12 DÉCEMBRE 2016...
Cette
page concerne l'année 144 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
ADMINISTRATION
ET DÉDICACES EN MAURÉTANIE TIN-GITANE.

Au Ier siècle, l'empereur Claude divise
la Maurétanie selon le tracé du fleuve Mulucha (Moulouya), d'une
part en Maurétanie-Césarienne et d'autre part en Maurétanie
Tingitane.
La
Maurétanie passe sous administration romaine directe à la fin du
règne de Caligula. Ce dernier élimine le dernier roi de Maurétanie,
Ptolémée, en raison de sa participation possible à un complot
destiné à le renverser. L'assassinat de Caligula, peu de temps
après l'empêche d'organiser cette prise de contrôle, et c'est
l'empereur Claude qui transforme le royaume en deux provinces :
A
l'ouest la Maurétanie Tingitane, avec Tingis « Tanger actuel »
comme capitale, sur un territoire correspondant globalement au nord
de l'actuel Maroc.
A
l'est la Maurétanie-Césarienne qui tire son nom, comme sa jumelle,
de sa capitale Césarée de Maurétanie (actuelle Cherchell) capitale
de l'ancien royaume...
La
Maurétanie Tingitane s'étend du nord de la péninsule à Salé
(Nécropole de Chella) et Volubilis au sud et à l'est jusqu'à la
rivière de Oued Laou.
Les
principales villes sont Volubilis, Tingis (Tanger), Lixus (Larache)
et Tamuda (Tétouan).
Salé
est une ville et commune du Maroc, chef-lieu de la préfecture de
Salé, au sein de la région de Rabat-Salé-Kénitra. Elle est située
au bord de l'océan Atlantique, sur la rive droite (nord) de
l'embouchure du Bouregreg, en face de la capitale nationale Rabat.
Ceci
explique que les deux villes soient parfois qualifiées de « villes
jumelles », mais chacune dispose de ses traditions et de son
histoire propres.
Au
Ier siècle de notre ère, Pline l'Ancien décrit Sala comme
infestée d'éléphants et de barbares.
Salé
reste sous domination Byzantine jusqu'à la conquête du commandant
musulman Oqba Ibn Nafi Al Fihri en 682.
Par
la suite, la population locale se convertit à l'Islam mais apostasie
un an plus tard à la suite de la mort du commandant.
En
709, le général musulman Moussa Ibn Noçaïr reconquiert le Maghreb
et les tribus Berbères se convertissent de nouveau à l'Islam...
Vers
144 Sulpicius Felix vient de recevoir un successeur, voulant lui
exprimer leur gratitude les ediles, se réunissent tout exprès et
d'une seule voix, ils proclament ses mérites dans un éloge, et
sollicite du gouverneur (praeses ou président) dont ils dépendent,
d'abord l'autorisation d'élever au nom et aux frais du municipe une
statue à M. Sulpicius Felix ensuite la permission de députer à
Rome une délégation, chargée de demander pour lui la bienveillance
impériale et, finalement, sans doute pour assurer et hâter l'effet
de leur requête, ils désignent deux des leurs pour se rendre sur le
champ à la résidence du gouverneur et se faire auprès de lui les
interprètes de leurs sentiments et de leurs vœux.

De
fait, il est probable que leurs propositions ont été repoussées :
Sans quoi les amici de M. Sulpicius Felix n'auraient pas eu besoin,
ni de prendre à leur charge la publication du décret, ni de le
graver sur la base qu'ils ont élevée précédemment. Sans doute,
comme tous les décrets municipaux entraînant une dépense publique,
celui-ci a-t-il été soumis à l'approbation du gouverneur et frappé
de son veto. Visiblement, la bonne opinion que les décurions de Sala
conservent de leur préfet n'est plus partagée en haut lieu, et
peut-être la défaveur de M. Sulpicius Felix lui est-elle venue des
raisons mêmes qui lui ont attaché les décurions et, avant eux, les
onestissumi, c'est-à-dire les personnalités les plus marquantes de
la cité, soit que sa bienveillance pour les riches aboutisse à
l'injustice, soit plutôt qu'il a trop mollement défendu contre
leurs intérêts les droits de l'État.

