mardi 24 février 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 814

24 FÉVRIER 2015...

Cette page concerne l'année 814 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

APERÇU DE LA VIE TRÉPIDANTE DE CHARLEMAGNE



Charlemagne, du latin Carolus Magnus, ou Charles Ier dit « le Grand » dans la nomenclature qui commence avec Clovis Ier, né le 2 avril 742, 747 ou 748 mort le 28 janvier 814 à Aix-la-Chapelle, roi des Francs et empereur. Il appartient à la dynastie des Carolingiens, à laquelle il a donné son nom. Fils de Pépin le Bref, et de la reine Bertrade (Berthe au Grand Pied) il est roi des Francs à partir de 768, devient par conquête roi des Lombards en 774 et est couronné empereur à Rome par le pape Léon III le 25 décembre 800, relevant une dignité disparue depuis la chute de l'Empire Romain d'Occident en 476.

La date et le lieu de naissance de Charlemagne sont l’objet de controverses, en raison de l’absence de renseignements concordants dans les documents d’époque. On dispose d’une indication sur le jour de sa naissance : Un calendrier du début du IXe siècle de l'abbaye de Lorsch indique que la naissance de Charlemagne a eu lieu « le 4 des nones d'avril », soit le 2 avril.
En ce qui concerne l’année, il existe trois possibilités : 742, 747 ou 748.
Les sources
La date de 742 se fonde sur un énoncé d’Eginhard, selon lequel Charlemagne est mort dans sa 72e année.
Mais il apparaît qu'Eginhard paraphrase la Vie des douze Césars de Suétone, de sorte que l'âge qu'il attribue à Charlemagne n'est pas totalement fiable...

Cette absence de certitude concernant l’année de sa naissance est probablement liée au fait que Pépin et Berthe ne se sont mariés (religieusement) qu’en 743 ou 744. Par conséquent, la naissance de Charlemagne est, du point de vue de l’Église, illégitime en 742, légitime en 747/748.
Un autre aspect concerne son âge lors des événements de sa jeunesse : 26 ans ou 20 ans en 768 à son avènement.
La date de 742, retenue de longue date (notamment par le père Anselme) a été remise en question en 1973 par Karl Ferdinand Werner. Cependant, des écrits postérieurs maintiennent la validité de la date de 742.
  • 742 : Arthur Kleinclausz en 1934 (avec quelque vraisemblance, l'an 742, le 2 avril) Jean Favier en 1999, après argumentation Georges Minois en
    2010, après argumentation Renée Mussot-Goulard, sans argumentation.

  • 747 : Karl Ferdinand Werner en 1973, dans un article consacré à ce sujet, Pierre Riché en 1983 récusant catégoriquement, sans argumentation, la date de 742 et la bâtardise de Charlemagne, Geneviève Bührer-Thierry en 2001, sans argumentation, Stéphane Lebecq.
  • 748 : Cette date est retenue par certains historiens.

Divers lieux ont été évoqués : Aix-la-Chapelle, Quierzy-sur-Oise, Ingelheim am Rhein selon Godefroi de Viterbe.
Le lieu de la naissance de Charlemagne n'est mentionné dans aucune source d'époque. La plus ancienne indication, qui concerne Ingelheim, vient de Godefroi de Viterbe (auteur Italien du XIIe siècle) et est retenue par certains auteurs.

Un autre lieu de naissance envisagé est Quierzy-sur-Oise qui est une ancienne villa royale Mérovingienne dans l'Aisne, entre Noyon et Chauny. Ses parents s'y sont mariés. Cette petite commune a été entre 600 et 900, capitale de la Francie. De nombreux événements s'y sont produits, dont 3 conciles.
Selon d'autres historiens, Charlemagne aurait vu le jour en Austrasie, en particulier dans l'actuelle région de Liège, à Herstal ou Jupille, résidence la plus fréquente de Pépin le Bref et de certains ancêtres des Carolingiens, notamment Pépin le Gros, le père de Charles Martel.

