mercredi 4 février 2015

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR LE 16 DECEMBRE 1914

16 DECEMBRE 1914


I)
Faubourg Saint-Jacques, Paris Lucien Ledoux :
 « Moins de 10 jours avant Noël ! Approchez, approchez, Mesdames et Messieurs ! »
La neige tombe en gros flocons sur la rue du faubourg où se sont installés les marchands. De chaque côté de la rue, des étals sont dressés. Des camelots interpellent les passants à grands cris :
« Jouets, dessins, crayons, j’ai tout ce qu’il vous faut, madame ! »
« Offrez des vêtements chauds à ceux que vous aimez ! Des prix extraordinaires, ici ! »
« Vins, alcools, venez préparer votre table de Noël ! »

L’approche de Noël fait revivre le faubourg Saint-Jacques, dont les trottoirs se repeuplent peu à peu. Si la foule qui les parcourt n’est pas aussi dense qu’au Noël précédent, Lucien n’en est pas moins heureux de voir le quartier sortir au moins pour un moment de la torpeur dans laquelle la guerre l’a plongé. Autour de lui, des femmes en manteau s’attardent sur les articles exposés, et marchandent âprement avec les vendeurs. Les rares hommes présents sont des vieillards ou, à l’inverse, des enfants qui se battent joyeusement à coups de boule de neige.

« Approchez, il y en aura pour tout le monde ! »
Au coin de la rue, la foule se fait soudain plus dense. Lucien ne parvient pas même à distinguer la charrette qui provoque une telle cohue. Intrigué, il se fraie un chemin parmi les badauds. Il découvre un petit personnage à la barbe en pointe, vêtu d’un grand manteau blanc. Monté sur un escabeau, l’homme se débrouille tant bien que mal face à toutes les mains qui lui tendent pièces et billets.
« Tenez, madame, merci à vous, vous faites une affaire ! dit-il d’une voix fluette. Monsieur, êtes-vous servi ? Que vous faut-il ? Ah, excellent choix ! Vous faut-il un reçu ? »

Lucien reste coi devant les articles présentés au-dessus de lui. Il n’y a là ni jouets, ni vêtements, ni quoi que ce soit que l’on puisse trouver sous un arbre ou sur une table de Noël.
Il n’y a là que des armes !
Fusils, revolvers, couteaux et même cuirasses sont suspendus comme des saucissons.
Les acheteurs se battent presque pour emporter le dernier exemplaire d’un pistolet Colt américain vendu dans une superbe boîte, tel un magnifique jouet...

Le marchand continue de s’époumoner, alors même qu’il sert ses clients :
« Allez, Messieurs-Dames ! Qu’allez-vous envoyer aux membres de votre famille qui sont au front ? Qu’allez-vous envoyer à votre fils, à votre mari ? Envoyez-leur quelque chose d’utile ! Ce revolver très simple d’entretien peut tuer son Boche à 400 mètres ! Cette cuirasse provenant directement des stocks de l’armée Russe protégera votre garçon ou votre époux des balles allemandes !... Et qui n’a pas sa baïonnette, la meilleure amie du soldat ? »

Lucien n’en croit pas ses yeux. Le négociant finit par le remarquer :
« Hé bien, jeune homme, est-ce qu’il y a ici quelque chose qui vous ferait plaisir ? dit-il en se penchant vers lui. Vous avez un membre de votre famille au front ? Un ami, peut-être ? Qu’est-ce qu’il vous faut ?

— Vous faites commerce d’armes ? Pour Noël ? » demande Lucien, estomaqué.
Comme étonné de cette remarque, l’homme au manteau blanc se redresse et désigne du pouce la rue derrière lui. À son grand étonnement, Lucien distingue alors d’autres charrettes garnies d’armes autour desquelles se presse aussi une foule compacte.

