jeudi 24 juillet 2014

1026... EN REMONTANT LE TEMPS

Cette page concerne l'année 1026 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

HUMILITÉ ET ASCÉTISME.


ABBAYE DE SAINT BENOIT

Le moine et le miles ( sous-officier) exaltés par l'humilité du Christ : à propos de deux miracle racontés au XIe siècle
Une quinzaine d'années après la destruction des bâtiments de l'abbaye de Fleury-sur-Loire par un incendie en 1026, un moine du monastère se souvient avec émotion de la procession qui emmène le crucifix dans l'une des deux églises reconstruites « Y insignis operis crucifixum » réalisé par un artiste venu de Lombardie :
« revêtus de vêtements blancs, nous formons une pieuse procession avec un concours de fidèles des deux sexes, et il n'est pas possible d'exprimer quels flots de larmes l'affection a arraché à ces esprits pleins de piété » Bel exemple au reste bien connu, de la dévotion envers le crucifix, alors en plein essor, et, en particulier de la vénération de ces images monumentales qui, apparues à l'époque Carolingienne ou peut-être même plus tôt, se multiplient dans la seconde moitié du Xe et au XIe siècle inspirant de nombreux récits de miracles.
En ce qui concerne l'existence de grands crucifix en trois dimensions à l'époque Carolingienne, sinon dès le VIIe ou la première moitié du VIIIe siècle, « Chr. Beutler, Bildwerke zwischen Antike und Mittelalter. Unbekannte Skulpturen aus der Zeit Karls » reflètent les progrès de cette dévotion.
Voici deux histoires racontées au XIe siècle où l'on voit le Christ s'incliner d'une part devant un « Saint Moine », d'autre part devant un « Noble Laïc ».
La seconde est à l'origine du célèbre exemplum du chevalier miséricordieux.
Le récit relatif au « Saint Moine » figure dans la Vie « sans doute fort légendaire » de Saint Hugues, moine de Saint-Savin-sur-Gartempe, puis de Saint-Martin d'Autun, ensuite prévôt d'Anzy-le-Duc (t vers 925)
Un chapitre de cette œuvre anonyme de la première moitié (?) du XIe siècle est consacrée à un grand ami d'Hugues, le pieux Odon qui vit lui aussi à Saint-Martin d'Autun où le miracle s'est produit :
Après les matines, Odon a coutume de rester dans l'église abbatiale pour prier en demandant avec des larmes et des gémissements de componction le pardon de ses péchés et de ceux d'autrui... Un jour, il vient comme d'habitude « ante signum salutaris crucis ipsiusque Salvatoris imaginis » dressé dignement au milieu du monastère. Alors que, les mains étendues, l'esprit plein de joie, il dirige les yeux vers le ciel, des moines qui l'ont suivi le voient élevé en l'air à quelque 3 brasses du sol et rester ainsi immobile, dans l'allégresse, pendant une heure. Cette même heure, ils voient l'image du Christ s'incliner humblement devant lui : « ipsa Jesu Christi Domini ac Salvatoris icona, cruci Grossen ». Ces faits basés sur des textes de valeur inégale, semblent confirmés par les analyses récentes de deux crucifix conservés l'un à Mayence, l'autre à Borgo San Sepolcro... L'abbé et les autres moines qui ont contemplé cela, saisis de crainte, frappés de stupeur, ne savent que dire. Auparavant Odon avait fait l'objet de beaucoup de reproches et moqueries :
« c'est par vaine gloire, murmure-on, qu'il reste seul dans l'église après l'office. » Désormais les jaloux retiennent leur langue mensongère et tous sans exception vénèrent avec le plus grand honneur et respect cet homme digne de sainteté.
De fait, le Seigneur opère par lui de nombreuses guérisons. Jusqu'à la fin de sa vie, Odon brille par tant de miracles qu'il faut presque un livre pour les consigner.
Christian Beutler n'a pas hésité à s'appuyer sur ce texte pour dater la restauration du monastère sous le règne de Charles le Chauve, vers 875, le crucifix miraculeux d'Autun dont on ne sait plus rien avant la seconde moitié du XVIe siècle et dont la tête du christ serait celle conservée aujourd'hui dans l'église Saint-Pantaléon, mais cela reste une pure hypothèse et, il vaut mieux n'utiliser le récit que pour l'époque de sa rédaction.
La légende d'un dessin du crucifix miraculeux réalisé à la fin du XVIIe ou au début du XVIIIe siècle marque un glissement significatif dans la narration du prodige. Elle note que l'on voit le crucifix « s'incliner et s'abaisser » vers Odon « comme s'il eût voulu l'embrasser » .
C'était sans doute une interprétation courante suscitée par les peintures de l'époque moderne montrant l'étreinte d'un saint par le Christ et des récits comme celui-ci même largement représenté à partir du XIIIe siècle... un récit rapporté à propos de Saint Bernard par les cisterciens Herbert de Clairvaux vers 1180 et Conrad d'Eberbach une ou deux décennies plus tard...
« Comme Bernard priait seul dans l'église, prosterné devant l'autel, un crucifix apparut posé devant lui sur le sol ». Le saint prie puis baise la croix. Alors, « la maiestas, les bras séparés des extrémités de la croix, est vue embrasser et serrer contre elle le serviteur de Dieu ».
