27 DÉCEMBRE 2016...
Cette
page concerne les années 129-128 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle des années considérées il ne peut s'agir que
d'un survol !
LES PÉRIPLES D'HADRIEN DANS SON EMPIRE.
1er juillet :
Hadrien, qui visite la Maurétanie et la province romaine d'Afrique,
inspecte à Lambaesis (Lambèse) les troupes qui y sont stationnées,
notamment la Legio III Augusta, et les harangue.
Septembre :
Après un bref passage à Rome, Hadrien part pour Athènes pour une
2e tournée d'inspection des provinces (128-134) : Grèce, Asie
Mineure, Égypte. Il participe aux mystères d'Éleusis, programme la
construction de nouveaux bâtiments à Athènes (temple d'Héra,
temple de Zeus panhellenios, gymnase et nouveau quartier près de
l'Ilissos), plus tard, il visite de nouveau Sparte.
Mars :
Hadrien embarque à Éleusis pour Éphèse après avoir passé
l'hiver à Athènes. Il continue ses voyages inspectant maintenant la
Carie, la Cilicie, la Cappadoce et la Syrie.
27
avril : Hadrien est à Laodicée du Lycos.
23
juin : Hadrien séjourne à Antioche.
Hadrien
à Rome et à Tibur (126-127). Relations de l’empereur avec les
premiers
apologistes
chrétiens, le rescrit de 123 au proconsul d’Asie.
Dossier
du Temple d’Aizanoi et lettres à Stratonicée-Hadrianoupolis.
Nouveaux
voyages : L’inspection militaire de Lambèse (128) et le second
séjour à Athènes (128-129).
D’Éleusis
à Éphèse avec les nauclères (navigateurs marchands). Le nouvel
édit
d’Hadrien
sur la vehiculatio (la poste) dans la province d’Asie (129).
En
séance de séminaire le professeur J.-L. Ferrary a donné un aperçu
très
suggestif
des mémoriaux épigraphiques du sanctuaire de Claros (dont la
publication
est imminente), en commentant aussi la dédicace du temple d’Apollon
par Hadrien.
Hadrien
a voyagé en Grèce, de Chéronée à Spartes.
Il
a environ 50 ans (128-129). Lors de ce voyage, accompagné de
Plotine, l'épouse de Trajan. C'est une excursion de plaisir et
d’étude pour l'empereur et non politique. On ne sais pas
exactement en combien de temps le voyage s'est déroulé.
« C'est
bientôt la fin du voyage, nous arrivons à Sparte.
Hier
soir, nous marchions dans l'obscurité quand une armée de brigands
nous ont attaqués Plotine et moi. Nous ne sommes pas blessés, mais
ils nous ont dérobé plusieurs parchemins anciens que j'avais
trouvés à Chéronée en début de voyage ».
Il
est singulier que, durant ce séjour en Espagne, Hadrien n'ait visité
ni son lieu d'origine, Italica, ni Gadès, la patrie de sa mère.
Pour
qu'il ait résisté au désir si naturel de montrer le maître du
monde à ceux qui l'ont vu naître dans une maison à peine
consulaire, quelque nécessité urgente a dû précipiter son départ.
Est-ce
que les Maures remuaient encore ? Spartien le dit, sans qu'on puisse
conclure de ses paroles que l'empereur se soit directement rendu
d'Espagne en Afrique, où d'ailleurs il semble être allé 2 fois au
moins, car son allocution aux troupes de Lambèse est de l'année
128.
Nous
ne savons rien du premier voyage, mais il nous reste au sujet du
second quelques détails... Depuis 5 ans, il n'est pas tombé une
goutte d'eau dans les oasis.
Ce
fait, qui n'a rien d'extraordinaire, est toujours une calamité, et
comme à son arrivée une pluie abondante survient, on y voit un
miracle et on lui attribue ce bienfait, qui le rend cher aux
Africains.
Il
les gagne par de plus réels services : Il met fin aux désordres de
la Maurétanie, fonde plusieurs colonies ou donne ce titre à
d'anciens municipes, comme à Thenae dans la Byzacène, à Zama dans
la Numidie, il répare le grand aqueduc qui mène à Carthage les
eaux du mont Zaghouan, et il fait achever par la légion cantonnée à
Lambèse les travaux de l'Aurès : Une voie longeant les hauteurs,
et, à l'entrée de chaque gorge, un fortin pour défendre le
passage... C'est le système du Vallum Hadriani, avec cette
différence que la montagne tient lieu de muraille. Les villes
suivent l'exemple qui leur est donné, et il se produit partout de
grands efforts pour embellir les cités ou faciliter entre elles les
communications.
Ainsi
une inscription nous apprend qu'à cette époque Cirta construit à
ses frais tous les ponts sur la voie qui mène de ses murs à
Rusicade (Philippeville), c'est-à-dire de Constantine à la mer.
A
défaut de renseignements plus nombreux, on relèvera encore le mot
de Spartien : « Il combla de bienfaits les provinces
Africaines », et cette légende de plusieurs monnaies : Au
Restaurateur de l'Afrique.
L'empereur
revient d'Afrique dans sa capitale, pour l'anniversaire de la
fondation de Rome.
Vers
la fin de cette année, il est déjà en route vers l'Orient, que les
Parthes menacent. Hadrien invite Chosroës à une entrevue, et tout
s'apaise (122 ou 123). Il lui renvoie sa fille, faite prisonnière
par un des généraux de Trajan, mais refuse de lui rendre le trône
d'or massif des Arsacides, trophée qui est pour les Romains ce que
les drapeaux de Crassus ont été pour les Parthes.
