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AOÛT 2016...
Cette
page concerne l'année 249 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
UN
NATIF D'ARABIE EMPEREUR ROMAIN
PHILIPPE L'ARABE |
Philippe
l'Arabe (Imperator Caesar Marcus Iulius Philippus Pius Felix
Augustus, Persicus Maximus, Parthicus Maximus, Carpicus Maximus,
Germanicus Maximus) empereur Romain de 244 à 249. Le qualificatif
d'« Arabe » lui vient d'un ouvrage anonyme du IVe siècle,
l'Epitomé sur les Césars. Issu d'une famille arabe Syrienne, il est
né dans un district rattaché depuis Septime Sévère à la province
d'Arabie... Dans un district nommé Trachon (aujourd'hui le Leja, en
Syrie, au sud de Damas), dans une famille de notables. Les origines
de Marcus Julius Philippus, né dans une tribu arabe du Djebel Druse,
sont modestes. Certains historiens romains prétendent que son père
était un chef de brigands, mais leur témoignage est suspect. Élevé
dans les camps de l'armée Romaine d'Orient, comprenant de
nombreux indigènes, Philippe l'Arabe a sans doute participé aux
nombreuses opérations militaires contre les Perses qui marquent les
règnes de Sévère Alexandre, de Maximin, de Pupien, de Balbin
et des trois Gordiens. Son père porte le nom Syrien de Marinus, et
son gentilice Iulius (comme Julia Domna) suggère qu'il a reçu la
citoyenneté romaine en 212, en vertu de l'édit de Caracalla. On ne
sait rien de précis sur Philippe avant 243, sinon que son frère
Priscus est nommé préfet du prétoire et associé à Timésithée,
beau-père de l'empereur Gordien III, lors de la campagne contre les
Perses en Mésopotamie. Philippe a épousé une certaine Otacilia
Severa, et ils ont eu au moins un fils, nommé Philippe comme son
père : Marcus Iulius Philippus ou Philippe II.
Philippe
doit faire partie de l'entourage proche de Timésithée puisqu'il est
nommé pour lui succéder dans l'urgence à la préfecture du
prétoire en 243, devenant ainsi le collègue de son frère.
En
244, il est reconduit dans ces fonctions et il fomente alors un
complot contre Gordien III qui périt à l'âge de 19 ans près
de Zaitha, en Orient. Le sénat romain, toujours soucieux de ménager
le plus fort, accorde à Philippe l'Arabe les titres impériaux et,
pour faire bonne mesure, à Gordien III l'apothéose c'est-à-dire
la divinisation, il dispense même la famille de l'empereur assassiné
de tout impôt.
Une
fois sa prise de pouvoir légitimée, Philippe l'Arabe, devant la
gravité de la situation aux frontières, pour soulager un des
fronts, décide de s'entendre avec Shapur, le roi des Perses, il lui
abandonne la Mésopotamie, avant de se retourner contre les Scythes,
commandés par Argunt.
Gordien
III ayant été battu par les Perses à Misikhè (Falloujah, Irak) en
244, il meurt au cours de sa retraite et Philippe est acclamé
empereur par l'armée pour lui succéder. Il négocie aussitôt avec
le roi des Perses Shapur Ier la libération des prisonniers Romains
et conclut la paix, contre une forte rançon mentionnée dans les Res
Gestae Divi Saporis : 500 000 pièces d'or.
Ce
traité a priori déshonorant conserve cependant ses conquêtes de
l'année précédente, et s'engage officieusement à laisser aux
Perses les mains libres contre l'Arménie, dont le contrôle est
traditionnellement une source de conflit entre Rome et les ensembles
politiques Orientaux successifs (Parthes et Sassanides au premier
chef). (l'Arménie est toujours dans le même
cas elle sert de bouc émissaire, d'exutoire, ou d'otage, au gré de
ses voisins) Philippe se fait décerner par la suite les
titres de Parthicus Adiabenicus, Persicus Maximus et
Parthicus Maximus, comme signes de sa victoire sur les Perses.
Installé
à Antioche à la suite de sa retraite de 244, Philippe réorganise
les forces Romaines d'Orient, les plaçant sous le commandement
unique de son frère Priscus nommé Rector Orientis. Il congédie les
auxiliaires Goths qui ont été recrutés pour l'expédition de
Gordien III, lors de son passage en Mésie et place les forces
Romaines du Danube sous le commandement de Sévérianus, sans doute
son beau-frère. Il comble l'Arabie, sa province natale, de sa
générosité en faisant embellir Bostra (Bosra, Syrie), la capitale,
et en bâtissant de toutes pièces la nouvelle cité de Philippopolis
(Shahba, Syrie), peut-être à l'origine son village natal.
