Cette
page concerne l'année 830 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol
IXe
Xe SIÈCLE MOMENT OU LES REINE DE FRANCIE OCCIDENTALE DEVIENNENT PLUS PRÉSENTES
En
Francia Occidentalis, qu'est-ce qu'une reine ? Ce n'est que la femme
du roi... Elle n'exerce jamais le pouvoir de droit, mais seulement de
fait, comme par exemple Brunehaut au tournant des VIe et VIIe
siècles.
Un
tel fait s'inscrit dans la durée et est hérité de l'Ancien
Testament : En effet, le monde juif ne connaît pas de reine, si ce
n'est Esther, exilée à Babylone et reine, comme épouse du roi
Assuérus. Cela a plusieurs conséquences : Les termes employés pour
désigner l'épouse du souverain (uxor, conjux) dans les documents
du haut Moyen-Âge occidental sont souvent d'une grande banalité.
De
plus, son statut peut être encore flou au VIII siècle, avec la
présence des concubines et épouses légitimes, comme Himiltrude aux
côtés de Charlemagne : Les sources documentaires préfèrent les
passer sous silence...
D'origine
aristocratique, voire royale, les reines de Francia Occidentalis sont
choisies le plus souvent dans des familles lointaines et même
étrangères, ainsi les rois espèrent-ils échapper à l'accusation
d'alliances incestueuses, que poursuivent les canonistes à partir du
VIII siècle, ces derniers interdisent alors, on le sait, les
mariages jusqu'au sixième degré, puis, lors du concile de Douzy
(874), même jusqu'au septième, cependant, sont admises parfois des
unions au quatrième degré, comme entre Charles le Chauve et
Ermentrude, ou entre Louis le Bègue et Adélaïde Ire.
Bien
évidemment, pour des raisons diverses, les rois tournent la
difficulté, notamment en faisant établir de fausses généalogies
leur permettant soit un mariage, soit une répudiation.
Le
rang des futures reines tend d'une manière générale à s'élever.
En
effet, au IXe siècle, elles sont le plus souvent filles de comtes,
de Francia Orientalis (comme Judith, fille de Welf, comte de
Bavière), de Lotharingie (comme Richilde, fille du comte Bivin),
plus rarement de Francia Occidentalis (comme Ermentrude, fille
d'Eudes, comte d'Orléans).
Puis
au Xe siècle, elles sont fréquemment issues de familles royales :
Edwige, deuxième femme de Charles le Simple, est fille d'Edouard Ier
l'Ancien, roi de Wessex, Gerberge, femme de Louis IV, d'Henri Ier
l'Oiseleur ; Emma II, femme de Lothaire, fille de Lothaire II, roi
d'Italie.
D'une
manière générale, rares sont les reines dont l'origine reste
inconnue : Frérone, première femme de Charles le Simple, est de
noble naissance, sans plus de précision.
Les
sources narratives ou figurées nous renseignent assez précisément
sur la personnalité des diverses reines, même s'il faut faire
parfois la part du panégyrique.
Hildegarde,
femme de Charlemagne, la sainte, est dite, à la fin du VIIIe siècle,
« beatissima regina » ou « nobilissima piissimaque
regina ».
Nous
savons que Judith a séduit Louis le Pieux par sa beauté, difficile
à apprécier sur un dessin contemporain, fait probablement à Reims.
De
Richilde, seconde femme de Charles le Chauve, sont connus deux
portraits, également contemporains, l'un sur le coffret d'Ellwangen,
l'autre sur la peinture initiale de la Bible de
Saint-Paul-hors-les-murs, où, placée à gauche de Charles le Chauve
et accompagnée d'une femme de son entourage, elle a fière allure.
Raoul
Glaber décrit Emma Ire, femme de Raoul, comme une personne « atque
aspectu insignem » et, aux yeux de Richer, Gerberge est « multa
virtute memorabilis ».
Si
la question du sacre et du couronnement des rois a fait l'objet
d'importants travaux, si les ordines utilisés à cette occasion sont
faciles à consulter grâce à leur édition récente, les cérémonies
correspondantes concernant les reines sont encore assez mal connues,
à vrai dire, comme l'a souligné G. Lanoë, « le couronnement des
reines pose dès l'origine bien des problèmes ».