En
pareille circonstance, Trajan a rejeté avec hauteur les avances et
les explications, forcé les Parthes à une guerre dont ils ne
veulent pas, et après beaucoup de sang répandu et de villes
détruites, il a reculé, vaincu par une nature plus forte que son
génie. Hadrien pacifie l'Orient sans l'ébranler par le choc des
armes et sans y faire de ruines... Il paraît avoir séjourné 3 ou 4
ans (122-125) dans les provinces Orientales, où il retourne en 129.
Dans
l'impossibilité de distinguer ce qu'il fait en ces contrées durant
chacun de ces voyages
Vers
la fin de l'année 125, il reprend le chemin de la Grèce, en
traversant cette mer brillante des Cyclades où le navigateur a
toujours en vue quelque île au nom sonore, pleine de souvenirs et de
poésie. Il passe lentement, s'arrêtant aux lieux que l'histoire a
marqués d'une trace ineffaçable, ou que la nature et l'art ont
décorés d'un site renommé ou d'un chef-d’œuvre.
Temples
fameux, tableaux et statues célèbres, théâtres des exploits
antiques, il veut tout voir, et charme des peuples artistes par cet
hommage rendu aux objets de l'orgueil national.
Athènes,
où l'on sent un souffle éternel de jeunesse et de beauté, n'a pas
un citoyen qui monte plus souvent au Pnyx (Terme de l'Antiquité
employé pour désigner la place publique d'Athènes où se
déroulaient les assemblées générales du peuple.), pour s'asseoir
au pied du roc équarri qui a été la tribune de Démosthène, et
d'où l’œil contemple avec ravissement la ville entière, la
moitié de l'Attique, la mer qui scintille en fuyant vers Salamine et
Epidaure, tandis que, à deux jets de pierre, les Propylées et le
Parthénon dominent de leur souveraine beauté ce merveilleux
ensemble.
Il rentre en Italie après l'hiver, par la Sicile.
Il rentre en Italie après l'hiver, par la Sicile.
A
Antioche, il est monté de nuit sur le mont Casios, pour y voir le
soleil sortir, à l'orient, des brumes matinales, il fait de même à
l'Etna.
Les
anciens n'ont pas ce goût de la beauté pittoresque. Les Grecs la
sentent par instinct de poètes, mais beaucoup de Romains auraient
volontiers supprimé la mer, les lacs et les montagnes qui arrêtent
leurs cultures ou gênent leurs voies militaires.
Hadrien,
dont les bustes ont une physionomie si peu romaine, n'est pas plus de
son temps par ce trait de son caractère, qu'il ne l'est par sa façon
de régner.
Ces éternels voyages, ces courses de l'Euphrate à la Tamise et du Danube à l'Atlas, étonnent la mollesse des Romains et blessent leur orgueil de maîtres du monde.
Ces éternels voyages, ces courses de l'Euphrate à la Tamise et du Danube à l'Atlas, étonnent la mollesse des Romains et blessent leur orgueil de maîtres du monde.
Il
ne leur paraît pas que le prince doive tant de sollicitude à des
vaincus. Les poètes s'en moquent :
« Non,
dit l'un d'eux, Florus, non je ne voudrais pas être César pour
avoir à courir au travers du pays des Bretons, pour avoir à
souffrir les frimas de la Scythie ».
Et
Hadrien lui répondait :
« Et
moi, je ne voudrais pas être Florus pour courir les tavernes de la
ville, pour m'enterrer dans les cabarets et y souffrir la morsure des
cousins ».
Rome
reçoit froidement un prince qui la néglige et ne veut ni de ses
fêtes ni de ses honneurs, pas même de son consulat.
De
119 jusqu'à sa mort, en 138, il ne prend pas une seule fois les
faisceaux, presque toujours il dédaigne de faire mettre sur les
monnaies son titre de tribun, signe pourtant de sa souveraine
puissance, il n'accepte qu'après 11 ans de règne celui de Père de
la patrie, et n'est proclamé qu'une seule fois imperator.
Quel motif le décide à partir encore ?
Quel motif le décide à partir encore ?
PALMYRE |
Puis
il retourne en Orient et s'arrête de nouveau en Grèce (129).
Par
le livre d'un autre grand voyageur, presque contemporain, qui
parcourt ce pays quand le souvenir d'Hadrien y est encore vivant, on
va savoir par lui, ce qu'il faut mettre sous ces paroles que Spartien
répète à propos de chaque province où l'empereur s'arrête : « Il
la comble de ses libéralités ».
En
nous disant ce que le prince fait dans la Grèce, Pausanias montre ce
qu'il a dû faire ailleurs.
Cependant
on ne peut s'attendre à trouver là ni travaux de fortifications, ni
constructions de voies militaires, inutiles en un pays situé au cœur
de l'empire, où ne réside aucune légion.
A Corinthe, il construit des bains dans plusieurs quartiers de la ville et un aqueduc qui amène l'eau du lac Stymphale
A Corinthe, il construit des bains dans plusieurs quartiers de la ville et un aqueduc qui amène l'eau du lac Stymphale
A
Némée, un hippodrome.
Il
rend à Mantinée son glorieux nom, lui bâtit un temple de Neptune,
et grave sur le tombeau d'Epaminondas une inscription qu'il compose
lui-même.
Dans
la Phocide, il dote Hyampolis d'un portique et Abès d'un sanctuaire
d'Apollon pour remplacer le grand temple, qui, brûlé par les
Thébains dans la guerre Sacrée, attendait depuis 5 siècles qu'on
relève ses ruines.
