22 DÉCEMBRE 2016...
Cette
page concerne l'année 133 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
LA
PHILOSOPHIE STOÏCIENNE
Épictète
philosophe Grec stoïcien. Son enfance se passe à Rome comme
esclave, puis il est affranchi... Il ouvre une école stoïcienne à
Nicopolis, une cité grecque. ne laissant aucun écrit, se sont ses
élèves qui transmettent des notes de cours, une suite d’aphorismes
qui composent le célèbre Manuel.
Montrant
comment l’homme peut parvenir à la liberté et au bonheur, en ne
s’attachant qu’aux biens qui ne dépendent que de lui. (nous
sommes en plein dedans... !)
Épictète,
en grec ancien Ἐπίκτητος /
Epíktêtos, qui signifie « homme
acheté, serviteur », philosophe de l’école stoïcienne. Il
subsiste peu de choses connues de lui, et c'est son disciple Arrien
qui assure la transmission de son œuvre en publiant les notes prises
lors des leçons de son maître, cela en 8 livres, dont la moitié
sont aujourd'hui perdus, ainsi qu'un condensé de doctrine morale,
« le Manuel », textes qui ont une influence certaine sur
Marc-Aurèle.
Épictète
met fortement en avant la partie éthique de la philosophie. Bien
qu'il enseigne également la logique stoïcienne, il insiste sur la
prépondérance de l'action, et sa philosophie est avant tout
pratique. Fidèle aux conceptions traditionnelles de l'école du
portique, il présente l'Homme comme soumis au destin ordonné par
les dieux.
Son
enseignement se veut une méthode pour atteindre le bonheur par
l'ataraxie, la paix de l'âme en acceptant, avec courage et amour,
tout décret du destin inexorable, en accomplissant loyalement son
devoir en dépit des circonstances, et en agissant avec bienveillance
envers les autres Hommes...
Épictète
naît en 50, à Hiérapolis en Phrygie probablement fils d'esclaves,
lui-même esclave et vendu à Rome à un affranchi de Néron :
Epaphrodite.
À
plusieurs reprises, Épictète nous parle de ce personnage, et la
tradition nous a conservé une anecdote significative :
Epaphrodite
enferme le pied d'Épictète dans un brodequin d'acier et lui tord la
jambe afin de le faire crier. Épictète finit par dire
paisiblement : « Tu vas me casser la jambe. ».
Epaphrodite
continue et casse la jambe d'Épictète. Celui-ci constate alors
simplement : « Je te l'avais bien dit : la voilà
cassée. »
Il
en reste boiteux toute sa vie.
Épaphrodite
autorise néanmoins Épictète à assister aux conférences du
stoïcien Musonius Rufus, grande figure du stoïcisme.
Par
la suite, Épictète est affranchi dans des conditions qui restent
indéterminées, même si on suppose en général que c'est à la
mort de son maître. Il se consacre à la philosophie, au stoïcisme
en particulier.
À
Rome, il habite une masure toujours ouverte, meublée d'une table et
d'une paillasse...
Alors
qu'il a acheté un jour une lampe de fer, un voleur la lui dérobe.
Il se contente de réagir en disant que « s'il revient demain,
il sera fort surpris, car il n'en trouvera qu'une en terre. »
Un
ignorant achète fort cher cette lampe à la mort du philosophe,
croyant qu'elle lui donnera la même lumière que celle qui a éclairé
Épictète ! »
En
89, il doit quitter Rome à la suite de l'édit d'expulsion des
philosophes hors de la cité, d'après la volonté de l'empereur
Domitien qui s’accommode mal de l’influence des philosophes
lesquels génèrent des opposants à son régime tyrannique.
Épictète
se retire à Nicopolis d'Épire, ville de passage des nobles Grecs et
Romains en voyage vers l'Italie ou la Grèce. Il y vit dans la
pauvreté en compagnie d'une femme et d'un enfant qu'il a adopté.
À
Nicopolis, il ouvre une école stoïcienne qui connaît un grand
succès. Pendant plusieurs années, il enseigne sous la forme de
discussions et de remises en question. Ses contemporains semblent
avoir la plus grande estime pour la qualité de son enseignement.
Selon
Spartianus, il revient à Rome et devient familier de l'empereur
Hadrien, mais le fait est hautement improbable.
L'épisode
est également relaté par l'Histoire Auguste, mais ce texte est en
grande partie une imposture, et la lettre d'Épictète à Hadrien est
clairement apocryphe.
En
revanche, le respect de l'empereur pour Épictète semble corroboré
par la plupart des sources. Selon la Souda, il vit jusqu'au règne de
Marc Aurèle, mais d'après Aulu-Gelle, Épictète est déjà mort
quand celui-ci arrive au pouvoir. Il est conjecturé qu'il enseigne à
Julius Rusticus, qui devient plus tard l'enseignant de Marc Aurèle
et l'introduit à la philosophie stoïcienne par l'intermédiaire
d'Épictète.