Cela
tient bien sûr aux sources, relativement abondantes pour le temps de
Louis le Pieux et de Charles le Chauve, plus éparses et laconiques
pour la suite. Leur examen montre que n'existe aucune constante, à
ma connaissance, plusieurs reines n'ont reçu d'ailleurs pas la
moindre bénédiction...
L'intronisation
d'Ermengarde et d'Ermentrude, femmes respectivement de Louis le Pieux
et de Charles le Chauve, se fait plus de vingt ans après leur
mariage, tandis qu'elle est plus rapide pour Richilde, celle-ci a
d'ailleurs le privilège d'apparaître couronnée et de recevoir les
laudes des Pères du concile de Ponthion (juillet 876), en même
temps que l'empereur, puis, l'année suivante, en septembre 877,
d'être consacrée et couronnée par le pape Jean VIII, à Tortona.
En
revanche, le même Jean VIII refuse tout simplement de couronner la
seconde femme de Louis le Bègue, Adélaïde Ire, en considérant
Ansgarde, première épouse de celui-ci, encore vivante, toujours
comme la reine légitime...
Les
lieux de sacre varient aussi :
C'est
Reims, pour Ermengarde, Frérone, Emma Ire et sans doute Gerberge,
Aix-la-Chapelle pour Judith.
Ermentrude
et Richilde (en juillet 876) sont sacrées lors de réunions
ecclésiastiques (synode ou concile), à Saint- Médard de Soissons
pour l'une, à Ponthion pour l'autre.
Adélaïde
II, femme de Louis V, est couronnée par les évêques, sans doute de
la province de Bourges.
Les
prélats consécrateurs dans ces deux cas sont les Pères
conciliaires, représentant l'ensemble du clergé du royaume, mais le
plus souvent il s'agit du pape (Etienne IV, Jean VIII) ou de
l'archevêque de Reims.
En
fait, c'est seulement Urbain II qui reconnaît, le 25 décembre 1089,
aux archevêques de Reims le privilège de sacrer les reines,
privilège qui d'ailleurs reste lettre morte au XIIe siècle.
Le
déroulement ou les diverses phases de la cérémonie n'obéissent à
aucune règle précise :
Étienne
IV, avant de célébrer la messe, couronne Louis le Pieux, puis
Ermengarde, après l'avoir qualifiée d'augusta.
Pour
Judith, il y a successivement couronnement, appellation d'augusta,
enfin acclamation par l'ensemble de l'assistance.
Mais
le document le plus intéressant pour les IXe et Xe siècles reste
l'ordo du couronnement d'Ermentrude, dû à Hincmar de Reims, le
premier connu pour une reine de Francie : La cérémonie comporte une
allocution de deux des Pères du concile de Saint- Médard de
Soissons, une courte oraison (pour le sacre), le couronnement et
enfin une bénédiction.
Pour
le Xe siècle, nous sommes dans le flou : Les quelques mentions
relevées font part soit d'un sacre (par exemple pour Frérone
(benedictio olei et consecratio) et Emma Ire (consecratio), soit d'un
couronnement (pour Adélaïde II).
Le
premier rôle de toute reine est à l'évidence de donner un héritier
mâle au souverain. La stérilité est la cause probable de la
répudiation de plusieurs d'entre elles, peut-être de la fille de
Didier, roi des Lombards, dont Charlemagne se sépare au bout d'un
an.
Mais
le fait que la reine mette au monde seulement des filles est presque
aussi difficile à supporter pour le roi : Fastrade, femme de
Charlemagne, a deux filles, dont Théodrade, future abbesse
d'Argenteuil, puis de Schwarzach...
Richilde
ne donne vie qu'à un fils mort-né et à une fille, Rothilde, et
surtout Frérone, mère de 6 filles en moins de 10 ans, a du mourir
prématurément, peut-être en accouchant.
Les
reines ont disposé de biens, dont l'origine est souvent difficile à
déterminer : Proviennent-ils d'une dot, donnée par leurs parents,
ou bien d'un douaire, concédé par leur mari ? Les sources ne le
précisent pas toujours, de plus, le mot dos est souvent
amphibologique dans les textes et peut signifier tout aussi bien «
dot » que « douaire ».