Le décret est daté d'un jour correspondant au 28 octobre. Or, d'une part,il y a été précédé d'un autre décret, qui, conférant à M. Sulpicius Felix le décurionat avec rang d'ex-duumvir, n'a pas encore été émis quand ses amici l'ont honoré d'une statue, puisqu'aussi bien cette qualité manque à ses titres sur la dédicace.
D'autre
part, les duumvirs qui l'ont contresigné, C. Valerius Rogatus et P.
Postumius Hermesander, en 144, n'ont guère pu accéder à cette
charge annuelle sans s'y être préparés par un stage dans
l'édilité, l'année précédente, en 143 par conséquent.
Si,
sur la liste des amici, ils interviennent sans que soit indiquée
cette magistrature, c'est probablement que la liste et la dédicace
dont elle est solidaire ont été gravées avant qu'ils ne soient
investis, non seulement du duumvirat en 144, mais de l'édilité en
143.
La
suite des faits concernant M. Sulpicius Felix doit donc
vraisemblablement se répartir sur au moins 3 années consécutives :
142
: Érection de sa statue par les 38 amis qui l'appellent leur
libérateur et patron.
143
: Vote d'un décret qui l'élève au rang d'ex-duumvir.
144
: Vote, à l'occasion de son départ, du décret que nous avons
conservé.
Les
attributions administratives qu'il y joint, d'office, à l'égard de
la population de Sala justifient les prorogations dont il a bénéficié
et, pour le surplus, le texte du décret permet de les analyser avec
quelques détails.
Comme
chef militaire, il se doit non seulement d'entraîner sa troupe, mais
la nourrir et l'équiper. Il dispose sûrement pour cela de moyens
que lui envient les civils ou qui peuvent les gêner. Si nous avons
bien compris, il lui est permis de procéder sur son territoire à
des réquisitions, puisque les Salenses lui savent gré de ne point
s'être prévalu du droit lié à sa fonction pour les devancer sur
les marchés et concurrencer victorieusement tous leurs achats.
En
outre, il reçoit de grosses fournitures de denrées de première
nécessité, de grains, par exemple, sur lesquelles il lui est
loisible, à la condition de ne point compromettre la subsistance des
soldats, de prélever des avances pour ravitailler la population, et
il n'a point manqué de rendre ce service. Par là déjà, il
s'ingère dans la vie du municipe mais, en fait, cette immixtion
occasionnelle se greffe sur une autorité permanente et directe.
En
effet, il est responsable de la sûreté de Sala et libre du choix
des moyens. Il doit, dans ces conditions, organiser avec des
cavaliers un service de garde, des colonnes protectrices, et c'est
pourquoi il est loué « d'avoir multiplié les veilles pour protéger
la sécurité des travailleurs », et d'avoir ouvert aux Salenses «le
libre accès de leurs forêts et de leurs champs ».