Les renseignements jusqu’à son avènement sont limités. Charlemagne est mentionné pour la première fois dans un diplôme de 760 concernant l’abbaye de Saint-Calais. En ce qui concerne la période du règne de son père, on sait que Charlemagne a pris part à un certain nombre d'événements.
Il est à la tête de la délégation qui accueille le pape Étienne III en Champagne en 754, et il est peu après sacré par le pape, en même temps que son frère Carloman.
Il participe aux opérations en Aquitaine en 767-768 et il est avec sa mère dans le cortège qui ramène Pépin le Bref malade à Saint-Denis.
En ce qui concerne son éducation, on retient qu’il n’a pas appris à écrire jeune, puisqu’il s’y exerce à l’âge adulte.
Mais il s’agit peut-être de calligraphie, plutôt que d’écriture basique.
En revanche il sait lire et connaît le latin. Sa langue maternelle est le francique...

Même si le caractère de Charlemagne n'avait été porté à faire des conquêtes, la disposition des grands de l’État lui aurait appris que le seul moyen de conserver la paix de son royaume est de les occuper sans cesse à la grandeur du trône, afin qu’ils n’aient pas le loisir de se lier pour leurs propres intérêts...

Les peuples d’Aquitaine sont les premiers qui essaient de se rendre indépendants.
Charlemagne marche contre eux avec une armée peu nombreuse, mais il compte sur Carloman son frère, auquel l’Aquitaine appartient en partie, et qui, par conséquent, est obligé de s’unir à lui.
Carloman se trouve en effet au rendez-vous, à la tête de ses troupes, les soupçons qu’il a conçus de l’ambition de Charlemagne lui faisant craindre de tomber en sa puissance avec l’élite de ses guerriers, il rebrousse chemin... Dans cet abandon imprévu, qui ne peut qu’exciter les peuples à la révolte, Charlemagne n’hésite pas un moment, sans compter le nombre de ses soldats, ni celui de ses ennemis, il poursuit sa route, livre bataille, remporte une victoire complète (770), met ordre aux affaires d'Aquitaine avec une promptitude, une prévoyance qui révèlent le grand homme et le politique habile, et déconcertent les princes tributaires de la France, qui croient pouvoir profiter de la jeunesse du monarque pour se dégager de la foi jurée...

Lorsqu’il se trouve seul maître des territoires de son père, il forme le projet de soumettre les Saxons. Ces peuples, encore païens, occupent une grande partie de l’Allemagne, et, comme tous les barbares pour qui l’indépendance est le premier des biens, ils préfèrent le pillage à des établissements fixes, ont plusieurs chefs, et forment plusieurs tribus rarement disposées à s’unir pour le même intérêt...
Charlemagne commence à leur faire la guerre en 772, et n’achève de les soumettre qu’en 804...

Charlemagne a de plus à combattre les Lombards, les Huns, les Sarrasins, les Bretons, les Danois...

La grandeur de ses États rendant les révoltes faciles, il lui faut faire autant d’efforts pour conserver que pour acquérir. Sa cruauté envers les Saxons ressemble au désespoir, son indulgence à leur égard prouve que, pressé par d’autres affaires, il trouve bonne toute conciliation qui lui permette de s’éloigner avec honneur.

Tandis qu’il se bat sur les bords du Weser, le pape Adrien implore son secours contre Didier, roi des Lombards, qui vient de reprendre Ravenne. Le danger est pressant, il accourt, et, toujours servi par la victoire, il se saisit de la personne de Didier, l’envoie finir ses jours dans un monastère, et se fait couronner roi de Lombardie (774)...

Charlemagne passe bientôt en Espagne (778) au secours d’un des chefs Sarrasins qui se disputent l’empire de ces belles contrées, il assiège et prend Pampelune, se rend maître du comté de Barcelone.

Les mauvaises dispositions des peuples d’Aquitaine ayant décidé Charlemagne à leur donner un roi particulier, il choisit le plus jeune de ses fils, Louis, connu sous le nom de Louis le Débonnaire.

De même, les efforts continuels des Lombards et même des Grecs pour reconquérir l’Italie, et le peu de fidélité qu’il trouve dans les grands auxquels il a confié le pouvoir, lui font sentir la nécessité de les rallier autour du trône, et il leur donne pour roi Pépin, le second de ses fils : L’aîné, qui porte le nom de Charles, reste près de lui pour le seconder dans ses expéditions...

Il a un autre fils, qui se nomme aussi Pépin : C'est même le premier de ses enfants... Soit qu’il eût pour lui une partie de l’aversion qui l’a décidé à répudier sa mère.
Soit qu’en effet ce jeune prince, mal fait de corps, mais d’une belle figure et d’un esprit actif, eût mérité la haine de son père, il n’eut aucune part dans le gouvernement. Les mécontents s’unissent à lui, le mêlant dans une conspiration bientôt découverte, il ne conserve la vie qu’en se consacrant à Dieu dans un monastère...