Il
convient d'ajouter que jusqu'au milieu du XIe siècle, la veuve a pu
jouir des revenus provenant de la dos, puis, à compter de cette
époque, ce n'est plus possible, car, à sa mort, ce dont elle
dispose pour subvenir à ses besoins doit faire retour sans aucune
perte aux héritiers.
Quelques
exemples des divers biens détenus par les reines et des problèmes
qu'ils peuvent poser :
Ermengarde
dispose de la villa Pociolos, sise peut-être en Rouergue, au profit
de l'abbaye de Saint-Antonin : Le diplôme de Louis le Pieux, à la
source de cette information, manque de clarté. On peut cependant
supposer qu'outre ce bien, d'importance apparemment restreinte,
Ermengarde en a d'autres possessions dans la même aire géographique,
sans doute plus importantes, cela explique que ses actes ou
interventions concernent uniquement Saint- Antonin ou Aniane...
Judith
possède en douaire des biens très dispersés : D'une part, à
Mons-en-Montois, non seulement la villa, « mais en fait tout le
petit pays qui va devenir le Montois féodal », d'autre part, San
Salvatore de Brescia.
En
outre, le fait que ses missi commettent des exactions dans le diocèse
de Toul semble indiquer qu'elle y a aussi des possessions.
Le
même phénomène de dispersion se retrouve pour les biens
d'Ermentrude : Son douaire se compose notamment de
Feuquières-en-Vimeu (dépendant du fisc de Roye en Amiénois) et
elle détient l'abbatiat tant de Chelles que de Morien- Val, enfin,
d'après un acte faux intitulé à son nom et à celui de
Charles
le Chauve, l'église de Saint- Gabriel près d'Arles aurait fait
partie de son donativum.
Un
acte, sans doute interpolé, de Carloman II surprend : En effet, il
interdit de donner le monastère de Sainte-Croix de Poitiers en
bénéfice à une reine ou à qui que ce soit: Pour M. R.-H. Bautier,
« l'histoire de Sainte -Croix, si elle était mieux connue,
permettrait sans doute de déterminer à quel moment le monastère a
couru le risque d'être mis à la disposition d'une reine et par
conséquent de dater l'interpolation », mais selon Mme Y.
Labande-Mailfert, favorable à l'authenticité du document, « il
semble que divers cas (en particulier celui de la reine Richilde...)
permettent de penser que le risque est permanent au IXe siècle pour
tout monastère.
Si
ces possessions leur servent essentiellement à survivre à leur
veuvage, les reines peuvent aussi disposer tout au long de leur vie
de revenus, puis d'attributions propres.
Dès
l'époque Mérovingienne, elles reçoivent le produit des redevances
(pibuta) qui sont perçues sur leurs domaines. Puis, dès le début
du IXe siècle, leurs attributions se précisent. Tout d'abord, par
le capitulaire de villis, « Charlemagne délègue à sa femme
une autorité de gestion dans ses domaines; elle a pouvoir de
commander aux intendants, aux ministériaux, au sénéchal et au
bouteiller, aux services de vénerie et de fauconnerie, de veiller à
l'exécution des ordres et de prendre les sanctions nécessaires ».
Comme
le souligne J. Chélini, « le rôle que la reine joue dans le palais
est donc important ».
Puis,
trois quarts de siècle plus tard, Hincmar, dans son « De
ordinepalatif », prescrit que l'administration intérieure du
palais, à l'exception de l'entretien des chevaux, tout comme la
réception des dons annuels des vassaux appartiennent à la reine et,
sous ses ordres, au chambrier, pour ajouter plus loin que les dons
apportés par les diverses ambassades concernent le chambrier, à
moins que, sur ordre royal, il en confère avec la reine, tout cela
vise, conclut-il, à ce que le roi, déchargé des soucis domestiques
sur la reine et le chambrier, puisse se consacrer totalement à
l'organisation et au maintien de l'ordre du royaume.
