mardi 24 février 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 815

23 FÉVRIER 2015...

Cette page concerne l'année 815 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LE THÉ CHINOIS ARRIVE AU JAPON



Berceau du thé et premier producteur mondial au coude à coude avec l'Inde quantitativement, mais loin devant qualitativement… Ce sont essentiellement dans les provinces du sud et du centre que se trouvent les plantations. Longtemps, gérées exclusivement par un bureau régional chargé de commercialiser la production.
De nos jours, sociétés privées locales et acheteurs de tous pays se pressent aux portes des plantations de renom. La Chine ne propose pas, comme en Inde ou au Sri Lanka, des jardins spécifiques, mais des AOC (Appelation et Origine Controllées), type de thé correspondant à des standards de terroir, façonnage et goût.
Les régions productrices bénéficient d'une pluviométrie moyenne, mais régulièrement répartie sur l'année. De plus, les plantations situées à flanc de montagne baignent dans les brumes matinales, qui participent à l'épanouissement du théier… La cueillette principale a lieu de mi-avril à mi-mai. La culture du thé est concentrée dans le sud et plus particulièrement près des côtes, le reste du pays étant trop froid ou sec.

Le thé vert de Chine
L’histoire du thé vert a une longue tradition et une relation intime avec la mère patrie du thé vert, la Chine. Au cours de la période de Nara (710-794) puis de Heian (794-1192 ap. J.-C.), le pouvoir impérial envoie un certain nombre d’émissaires en Chine, se trouvant sous la dynastie Tang. Historiquement, les relations avec les autres pays ont toujours été réservées aux occasions formelles et uniquement aux autorités. Au cours de plusieurs voyages, les émissaires impériaux Japonais sont accompagnés par les plus grands érudits bouddhistes.
NAGATANI SOEN
Ces moines restent parfois plus longtemps après le départ des émissaires, notamment pour étudier en Chine. Les documents issus de cette époque témoignent que le thé vert est dégusté au Japon en 729 par l’empereur Shomu et 100 moines au cours d’une cérémonie bouddhiste spécialement prévue à cet effet. Le thé ou l’infusion de thé était appelé Nara « Hikicha no Gi » ou « Gyocha no Gi » (jap.: 行茶の儀) à cette époque, ce que l’on peut traduire par « offrir du thé à autrui ». On rapporte que l’empereur Koken déguste du thé avec 500 moines lors d’une cérémonie de thé devant un bouddha. Le thé dégusté à l’époque est majoritairement importé de Chine (brique de thé en japonais: 団茶).

Histoire du thé, l'arrivée du thé au Japon :

Le Japon est avec la Chine le seul pays qui ait encore gardé une culture (dans tous les sens du terme) du thé. D'autres pays comme le Vietnam et la Corée l'on eut pendant des siècles mais l'ont un peu oublié. Même s'il y a des théiers sauvages au Japon (dissémination naturelle ou humaine ?), leurs ADN trahissent leur origine Chinoise.
Pourtant dès le IXe siècle des traces écrites retracent l'épopée du thé au Japon, avec ses diverses formes, populaires et aristocratiques. On attribut au moine Eichû, d'avoir apporté de Chine en 815, des graines de théier et une méthode de fabrication correspondant au thé Eicha (feuilles passées à la vapeur, puis séchées au soleil et sur le feu, et enfin pilées au mortier).

En 1422, Ichijô Kanera rapporte dans son Kugi Kongen que la consommation de thé par les moines était déjà attestée à l’époque Nara, par le biais d’une cérémonie appelée « incha », ou offrande de thé aux prêtres.
Cette pratique a commencé le 8e jour du 4e mois de 729, à l’occasion de la lecture du Hannya Sutra à la Cour, et a eu lieu tous les ans au moins jusqu’en 876. Toutefois, nous n’avons aujourd’hui aucune trace permettant de corroborer le texte de Ichijô Kanera...