Il
meurra à Nicopolis, probablement vers l'an 125 ou 130.
Un
de ses disciples, Arrien, recueillent ses propos regroupés en
plusieurs ouvrages, dont 2 subsistent : Les Entretiens
(διατριβαί diatribai) et Le Manuel (Enchiridion), qui
résument sa doctrine et en font émerger les traits distinctifs.
Les
Entretiens constituent originellement 8 livres, dont seuls les 4
premiers subsistent. Le Manuel est un condensé, constitué de 53
courts chapitres, réalisé par Arrien, qui met en aphorismes les
propos d'Épictète. La sélection effectuée par Arrien est avant
tout centrée sur la conduite de la vie et de l'esprit en toutes
circonstances, se présentant comme un ouvrage éminemment pratique.
Son
héritage a été conservé à travers un unique manuscrit, datant du
XIe ou XIIe siècle, et conservé à la bibliothèque d'Oxford.
Le
cours de philosophie d'Épictète peut être hypothétiquement
reconstitué à partir des fragments d'informations rapportés dans
les textes d'Arrien.
D'après
Émile Bréhier, « La séance commence par une leçon
technique, faite par le maître ou par un disciple : Commentaire
d'un texte de Chrysippe ou de Zénon ou encore exercice de logique,
après quoi, souvent à l'occasion d'une question posée par un
auditeur, le maître se laisse aller à une improvisation, libérée
de toute forme technique, dans un style souvent brillant et imagé,
plein d'anecdotes, ayant recours à l'indignation et à l'ironie
Son
enseignement connu ne porte pas trace d'une étude de la physique, et
met l'étude de la logique, traditionnelle dans l'école, au second
plan.
L'éthique
est divisée en éthique théorique et éthique pratique, la première
étant subordonnée à la seconde, son enseignement se décompose en
3 temps : L'apprentissage des règles de vie, correspondant à
l'éthique pratique, est la première étape et la plus nécessaire.
La justification de ces pratiques, qui est l'éthique théorique,
vient en 2e et n'est que complémentaire et explicative.
Le
soubassement dialectique qui soutient la véracité des principes
théoriques vient en dernier, et constitue la logique.
À
l'instar d'autres représentants tardifs du stoïcisme, Épictète se
réfère largement à la tradition cynique. Il cite à de nombreuses
reprises le nom, les vertus et l'exemple de Diogène de Sinope. À
travers ce retour, il cherche à se rattacher à Socrate qu'il met
sur le même plan que Diogène et cite également en exemple.
Épictète
établit entre eux un lien par leur commun mépris de la mort, leur
exigence de liberté, et leur indifférence aux biens extérieurs.
Chez
les auteurs classiques (Isocrate, Eschine), la prohairesis signifie
le choix d'une profession. C'est le même acte par lequel l'individu
choisit consciemment tel ou tel genre de vie, aussi bien que tel ou
tel métier : « Dis-toi d'abord qui tu veux être, puis
fais en conséquence ce que tu dois faire ».
Épictète
nous montre que la prohairesis est la faculté qui nous fait
différents de tous les autres êtres vivants.
Elle
est la faculté qui nous permet de désirer ou d’avoir de
l’aversion, de ressentir un besoin impulsif ou de la répulsion, de
dire oui ou non, selon nos jugements. Les choses prohairetiques sont
libres par leur nature justement parce que la liberté de notre
prohairesis est absolue : Elle ne peut être restreinte ni par
la douleur, ni par la mort, ni par quoi que ce soit qui lui est
extérieur. Si notre prohairesis fait que nous nous accommodons d’un
fait quelconque, c’est qu’elle a ainsi décidé
Ainsi,
bien que nous ne soyons pas responsables des représentations qui
naissent librement dans notre conscience, nous sommes absolument et
sans aucun doute responsables de la manière dont nous faisons usage
de celles-ci.
Pour
le stoïcien rien ne sert de vénérer la nature, les dieux ou
d’autres maîtres. Seuls des principes rationnels doivent permettre
de comprendre (ou simplement accepter) le mouvement du monde et des
hommes. C’est par une analyse rationnelle qu’il détermine ce qui
ne dépend pas de lui, et c’est grâce à cette même raison qu’il
définit ses jugements sur le monde.
Son
Manuel contient cette fameuse maxime : « Ce qui trouble
les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les opinions qu'ils en
ont.