A son retour d’Espagne, Charlemagne part combattre les Saxons :
Chaque année cette expédition se renouvelle... De là il passe à Rome pour faire couronner par le pape ses deux fils, Pépin et Louis (780), confirmant ainsi lui-même les peuples dans la croyance que le chef de la religion peut seul rendre le pouvoir royal légitime et sacré...

Il est impossible de suivre ce prince dans toutes ses expéditions militaires, dans toutes les courses qu’il entreprend pour apaiser des révoltes qui se renouvellent sans cesse il suffit de remarquer que l’année 790, (22e) est la première qu’il passe sans prendre les armes, et que cette paix ne durera que jusqu’au printemps de l’année suivante...
Plus sa puissance s’étend, plus il doit penser à reprendre le projet formé par son aïeul Charles Martel de rétablir l’empire d’Occident, aussi l’impératrice Irène, qui règne à Constantinople, afin de prévenir le partage de l’empire, fait proposer à Charlemagne d’unir leurs enfants, ce qui aurait mis de nouveau le monde sous une seule domination... Sa proposition est acceptée, mais lorsque l’ambition conduit Irène à détrôner son fils et à s’emparer du pouvoir, elle fait offrir sa main à Charlemagne... Cette union bizarre, que l’ambition seule peut concevoir et accueillir, aurait présenté un nouveau spectacle au monde, si l’impératrice n’avait été renversée...

Charlemagne se fait couronner empereur d’Occident, l’an 800, par le pape Léon III, est déclaré César et Auguste, on lui décerne les ornements des anciens empereurs Romains toutes les formes consacrées sont suivies...

Charlemagne, après avoir fait un de ses fils moine, a le malheur de perdre, en 810, Pépin, qu’il a créé roi d’Italie, l’année suivante, Charles, l’aîné, suit son frère au tombeau, il ne lui reste de fils légitime que Louis, roi d’Aquitaine, qu’il associe à l’empire en 813, son grand âge et ses infirmités lui faisant pressentir que le terme de sa carrière approche.

En effet, il meurt le 28 janvier 814, dans la 71e année de son âge, et la 47e de son règne. Par son testament, fait en 806, confirmé par les seigneurs Francs assemblés à Thionville, et signé par le pape Léon III, Charlemagne partage ses États entre ses trois fils. « Ce qui est à remarquer, dit le président Hénault, c’est que ce prince laisse à ses peuples la liberté de se choisir un maître après la mort des princes, pourvu qu’il soit du sang royal. »...
Mais le plus singulier, c’est la disposition portant que : Si un différend survient entre les 3 successeurs, ils auront recours, non à la bataille ou la preuve par duel, mais au jugement de la croix... Ce jugement consiste, dans les affaires douteuses, à conduire à l’église 2 hommes qui s’y tiennent debout, les bras biens en croix, pendant la célébration de l’office divin, et gain de cause est donné à celui des 2 partis dont le champion est resté le plus longtemps immobile dans cette attitude. C’est ce qu’on appelle le jugement de Dieu...
Ce prince, toujours victorieux, verse des larmes en pensant au mal que les peuples du Nord feraient un jour à la France : « Si, malgré ma vigilance, disait-il, ils insultent les côtes de mes États, que sera-ce donc après ma mort ? » Il sent trop tard que ces mêmes Saxons, qu’il a réduits à chercher un asile dans les climats les plus âpres, reviendront exercer contre son royaume de cruelles représailles, et entraîneront à leur suite d’autres barbares, toujours faciles à exciter par l’appât du butin : L’avenir ne justifia que trop ses craintes...

Aucun monarque n’a été plus loué que Charlemagne, il a réuni en sa faveur les guerriers, les évêques, les hommes de loi et les gens de lettres.

Les politiques lui ont reproché d’avoir tout réglé dans l’État, excepté la succession au trône, qu’il laisse à la merci des factions, et d’avoir multiplié ces assemblées où le pouvoir royal s’affaiblit nécessairement, ce qui ne s’accorde pas avec l’étendue donnée à l’empire... Il surmonte tous les obstacles par son génie, son courage, son activité, et l’art de distribuer les récompenses, mais il ne consolide rien, et, pour lui succéder avec la même gloire, la même sûreté pour le trône et pour la Francie, il eut fallu lui ressembler.