Plus
surprenant : Emma II, épouse de Lothaire, a même disposé du droit
de battre monnaie, vers 965, au même titre que les grands, le droit
régalien de monnayage ayant alors en grande partie échappé au
souverain.
Ainsi,
la reine, sans rôle politique officiel, peut-elle être considérée
comme l'auxiliaire du roi, « consors regni », expression
présente dans divers actes à compter de la seconde moitié du IXe
siècle, spécialement à propos d'Ermentrude. « Consors
regni », la reine l'est de diverses manières... Elle peut
recevoir comme le roi les laudes d'une assemblée religieuse ou être
représentée à ses côtés.
Elle
bénéficie également de prières de la part de nombreuses églises.
L'intention
tripartite de la prière (« pro statu Ecclesiae et salute régis et
(vel) patriae ...»), fréquente à l'époque Mérovingienne, a très
probablement une origine liturgique.
Sous
les Carolingiens, ce type de formules, assez stéréotypé (bien que
variant dans le détail) se développe pour prendre en compte
également l'épouse du roi (conjux, dite exceptionnellement reine ou
impératrice) et la descendance royale.
Tout
d'abord la formule est banale, parfois, cependant, un adjectif
affectueux est ajouté pour la reine dans les actes de Charles le
Chauve, comme cara, dulcissima, amantissima ou amanda . Peu à peu,
les rédacteurs sont plus précis : Ainsi sont sollicitées des
prières à la fois pour Ermentrude, décédée, et Richilde,
vivante.
Puis,
à partir de Charles le Chauve, apparaissent les fondations
d'anniversaires, avec dotation de biens pour les églises et mentions
précises des jours où les clercs devront prier pour elles : Le jour
de l'anniversaire de la reine est tantôt confondu avec celui du
souverain, tantôt individualisé.
Enfin,
un diplôme de Charles le Simple du 26 mai 918, entre autres clauses,
institue, en la chapelle du palais de Saint-Clément de Compiègne,
un collège de chanoines chargés de prier jour et nuit pour lui et
pour sa défunte épouse Frérone, en en faisant mémoire pendant les
vigiles, les messes et leurs autres prières, on a vu dans cet acte
l'origine de la chapellenie.
A
l'instar du roi, la reine peut être « mécène », commander et
posséder des manuscrits, ou encore faire des présents. C'est
notamment le cas d'Hildegarde qui, de concert avec Charlemagne, fait
copier, à la fin du VIIIe siècle, un évangéliaire (B. N. F., n.
a. 1. 1203), comme le précise une mention versifiée. C'est
Ermentrude qui, avec Charles le Chauve, donne un pallium portant des
vers brodés au pape Nicolas Ier, pour l'autel de Saint- Paul.
Comme
le roi, la reine peut disposer d'un personnel, mais bien évidemment
réduit. Elle charge parfois un précepteur de l'éducation de ses
enfants : Ainsi, Ermengarde demande à Clément (maître de l'école
du palais) de s'occuper de Lothaire, peut-être Bernard de Septimanie
et Fréculphe, évêque de Lisieux, ont-ils un rôle semblable auprès
de Charles le Chauve, à l'instigation de Judith, puis, Ermentrude
confie la même tâche à Joseph (notaire de Pépin II) d'Aquitaine,
qui enseigne Louis II le Bègue.
Frérone
a auprès d'elle (sans doute à son chevet, à la fin de sa vie),
deux médecins « concurrents », un Salermitain anonyme et Deroldus
(par la suite évêque d'Amiens..., peut-être le plus habile) qui se
combattent à coup de poisons, ainsi qu'un chapelain et confesseur,
Madelgerus.
Mais
surtout depuis l'époque Mérovingienne, elle a dû parfois être
assistée d'un référendaire, à l'image d'Ultrogothe, épouse de
Childebert Ier (511-558), dont le référendaire Ursicinus devient
par la suite évêque de Cahors.
Tout
comme le roi encore, la reine possède un anneau sigillaire : C'est
le cas notamment d'Arégonde, la seconde épouse de Clotaire Ier
(mort en
scellant
les actes intitulés à son nom, la reine n'y recourt, semble-t-il,
qu'à titre privé (fermeture de lettres missives, scellement de
coffres).