« C’est un Noël de guerre ! explique le commerçant de sa voix de crécelle. Franchement, à ceux que vous aimez, vous préférez offrir un bibelot ou une arme qui leur donnera une chance de plus de revenir vivants ? »

II)
16 décembre 1914. Vic sur Aisne
Voilà qu’on nous bombarde ici !
L’obus devient obsédant. On en a plein la tête de sa chanson fastidieuse !
Des marmites (ô Badonviller, je te retrouve à Vic !), des marmites donnent soudain de leur grosse voix durant que nous mangeons, 3 médecins et moi, de la compote de pêches en conserve dans l’étude du notaire. Patatabroumm !… La gendarmerie vole en morceaux…
Bien visé, Messieurs les Allemands…
D’autres tombent sur d’anonymes pauvres maisons, les unes déjà blessées et que cette nouvelle éventration achève, les autres que la joie d’avoir échappé au premier bombardement tenait déjà et qui, prises d’un beau courage, ouvraient depuis quelques jours leurs volets l’un après l’autre. La nôtre qui porte déjà trois blessures en son flanc n’attrape rien, que quelques lourds éclats que notre cuisinier facétieux vient nous servir tout chauds sur un plat, en guise, dit-il, de plum-pudding.
Nous avons eu aujourd’hui plusieurs hommes tués dans les tranchées : ce sont ou des distraits ou des bravaches : Des distraits qui ont dépassé de la tête la ligne de la terre protectrice, des bravaches qui se sont montrés au-dessus de cette ligne « histoire de voir des boches ». Tout ce qui dépasse la terre est immédiatement touché d’une balle.

III)
Nettoyage des armes, des effets et des équipements. Le soir nous nous mettons en tenue de départ et nous couchons en alerte, sacs montés. Courcelles est bombardé et plusieurs obus tombent auprès de notre cantonnement. Un artilleur a la jambe coupée par un éclat... Le 30e d’artillerie quitte Courcelles ce soir.

 IV)
Chère Eugénie
J’ai reçu hier mardi le colis que tu m’as envoyé, contenant du chocolat, des genouillères, un bon caleçon, du papier à lettres, etc… Je t’en remercie sincèrement, surtout pour le caleçon, tu as dû savoir que j’en avais demandé un à Aimée. Je l’ai mis sur moi immédiatement, ainsi que les genouillères, et je m’en trouve très bien.
Pendant les 8 jours que j’ai passés dans les tranchées de première ligne, couché sur la terre, plutôt sur la boue, car nos tranchées ne sont couvertes que par les tentes que nous portons, j’avais souvent froid aux jambes et aux genoux, plutôt qu’aux pieds, avec ce bon caleçon, je serai garanti.
Comme je l’écris à Aimée aujourd’hui même, nous sommes au repos en arrière du front, et ce n’est pas trop tôt. Ce matin, pendant 3 heures, j’ai gratté ma capote pour enlever la boue qui y est collée, il y a des écailles d’1/2 centimètre tout autour, de même pour le pantalon.
Quand nous sommes relevés, pour revenir en arrière, ou pour aller sur le front, nous passons par des chemins qui sont tellement sales que tu ne peux pas t’en faire une idée. Les plus sales de chez nous (la Forêt ou la Grande-Prairie), sont des avenues auprès de ceux-là. Nous avons fait surtout 500 mètres dans 20 centimètres de boue liquide sans pouvoir l’éviter, nous en avions plein nos chaussures. Ce n’est plus le parquet de l’étude de Me. Parfait. Ce qui me console, c’est que je supporte toutes ces fatigues sans en trop souffrir.
Encore une fois merci et bonjour affectueux.
Ton frère,   H. Moisy

V)
Journal du Rémois Paul Hess (extraits)
« Nuit et journée assez calmes. Quelques obus. »
 Le 347e RI bombardé dans le pays Rémois
16 décembre 1914.-

Vers 9h45, violente canonnade dirigée sur tout le front du sous-secteur du Linguet par des canons de divers calibres. Les tranchées de gauche de 1ère ligne (tranchée de la Noé) ont été particulièrement éprouvées par le tir d’obus de 21 cm. Un des abris de cette ligne a été écrasé, et les boyaux de communication en avant et en arrière de la même tranchée se sont éboulés en 3 endroits.
Un obus a éclaté à l’entré du boyau de mine et l’a obstrué. Nos pertes, qui n’ont pu être évaluées qu’après plusieurs heures de déblaiement, s’élèvent à 1 sous-officier  (sergent Marcel Dardenne) et 7 hommes de la 24e Cie tués, et 6 hommes de la même Cie blessés.