Malheureusement il est le dernier héros de sa race. En parvenant à rétablir l’empire d’Occident, il a accompli le dernier projet formé par sa famille, il ne reste plus qu’à conserver. La politique de Pépin n’ayant jamais eu d’autre but que celui d’acquérir, l’héritier de Charlemagne se trouve sans règle pour se diriger...

Suivant les historiens contemporains, Charlemagne est l’homme le plus haut de taille et le plus fort de son temps :
« Il ne porte en hiver, dit Eginhard, qu’un simple pourpoint fait de peau de loutre, sur une tunique de laine bordée de soie.
Il met sur ses épaules un sayon de couleur bleue, et il se sert pour chaussures de bandes de diverses couleurs. »

Suivant le même historien, Charlemagne est enterré à Aix-la-Chapelle. On le descend dans un caveau, où il est assis sur un trône d’or, revêtu des habits impériaux, du manteau royal et du grand chaperon de pèlerin qu’il portait dans tous ses voyages à Rome il a la couronne sur la tête, il est ceint de son épée, tient un calice à la main, a son livre d’Évangiles sur les genoux, son sceptre et son bouclier d’or à ses pieds... Le sépulcre ayant été rempli de pièces d’or et parfumé d’odeurs, on le scelle, et par-dessus est élevée un superbe arc de triomphe, sur lequel on grave cette épitaphe :
« Ici repose le corps de Charles, grand et orthodoxe empereur, qui étendit glorieusement le royaume des Francs, et le gouverne heureusement pendant 47 ans. »

Charlemagne mérite le titre de restaurateur des lettres, il attire en Francie, par ses libéralités, les savants les plus distingués de l’Europe entre autres : Alcuin, dont il se fait le disciple,
Pierre de Pise, qui prend le titre de grammairien de Charlemagne.
Paul Warnefrid, connu sous le nom de Paul Diacre, qui lui enseigne la littérature grecque et latine.

Sur les conseils d’Alcuin Charlemagne établit une académie dans son palais.
Il assiste aux séances avec tous les savants et les beaux esprits de sa cour : Leidrade, Théodulphe, les archevêques de Trèves et de Mayence, et l’abbé de Corbie.

On lit dans les lettres d’Alcuin, que tous les membres de cette académie ont pris des noms particuliers, analogues à leurs talents ou à leur goût pour quelque ancien auteur : l’un s’appelle Damétas, l’autre Homère, un troisième Candidus ; Charlemagne a choisi le nom de David... Il se fait honneur d’être membre de cette société littéraire, la première qu’on ait vue dans les Gaules, et donne son avis sur les sujets qu’on y discute.
Charlemagne a amené d’Italie des maîtres de grammaire et d’arithmétique, il les établit dans les principales villes de ses États, et fait ouvrir des écoles de théologie et d’humanités dans les cathédrales et dans les monastères.
Il écrit à Lulle, disciple de Saint Boniface, apôtre d'Allemagne, et son successeur sur le siège de Mayence :
« Disposez-vous, vénérable père, à instruire vos enfants dans les arts libéraux, afin qu’en cela vous satisfassiez nos ardents désirs, etc... »

Alcuin, Paul Diacre et Pierre de Pise composent des pièces de vers latins, de différents mètres et sur divers sujets, pour amuser ou instruire le monarque... Dans une de ces pièces en vers trochaïques, Charlemagne dit à Paul Warnefrid : « En grec, vous êtes un Homère, en latin, un Virgile, en hébreu, un Philon, dans les arts, un Tertulle... Nuit et jour vous vous occupez à m’enrichir l’esprit de littérature, tant latine que grecque. Nous vous faisons de grands remerciements de ce que vous entreprenez de former dans la science du grec ceux que nous vous avons confiés. C’est une gloire pour nos États : Nunc surrexit gloria. »