Il
fait aussi construire les propylées monumentaux du temple de Jupiter
à Héliopolis (Baalbek, Liban).
Philippe
revient ensuite en Italie, afin de se faire confirmer son titre par
le Sénat, qui accepte. Le nouvel empereur, malgré son extraction
équestre, semble avoir eu de bonnes relations avec l'ordre
sénatorial romain. Les troubles aux frontières reprennent cependant
rapidement : Il part guerroyer sur le Danube contre les Carpes
dès 245. En effet, la mort de Timésithée, celle de Gordien III, et
la décision de Philippe de cesser de payer le tribut dû aux
auxiliaire Germaniques, provoquent une nouvelle tentative d'incursion
de la part de ces dernières.
Il
s'établit en Thrace, repousse les Carpes au-delà du Danube, et
obtient un triomphe sur eux ainsi que le titre de Carpicus Maximus.
Dans
le même temps, en 245, la dynastie Arménienne des Arsacides refuse
le traité établi sans son accord entre Rome et les Sassanides, et
l'agitation reprend de plus belle en Orient. Réussissant à rentrer
à Rome en août 247, à temps pour organiser et célébrer avec
faste les Jeux séculaires, qui correspondent au millénaire de la
fondation de Rome (avril 248). Les sources de l'époque décrivent la
munificence et la pompe déployée pour cet anniversaire symbolique.
Il profite d'un climat favorable pour élever son fils, Philippe II,
au titre d'Auguste, faisant de lui son co-empereur et son héritier
désigné.
Mais
à cette date, de nombreux mécontentements, notamment dans les
armées des provinces, ont éclatés :
D'abord,
fin 248, les légions de Pannonie et de Mésie proclament empereur
Pacatianus.
Les
Goths envahissent la Mésie, portent le siège contre Marcianopolis,
de même que les Quades fondent sur la Pannonie.
En
Orient, le frère de Philippe est confronté à l'usurpation de
Jotapien (Jotapianus), acclamé par ses armées pour contester le
commandement tyrannique du frère de l'empereur, Priscus.
Cela
n’empêche pas plusieurs soulèvements d’avoir lieu sous son
règne lesquels sont réprimés avec force mais relativement
rapidement jusqu’au dernier en 249.
D'autres
usurpateurs, très mal documentés en dehors de quelques monnaies,
semblent avoir tenté l'aventure impériale dans la foulée
Silbannacus
et Sponsianus, sans que l'entreprise ne soit réellement couronnée
de succès, puisque la plupart des sources ultérieures n'en parlent
même pas.
Surpassé
par le nombre grandissant d'usurpations, Philippe offre publiquement
de rendre le pouvoir, mais le Sénat refuse et soutient plus en avant
encore l'empereur résigné.
Le
meneur de ce soutien inattendu est un certain Gaius Messius Quintus
Decius, préfet de la Ville à qui Philippe confie un commandement
militaire exceptionnel sur la Pannonie et la Mésie, afin de
combattre dans le même temps Pacatianus et les différentes tribus
Barbares en mouvement autour du Danube... Ce choix se retourne
malheureusement contre Philippe puisque Dèce est acclamé empereurs
par des légions mécontentes, au printemps 249, et fait volte-face
pour marcher sur Rome.
À
la crise militaire et politique s'ajoute la crise économique,
puisque Philippe opère une nouvelle dévaluation de l'antoninien,
(monnaie introduite par Caracalla quelques décennies plus tôt),
puisque des révoltes éclatent en Égypte, interrompant
l'approvisionnement vital en blé de Rome. Philippe doit dans ce
contexte marcher contre son ancien subordonné, dès la fin de l'été
249, à la tête d'une armée composée de deux ou trois légions
Italiques et de la garde prétorienne.
En
automne 249, ils s'affrontent à la bataille de Vérone. Dèce
l'emporte grâce à ses 6 légions Danubienne, expérimentées et
rompues à la guerre, épaulées de nombreuses cohortes de cavalerie,
Philippe est contraint de fuir, se battant contre une armée 2 fois
plus nombreuse que la sienne, il finit assassiné en septembre 249,
probablement par ses soldats.
Son
fils est aussi rapidement éliminé, de même qu'on perd toute trace
de son frère Priscus chargé de l'Orient.