La scène peut être rapprochée d'un passage de la règle pour une recluse laïque rédigée vers 1160 par un autre cistercien, Aelred de Rievaulx : « Sur ton autel, il suffit que tu aies une image du Sauveur sur la croix. Elle te rendra présente sa passion qu'il te faut imiter. De ses bras grand ouverts, il t'invitera à ses étreintes qui feront ton bonheur... » Cette « relation personnelle » avec le Christ souffrant n'apparaît pas dans le miracle d'Autun.... Le registre est sensiblement différent. Le Christ ne s'incline pas pour embrasser son serviteur, mais bien pour l'exalter par un geste d'humilité. Celle-ci n'est certes pas absente de l'épisode où le crucifix repose sur le sol auprès de Saint Bernard, mais elle n'y occupe pas une place aussi prépondérante que dans un miracle où le terme humilité donne tout son sens à l'attitude du Christ.
En plus de l'histoire du miles miséricordieux qui sera étudiée plus loin, un texte confirme cette interprétation. Il s'agit des Miracles de Saint Gudwal composés à l'abbaye Saint-Pierre au Mont-Blandin à Gand dans la seconde moitié du XIIe siècle. On y raconte qu'à deux reprises, en 1043 et en 1084, on vit une « imago crucifixi Domini » s'incliner humblement devant les reliques de ce Saint Breton dont le monastère possède le corps. L'histoire circule peut-être dès la fin du XIe siècle si c'est bien une main de cette époque qui ajoute la mention du prodige dans les Annales de l'abbaye sous l'année 1043 (pour 1084, devenu 1083, la main date du XIVe siècle). Toujours est-il que l'auteur des Miracles souligne la « crucifixi Dei humilitas ». À ses yeux, c'est comme si le Christ avait dit :
« Parce que tu as mené le combat pour moi, parce que tu as porté ma croix, parce que tu n'as pas eu honte de la gloire de la croix, moi le Christ je te rends grâce à mon tour, je m'étends crucifié par déférence pour toi (in obsequium tui) ».
On sait que le Christ apparaît comme, le magister humilitatis pour avoir enseigné à ses disciples à servir plutôt qu'à être servi, pour s'être abaissé jusqu'à leur laver les pieds et surtout parce que, comme le dit Saint Paul dans l'Épître aux Philippiens :
« il s'est anéanti lui-même en acceptant la forme d'esclave » et « il s'est humilié lui-même en s'étant fait obéissant jusqu'à la mort, et la mort sur la croix ». (Tanta erat in assumpta humanitate humilitas, quanta in divina maj estate sublimitas). Dans les versets suivants du même passage de l'Épître aux Philippiens, Paul fait de l'exaltation du Fils la conséquence de son humiliation volontaire. Celle-ci, par ailleurs, ouvre la voie à l'exaltation des hommes.
« Dieu, dit Pierre Damien, descendit pour que l'homme s'élève, il daigne s'humilier pour exalter l'homme ».
L'élévation individuelle suppose toutefois l'imitation de l'humilité du Christ, car, selon un verset de l'Évangile rappelé sans cesse,
« qui s'exalte sera humilié, et qui s'humilie sera exalté ».
Le miracle d'Autun reflète à sa manière ces relations paradoxales entre « humiliatio et exaltatio » auxquelles la pensée politico-religieuse et la spiritualité monastique de l'époque sont fort sensibles. Il récompense l'humble piété d'un moine qui, plus que ses confrères, ont coutume d'implorer le pardon divin d'une recherche de vaine gloire qu'on porte contre lui. Le prodige a lieu alors que l'homme de Dieu a dépassé le degré d'humilité consistant, comme le veut la Règle de Saint Benoît, à garder partout (et notamment à l'oratoire) la tête inclinée, le regard fixé au sol par conscience de ses péchés, et à se dire avec le publicain de l'Évangile :
« Seigneur, je ne suis pas digne, pêcheur que je suis, de lever les yeux vers le ciel ». Le jour du miracle, la componction a fait place à la joie et, se tenant (expansis manibus) sans doute en position d'orant, Odon dirige les yeux vers le ciel. Le paradoxe de « Y humiliatio- exaltatio » se concrétise alors dans le double mouvement de la lévitation du saint moine et de l'inclinaison de l'image du Christ. Cela implique bien sûr que la représentation est d'une certaine façon assimilée au modèle selon la tendance, caractéristique des miracles d'images, à estomper ou à abolir au moins temporairement la distinction entre les deux.
Un prodige raconté vers 960 par Liutprand de Crémone, lequel affirme le tenir de « religiosissimi viri » de la ville de Rome, présente une ressemblance, à vrai dire assez lointaine, avec l’humiliation miraculeuse du crucifix d'Autun...
Lorsque la dépouille du pape Formose, jetée au Tibre après le « concile cadavérique » de 897, est rapportée à Saint-Pierre, des images de saints « venerabiliter salutarunt » le pape mort, montrant ainsi sa sainteté.
La distance reste toutefois considérable entre cette vénération inversée et celle mise en scène dans notre récit. L'histoire du miles miséricordieux mérite plus d'attention.
Cette histoire est racontée en Italie par Pierre Damien dans une lettre des années 1060. L'illustre « ermite et homme d'Église » a longtemps exhorté en vain un évêque dont on ignore le nom, à pardonner à ses ennemis. Il a fallu que Dieu se charge de le purifier par la maladie. L'auteur se réjouit de son rétablissement physique et spirituel, et il l'incite longuement à renoncer à sa colère proposée par le démon.