Lebeuf attribue cette pièce à Pierre le grammairien, et, si elle n’est pas de Charlemagne lui-même, on voit qu’elle a dû être écrite, en quelque sorte, sous sa dictée.
Ce prince est en correspondance avec Paulin, patriarche d’Aquilée, qui lui dédie plusieurs de ses ouvrages. Il ne dédaigne pas de proposer ou de deviner des énigmes, selon l’usage de son temps... On a de lui une lettre toute énigmatique, adressée à Paul Warnefrid. Cependant plusieurs historiens modernes ont avancé que Charlemagne, qui montrait tant de goût pour les sciences, et qui parlait plusieurs langues, ne savait pas écrire, pas même signer son nom, et ils s’appuient sur ce passage d’Eginhard :
« Tentabat et scribere, tabulasque et codicillos ad hoc in lectulo, sub cervicalibus, circumferre solebat, ut quum tempus vacuum esset, manum effingendis litteris assuefaceret. »
Mais suivant Ceillier, le texte d’Eginhard signifie seulement que Charlemagne essaie d’imiter les beaux caractères des manuscrits de sa bibliothèque, et qu’il ne peut y parvenir, s’étant exercé à ce travail dans un âge trop avancé.
Ce prince consacre tous ses loisirs d’hiver à la lecture. Il fait mettre sous le chevet de son lit la Cité de Dieu de saint Augustin. On lui lit à table les ouvrages des Pères, ou les vies des rois, ses prédécesseurs.
Toute la belle saison étant consacrée à des voyages ou à des expéditions militaires.

Saint Grégoire a réglé le chant religieux qui a été introduit en Occident par Saint Ambroise.
En Francie, ce chant n’est qu’une psalmodie pesante et monotone. Charlemagne fait venir des chantres de Rome. Il y a dès lors des notes pour le chant, des écoles sont ouvertes, et un capitulaire ordonne que le chant grégorien soit reçu dans toutes les églises de Francie.

Charlemagne veut aussi introduire dans ses États la liturgie romaine. Le clergé qui tient aux anciennes coutumes, montre quelque résistance. Plusieurs églises cèdent à l’autorité du monarque, d’autres font un mélange des deux liturgies romaine et gallicane.
Charlemagne prescrit, mais sans pouvoir l’établir, l’uniformité des poids et des mesures.
C’est à lui qu’est due la manière de compter par livres, sous et deniers.
Ce grand prince a conçu le projet de joindre le Rhin au Danube, et l’Océan au Pont-Euxin. Ce projet ne paraît pas d’une exécution bien difficile, toute l’armée est employée à creuser un canal. Les travaux ont été conduits jusqu’à 2 000 pas, lorsque les pluies, l’éboulement des terres, et le défaut de connaissances qu’on a depuis acquises, font d’abord interrompre, et ensuite abandonner cette noble entreprise.

Mais les arts, protégés par Charlemagne, élèvent d’autres monuments :
La ville d’Aix-la-Chapelle, devenue le siège de l’empire, doit à ce prince son origine et son éclat, elle prend son nom d’une chapelle magnifique qu’il a fait construire avec les plus beaux marbres transportée à grands frais de Rome et de Ravenne. Les portes de ce temple sont de bronze, et son dôme surmonté d’un globe d’or massif.

Rien n’égale, à celle époque, en grandeur et en magnificence, le palais de Charlemagne. On y voit, disent Eginhard et le moine de Saint-Gall, d’immenses portiques, de superbes galeries, des salles pour les diètes des grands vassaux, pour la tenue des parlements, des conciles et des synodes, des appartements pour tous les officiers de l’empire, pour les députés des provinces et les ambassadeurs : Tout le palais est disposé, pour que, de sa chambre, Charles puisse voir tous ceux qui entrent dans les autres appartements... Mais ce qu’on admire le plus est le riche portique qui conduit du palais à la basilique.
L’art y déploie toute son industrie, et le prince toute sa magnificence.

Charlemagne fait aussi construire des thermes, ouvrage admirable de la nature et de l’art. Ils sont si spacieux et si abondants en eaux chaudes, que plus de 100 personnes peuvent y nager ensemble.
C’est l’un des exercices les plus ordinaires du monarque, il l'exerce non seulement avec les rois ses enfants, mais souvent avec ses officiers et les seigneurs de sa cour, quelquefois même avec ses soldats, et l’auteur de sa biographie remarque qu’il y excelle par-dessus tout.
Il a aussi à Seltz, en Alsace, un palais non moins magnifique, et c'est là qu’il reçoit les ambassadeurs de Nicéphore avec un appareil dont les Orientaux eux-mêmes n’ont point d’exemple.