VI)
Bombardement de Scarborough 3 vaisseaux de guerre Allemands bombardent 3 ports Anglais de la mer du Nord : Scarborough, Whistby et Hartlepool, une centaine de morts et 250 blessés...

L'amirauté Anglaise annonce qu'un mouvement important de la flotte Allemande a eu lieu ce matin dans la mer du Nord.
Les villes de Scarborough et d'Hartlepool ont été bombardées. Les flottilles Britanniques ont engagé le combat sur divers points.
« Des habitants de Scarborough, arrivés à Hull, racontent que le bombardement de la ville a commencé ce matin, à 8h. Plusieurs édifices, disent-ils, ont été endommagés par les obus ennemis. »

VII)
Lu dans le « Miroir » en date du mercredi 16 décembre 1914 (numéro 57)
France.
L’armée anglaise a progressé en Flandre près de Wytschaete.
Les forces Franco-Belges se sont avancées vers l’ouest aux environs de Nieuport et au sud d’Ypres.
Les Allemands ont bombardé à longue portée la gare de Saint-Léonard, près de Saint-Dié, et attaqué vivement, mais sans résultat, nos lignes à proximité de Thann, en Alsace.

Russie.
L’avantage reste acquis aux Russes dans la région de Mlava, comme aussi sur la Bzoura, près de Lovicz.

Les Serbes ont fait retraverser le Danube et la Save aux corps Autrichiens qui avaient pénétré dans leur pays.

L’ Angleterre prépare le remplacement du souverain égyptien transfuge Abbas II par son oncle Hussein Kamel, qui prend le titre de sultan.
Tout lien de vassalité est rompu entre l’Egypte et la Turquie, le premier de ces pays devenant un protectorat Britannique, dont le cabinet de Londres dirige les relations extérieures.

VIII)
Situation en France :
Dans sa séance du jour, le conseil des ministres décide de demander aux Chambres le vote d'un crédit de 300 millions, dans le but de venir en aide aux populations des départements envahis. L'opinion publique sera unanime à approuver cette résolution.
L'idée d'une aide à apporter aux régions envahies, pour les dédommager des pertes que l'invasion leur a infligées, n'est d’ailleurs pas nouvelle, comme on serait peut-être tenté de le croire.

Sur le plan militaire, le communiqué officiel indique que :
« Nous avons progressé sur quelques points dans la région de Vermelles. »
Pas d'action d'infanterie sur le reste du front, mais tir très efficace de notre artillerie lourde aux environs de Tracy-le-Val, sur l'Aisne et en Champagne, ainsi que dans l'Argonne et dans la région de Verdun.

En Belgique, de Nieuport au sud d'Ypres : On annonce officiellement que les troupes Franco-Belges débouchant de Nieuport occupent une ligne allant de l'ouest de Lombaertzyde à la ferme Saint-Georges.
C'est à Saint-Georges et au village voisin de Mannekensvere que l'ennemi s'est accroché de longues semaines sur l'Yser, bombardant de là avec son artillerie lourde Nieuport et, plus au sud-ouest, Oost-Dunkerke.

Sur le front qui s'étend au sud d'Ypres, et contre lequel l'ennemi a massé des forces considérables, il est officiellement confirmé que les troupes Françaises ont attaqué dans la direction de Klein-Zillebeke, au sud-est d'Ypres, sur la route qui mène de cette ville à Werwick.
Le « Daily Mail » constate que les forces alliées qui ont élargi le terrain, au nord-ouest, autour de Ramscapelle sont maîtres actuellement des deux extrémités du croissant que constitue le front en Flandre occidentale.