Aux
Argiens, il donne comme offrande pour leur temple de Junon l'oiseau
favori de la déesse, un paon d'or dont la queue étincelle de
pierres précieuses, et il leur permet de rétablir la course
équestre des jeux Néméens qui était tombée en désuétude.
Enfin,
entre Corinthe et Mégare, il élargit la voie Scironienne, sentier
de piétons où, après lui, deux chars peuvent marcher de front, et,
sur la route d'Eleusis à Athènes, il rétablit un pont que le
Céphise avait emporté.
Une
inscription hélas disparue, placée dans le Panthéon d'Athènes,
énumérant les temples élevés par lui ou enrichis de ses
offrandes, tous les actes de sa munificence dans le pays de ses
prédilections, et jusqu'à ses libéralités aux cités
Barbares.
Mais il y a en Grèce un lieu qu'il préfère à la Grèce entière, la cité de Minerve, dont il veut faire la capitale de l'Hellade et de tout l'Orient Hellénique.
Mais il y a en Grèce un lieu qu'il préfère à la Grèce entière, la cité de Minerve, dont il veut faire la capitale de l'Hellade et de tout l'Orient Hellénique.
Les
Athéniens se croient revenus aux meilleurs jours de leur histoire,
lorsqu'ils voit le maître du monde prendre l'habit Grec et se faire
leur concitoyen... Remplir sérieusement ses fonctions d'archonte et
d'agonothète, présider à leurs jeux, à leurs mystères d'Eleusis,
et placer sur le tombeau de Miltiade la statue qu'ils ont oublié d'y
mettre.
A
en croire Eusèbe en sa Chronique, ils lui ont demandé une
constitution qui conserve l'assemblée et les tribunaux populaires,
mais précise les attributions du sénat comme juge des affaires
contentieuses.
Il
vit en riche particulier, accessible à tous, discutant avec les
artistes des plans d'édifices, avec les philosophes des questions de
doctrine, parfois il coupe ces plaisirs tranquilles par des exercices
violents, une chasse à courre sans doute, puis le soir venu, il
célèbre en vers grecs que nous avons encore sa victoire périlleuse
sur une ourse des montagnes de Thespies.
Athènes redevient ce qu'elle a été autrefois, la grande école de la Grèce. On recommence à lui demander des leçons pour parler et écrire, et les rhéteurs, les sophistes, accourent y chercher un renom qui leur vaut la richesse, les honneurs, même de lucratifs sacerdoces qu'on donne volontiers à ces beaux diseurs, au risque de confier le soin des intérêts religieux à ceux qui vont rechercher la solitude dans les temples.
Athènes redevient ce qu'elle a été autrefois, la grande école de la Grèce. On recommence à lui demander des leçons pour parler et écrire, et les rhéteurs, les sophistes, accourent y chercher un renom qui leur vaut la richesse, les honneurs, même de lucratifs sacerdoces qu'on donne volontiers à ces beaux diseurs, au risque de confier le soin des intérêts religieux à ceux qui vont rechercher la solitude dans les temples.
Il
est aidé dans ce travail par le célèbre rhéteur Hérode Atticus,
maître d'Aulu-Gelle et de Pausanias que, fort heureusement pour
nous, sa rhétorique n'a point séduit, mais que son érudition a
gagnés.
NYMPHAEUM |
Fondant
une riche bibliothèque, Hadrien l'entoure de portiques soutenus par
120 colonnes en marbre de Phrygie, les murs sont faits du même
marbre, les plafonds, cachés sous l'albâtre ou l'or, les salles,
décorées de statues et de tableaux précieux.
Près
de là il construit un gymnase où l'on compte 100 colonnes en marbre
de Libye,
Plus
loin, un temple de Junon.
Aussi
les Grecs, ravis de ces faveurs faites à leur race, même de celles
qui semblent ne s'adresser qu'aux seuls Athéniens, placent une
statue d'Hadrien dans le temple d'Olympie, à côté de celle qu'ils
ont élevée à Trajan, et bâtissent, dans la nouvelle cité
d'Athènes, le Panhellénion, temple de Jupiter et d'Hadrien, près
duquel doivent se célébrer des jeux annuels en présence des
députés de la Grèce entière.
Durant
quelque temps ce Panhellénion paraît être le sanctuaire politique
de la Hellade, comme les temples de Rome et d'Auguste le sont à
Tarragone et à Lyon pour les provinces Occidentales. Des
inscriptions de la fin du règne d'Antonin montrent les Panhellènes
en correspondance avec des peuples lointains, même avec l'empereur.
Mais
les Grecs de ce temps ne sont plus capables de mettre en commun autre
chose que leurs plaisirs.
Toutes
ces constructions et Hadrianopolis elle-même ont disparu, cependant,
lorsque, en descendant des Propylées, on laisse derrière soi le
temple de Thésée et que l'on contourne par le sud le roc
gigantesque si noblement couronné de ruines majestueuses, on voit
d'abord sur la pente de l'Acropole le théâtre de Bacchus qui garde
les sièges de marbre blanc où s'asseyait Périclès et d'où
Hadrien a entendu quelque comédie de Ménandre, plus loin, dans la
plaine de l'Ilissus, 15 colonnes, les unes isolées, les autres
encore réunies par leur architrave et dont les proportions
colossales, la riche ordonnance, les teintes chaudes et dorées, qui
s'enlèvent sur l'azur du ciel, frappent l'esprit d'étonnement et
d'admiration, même à 2 pas du Parthénon.