Ces sources étant postérieures de plusieurs siècles aux événements rapportés, il n’est pas possible de s’appuyer dessus de manière certaine pour attester la consommation de thé à cette époque ancienne.
Les relations officielles du Japon avec la cour des Tang, par l'envoi d’ambassades, ont commencé dès 630, et se sont prolongées jusqu'en 894. Il est donc possible que le thé ait été introduit au Japon dès le 7e ou le 8e siècle. Toutefois, la tradition considère Saichô comme ayant ramené le thé au Japon pour la première fois...

Saichô et Kûkai  : l'introduction du thé
Saichô (
最澄, 767-822) est un prélat bouddhiste de formation Kegon et Hossô, bénéficiant du soutien personnel de l'empereur Kammu.
A ce titre, il est envoyé en Chine par ce dernier en tant que membre d'une ambassade missionnée en 802 pour y étudier les écritures du Tendai rapportées au Japon quelques dizaines d'année plus tôt.

MOINE MYOE
Bloquée à Kyûshû par plusieurs intempéries, l'ambassade ne peut finalement quitter le Japon qu'en 804. Pendant ce temps, Saichô s'installe provisoirement au temple Kanzeonji de Dazaifû, alors capitale de la région. Il y est rejoint par Kûkai, qui vient tout juste d'être ordonné prêtre bouddhiste et va lui aussi devenir célèbre.
Saichô est revenu de son ambassade en 805, et a ramené des graines de théier dans ses bagages... Il fonde la secte Tendai dont il a appris les enseignements en Chine (au mont Tian Tai). Il établit son centre sur le mont Hiei, où il a fondé le temple Enryakuji, et plante ses graines de théier à Sakamoto, au pied de la montagne...

Cette version de l'histoire est cependant contestée par certains universitaires. Ainsi, le Hiesha Shintô Himitsuki, cité en 1935 par Takahashi dans son Chadô, rapporte que Saichô a rapporté de Chine des graines de « tu ». Hors si ce caractère signifie parfois le « thé », il désigne souvent des « herbes amères ». Toujours est-il que la plantation de Sakamoto existe toujours aujourd’hui : c'est le plus ancien jardin de thé au Japon.

La plus ancienne référence écrite certaine que l'on ait du thé au Japon est rapportée en 814 dans le Kûkai Hôken Hyô. Kûkai (空海, 774-835, aussi connu sous son nom posthume de Kôbô Daishi, 弘法大師) c'est le patriarche de la secte bouddhiste Shingon. Parti en Chine en 804, dans l'ambassade à laquelle participe Saichô, il en a rapporté 2 ans plus tard une grande quantité de livres, peintures et statues, ainsi que la transmission de l'école du bouddhisme ésotérique (Mikkyô).

Kûkai
Bien que de retour au Japon dès 806, il doit attendre plusieurs années au port de Hakata d'avoir l'autorisation de gagner la capitale. Il y construit le temple Tôchôji, qui existe toujours aujourd'hui.
Convoqué finalement à la capitale en 809 par l'empereur Saga, il est dit que Kûkai lui a offert 10 livres, en lui recommandant de les étudier. Pendant sa lecture, il buvait du « cha-no-yu », qu’on pense être de l’eau chaude avec du thé à base de thé en briques, tel qu'on le consomme dans la Chine des Tang.
Après avoir été abbé du temple Tôji à Heian, qui lui a été confié par l'empereur en 832, Kûkai se retire en 835 sur le mont Koya, qui lui a été donné par l'empereur en 816 pour y construire le siège de la secte Shingon, et où il meurt à l'âge de 61 ans.