Par
exemple, la mort n'est point un mal, car, si elle en était un, elle
aurait paru telle à Socrate, mais l'opinion qu'on a que la mort est
un mal, voilà le mal. Lors donc que nous sommes contrariés,
troublés ou tristes, n'en accusons point d'autres que nous-mêmes,
c'est-à-dire nos opinions ».
Il
y a trois disciplines auxquelles doit s'être exercé l'homme qui
veut acquérir la perfection :
Celle
qui concerne les désirs et les aversions, afin de ne pas se voir
frustré dans ses désirs et de ne pas rencontrer ce qu'on cherche à
éviter,
Celle
qui concerne les tendances positives et les tendances négatives et,
d'une façon générale, ce qui a trait au devoir, afin d'agir d'une
façon ordonnée, réfléchie, sans négligence,
Celle
qui concerne la fuite de l'erreur, la prudence du jugement, en un
mot, ce qui se rapporte aux assentiments.
Pour
Epictète, la principale et la plus urgente est la première, la
discipline du désir, qui concerne les passions, car ce sont elles
qui amènent les troubles, les agitations, les infortunes, les
calamités, les chagrins, les lamentations, la malignité. Les
passions rendent envieux, jaloux et empêchent même de prêter
l'oreille à la raison.
Cette
discipline du désir permet de ne s'occuper que de ce qui dépend de
nous et d'accueillir avec joie tout ce qui est donné en partage par
la nature universelle.
Elle
permet de développer la tempérance et l'ataraxie ou absence de
trouble et d'agitation.
La
deuxième discipline concerne le devoir et a pour but d'agir au
service de la communauté humaine. C'est la discipline de l'action,
ne pas se laisser entraîner par une volonté désordonnée, mais
agir conformément à l'instinct profond de communauté humaine et de
justice. C'est développer la vertu de justice ou l'amour des hommes.
La
troisième discipline a pour objet d'assurer la fermeté d'esprit
vis-à-vis du réel. C'est la discipline des représentations ou de
l'assentiment qui permet de ne pas donner son assentiment ni à ce
qui est faux, ni à ce qui est obscur. Aimer la vérité, ne pas se
précipiter dans ses jugements.
Ces
3 disciplines ou règles se réfèrent aux 3 rapports fondamentaux
qui définissent la situation de l'homme :
Le
premier, le rapport avec le cosmos, en lien avec la Physique.
Le
second, le rapport de l'homme avec les autres hommes, est en lien
avec l’Éthique.
Le
troisième est le rapport de l'homme avec lui-même, dans la mesure
où la partie essentielle de l'homme se situe dans sa faculté de
penser et de juger, en lien avec la Logique.
Parmi
les choses qui existent, certaines dépendent de nous, d’autres
non. De nous, dépendent la pensée, l’impulsion, le désir,
l’aversion, bref, nos agissements, ne dépendent pas de nous le
corps, l’argent, la réputation, les charges publiques, tout ce
pourquoi ce n’est pas nous qui agissons. Ce qui dépend de nous est
libre naturellement, ne connaît ni obstacles ni entraves, ce qui
n’en dépend pas est faible, esclave, exposé aux obstacles et nous
est étranger.
Donc,
rappelle-toi que si tu tiens pour libre ce qui est naturellement
esclave et pour un bien propre ce qui t’est étranger, tu vivras
contrarié, chagriné, tourmenté, tu en voudras aux hommes comme aux
dieux, mais si tu ne juges tien que ce qui l’est vraiment (et tout
le reste étranger), jamais personne ne saura te contraindre ni te
barrer la route, tu ne t’en prendras à personne, n’accuseras
personne, ne feras jamais rien contre ton gré, personne ne pourra te
faire de mal et tu n’auras pas d’ennemi puisqu’on ne t’obligera
jamais à rien qui pour toi soit mauvais.
A
toi donc de rechercher des biens si grands, en gardant à l’esprit
que, une fois lancé, il ne faut pas se disperser en œuvrant
chichement et dans toutes les directions, mais te donner tout entier
aux objectifs choisis et remettre le reste à plus tard.
Mais
si, en même temps, tu vises le pouvoir et l’argent, tu risques
d’échouer pour t’être attaché à d’autres buts, alors que
seul le premier peut assurer liberté et bonheur.
Donc,
dès qu’une image viendra te troubler l’esprit, pense à te dire:
« Tu n’es qu’image, et non la réalité dont tu as
l’apparence. » Puis, examine-la et soumets-la à l’épreuve
des lois qui règlent ta vie : avant tout, vois si cette réalité
dépend de nous ou n’en dépend pas, et si elle ne dépend pas de
nous, sois prêt à dire: « Cela ne me regarde pas. »
Souviens-toi
que le désir est tendu vers son objet tandis que le but de
l’aversion, c’est de ne pas tomber dans ce qu’on redoute. Si
l’on est infortuné en manquant l’objet de son désir, on est
malheureux en tombant dans ce qu’on voulait éviter.