Plus
tard, au Moyen Age, dans sa célèbre Légende Dorée, Jacques de
Voragine, se faisant l'écho d'antiques traditions (en particulier
d'apocryphes « prémétaphrastiques » inconnus
aujourd'hui), présente Philippe comme un Chrétien sincère et
convaincu.
Il
prétend que l'empereur a été converti par le grand Origène, et
voit dans son accession au trône un effet de la Providence Divine :
« Il régna l'an mille de la fondation de Rome, afin que cette
millième année soit consacrée à Jésus-Christ plutôt qu'aux
idoles ».
RUINES DE NICOPOLIS |
Jacques
de Voragine nous montre aussi son fils, Philippe le Jeune, prenant
soin de confier à la Sainte Église les trésors impériaux qu'il a
hérités de son père après que celui-ci soit décédé. Il a donc
remis toutes ces richesses au pape, en lui recommandant de les
distribuer aux pauvres si, par malheur, il venait à disparaître lui
aussi… Ce qui d'ailleurs ne manque pas d'arriver au cours de la
persécution de Dèce où « ont péri plusieurs milliers de
martyrs, parmi lesquels est couronné Philippe le Jeune »
(Jacques de Voragine, Légende Dorée, Saint Laurent - Trad. de J.-B.
M. Roze, Éditions Garnier-Flammarion).
Durant
les siècles suivants, tous ces témoignages, qu'ils proviennent de
prestigieuses autorités ecclésiastiques, ou qu'ils soient le fruit
de l'imagination débridée d'hagiographes bien intentionnés sont un
peu oubliés. Il est vrai qu'en ces temps d'antisémitisme
triomphant, il n'est déjà pas simple d'occulter le judaïsme de
Jésus sans devoir justifier, de surcroît, un empereur Romain
chrétien et arabe (par son pays et non par une
religion qui n'existe pas encore.) De plus, au moment où
l'Église lutte encore et toujours contre les séquelles du
polythéisme et où elle tente de limiter la violence débridée des
nobliaux, il n'est ni sain ni exemplaire de montrer ce souverain,
parvenu au trône grâce à une série de meurtres, présider, sans
états d'âme excessifs, aux idolâtres cérémonies du millénaire
de Rome...
Décidément,
mieux valait oublier cet éphémère et encombrant Philippe et
glorifier en Constantin le premier vrai empereur chrétien. Ce n'est
pas que la vie de ce sinistre personnage, meurtrier de sa femme, de
son fils et de ses gendres, fût plus exemplaire que celle de
Philippe, loin de là ! Mais il a reçu le baptême sur son lit de
mort, et l'Église estime sans doute n'avoir pas à rougir des crimes
qu'a pu commettre ce sombre individu alors qu'il est encore hors de
sa communion !
Et
puis, en abandonnant Rome pour Constantinople et en remettant la
Ville Éternelle entre les mains ambitieuses des Papes (c'est du
moins ce qu'atteste la Donation de Constantin), ce saint homme de
Constantin ne s'est-il pas fait l'outil à fois de la Providence
Divine et de la gloire pontificale ?
Pendant
plusieurs siècles, le christianisme de Philippe l'Arabe ne sera donc
plus guère évoqué. Il faut attendre les débuts de la critique
historique moderne pour le voir ressurgir.
Eusèbe
de Césarée laisse entendre qu'il est chrétien, et qu'il se
comporte toujours « dans la crainte de Dieu ». Plus tard,
Jordanès reprend cette affirmation.
En
réalité, si Philippe a laissé, à titre privé ou à quelque fin
politique, l'évêque de Rome Fabien honorer les restes de son
prédécesseur Pontien, ce que l'on sait des avènements survenus
sous son règne le présente comme strictement païen (tauroboles
propitiatoires, fêtes du Millénaire de Rome).
De
plus, il accorde sa protection au philosophe néoplatonicien Plotin.
Pour
les historiens modernes, et malgré la conviction de Marta Sordi, la
conversion de Philippe est une légende pour Loriot et Nony, ou pour
Paul Petit, une chose improbable, ou du moins indémontrable...
Heureusement,
les sources chrétiennes sont quelque peu plus prolixes.
Au
IVe siècle, non content d'affirmer que le grand philosophe chrétien
Origène adresse une lettre (aujourd'hui perdue) à l'empereur
Philippe et une autre à son épouse, l'impératrice Severa (Histoire
Ecclésiastique, VI, 36), Eusèbe de Césarée montre également
Philippe l'Arabe se comporter en vrai Chrétien, voulant « faire
ses Pâques » comme tout un chacun : « On rapporte qu'il
souhaite faire acte de Chrétien et, le jour de la dernière vigile
de Pâques, partager les prières de l'Église avec la foule des
fidèles.