C'est à Charlemagne que la Francie doit ses premiers progrès dans la marine. Il relève le phare de Boulogne, et fait creuser plusieurs ports, il favorise l’agriculture, et s’immortalise par la sagesse de ses lois.
Sa renommée remplit l’Orient :
Il reçoit les députés du patriarche de Jérusalem,
Les ambassadeurs des empereurs Nicéphore et Michel.
Deux ambassades que lui envoie Aroun Al-Rachyd, le plus célèbre des califes abbassides.

Il assemble des conciles, des parlements, publie les Capitulaires : Les Livres Carolins, et fait admirer en lui le conquérant et le législateur.

LINCEUL DE CHARLEMAGNE
Les ouvrages de Charlemagne sont :
1° Ses Capitulaires, recueillis par Ansegise, abbé de Saint-Wandrille, mort en 822, et par Benoît le lévite, ou diacre de Mayence, mort en 845.
Ces Capitulaires sont dressés, pour la plupart, à Aix-la-Chapelle, en 805 et 806. Ils sont remarquables en ce que plusieurs ont été renouvelés par Louis XIV...

2° Des lettres, nous citerons : Celle qu’il écrit ad Frastradam reginam de victoria Avarica, anno 791, elle est dans le recueil des historiens de Duchesne, et celle qu’il adresse à Pepin, son fils, roi d’Italie.
La Lettre à Élipand et aux autres évêques d’Espagne :
Charlemagne les conjure de s’en tenir à la foi de l’Église catholique, et de ne pas se croire plus savants qu’elle.
La Lettre à Alcuin : cette lettre prouve que Charlemagne connaissait bien les rites ecclésiastiques.
3° Une Grammaire.
4° Son testament.
5° On attribue à Charlemagne quelques poésies latines, telles que l’Épitaphe du pape Adrien, le Chant de Roland, etc...
6° Les Livres Carolins : Charlemagne n’en est point l’auteur, mais il permet qu’on les publie sous son nom, ils sont composés contre le second concile de Nicée, qui décide la question des images.
Les contemporains de Charlemagne
Europe
  • Les papes
    Zacharie (741), Étienne II (752), Paul Ier (757), Étienne III (767), Adrien Ier (772), Léon III (795-816)
  • Les rois Asturiens
    Alphonse Ier (739), Fruela Ier (757), Aurelio (768), Silo (774), Mauregat (783), Bermude Ier (789), Alphonse II (791-842)
Monde Byzantin
  • Les empereurs
    Constantin V (741), Léon IV (775), Constantin VI (780, régence d'Irène), Irène (797), Nicéphore Ier (802), Staurakios (811), Michel Ier (811), Léon V (813-820)
Monde musulman
  • Les califes
    Marwan II (744), dernier calife omeyyade, Al-Saffah (750), premier calife abbasside, Al Mansur (754), Al-Mahdi (775), Al-Hadi (785), Haroun ar-Rachid (786), Al-Amin (809), Al-Mamun (813-833)
  • Les gouverneurs et émirs de Cordoue
    Yusuf al-Fihri (747), gouverneur, Abd al-Rahman Ier (756), premier émir omeyyade de Cordoue, Hicham Ier (788), Al-Hakam Ier (797-822)
Chronologie du règne de Charlemagne :
Charlemagne et Pépin le Bossu. Annales de Fulda, Xe siècle.
  • 9 octobre 768 : Avènement de Charles et de Carloman, rois des Francs.
  • 769 : Révolte de l'Aquitaine qui se soumet après la menace faite aux Vascons (Basques) qui lui livre le duc rebelle. L'Aquitaine fait partie du royaume de Charlemagne.
  • 771 : Mort de Carloman
  • 772 : Adrien Ier pape, première campagne en Saxe, mariage avec Hildegarde.
  • 773 : Campagne en Lombardie, début du siège de Pavie
  • 774 : Prise de Pavie, Charlemagne roi des Lombards
  • 776 : Expédition dans le Frioul, campagne en Saxe
  • 777 : Expédition dans le duché de Bénévent, campagne en Saxe : assemblée de Paderborn, ambassade du gouverneur de Saragosse (Suleyman al-Arabi)
  • 778 : Naissance de Louis, expédition en Espagne : Saragosse, Pampelune ; Roncevaux.
  • 779 : Capitulaire de Herstal, disette
  • 780 : Expédition dans le duché de Bénévent
  • 781 : Voyage à Rome : Couronnement de Louis (Aquitaine) et de Pépin (Italie)