Le « Telegraaf » signale des mouvements de troupes Allemandes de grande envergure dans les Flandres occidentales.
D'après ce journal, la plupart des villages entre Tournai et Lille ont été évacués par la cavalerie.
Des troupes de cavalerie et d'infanterie ont traversé Bruxelles, venant probablement de la région de Lille et de Maubeuge.
La plus grande partie de ces troupes se sont dirigées sur Namur. Les officiers de l'état-major de Tournai sont arrivés à Bruxelles.

Pour prouver un peu plus, s’il en est besoin, à ses lecteurs de la France inoccupée l’impitoyable dureté de l’envahisseur, le journal « Le Temps » publie une proclamation du maire de Lille, du 3 novembre dernier. Elle a, pour le journal, le caractère d'un document historique...

Mes chers concitoyens,
En plus du versement considérable que nous sommes obligés de faire presque journellement pour l’entretien des troupes, l'autorité militaire Allemande vient de m'informer que la ville doit verser, comme contribution de guerre, une somme de plusieurs millions...
Nous avions espéré que le désastre effrayant causé par le bombardement nous aurait mérité un peu de pitié. Nous n'avons pu faire fléchir la décision.
Cette contribution doit être versée en espèces d'or ou d'argent ou en billets de la Banque de France. Notre caisse municipale est vide, et pour l'alimenter, il faut que nous fassions appel au concours de tous.
Nous ne vous demandons pas de donner, mais seulement de prêter à la ville les sommes petites ou grandes, que vous pouvez avoir à votre disposition.
Pour les souscriptions n'excédant pas 500 francs, l'échéance se fera de suite contre des bons communaux de la ville.
Pour les souscriptions plus importantes, il vous sera délivré un reçu échangeable contre des bons dans un délai maximum de 8 à 10 jours.
Les versements seront reçus de 9h à midi et de 2h30 à 4h, dans les bureaux suivants. (Suit la liste des établissements.)...
La tâche que nous avons à remplir est profondément pénible et douloureuse, je ne doute pas que vous aurez à cœur de la faciliter.
Charles DELESALLE. »

IX)
Et pendant ce temps à Paris, la préfecture lutte toujours contre l’alcoolisme. Le Figaro :
« Interdiction de l'absinthe : M. le préfet de police vient de prendre de nouvelles décisions de fermeture de débits de boissons contre un certain nombre de commerçants de Paris et de la banlieue qui ont persisté à mettre en vente de l'absinthe ou des produits similaires. »

X)
16 Décembre 1914 ... Le vieillard Clemenceau
Le gouvernement est rentré à Paris sans tambours ni trompettes. On sait que le Conseil des ministres se tient de nouveau à l’Élysée, mais le Président est invisible...
La Chambre se réunit le 22. La question est de savoir s'il y aura interpellations, discours, effets de tribune, ou si, comme au Reichstag, on se contentera de voter les crédits demandés par le gouvernement. Il y a environ 120 députés mobilisés sur 600 . Ceux-là ont reçu un congé, mais il leur est interdit de siéger en uniforme pour ne pas éclipser leurs collègues civils. C'est tristement mesquin...

En dépit de la trêve et de l' « union sacrée », la politique de parti ne chôme pas. Le vieillard Clemenceau essaie une intrigue contre Millerand.

Clemenceau (qui a le type physique du mongol destructeur et l'esprit nihiliste) serait enchanté de retrouver comme jadis, lorsqu'il était tombeur patenté des ministères, le concours des conservateurs pour causer un peu de ce gâchis où il se plaît.