Cependant,
les reines des IXe et Xe siècles — comme leurs devancières
Mérovingiennes ont la faculté de délivrer des actes. Divers
diplômes de Charlemagne (notamment pour des églises Italiennes,
comme Modène, Bénévent ou le Mont-Cassin, mais aussi pour l'abbaye
Alsacienne de Honau, ou encore pour Salzbourg), de même que des
actes de Louis le Pieux signalent d'éventuels « precepta
reginarum », au même titre que d'éventuels « precepta
ducum ».
Dans
le n° 23 des « Formulae impériales », datable de
814-840, se trouve le passage : « omnia strumenta kartarum, quibus
praefatae ecclesie a regibus et reginis vel ceteris catholicis viris
res et mancipia collatae fuerant. » Pourtant actuellement peu de ces
actes sont conservés : Un seul original (ou plutôt pseudo- original
du XIIe s.) est intitulé au nom de Gerberge, 2 actes de Richilde
sont connus par des copies, le plus souvent, ce sont des diplômes
royaux qui, à vrai dire, en font état dans leur exposé.
Un
fait doit cependant être souligné. Au cours des IXe et Xe siècles,
pris en compte ici, la plupart des reines meurent avant leur époux :
Ermengarde,
épouse de Louis le Pieux, le 3 octobre 818.
Ermentrude,
épouse de Charles le Chauve, le 6 octobre 869, peu après leur
séparation (été 867).
Frérone,
épouse de Charles le Simple, le 10 février 917.
Or,
c'est à partir de leur veuvage, que les reines délivrent dans la
période suivante la grande majorité de leurs actes, traces de
l'administration de leurs domaines.
En
réalité, ce fait transcende certainement les époques et explique,
du moins en partie, la pauvreté de nos sources...
J'en
viens maintenant aux circonstances de la délivrance des actes de
reines et à leur teneur. Les préceptes d'Ermengarde pour
Saint-Antonin comme pour Aniane, certainement de peu antérieurs à
sa mort, sont entérinés par Louis le Pieux.
De
même Judith projette de se dessaisir de Mons-en-Montois au profit de
Saint-Martin de Tours, in extremo sui temporis.
Les
sources connues pour Ermentrude sont heureusement moins rares, mais
font souvent problème. D'une part, elle procède avec
Saint-Maur-des-Fossés à un échange restreint de biens de la région
de Chelles, avec l'autorisation de Charles le Chauve. Mais, plus
intéressant est celui qu'elle conclut avec son époux d'un bien
dépendant de l'abbatiat de Notre-Dame de Laon, bien dont la nature
est difficile à déterminer, en raison de l'obscurité du diplôme
de Charles le Chauve qui le mentionne, or, il est avéré que ce bien
doit être restitué à l'église de Châlons-en-Champagne ;
pour ne pas être lésée, Ermentrude reçoit donc une nouvelle
possession.
En
présence de documents aussi rares, il est délicat de formuler une
hypothèse sur la personnalité de leurs rédacteurs. On peut
seulement supposer qu'aux IXe et Xe siècles la reine n'a
généralement pas auprès d'elle de clerc particulier, chargé de la
rédaction des quelques pièces qu'elle expédie de temps à autre.
Elle doit alors confier cette tâche soit à la chancellerie royale
du vivant du souverain, soit en tout temps à l'un des membres de la
communauté destinataire.
A
côté des actes des reines proprement dits, il faut noter
l'importance de la correspondance échangée par quelques-unes
d'entre elles avec divers grands personnages, même si l'on a
parfois, à juste titre, mis en cause l'authenticité de certaines
lettres missives.
Une
telle correspondance existe bien antérieurement au IXe siècle.
Qu'il suffise de citer l'imposante collection de celles adressées
par Brunehaut dans les dernières décennies du VIe siècle à divers
grands personnages (l'empereur Maurice, Athanagilde, l'impératrice
Anastasie) ou reçues par elle (de la part de Germain, évêque de
Paris, ou Grégoire le Grand), dites « Epistolae austrasicae ».