  • 782 : Insurrection des Saxons ; Süntel, Verden
  • 783 : Mort de Berthe et d’Hildegarde de Vintzgau, mariage avec Fastrade de Franconie, campagne en Saxe
  • 785 : Fin de l’insurrection Saxonne, soumission de Widukind, capitulaire Saxon
  • 785 : Soumission des Frisons
  • 787 : Révolte de Tassilon en Bavière, expédition dans le duché de Bénévent
  • 788 : Soumission de la Bavière, éviction de Tassilon
  • 789 : Admonitio generalis, soumission des Wilzes
  • 789-790 : Il établit une marche de Bretagne
  • 790 : Second capitulaire Saxon, aucune campagne militaire en 790
  • 791 : Campagne contre les Avars, conquête de l’Istrie
  • 792 : Conspiration de Pépin le Bossu, Libri carolini
  • 793 : Révolte des Saxons incursion Sarrasine en Septimanie, famine, capitulaire de Ratisbonne
  • 794 : Mort de Fastrade et remariage avec Liutgard, concile de Francfort
  • 795 : Campagne contre les Avars, Léon III pape
  • 796 : Soumission des Avars de Pannonie
  • 797 : Soumission de la Saxe, troisième capitulaire Saxon, ambassade de Charlemagne à Haroun al-Rachid
  • 798 : Ambassade Byzantine (Irène), ambassade Asturienne (Alphonse II), concile d’Aix (contre l’adoptianisme)
  • 799 : Attentat contre Léon III, voyage de Léon III à Paderborn (été)
  • 800 : Mort de Liutgard, tournée de Charlemagne en Gaule (Boulogne, Tours) puis voyage à Rome
  • 25 décembre 800 : Charlemagne couronné empereur d’Occident
  • 801 : Ambassade Byzantine (Irène), prise de Barcelone (Louis)
  • 802 : Ambassade d'Haroun al-Rachid (éléphant), capitulaire des missi dominici
  • 803 : Soumission des Avars , ambassade Byzantine (Nicéphore)
  • 804 : Soumission définitive des Saxons après 32 ans de guerres, Léon III à Reims, puis Aix-la-Chapelle
  • 805 : Conquête de la Vénétie (Pépin), campagne en Bohême (Charles), famine, capitulaire de Thionville
  • 806 : Projet de partage de l’empire, reconquête de la Vénétie par les Byzantins
  • 808 : Insurrection des Wilzes, bataille de Taillebourg contre les Sarrasins
  • 809 : Concile d’Aix (question du Filioque)
  • 810 : Mort de son fils Pépin, ambassade Byzantine (Nicéphore), Charlemagne s'installe définitivement à Aix-la-Chapelle.
  • 811 : Mort de son fils Charles, capitulaire de Boulogne (marine)
  • 812 : Campagne contre les Wilzes, ambassade Byzantine : Michel Ier reconnaît Charlemagne comme empereur d’Occident
  • 813 : Association de son fils Louis à l'empire.
  • 28 janvier 814 : Mort de Charlemagne à Aix-la-Chapelle.

CHARLEMAGNE ET PÉPIN
Selon les lettrés de l'époque, comme Alcuin, le prince idéal doit avoir un but religieux, et lutter contre les hérétiques et les païens, y compris hors des frontières.
Mais il doit aussi avoir un but politique : Ne pas se contenter de la dignité royale, et devenir empereur d'Occident.
Léon III va dans ce sens, mais pour lui le pouvoir spirituel l'emporte sur le pouvoir temporel...

Certains textes sont aussi consacrés à des points concernant la doctrine, principalement :
  • le rejet de l'iconoclasme Byzantin ;
  • Le rejet de l'adoptianisme, doctrine soutenue à ce moment par certains évêques de l'Espagne musulmane, comme Elipand, archevêque de Tolède,
  • la querelle du Filioque
    Il s'agit d'une modification du Credo, la phrase : « L'Esprit Saint procède du Père » (ex Patre) devenant « L'Esprit Saint procède du Père et du Fils » (ex Patre Filioque). La nouvelle formulation, en cours dans les Églises d'Espagne et de Gaule, est à l'origine d'un débat avec le patriarcat de Constantinople, particulièrement aigu dans les années 807-809.

 






Charlemagne - La France pittoresque
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Charlemagne (vers 742 – 814) - France.fr
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