Ces
colonnes sont tout ce qui reste du temple le plus vaste de l'univers
Gréco-Romain, l'Olympiéion, commencé par Pisistrate, continué par
Auguste et achevé, au bout de 7 siècles, par Hadrien.
D'Athènes
il gagne l'Asie proconsulaire, qui paraît, au milieu de l'immense
jardin de l'empire, la région la plus favorisée. C'est la patrie
des artistes qui élèvent tous ces monuments, et des sophistes dont
l'habile faconde contient en Orient l'invasion de l'idiome des
conquérants, et va bientôt éteindre, jusqu'en Italie, le clair et
simple génie du Latium.
Au
retour du voyage d'Athènes, ces hommes ouvrent école dans
quelqu'une des 500 villes d'Asie, et arrivent bien vite à la
fortune, même à la puissance : Favorinus, à Ephèse,
Aristoclès,
à Pergame, sont d'importants personnages.
Polémon
règne véritablement à Smyrne.
Le
sénat écoute ses avis avec déférence, la foule applaudit ses
discours quand il voyage, ses chevaux ont des rênes d'argent, et
derrière son char marche une armée d'esclaves. Il obligeait les
gouverneurs à compter avec lui.
Dans
ces provinces d'Asie, on trouve en 1 000 lieux les traces du passage
d'Hadrien ou son souvenir : Villes détruites par des tremblements de
terre qu'il aide à sortir de leurs ruines, cités secourues et
embellies qui, en reconnaissance, prennent son nom, instituent des
jeux ou frappent des médailles pour le dieu sauveur et le
restaurateur des provinces, temples et statues élevés en son
honneur, ports et chemins construits à ses frais.
Il
n'est pas une région de la grande presqu'île qui n'ait pas vu passé
le voyageur impérial et qui, par ses dons, ses conseils, son
exemple, suscite une noble activité, une émulation généreuse pour
tous les travaux de la vie civilisée...
INITIATION A ELEUSIS |
C'est
déjà notre système d'encouragement aux œuvres d'utilité publique
par une subvention de l’État. Il en est de même partout et dans
toute la période Antonine, par là s'explique que l'empire
apparaisse alors comme un immense atelier de constructions.
Hadrien prend terre sans doute à Smyrne, la perle de l'Orient et la vraie capitale de la riante Ionie. Assise au fond d'un golfe qui rivalise avec les plus beaux du monde, sur les pentes d'une montagne que couronnent aujourd'hui les ruines d'une immense forteresse génoise, mais où les Grecs avaient certainement mis un temple, entourée de fertiles campagnes que traverse le fleuve d'Homère, Smyrne est un magnifique vestibule pour pénétrer en Asie, et les gouverneurs Romains entrent toujours par là dans leur province.
Hadrien prend terre sans doute à Smyrne, la perle de l'Orient et la vraie capitale de la riante Ionie. Assise au fond d'un golfe qui rivalise avec les plus beaux du monde, sur les pentes d'une montagne que couronnent aujourd'hui les ruines d'une immense forteresse génoise, mais où les Grecs avaient certainement mis un temple, entourée de fertiles campagnes que traverse le fleuve d'Homère, Smyrne est un magnifique vestibule pour pénétrer en Asie, et les gouverneurs Romains entrent toujours par là dans leur province.
Hadrien
y a un grand ami, Polémon, qui vient de prononcer à Athènes le
discours pour la dédicace de l'Olympiéion, et qui a inspiré au
prince une bienveillance particulière pour la ville qu'on appelait,
dans la Grèce Orientale, le sanctuaire des Muses.
Cette
bienveillance se montre par de nombreuses libéralités qui servent à
la construction de plusieurs édifices, entre autres d'un temple, et
à celle d'un gymnase que Philostrate déclare le plus beau de
l'Asie.
Les
Smyrniotes lui donnent en échange les titres d'olympien, de sauveur,
de fondateur, et décrètent en son honneur des fêtes perpétuelles
ou Jeux hadrianiens.
Milet
fait de même, et toutes les autres.
Le
prince sceptique sait bien que penser de cette emphase Orientale que
nous avons le tort de prendre au mot : C'est la politesse du temps,
et il ne s'arrête pas plus à ces formules qu'aux notes d'une
musique mélodieuse que le vent emporte.
Il
visite Milet, qui vient de nous rendre quelques débris d'une
construction colossale trouvés au milieu des alluvions du Méandre,
et la riche cité d'Ephèse, alors si prospère qu'il faut 4 heures
pour traverser l'espace couvert par ses ruines, cependant elle avait
mis 220 ans à rebâtir son sanctuaire de Diane. Hadrien y élève un
temple à la Fortune Romaine, que tous les peuples adorent, là même
où elle n'a point d'autel.
Il
parcourt Lesbos et la Troade.
Pour
plaire aux dévots de l'Iliade, quoiqu'il ne l'admire pas, il
rétablit le tombeau d'Ajax et rend de grands honneurs au moins
aimable des héros d'Homère, pour gagner les habitants
d'Alexandrie-Troas, il leur donne un aqueduc, qu'on voit encore près
d'Eski-Stamboul, et dont il charge un des beaux parleurs du temps,
Hérode Atticus, de surveiller la construction.
C'est
déjà la coutume de ne pas s'en tenir aux devis... Atticus dépense
beaucoup plus qu'Hadrien n'a promis.