Eichû et l'Empereur Saga
Eichû est lui aussi un moine bouddhiste, abbé du temple Shûfukuji.
MOINE BOUDDHISTE EISAI
Dans le Nippon Koko conservé au Conservatoire Impérial de Nara, il est rapporté que Eichû a préparé du thé pour l’Empereur Saga (嵯峨天皇) en 815, le 22e jour du 4e mois sur les rives du lac Biwa.
Dans le Ruijû Kokushi, un recueil historique de 200 volumes commandé par l’Empereur et achevé en 892, il est rapporté dans les chroniques du règne de l’Empereur Saga pour le 4e mois de l’année 815 :
« l’abbé Eichû prépara le thé de ses propres mains et servit l’empereur, qui lui offrit un vêtement. » (rapporté par Sen Sôshitsu XV dans The Japanese Way of Tea).

En 815, apparaît pour la première fois une mention du thé vert dans le Nihon Koki (chronique d’histoire Japonaise commandé officiellement). Le thé vert est alors principalement utilisé pour son effet tonique notamment en soutien à la méditation, à l’ouverture spirituelle et pour ses pouvoirs curatifs. Dans les premiers temps, cette plante est connue dans la culture Japonaise comme une plante médicinale Chinoise.
Il semble que ce thé n’est pas du thé en brique, mais du thé vert proche du sencha actuel, élaboré par Eichû à partir de récoltes du jardin de Sakamoto, créé 9 ans plus tôt par Saichô et qui est florissant en 815 (Tea ceremony, Kaisen Iguchi)...

Thé vert et littérature japonaise
On raconte que, l’empereur Saga (jap.: 嵯峨天皇) promeut sa culture et la consommation de thé vert, mais seuls les cercles aristocratiques et monastiques bénéficient de cet engouement.

L’empereur Saga (786-842 ; r. 809-823) a lui-même laissé de nombreux poèmes mentionnant le thé. Par exemple, lors d’un séjour chez le Grand Général de la Gauche, Fujiwara no Fuyutsugu (775-826), il a composé le poème suivant :
« Pour échapper à la chaleur je suis venu dans cette retraite
Les cannes à pêche sont posées près du bassin
Sur ses rives, le vert du saule devient noir dans la lumière qui faiblit
Le murmure des pins rafraîchit la chaleur du jour
On ne s’ennuie jamais d’écrire de la poésie ni de savourer les parfums du thé battu
Quelqu’un nous divertit agréablement avec son luth
Les eaux claires du bassin lavent nos soucis
La tranquillité du soir apporte de la joie. »

Eisai et le thé en poudre :
SEN-NO-RIKYU LE MAÎTRE ZEN
Il offre cette boisson à l'empereur Saga qui en répandit la consommation à la cour. Pourtant il faudra attendre l'époque de Kamakura (1192-1333) pour que ce développe la culture du thé au Japon. En 1191, le moine zen Eisai rapporta de la Chine des Song des graines d'un théier, ainsi qu'un nouveau mode de fabrication, correspondant à la poudre de thé, le Matcha, encore utilisé pour le Chanoyu (cérémonie du thé).

Jusqu'au 12e siècle, les Japonais préparent leur thé selon la méthode venue de la Chine des Tang, celle décrite par Lu Yu dans le Chajing, à savoir le thé en brique bouilli avec des aromates.
La consommation du thé en poudre, battu dans l'eau chaude, sera introduite par le moine Myôan Eisai (1141-1215), aussi appelé Yôsai, fondateur de la secte bouddhiste Zen Rinzai.

De retour de son second voyage en Chine en 1191, il a planté des théiers au temple Senkôji (jardin Fushun), sur l’île Hirado, puis au Tendajiin (selon d’autres version, au Reisenji) au mont Seburi dans la province de Hizen (actuellement Saga et Nagasaki, le Seburizan est à 20km au sud de la ville de Fukuoka). Ces deux jardins existent toujours aujourd’hui...

En 1195, Minamoto Yoritomo fonde à Hakata (Fukuoka) le Shofukuji, le premier temple Zen du Japon, dont Eisai est le premier abbé. Il y aurait aussi planté des graines de thé.