Les prêtres, plus que les autres, doivent s'en garder car ils ne peuvent célébrer le sacrement de réconciliation sans avoir pardonné... Pierre Damien rapporte à ce propos l'insigne marque de faveur divine dont bénéficie un laïc miséricordieux pour conclure que, si cet homme avait été un prêtre, il aurait pu s'approcher avec confiance de l'autel contrairement à ceux qui y viennent en attendant le moment de se venger.
Pierre Damien ne précise pas sa source, mais il note que l'histoire connaît une réelle diffusion (celebri a nonnullis relatione vulgatur).
Un homme avait tué un plus puissant que lui. Le fils de la victime, selon l'habitude du siècle et non les lois de l'Évangile, lui fait la guerre en multipliant les massacres et les pillages pour venger son père. Se trouvant dans une situation critique, le meurtrier décide de se rendre à la cour impériale pour essayer de trouver un remède à de telles calamités. Mais l'autre le poursuit, dans l'intention soit de le faire châtier par les lois des tribunaux, soit de l'attaquer par surprise. (L'empereur se trouvait alors en Allemagne). Le vengeur finit par rejoindre son ennemi. Ce dernier, ne pouvant ni combattre un adversaire accompagné d'un grand nombre d'hommes d'armes, ni lui échapper, recherche le » misericordiae patrocinium » et se réfugie « ad humilitatis umbraculum ». Après avoir jeté ses armes, il se prosterne sur le sol les bras étendus en forme de croix et attend soit le pardon, soit la mort...
Le vainqueur, « ad reverentiam, ad honorem sanctae vivificae crucis », fait avec lui une paix complète : il ne lui laisse pas seulement la vie, mais il lui pardonne la mort de son père. Ayant remporté cette insigne victoire sur lui-même plutôt que sur son ennemi, il arrive à la cour royale qui n'était pas loin. Il entre dans une église pour prier et aussitôt, chose merveilleuse et stupéfiante, l'image du Christ en croix est observée le saluant en inclinant trois fois la tête : « Salvatoris imago, quae in cruce videbatur expressa, tribus eum vicibus inclinato capite visa est salutare ». Quelle distinction glorieuse et insigne : il mérite d'être reçu « reverenter par Y auctor misericordiae », il mérita de recevoir de lui l'honneur de la salutation, cet homme qui, par révérence pour lui, renonce à une vengeance contraire au salut. Apprenant cela, l'empereur l'accueille avec honneur et affection et il le comble de présents.
On lit une histoire semblable dans la Vie de Jean Gualbert, le fondateur de la congrégation de Vallombreuse (c. 1010-1073), rédigée probablement entre 1127 et 1133, par Atton, abbé général de la congrégation et futur évêque de Pistoia.
Jean est l'un des deux fils du « nobilis, vir militaris Gualbert ». Quelqu'un, poussé par l'esprit malin, a tué un de ses parents et cherche depuis à ne pas rencontrer les membres de la famille. C'est alors que la grâce divine montre miséricordieusement quel exemple d'humilité et de miséricorde Jean Gualbert doit être pour beaucoup de fidèles...
Un jour, alors qu'il se rend à Florence avec ses hommes d'armes, il trouve à l'improviste le meurtrier sur son chemin. Ne pouvant s'échapper et désespérant de la vie, l'assassin se jette à terre et, les mains étendues en forme de croix, attend la mort. Mais, le jeune homme, mu par la miséricorde « pro sanctae crucis reverentia quam brachiis et manibus (...) signabat », l'engage à se relever et à passer en paix, ajoutant qu'il peut désormais aller librement partout où il veut. Peu après, Jean Gualbert arrive « ad quandam ecclesiam (plutôt que ad sancti Miniatis ecclesiam ? 39). « Quand il y entre pour prier, il voit la croix de l'église courber la tête vers lui (crucem eiusdem ecclesiae caput sibi flectere contuetur) comme si elle lui rendait grâce pour avoir, par révérence pour elle, épargné miséricordieusement son ennemi. Quoi d'étonnant si le Tout-Puissant veut lui montrer une « huiusmodi reverentiam per imaginent suae crucis », puisqu'il le voit soumis à sa crainte, voué à son service et à tous égards plein d'amour pour son prochain. Il aime ceux qui l'aiment, rémunère ceux qui le servent et glorifie ceux qui le glorifient ».
Une partie de la tradition manuscrite ajoute que « cette même croix est conservée jusqu'à présent avec beaucoup de précaution dans le monastère de San Miniato ». Jean Gualbert commence alors à se demander comment il peut encore mieux plaire à Dieu, songeant quelle sera sa récompense céleste s'il le sert de toutes ses forces puisqu'un tel miracle a accompagné ce « riforma délia Chiesa in Toscana » qui lui paraît une petite marque de déférence. Et l'hagiographe de poursuivre par le récit de la conversion au monachisme...
Cet épisode ne figure pas dans une Vie anonyme de Jean Gualbert composée elle aussi vers la troisième décennie du XIIe siècle. On ignore, en revanche, s'il se trouve ou non dans la première Vie du saint, celle d'André de Strumi vers 1092 qui, contrairement à l'œuvre d'Atton, ne nous est parvenue que dans un seul manuscrit dont manquent certains folios, notamment au début du texte... On peut seulement observer que, loin d'en altérer la structure, Atton se limite souvent à reproduire ou à résumer l'écrit de son prédécesseur.