HERODE |
Il laiss aux habitants d'Ilion quelque chose dont leur vanité est, pour un moment, plus satisfaite que de l'aqueduc d'Aristide : Six vers grecs célébrant la gloire de leur cité et leur courage :
« Hector,
fils de Mars, si tu m'entends sous terre, salut à toi. Sois fier de
ta patrie. Ilion, la fameuse cité, est toujours peuplée d'hommes,
ils ne te valent pas, et pourtant, eux aussi, ils aiment les combats.
Les Myrmidons ne sont plus. Va et dis à Achille : La Thessalie
entière est aux pieds des enfants d'Enée ».
A Nicomédie on lui donne le nom de fondateur avec moins de flatterie qu'en d'autres lieux, et Cyzique lui bâtit un temple dont, au dire du rhéteur Aristide, la masse imposante est vue de si loin, que, dans la Propontide, il remplace les signaux qui guident la marche des navires.
A Nicomédie on lui donne le nom de fondateur avec moins de flatterie qu'en d'autres lieux, et Cyzique lui bâtit un temple dont, au dire du rhéteur Aristide, la masse imposante est vue de si loin, que, dans la Propontide, il remplace les signaux qui guident la marche des navires.
Il
s'arrête longtemps dans cette région de la Bithynie que les Turcs
nomment la mer d'arbres, et qui rappelle à nos voyageurs les plus
doux paysages de la Suisse : Eaux courantes, prairies encore vertes
sous le soleil de juillet, nombreux troupeaux, et, çà et là, des
chalets en troncs d'arbres non équarris. Hadrien, grand chasseur, se
plaît dans ce pays giboyeux et y fonde deux villes, dont l'une,
nommée les Chasses d'Hadrien, Hadrianothères, consacre le souvenir
d'un de ses exploits : Il y a abattu une ourse énorme, telle qu'on
en trouve encore sur les pentes de l'Olympe...
En Cappadoce, il achète beaucoup d'esclaves pour le service des camps, mesure qu'on s'explique mal, car les légions peuvent s'approvisionner partout de la marchandise humaine.
En Cappadoce, il achète beaucoup d'esclaves pour le service des camps, mesure qu'on s'explique mal, car les légions peuvent s'approvisionner partout de la marchandise humaine.
Mais
les Cappadociens sont déjà fameux, aux beaux jours d'Athènes, pour
leur cervelle épaisse aussi bien que pour leurs larges épaules, et
le pays n'est qu'un grand marché d'esclaves.
Est-ce
alors, ou dans son précédent voyage, qu'il visite le Pont et qu'il
a avec les rois des pays voisins les rapports dont nous avons parlé
?
Arrien
raconte, qu'à Trapézonte (Trébizonde) l'empereur veut contempler
la mer du même lieu où les Dix-Mille ont jeté leur cri de joie, en
reconnaissant l'Euxin et le terme de leurs travaux.
Sur
ce site admirable et pour rappeler ce double souvenir, on élève une
statue du prince qui, le doigt étendu, montre la mer, mais peut-être
aussi le temple de Mercure qu'il a donné à cette cité marchande,
et le port qu'il a construit pour ses navires, jusqu'alors sans abri
pendant la mauvaise saison.
Antioche l'irrite probablement, comme Julien plus tard, par les sarcasmes d'une population vaniteuse et insolente, également incapable de rester sans maître et d'en garder un.
Antioche l'irrite probablement, comme Julien plus tard, par les sarcasmes d'une population vaniteuse et insolente, également incapable de rester sans maître et d'en garder un.
GERASA |
D'Antioche il se rend à Héliopolis ou à Damas, limite de la langue et de la nationalité Syriennes, au delà c'est le désert, la race arabe, la vie sous la tente et les longues troupes de chameliers allant chercher, à Ctésiphon et sur le golfe Persique, les denrées de la Perse et de l'Inde.
Le
monde Romain communique avec l'empire des Parthes par 3 routes :
L'une,
au nord, avec divers embranchements, que suivent les armées, le
commerce timide et les voyageurs isolés s'acheminant vers la Haute
Mésopotamie,
Deux,
au sud, à travers le désert et aboutissant à peu près au même
point, vers la région où l'Euphrate et le Tigre se réunissent pour
tomber ensemble à la mer : C'est le chemin des caravanes,
lorsqu'elles reviennent du bas Euphrate, celles-ci, selon qu'elles
veulent atteindre la Méditerranée à Alep, pour gagner
l'Asie-Mineure, ou à Gaza, pour descendre en Égypte, prennent au
nord-ouest vers la Coelésyrie, ou à l'ouest par le pays des
Nabatéens.
En
abordant la frontière Romaine, ces 2 routes se relient à une autre
qui, de Damas à Pétra, suit la limite des terres cultivées et du
désert, de sorte qu'à elles 3, ces routes forment un immense
triangle ayant son sommet vers la Characène, sur le Pasitigre, sa
base le long des dernières pentes de l'Anti-Liban, et ses deux côtés
à travers le grand désert.
Au delà du côté de l'Euphrate, rien que le vide, mais, derrière elles, de grandes cités : Baalbek, Damas, Bostra, Gérasa, Philadelphie, dont les ruines comptent parmi les plus belles que nous connaissions.
Les malheurs de ses voisins ont fait la forturne de cette région. Beaucoup de familles Grecques qu'Alexandre et ses successeurs ont entraînées sur leurs pas, au fond de l'Asie, reculant devant la réaction des races indigènes, se sont repliées sur la Syrie, la première terre où elles ont retrouvé quelque chose de leur langue, de leurs coutumes et de leur religion.