Pour les IXe et Xe siècles, 3 reines, à notre connaissance,
expédient des lettres, Ermentrude, Gerberge et Emma II, leurs
destinataires, fort divers, sont :
Pour
Ermentrude, Pardoul, évêque de Laon, Héribold, évêque d'Auxerre,
le pape Nicolas Ier.
Pour
Gerberge, Edmond, roi d'Angleterre, Othon Ier, roi de Germanie, Adson
de Montier-en-Der.
Pour
Emma II, sa mère, l'impératrice Adélaïde (3 fois), l'impératrice
Théophano, un évêque indéterminé.
Les
reines qui, durant la même période, sont les destinataires de
lettres sont Judith, Ermentrude, Richilde et Gerberge.
L'activité,
le rôle des reines, tels que je viens de les examiner grâce aux
actes intitulés à leur nom ou à la correspondance qu'elles ont pu
entretenir, se manifestent aussi d'une manière éclatante par leurs
diverses et très nombreuses interventions pour des grands ou au
profit d'églises.
Ces
interventions de reines, généralement auprès du souverain, sont
rares à l'époque Mérovingienne, pour se multiplier à partir de
Louis le Pieux et de Judith, à tel point que le nom de cette
dernière (exemple même des intercesseurs) est mentionné dans le n°
51 des Formulae impériales.
Les
reines interviennent de diverses manières, pour des motifs
différents, ainsi qu'à diverses étapes de l'élaboration des
actes.
Il
convient de souligner tout d'abord que les reines agissent comme
proches du pouvoir royal. Toutefois, un acte de Lothaire et de Louis
V pour l'église de Paris qualifie Emma II de « fidèle » et la met
sur le même plan que le duc des Francs, Hugues Capet, ce qui pour
J.-Fr. Lemarignier est tout à fait anormal.
En
fait, l'origine de ces nombreuses interventions des reines est sans
doute à chercher dans le rôle d'accueil des ambassades mentionné
par Hincmar dans son De ordine palatti.
5
reines des IXe et Xe siècles interviennent très fréquemment auprès
du souverain : ce sont Judith (11 fois), Ermentrude (12 fois, plus
une fois auprès d'Hincmar de Reims), Adélaïde Ire (15 fois, soit 3
fois auprès de son mari
Louis
II le Bègue et 12 fois auprès de son fils Charles le Simple),
Gerberge (10 fois) et Emma II (12 fois).
Elles
mènent leurs démarches, soit seules, soit en compagnie de grands,
laïques ou clercs.
Seules,
elles agissent d'ordinaire pour le compte d'églises, situées dans
leur zone d'influence (par exemple Judith auprès de Louis le Pieux
pour l'abbaye Alsacienne de Hohenburg), à moins que ce ne soit celle
de leur famille (par exemple Emma auprès de Raoul de Bourgogne pour
les églises Bourguignonnes de Saint- Martin d'Autun et de Cluny),
les églises bénéficiant de leur soutien peuvent être également
proches de leurs domaines (c'est le cas des églises de Marmoutier et
de Ferrières, auxquelles Judith prête son aide). C'est parfois
aussi l'intérêt familial qui les guides, que leur fils soit le
bénéficiaire de la faveur royale (entre autres, Ermentrude
intervient auprès de Charles le Chauve pour l'abbaye de Saint-
Germain d'Auxerre, dont son fils Lothaire le Boiteux est abbé) ou
encore que le roi, bien jeune pour gouverner, profite ainsi des
conseils de sa mère (par exemple Adélaïde Ire joue ce rôle auprès
de Charles le Simple).
Fréquemment,
elles agissent aussi de concert avec d'autres dignitaires. Parfois,
elles peuvent même accompagner la même personne — peut-être leur
parent.
Des
intérêts particuliers, des relations personnelles de longue date ou
occasionnelles sont donc à l'origine des interventions des reines.
Les
reines interviennent de diverses manières. Des communautés
religieuses peuvent leur confier la tâche de présenter au souverain
les actes anciens, dont elles sollicitent la confirmation.
Deux
types d'intervention des reines méritent enfin une attention
spéciale, car chacune d'elles marque son époque.
