vendredi 24 février 2017

EN REMONTANT LE TEMPS... 133

22 DÉCEMBRE 2016...


Cette page concerne l'année 133 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LA PHILOSOPHIE STOÏCIENNE

Épictète philosophe Grec stoïcien. Son enfance se passe à Rome comme esclave, puis il est affranchi... Il ouvre une école stoïcienne à Nicopolis, une cité grecque. ne laissant aucun écrit, se sont ses élèves qui transmettent des notes de cours, une suite d’aphorismes qui composent le célèbre Manuel.
Montrant comment l’homme peut parvenir à la liberté et au bonheur, en ne s’attachant qu’aux biens qui ne dépendent que de lui. (nous sommes en plein dedans... !)
Épictète, en grec ancien Ἐπίκτητος / Epíktêtos, qui signifie « homme acheté, serviteur », philosophe de l’école stoïcienne. Il subsiste peu de choses connues de lui, et c'est son disciple Arrien qui assure la transmission de son œuvre en publiant les notes prises lors des leçons de son maître, cela en 8 livres, dont la moitié sont aujourd'hui perdus, ainsi qu'un condensé de doctrine morale, « le Manuel », textes qui ont une influence certaine sur Marc-Aurèle.

Épictète met fortement en avant la partie éthique de la philosophie. Bien qu'il enseigne également la logique stoïcienne, il insiste sur la prépondérance de l'action, et sa philosophie est avant tout pratique. Fidèle aux conceptions traditionnelles de l'école du portique, il présente l'Homme comme soumis au destin ordonné par les dieux.
Son enseignement se veut une méthode pour atteindre le bonheur par l'ataraxie, la paix de l'âme en acceptant, avec courage et amour, tout décret du destin inexorable, en accomplissant loyalement son devoir en dépit des circonstances, et en agissant avec bienveillance envers les autres Hommes...
Épictète naît en 50, à Hiérapolis en Phrygie probablement fils d'esclaves, lui-même esclave et vendu à Rome à un affranchi de Néron : Epaphrodite.

À plusieurs reprises, Épictète nous parle de ce personnage, et la tradition nous a conservé une anecdote significative :
Epaphrodite enferme le pied d'Épictète dans un brodequin d'acier et lui tord la jambe afin de le faire crier. Épictète finit par dire paisiblement : « Tu vas me casser la jambe. ».
Epaphrodite continue et casse la jambe d'Épictète. Celui-ci constate alors simplement : « Je te l'avais bien dit : la voilà cassée. »
Il en reste boiteux toute sa vie.
Épaphrodite autorise néanmoins Épictète à assister aux conférences du stoïcien Musonius Rufus, grande figure du stoïcisme.
Par la suite, Épictète est affranchi dans des conditions qui restent indéterminées, même si on suppose en général que c'est à la mort de son maître. Il se consacre à la philosophie, au stoïcisme en particulier.

À Rome, il habite une masure toujours ouverte, meublée d'une table et d'une paillasse...
Alors qu'il a acheté un jour une lampe de fer, un voleur la lui dérobe. Il se contente de réagir en disant que « s'il revient demain, il sera fort surpris, car il n'en trouvera qu'une en terre. »
Un ignorant achète fort cher cette lampe à la mort du philosophe, croyant qu'elle lui donnera la même lumière que celle qui a éclairé Épictète ! »

En 89, il doit quitter Rome à la suite de l'édit d'expulsion des philosophes hors de la cité, d'après la volonté de l'empereur Domitien qui s’accommode mal de l’influence des philosophes lesquels génèrent des opposants à son régime tyrannique.

Épictète se retire à Nicopolis d'Épire, ville de passage des nobles Grecs et Romains en voyage vers l'Italie ou la Grèce. Il y vit dans la pauvreté en compagnie d'une femme et d'un enfant qu'il a adopté.
À Nicopolis, il ouvre une école stoïcienne qui connaît un grand succès. Pendant plusieurs années, il enseigne sous la forme de discussions et de remises en question. Ses contemporains semblent avoir la plus grande estime pour la qualité de son enseignement.