En 1202, Eisai vient à Kyôto fonder le temple Kenninji à la demande de Yoriie, le second shogun du clan Heike. A cette occasion, il donne des graines de thé au moine Myôe Shonin, du temple Kôzanji, à Toganoo (Kyôto). Ce dernier, considéré aujourd’hui comme le « saint patron » du thé, les a planté à Toganoo dans un jardin qui existe toujours.
Ces théier ayant fructifié, une autre plantation a été faite à Yamashiro, à Uji. Le récipient utilisé par Eisai pour donner ses graines à Myôe est toujours conservé au Kôzanji à Kyôto : Il s’agit du « Ayanokakiheta ».

Eisai nous a laissé un commentaire sur le thé, composé en janvier 1211 : le Kissa Yôjôki (Des effets curatifs du thé), qui fait partie aujourd'hui des grands classiques du thé. Dans cet ouvrage, Eisai considère le thé comme un médicament, et recommande son usage comme équivalent à une décoction « aux 5 parfums » : clou de girofle, laurier, aloès, benjoin et musc. D’ailleurs, la première moitié de son ouvrage est centrée sur l’usage du thé, alors que la seconde préconise les décoctions de mûrier.

On dit qu’Eisai a popularisé la culture et la consommation du thé vert au Japon pour des raisons de bien-être et de santé. Cette boisson est vue comme une aubaine car elle possède une saveur délicieuse, des pouvoirs de guérison hors du commun et soutient la pratique populaire de la méditation. Lui même est un fervent adepte de son utilisation médicinale et en soutient à la méditation. En 1214, il écrit le premier livre sur le thé vert: « Kissa·yōjō·ki » (jap.: 喫茶養生記)  « Rester en bonne santé en buvant du thé vert ». Cet ouvrage est envoyé comme un cadeau au Shogun qui est alors malade et souffre d’alcoolisme chronique...
« Les montagnes et les vallées, où le thé se développe, sont sacrées et les gens qui récoltent le thé, vivent jusqu’à un âge avancé. »

C’est le moine Myoé Shonin, un élève d’Eisai (cité ci-dessus) qui, sur les ordres du temple Kozanjo de Toganoo, plante au nord est de Kyoto le premier jardin de thé. À la recherche d’un lieu idéal, il installa cette plantation dans la région brumeuse et vallonnée d’Uji entre Osaka et Kyoto.
Les contacts étroits entre les moines et la classe dirigeante des Samouraïs ainsi que les nombreux bienfaits de la plante la portent rapidement en grâce auprès du Shogun. Des plantations de thé commencent à se développer à travers le territoire (par exemple, à Kyoto, Yamato, Musashi, Suruga, Iga, Ise) pour pouvoir en faire profiter à la noblesse de l’archipel.
Le Shogun se faisait livrer la poudre de thé vert de la région d’Uji  (jap.: 宇治市). La région d’Uji jouit encore d’une excellente réputation en terme de tradition et de qualité dans la culture du thé.

Matcha, Cérémonie du Thé, et Sen no-RiKyu
Sous la période Muromachi (1392-1502), les maîtres du thé Murata Shuko (jap.: 村田珠光, 1423-1502) et Takeno Jôô (1502-1555) firent prendre à la cérémonie une nouvelle tournure. Il développent le concept de salon de thé dans les édifices et les ustensiles propres à la préparation du Matcha. Les éléments du Bouddhisme Zen sont intensément réfléchis afin de parvenir à une unité.  Le maître de thé Sen Sotan déclare au XVIe siècle : « Chazen ichimi » ( jap.: 茶禅一味),  littéralement le Zen et le goût du Thé ne font qu’un. C’est ainsi que se créa l’esthétique du Wabicha (jap.: わび茶), un style de cérémonie du thé particulier caractérisé par la simplicité. Durant cette période, la consommation du thé vert gagne en popularité dans la noblesse.
Il a faudra attendre le XVIe siècle pour que l’usage du thé se popularise vraiment et se répande au delà des couches sociales supérieures de la société Japonaise. Un personnage important est Takeno Joô, élève de Sen-No-Rikyu (jap.: 千利休 1522-1591), maître de thé et instigateur principal de la cérémonie du Thé (Wabicha).