Au delà du côté de l'Euphrate, rien que le vide, mais, derrière elles, de grandes cités : Baalbek, Damas, Bostra, Gérasa, Philadelphie, dont les ruines comptent parmi les plus belles que nous connaissions.
Les malheurs de ses voisins ont fait la forturne de cette région. Beaucoup de familles Grecques qu'Alexandre et ses successeurs ont entraînées sur leurs pas, au fond de l'Asie, reculant devant la réaction des races indigènes, se sont repliées sur la Syrie, la première terre où elles ont retrouvé quelque chose de leur langue, de leurs coutumes et de leur religion.
Un
autre flot d'hommes lui arrive du côté opposé. Au temps des
Hérode, la Palestine était fort riche et la Galilée couverte d'une
population exubérante... Durant la guerre d'extermination conduite
par Titus, une foule d'habitants de la rive droite du Jourdain
passent sur la rive gauche, qui appartient alors au roi des
Nabatéens, et montent jusqu'à Damas, Héliopolis, Palmyre, où l'on
a la preuve de l'existence d'une communauté hébraïque.
A
une époque incertaine, des Arabes Himyarites, émigrés du Yémen,
se sont établis dans le Haouran et le Belkâ, sédentaires et
cultivateurs, ils protègent le pays contre les Arabes des tentes, et
Bostra leur capitale devient le grenier de ces régions.
Ce
qu'on appelle le désert, du moins de ce côté, n'est en effet
qu'une terre en friche. Que l'homme y vienne, et qu'une police habile
à contenir les montagnards et les nomades lui donne la sécurité,
et il utilisera, dans ces cantons facilement arrosables jusque vers
la mer Morte, les eaux abondantes des montagnes qui, sous un soleil
brûlant, feront produire à la terre de riches moissons.
Après
les coups frappés par Corbulon et Trajan sur les Parthes, après
l'ordre sévère mis en Judée par Titus, dans la province d'Arabie
par Cornelius Palma, de nombreuses populations sont accourues en ces
régions, et la bonne police établie par Rome et Hadrien y développe
une prospérité jusqu'alors inconnue.
La province d'Arabie est de formation récente. Palma, qui l'a conquise en 105, Trajan, qui l'a organisée en 106, n'ont pas eu le temps de pourvoir à tout.
La province d'Arabie est de formation récente. Palma, qui l'a conquise en 105, Trajan, qui l'a organisée en 106, n'ont pas eu le temps de pourvoir à tout.
Ce
qu'il reste d'essentiel à y faire, Hadrien l'exécute, puisque la
province consacre des médailles Restitutori Arabiae. Gérasa fait
commencer à lui la suite de ses monnaies impériales, et Damas en
frappe avec la légende :
Au
dieu Hadrien, ou avec la double effigie de l'empereur et de
l'impératrice. Trajan a fait la fortune de Bostra en y établissant
une légion.
Pour
reconnaître quelque libéralité d'Hadrien, sans montrer une trop
vive ingratitude envers son prédécesseur, la ville cesse
momentanément de mettre sur ses monnaies le nom de son second
fondateur, mais ne le remplace pas par celui du nouveau prince.
Au
milieu de tant de basses adulations, cette flatterie contenue est
presque de la dignité.
HADRIEN RESTAURATEUR DU MONDE |
Vers
la mer Morte, l'attention du voyageur impérial, qui ne veut négliger
aucune curiosité de la nature et de l'art, doit être éveillée par
les sombres récits qui courent sur ce lac étrange aux eaux pesantes
et amères qui ne peuvent nourrir un être vivant, et où Vespasien a
fait jeter des criminels garrottés pour s'assurer que les corps
humains y surnagent.
Mais
il n'est pas donné, même au plus intelligent des empereurs, de
trouver, en parcourant ces lieux, l'intérêt qu'y rencontre
aujourd'hui le dernier de nos voyageurs.
Dans
le Haouran, les montagnes qui s'agitent sous l'effort des feux
souterrains, et la plaine, fouettée par une tempête intérieure,
qui se soulève comme une mer orageuse, enfin sur une ligne de 800
lieues, du Bab-el-Mandeb aux sources du Jourdain, la terre qui se
déchire, et, au sud de l'immense fissure, l'océan Indien se
précipitant entre l'Afrique et l'Asie, tandis que les eaux du nord,
arrêtées par un ressaut du sol, s'accumulent dans le gouffre du lac
Asphaltite( ou mer Morte), la dépression la plus profonde des 3
continents.
On
n'a pas encore écrit cette terrible page de l'histoire de la terre,
et Hadrien, en ces mêmes lieux, n'entend parler que de quelques
villes misérables, détruites par la colère du ciel.
La
légende, comme il arrive souvent, est moins grande que
l'histoire.
De la pointe méridionale de la mer Morte, Hadrien gagne le Wadi-el-Arabah, le fleuve sans eau, qui s'étend jusqu'au golfe Elanitique. Après une marche de 30 heures, il arrive au voisinage du mont Hor, dont le sommet, suivant une tradition biblique que les musulmans ont gardée, porte le tombeau d'Aaron, et, par une gorge étroite où le soleil ne descend jamais, il entre dans la capitale des Nabatéens.
De la pointe méridionale de la mer Morte, Hadrien gagne le Wadi-el-Arabah, le fleuve sans eau, qui s'étend jusqu'au golfe Elanitique. Après une marche de 30 heures, il arrive au voisinage du mont Hor, dont le sommet, suivant une tradition biblique que les musulmans ont gardée, porte le tombeau d'Aaron, et, par une gorge étroite où le soleil ne descend jamais, il entre dans la capitale des Nabatéens.