Selon Spartianus, il revient à Rome et devient familier de l'empereur Hadrien, mais le fait est hautement improbable.
L'épisode est également relaté par l'Histoire Auguste, mais ce texte est en grande partie une imposture, et la lettre d'Épictète à Hadrien est clairement apocryphe.
En revanche, le respect de l'empereur pour Épictète semble corroboré par la plupart des sources. Selon la Souda, il vit jusqu'au règne de Marc Aurèle, mais d'après Aulu-Gelle, Épictète est déjà mort quand celui-ci arrive au pouvoir. Il est conjecturé qu'il enseigne à Julius Rusticus, qui devient plus tard l'enseignant de Marc Aurèle et l'introduit à la philosophie stoïcienne par l'intermédiaire d'Épictète.
Il meurra à Nicopolis, probablement vers l'an 125 ou 130.

Un de ses disciples, Arrien, recueillent ses propos regroupés en plusieurs ouvrages, dont 2 subsistent : Les Entretiens (διατριβαί diatribai) et Le Manuel (Enchiridion), qui résument sa doctrine et en font émerger les traits distinctifs.
Les Entretiens constituent originellement 8 livres, dont seuls les 4 premiers subsistent. Le Manuel est un condensé, constitué de 53 courts chapitres, réalisé par Arrien, qui met en aphorismes les propos d'Épictète. La sélection effectuée par Arrien est avant tout centrée sur la conduite de la vie et de l'esprit en toutes circonstances, se présentant comme un ouvrage éminemment pratique.
Son héritage a été conservé à travers un unique manuscrit, datant du XIe ou XIIe siècle, et conservé à la bibliothèque d'Oxford.
Le cours de philosophie d'Épictète peut être hypothétiquement reconstitué à partir des fragments d'informations rapportés dans les textes d'Arrien.

D'après Émile Bréhier, « La séance commence par une leçon technique, faite par le maître ou par un disciple : Commentaire d'un texte de Chrysippe ou de Zénon ou encore exercice de logique, après quoi, souvent à l'occasion d'une question posée par un auditeur, le maître se laisse aller à une improvisation, libérée de toute forme technique, dans un style souvent brillant et imagé, plein d'anecdotes, ayant recours à l'indignation et à l'ironie

Son enseignement connu ne porte pas trace d'une étude de la physique, et met l'étude de la logique, traditionnelle dans l'école, au second plan.
L'éthique est divisée en éthique théorique et éthique pratique, la première étant subordonnée à la seconde, son enseignement se décompose en 3 temps : L'apprentissage des règles de vie, correspondant à l'éthique pratique, est la première étape et la plus nécessaire. La justification de ces pratiques, qui est l'éthique théorique, vient en 2e et n'est que complémentaire et explicative.
Le soubassement dialectique qui soutient la véracité des principes théoriques vient en dernier, et constitue la logique.

À l'instar d'autres représentants tardifs du stoïcisme, Épictète se réfère largement à la tradition cynique. Il cite à de nombreuses reprises le nom, les vertus et l'exemple de Diogène de Sinope. À travers ce retour, il cherche à se rattacher à Socrate qu'il met sur le même plan que Diogène et cite également en exemple.
Épictète établit entre eux un lien par leur commun mépris de la mort, leur exigence de liberté, et leur indifférence aux biens extérieurs.

Chez les auteurs classiques (Isocrate, Eschine), la prohairesis signifie le choix d'une profession. C'est le même acte par lequel l'individu choisit consciemment tel ou tel genre de vie, aussi bien que tel ou tel métier : « Dis-toi d'abord qui tu veux être, puis fais en conséquence ce que tu dois faire ».
Épictète nous montre que la prohairesis est la faculté qui nous fait différents de tous les autres êtres vivants.
Elle est la faculté qui nous permet de désirer ou d’avoir de l’aversion, de ressentir un besoin impulsif ou de la répulsion, de dire oui ou non, selon nos jugements. Les choses prohairetiques sont libres par leur nature justement parce que la liberté de notre prohairesis est absolue : Elle ne peut être restreinte ni par la douleur, ni par la mort, ni par quoi que ce soit qui lui est extérieur. Si notre prohairesis fait que nous nous accommodons d’un fait quelconque, c’est qu’elle a ainsi décidé
Ainsi, bien que nous ne soyons pas responsables des représentations qui naissent librement dans notre conscience, nous sommes absolument et sans aucun doute responsables de la manière dont nous faisons usage de celles-ci.