Durant la période Momoyama (1568-1615) Sen no-Rikyu avec sa grande sensibilité esthétique participe à créer « le chemin du thé » de l’école Sakaisenké (Cha-no-yo, Chado, aussi appelé la cérémonie du thé) et a ainsi personnellement façonné le visage de cette pratique qui dure encore aujourd’hui.

Après le mort de Sen no-Rikyu, l’école de Sakaisenké fait naître trois nouvelles écoles:  Omotesenké, Urasenké, Mushakojisenké. Ensemble, ses écoles forment le Sansenké. (jap.: 三千家).
Durant cette période, la technique de mise à l’ombre des jeunes pousses de thé avec de la paille de riz est mise au point à Uji. A la base, il est question de protéger les plantes des cendres issues d’un volcan en activité. 
Ainsi on mis au point accidentellement ce thé au goût raffiné et aux nombreux bienfaits excellents  pour la santé de ses amateurs.
En effet, au moment de la récolte, on s’aperçoit que ce thé a une saveur totalement différente.
Après un processus de raffinement et la mise au point d’un système approprié pour ce nouveau thé naît la technique du Tencha que nous connaissons aujourd’hui.
INGEN RYUKI
Le guerrier Toyotomi Hideyoshi (1536-1598) et les Shoguns suivant Tokgawa soutiennent la culture et la boisson du thé. Ils participent aux compétition annuelles du thé à Uji qui prospèrent sous leur égide.

C’est encore une fois un moine qui a fait progresser le domaine. Jusqu’alors au Japon, on avait surtout pour habitude de réduire les feuilles de thé en poudre après la récolte (Matcha). Du fait de sa fragilité, on devait consommer cette poudre rapidement. Le maître Zen chinois Ingen Ryūki (隠元, 1592–1673) est invité en 1654 à participer à la fondation de Mampoku-ji, le temple Zen principal situé à Uji (Kyoto) sur le mont Ōbaku. Il rapporte de nombreux éléments de la culture chinoise avec lui, et notamment l’infusion des feuilles entières de thé vert (et non la poudre).

Pour cette pratique de l’infusion il rapporte de Chine une théière particulière avec une poignée latérale (jap.: 茶瓶 Chabin) qui est l’ancêtre du Kyusu Japonais (jap.: 急須).
En Chine, cette théière est encore d’usage de nos jours pour les infusions d’herbes médicinales. Le Kyusu a, quant à lui, été développé de manière exceptionnelle au Japon.

Au cours des décennies, une grande variété de méthodes de production de thé vert est apparue au Japon, avec des méthodes différentes selon les préfectures. Mais une invention essentielle est mise au point en 1738 par Nagatani Soen. Ce maître de Thé originaire d’Uji invente une nouvelle méthode de préparation des feuilles de thé. Sa méthode consiste à rouler les feuilles rapidement après le processus de torréfaction à la vapeur. Grâce à cette méthode, le processus de fermentation est arrêté et le roulage permet que les feuilles retiennent l’essentiel des composants chimiques médicinaux.
Les parois des cellules sont brisées par le roulage (avec des cylindres ou à la main) ce qui améliore considérablement l’extraction des substances au contact de l’eau chaude.
Une révolution en terme d’effets sur la santé. Cette méthode Uji-Seiho est encore utilisée aujourd’hui pour la production de Sencha.
Développement du Sencha à la noblesse et aux intellectuels
Le Temple Mampuku-ji (à Uji) a impulsé des effets culturels au Japon, notamment au cours du XVIIe siècle. Le moine Gekkai Gensho (1675-1763 aussi connu sous le nom de Baisao) a une grande influence sur la culture et la diffusion du Sencha dans la classe supérieure éduquée du Japon, en particuliers les artistes et les écrivains. Parallèlement, les écoles de poudre de thé (Matcha) et de Sencha-Do sont fondées, elles existent encore aujourd’hui au Japon.