— le
4 mars 828, un diplôme de Louis le Pieux et Lothaire pour l'abbaye
de Schwarzach se termine par « Domna regina Judit ambasciavit ».
— le
10 juin 833, un précepte de Louis le Pieux pour l'abbaye de Sainte-
Colombe de Sens renferme, avant la date, la formule « Domna regina
et Fulco impetraverunt ».
— et
encore, 3 actes de Charles le Chauve pour Saint-Maur- des-Fossés du
20 juin 867, pour son fidèle Robert de 875-876 et pour l'abbaye de
Nivelles du 9 juillet 877 comportent respectivement les expressions «
Domna regina ambasciavit », « Richildis ambasciavit » et « Domina
Richildis imperatrix ambasciavit ». Les démarches, que recouvrent
les verbes impetrare et ambasciare, sont proches. Mais, si l'on
s'accorde à traduire impetrare par « obtenir l'ordre d'expédition
de l'acte ». Enfin, à compter du milieu du Xe siècle, on trouve
des diplômes royaux délivrés avec le consentement de la reine :
Indice, entre autres, de l'affaiblissement du pouvoir royal. En
l'occurrence, Gerberge approuve, en 949, le remplacement des
religieuses d'Homblières par des moines, puis, avant 954, la
restitution de la villa de Corbeny à Saint- Rémi de Reims et la
réforme de l'abbaye de Saint-Basle de Verzy.
En
conclusion, il est clair que les IXe et Xe siècles voient une
transformation importante du statut et du rôle des reines de
Francie. Du roi, elles reçoivent des attributions assez précises
qui leur confèrent un pouvoir notable sur le gouvernement intérieur
du palais. Elles disposent sûrement d'un personnel (même s'il est
réduit et de ressources assez importantes qui leur permettent de
développer un certain mécénat, puis de subvenir à leurs besoins
en cas de veuvage. Certes, cet état n'est pas très fréquent pour
elles à cette époque et explique en partie le nombre restreint
d'actes qu'elles ont pu délivrer, essentiellement pour
l'administration de leur douaire. Certes, l'anneau sigillaire
qu'elles peuvent posséder ne leur sert pas au scellement de ces
actes, mais plutôt à un usage privé. Pourtant, elles entretiennent
une correspondance assez soutenue avec d'importants personnages et
sont en contact avec des dignitaires, laïques ou clercs, pour
lesquels elles interviennent fréquemment. Ainsi, les reines des IXe
et Xe siècles, à la charnière de la royauté et des grands, jouent
un rôle important (voire essentiel), dont l'étude détaillée pour
la période envisagée ici, et à plus forte raison pour une plus
longue durée, peut permettre, je crois, de mieux appréhender la
réalité du pouvoir royal...
Ermentrude
ou Hermentrude
(née le 27 septembre 830, morte le 6 octobre 869) première femme de Charles le Chauve, Ermentrude est la petite-fille d’un seigneur puissant, Adalhard, et la fille du comte d’Orléans Eudes Ier. Son mariage, qui est célébré le 14 décembre 842 à Crécy-en-Ponthieu, est un acte de politique. D’ascendance illustre, Ermentrude compte parmi ses ancêtres Charles Martel, Pépin le Bref ou encore Didier, roi des Lombards et père de Désidérade, l’une des épouses de Charlemagne.
(née le 27 septembre 830, morte le 6 octobre 869) première femme de Charles le Chauve, Ermentrude est la petite-fille d’un seigneur puissant, Adalhard, et la fille du comte d’Orléans Eudes Ier. Son mariage, qui est célébré le 14 décembre 842 à Crécy-en-Ponthieu, est un acte de politique. D’ascendance illustre, Ermentrude compte parmi ses ancêtres Charles Martel, Pépin le Bref ou encore Didier, roi des Lombards et père de Désidérade, l’une des épouses de Charlemagne.
Charles
II en eut :
Judith
de France (843 ou 846-870 ou 871), Reine de Wessex et Comtesse de
Flandres, qui épousera, en 856 Ethelwulf de Wessex, Roi de Wessex,
en 858 Ethelbald de Wessex, Roi de Wessex, en 863 Baudouin Ier
Bras-de-Fer, Comte en Flandre.