Pour le stoïcien rien ne sert de vénérer la nature, les dieux ou d’autres maîtres. Seuls des principes rationnels doivent permettre de comprendre (ou simplement accepter) le mouvement du monde et des hommes. C’est par une analyse rationnelle qu’il détermine ce qui ne dépend pas de lui, et c’est grâce à cette même raison qu’il définit ses jugements sur le monde.
Son Manuel contient cette fameuse maxime : « Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les opinions qu'ils en ont.
Par exemple, la mort n'est point un mal, car, si elle en était un, elle aurait paru telle à Socrate, mais l'opinion qu'on a que la mort est un mal, voilà le mal. Lors donc que nous sommes contrariés, troublés ou tristes, n'en accusons point d'autres que nous-mêmes, c'est-à-dire nos opinions ».
Il y a trois disciplines auxquelles doit s'être exercé l'homme qui veut acquérir la perfection :
Celle qui concerne les désirs et les aversions, afin de ne pas se voir frustré dans ses désirs et de ne pas rencontrer ce qu'on cherche à éviter,
Celle qui concerne les tendances positives et les tendances négatives et, d'une façon générale, ce qui a trait au devoir, afin d'agir d'une façon ordonnée, réfléchie, sans négligence,
Celle qui concerne la fuite de l'erreur, la prudence du jugement, en un mot, ce qui se rapporte aux assentiments.

Pour Epictète, la principale et la plus urgente est la première, la discipline du désir, qui concerne les passions, car ce sont elles qui amènent les troubles, les agitations, les infortunes, les calamités, les chagrins, les lamentations, la malignité. Les passions rendent envieux, jaloux et empêchent même de prêter l'oreille à la raison.
Cette discipline du désir permet de ne s'occuper que de ce qui dépend de nous et d'accueillir avec joie tout ce qui est donné en partage par la nature universelle.
Elle permet de développer la tempérance et l'ataraxie ou absence de trouble et d'agitation.

La deuxième discipline concerne le devoir et a pour but d'agir au service de la communauté humaine. C'est la discipline de l'action, ne pas se laisser entraîner par une volonté désordonnée, mais agir conformément à l'instinct profond de communauté humaine et de justice. C'est développer la vertu de justice ou l'amour des hommes.

La troisième discipline a pour objet d'assurer la fermeté d'esprit vis-à-vis du réel. C'est la discipline des représentations ou de l'assentiment qui permet de ne pas donner son assentiment ni à ce qui est faux, ni à ce qui est obscur. Aimer la vérité, ne pas se précipiter dans ses jugements.
Ces 3 disciplines ou règles se réfèrent aux 3 rapports fondamentaux qui définissent la situation de l'homme :
Le premier, le rapport avec le cosmos, en lien avec la Physique.
Le second, le rapport de l'homme avec les autres hommes, est en lien avec l’Éthique.
Le troisième est le rapport de l'homme avec lui-même, dans la mesure où la partie essentielle de l'homme se situe dans sa faculté de penser et de juger, en lien avec la Logique.

Parmi les choses qui existent, certaines dépendent de nous, d’autres non. De nous, dépendent la pensée, l’impulsion, le désir, l’aversion, bref, nos agissements, ne dépendent pas de nous le corps, l’argent, la réputation, les charges publiques, tout ce pourquoi ce n’est pas nous qui agissons. Ce qui dépend de nous est libre naturellement, ne connaît ni obstacles ni entraves, ce qui n’en dépend pas est faible, esclave, exposé aux obstacles et nous est étranger.
Donc, rappelle-toi que si tu tiens pour libre ce qui est naturellement esclave et pour un bien propre ce qui t’est étranger, tu vivras contrarié, chagriné, tourmenté, tu en voudras aux hommes comme aux dieux, mais si tu ne juges tien que ce qui l’est vraiment (et tout le reste étranger), jamais personne ne saura te contraindre ni te barrer la route, tu ne t’en prendras à personne, n’accuseras personne, ne feras jamais rien contre ton gré, personne ne pourra te faire de mal et tu n’auras pas d’ennemi puisqu’on ne t’obligera jamais à rien qui pour toi soit mauvais.
A toi donc de rechercher des biens si grands, en gardant à l’esprit que, une fois lancé, il ne faut pas se disperser en œuvrant chichement et dans toutes les directions, mais te donner tout entier aux objectifs choisis et remettre le reste à plus tard.
Mais si, en même temps, tu vises le pouvoir et l’argent, tu risques d’échouer pour t’être attaché à d’autres buts, alors que seul le premier peut assurer liberté et bonheur.