THÉ EN BRIQUE
Jusqu’à la fin de l’ère Edo (1603-1868), il est commun d’utiliser une technique ayant recours à de la paille de riz pour couvrir les arbres à thé avant la récolte. Cette technique a été développée à Uji. On obtient ainsi le « thé d’ombre » qu’on réduit par la suite en poudre pour produire du Matcha. Parallèlement, la technique du roulage a été mise au point pour le Sencha. A Ogura (Uji) en 1835, Kahei Yamamoto VI (jap.: 山本嘉兵衛) tente d’améliorer la technique de Tencha qui consiste à couvrir les arbuste à thé avant la récolte. Cette tentative résulte plus ou moins en la création d’une nouvelle variété de thé vert appelée Tamanotsuyu (jap.: 玉の露). C est ensuite un certain Eguchi Shigejuro (jap.: 江口茂十郎) qui retravaille la technique en 1841 et donne le nom de Gyokuro à sa création (signifiant « la noble goutte de rosé »). Ce nouveau thé combine la « mise à l’ombre » des arbres à thé et le roulage des feuilles de la technique Sencha. Le Gyokuro se répand dans tout le Japon et de nos jours est principalement produite à Yamé mais aussi à Uji.
Sous l’ère Edo, on considère ce thé comme le plus noble et distingué du Japon. Il est principalement l’apanage des nobles, des moines et des élites.
Le thé vert est principalement cultivé dans les régions montagneuses. Cependant durant cette période, l’industrie du thé prend une ampleur considérable. Avec le consentement des autorités, Edo (maintenant appelé Tokyo) devient une zone agricole (théicole) définie qui peut vendre et distribuer sa production partout dans le pays.

Sous l’ère Edo, on considère ce thé comme le plus noble et distingué du Japon. Il est principalement l’apanage des nobles, des moines et des élites.
Le thé vert est principalement cultivé dans les régions montagneuses. Cependant durant cette période, l’industrie du thé pris une ampleur considérable. Avec le consentement des autorités, Edo (maintenant appelé Tokyo) devient une zone agricole (théicole) définie qui peut vendre et distribuer sa production partout dans le pays.

Même si la première exportation maritime de thé vert Japonais, menée depuis Hirado/Nagasaki par la compagnie Dutch East India Company, a déjà eu lieu en 1610, il faut attendre la fin de l’ère Edo pour que le commerce maritime prenne de l’ampleur. Une pierre angulaire dans le développement du commerce du thé vert au Japon, est l’ouverture en 1859 des ports de commerce, destinée aux échanges avec l’Occident. Le dernier Shogun Tokugawa Iéséda signe en 1858 à Edo, un premier traité d’amitié et d’entente commerciale avec les États-Unis qui précède de peu les traités suivants avec la Hollande, le Russie, la Grande-Bretagne et la France.
Cette mesure, ouvre de facto pour le Japon un vaste potentiel commercial pour de la culture du thé car sa demande est en pleine croissance. Le thé devient rapidement le deuxième plus gros produit d’exportation du Japon, après la soie.