Maurras écrit ce matin à son sujet un article d'une grande force :
« M. Clemenceau continue sa campagne contre le ministre de la Guerre, démasquée depuis dimanche, elle revêt ce ton de rancune personnelle qui donne quelquefois un petit intérêt aux propos du sénateur du Var.
Son article d'hier, composé dans un charabia intolérable, découvre çà et là quelques phrases presque lisibles aux endroits où il est question d'attraper « celui qui commande à tout le monde », et « l'homme investi » de « pouvoirs extraordinaires », qui paraît vouloir oser se dérober à ses observations et à ses conseils incohérents. Critiquant le service de santé, les postes, l'habillement et rencontrant sans doute, de temps à autre, une vérité comme on peut rencontrer une aiguille dans une botte de foin, M. Clemenceau demande par deux fois qu'on l'en remercie, qu'on ne soit pas ingrat et par dessus tout qu'on lui reconnaisse « le droit de hausser son ambition à signaler à l'impuissance des tout puissants la nécessité des réformes dont les détourne une bien fâcheuse politique de la volonté ». Ce pathos signifie qu'au bidet qu'il juge perclus, M. Clemenceau rêve ardemment de substituer son roussin ataxique.

Conseillons-lui de repasser à un autre moment. Le pays n'a pas le loisir de renverser des ministres comme entre 1880-1892 ni de se payer une crise d’État comme entre 1897 et 1899.

On considère tout d'abord qu'en thèse générale un changement à la tête des administrations de la guerre ne vaudrait rien.
On constate ensuite que le titulaire actuel est estimé de beaucoup de gens compétents.
On se rend compte, en dernier lieu, que son adversaire n'est pas un être sans valeur, car il représente au contraire une haute valeur négative, un pouvoir de division, de décomposition et de ruines tout à fait hors de pair.
Sa longue carrière politique est d'un radical opposant qui, ayant tout réduit en miettes, se trouve un beau jour prié de reconstruire et de recoller, son ministère de 3 ans fut une honte. Quelques unes des principales mesures qui ont affaibli notre armée datent de son passage aux affaires.
Si nous avons moins d'officiers et moins de soldats, si nos soldats sont moins exercés, si nos canons se sont trouvés moins nombreux, nos munitions moins abondantes, le ministère de 1906-1909 en est largement responsable. Les années qui suivirent continuèrent à montrer M. Clemenceau sous un aspect d'agitateur et d'agité sans boussole.

Son attitude est devenue si scandaleuse dans la période critique de la fin août que tous les esprits indépendants se joignent à nous pour demander que cet embusqué politique soit sommé de choisir entre le Conseil de guerre et le Conseil des ministres.
Mais il est trop tard aujourd'hui pour ce dernier poste. Ses incartades lui ont enlevé toute autorité de gouvernement.
Il doit être mis une bonne fois en demeure ou de se taire, ou d'avoir à répondre de ses infractions aux lois qu'il a faites.

Quand 10 départements sont occupés par l'ennemi, il est inadmissible que l'ordre public, condition de la défense nationale, puisse être à la merci de l'humeur d'un particulier moins qualifié que tout autre pour troubler la tâche héroïque de nos armées ou le patient travail de nos administrations militaires.»...

Voilà la haute conception de la politique nationale qu'a toujours eue et que nous a apprise Maurras. La ligne où l'Action française s'est trouvée naturellement placée pendant la guerre aura prouvé que ce n'était pas par un vain mot que vous diriez n'être d'aucun parti, sinon du parti de la France. 

Guillaume II est sérieusement malade. La « Woche », un grand journal illustré Allemand, a donné une photographie du Kaiser qui en dit long sur son état physique et moral. L'Empereur a vieilli de 10 ans depuis la guerre. Le Dr Lesage m'apprend que le médecin qui a été appelé au palais royal de Berlin est un spécialiste du cancer. Guillaume II a-t-il la même maladie que son père, ou bien, en grand névropathe qu'il est, craint-il de l'avoir ?... Il est difficile de calculer en ce moment l'influence que la mort de l'Empereur pourrait avoir en Allemagne sur la guerre.  •

XI)
L’échec de Vienne, le raid maritime de Berlin :
Le Grand quartier général Autrichien se décide enfin à reconnaître sa défaite en Serbie et la perte de Belgrade. Néanmoins, les généraux essaient de justifier la retraite de leurs troupes sans vraiment convaincre :  » Le mouvement de retraite de son aile droite impliquant plusieurs modifications de la situation militaire, on a jugé opportun d’évacuer Belgrade sans combat ». C’est ce qu’on appelle une piètre justification qui est dépourvue de toute logique et ne résiste pas à ceux qui ont étudié la stratégie utilisée jusqu’alors par les hommes de François-Joseph et ont analysé leur tactique... On maquille en réalité un échec pour tenter de le rendre présentable.