A
en croire ses admirateurs, il en a usé le moins possible et il a
tiré le meilleur parti du sacrifice minime qu'il a imposé de son
chef aux contribuables.
Néanmoins,
il semble que le résultat n'a pas répondu à l'effort dont on le
vante : Sala reste sur le qui-vive, constamment exposée aux
violences et aux razzias d'indigènes turbulents. La population en a
pris l'habitude, solitis iniuriis.
Et
le préfet aussi, à ce qu'il paraît, puisque, si nous écoutons ses
panégyristes, il ne venge ces attentats qu'avec douceur — leniter
— et à l'image de sa propre sérénité. Ou cela ne signifie rien,
ou cela veut dire que M. Sulpicius Felix, plutôt que de lancer son
aile Syrienne aux trousses des pillards, préfère mobiliser ce que
l'histoire moderne nous a appris à appeler la cavalerie de
Saint-Georges. Il entre en composition avec les bandits, débat, avec
fermeté sur le chiffre, mais sans contestations sur le principe, la
rançon, soit du cheptel, soit des personnes qu'ils ont réussi à
surprendre, et il récupère les troupeaux et les captifs dont les
particuliers déplorent la perte, en versant aux tribus insoumises
les sommes qu'il soutire du budget de la communauté.
(Décidément
de nos jours nos édiles n'ont rien appris mais recopient bêtement
les erreurs de jadis, ce n'est pas en payant tribu aux malfaisants
qu'on parvient à les faire tenir tranquille bien au contraire cela
les encourage à en demander toujours plus).
Peut-être
ne nous aventurerons-nous pas beaucoup en expliquant par des
opérations de ce genre, à la fois le titre de libérateur et patron
qui lui est conféré par les Romains qui en ont profité, et, plus
tard, le rappel imprévu dont il a été l'objet, à la demande d'un
gouverneur qui eût souhaité moins de longanimité et plus
d'énergie.
Aussi
bien ses contemporains de Sala ont-ils fait d'eux-mêmes ce
rapprochement et remercié M. Sulpicius Felix d'avoir donné
heureusement ses soins à leur république : ob curatavi pulchre
r(em) p(ublicam), et ce n'est point la moindre révélation du texte
que ce type d'administration mixte, ingénieusement adapté par les
Romains aux conditions spéciales des territoires militaires qu'ils
possèdent aux extrêmes confins de la Tingitane.
Le
décret de Sala confirme, relie et complète fort à propos les
données indigentes et disparates que nous possédions sur l'histoire
de cette cité et de la province Romaine dont elle a fait partie.

D'autre
part, l'Itinéraire d'Antonin compte environ 174 milles entre Tingi
et l'extrémité méridionale de la province, à Ad Mercurios, par la
route dont il indique les stations, soit près de 260 kilomètres, et
16 milles, soit un peu moins de 24 kilomètres, entre Ad Mercurios et
Sala.
Le
désaccord entre Pline et l'Itinéraire n'est qu'apparent, car, si
les mesures de l'histoire naturelle ont été calculées sur le
littoral, la route de l'Itinéraire ne le longe pas exactement entre
Lix et Sala.
Pline
nous apprend que la région située au sud de Sala est considérée
comme un désert hostile, hanté de troupeaux d'éléphants et d'une
peuplade plus dangereuse encore, les Autololes : Oppidum Sala ...iam
solitudinibus vicinum, elephantorumque gregibus infestum, tarnen
multo magis Autololum gente. Contre ces Gétules, dont les terrains
de parcours se prolongent jusqu'à Mogador et à l'Atlas, les Romains
imaginent de protéger par un limes fortifié, qui relie l'oued Bou
Regreg à l'Océan, en passant à 6 kilomètres au sud-ouest de
Rabat.
Le
décret du 28 octobre 144 l'appelle municipium, comme la dédicace
d'une ou 2 années antérieure, et il est probable que, de cité
pérégrine, elle ne s'est élevée au rang de municipe qu'entre le
temps de Pline l'Ancien et 142, probablement sous Trajan (98-117),
lorsqu' est construite, pour les décurions de la nouvelle commune
latine, ou romaine, la curia Ulpia.
Le
décret de Sala ne nous aide pas seulement à retracer l'évolution
du centre romain le plus reculé de la Tingitane : Il démontre en
outre qu'à l'époque de sa rédaction, le sort de la province tient
une grande place dans les préoccupations de l'empereur. La preuve en
est dans le choix extraordinaire du gouverneur — praeses — qui
régit alors la Maurétanie et dans la compétence exceptionnelle qui
lui a été dévolue.
Personnellement,
Uttedius Honoratus, dont les hautes capacités sont célébrées par
les décurions de Sala, est un inconnu pour nous.