Donc, dès qu’une image viendra te troubler l’esprit, pense à te dire: « Tu n’es qu’image, et non la réalité dont tu as l’apparence. » Puis, examine-la et soumets-la à l’épreuve des lois qui règlent ta vie : avant tout, vois si cette réalité dépend de nous ou n’en dépend pas, et si elle ne dépend pas de nous, sois prêt à dire: « Cela ne me regarde pas. »
Souviens-toi que le désir est tendu vers son objet tandis que le but de l’aversion, c’est de ne pas tomber dans ce qu’on redoute. Si l’on est infortuné en manquant l’objet de son désir, on est malheureux en tombant dans ce qu’on voulait éviter.
Donc, si tu ne cherches à fuir que ce qui est dépendant de toi et contraire à la nature, il ne t’arrivera rien que tu aies voulu fuir. Mais si tu cherches à éviter la maladie, la mort ou la misère, tu seras malheureux.

Supprime donc en toi toute aversion pour ce qui ne dépend pas de nous et, cette
aversion, reporte-la sur ce qui dépend de nous et n’est pas en accord avec la nature. Quant au désir, pour le moment, supprime-le complètement. Car si tu désires une chose qui ne dépend pas de nous, tu ne pourras qu’échouer, sans compter que tu te mettras dans l’impossibilité d’atteindre ce qui est à notre portée et qu’il est plus sage de désirer.
Borne-toi à suivre tes impulsions, tes répulsions, mais fais-le avec légèreté, de façon non systématique et sans effort excessif.
Pour tout objet qui t’attire, te sert ou te plaît, représente-toi bien ce qu’il est, en commençant par les choses les plus petites.
Si tu aimes un pot de terre, dis-toi: « J’aime un pot de terre. » S’il se casse, tu n’en feras pas une maladie. En serrant dans tes bras ton enfant ou ta femme, dis-toi: « J’embrasse un être humain. » S’ils viennent à mourir, tu n’en seras pas autrement bouleversé.
Quand tu te prépares à faire quoi que ce soit, représente-toi bien de quoi il s’agit. Si tu sors pour te baigner, rappelle-toi ce qui se passe aux bains publics : On vous éclabousse, on vous bouscule, on vous injurie, on vous vole. C’est plus sûrement que tu feras ce que tu as à faire si tu t’es dit : « Je vais aller aux bains et exercer ma liberté de choisir en accord avec la nature. » De même pour toutes tes autres tâches. Car, ayant fait cela, s’il arrive quelque chose qui t’empêche de te baigner, tu auras la réponse toute prête: « Je ne veux pas seulement me baigner, mais exercer ma liberté de choisir en accord avec la nature, si je me mets en colère à cause de ce qui m’arrive, ce ne sera pas le cas. »
En toute occasion, rappelle-toi ces mots:
Emmène-moi, ô, Zeus ! et toi, ô, Destinée !
Où vous avez formé le vœu de me conduire.
Je vous suivrai sans peur. Mais si, par lâcheté,
Je résiste, je sais qu’il faut vous obéir.
L’homme qui, sachant qu’il doit mourir, sait quitter la vie dignement.
On le nomme sage car il connaît les secrets des dieux.
Eh bien, Criton, si c’est la volonté des dieux, qu’il en soit ainsi.
Anytos et Mélitos peuvent me tuer, ils ne peuvent me nuire. 




Le manuel d'Epictète | Mon année de philosophie - LeWebPédagogique
lewebpedagogique.com/terminale-philo/2009/10/le-manuel-depictete/
27 oct. 2009 - ( numérisé par J. Mannoni). Parmi les choses qui existent, certaines dépendent de nous, d'autres non. De nous, dépendent la pensée, ...

Épictète ou la performance - La Vie des idées
www.laviedesidees.fr/Epictete-ou-la-performance.html
18 avr. 2016 - À propos de : Épictète, Entretiens, fragments et sentences, introduits et ... de recherche ces dernières années en France comme à l'étranger et ...

Biographie d'Epictète : présentation de ce philosophe grec
https://www.les-philosophes.fr/auteur-epictete.html
Epictète (50-125 ap. J.-C) est un philosophe grec stoïcien. Il passe son enfance à Rome comme esclave, puis il est affranchi. Il ouvre une école stoïcienne à ...
Termes manquants : année ‎133





 

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