Dès
le temps de Strabon, on compte à Pétra beaucoup de Romains qui sont
venus s'établir chez ce peuple entre les mains duquel se trouve,
pour une bonne partie, le commerce du bas Euphrate et de l'Inde avec
l’Égypte. On rencontre encore çà et là les restes d'une voie
Romaine qui relie la Palestine à cette ville, et l'un de ses
monuments rappelle une élégante peinture de Pompéi.
Quelques-uns
doivent dater du passage d'Hadrien, car, en signe de sa
reconnaissance intéressée, Pétra prend le nom de ce prince et
commence par lui la série de ses monnaies impériales.
Dans la Palestine, Hadrien donne une plus grande activité aux travaux de la colonie Romaine et des temples qu'il a fondés à Jérusalem, ce qui fera éclater bientôt une formidable insurrection.
Il entre en Égypte par Péluse, où il honore la mémoire de Pompée en élevant un monument funéraire à celui qui a eu des temples et n'a pas un tombeau. Naguère toute la vallée du Nil a été en grande agitation : Apis s'y est manifesté après de longues années d'absence.
Dans la Palestine, Hadrien donne une plus grande activité aux travaux de la colonie Romaine et des temples qu'il a fondés à Jérusalem, ce qui fera éclater bientôt une formidable insurrection.
Il entre en Égypte par Péluse, où il honore la mémoire de Pompée en élevant un monument funéraire à celui qui a eu des temples et n'a pas un tombeau. Naguère toute la vallée du Nil a été en grande agitation : Apis s'y est manifesté après de longues années d'absence.
L'étrange
dieu n'est pas facile à trouver, car ses adorateurs veulent qu'il
prouve sa divinité, en laissant voir sur son front une tache blanche
en forme de croissant, sur son dos la figure d'un aigle, au-dessous
de sa langue l'image d'un scarabée : Exigences auxquelles il ne peut
satisfaire sans un peu d'assistance sacerdotale et beaucoup de
crédulité populaire.
Il
y a d'autres conditions d'ordre surnaturel qu'il est plus difficile
de vérifier :
Apis
doit être né d'une génisse vierge fécondée par un éclair
descendu du ciel. Grâce à ces merveilles, le dieu est en grand
honneur dans toute l’Égypte.
Les
villes s'en sont disputées la garde à main armée... Alexandrie
même, la ville Grecque, a prétendu à cet honneur.
Hadrien
est en Gaule au moment de ces désordres, il évite sagement d'y
mêler l'autorité impériale et les laisse s'apaiser d'eux-mêmes.
Lorsqu'il arrive, depuis longtemps le calmeest rétabli, le dieu
enfermé dans son temple, et les ouvriers occupés à tailler son
tombeau, qu'un Français a retrouvé au Serapeum, sous la colline de
Sakkara.
L’Égypte semble avoir plu médiocrement à ce grand curieux. Elle a perdu sa forte vie religieuse et nationale, l'art même y est arrivé au dernier terme de la décadence, ainsi qu'en témoigne le petit temple élevé pour Nerva près des cataractes de Syène.
L’Égypte semble avoir plu médiocrement à ce grand curieux. Elle a perdu sa forte vie religieuse et nationale, l'art même y est arrivé au dernier terme de la décadence, ainsi qu'en témoigne le petit temple élevé pour Nerva près des cataractes de Syène.
Une
image d'Hathor qu'on date du temps d'Hadrien n'est ni grecque ni
égyptienne, elle n'a ni la grâce des statues de l'Ionie ni la
majesté imposante des œuvres pharaoniques.
Cependant,
comme les momies de ses prêtres avec leur masque d'or, l’Égypte
brille d'un éclat étrange fait des gloires du passé et de la
richesse du présent. Aucune invasion n'a violé ses temples ni
renversé les monuments de ses rois, les Ptolémées ont ajouté les
œuvres de l'art Grec à celles des Pharaons, et elle est le centre
d'un immense commerce, le foyer d'une activité bruyante.
Les
esprits y travaillent comme les bras, toutes les denrées de l'Orient
passent par Alexandrie, toutes les idées philosophiques et
religieuses du monde viennent y retentir. Ce bruit fatigue le prince
que charme la calme sérénité de la vie Athénienne, s'écoutant au
milieu de ces chefs-d’œuvre de l'art et de la pensée qui, par
leur beauté seule, élèvent doucement l'esprit vers les sphères
supérieures.
Alexandrie,
fournaise ardente où tout roule et se mêle, scories informes et
métaux, précieux, faisant regretter à Hadrien les templa serena de
la Grèce, d'où le sage regarde le monde avec tranquillité.
Autre crime aux yeux du prince artiste : Alexandrie est laide. Tristement assise sur une grève désolée, entre un lac salé et la mer, au point où le désert finit, Alexandrie n'a ni la grâce des cités Grecques, où la nature est toujours pour moitié dans la grandeur des œuvres de l'homme, ni le charme des villes d'Orient, qui sont parfois, comme le Caire aujourd'hui, d'incomparables guenilles. En partie détruite durant la grande insurrection juive des derniers jours de Trajan, elle n'a sans doute pas encore relevé toutes ses ruines, quoique Hadrien a largement pris part à la dépense, et la grande rue de Canope, malgré ou à cause de sa régularité, le palais des rois, avec son immense étendue, le Phare, qui n'a de beauté que pour les navigateurs, ne suffisent pas à réveiller une admiration lassée par les merveilles de l'art Grec.