Mais
celui qui préside alors la cérémonie ne lui permet pas d'entrer
avant qu'il ne se soit confessé et qu'il ne se soit compté lui-même
parmi ceux qui se reconnaissent coupables et occupent la place de
pénitence.
MOSAÏQUE REPRÉSENTANT PHILIPPE L'ARABE |
Car,
s'il ne fait pas cela, il ne le recevra jamais, à cause des nombreux
crimes qu'il a commis... On dit qu'il obéit de bonne grâce à ces
injonctions, manifestant par sa conduite une crainte de Dieu sincère
et pieuse. » (Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique,
VI, 34).
Un
petit siècle après Eusèbe de Césarée, l'irascible Saint Jérôme
(De Viris illustribus.) reprend cette anecdote.
Et
puis ce sera au tour du non moins irascible Saint Jean Chrysostome
qui, lui, précise que ce prêtre pointilleux, si soucieux de
réconcilier à l'Église l'âme souillée de crimes de l'empereur
Philippe avant de lui donner ses Pâques, n'est autre que Saint
Babylas, évêque d'Antioche. (Jean Chrysostome, Discours sur saint
Babylas,).
Andrew
Wallace- Hadrill s'est intéressé naguère à un sujet quelque peu
abscons par sa formulation : Le « cérémonial dans la
monarchie antique, principalement sous le Haut-Empire Romain.
Entendons par là un ensemble d'actes, attitudes, procédés et
gestes impériaux ritualisés exprimant l'ambiguïté d'un pouvoir
absolu désireux de se dissimuler sous l'apparence, parfois sincère,
mais presque toujours soigneusement entretenue, de la soumission aux
valeurs de la République : Respect et promotion des lois, de la
condition de citoyen, de l'aristocratie, du peuple de Rome, des
dieux, etc. Ainsi, par exemple, l'empereur Auguste pratique-t-il la
« condescendance » le jour où il se rend en personne au
tribunal pour tenter de fléchir, à force de persuasion, de prières
et de douceur, les accusateurs d'un repenti.
De
même pour l'empereur Claude qui, décide au mépris du mos maiorum
d'épouser sa nièce et qui, pour ce faire, fait savoir « que
ses hésitations peuvent être surmontées si le Sénat l'en presse :
Qui est-il pour résister à la volonté du sénat, un citoyen comme
les autres ? ».
De
même encore, et dans un tout autre genre, la formule diplomatique
servant à dater un document extrait des archives de la cohors XX
Palmyrenorum à Doura-Europos (« 20e cohorte de Palmyréniens »)
illustre-t-elle parfaitement, elle aussi, l'hypocrisie Romaine : En
utilisant une ère chronologique débutant avec l'accession d'Édesse
au statut de cité Romaine (libertas), elle présente comme une
promotion l'annexion pure et simple de cette ville par Rome sous
Caracalla.
L'extériorisation
de son respect (civilitas) de ces valeurs par l'empereur est toujours
payante avec l'admiration du corps social unanime, l'empereur obtient
aussi ce qu'il souhaite plus concrètement : Dans les cas cités
ci-dessus,
l'acquittement
de Castricius pour Auguste, les épousailles avec Agrippa et
l'assurance d'une descendance de bonne lignée pour Claude.
L'ouvrage
de Wallace-Hadrill, serre de près la réalité humaine de la
monarchie romaine, déclassant de ce fait la vision désincarnée
reçue de Théodore Mommsen, laquelle apparaît aujourd'hui trop
braquée, dans son essai de définition du pouvoir impérial, sur la
seule évolution des institutions. On sait que l'âge d'or de ce
système est atteint sous les Antonins, et la pratique de la
civilitas par les empereurs, nous dit Wallace- Hadrill, commence à
disparaître pour toujours vers la fin du IIe siècle. Ceci se
produit sous l'effet de nouvelles transformations sociales qui
prennent leur essor sous Marc-Aurèle (161-180) (avènement d'une
« élite d'empire », bureaucratique et militaire, et
s'achèvent sous les Sévères (mondialisation de la citoyenneté
Romaine), (quand je m'escrime à répéter que
rien n'a changé sous le soleil et que nous en sommes au même point)
promoteurs d'une brutale monarchie militaire. (la
notre en est à une aristocratie énarque complètement déconnectée
de la réalité et complètement enfermée dans sa tour d'ivoire)
«Sévère Alexandre est le dernier empereur crédité d'avoir
pratiqué l'idéal (de la civilitas)... Et encore, ceci dans une
biographie bizarre et semi- fictive ».
