français), mais que l'ère révolutionnaire surexcitera le patriotisme Allemand, à la façon de 1793. La pythonisse reprend une idée que j'ai quelquefois développée en réponse aux idylles de République Germanique dont se bercent Vaillant et Compère-Morel. La rencontre m'amuse assez.

Mais pour une révolution en Allemagne, faut-il compter sur les socialistes qui se nationalisent à vue d’œil et se transforment en nationaux-démocrates, à l'image des libéraux d'avant 1870, devenus nationaux-libéraux après la guerre ?
Ou bien est-ce sur le socialisme extrême, celui de Liebknecht et de Rosa Luxembourg, qu'il faut se reposer ?
Liebknecht a été seul, tout seul, ces jours-ci, à voter contre les crédits de guerre au Reichstag et, pour ce fait, il est même menacé d'être exclu du parti.

Comme disait jadis à propos de Jaurès le prince de Bülow : « une hirondelle ne fait pas le printemps ».

M. de Berckheim disait encore que, depuis 3 ans, les avanies que subissent les membres de l'ambassade de France à Berlin sont telles que la position est devenue intenable.

On m'affirme que le scandaleux article publié par le sénateur Gervais, dans Le Matin, au mois d'août, a été écrit sur les indications du ministre de la guerre Messimy.
Cet article impute une conduite honteuse au feu à des contingents du Var. Or Clemenceau est sénateur du Var. C'est contre lui, dont l'influence est alors redoutée d'un certain nombre de radicaux, que l'attaque était dirigée... On veut pouvoir dire : « Les soldats de Clemenceau », comme on a dit, après l'affaire de Lille : « Les troupes à Caillaux. » En somme, querelles de couloirs et de factions par lesquelles on divise les Français. 

VIII)
Un budget pour le seul premier semestre 1915. La guerre ne faiblit pas et en cette fin d’année, il est clair qu’il faut envisager la poursuite du conflit en 1915 c’est pourquoi le Parlement doit voter d’urgence les moyens qui permettent aux armées de remplir leurs missions de défense du territoire et de combat contre l’ennemi pour qu’il retourne derrière ses frontières. Les crédits qui sont sollicités pour le premier semestre 1915 s’élèvent à 8 525 millions, en hausse de 5 929 millions en comparaison aux 6 premiers mois de 1914.

Sur cette enveloppe, les dépenses du ministère de la Guerre représentent 6030 millions. Au nom du gouvernement, le ministre des Finances Alexandre Ribot renonce à présenter un budget qui couvre la totalité des dépenses de l’année à venir.

IX)
Nuit assez mouvementée. Fusillade, canon. Bombardement dans la matinée...
Après-midi, bombardement autour de l'hôtel de ville. Alors que nous sommes tranquillement occupés à travailler, un obus arrive à l'entrée de la rue de Pouilly, tout près de la maison Sevestre, en face des Galeries Rémoises. Son explosion a fait vibrer les vitres du bureau et cela nous fait sortir pour aller jeter un coup d’œil par la salle des appariteurs. Au moment où j'approche de l'une de ses fenêtres, un second projectile, tombant à peu près au même endroit, éclate en masquant derrière une fumée noire et épaisse le coin de la place où est la Banque de France, des gens qui se trouvent dans ces parages se sauvent de tous côtés pour chercher un abri.

D'autres obus arrivent encore explosant autour de la mairie, l'un au coin de la rue Thiers et de la rue des Boucheries, un autre rue de la Prison. Etc...
M le Dr Langlet, MM. Em. Charbonneaux, de Bruignac et Raïsac quittent le bureau de l'administration faisant suite, à droite de la grande salle et tout le personnel se répand, partie dans les couloirs ou la salle des Pas-Perdus, partie dans les sous-sols.
A partir de 21h, le bombardement reprend et dure toute la nuit. Impossible de dormir. Chaque fois que je commence à m'assoupir, une nouvelle explosion me ramène à la réalité des choses comme, de temps en temps, une pluie de morceaux de tuiles ou d'ardoises dans la petite cour de la maison rue Bonhomme, m'indique qu'un immeuble assez proche vient d'être touché.