En revanche les Allemands ne sont pas dans cette situation. Ils osent même accomplir un raid maritime contre les ports Anglais d’Hartlepool, Whitby et Scarborough. Pour ce faire, ils usent de cinq croiseurs de bataille, de quatre croiseurs légers et de deux flottilles de torpilleurs sous le commandement de l’amiral Hipper.
Ces ports qui sont ici visés sont des stations balnéaires et de villégiatures. Ils n’ont aucune activité militaire ce qui explique qu’ils sont plus faciles à approcher.
C’est aussi pour Berlin, une manière d’instaurer l’insécurité parmi la population civile Britannique. De fait, les services de secours dénombrent 74 tués et près de 250 blessés.

8h10 à 4 km des côtes les cuirassés Allemands, ont ouvert le feu sur les batteries Headland. Pendant la bataille deux facteurs ont compté en faveur de la ville d'Hartlepool :
Le premier un camouflage récent de la batterie Heugh... Et un feu nourrit et prolongé sur les navires ennemis, de sorte que les Allemands gênés par un bon nombre d'obus ont raté leur cible. La seconde, c'est que dans le temps entre l'espionnage Allemand sur la région et leur attaque, une des bouée du port a été déplacée plus près de la rive.
Cela a contraint les navires Allemands à s'approcher de la côte,
compte tenu de la portée de leurs canons.

Les 3 navires Allemands étaient des unités de force de haute mer de l'amiral von Hipper en reconnaissance composées des cuirassés : Seydlitz, et Moltke et du croiseur blindé Blucher.
Face à cette force massive armé d'un total de 12 canons se trouvent les 3 canons de la batterie Heugh et une flottille composée de 2 vedettes, 4 destroyers et un sous-marin basé dans le port...

Ce matin, les 4 destroyers HMS Doon, HMS Waveney, HMS Test et HMS Moy étaient déjà en mer, mais sans les croiseurs lance-torpilles HMS qui étaient encore dans le port.

A 8h00 les 4 destroyers aperçoivent les navires Allemands, mais, leur faible armement les empêche d'engager le combat... Seul le HMS Doon tire une torpille qui, malheureusement, rate son but.
Les premiers coups de feu ont atterri près de la batterie Heugh, tuant uniquement un civil et 3 soldats... Lesquels deviennent les premiers soldats tué sur le sol Anglais au cours de la Première Guerre mondiale.

Deux autres soldats sont tués par l'obus suivant, lequel a également endommagé la ligne téléphonique entre les deux batteries, de sorte que le commandant devra faire relayer les ordres par mégaphone. Cela s'est avéré impossible en raison du bruit, donc un homme a été envoyé en liaison entre le poste de commandement et la batterie pour relayer les ordres verbalement.
La Batterie du phare réussi à frapper le « Blucher », tuant 9 marins et causant des dommages au navire et à 2 de ses canons.
Suite à cela, le « Blucher » s'est placée dans une position telle qu'il était impossible de l'atteindre.
3 bateaux de la défense côtière de la Colombie Britannique (2 croiseurs légers et un sous-marin) sont amarrés dans le Dock Victoria au moment de l'attaque...
Le sous-marin est frappé au sortir du port, ce qui a ensuite bloqué la voie pour les croiseurs derrière lui. Les rendant incapables de participer à l'attaque suivante...
Deux batteries ont riposté avec courage, sans cela les victimes parmi les artilleurs auraient été beaucoup plus élevé.
Un coup tiré de la batterie du phare semble avoir temporairement désactivé le « Blucher » le forçant presque à s'échouer.