La
structure socio-économique fondant une politique impériale civile
au début de la période de l'anarchie militaire, et si solide
qu'elle permet de tenir en échec les premières tentatives
d'exercice du pouvoir par le parti militaire, il est alors permis de
croire que l'expression de cette politique civile le « cérémonial
de traditionnel » doit nécessairement survivre et continuer de
produire les gestes, actes symboliques, discours et signaux rituels
classiques. Mais un autre élément contribue à cette époque à la
multiplication de ceux-ci : L'affaiblissement même de la monarchie.
En
effet, devant les progrès de sa propre instabilité, celle- ci
sollicite plus souvent et avec plus d'insistance les piliers
traditionnels de sa légitimité : Le Sénat et le peuple.
Quant
à ceux-ci, ils ont l'occasion de jouer un rôle, non réellement
efficace, mais néanmoins important. Les lambeaux subsistants de la
tradition littéraire témoignent de l'existence de certains
événements qui doivent servir d'occasion pour un déploiement en
règle de tout l'arsenal des lois avec parfois des expressions
outrancières caractéristiques d'un régime sur la défensive...
Malheureusement, elles se bornent toujours à la seule mention de
tels événements, sans jamais s'attarder aux subtilités du rituel
comme l'ont fait un Suétone ou un Tacite.
Zosime
utilise le terme classique de « modération » pour
définir le discours par lequel Philippe l'Arabe courtise le Sénat
lors de sa Joyeuse Entrée en 244. L'âge d'or de la liberté, est
évoquée par les aurei de Sponsianus, obscur usurpateur Danubien
vers 248-249.
Philippe
et Dèce se disputent la faveur du Sénat pendant l'été 249 les
patres vouent à l'échec une tentative d'usurpation en 250 ou 251 et
adjoignent un collègue aux empereurs proclamés par l'armée en 251.
En
253, Émilien déclare au Sénat son intention de partager son
pouvoir avec lui : « Je vous laisse le pouvoir souverain, je ne
suis que votre général, et partout je combats pour vous »
ceci n'a pas l'heur de plaire aux soldats qui l'ont proclamé
empereur, mais lui vaut par contre la reconnaissance posthume de
l'aristocratie ?
Il
nous semble qu'il faut attendre le règne de Gallien (260-268) pour
voir la monarchie Romaine opter pour un cérémonial d'éloignement
despotique en rupture complète avec la tradition du Haut-Empire sans
doute ceci est-il la principale raison de la condamnation unanime de
cet empereur par les historiens anciens, traditionnellement
d'obédience sénatoriale.
Si
le contexte général de la première moitié du IIIe siècle nous
permet d'espérer glaner, dans l'étude des comportements de Philippe
l'Arabe, quelques traces du cérémonial traditionnel de la
civilitas, il en va de même avec l'examen des tendances générales
de la politique de cet empereur. Le milieu d'origine de Philippe, la
fondation par lui d'une ville entièrement romaine en Arabie, son
action au gouvernement, sont autant d'éléments qui permettent de le
classer clairement dans la catégorie des empereurs du « parti
civil », par opposition à ceux du « parti militaire ».
Bien
que la carrière de Philippe l'Arabe antérieure à son accession à
la préfecture du prétoire en 243 soit inconnue, il semble qu'on
puisse le situer comme provenant d'un milieu de juristes et de
technocrates spécialisés dans les questions fiscales et dans la
norme déjà au pouvoir sous Sévère Alexandre, d'où l'on peut sans
doute déduire une certaine continuité du gouvernement. Militant en
faveur de cette conjecture : La carrière du frère et collègue (en
243 et 244) de l'empereur, le préfet du prétoire et recteur
d'Orient Priscus (C. Iulius Priscus), celle du prédécesseur de
Philippe à la préfecture du prétoire et à la régence de l'empire
(de 241 à 243) l'action de Philippe comme préfet et comme empereur,
la personnalité d'un autre de ses proches, C. Iulius Alexandre,
stolarque de la flotte prétorienne de Misène successivement promu
par les juristes « du divin Alexandre et des autres princes ».