La
concentration de ces inscriptions en certaines localités, toujours
les mêmes, la coexistence qu'elles manifestent aux mêmes points de
légionnaires et d'auxiliaires transportés des régions lointaines
où leurs corps respectifs étaient juxtaposés, démontrent que les
détachements, dont elles sont la preuve, ont été formés en même
temps, et, comme, par leur gravure, ainsi que par l'exécution des
bas-reliefs qui parfois les accompagnent, elles peuvent très bien
convenir à l'époque d'Antonin le Pieux.
De
fait, au printemps de 145, les opérations ont commencé, une effet,
par une inscription souvent commentée, que, cette année-là, une
vexillatio de la legio Ferrata est en Numidie, où elle travaille à
la construction d'une route dans l'Aurès et M. Cagnat a conjecturé
à bon droit qu'elle y a remplacé les effectifs de la légion IIIe
Auguste envoyés en Maurétanie Césarienne combattre les dissidents.
La
campagne répressive bat son plein vers 145-147, quand Titus Varius
Clemens est embarqué d'Espagne, avec un renfort, à destination de
la Tingitane, où, suivant Pausanias, les derniers rebelles sont
refoulés dans l'Atlas, aux extrémités de la Libye. Elle prend fin
en 150, puisque, cette année-là, la Maurétanie Césarienne est
subordonnée à un procurateur indépendant, Porcius Vetustinus, qui
procède à la démobilisation des renforts Pannoniens, énumérés
dans un diplôme militaire du 1er août 150. On a même, par
ailleurs, de bonnes raisons d'admettre que ce Vetustinus est en
fonctions dès 149.
Si
instructif que soit le décret de Sala pour l'histoire de
l'occupation matérielle des Romains dans l'Afrique du Nord, il l'est
davantage encore pour celle de leur pénétration morale.
D'autres
procès-verbaux d'anciennes délibérations municipales sont parvenus
jusqu'à nous. Aucun ne peut rivaliser en distinction, en latinité
avec celui-là. En Afrique même, on a retrouvé à Henchir Snobbeur
(décret de 189), un fragment du décret rendu le 31 janvier 186 par
les décurions d'une commune inconnue, pour clore une controverse
entre particuliers par une sentence également unanime (C. 1. L.,
VIII, 23956, 1. 16-17 : de ea re universi cen\suerunt\), au Kef,
celui du décret rendu vers la fin du IIe siècle par les décurions
de Sicca, pour honorer une jeune fille ravie par une mort prématurée
à l'affection de son père, une des notabilités du lieu (C. I. />.,
VIII, 15880).

La
base de M. Sulpicius Félix et le décret des décurions de Sala ...
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S Gsell - 1931 - Cité 7 fois - Autres articles
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deux années antérieure; et il est .... 32 LA BASE DE M. SULPICIUS
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28
oct. 2014 - en 12 ou 13 p.C., il est intégré dès l'année suivante
à l'état-major de ...... de la province d'Arabie vers 142 p.C.102
Consul suffect en 144 p.C.103, il ...... dans le cas de M. Sulpicius
Felix, M. Te… fut agrégé à un groupe de ...
Éléments
généraux de l'histoire comparée de la philosophie, de la ...
https://books.google.fr/books?id=D9wfDXs3arcC
Adolphe-Félix
Gatien-Arnoult - 1841
Adolphe-Félix
Gatien-Arnoult ... Les préteurs de l'année suivante, Helvius Blasio
et Q. Minurius Thermius , arrêtent les progrès ... tandis qu'en
Lusitanie , le préteur Sulpicius Galba éprouva de nouvelles
défaites. ... Le consul Fabius .ïmilianus, envoyé contre lui, en
145, arrêta ses progrès et obtint divers avantages, en 144.
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