Les Allemands ont passé près d'une heure à bombarder sans relâche Hartlepool expédiant 1 150 obus dans la ville, sur les gens terrifiés, il semblait que le carnage ne se arrêterait jamais.

8h52 l'escadre allemande ayant tiré sa dernière charge, se retire aussi rapidement qu'elle était apparue, et se retire dans les brumes de la mer du Nord.
Laissant 102 morts dont 9 soldats, 7 marins, 15 enfants et 467 blessés. 7 églises, 10 bâtiments publics, 5 hôtels et plus de 300 maisons endommagées.

Mais, les Allemands ne se sont pas échappés complètement indemnes, la batterie Heugh ayant tiré 123 coups principalement sur le « Blucher » brisant son avant-pont, endommageant une partie de ses armements...

Pour leur bravoure au combat les capitaines de la batterie Heugh ont reçu ensemble la médaille militaire et le sergent du phare aussi pour bonne conduite. Le commandant a également reçu de nombreuses félicitations...

Certains obus étant tombés sur les maisons, ont tués ou blessés gravement les habitants. D'autres ont été atteint mortellement dans les rues. Jusqu'à ce moment, aucun des habitants ne savaient ce qui se passaient et pensaient que le bruit était soit le tir de la batterie, ou une bataille navale en mer... Beaucoup prenaient leur petit-déjeuner, et se préparaient à commencer la journée. La première victime civile signalé fut une petite couturière de 17 ans, qui était à son travail.
Les habitants de ces villes terrifiés par le bruit et la destruction, se sont précipités pour s’abriter en sécurité serrant tout ce qu'ils pouvaient porter. Certains se sont réunis à Ward Jackson Park, ou dans les villages voisins, comme Elwick ou Hart.
Les énormes canons ont tonné et ont ébranlé la ville, le gazomètre explosant d'une façon spectaculaire et les obus éclatant partout dans les rues et sur les maisons de la ville. Le « Evening Gazette » a rapporté que, les projectiles explosaient partout, semant la mort et la destruction »
Les enfants ayant été regroupés en ligne et les bébés roulés dans leurs poussettes vers la sécurité supposée du parc et les malades alitaient ont été évacués dans des parties calmes plus éloignées de la ville.
8h10 du matin, un grand nombre d'habitants étaient prêts pour l'école, ou le travail, La plupart n'étant pas préparés à un tel réveil parmi eux régnaient la terreur.

Ce fut le seul champ de bataille WW1 au Royaume-Uni
L'attaque sur Hartlepools a pris 40 minutes, 8h10-8h50.

Les hommes de garnison De Durham et son infanterie légère ont été stationnés à la Batterie Heugh, sous le commandement du lieutenant-colonel Lancelot Robson.

La bravoure résultant des bénévoles de la batterie de Heugh et celle des habitants de la ville est aujourd'hui l'un des champs de bataille historiques du Royaume-Uni, fêté chaque année le 16 Décembre.


XII)
« La mainmise sur les établissements étrangers », « Le Temps », mercredi 16 décembre 1914.
Salonique, le 14 décembre :
On annonce de Constantinople que le gouvernement a ordonné la mainmise sur les établissements scolaires religieux et laïques appartenant aux sujets Français, Anglais et Russes. Les élèves seront congédiés et les professeurs expulsés. Ces établissements seront transformés en écoles Turques.
Les hôpitaux ont également été saisis et les médecins Turcs en ont pris la direction. Toutefois, à l'hôpital Français, les sœurs ont été autorisées à continuer à assurer leur service, et le conseil d'administration, essentiellement Français, garde le droit d'administrer. Le médecin Turc désigné pour administrer l'hôpital Français a simplement le titre de contrôleur général.