Aux hypothèses voyant dans la version de Pierre Damien la source de la tradition relative à Jean Gualbert ou supposant l'inverse, il faut sans doute préférer une solution moins tranchée et penser que les deux versions dérivent indépendamment l'une de l'autre d'un récit bien connu. En tout cas, si l'on ne peut exclure une utilisation directe ou indirecte à Vallombreuse de la version donnée par Pierre Damien, le contraire paraît inconcevable.
À l'époque, Pierre Damien n'entretient pas de bonnes relations avec Jean Gualbert et ses moines dont il ne partage ni le radicalisme des méthodes utilisées pour réaliser la réforme de l'Église, ni l'hostilité à l'égard des marquis de Toscane qui soutiennent l'évêque simoniaque de Florence. Cela ne l'aurait pas forcément empêché de reprendre, en dissimulant l'origine, un miracle raconté à propos de Jean Gualbert. Mais on comprend mal, dans cette hypothèse, qu'il n'ait pas mieux adapté le récit au besoin de l'argumentation...
L'histoire, figure dans un passage montrant que les prêtres, plus que les autres, doivent se garder de la colère et de l'esprit de vengeance pour assurer le service de l'autel. Or, l'exemple de miséricorde est celui d'un laïc qui reste dans le monde après le miracle... Le fait qu'elle situe le miracle en Allemagne et qu'un siècle et demi après Pierre Damien, Césaire de Heisterbach la raconte à propos d'un chevalier Allemand de son temps n'oblige pas à lui attribuer une origine Germanique. Du reste, Pierre Damien ne parle de l'Allemagne (in Teutonicis vero partibus tune imperator agebat) à propos du voyage des protagonistes qui sont manifestement des Italiens.
L'essentiel est toutefois qu'elle n'est pas conçue au départ comme une étape d'un itinéraire menant au monachisme et à la sainteté, mais qu'elle met en scène un miles qui reste dans son état. Elle procède ainsi, me semble-t-il, de l'effort entrepris par l'Église au XIe siècle pour « christianiser l'éthique des guerriers ». Comme l'observe Georges Duby, l'idée de trêve, qui prolonge et approfondit l'idée de la paix de Dieu, propose aux milites un type d'ascèse approprié à leur état. « La même morale qui impose aux pauperes de se soumettre de bon cœur à la domination seigneuriale, célèbre l'idéal du chevalier pénitent. Celui-ci tient à honneur, non seulement de ne point attaquer et dépouiller les chrétiens désarmés, mais pour l'amour du Christ, il ne doit point tirer l'épée pendant les Temps Saints » . L'exemplum peut aller plus loin que la législation ecclésiastique dans le souci de réprimer l'agressivité des milites. Il incite à renoncer à la guerre privée et à imiter la miséricorde divine en abandonnant une vengeance regardée comme légitime par la société.
Cette attitude assez exceptionnelle pour être récompensée par un miracle est suscitée par un geste du meurtrier rarement décrit dans les sources de l'époque. Les textes parlent souvent de prosternation pour reconnaître une défaite, faire pénitence, implorer le pardon ou une faveur, mais ils ne précisent pas d'ordinaire quelle est la position des bras. La prostration les bras en croix (comme en 991 celle d'Arnoul, archevêque de Reims), condamné par le concile de Saint-Basile ou, dans un tout autre contexte, celle des rois de Germanie à leur couronnement n'est certainement pas la seule, ni sans doute la plus courante. Elle s'impose en l'occurrence pour donner au récit sa dimension exemplaire...
Dans un geste de profonde humilité, le meurtrier ne demande pas seulement merci comme le pénitent suppliant Dieu de lui pardonner, il le fait en prenant la forme de l'instrument de la miséricorde divine, du pardon accordé à l'humanité pécheresse. La vénération de la croix implique dès lors l'imitation de « l'auctor misericordiae ». Peut-être y a-t-il plus encore. Le concile de Narbonne de 1054, dans un canon radical, avait affirmé que « celui qui tue un chrétien répand le sang du Christ »
La prostration les bras en croix à l'instar du Christ peut suggérer une idée de ce genre qu'il est difficile d'exprimer à propos d'un meurtrier. Le geste n'apparaît toutefois pas contraignant, car cela ôterait tout mérite au pardon et diminuerait singulièrement la portée de l'anecdote. Sans nul doute fidèle à son esprit, Pierre Damien souligne la victoire que le fils de la victime doit remporter sur lui-même : « non tam alterius quam sui et (...) non tain hostis quam proprii cordis victor extiterat ». La récompense est à la mesure du renoncement qu'il s'impose par vénération pour la croix et elle montre l'importance attachée à son attitude. Chose extraordinaire pour une époque où l'état laïc était largement déprécié, entre autres par Pierre Damien, on va jusqu'à imaginer qu'une image du Christ peut saluer avec révérence un miles. Plus encore que l'inclinaison de l'image devant le Saint Moine d'Autun, cette marque de respect divin donne un exemple extrême de « ces scandales d'inversion sociétale » que, note Jacques Le Goff : « Le christianisme a de tout temps sacralisés les pratiques d'humilité et d'ascétisme »