Donc, un représentant de la nouvelle élite montante depuis Marc
Aurèle, étranger à l'ancienne aristocratie urbaine. Notons aussi
que l'unité de cavalerie arabe qui escorte l'empereur dès les
premières semaines du règne semble être aussi celle qui s'est
distingué quelques années plus tôt par une tentative de
pronunciamiento contre Maximin et en faveur d'une restauration du
régime de Sévère Alexandre.
Le
premier acte de Philippe une fois empereur est de visiter son pays
natal et d'y fonder une ville Romaine entièrement équipée, « œuvre
ingénue d'hommes qui veulent sérieusement faire du Romain »,
sur le lieu de sa naissance. « C'était », l'unique façon
au IIIe siècle, « choisir d'instinct, par un acte de foi dans
la romanité en voie d'effritement, le domaine où la gloire de Rome
a le plus éclaté, où son génie s'est imposé le plus
universellement ». Dans le contexte décrit plus haut, il n'est
pas de déclaration d'intention de politique générale plus en
faveur de la continuation du développement urbain et de l'« œuvre
civilisatrice » de Rome.
Le
règne de Philippe semble d'autre part avoir été à l'origine d'un
certain essor économique, social, et artistique dans la « Provincia
Arabia » le souvenir de ceci est en tout cas conservé dans les
Oracles Sibyllins.
Trois
aspects du gouvernement de Philippe l'Arabe sont retenus : La
politique extérieure, le recrutement du personnel politique, la
politique monétaire.
En
politique extérieure, deux tendances se dessinent, allant chacune
dans un sens pacifiste, et donc d'un gouvernement civil : La
consolidation du système défensif, en particulier des réseaux de
des cités Daces, et la préférence pour le règlement diplomatique
des conflits.
Bien
qu'ayant passé la plus grande partie de son règne à défendre les
frontières, Philippe n'a jamais manifesté l'intention d'« aller
jusqu'au bout » dans la confrontation armée : Sous son règne,
Perses, Carpes, Berbères et Goths passent des accords avec Rome on
trouve un éloge de cette politique dans Eis Basilea et chez
Hérodien.
Le
personnel politique révèle un esprit conservateur et une influence
sénatoriale : Tendance vers une certaine spécialisation régionale
des mandats de gouverneurs, octroi d'un commandement militaire à un
sénateur dans des circonstances critiques, recrutement presque
Italien de l'aristocratie honorée du consulat ou de la préfecture
de la Ville, ce qui semble évoquer l'entourage des empereurs
« sénatoriaux » Pupien et Balbin. On relève aussi,
comme sous Sévère Alexandre, la permanence de l'aristocratie
antonine dans le personnel administratif. (Tout
comme de nos jours où le chef de l'état et les chefs de cabinet,
les fonctionnaires y étant affectés ne bougent guère d'où
immobilisme de la fonction publique)
CONSTRUCTION DE PHILIPPOPOLIS |
Enfin,
la politique monétaire : Domaine par excellence où le prince
témoigne au peuple Romain est marquée par des efforts de
rétablissement du poids et du titre de la monnaie d'argent, mais,
surtout et toujours comme sous Sévère Alexandre, par une nette
préférence pour le développement du monnayage de bronze, davantage
destiné aux échanges commerciaux qu'à la paie des armées :
Maintien d'un bon niveau pondéral, et création d'un 3e atelier de
frappe du monnayage impérial en plus de ceux de Rome et d' Antioche,
à Viminacium (Mésie), avec comme conséquence la disparition du
recours au faux monnayage dans les provinces Danubiennes.
249
— Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/249
Cette
page concerne l'année 249 du calendrier julien. Sommaire. 1
Événements; 2 Naissances en 249; 3 Décès en 249; 4 Notes et
références; 5 Liens externes ...
Dictionnaire
pour l'intelligence des auteurs classiques, grecs et ...
https://books.google.fr/books?id=MdARAAAAYAAJ
[François]
Sabbathier - 1767 - Classical dictionaries
On
a encore une loi de Philippe , dat- tée du 17 Juin de l'an 249. Il
faut donc néceflairement retarder d'une année l'Ère d'Anazarbe , &
Ja fixer à l'automne de .
Philippe
l'Arabe (244-249), civilis princeps - Persée
www.persee.fr/doc/antiq_0770-2817_1995_num_64_1_1221
de
C Prickartz - 1995 - Cité 2 fois - Autres articles
Notons
aussi que l'unité de cavalerie arabe qui escorte l'empereur dès les
premières ..... 31 Sous Timésithée : X. Loriot, Les premières
années ..., p. ..... Le cas du règne de Philippe l'Arabe (244-249),
dans La critique historique à l'épreuve.
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