Décidément, je ne puis guère compter me reposer pour le moment. J'écoute attentivement les sifflements qui se suivent, voulant croire, après chaque éclatement, que le bombardement pourrait cesser, non ! « Ils » continuent toujours à tirer.
Plusieurs fois, je me demande s'il ne me va pas falloir me relever. Descendre à la cave... Au sous-sol par un froid de loup ne me dit rien. J'attends donc... et vers 6h du matin seulement, les derniers obus tombent encore tout près. Le bruit sec d'un gros éclat frappant fortement le pavé, devant le vitrage de la salle-à-manger où je suis si bien installé, me fait lever cette fois, et, malgré un grand besoin de sommeil, je dois considérer ma nuit comme terminée.

Il a été envoyé plus de 200 projectiles sur la ville, depuis hier soir et au cours d'une petite tournée que je tiens à faire avant de renter au bureau, je m'aperçois que les engins dont j'ai si bien entendu les explosions sont tombés rue Cérès, rue des Coumeaux, rue Ponsardin aux caves Werlé, boulevard Lundy, etc...

X)
Le jeudi, une perquisition a été faite chez le banquier monsieur Roth Le Gentil.

La lettre suivante a été adressée à la Mairie :

17 décembre 14
Référent à mon entretien verbal de ce jour avec M. le Maire et aux dispositions déjà prises, j'ordonne ce qui suit :
1° En ce qui concerne le débit de viande à l'abattoir il faut en premier lieu pourvoir aux besoins de l'armée et ensuite à ceux de la ville de Cambrai.

2° La viande des bêtes achetées par les bouchers de la main à la main est fournie pour autant qu'elle est de qualité convenable par moitié aux troupes.

3° La viande de vache etc... qui est apportée des localités en dehors de Cambrai pour être vendue devra être timbrée à l'abattoir. La moitié de cette viande, et si besoin est, d'avantage pourra être exigée par les troupes.

4° Tous les différents concernant le débit de la viande sont jugés par monsieur l'inspecteur Scholler.

Signé: Schötll

XI)
Vers 11h un abri de la tranchée de droite « de la Noé » a été démoli par un obus. Un homme a été légèrement blessé.

De 16h15 à 17h l'artillerie Allemande bombarde la ville, quelques obus de 150 tombent dans le quartier de la rue de [illisible], des obus de 210 éclatent vers la rue Cérès
Quelques projectiles atteignent le quartier de la gare.
Le bombardement reprend vers 20h30 et se prolonge durant toute la nuit.
Relève de 20h à 22h.
Ce même jour, le Soldat Fernand Fournier décède des suites de maladie à l'hôpital complémentaire B de Reims. Il est inhumé à la Nécropole nationale de Sillery - Tombe 4641. Il avait 33 ans.


17 décembre 1914 - 4 Morts pour la France | La Grande ...
1418.lorient.fr/.../1914.../decembre-1914/17-decembre-1914-4-morts-p...
Matricule 276473/765. Classe 1912. Il disparaît au combat à Steenstraete (Belgique), le 17 décembre 1914 à l'âge de 22 ans. Il habitait 47 rue de la Comédie à ...

Jeudi 17 décembre 1914 - Il y a 100 ans
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17 déc. 2014 - Jeudi 17 décembre 1914 : L'Angleterre bombardée, Armentières ... Par la rédaction pour Il y a 100 ans - La Grande Guerre, Publié le 17/12/ ...
17 Décembre 1914 ... Au fond, les diplomates les plus ...
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mercredi, 17 décembre 2014. 17 Décembre 1914 ... Au fond, les diplomates les plus perspicaces en savent-ils beaucoup plus long que Mme de Thèbes ?

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