Le moine et le miles exaltés par l'humilité du Crucifié: à ...

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de JM Sansterre - ‎1999 - ‎Autres articles
748- 749 ; G. MICHIELS, î.v., dans Dictionnaire d'histoire et de géographie .... On sait que le Christ apparaissait comme V auctor, le magister humilitatis 18 pour ...
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193 [990-991] ?? Peu après l'ordination de l'abbé Guillaume ...

www.artehis-cnrs.fr/IMG/pdf/CBMA/SaintBenignedeDijonT2Corrige.txt
V. Signum doMNI ac venerabilis Girardi presulis ? qui hanc noticiam fieri ...... 284 1026, 13 juillet Orbe Rodolfe III, roi de Bourgogne, sur les instances ...... honoris primordia ipsi Deo et Domino nostro cum omni humilitate voluimus committere. ...... qui auctor est et amator veritatis, et ad refellendas adinventiones et versutias ...

Epistula apostolica Augustinum hipponensem

www.vatican.va/.../hf_jp-ii_apl_26081986_augustinu...Traduire cette page
Suo ille tempore auctor hanc habebat notissimas inter scriptiones suas. ... (EIUSDEM De dono persev., 20, 53: PL 45, 1026). ...... 53, 10: PL 36, 666-667); segregari nequit ab humilitate - “ubi humilitas, ibi caritas” (EIUSDEM Tractatus in ep. ... utpote quod notiones v itae, hinc naturalem christianam illinc, discernit ac dividit.

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