Donc,
si tu ne cherches à fuir que ce qui est dépendant de toi et
contraire à la nature, il ne t’arrivera rien que tu aies voulu
fuir. Mais si tu cherches à éviter la maladie, la mort ou la
misère, tu seras malheureux.
Supprime
donc en toi toute aversion pour ce qui ne dépend pas de nous et,
cette
aversion, reporte-la sur ce qui dépend de nous et n’est pas en accord avec la nature. Quant au désir, pour le moment, supprime-le complètement. Car si tu désires une chose qui ne dépend pas de nous, tu ne pourras qu’échouer, sans compter que tu te mettras dans l’impossibilité d’atteindre ce qui est à notre portée et qu’il est plus sage de désirer.
aversion, reporte-la sur ce qui dépend de nous et n’est pas en accord avec la nature. Quant au désir, pour le moment, supprime-le complètement. Car si tu désires une chose qui ne dépend pas de nous, tu ne pourras qu’échouer, sans compter que tu te mettras dans l’impossibilité d’atteindre ce qui est à notre portée et qu’il est plus sage de désirer.
Borne-toi
à suivre tes impulsions, tes répulsions, mais fais-le avec
légèreté, de façon non systématique et sans effort excessif.
Pour
tout objet qui t’attire, te sert ou te plaît, représente-toi bien
ce qu’il est, en commençant par les choses les plus petites.
Si
tu aimes un pot de terre, dis-toi: « J’aime un pot de
terre. » S’il se casse, tu n’en feras pas une maladie. En
serrant dans tes bras ton enfant ou ta femme, dis-toi: « J’embrasse
un être humain. » S’ils viennent à mourir, tu n’en seras
pas autrement bouleversé.
Quand
tu te prépares à faire quoi que ce soit, représente-toi bien de
quoi il s’agit. Si tu sors pour te baigner, rappelle-toi ce qui se
passe aux bains publics : On vous éclabousse, on vous bouscule, on
vous injurie, on vous vole. C’est plus sûrement que tu feras ce
que tu as à faire si tu t’es dit : « Je vais aller aux bains
et exercer ma liberté de choisir en accord avec la nature. » De
même pour toutes tes autres tâches. Car, ayant fait cela, s’il
arrive quelque chose qui t’empêche de te baigner, tu auras la
réponse toute prête: « Je ne veux pas seulement me baigner,
mais exercer ma liberté de choisir en accord avec la nature, si je
me mets en colère à cause de ce qui m’arrive, ce ne sera pas le
cas. »
En
toute occasion, rappelle-toi ces mots:
Emmène-moi, ô, Zeus ! et toi, ô, Destinée !
Où vous avez formé le vœu de me conduire.
Je vous suivrai sans peur. Mais si, par lâcheté,
Je résiste, je sais qu’il faut vous obéir.
L’homme qui, sachant qu’il doit mourir, sait quitter la vie dignement.
On le nomme sage car il connaît les secrets des dieux.
Eh bien, Criton, si c’est la volonté des dieux, qu’il en soit ainsi.
Anytos et Mélitos peuvent me tuer, ils ne peuvent me nuire.
Emmène-moi, ô, Zeus ! et toi, ô, Destinée !
Où vous avez formé le vœu de me conduire.
Je vous suivrai sans peur. Mais si, par lâcheté,
Je résiste, je sais qu’il faut vous obéir.
L’homme qui, sachant qu’il doit mourir, sait quitter la vie dignement.
On le nomme sage car il connaît les secrets des dieux.
Eh bien, Criton, si c’est la volonté des dieux, qu’il en soit ainsi.
Anytos et Mélitos peuvent me tuer, ils ne peuvent me nuire.
Le
manuel d'Epictète | Mon année de philosophie - LeWebPédagogique
lewebpedagogique.com/terminale-philo/2009/10/le-manuel-depictete/
27
oct. 2009 - ( numérisé par J. Mannoni). Parmi les choses qui
existent, certaines dépendent de nous, d'autres non. De nous,
dépendent la pensée, ...
Épictète
ou la performance - La Vie des idées
www.laviedesidees.fr/Epictete-ou-la-performance.html
18
avr. 2016 - À propos de : Épictète, Entretiens, fragments et
sentences, introduits et ... de recherche ces dernières années en
France comme à l'étranger et ...
Biographie
d'Epictète : présentation de ce philosophe grec
https://www.les-philosophes.fr/auteur-epictete.html
Epictète
(50-125 ap. J.-C) est un philosophe grec stoïcien. Il passe son
enfance à Rome comme esclave, puis il est affranchi. Il ouvre une
école stoïcienne à ...
Termes
manquants : année 133
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