En 1859, le Japon exportait 181 tonnes. Une impulsion importante à la généralisation des thés verts provient d’un bouleversement que le système politique subit en 1868 au début de la restauration Meiji : Cette période trouble est aussi appelée la révolution Meiji. La propriété du sol, qui jusqu’alors a été détenue par le Shogun et la noblesse (système féodale : Chefs de guerre et noblesse Bushi ou Samouraïs) revient au pouvoir central détenu par l’empereur Meiji-Tennō. Les siècles d’isolation délibérée du Japon cèdent la place à une ouverture forcée et une réorientation vers l’Occident et la modernité. Celle-ci est amorcée et motivée par une menace de colonisation du territoire par une des puissances occidentales.
Avec la perte de leur pouvoir et de leurs devoirs, de nombreux nobles du Japon sont contraints de diriger leur activité vers l’agriculture pour en tirer profit. C’est un des conseils que le dernier Shogun Tokugawa Yoshinobu a prodigué à l’aristocratie sur le point de se transformer. C’est ainsi que s’étend massivement la culture du thé vert et que des nouveaux jardins de thé voient le jour des régions montagneuses jusqu’aux régions plus plates. Après la restauration Meiji, en 1868, l’exportation du thé vert fleurit avec le soutien du gouvernement et une demande croissante. Durant cette période, la méthode Uji se répand sur tout le territoire Japonais et prend le dessus sur la méthode Tencha de poudre de thé vert (Matcha). Le Sencha représente de nos jours environ 80% de la production de thé vert au Japon.

Avec l’augmentation du volume du commerce extérieur et la concurrence internationale, le prix du thé chute de manière significative au XIXe siècle. Les anciens propriétaires, les familles de samouraïs, se séparent graduellement des plantations de thé. Les agriculteurs et les producteurs de thé prennent le dessus. Progressivement, se mettent en place des structures modernes de grandes plantations de thé, avec des machines, des méthodes d’exploitation intensive et une distribution via un réseau organisé de grossistes et une plate-forme de détaillants. L’automatisation galopante réduit considérablement le besoin en main d’œuvre et permet d’offrir une qualité plus constante.
Aujourd’hui, la production de thé au Japon est une industrie hautement sophistiquée, automatisée et régulée. A des fins de marketing et en réponse aux changements de modes de vie, un grand nombre de nouveaux produits ont été introduits sur le marché japonais depuis les années 80. Aujourd’hui, le thé vert existe sous toutes sortes de formes, comme un produit fini ou déjà infusé en bouteille en plastique, en carton ou même en conserve. On le trouve en complément alimentaire, dans des produits cosmétiques aux extraits de thé vert...

Au XIXe siècle, le thé venait presque exclusivement de Chine. La guerre de l'opium en a limité grandement l'importation en Occident. On cherche alors des solutions de secours. Le Japon devient l'allié providentiel et ses exportations de Sencha pour le marché Américain connaissent alors un formidable boom. Au début du XXe siècle, la production annuelle arrive à 40 000 tonnes, dont 90% sont destinés à l'exportation (en second après la soie). La Première Guerre mondiale met un frein à ces exportations et la seconde un terme… Il y a bien eu quelques tentatives pour produire du thé noir ou Oolong pour l'Occident, mais en raison du coût de revient, le Japon n'est simplement pas compétitif... Progressivement le Japon a repris ce qu'il sait faire de mieux, des thés verts de qualité, aux caractéristiques uniques, peut-être trop uniques, puisqu'il en exporte à peine 1% dans le monde…


Pays producteurs de thé
chathe.fr/THE_Production.html
NB : Ces chiffres varient sensiblement selon les sources et les années. ... On attribut au moine Eichû, d'avoir apporté de Chine en 815, des graines de théier et une méthode de ... Cueillette du thé au Japon début du XXe siècle – (6 images).

Histoire et philologie du Japon ancien et médiéval
ashp.revues.org › Numéros › 143 › Inde et Extrême-Orient
de C von Verschuer - ‎2012 - ‎Autres articles
Programme de l'année 2010-2011 : I. L'économie du sanctuaire d'Ise aux ixe-xe siècles. — II. ... un tiers des dépenses totales consacrées au culte pour l'année 815. .... Bock (Felicia), Engi-shiki Procedures of the Engi Era, Books I-V, Sophia ...

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