L'ami des philosophes prend d'abord plaisir à visiter la Bibliothèque, le Musée, et à s'entretenir avec les savants hommes attirés par ces écoles fameuses. Il leur propose des questions et les discute avec eux, mais ne leur trouvant qu'une science troublée et vaine.
Autre crime aux yeux du prince artiste : Alexandrie est laide. Tristement assise sur une grève désolée, entre un lac salé et la mer, au point où le désert finit, Alexandrie n'a ni la grâce des cités Grecques, où la nature est toujours pour moitié dans la grandeur des œuvres de l'homme, ni le charme des villes d'Orient, qui sont parfois, comme le Caire aujourd'hui, d'incomparables guenilles. En partie détruite durant la grande insurrection juive des derniers jours de Trajan, elle n'a sans doute pas encore relevé toutes ses ruines, quoique Hadrien a largement pris part à la dépense, et la grande rue de Canope, malgré ou à cause de sa régularité, le palais des rois, avec son immense étendue, le Phare, qui n'a de beauté que pour les navigateurs, ne suffisent pas à réveiller une admiration lassée par les merveilles de l'art Grec.
L'ami des philosophes prend d'abord plaisir à visiter la Bibliothèque, le Musée, et à s'entretenir avec les savants hommes attirés par ces écoles fameuses. Il leur propose des questions et les discute avec eux, mais ne leur trouvant qu'une science troublée et vaine.
Ce
n'est point qu'il s’inquiète de la liberté dont on y jouit. Les
empereurs ont gardé un fonctionnaire que les Ptolémées chargent de
contenir toute exubérance, l'épistolographe, sorte de ministre des
cultes et de la littérature. Aussi Timon appelle-t-il le Musée la
cage des Muses, faisant entendre que les oiseaux de prix nourris dans
cette royale volière n'ont pas la licence de chanter sur tous les
tons.
Cette
littérature, en effet, et ces philosophies sont fort inoffensives.
Les
subtilités de la grammaire et de l'étymologie en font surtout les
frais.
On
discute les textes anciens, non l'autorité du prince, on disserte
sur les entités métaphysiques, mais point sur le meilleur des
gouvernements, on vit dans les temps mythologiques, beaucoup plus
qu'à l'époque présente, et les plus hardis bornent leur audace à
essayer de sauver le paganisme en l'expliquant par des allégories.
BAALBEK |
Hadrien se plaît moins encore à Memphis, car les rois Grecs n'ont point respecté la capitale des Pharaons, et depuis longtemps ses palais servent à bâtir ceux d'Alexandrie.
Il
ne semble pas qu'Hadrien ait été frappé de la majesté sombre et
religieuse des grands édifices de la haute Égypte. Dans sa villa de
Tibur, où il veut avoir une représentation des plus beaux monuments
qu'il a remarqués durant ses voyages, on signale à peine un
souvenir d’Égypte, le Canope, long bassin destiné à des jeux
nautiques, et qui n'a d'égyptien qu'un petit temple de Sérapis bâti
à son extrémité et quelques statues apportées des bords du Nil ou
copiées sur celles des Pharaons.
L'impératrice
Sabine, qui semble avoir accompagné Hadrien dans beaucoup de ses
voyages, le suit certainement en Égypte et remonte le Nil au moins
jusqu'à Thèbes, pour y voir la statue de Memnon, ce fils de
l'Aurore qui, chaque matin, salue l'apparition de sa mère par un
bruit mélodieux.
La
poétesse Balbilla, écrit à ce sujet que le dieu, mauvais
courtisan, paraît d'abord ne pas sentir l'honneur qui lui est fait
et se soucie peu du visage courroucé de l'impératrice, Sabine doit
lui faire 2 visites avant qu'il daigne lui répondre... On le lui a
bien rendu.
La
science, brutale avec les dieux, a tué le Fils de l'Aurore et
remplacé la gracieuse mythologie par un phénomène tout physique :
Le bruit résulte de l'ébranlement vibratoire que causent les
premiers rayons du soleil en chassant énergiquement l'humidité dont
la roche s'est imprégnée durant la nuit. Il se produit dans les
granits de Karnac. Humboldt l'a entendu dans ceux de l'Amérique
Méridionale, et, dans certaines conditions atmosphériques qui
provoquent une évaporation rapide de l'humidité, on peut entendre
partout, au bord de l'océan on au voisinage des grands bois, ces
bruits singuliers que les paysans appellent le chant de la
forêt.
Arrivés à la fin de ces longs voyages, sans pouvoir en préciser rigoureusement ni l'ordre ni la date
Arrivés à la fin de ces longs voyages, sans pouvoir en préciser rigoureusement ni l'ordre ni la date
mais
c'est leur caractère qu'il importe surtout de montrer, et ce
caractère se marque par les faits recueillis. A présent, on peut
dire que la sollicitude d'Hadrien, ses réformes, ses constructions,
ses libéralités, s'étendent à tout l'empire, les monnaies
prouvent son passage dans 25 provinces et ses bienfaits dans 12
d'entre elles : Restitutori orbis terrarum.
En
l'année 134, Hadrien rentre en Italie et n'en sort plus. Il n'est
pas besoin de dire que Rome et la péninsule profitent, comme les
villes provinciales, de son goût pour les constructions.
AlterEgo
- Hadrien
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Hadrien
a voyagé en Grèce, de Chéronée à Spartes.Il avait environ 50 ans
(128-129). Lors de ce voyage il fut accompagné de Plotine, l'épouse
de Trajan.