Louis
II le Bègue dit aussi le Fainéant (1er novembre 846-10 ou 11 avril
879), Roi de France en 877.
Charles
l'Enfant (vers 847-29 septembre 865 ou 866), Roi d'Aquitaine.
Carloman
(849-vers 876), Abbé, mort de ses blessures, après avoir eu les
yeux crevés sur ordre de son père, pour s'être révolté.
Lothaire
le Boiteux (vers 850- à la fin 865 ou 866), Abbé de plusieurs
abbayes dont Saint-Germain d'Auxerre.
Hirmintrudis
ou Ermentrude (851-après 877), Abbesse de Hasnon.
Rotrudi
ou Rotrude de Poitiers (855-après 912).
Hildegardim
ou Hildegarde.
Gislam
ou Gisèle.
Drogo
(mort en 865).
Pippin
(mort en 865).
Godehilde
de France (née en 865).
En
869, Ermentrude meurt dans le monastère de Saint-Denis où elle est
ensevelie : Elle est nommée dans tout le règne de Charles le
Chauve comme l’ayant accompagné dans les chasses et dans les
assemblées, quelquefois il semble que l’autorité souveraine soit
partagée entre le roi et son épouse dans des actes publics on lit :
La reine ordonne.
Lors
de la réconciliation de Lothaire et de Charles le Chauve, à
Attigny, il est dit que c’est par l’intervention d’Ermentrude,
que Lothaire, qui a envoyé un message de paix, reçoit de son frère
une réponse favorable...
Des
éléments extérieurs au royaume ont semé la discorde dans le
couple royal : Les démêlés matrimoniaux de Lothaire II,
roi de Lotharingie (Lorraine).
Mais
si Ermentrude a fermement soutenu Theutberge, Charles le Chauve, lui,
a plaidé en faveur de son neveu Lothaire II et s’est fait
rappelé à l’ordre par le pape. Ces dissensions ont amené
Ermentrude à fuir la Cour en 867 pour s’installer à l’abbaye de
Hasnon près de Valenciennes.
Après
la mort de Lothaire II le 8 août 869, Charles II le
Chauve pénètre en Lotharingie et se fait sacrer à Metz par
Hincmar, archevêque de Reims, le 9 septembre 869. Un mois plus tard,
Ermentrude meurt.
Elle
était en disgrâce depuis 2 ans déjà, et Charles le Chauve aimait
depuis longtemps une autre femme qu’il se hâta d’épouser. Voilà
le récit un peu abrégé que l’on trouve dans les Annales de
Saint-Bertin : « Charles le Chauve ayant appris dans sa
maison de Donzy, le 9 octobre, que son épouse Ermentrude est
décédé le 6, envoie aussitôt Boson, fils du feu comte Bouin, en
message vers sa mère et sa tante maternelle, veuve du roi Lothaire,
afin qu’il lui amène sa sœur Richilde...
Le
rôle des reines de France aux IXe et Xe siècles
www.persee.fr/web/revues/.../crai_0065-0536_1998_num_142_3_1591...
de
J Dufour - 1998 - Cité 2 fois - Autres articles
L'intronisation
d'Ermengarde et d'Ermentrude, femmes respectivement de Louis le Pieux
... l'année suivante, en septembre 877, d'être consacrée et
couronnée par le pape ..... 830, B. von Simson éd., M. G. H., SRG,
Hanovre-Leipzig, 1905, p.
Ermentrude
d'Orléans (fille d'Eudes d'Orléans) — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Ermentrude_d'Orléans_(fille_d'Eudes_d'Orléans)
Ermentrude
d'Orléans (27 septembre 830-† 6 octobre 869) est une reine ...
mourut à la fin de l'année 865, et Carloman, mourut en 876 de ses
blessures, après ...
Reines,
Impératrices - La France pittoresque
www.france-pittoresque.com/spip.php?rubrique706
9
janv. 2013 - Ermentrude ou Hermentrude (née le 27 septembre 830,
morte le 6 .... de l'année 996, Robert II épousa Suzanne-Rozala de
Provence en 988, ...
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visite : 08/02/15
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