D. R., « L'expulsion des Grecs d'Asie mineure », Le Temps, mercredi 16 décembre 1914.
Les persécutions dont les Grecs sujets Ottomans viennent d'être et sont encore les victimes en Asie mineure et qui ont tout récemment provoqué une protestation du gouvernement Hellénique, ne sont pas des faits isolés, ni nouveaux, ils sont le fruit d'une politique et la suite d'un grand mouvement qui, dès le mois de juin dernier, a porté la dévastation sur une région s'étendant de l'est de la mer de Marmara au sud de Smyrne, et qui a atteint plus de 120 000 personnes.
Ces événements, qui ont précédé de quelques semaines à peine la guerre Européenne, sont peu connus, les circonstances n'ont pas permis, à l'époque, que ces crimes, perpétrés par la jeune-Turquie, paraissent au grand jour.
Un archéologue Français, M. Félix Sartiaux, chargé de mission en Asie mineure par le gouvernement, donne dans (…) la Revue des deux mondes (…) une relation des événements dont il a été le témoin...

XIII)
La Grande Bretagne à l'époque avait la meilleure flotte du monde...
Le 1e corps de cavalerie était prêt à exploiter un premier succès et l'armée Britannique devait coopérer à l'action, tout au moins avec l'aide du corps Indien qui formait son aile droite.
L'attaque proprement dite devait être lancée le 17 décembre, et comporter 3 phases successives :
Le premier jour, on devait s'emparer de la crête Carency- La Targette,
Le second jour, de la route Souchez-Arras.
Le troisième jour, enfin, des hauteurs 140.

Ces indications n'avaient rien de restrictif, au cas où notre avance aurait pu être plus rapide.
Le général de Maud'huy avait installé son poste de commandement à Cambligneul.

XV)
Le 16 décembre, au 21e corps d'armée, la 58e division de réserve a fait une attaque sur la voie ferrée Vermelles - La Bassée, au nord de l'embranchement d'Annequin.
Cette action avait surtout pour but de détourner l'attention de l'ennemi du véritable front d'attaque et de l'obliger à déplacer ses réserves.
Menée par les 295e et 280e régiments d'infanterie, puissamment préparée par l'artillerie de la 58e division et l'artillerie Anglaise, l'attaque est déclenchée à 8h précédée par deux groupes francs des régiments d'attaque.
Au nord, le groupe franc du 295e pénètre dans le saillant ennemi et une compagnie du même régiment prolonge son mouvement vers la gauche, mais ne peut progresser au-delà.
Au sud, la progression du groupe franc et des compagnies du 280e est encore moins accentuée et le gain total, en fin de journée, n'est que 150 à 300 mètres de terrain. La 58e division de réserve s'organise et se prépare à reprendre l'attaque le lendemain.

Au 10e corps d'armée, une attaque à la tombée de la nuit a été déclenchée sur Rausart, pour attirer les réserves ennemies dans cette région. Cette attaque, qui ne devait pas être poussée à fond, trouve les postes d'écoute ennemis évacués, mais est accueillie par une vive fusillade partant de tranchées fortement garnies, tandis que de nombreux projecteurs sont mis en action.

16 décembre 1914 | À la vie, à la guerre
www.alaviealaguerre.fr/16-decembre-1914/
Faubourg Saint-Jacques, Paris. Lucien Ledoux. « Moins de dix jours avant Noël ! Approchez, approchez, Mesdames et Messieurs ! » La neige tombe en gros

15 et 16 décembre 1914 : départ des tranchées de ...
www.nrblog.fr/.../15-decembre-1914-depart-des-tranchees-de-vauquois-...
15 déc. 2014 - Le mardi 15 décembre 1914 A 2 h nous quittons les tranchées de Vauquois. Nous sommes remplacés par une compagnie du 4ème ...

L'histoire en rafale » 16 décembre 1914 : l'échec de Vienne ...
lhistoireenrafale.blogs.lunion.presse.fr/.../16/16-decembre-1914-lechec-d...
16 décembre 1914 : l'échec de Vienne, le raid maritime de Berlin. Posté le 16 décembre 2014 * Commentaire(0). Le Grand quartier général autrichien se décide ... WW1 Bombardment 16 December 1914, East Coast ...
www.heughbattery.com/bombardment.html
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On 16 December 1914 when German warships bombarded Hartlepool, the soldiers manning the Heugh Battery returning fire in 'anger' at the three German ...






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